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86 | Migros Magazine 10, 8 mars 2010

Des «ticheurtes» fribourgeois

A 29 ans, Jean Mauron est à la tête de l’entreprise Graphein, spécialisée dans les tricots aux messages deuxième degré. Sa réussite régionale prend de l’ampleur sur la Toile, et en magasin.

L

aisser une trace… L’origine grecque du mot Graphein colle comme de l’encre sur un tee-shirt à la jeune entreprise fribourgeoise. Son truc en plus, le texte, «qui marque davantage les esprits que le visuel uniquement», souligne son créateur Jean Mauron. Les expressions bien de chez nous placardées sur du coton éthique «made in Los Angeles» ont fait de nombreux adeptes. La suissitude d’un «Tip Top», «nickel bleu ciel» ou d’un «Huere geil» répond à l’humour décalé d’un «Jésus Marie Joseph» ou d’un «Ridge Forester». Résultats de longues séances de remue-méninges? «Rien n’est calculé. On discute et ça vient. Parfois, on reçoit des propositions par e-mail. Souvent pas terribles. Mais certaines suggestions peuvent faire un carton, sans que l’on s’en doute.» Meilleur exemple, l’incontournable, celui qui a véritablement lancé la marque en 2008: «georges baumgartner radio suisse romande tokyo». «Un couple d’amis a croisé le journaliste au Japon et nous a soufflé l’idée de le mettre sur un tee-shirt. On l’a sorti sans lui demander son avis, parce qu’on ne s’attendait pas à un tel impact.» 150 commandes en un jour, alors que l’équipe ne possédait qu’un stock de vingt pièces. D’une vente par semaine sur son site internet, le Fribourgeois est passé à trois par jour. Les commandes frôlent désormais les 4000 par an et depuis le 1er janvier 2010, Graphein est une Sàrl. Une affaire qui roule donc, mais qui a pris du temps à marcher. Après son CFC de sérigraphe et un

CCarte d’identité Je Mauron, sérigraphe Jean Na Naissance: 29 mai 1980. Et Etat civil: célibataire. Si Signe particulier: son hu humour, «mais bon, c’est un peu prétentieux de le dire». Il aime: «beaucoup de choses!» le contact humain, discuter, prendre le temps, échanger les points de vue, une bonne bouffe. Il n’aime pas: se retrouver trop longtemps seul, les fromages bleus. Un grand rêve: devenir pianiste, «il y a encore du boulot».

passage à l’école de recrues, Jean Mauron s’est dit qu’il fallait qu’il monte un atelier. D’abord dans la cave de ses parents, en 2003. «C’était très dur, je bossais comme barman à côté pour gagner ma vie.» Avec quatre potes, dont son ami d’enfance Samuel Adam, il décide d’ouvrir un magasin et d’établir un tournus pour la vente. «On payait nos charges, mais on n’avait pas de salaire.» Ils ouvrent un autre magasin, la formule ne fonctionne pas. Deux ateliers en ville plus tard, les copains se sont retirés de l’affaire. «Avec Sam, on se demandait si ça valait la peine de continuer. Dès qu’on a arrêté de s’inquiéter, ça s’est arrangé. Etre indépendant, c’est moins de vacances, plus de boulot, mais jamais le blues du dimanche soir. Je sais pourquoi je bosse.» Virginie Jobé Photos Christophe Chammartin-Rezo Jean-Claude Décrevel

Infos: www.graphein-factory.ch

MON HOBBY «Je me suis remis au piano il y a trois ans, pour faire du jazz. Lorsque j’en joue, je m’évade. Je quitte toutes les préoccupations de la vie quotidienne pour ne ressentir plus que les émotions que procure l’instrument. C’est une sorte de symbiose entre lui et moi.»


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