LYONPEOPLE JUIN 2010 / Boulevard des Belges

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EN COUVERTURE

Parc de la Tête d’Or

Photos © Collection Guy Borgé

POUMON VERT DE LYON

Le nom même du plus grand espace vert de Lyon, avec ses 110 hectares, puise son origine dans une légende : à une date discutée mais lointaine, un trésor aurait été enfoui en ce coin de campagne très souvent inondé, comprenant parmi ses richesses un Christ avec une tête en or. La légende aura la vie dure : en 1855, on consultera encore un médium pour situer et récupérer le magot. En vain !

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n fait, le lieu, portant parfois le nom de «bois de la Tête d’Or», abrite longtemps un vaste domaine agricole, voisin de celui de la PartDieu, morcelé par toute une suite d’héritages et qui finit dans l’escarcelle des Hospices civils de Lyon, à l’aube du 19ème siècle. Il dépend alors de la commune de la Guillotière, voit son site coupé par les nouvelles fortifications commencées sous la Monarchie de Juillet, est absorbé par la ville de Lyon en 1852. Arrivé en poste l’année suivante, le sénateur Claude-Marius Vaïsse, préfet du Rhône et administrateur de la cité, émule de son confrère parisien Haussmann, décide de créer là un parc paysager à l’image de ceux ouverts dans la capitale… loin du centre ville (déjà) surpeuplé. On achète les terrains ; on nomme comme concepteur un paysagiste suisse, Denis Buhler ; on creuse un lac de 12 hectares, alimenté par les eaux du Rhône ; on rapatrie là le jardin botanique jusqu’ici logé sur les pentes de la Croix-Rousse ; on prévoit de grandes serres, de différentes températures ; on crée une pépinière destinée à fournir le parc en plantations… Sans compter un parc aux daims, une faisanderie… Les travaux sont rondement menés. L’ouverture a lieu en juillet 1857, mais Vaïsse a dû accepter la servitude visant à permettre aux régiments d’infanterie, allant et revenant des manœuvres ayant lieu au Grand-Camp voisin, de traverser le nouveau «poumon vert» de Lyon.

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Se pose ensuite le problème de clôturer cet espace arboré, l’absence de tout mur d’enceinte favorisant les vols de plantes, la contrebande de marchandises visant à éviter l’octroi et les ébats aussi nocturnes que polissons, que les quelques gardes du lieu s’essoufflent à essayer de verbaliser. En 1888, l’autorité municipale décide d’installer une clôture bien vite vandalisée par les habitués. En 1897, on passe à un muret, sans plus de résultat. En 1898, on finit par se décider pour une grille haute, ponctuée par trois entrées, dont, l’une, monumentale et très décorée, est placé en bordure du Rhône. L’édification de l’ensemble est confiée à l’architecte Charles Meysson. L’ensemble sera inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1982. En 1894, la partie orientale du Parc passe de la commune de Villeurbanne à celle de Lyon, alors qu’un vélodrome est installé sur le site, remplacé par l’actuel, en 1933. Parallèlement, sont successivement nées plusieurs générations de serres et les divers éléments d’un parc zoologique entrepris dès Vaïsse, qui acquière une nouvelle dimension en 2006, avec l’inauguration de la «Plaine africaine» de deux hectares et demi, où cohabitent plusieurs espèces animales, des zèbres aux girafes en passant par les antilopes. O Gérard Corneloup Pour partager cette page, allez sur www.hy.pr/624

Le palais de la Tunisie en 1894

L’EXPOSITION COLONIALE Pour accueillir l'exposition coloniale de 1894, on détruira les forts des Charpennes et de la Tête d'Or pour dessiner le boulevard du Nord qui deviendra le boulevard des Belges. On avait installé des villages "nègres" (selon l'appellation de l'époque) le long des berges du lac. Tout avait commencé avec la visite des marins russes. On chantait la Tzarine à tous les carrefours. La Chine était magnifiquement représentée au centre du parc. On voyait aussi le palais de la Tunisie et celui de l'Annam. Pourtant, la joyeuse fête qui semblait ne devoir jamais finir fut troublée, puis interrompue par un drame sanglant, le meurtre par l'anarchiste italien Casério du président Sadi Carnot, venu visiter l’exposition, le 24 juin 1894. AV


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