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84 | Migros Magazine 8, 21 février 2011

En finir avec la transpiration excessive Taboue, complexante, handicapante, l’hyperhidrose est difficile à vivre au quotidien. Mais des solutions existent pour se soigner.

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es auréoles sous les aisselles, des mains moites, une odeur épouvantable qui émane des chaussures. Tout le monde a, une fois au moins dans sa vie, éprouvé la gêne de transpirer abondamment, sans pouvoir y faire grand-chose. Mais chez certaines personnes – entre 1 et 3% selon les études – la sudation prend davantage d’ampleur encore. Récurrente, elle en devient handicapante dans la vie de tous les jours. «Je suis étudiante et les gens ne comprennent pas combien je souffre. Ils pensent que j’ai un problème hormonal ou d’anxiété, soupire Mathilde*. Je souffre d’hyperhidrose grave des mains et des pieds. Je perds toute confiance en moi quand je rencontre de nouvelles personnes, car je crains qu’elles ne me présentent leur main. J’évite de me rendre dans des mariages et d’autres rassemblements.» Au service de dermatologie du CHUV, ces patients arrivent avec des affections plus ou moins importantes. «Beaucoup de gens transpirent pas mal mais n’en sont pas gênés. D’autres consultent pour rien, observe le médecin Bernard Noël. Suer n’est pas une maladie mais peut avoir des répercussions négatives au niveau social ou psychologique.» Les premières mesures à appliquer relèvent du bon sens. Porter des habits sombres, éventuellement un maillot de corps pour ab-

sorber la transpiration. Aérer tous les soirs ses chaussures, voire alterner deux paires pour leur laisser le temps de sécher, avoir toujours des chaussettes de rechange avec soi. Marcher à pieds nus lorsque cela est possible, ou en sandales. «Bien souvent, les gens prennent spontanément ces mesures, pas besoin de le leur répéter», note le médecin.

Plusieurs thérapies possibles

Lorsque les mains ou la tête s’avèrent zones problématiques, trouver des solutions se complique à en devenir un casse-tête. C’est là – ou plus précisément lorsque le seuil de tolérance est franchi – que la médecine intervient, avec plusieurs thérapies possibles, selon la localisation et l’intensité de la transpiration. Elles sont présentées ici par ordre croissant d’intensité. Il y a d’abord les anti-transpirants locaux pour les affections légères. On applique une préparation à base de chlorure d’aluminium hexahydraté sur la peau séchée au préalable, avant de couvrir la zone d’un film qu’on laisse agir quelques heures. Un geste qu’il faudra effectuer tous les jours. Pour les mains et les pieds, l’ionophorèse est privilégiée. Il s’agit de tremper le membre incriminé dans un bac d’eau. On y installe un petit courant électrique. «Ce n’est pas douloureux, rassure Bernard Noël, le patient ressent quelques

Ils ne suent pas

Suer fait partie de nos besoins physiologiques, pour évacuer la chaleur. Pourtant, il existe des maladies rarissimes qui empêchent la personne de transpirer. On appelle cela l’anhidrose. «Ces gens n’ont pas de glandes sudorales, ce qui provoque des chocs de chaleur», explique Bernard Noël, dermatologue au CHUV. Ne parvenant pas à régler la température de leur corps, ces personnes ont un pronostic vital réservé.

La sueur n’a pas d’odeur L’amalgame veut souvent que qui transpire dégage une odeur corporelle nauséabonde. C’est partiellement faux. La macération serait plutôt en cause: suer de longues heures dans le même pull ou les mêmes chaussures favorise le développement de bactéries et de champignons qui, eux, sentent mauvais. L’odeur devrait donc nous avertir qu’il faut prendre immédiatement des mesures d’hygiène adéquates.


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