récit
Malgré tous les démentis, la Maison des pendus à Bramois (VS) semble hantée à jamais.
J
e ne crois pas aux fantômes, mais j’en ai peur.» Avec trois bons siècles d’avance, la marquise du Deffand avait déjà adopté l’attitude contemporaine face au paranormal. Mais si les fantômes sont surtout dans les têtes, les lieux prétendument hantés, eux, existent bel et bien, en Suisse romande comme ailleurs. Et retrouvent même une nouvelle vie, grâce à la génération des 15-25 ans où les passionnés de maisons hantées semblent abonder. On fait connaissance sur des forums spécialisés, on s’échange des informations, du matériel audio et vidéo, on s’organise des virées, la plupart du temps nocturnes, sur les lieux du crime. Pour se faire peur, pour tuer le temps ou simplement rigoler un bon coup.
Une passion prise très au sérieux Il n’y a pourtant pas que des hurluberlus parmi les chasseurs de fantômes. Certains prennent leur passion très au sérieux. C’est le cas de Loïc Piteira, à Saint-Blaise, 22 ans, étudiant en informatique et en psychologie, qui a créé son propre forum (http://paranormalch.forumactif.com/). Il l’avoue d’emblée: il n’a guère trouvé jusqu’ ici qu’une seule mai-
son un peu prometteuse, c’est-àdire dont la réputation de hantise soit lestée de témoignages directs et surtout de faits sérieusement documentés. C’est le manoir de Miremont, près de Bevaix, dans le canton de Neuchâtel. Il en entend parler la première fois par l’intermédiaire d’une amie qui y a vécu une expérience désagréable: la vision d’une forme blanche accompagnée de portes qui claquent sans raison.
Une enquête minutieuse Alléché, Loïc a d’abord retrouvé plusieurs témoins d’apparitions: «Généralement une dame blonde ou une enfant, ou alors une personne semblant complètement perdue.» Puis rencontré ensuite l’ancienne propriétaire, une vieille dame ruinée qui confessa avoir fait dans cette maison plusieurs tentatives de suicide. Elle aussi évoque une certaine porte se mettant à claquer sans raison et surtout sans l’aide du moindre courant d’air. Plutôt maigre? Sauf que Loïc ensuite a dirigé son enquête sur le passé de la bâtisse en consultant archives et rapports de police. Pour apprendre que le manoir fut construit par une grande famille
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Selon la légende, le château de Belfaux (FR) aurait été le théâtre d’histoires atroces.
neuchâteloise en 1884 sur une ancienne maladière. Rien à voir avec le foot: « C’étaient des endroits où l’on parquait les lépreux, les pestiférés et autres malades contagieux pour les laisser mourir.» Plus troublant encore, quelques événements dramatiques se sont produits à Miremont: «En 1932, une petite fille tombe d’un balcon et se fracasse le crâne. Puis, pendant la Deuxième Guerre mondiale, Miremont accueille des internés polonais et yougoslaves. L’un d’eux se tire une balle dans la tête et son corps dévala le grand escalier central.» Loïc, lui, lors d’une visite à Miremont par l’intermédiaire d’une agence immobilière chargée de la vente de la maison, n’a rien constaté de spécial. Il aurait aimé revenir de nuit avec du matériel adéquat. Mais la banque propriétaire des lieux n’a rien voulu savoir. Le manoir d’ailleurs vient d’être vendu.
A la recherche d’une preuve «Je crois qu’il y a un monde autour de nous. Je ne sais pas ce que c’est, esprits, fantômes, peu importe», raconte Loïc. Sa motivation n’est pas d’apporter une explication «mais plutôt, un jour, juste une
preuve que cela existe». Il concède que tel n’est sans doute pas la préoccupation principale des chasseurs de fantômes aujourd’hui: «Ils le prennent plutôt comme un jeu.» D’où quelques déceptions: décrite comme lugubre et inquiétante par une correspondante du forum, une vieille bâtisse à la première visite allait s’avérer au contraire «bucolique, avec des petites tourelles, presque un château de conte de fées, occupé par une famille et plusieurs enfants qui y vivaient sans problème depuis plusieurs années.» En général, ajoute Loïc, «il suffit qu’une maison soit grande, un peu vieille et surtout abandonnée» pour déclencher tous les fantasmes. En la matière, la Maison des pendus, à Bramois, en Valais, détient le pompon. Une bâtisse à l’abandon, à l’architecture certes assez curieuse, légèrement à l’écart du village, et qui tient en haleine un groupe de jeunes sur un forum depuis une bonne année. Depuis qu’une étudiante y a raconté une visite faite avec des copines à l’âge de 13 ans: «Il y avait LIRE LA SUITE EN PAGE 16