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14 | Migros Magazine 13, 28 mars 2011

A qui appartiennent ces plateaux? Découvrez-le en page 16.

Coup d’œil dans les assiettes des Romands

Bio ou MacDo? Plaisir ou santé? Chips ou légumes? Quelles sont les habitudes alimentaires des Helvètes? Une sociologue, quelques statistiques, un sondage et cinq témoignages plus tard, résultat des courses.

L

e mangeur romand type? Difficile à cerner! «Ne serait-ce qu’en raison des disparités, ou plutôt de la diversité, qui existent selon les cantons, et même selon les régions», explique Laurence Ossipow, ethnologue à la Haute Ecole du travail social à Genève. Spécialisée, entre autres, dans le domaine de l’alimentation et de la santé (sa thèse de doctorat portait sur le végétarisme dans notre pays), elle a contribué à une large étude menée par le sociologue français Claude Fischler, intitulée Manger. Français, Européens et Américains face à l’alimentation. Impossible donc selon la Genevoise de mettre tous les Romands dans le même panier. Outre les différences régionales, elle évoque également le contexte économique et social: «Pierre Bourdieu lui-même (n.d.l.r.: sociologue français dont

la pensée a exercé une influence considérable dans les sciences humaines et sociales) assurait que le rapport à la nourriture variait selon les classes et les milieux sociaux.»

Des différences avec nos voisins de Suisse alémanique

S’il est difficile de dresser un portrait-robot du Romand moyen – en termes d’alimentation – quelques tendances peuvent toutefois être soulignées. A commencer par ce qui nous différencie de nos cousins alémaniques. Bien présents dans l’ouvrage de Claude Fischler, les Helvètes font en effet presque systématiquement l’objet d’une distinction suivant la ligne du Röstigraben. Interrogée sur le sujet, l’ethnologue genevoise se réfère bien entendu aux influences françaises et méditerranéennes de notre côté de la Sarine, dues notam-

ment à l’immigration, la même qui a introduit l’huile d’olive dans nos contrées, très utilisée aujourd’hui dans les cuisines «francophones» du pays. Nos compatriotes, eux, s’inspirant davantage des habitudes alimentaires germaniques, jusque dans la structure de leur repas, pris selon les mêmes horaires.

Des différences entre catholiques et réformés

Quant aux notions de plaisir, de convivialité dans l’acte de manger, qui nous rapprochent, nous autres Romands, de nos voisins français, Laurence Ossipow avance à ce sujet une intéressante interprétation: «Le contexte religieux peut également jouer un rôle dans notre rapport au corps et, par extension, à la nourriture, explique-t-elle. Alors que les pays du sud de l’Europe, plutôt catholiques, privilégient le

plaisir – allant parfois jusqu’à l’excès – les pays du nord subissent les règles plus strictes du protestantisme.» N’allons pas croire toutefois que les Romands ne se sentent pas concernés par leur santé (ni que les Alémaniques ne recherchent jamais le plaisir en mangeant)! Une étude mandatée par Nestlé en 2000 et réalisée en collaboration avec l’Office fédéral de la santé publique met en avant les connaissances développées des Suisses, toutes zones linguistiques confondues, en matière de diététique. Claude Fischler, dans son ouvrage, pointe aussi du doigt l’importance accordée par les Helvètes aux fruits et aux légumes, un signe distinctif qui nous apparente, dans ce cas-là… aux Américains! Le sociologue français souligne également notre respect pour l’environnement, faisant ainsi écho


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