Coronavirus : la parole aux soignants

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Photo service communication CHU de Nantes

« On n’a pas l’habitude de recevoir autant de reconnaissance, confie Fanny Dilosquer, infirmière en service de médecine intensive et réanimation. On donne beaucoup et on ne fait pas ça pour avoir de la gratitude, mais cela fait très plaisir. On reçoit des dons de restaurateurs et des gourmandises. Une collègue qui buvait un smoothie m’a dit : « Tu vois, c’est pour ça que je suis contente de venir ». Et c’est vrai : on travaille douze heures par jour dans des conditions difficiles, avec la peur d’un virus qu’on ne connaît pas… Ces attentions nous donnent de l’énergie ! Je sors du CHU à 19 h 30 et habite en centre-ville. Je passe pile-poil au moment des applaudissements. Nous nous sentons soutenus, ils sont sincères. J’échange avec les gens aux fenêtres, furtivement. Parfois ils nous attendent, ça donne lieu à une complicité. »

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Fanny, infirmière en réanimation au CHU

Bruno, médecin généraliste « Comme beaucoup d’autres professionnels, les médecins généralistes sont en première ligne, souligne Bruno Vermelle, médecin à Nantes. Je n’ai pas particulièrement peur, nous prenons les mesures qui s’imposent pour nous et les patients. Mais c’est une situation très bizarre car notre activité a brutalement chuté. C’est assez impressionnant. Nous voyons moins de la moitié du nombre habituel de patients. Nous craignons que certaines pathologies soient sous-estimées par les patients. Nous développons les consultations par internet quand c’est possible. Nous avons aussi beaucoup de personnes anxieuses qui ont besoin de s’entretenir avec nous. Elles respectent le confinement, mais beaucoup ont l’impression d’être gênées pour respirer et en fait ce sont des symptômes d’anxiété. »

Photo collection privée

Photo collection privée

Sandrine, agent au CHU « Tous les jours, nous recevons des marques d’affection et de soutien, explique Sandrine Baudry, agent des services hospitaliers (ASH) à Nantes. Des restaurateurs nous envoient des cadeaux : hier c’était des brioches de la part d’un boulanger, il y a eu des pizzas, des saucissons, etc. C’est déjà le cas en temps normal et les patients sont aussi attentionnés. Hier, un couple a demandé une adresse mail en partant afin d’écrire un mot de remerciement à l’ensemble de l’équipe ! En cette période d’épidémie, la grande différence est de sentir cette forte solidarité qui vient de l’extérieur. Moi je vis en campagne et n’ai pas assisté aux applaudissements aux fenêtres à 20h. J’ai vu des vidéos avec une amie, ça m’a fait chaud au cœur. Les gens n’ignorent pas ce que l’on vit, ils pensent à nous, nous sommes touchés. »

Infographie PO • CG

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Nicolas, ambulancier

« L’état d'esprit est plutôt bon, assure Nicolas, ambulancier. Nous avons du stock de masques. Il faut aussi de la solution hydroalcoolique, des lunettes, des gants... et de la motivation ! Beaucoup d’ambulanciers sont au chômage partiel. On pense à eux. En interne, on a mis en place des protocoles stricts d’hygiène, des roulements pour éviter de se croiser. Ça fonctionne : on n’a aucun arrêt de travail pour covid. Nouveaux matériels, nouvelles pratiques… On s’adapte ! Notre métier est méconnu, mais les regards changent. Des passants nous font un pouce levé. On nous donne des masques, on nous fait des crêpes, on nous livre des pizzas… Ça fait chaud au cœur, comme nos voisins qui nous applaudissent tous les soirs ! Nous faisons un beau métier qui demande juste à être valorisé et respecté. »

Marion, infirmière libérale « Nous, les infirmières libérales, nous n’avons pas de protocole spécifique face au virus, nous sommes seules, témoigne Marion, infirmière dans le Pays de Retz. Mon sas de décontamination, c’est mon garage ! On stresse d’avoir oublié de désinfecter une étape. On a peur de contaminer nos patients fragiles ou nos proches. Je me bats contre un ennemi invisible avec trop peu de munitions… Les seuls masques que j’ai sont périmés depuis 2001 et m’ont été offerts par des patients ! » « Je suis terriblement touchée par les paroles bienveillantes, les messages de sympathie, les petits gestes affectueux, par les dons de masques, de gants, de solutions hydroalcooliques… Je me sens soutenue, ça y est, c’est bon, ça me rebooste ! », poursuit Marion. L’infirmière avoue aussi être agacée de voir des gens promener leur chien plusieurs fois, se rendre dans les magasins « pour des babioles », se remettre au jogging… « Si tout le monde faisait pareil ? Restez chez vous ! »


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