Fondation Jan & Oscar - Hebdo

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BORIS ROESSLER KEYSTONE

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SOCIÉTÉ 81 BAN LAM KHAN OCTOBRE 2006 La fondation Jan & Oscar, créée par la Lausannoise Laurence Astrand, (ici entourée de ses enfants rescapés, Lennart, 18 ans, et Emilie, 12 ans), a inauguré la nouvelle école en présence des villageois.

KHAO-LAK DÉCEMBRE 2004 Au nord de l’île de Phuket, le village a pris la vague de plein fouet, au matin du 26 décembre 2004. Plus de 6000 personnes ont trouvé la mort dans le sud thaïlandais, dont 3 250 étrangers. Parmi eux, 112 touristes suisses.

Une école en mémoire de ses enfants tués par le tsunami THAÏLANDE Laurence Astrand a perdu deux fils (8 et 12 ans) dans la catastrophe naturelle de décembre 2004. La Fondation Jan & Oscar, créée pour honorer leur souvenir, a financé une école inaugurée dans le sud du pays par la princesse Sirindhorn. Par Olivier Grivat.

La sonnerie de 10 heures retentit à l’Ecole Jan & Oscar de Ban Lam Khan, tout près du pont qui mène à l’île de Phuket, dans l’extrême sud de la Thaïlande. La police est sur les dents. Plus de 500 élèves et leurs maîtres en uniforme brun attendent l’arrivée de la princesse Sirindhorn, la fille du roi Bhumipol, un demi-dieu vivant au Royaume du Siam. La fanfare, elle, répète sous un soleil de plomb. Les habitants sont venus en voisins, habillés du t-shirt jaune vif qui symbolise l’amour des Thaïlandais pour leur roi Bhumipol ou Rama IX. Le «roi des rois» est le plus ancien souverain en exercice de la

planète: âgé de 79 ans, il fête déjà ses 60 ans de règne. Il était étudiant à Lausanne quand il a été appelé à succéder à son frère aîné, Ananda, mystérieusement assassiné dans son palais de Bangkok. Un hélicoptère survole les lieux. L’heure est solennelle pour tous les écoliers de l’Ecole Jan & Oscar. Nièce de Jacques Piccard, la Lausannoise Laurence Astrand a créé, six mois après le tsunami, une fondation qui porte le nom de deux de ses quatre enfants, une fondation qui a permis de construire une nouvelle aile de l’établissement de Ban Lam Khan. Agés de 8 et 12 ans, Jan et Oscar, deux petits Vaudois de Chexbres, ont péri

dans la catastrophe du tsunami qui a causé, au lendemain de Noël 2004, plus de 6000 morts (dont 3250 étrangers) aux abords de Phuket. Arrivés la veille de la catastrophe avec leur père, mais sans leur mère restée en Suisse, les deux blondinets jouaient sur la plage, occupés à ramasser des étoiles de mer, quand la vague gigantesque les a submergés. On a retrouvé leurs corps six mois plus tard. JACQUES PICCARD ET SON AMI LE ROI La mère de Jan et Oscar est venue à l’inauguration en compagnie de ses deux autres enfants, Lennart (18 ans) et Emilie (12 ans). Accou-

rues de Suisse, des Pays-Bas et de Singapour, plusieurs familles amies sont là également pour l’entourer de leur affection: «Elle aurait pu mourir de chagrin, elle a choisi la vie», témoignent ses intimes. Parmi eux, les Piccard, Michèle et ses trois filles. C’est par le biais de Jacques Piccard, célèbre océanographe et père de Bertrand, que Laurence Astrand est entrée en contact avec la princesse. Jacques Piccard a en effet connu le futur roi lors de ses études à l’Ecole Nouvelle de Chailly, puis à l’Uni de Lausanne, où le jeune Bhumipol étudiait le droit et les sciences sociales et politiques avant de monter sur le trône.

Quelques coups de sifflet stridents marquent l’arrivée de S. A. R. la princesse Sirindhorn. Agée de 51 ans, la troisième fille du roi parle un français châtié, appris avec ses parents et sa tante, la princesse Galiani, qui a longtemps vécu à Pully et qui a été professeur de français. UNE PRINCESSE COMPATISSANTE La catastrophe du tsunami n’est pas qu’une réalité lointaine pour la famille royale thaïlandaise, touchée elle aussi dans sa chair. Bhumi Jensen, 20 ans, l’un des petits-fils du roi, a également disparu sur la plage du Sofitel, à Khao Lak. La princesse Sirindhorn, sa tante, a ainsi été

émue par l’action de cette femme occidentale et par sa façon d’avancer à travers la douleur en marchant sur le chemin de la vie. Réputée pour son honnêteté, Son Altesse, qui est aussi ambassadrice de bonne volonté de l’ONU, se promet de compter chaque sou des fonds destinés à l’aide aux victimes du drame. Une garantie de sérieux dans une administration qui n’est pas épargnée par la corruption. Avant de visiter l’école avec toute sa suite, la princesse commence par dévoiler une plaque où figure le logo de la Fondation Jan & Oscar. Les 130 000 francs qu’a nécessités la construction du bâtiment


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RECONNAISSANCE Les deux masseuses Joy et Pielin en compagnie d’Emilie à qui elles ont sauvé la vie.

CÉRÉMONIAL La princesse Sirindhorn est venue inaugurer le bâtiment construit par la fondation suisse.

témoigne la mère, très digne dans la douleur. Rescapé miraculeux de la même vague mortelle, le frère aîné, Lennart, s’efforce courageusement de surmonter les séquelles physiques et psychiques de ceux qui se sentent «coupables» d’avoir survécu: «Pourquoi eux et pas moi?» s’interroge-t-il. LE COURAGE DE FAIRE FACE Sur les lieux du drame, Lennart désigne l’arbre où il a pu s’accrocher après deux bonnes minutes d’apnée. Pris dans le tourbillon d’une immense machine à laver – la vague mesurait 17 mètres,

la hauteur d’une maison de cinq étages… –, il s’en est fallu de quelques secondes: «On a bien vu la mer se retirer à près de 300 mètres. Mon petit frère Jan a même dit qu’il pouvait s’agir d’un tsunami. Il venait d’apprendre le terme japonais à l’école. Puis ça a été le trou noir. Je ne voyais plus le soleil. J’ai reçu un grand coup dans le dos, l’un des nombreux débris que la vague remuait. Quand elle s’est retirée, tous les palmiers étaient couchés, comme des plumes. Ne restait plus que l’arbre où j’ai pu m’accrocher. J’ai alors aperçu un homme

ont été réunis par Laurence Astrand et ses partenaires, soit la société horlogère Instruments & Mesures du Temps et le Collège Champittet, où elle travaille. Son directeur, Christian Fluhr, a entraîné pour l’occasion une vingtaine d’internes âgés de 13 à 20 ans à la découverte de la Thaïlande. Il souhaite créer un réseau de collaboration entre les deux écoles, suisse et thaïlandaise: «De là où ils sont, Jan et Oscar peuvent être fiers, car ils sont les premiers maillons d’une chaîne de solidarité qui donnera une vie meilleure à des centaines d’enfants»,

SAUF Lennart devant l’arbre auquel il s’est accroché.

ANNÉE SABBATIQUE POUR UNE FAMILLE GENEVOISE MIRACULÉE Les Genevois Philip et Bea van Woerden, ainsi que leurs trois enfants Wendy (7 ans), Amy (5 ans), et Tim (3 ans), sont des miraculés. Ils étaient paisiblement installés sur un banc de sable à Krabi, à une heure de Khao Lak, le fameux

26 décembre 2004, lorsque le piroguier qui les baladait a été informé de l’arrivée d’une grosse vague: «Nous n’avons dû notre salut qu’à son sang-froid et à son professionnalisme. C’est à bord de sa pirogue que nous avons assisté, impuissants, à

l’arrivée du tsunami. Nous avons vu notre plage complètement recouverte et, sur des îlots voisins, de nombreuses personnes être emportées. Depuis ce jour, nous avons récolté des fonds en faveur des pêcheurs et piroguiers d’Ao Nang.» Assistant marketing dans une banque privée genevoise, Philip van Woerden, 40 ans, a quitté son travail et pris une année sabbatique en famille pour secourir les victimes thaïlandaises. Lui aussi est frappé du syndrome «pourquoi eux et pas nous?». Grâce à leurs parents, amis, collègues, donateurs anonymes, et grâce à

des médias tels que One FM et la TSR, ils sont arrivés avec 23 000 francs de dons: «Nous avons pu distribuer la totalité des fonds en achetant bateaux, moteurs, citernes, vivres, gilets de sauvetage, eau potable et une aide au cas par cas pour 74 familles de pêcheurs. Mais il y a encore beaucoup à faire dans cette région. Un nombre considérable d’enfants se sont retrouvés orphelins et sont placés dans des institutions qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins. Beaucoup de villages de pêcheurs manquent de bateaux, leur seul outil de travail.» | O G CCP «Tsunami Swiss Fund» N° 17-549740-3


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Snob de A à Z LIVRE Les caprices et les habitudes du snob contemporain. Humour et frivolité.

INAUGURATION Jour faste pour l’école de Ban Lam Khan avec la présence de la fille du roi.

qui titubait sur la plage. Sa peau était lacérée comme s’il avait été pris dans un rouleau de fil de fer barbelé. C’était mon père. Il a dû son salut au fait d’avoir été aspiré dans un tuyau d’égout.» Rapatriés en Suisse juste avant Nouvel-An par la Rega, père et fils ont été soignés au CHUV, à Lausanne, notamment des suites des infections dues à l’eau polluée. Pour sa sœur Emilie, 12 ans, le miracle s’est incarné sous la forme de deux jeunes masseuses thaïlandaises. Au moment où la vague approchait, elles ont pris l’enfant par la main et l’ont fait courir au sommet de la colline. Seule de la fraterie à ne pas avoir été happée par la vague, Emilie a été prise en charge par deux familles genevoises qui ont trouvé refuge dans le même temple bouddhiste, puis ramenée en Suisse, sans avoir pu prendre des nouvelles de ses trois frères et de son père. L’ÉMOTION DES RETROUVAILLES C’est à Phuket, dans le spa d’un grand hôtel de la cité touristique, que Laurence va retrouver la trace des deux jeunes femmes qui ont sauvé la vie de sa fille. Etreintes et larmes de joie pour Joy et Pielin, les retrouvailles ont fait chaud au cœur. Emilie a aussi pu montrer à sa mère le temple bouddhiste où elle a passé la nuit en compagnie des deux couples genevois qui l’ont prise sous leur protection. La surprise est intense quand la délégation helvétique découvre que le temple en question est celui de l’Ecole Jan & Oscar: «C’est un coup du destin. Je ne crois pas à l’effet du hasard», s’exclame Laurence Astrand.

Au moment de repartir vers d’autres rubans à couper, toujours entourée d’un épais cordon de sécurité, la princesse Sirindhorn exprime son souhait de continuer la coopération avec la fondation suisse: «A l’avenir, nous allons œuvrer pour d’autres enfants, qui n’ont rien à voir avec le tsunami, confie Laurence, plus déterminée que jamais à surmonter son deuil par l’action. Nous irons dans le nord du pays, dans la région de Chiengmai, toujours dans le sillage de la princesse. Elle est une garantie de sérieux. Plus tard, nous dirigerons nos pas vers d’autres régions sinistrées de la planète.» A l’heure des adieux, la Vaudoise veut lancer un message d’espoir. Elle a vraiment déployé toutes ses forces pour mettre en place les différentes pièces du puzzle. Rebondir au lieu de subir, affronter la vie qui continue malgré tout, c’est l’idée qui a abouti à la création de la fondation, puis à la construction de l’école: «Cette force que je ressens en moi, j’essaie de l’extérioriser pour montrer la voie à mes deux autres enfants. Jan et Oscar n’auraient pas voulu que je me laisse entraîner par la spirale implacable de la tristesse. J’ai la certitude qu’ils sont là, chacun sur mon épaule, et qu’ils me stimulent de leurs petites voix: “Vas-y, maman!” Chaque jour qui passe, je suis persuadée que la vie est un cadeau. Qu’il ne faut pas se laisser clouer sur place par le chagrin, qu’il faut se donner les moyens de se surpasser. Jamais je n’admettrais que nos enfants ont disparu pour rien.» | Fondation Jan & Oscar, compte BCV No L. 5109.38.09

La collègue de bureau, flanquée d’un jupon Burberry coupé en biais, sophistiquée et toujours pimpante, exaspère ses concurrentes. «Quelle snob», dira-t-on souvent pour juger cette extravagante qui condamne par sa seule présence notre transparence. Mais attention au dédain trop facile: être snob est un travail harassant. Selon Jean-Noël Liaut, auteur du Petit dictionnaire du snobisme contemporain, il s’agit d’«une vocation, d’un sacerdoce, d’une carrière». Quelques caractères incontournables décrivent le véritable snob. D’abord, l’«obsession du prestige social», puis une volonté de «se singulariser à l’extrême». Enfin, la «folie de l’exclusivité et des références que seuls les initiés décrypteront. Le snob est un véritable chercheur.» LES «NÉO-BISTROTS» Les lettres défilent: «E» comme Egoïste, la revue «la plus snob du monde», devenue presque mythologie pour le pratiquant averti, «F» comme «Feng shui», discipline chinoise qui consiste à optimiser les énergies de l’habitat, devenue incontournable. Du couturier aux peintres en passant par les décorateurs d’intérieur, le carnet d’adresses et de manies contient 70 articles, «rédigés à l’acide chlorhydrique». A la lettre «N», on découvre que tout snob exemplaire fréquente les «néobistrots». Il y fume bien sûr, puisque «le cancer des poumons est encore préférable à la vulgarité atterrante du politiquement correct.» Et pour se pavaner, le snob de haute catégorie fréquente les vernissages d’artistes névrosés. Au rang desquels on mentionnera Arielle Dombasle, née Arielle Laure Maxime Sonnery de Fromental, artiste polyglotte, qui a manqué de peu d’être reniée par sa communauté. Oubliant la devise de base du snobisme (interdit au public), elle s’est mise à «mélanger opéra et techno et à vendre des centaines de milliers d’albums disponibles jusque sur les aires d’autoroute». «Cas unique dans l’histoire du snobisme», les snobs ne l’ont pas rejetée. | M AU R I N E B O U T I N - M E RC I E R Petit dictionnaire du snobisme contemporain. De Jean-Noël Liaut. Editions Payot, 125p.


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