Migros Magazin 18 2011 f BL

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108 | Migros Magazine 18, 2 mai 2011

Le maître des violons

Par passion autant que par amour, Fernando Gonzalez Ariki est devenu un luthier d’art en plein centre de Monthey (VS), où il a ouvert l’atelier ViolonCello en 2005. Rencontre mezzo forte.

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Carte d’identité

Fernando Gonzalez Ariki, luthier Date de naissance: 20 septembre 1961. Etat civil: marié, deux garçons de 6 ans et demi et 4 ans. Signe particulier: persévérant et patient. Il aime: faire et avoir confiance, le partage, écouter et comprendre autrui, la musique et notamment le folklore argentin. Il n’aime pas: les gens négatifs, la neige («mais je fais des efforts»), le hard rock.

n trésor. La loupe de Fernando Gonzalez Ariki révèle la date de fabrication, à demi effacée à l’intérieur de la table d’harmonie. Ce violoncelle a été fabriqué en 1684 dans l’atelier du célèbre Jacobus Stainer. «Il a été découvert il y a quelques années dans la cave d’une maison en Afrique du Sud. Là, c’est un client zurichois qui me l’envoie pour réparation.» Le doigt du maître luthier installé à Monthey depuis 2005 caresse l’antique instrument dont le bois s’est cassé à maints endroits. «Le travail de restauration est important, mais il en vaut la peine.»

Un travail sur l’établi jusque tard dans la nuit

Fernando Gonzalez Ariki se montre intarissable lorsqu’il parle d’érable et de sapin, d’éclisses et de barres d’harmonie. En Argentine, alors qu’il poursuivait des études d’ingénieur en électronique, il se tourne une première fois vers la lutherie classique. «Enfant, j’adorais aider mon père à fabriquer des meubles. Ce goût pour le toucher, la matière, vient de là. Et comme je jouais de la guitare classique, les choses se sont enchaînées.» Fernando travaille sur un chantier le matin pour gagner un peu d’argent, puis file vers son établi jusque dans la nuit. Son premier diplôme de luthier en poche, il achève tout de même ses études d’ingénierie en 1995. Peu importe, il sait que son destin est ailleurs. Et qu’il passe par l’Italie et le célèbre institut de

Crémone, patrie d’Antonio Stradivari, dit Stradivarius, le maître luthier qui y fixe la forme actuelle du violon au milieu du XVIIe siècle. «Partir pour l’Italie n’a pas été simple. Ma sœur a dû m’envoyer de l’argent en Australie, où j’étais à l’époque, l’ambassade italienne ne voulait pas me donner de visa, et l’école avait déjà trop d’étudiants.»

Six années merveilleuses à Rome

A force de persévérance, il débarque à Rome en pleine nuit, sans connaître un mot d’italien. Mais il a le culot de ses 25 ans, et le lendemain il fait le pied de grue devant le directeur de l’école avec un ami romain. «Il nous a finalement reçus et a accepté de me faire passer les cinq examens d’admission, mais en un seul jour. J’ai réussi, et j’ai vécu six années merveilleuses là-bas.» Notamment parce qu’il y rencontre son épouse, Aude, une Valaisanne qui amène le couple en Suisse début 2001 où il fonde une famille trois ans plus tard et ouvre donc l’atelier de lutherie ViolonCello en 2005. La suite d’une très belle aventure.

Pierre Léderrey Photos Isabelle Favre / Istockphoto

www.theviolin.net

MA PASSION

Enfant, j’adorais aider mon père à fabriquer des meubles. Ce goût pour le toucher, la matière, vient de là.


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