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12 | 23.4.2019 | JEUX VIDÉO

«Le matin, je travaille et l’après-midi je m’entraîne à Fortnite» Anthony Casas, 22 ans, Corseaux (VD)

«À la fin de mon apprentissage, j’ai cherché un travail à temps partiel pour pouvoir m’entraîner aux jeux vidéo. Et je viens de trouver une place comme employé de l’administration à Vevey à 50%! Le matin, je travaille et l’après-midi, je joue à Fortnite: au moins quatre heures par jour, parfois huit heures le week-end. Il faut dire que je fais partie de l’équipe du Lausanne Sport e-sport depuis 2018.

Yannick Rochat, chercheur et cofondateur de l’UNIL GameLab.

«Fortnite est un jeu qui touche tous les âges» Quels sont les ingrédients du succès de Fortnite? Le modèle gratuit, le design du jeu, les parties courtes (vingt minutes en moyenne, ndlr) participent à son succès: quand on a perdu, on a envie de rejouer, quand on a gagné, aussi. Le succès économique a quant à lui été assuré en partie grâce à des éléments cosmétiques vendus dans le jeu, c’est-à-dire que les participants peuvent acheter des objets qui ne donnent pas d’avantages, comme des habits, de nouveaux personnages, des danses. Même si ça semble superflu, il s’agit de signes d’identification forts, en particulier chez les plus jeunes. Les jeunes, c’est le public cible du jeu? Fortnite est un jeu qui touche vraiment tous les âges, mais ceux qui sont les plus visibles, ce sont les jeunes qui, dans les cours d’école, reproduisent les danses et les habitudes caractéristiques du jeu.

Illustration: Capture d’écran «Fortnite»/DR

On dit aussi que Fortnite est plus qu’un jeu, que c’est aussi un réseau social… Oui, mais là aussi, ce n’est pas nouveau. Les plateformes de jeu actuelles sont déjà des réseaux sociaux. Fortnite, qui invite à la sociabilité, est en quelque sorte un réseau social interconnecté dans d’autres réseaux sociaux liés aux jeux vidéo. Le but n’est alors pas forcément de gagner, mais c’est l’occasion de se retrouver après l’école ou le boulot pour prendre des nouvelles de ses amis.

Je suis quelqu’un de très compétitif et Fortnite avec son «Battle Royale» m’a tout de suite accroché. J’aime bien le fait qu’il n’y ait qu’un gagnant et qu’on n’ait pas le droit à l’erreur. Si on meurt,

la partie est finie. Et puis c’est un jeu qui demande de l’intelligence et de la stratégie, d’être bon mécaniquement avec le clavier et la souris. Il faut bien choisir son lieu d’atterrissage, savoir quand attaquer et se planquer… Mais je ne fais pas que jouer, je regarde aussi beaucoup de streamers. Même si chaque partie est différente, il y a des petites mécaniques de jeu qu’on peut apprendre. Du 26 au 28 juillet aura lieu la Coupe du monde à New York. Je vais essayer d’aller le plus loin possible dans les qualifications... Mais seuls quarante joueurs européens en solo et vingt en duo seront qualifiés pour la finale. Évidemment, l’argent fait rêver: 50 000 dollars pour les cent meilleurs et trois

millions pour le vainqueur. Mais j’aurais participé de toute façon, j’ai juste envie de gagner. Bien sûr, il y a une part de chance, mais on retrouve quand même toujours les mêmes noms en haut du tableau, comme au poker. On n’y arrive pas en claquant des doigts, il faut s’entraîner sérieusement et avoir un mental fort. Tout peut changer en une partie. Mais je ne me laisse jamais déborder par le jeu, je suis très organisé. Je fais des pauses toutes les deux heures, je prends le temps de manger avec ma famille, qui me soutient. Et je vais au cinéma, je sors avec mes potes. J’ai une vie normale, sauf qu’au lieu d’aller à l’entraînement de tennis, je joue à Fortnite!»


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