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«Je suis comme la mauvaise herbe, je m’accroche»
Dans son nouveau spectacle «Trans-Planté», Joseph Gorgoni se livre sans fard sur sa greffe des poumons et les 42 jours qu’il a passé dans le coma. Une fête pour les 30 ans de Marie-Thérèse Porchet est également dans les tuyaux.
Texte: Thomas Piffaretti Photos: Niels Ackermann/Lundi 13
Joseph Gorgoni, vous avez frôlé plusieurs fois la mort, comment vous sentez-vous aujourd’hui?
Je vais bien. Et c’est assez mystérieux. On me prédisait un rétablissement long, compliqué et, surtout, pas forcément complet. Donc là, tout le monde est surpris, moi le premier. Je vis à peu près comme avant, à part que je prends plein de médicaments. Des spécialistes font des études sur mon cas.
Un miracle?
Je n’ai pas de croyance particulière. Mais il y a quand même des trucs que je ne m’explique pas. Après la transplantation, il y a eu le coma. J’ai aussi fait deux anévrismes et attrapé un champignon qui d’habitude tue immédiatement. Hé ben non, pas moi. Je suis comme la mauvaise herbe, je m’accroche. Je suis une force de la nature, mais vraiment je n’y suis pour rien.
Et donc maintenant c’est l’heure de partager cette expérience avec votre public?
Quand j’étais à l’hôpital, au plus mal, ce qui m’a aidé à m’en sortir est la volonté de raconter cette histoire extraordinaire. Alité, on passe beaucoup de temps à observer. Et si on a la chance d’avoir un esprit tordu comme moi, on peut vite s’amuser de cette situation.
Comment arrive-t-on à mettre de l’humour dans ces situations dramatiques?
Je crois que c’est mon caractère, ma manière de m’exprimer, d’exorciser. Ce n’est pas que je me fiche de ce qui m’arrive, mais la vie est parfois tellement affreuse que j’essaie de regarder comment faire en sorte que ça le soit moins. Je crois que tous les gens qui font de l’humour sont un peu comme ça. On détourne des situations dramatiques pour les rendre drôles. Moi je ris quand je vois tomber quelqu’un dans la rue.
À quoi les spectateurs doivent-ils s’attendre?
J’aime le spectacle. J’ai envie d’un décor, j’ai envie d’un costume, j’ai envie de chansons. Donc il y aura tout ça. Et puis, forcément, on s’est imaginé ce que MarieThérèse aurait fait dans cette situation. Évidemment, ça nourrit le monstre.
L’occasion également de passer un message sur la transplantation? Mon but, avant tout, est que les spectateurs passent une bonne soirée.
Mais si ça peut servir à faire que les gens parlent du don d’organes, qu’ils soient pour ou contre, ce serait une bonne chose. On ne parle jamais de ces choseslà, alors que ça peut nous tomber dessus à n’importe quel moment. Si un proche meurt et qu’il n’a jamais parlé de don d’organes, on fait quoi? Pour une fois, si ça peut servir à faire autre chose que juste rigoler, c’est légitime.
Un face-à-face avec le public que vous abordez avec émotion?
J’ai peur d’être ridicule, de ne pas être à la hauteur. D’autant plus que là c’est moi, ce n’est pas MarieThérèse. Mais bon, si après tout ce qui m’est arrivé, je me plante là, ce ne serait pas grave. Ce qui me fait peur, c’est d’être ému. Ça remue des trucs très violents. Souvent quand je raconte mon histoire, les gens sont très émus aussi et vu que je suis une éponge, j’espère ne pas faire ma Mylène Farmer du début à la fin. Et puis ce spectacle est très important pour moi car c’est le premier que je fais sans Pierre Naftule.
Son décès laisse un grand vide… C’est trente ans de travail avec lui. L’absence de Pierre Naftule change tout et rien en même temps. Sans lui, le travail d’écriture n’est pas le même.