20 | Migros Magazine 14, 4 avril 2011
Les jeunes et le travail: je t’aime, Démotivée et fainéante, la nouvelle génération? Ce serait plutôt au monde du travail de s’adapter au changement de profil des candidats et d’adapter ses exigences. Explications.
G
énération Y, c’est ainsi que l’on surnomme les gens nés entre la fin des années 70 et le début des années 90. Leur particularité? Ils sont nés en même temps que les premiers ordinateurs et ont évolué avec eux, manipulent les outils informatiques mieux qu’un fouet de cuisine. Et revendiquent un équilibre parfait entre vie privée et travail. Les générations précédentes les voient parfois comme fainéants et moins enclins à se retrousser les manches. En fait, il y a méprise: «Les jeunes n’ont pas perdu le goût de l’effort et du travail, explique la sociologue Nicky Lefeuvre, professeure à l’Université de Lausanne. C’est qu’autrefois on organisait sa vie autour des besoins de l’entreprise, dans une logique de carrière. Ce contrat-là est mis à mal par la flexibilisation de l’emploi.»
Des demandes clairement formulées
Les jeunes cherchent alors ailleurs leur identité, investissent davantage dans leur famille et leurs loisirs. Et désormais, ils n’hésitent pas à aborder ce point, déjà lors des entretiens d’embauche: «La question est clairement posée, confirme Bérénice Goradesky, directrice des ressources humaines de L’Oréal Suisse. Ils souhaitent de la souplesse dans les heures de présence, une meilleure organisation, pour gagner en efficacité. Ils demandent également des outils de communication mobile.» Le groupe a commandé une étude sur
Mélanie Dély: «Les horaires irréguliers ne me dérangent pas.»
«Je passe ma vie dans la voiture»
Nom complet: Mélanie Dély, 25 ans. Fonction: éducatrice d’enfants de 4 à 10 ans, à Chexbres (VD). Nombre d’heures de travail (officiel): 40 heures par semaine. Nombre d’heures de travail (effectif): «40, sauf urgence ou besoin». «Je sors de formation, alors j’ai envie de me donner à fond. J’aime mon travail, mes collègues, les enfants. Il faut pouvoir donner de soi, être généreux. Les horaires irréguliers ne me dérangent pas, c’est plutôt les deux fois trente minutes de trajet quotidien. Le matin, j’apprécie ce moment calme dans la voiture, mais le soir, j’ai tendance à appuyer davantage sur le champignon. C’est surtout mes activités hors travail qui me prennent du temps, je fais six heures de gymnastique
par semaine, je suis juge pour les concours (donc beaucoup de week-ends), je donne des cours d’appui... Heureusement, mon compagnon est très compréhensif, il m’a connue comme ça. Je destine le peu de temps qui me reste pour lui et pour ma famille. Par période, je ressens un ras-le-bol, il y a trop, j’ai envie de traîner à la maison en pyjama, puis ça revient. Je voudrais plus de temps pour voir mes amis. J’ai quitté ma ville d’origine et j’habite loin de mon travail, je passe ma vie dans la voiture.»