La clôture en ciment armé, un produit conventionnel et sans prétention

LA CLOTURE EN CIMENT ARME Un produit conventionnel et sans prĂŠtention

Lucas Labbens

2018

LUCAS LABBENS

LA CLOTURE EN CIMENT ARME Un produit conventionnel et sans prétention

2018

TABLE DES MATIERES

AVANT-PROPOS,

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Cadre de la recherche PARTIE I

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Une clôture à la recherche de l’informe : la rationalisation d’un procédé La rocaille, premier exercice de la clôture en ciment

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Une clôture d’un matériau nouveau, la mise en œuvre du ciment armé

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Rationalités et impératifs industriels, vers la clôture en ciment armé moderne

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PARTIE II

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Un produit modeste et sans prétention : la construction d’une identité Standardisation de la clôture en ciment armé, l’émergence d’un archétype

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Références vernaculaires, empreintes de la clôture traditionnelle

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Influence de la ferronnerie Art Déco, une clôture qui démocratise l’ornement

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PARTIE III

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La clôture d’un nouvel urbanisme : la pertinence d’un produit Une clôture à toutes les échelles, construction d’un cadre familier

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Un rôle dans la cité-jardin, l'office des HBM de la Seine

47

L’exemplarité de Suresnes

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CONCLUSION,

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Etat de la recherche BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

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AVANT-PROPOS

CADRE DE LA RECHERCHE

La clôture en ciment armé est un produit commun que l’on retrouve dès que le foncier laisse place à un habitat pavillonnaire, ou plus largement, une parcelle privée en bordure de l’espace public. Intemporelle, elle se confond bien souvent avec ses analogues. Elle en a tout l’aspect, sauf quand on la touche. On pourrait être surpris au détail par sa nature monobloc et la rugosité qui la distingue d’une clôture en bois. Son ajourage n’apparaît pas comme un assemblage sections ou de profilés, mais plus comme un élément de construction même, à la manière d’une brique que l’on appareille ou d’un linteau que l’on pose sur une maçonnerie. On remarque surtout sa nature lorsqu’elle est défraîchie, habillée par un triste gris rugueux, accrochant les mousses et laissant apparaître parfois les fers rouillés. Modeste et sans prétention, elle figure dans les codes de l’habitat populaire et des opérations de grandes ampleurs du XXe siècle. Des chemins de fers, banlieue parisienne jusqu’aux grandes opérations de cités-jardins, la clôture en ciment armé se présentera comme un produit marquant discrètement l’architecture et le paysage, à une échelle dont on ignore certainement l’ampleur.

La recherche qui suit interroge la manière dont ce produit s’est construit et développé autour de trois grandes questions. Comment la mise en œuvre du ciment armé dans le cadre de la fabrication d’éléments de clôtures depuis la fin du XIXe siècle a donné naissance à un produit économique et durable ? De quelle manière la clôture en ciment armé s’est-elle construite parmi ses analogues ? En quoi les propriétés de ce produit dans son contexte

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historique ont permis sa prolifération dans l’architecture et le paysage français de la première moitié du XXe siècle ?

Même si ce produit est extrêmement récurant et que son développement couvre près d’un siècle, il n’a pas fait l’objet d’un intérêt immense. Il existe peu de documentation spécialisée répondant à cette recherche, quelques particuliers seulement se questionnent la forte présence de cet objet dans le paysage, à la manière d’une collection, en répertoriant les modèles qu’ils croisent au sein d’un blog. Les photographies et cartes postales vont être des outils indispensables à cette recherche puisqu’elles permettent d’analyser le produit lui-même, d’en définir le champ et l’époque d’utilisation.

Les publicités que l’on retrouvera dans des périodiques ou autres répertoires vont nous renseigner sur les acteurs de ce produit, mais également sur l’image qu’il diffuse. Quelques catalogues, riches de références vont permettre d'en connaître un peu plus sur le produit et ses variantes. On regrettera cependant le manque d’information sur les questions techniques, du fait de la disparition des entreprises et de leurs archives, ou pour les seules qui auraient fusionnées avec de grands groupes montrent porte close. La clôture en ciment armé étant toujours présente dans le paysage, on peut aussi aller directement à sa rencontre. Les outils numériques et les cartographies permettent d’effectuer facilement des enquêtes de plus ou moins grandes échelles. On peut rapidement y faire l'inventaire d’un produit présent en bord de rue et en déterminer des récurrences et des exceptions.

C’est un objet modeste tant dans son application que dans l’intérêt qu’on lui porte. Dans les opérations où elle se retrouve, la clôture en ciment armé s’efface derrière un sujet plus noble : une architecture construite à travers les grandes questions d’habitat social et de l’ornementation bon marché. On peut aussi réécrire cette histoire au regard de ce produit qui, d’une manière plus légère, fera état des bouleversements de son époque. Cette réflexion sur la clôture en ciment armé s’est donc construite dans le sillage des études et théories de sujets périphériques, à la manière d’un diagramme de Venn. La question du ciment armé depuis ses origines, éclairera sur la mise en œuvre d’un matériau nouveau. Les thématiques de crise du logement et l’industrialisation du bâtiment vont être une source riche pour comprendre

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comment ce produit s’est construit durant la première partie du XXe siècle.

Les études menées sur l’habitat bon marché se présenteront comme des cas pratiques, faisant la synthèse d’un matériau qui a su répondre aux conditions et impératifs de son époque.

L’exposé de cette recherche se présente en trois points. Dans un premier point, nous verrons comment la clôture en ciment armé s’est construite au travers de l’industrialisation du bâtiment. On en retracera les origines à la fin du XIXe siècle dans la rocaille, lors de la naissance du ciment armé. Nous découvrirons les difficultés rencontrées par les concepteurs à en déterminer une forme, du fait de nature de ce matériau, jusqu’à ce qu’on lui trouve une raison dans les rationalités et impératifs industriels. Dans un second point, nous nous pencherons sur le fait que la clôture en ciment armé s’est construit une identité au travers de ses analogues. Nous verrons comment elle s’inspirera des classiques modèles en bois du XIXe siècle ou encore de la ferronnerie Art Déco. Dans le troisième et dernier point, nous découvrirons à travers différentes opérations en quoi la clôture en ciment armé s’est présentée comme un produit particulièrement adapté à son époque. Nous nous pencherons notamment sur des opérations de la reconstruction et des organismes d’habitat bon marché, réalisés sur le modèle des cités-jardins et où l'usage de la clôture en ciment armé est exemplaire.

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PARTIE I

UNE CLOTURE A LA RECHERCHE DE L’INFORME : LA RATIONALISATION D’UN PROCEDE

LA ROCAILLE, PREMIER EXERCICE DE LA CLÖTURE EN CIMENT Avant de traiter de la clôture, il semble essentiel de questionner les origines du ciment armé. Il n’est pas dans notre intérêt de retracer de manière exhaustive l’histoire de ce matériau, mais plutôt de l’écrire au regard de notre produit.

Malgré que de grands noms tels Freyssinet ou Le Chatelier ont permis l’essor du ciment armé, c’est à Joseph Monier que revient le mérite de cette invention1. Les métiers du jardin, en particulier celui des rocailleurs ont joués un rôle capital dans l’histoire de la construction par l’invention et l’emploi du ciment armé. Fort de l’influence du romantisme né dans la production et l’aménagement des jardins de la fin du XIXe siècle, apparait le rusticage.

Fascinés à l’idée de reproduire la nature de manière artificielle dans les jardins, les jardiniers de l’époque usent des matériaux tels que le ciment afin de mettre en œuvre ce « Naturel Raisonné ». Cette tendance se traduit notamment dans le travail des rocailleurs, appliquant ces ciments rustiques dans des

Bosc (Jean-Louis) et al., Joseph Monnier et la naissance du ciment armé, Paris, Editions du Linteau, 2001 Dans cet ouvrage collectif, les auteurs rendent justice à Joseph Monier qui mourra en 1906, ruiné, après avoir été dépossédé de l’exploitation de ses inventions, suite à la vente d’une licence à une entreprise allemande.

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Pont Chazelet par Joseph Monier, Illustration issue de l’ouvrage ; Bosc (Jean-Louis) et al., Joseph Monnier et la naissance du ciment armÊ, Paris, Editions du Linteau, 2001

Rocaille du Bois de Vincennes, Source : Delcampe

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reproductions de roches et de branchages. Cet art connait sa période la plus productive de 1870 à 1910, notamment grâce aux expérimentations de Joseph Monier, lui-même jardinier à cette période2. Cherchant un matériau pour remplacer le bois qui se détériorait trop vite et différent du fer, qui était couteux, lui est venue l’idée d’utiliser le ciment en le combinant avec un treillage métallique pour réaliser des bacs à fleurs.3 Il appliqua ce dispositif à d’autres éléments comme des balustres ou clôtures. Le procédé est simple, on applique sur des fers un grillage en lui donnant la forme et la direction souhaitée, dans lequel on incorpore un mortier assez modelable, afin de reproduire les effets d’un tronc ou de bois flotté. Durant plusieurs saisons, Joseph Monier s’est assuré de la qualité et de la tenue de son invention qui s’est avérée être étanche, résistant au gel et au soleil. Suite à ses découvertes, il dépose plusieurs brevets, dont un en 1869 concernant un « procédé pour des panneaux, mobiles et immobiles, servant à la clôture des maisons, etc.4 » en ciment et fer.

Au passage du ciment rustique au béton rustique, le savoir-faire des rocailleurs cimenteurs s’avéra être un moyen efficace pour aménager de très nombreux jardins paysagés. Comme d’autres, Joseph Monier en fit son commerce avec la Maison J.Monier et fils (qui deviendra Société de travaux en ciment), proposant une large gamme de réalisation en ciment armé. On retrouve dans ces gammes rustiques des produits destinés tant à l’aménagement de grande échelle qu’au mobilier extérieur ou objets décoratif. Parmi eux, les éléments de clôtures. Devenue très tendance à la fin du XIXe siècle, la rocaille s’importe dans la ville et sa périphérie, faisant circuler avec elle le désir d’un mode de vie plus « naturel ». Par ses reproductions minérales et végétales, elle fait entrer la campagne dans la ville et partout où se développent les banlieues et leurs jardins. Parmi ces réalisations, on notera le pont de Chazelet par Joseph Monier, qui se présente en 1875 comme l’un des premiers ponts en ciment armé, mais aussi un bel exemple de rocaillage. Cerné par une rambarde reprenant les formes de branches d’arbres, ce pont rustique a été proposé à Bosc (Jean-Louis) et al., Joseph Monnier et la naissance du ciment armé, Paris, Editions du Linteau, 2001, P.14 3 Bosc (Jean-Louis) et al., Joseph Monnier et la naissance du ciment armé, Paris, Editions du Linteau, 2001, P.24 4 Bosc (Jean-Louis) et al., Joseph Monnier et la naissance du ciment armé, Paris, Editions du Linteau, 2001, P.42 2

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Publicité pour la société de Joseph Monier (1899), Source : Le Ciment

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Mr Taupinart de Tilière comme moins cher que le bois tout en offrant plus de durée et solidité.

Pendant longtemps réservé aux plus fortunés, ce savoir-faire s’est révélé être un moyen très efficace pour aménager de nombreux jardins paysagers comme le bois de Vincennes. La rocaille se popularisera par la suite avant que la profession de rocailleur ne disparaisse dans les années 20, là où l’usage du ciment deviendra l’affaire des ingénieurs et architectes.

UNE CLOTURE D’UN MATERIAU NOUVEAU : LA MISE EN ŒUVRE DU CIMENT ARME On remarque dès les premières applications du ciment armé aux clôtures qu’il existe une sorte de mensonge, une indécision sur la forme prise par ce matériau nouveau. Ce constat n’est pas propre à la clôture, mais il est d’autant plus vrai dès qu’il relève de la dimension esthétique d’un ouvrage. Il semblerait que le matériau ne possède pas d’identité propre puisque les formes qu’il prend sont multiples tant les champs d’applications sont larges. Ce qui est marquant lorsqu’on observe les représentations des prestations des cimenteurs, c’est la présence d’influences multiples dans l’esthétique mise en œuvre. Tandis que l’on retrouve des éléments de clôtures ou des châteaux d’eau rustiques auxquels les rocailleurs nous ont habitués, ceux-ci prendront volontiers une apparence néo-classique. Cependant, dès lors que ces éléments en ciment armé sont d’ordre purement utilitaire, on retrouve une simplicité et une logique de mise en œuvre bien plus adaptée à ce matériau.

Il n’est pas question ici de remettre en cause ces productions, puisqu’elles sembleraient n’être que l’expression d’un « symptôme ». Cette difficulté dans l’approche de la forme serait en réalité due à la nature même du ciment armé, à la différence des autres matériaux. « La relative indétermination géométrique initiale du matériau n’impulse aucun code d’engendrement qui lui soit propre et dont on pourrait en tirer parti (…). Le bois a ses fibres, son gabarit naturel (l’arbre) ; la pierre a sa masse, sa dureté, la géométrie prismatique

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Gamme de produits rustiques, Source : Le Ciment

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de sa taille ; le fer, produit de catalogue pour ainsi dire, est quasiment prédimensionné dès la sortie des laminoirs ; la terre a sa masse, compressée entre le parallélisme des banches ; la brique a son module. Le béton armé seul n’a pas de géométrie inductive ou de vecteur organisateur. La poudre de ciment, le tas de sable, le linéaire façonnable des fers constituent des stocks sans allure, avant que le moule ne fixe une apparence au béton armé et que l’armature ne raidisse son profil. 5» Ce que l’art des rocailleurs nous apprend, c’est que dès son apparition, le ciment armé s’est présenté comme un matériau remettant en question les manières traditionnelles de concevoir et de produire. Sa nature informe ne donne en rien les clés nécessaires à l’émergence d’une forme et d’une esthétique qui lui serait propre. C’est pourquoi, même s’il n’emprunte à aucun autre matériau sa mise en œuvre particulière, il en substituera la forme. À ses débuts comme lors de son réel développement, le ciment armé se montrera comme un moyen fantastique de reproduire des formes déjà existantes, en leur attribuant des caractéristiques techniques et de résistances bien plus intéressantes. On peut se demander si ce n’est pas dû aux aprioris tels qu’ils ont pu être formulés dans les revues d’époques selon lesquels « Les nouveaux matériaux n’ont pas de beauté propre. Il leur manque le dessin naturel des matières premières comme le bois et le marbre. »6 qui ferait du ciment armé un matériau de substitution plutôt qu’un matériau à proprement dit, pourvu de noblesse.

On remarquera que le rapport des concepteurs à la « beauté propre » du ciment armé tendra à se réconcilier lorsqu’à l’aube de l’industrialisation du bâtiment, la technique passera entre les mains d’industriels qui vulgariseront le procédé de manière à répondre aux attentes d’un nouveau mode de produire si particulier au XXe siècle.

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Simonnet (Cyrille), Le béton – histoire d’un matériau, Marseille, Edition Parenthèses, 2005, P.113 Menkès (E), « la leçon de l’industrie », Chantier (Paris), n°3, avril-mail 1933, P.3

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PublicitĂŠ pour les Ets A. Picha (1925), Source : Ravet Anceau

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RATIONALITES ET IMPERATIFS INDUSTRIELS, VERS LA CLOTURE EN CIMENT ARME MODERNE On constate que le passage à une production de masse de la clôture en ciment armé va progressivement réconcilier le matériau à sa forme par une logique de rationalités industrielles et d’impératifs fonctionnels.

On pourrait croire que la clôture en ciment armé moderne n’a rien de familier avec la clôture rustique, si ce n’est le matériau employé. Pourtant, il relèverait plutôt de l’évolution d’un procédé de fabrication qui se serait industrialisé pour faire face aux impératifs du XXe siècle. On ne peut pas dire que les rocailleurs se soient adaptés aux besoins nouveaux en termes de rapidité et de productivité, et pour cause, l’artisanat dont ils relèvent trouvera difficilement sa place, là où l’aménagement et la construction tendront vers des productions toujours plus rapides et économiques. On découvre cependant qu’il existe un lien certain entre ces artisans et les industriels, acteurs du développement des clôtures en ciment armé modernes. Dans l’ancienne région Nord Pas de Calais, deux entreprises ont eu une influence certaine dans la diffusion de ces modèles ; l’entreprise halluinoise A. PICHA et les établissements MORIN situés à Carvin. Sur les traces de l’entreprise Picha, des éléments d’archives -sur fond de litige entre différents industriels7-, nous font comprendre qu’il existait un lien bien autre que de forme entre les artisans rocailleurs et les industriels de la clôture. Au bord de la rivière de la Lys, sur une même parcelle se côtoyaient en 1892 deux entreprises. Les établissements A. PICHA, spécialisés dans la réalisation de dalles en ciment et de clôture en ciment armé, ainsi que la maison J. Monier père &Cie qui n’est autre que la société tenue par Joseph Monier, père du ciment armé et jardinier rocailleur.

Cette cohabitation laisse comprendre qu’il existait une entente entre ces deux entités, et de toutes évidence, des échanges de savoir et savoir-faire et ce, jusqu’à ce que la maison Joseph Monier ne disparaisse totalement. Si ce n’est là qu’un cas particulier, qui a lui-même ne serait justifier d’un réel lien entre ces deux produits, on ne peut pas nier le chevauchement des époques entre la disparition des éléments de clôtures rustiques et l’émergence des clôtures en 7

Annexe 1 : Etablissements A.Picha et la maison J. Monier père &Cie

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Cour de l'usine H. Dupuis avec en bas à gauche des clôtures en ciment armé (1927), Source : Catalogue de produit

Cour de l'usine P. Lefebvre & L. Delpart avec en bas a gauche ce qui semble être les fers a ciment pour les clôtures (1925), Source : Catalogue de produit

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ciment armé moderne. Quoi qu’il en soit, les réalisations rustiques ont tout de même su prouver l’intérêt d’employer un tel matériau dans le cadre de clôtures, offrant des avantages considérables en termes de résistance et de longévité.

Bien qu’elles aient su répondre aux besoins d’aménagements des grands parcs et jardins de la fin du XIXe siècle, la mise en œuvre de clôtures beaucoup trop artisanale et spécialisées des rocailleurs ne correspondaient en rien aux impératifs à l’entrée du nouveau siècle. Il était nécessaire de rationaliser et vulgariser ce procédé, pour le rendre à la portée de n’importe quel ouvrier plutôt qu’à un artisan cimenteur. Cette rationalisation et vulgarisation fut possible grâce à l’industrialisation progressive des clôtures en ciment armé, qui vont alors connaitre une division en différents éléments standardisés.

L’un des premiers passages de la clôture rustique vers la clôture moderne fut l’abandon d’une mise en œuvre basé sur le modelage de la matière au profit d’un système de moulage. Cette mise en œuvre a pour qualité de reporter en amont la définition de la forme de la clôture, qui peut ensuite être reproduite sur des linéaires. En donnant une forme plutôt que de mettre en forme, on réduit la complexité et le temps de réalisation. Dans la revue « le ciment », un article de 1913 énonce avec nuances des « petites applications avantageuses du ciment armé » pour la construction de clôtures. « Dans les commencements, on moulait les montants et les dalles sur place, mais on s’aperçut des difficultés de poser (…) les armatures et remplir les coffrages pour des pièces aussi exiguës. On a donc préféré commander au-dehors 4.000 m. de clôtures construites à l’avance sur le sol.8 ». Progressivement, la clôture en ciment armé se destine à être produite hors d’œuvre pour des raisons pratiques, afin de simplifier sa production. Cette optimisation de la mise en œuvre va cependant en redéfinir totalement la forme. En effet, il n’est plus question de réaliser des linéaires monoblocs, mais de définir des éléments pouvant être facilement transportés puis assemblés. Cette division est un premier pas vers la réconciliation ou rationalisation de la forme à la nature du matériau, puisque « Le fractionnement de longues étendues en petits

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Auteur inconnu, « Clôtures », Le Ciment (Paris), n°3, février 1913, P.36

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Ateliers de moulage de l'usine P. Lefebvre & L. Delpart avec en haut a gauche, des panneaux pour palissade, au centre des poteaux rainurés et en bas a droite ce qui semble être un moule pour clôture ajourée (1925), Source : Catalogue de produit

Clôtures réalisées par P. Lefebvre & L. Delpart pour une usine de dentelle : la clôture reprend le motif de la dentelle (1925), Source : Catalogue de produit

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éléments est une garantie absolue contre les causes principales des fissures, les variations de température.9» Les rationalités industrielles et impératifs fonctionnels liés au matériau, à sa mise en œuvre et son assemblage vont être une force dans l’affirmation d’une esthétique propre à la clôture en ciment armé moderne. Devenue un élément composé, prenant forme par un assemblage de panneaux de remplissage sur poteaux rainurés, la clôture en ciment armé affirme ses premières caractéristiques esthétiques lui offrant un rythme et des proportions qui lui sont particulières. La seconde affluente serait les conditions de mise en œuvre de la matière -par moulage à plat- ayant pour effet de définir des éléments orientés. Ils présentent donc une face ouvragée et une face « brut », qui n’a pas été en contact avec le moule. Malgré que cela puisse paraitre anodin, ce caractère orienté de la pièce moulée va être à l’origine de toutes les libertés pouvant être prises dans le dessin de la clôture, puisqu’elle permet l’ajourage des panneaux de remplissage. Ces ajourages vont donner la richesse en termes de typologies et formes de clôtures, cette fois-ci dépendantes uniquement de la responsabilité créatrice des architectes et industriels.

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Auteur inconnu, « Clôtures en ciment armé », Le ciment armé (Paris), n°12, décembre 1913, P.190

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PARTIE II

UN PRODUIT MODESTE ET SANS PRETENTION : LA CONSTRUCTION D’UNE IDENTITE

STANDARDISATION DE LA CLOTURE EN CIMENT ARME, L’EMERGENCE D’UN ARCHETYPE Cette première description de la clôture en ciment armé moderne, composé par l’assemblage de poteaux rainurés et de panneaux de remplissages orientés, plus ou moins ajourés, nous permet de définir un archétype de ce produit. « Clôture en ciment armé » est en réalité le terme générique qui définit tout élément en ciment armé servant de limite utilitaire ou décorative. En 1955, l’ingénieur Raymond GAZEL, s’intéressant aux techniques et à leurs vulgarisations, s’est penché sur ces objets au sein d’un recueil10 de « genre de clôtures », à destination des entrepreneurs, architectes, usager ou bricoleurs. Il tente dans celui-ci de catégoriser et de proposer des modèles, de la clôture purement décorative, en passant par la clôture ajourée, jusqu’à la clôture utilitaire. Il y associe également des détails de dimensionnements, de composition pour économiser le temps passé à la conception et à l’estimation du projeteur. Cette démarche est révélatrice de la tendance de standardisation des clôtures en ciment armé, qui à l’image d’autres éléments de construction au

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Gazel (Raymond), 50 Clôtures En Béton Armé, Paris, Edition des Arts et Manufactures, 1955, P.1

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ArchĂŠtype de la Lisse

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courant de l’entre-deux-guerres mondiales, vont prendre des gabarits et dimensions qui se généraliseront progressivement. Si ce premier essai avec une cinquantaine d’années de recul, propose déjà un panel de clôtures, qui ont chacune un gabarit particulier et des utilités propres, on peut, avec le recul d’aujourd’hui définir plus précisément ces archétypes grâce à la récurrence de modèles type dans le paysage. Ces modèles sont finalement ceux qui ont eu le plus de succès et qui ont apporté à notre imaginaire, l’image de la clôture en ciment armé. C’est-à-dire un modèle idéal ou universel, qui est partagé dans l’inconscient collectif. Nous nous essayerons ici à l’exercice de l’archétype, en définissant des modèles portant l’aspect et les dimensions les plus communes.

Même si R. Gazel catégorise les clôtures selon qu’elles soient « décoratives, ajourées, utilitaires », on remarque qu’il est plus de l’ordre de lisse, clôture ajourée et palissade.

La clôture décorative ou lisse est certainement l’élément de clôture en ciment armé le plus dématérialisé. Elle est pourtant la forme la plus commune.

Elle n’a pas la qualité d’empêcher strictement le passage, si ce n’est que pour les gros animaux ou les voitures. Elle propose une limite visuelle, mais peut être franchie de manière contraignante, soit en l’enjambant, soit en passant par dessous les lisses. Il en sera désagréable dans les deux cas et ce quel que soit la taille ou la condition physique de l’intéressé. Cet aspect contraignant des lisses ne s’arrête pas là. À distance on pourrait croire qu’il est simple de s’y asseoir.

Cependant à un mètre du sol, il est nécessaire de s’y hisser tout en gardant l’équilibre, ce qui n’est pas une mince affaire en vue de l’épaisseur de la lisse. Si toutefois vous arrivez à vous stabiliser, ce moment de repos deviendra vite un inconfortable dans le cas où la lisse est de section carrée. Cette clôture présente donc des qualités d’économie de matière tout en fabriquant efficacement une limite tant visuelle que physique, sans pour autant empêcher totalement le passage. Sa morphologie s’avère être assez contraignante pour décourager l’usager qui souhaiterait tout de même la franchir ou s’y arrêter quelques minutes. On retrouve à ce propos dans les catalogues de produit, de vendeurs descriptifs, présentant leurs qualités et usages possibles. « Ces clôtures décoratives n’exigent aucun entretien ; elles conviennent particulièrement pour

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ArchĂŠtype de la Palissade

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les avenues, herbages dans les parcs, entourage de cour de ferme, etc…11 » C’est certainement la raison pour laquelle elle rencontre un fort succès tant dans l’aménagement des espaces publics qu’en bordure de terrains privés. On remarque pourtant qu’elle sera généralement associée à un grillage ou des haies vives.

La clôture utilitaire ou palissade se compose de la même manière que les éléments de clôtures ajourés ; par des poteaux rainurés, entre lesquelles sont tenus superposés des panneaux pleins ou décoratifs. Elle se caractérise par sa hauteur importante, qui lui confère des qualités nécessaires pour empêcher le passage de tout regard et éventuelles escalades. En effet, l’assemblage sans joint rendant sa surface totalement lisse, ne laisse aucune prise pour s’y agripper.

Cette opacité est parfois adoucie en remplaçant le panneau supérieur par un élément décoratif, laissant deviner un minimum ce qu’il se passe derrière. On la retrouve bien souvent en mitoyenneté, en bordure de terrains industriels ou même parfois en clôture sur rue. Il n’est pas rare non plus de la retrouver comme clôture d’espaces publiques, pour les cimetières. La palissade en ciment armé s’apparente bien plus à un mur qu’à une clôture. De ce fait, on remarque que ce système a donné forme à des petites constructions standardisées sous le principe de poteaux rainurés et panneaux de remplissage, tels que des cuisines, dépendances, et poulaillers en ciment armé.

La clôture ajourée, sur laquelle nous nous pencherons tout particulièrement dans la suite de cette recherche, est l’élément de clôture en ciment armé le plus « représentatif ». Elle se présente comme le modèle type dans l’imaginaire collectif. S’élevant à hauteur de taille, elle se caractérise par des poteaux rainurés, dans lesquels viennent se glisser des panneaux ajourés.

Ces ajourages, qui se déclinent en de nombreux motifs sont à l’origine de son fort potentiel décoratif. Les différents modèles de panneaux décoratifs sont bien souvent proposés par les industriels eux-mêmes au sein de catalogues de produits afin de répondre aux désirs de particuliers, ou dans de rares cas, vont être issus de dessins d’architectes. Même si cela représente la majorité des clôtures ajourées, le remplissage ne se résume pas toujours à un seul et unique

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Catalogue de produit de P. Lefebvre & L. Delpart, Raches (nord), 1925, P.24 (Annexe 4)

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Archétype de la Clôture ajourée

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panneau tout hauteur. A la manière des clôtures utilitaires, la clôture ajourée se forme parfois de plusieurs panneaux superposés dans les rainures des poteaux.

Cette configuration permet notamment de réaliser des murs de soutènement, ou d’opacifier partiellement. Cette clôture peut se présenter dans deux configurations différentes ; d’une manière plus conventionnelle, se suffisant à elle-même ancrée directement au sol, ou alors disposée sur un mur bahut et accompagnée parfois de piliers maçonnés. La façon dont elle sera ou non composée, offrira un aspect plus ou moins trivial, surtout pour des modèles classiques. On retrouve donc ce modèle en clôture de terrains privés, ou à échelle plus importante dans de grands programmes tels que les cités ouvrières et cités jardins. On remarque qu’il existe bien souvent dans le vocabulaire de l’enclos, des portails faits de bois et parfois métalliques en addition à ces panneaux décoratifs, reprenant le même motif.

La standardisation des éléments de clôtures en ciment armé va répondre à diverses configurations. Dans le cadre des montants structurels, commun chaque typologie de clôture, on retrouvera trois éléments distincts : le poteau rainuré classique, permettant de lier deux panneaux entre eux dans le même alignement ; le poteau d’angle, permettant de lier deux panneaux à un angle de quatre-vingt-dix degrés et le poteau de finition, qui ne comporte qu’une seule rainure et que l’on dispose à la fin d’un linéaire de clôture.

REFERENCES VERNACULAIRES, EMPREINTES DE LA CLOTURE TRADITIONNELLE Même si la clôture en ciment armé a trouvé une raison à sa forme par l’industrialisation et la fabrication, il reste dans l’expression purement décorative, une marge se trouvant dans le traitement de l’ajourage de la clôture.

La liberté décorative prise par les concepteurs reste pourtant largement inspirée des classiques clôtures en bois du 19eme siècle. En effet, « (…) [Le béton] plonge nu dans le monde de la construction, monde étroitement surveillé encore dans son potentiel expressif par les règles pour l’essentiel académiques de l’architecture. Or ces règles, globalement, sont héritières de la construction en 27

Présence de la clôture en ciment armé ajourée dans la commune d’Athis-Mons

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pierre et en bois12. » Cette prise de position dans l’esthétique de la clôture se présente parfois même comme un argument de vente. On retrouve dans les catalogues de produits de 1925 des descriptifs vendeurs concernant les lisses en ciment armé à destination des particuliers « Ces clôtures donnent l’illusion complète du bois, avec cette différence que le ciment est meilleur marché, plus solide et d’une durée bien plus longue que le chêne13. » Malgré sa flagrante popularité, il porte à croire que le ciment armé n’est pas encore considéré à juste titre comme un matériau en tant que tel, porteur d’une esthétique qui lui est propre. On le retrouve donc sous les inspirations de clôtures en bois dans les modèles récurrents qui se sont développés avant 1925 et que l’on retrouvera encore largement après. Les banlieues pavillonnaires s’avèrent être un endroit approprié pour faire état de la récurrence de ces modèles. Aujourd’hui au cœur de la recherche de l’identité propre de la banlieue, la Maison de Banlieue et de l’Architecture a su prouver l’intérêt que l’on peut porter à la question de l’habitat pavillonnaire et de sa clôture. C’est notamment par l’exposition Le clos et l’ouvert qu’elle ouvre sur le sujet de la clôture au sein de ces « villes d’art modeste et d’histoires simples 14 ». Présentant au travers de l’histoire les relations entre l’espace public et privé par l’intermédiaire de la clôture, elle en révèle son l’extraordinaire variété. C’est donc tout naturellement que cette enquête intervient dans la commune d’Athis-Mons. Sur la base de 876 parcelles s’étendant sur 0.45km², on retrouve 129 pavillons présentant des clôtures en ciment armé ajourées. Parmi elles on note 5 modèles récurrents : le modèle « standard », « simple », « gracieuse », « carré » et « losange ». Cette dénomination découle en grande partie de l’aspect de l’ajourage, mais certaines portent le nom qui lui ont été donné dans des catalogues de produits15. Les modèles « standard » et sa variante « classique » reprennent strictement les formes de clôtures et barrière en bois. Même si le panneau est formé d’un seul bloc, on peut lire une ombre entre ce qui serait (dans le cas de la clôture en bois) les traverses et les barreaux. Celle-ci est due au traitement en relief de la

Simonnet (Cyrille), Le béton – histoire d’un matériau, Marseille, Edition Parenthèses, 2005 p. 114 Catalogue de produit de P. Lefebvre & L. Delpart, Raches (nord), 1925, P.24, (Annexe 4) 14 Maison de banlieue et d’architecture, Le clos et l’ouvert : Clôtures de banlieue en Essonne, 2009, 4eme de couverture 15 Catalogue de produit de H. Dupuis, Varennes sur Allier (Allier), Années 1920, (Annexe 4) 12 13

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Clôture en bois répondant au modèle «c lassique », Source : Delcampe

A gauche, la clôture en ciment armé « Standard » et à droite sa variante « Classique »

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Papier peint, arceaux croisés en bois (1805), répondant au modèle « Décorative », Source : Gallica

A gauche, la clôture en ciment armé « Simple » et à droite le modèle « Décorative »

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Fabrique de Treillage, facture (1861), clôture en bois répondant au modèle « Losange », Source : Gallica

A gauche, la clôture en ciment armé « Carré » et à droite sa variante « Losange »

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clôture, permis par le moulage à plat. L’illusion est complète, à moins de le toucher la matière, sauf pour un œil averti qui en vue de l’épaisseur du poteau rainuré se rendra compte de la tromperie. En effet, de la même manière que peuvent l’être les clôtures en bois, le ciment est dès sa pose - et quasiment sans exception - peinte de blanc, le confondant avec ses analogues, malgré qu’il n’y ait ici aucune nécessité due à une potentielle détérioration du matériau.

Ce désir d’illusion n’est pas caractéristique à tous les modèles. Bien d’autres vont assumer ce caractère d’élément moulé et monobloc du panneau ajouré. C’est le cas par exemple du modèle « simple » qui lui aussi reprend les codes des standards de la clôture en bois, mais n’en substitue que la silhouette, tel un motif quelconque. Les modèles « carré » et « losange » vont eux aussi prendre référence sur des modèles en bois très largement développés, mais ici, on retrouve les croisillons de bois ou plus largement les modèles panneaux de claustrât à motifs carrés ou losanges. Des modèles plus décoratifs comme la « gracieuse » vont quant à elle prendre référence des éléments en bois plus travaillés que l’on retrouve aussi largement dans l’aménagement des jardins au cours du XIXe siècle : les arceaux ou arcs croisés. Ce motif va être extrêmement récurrent dans la clôture en ciment armé, reproduit sous diverses formes. Ce sera un des rares cas où l’on retrouve des éléments courbes dans les modèles initiaux.

Cette prise de position d’esthétique dans la forme donnée à l’ajourage sur la base de modèles de clôtures traditionnelles est tout à fait étonnante. Rien n’empêche ces panneaux de prendre n’importe quelle forme, dans toutes les dimensions possibles. Les seules limites possibles sont celles du matériau luimême : dans la limite de la réalisation du moule ; de ses proportions de pleibs et de vides ou de l’emplacement des fers, devant assurer ses qualités structurelles. En 1925, l’Exposition Universelle des Arts Décoratifs et industriels modernes et l’ornement art déco va cependant apporter un nouveau souffle au traitement de la clôture en ciment armé.

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ClĂ´tures influence Art Deco des Ets Deleau & Cie dans le cadre d'une foire commerciale (1927), Source : Delcampe

Pavillon des Ets A. Picha pour l'Exposition Internationale des Arts DĂŠcoratifs (1925), Source : Delcampe

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INFLUENCE DE LA FERRONNERIE ART DECO, UNE CLOTURE QUI DEMOCRATISE L’ORNEMENT Au courant des années 1920, on remarque un changement dans le traitement de l’ajourage de la clôture en ciment armé. Une image datant de 1927 où figure les produits des établissements Deleau &Cie exposés dans le cadre d’une foire commerciale nous montre des modèles qui diffèrent particulièrement de ceux proposés auparavant. On observe des produits beaucoup plus travaillés dans le relief, se libérant des traditionnelles lignes droites inspirées de clôtures en bois. Le moule se complexifie, laissant place à de réelles ornementations tant pour les panneaux ajourés que pour les poteaux rainurés. Même s’il porte à croire que les traitements de la clôture en ciment armé tendent à s’émanciper, se libérer des formes analogiques au profit d’un réel travail du matériau, on remarque que ce n’est que le fruit d’une nouvelle influence. Le 28 avril 1925, l’exposition des arts décoratifs et industriels modernes ouvre ses portes. Cent cinquante pavillons et galeries abritent l’œuvre de 20 000 personnes16, parmi lesquels on retrouve même l’entreprise A. Picha, qui en sortiras médailler d’or pour ses clôtures en ciment armé et autres produits. Cette exposition a eu pour principal effet de diffuser et de faire le succès de l’art déco français, influençant largement l’architecture et l’industrie. Au regard du contexte historique, on comprend que le traitement si particulier des clôtures de l’entreprise Deleau &Cie sont le résultat de deux influences : les codes de la clôture en bois du XIXe siècle et ses arceaux, qui prendront l’allures de ferronneries Art Déco. Un art largement représentée lors de l’exposition de 1925, dès la porte d’Honneur. « De tous les arts dont l’Exposition de 1925 a fait connaitre la situation présente, la ferronnerie est de ceux où se manifeste avec le plus d’évidence une reconnaissance générale17.»

Elle connait un nouvel avènement grâce à l’évolution des techniques et son industrialisation, qui permettra une grande liberté dans l’ornementation. On retrouve alors, après 1925, des clôtures en ciment armé agrémentées des mêmes codes qui distinguent la ferronnerie et l’Art Déco. On retrouve des Bréon (Emmanuel), Rivoirard (Phillipe), 1925 Quand l’Art Déco séduit le monde, Paris, Norma Editions, 2013, P.67 17 Clouzot (Henri), La ferronnerie moderne, Paris, Edition Charles Moreau, 1925, P.115 16

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Ferronneries de la porte d’Honneur de l’Exposition (1925)

Fragment de la porte d’honneur de l’exposition (1925)

Porte intérieure de l’«Hôtel du collectionneur» (1925)

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1. Rue de Douai - Arleux - Photographie depuis Google Earth

5. Rue AndrĂŠ Joseph le Glay - Arleux - Photographie depuis Google Earth

9. Rue du Marais - Arleux - Photographie depuis Google Earth

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2. Rue André Joseph le Glay - Arleux - Photographie depuis Google Earth

6. Rue André Joseph le Glay - Arleux - Photographie depuis Google Earth

10. Rue du Bias - Arleux - Photographie depuis Google Earth

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3. Rue André Joseph le Glay - Arleux - Photographie depuis Google Earth

7. Avenue de la Gare - Arleux - Photographie depuis Google Earth

11. Rue d’en Haut - Brunémont - Photographie depuis Google Earth

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4. Rue André Joseph le Glay - Arleux - Photographie depuis Google Earth

8. Rue du Marais - Arleux - Photographie depuis Google Earth

12. Rue d’Ecourt - Brunémont - Photographie depuis Google Earth

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reproductions stylisées de la nature et d’objets récurrentes comme les jets d’eau, vagues et coquillages. Il en est de même pour certaines compositions très reconnaissables comme le médaillon hexagonal, que l’on retrouve initialement dans les ornementations économiques en ciment moulé, encrées sur les façades de bâtiments. On retrouvera au-delà de cette production d’autres modèles moins travaillés portant les traces du mouvement Art Déco, représentant les coupelles fleuries, guirlandes et drapés ou motifs rayonnants caractéristiques de celui-ci18. Tout au long de son développement, la clôture en ciment armé restera attachée à une logique d’emprunt. Malgré qu’elle ait acquis un vocabulaire qui lui est propre, par les rationalités et impératifs industriels, la marge expressive dans le traitement des panneaux restera de l’ordre de la reproduction de modèles en bois, métal ou encore en pierre. Les modèles les plus décoratifs se retrouvent uniquement chez le particulier, aucune grande opération référencée aujourd’hui n’en fait l’usage. Par son caractère économique, la clôture en ciment armé apparait finalement comme un produit qui offrira à tous les foyers désireux, le luxe d’éléments décoratifs et ornementaux. Comme a pu le dire bien plus tôt l’industriel Coignet, à propos de sa gamme de moulages et décors architectoniques, « Ce procédé est à la construction ce que l’imprimerie est à l’écriture, et tend, comme la gravure, la lithographie, la photographie, à vulgariser l’art en le mettant à la portée de toutes les fortunes19. » Il existe une réelle générosité dans ce produit, qui en plus d’être durable va mettre à la portée de chacun un large choix de modèles et même d’options de personnalisation. Les industriels iront jusqu’à permettre de choisir selon un catalogue, le types de finitions et les options supplémentaires pour les têtes de poteaux, chaperons ou éléments de soutènement. On remarque cependant qu’à l’avenir, le concepteur donnera plus d’intérêt à des modèles simples, reprenant des formes standards. « Les formules d'architecture moderne, dont l'esthétique, dominée par des préoccupations utilitaires20 » auront raison de ces tentatives plus décoratives.

Annexe 2 : Clôtures Art Déco Coignet (François), Béton agglomérés appliqués à l’art de construire, Op. Cit., 1861, P.78 20 Marrey (Bernard), Henri Sellier, Une cité pour tous, Paris, Editions du Linteau, 1998, P.224 18 19

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PARTIE III

LA CLOTURE D’UN NOUVEL URBANISME : LA PERTINENCE D’UN PRODUIT

UNE CLOTURE A TOUTES LES ECHELLES, CONSTRUCTION D’UN CADRE FAMILIER La clôture en ciment armé va accompagner l’ensemble du XXe siècle.

Elle aura un important impact paysagé, puisqu’elle sera utilisée dans des opérations de plus grande échelle que l’habitat pavillonnaire. On la retrouve largement dans l’aménagement des lignes de chemin de fer, qui relève en effet d’une échelle bien différente de celle de l’habitat, mais qui est nécessaire d’évoquer. Prenant place en bordure des gares, des passages à niveau, ainsi que les maisons de garde-barrières, la clôture en ciment armé s’est disséminée dans le territoire21. Elle s’est avérée être un moyen efficace, économique et durable pour les opérations de compagnies de chemins de fer, d’autant plus que le produit était lui-même transporté par les rails. On retrouve systématiquement les mentions comme la suivante : « Les prix des clôtures posées comprennent tout frais de pose ainsi que le chemin de fer aller et retour (…)22 », faisant preuve de l’étroite proximité entre le produit et le chemin de fer. Elle fait

21 22

Annexe 3 : Chemins de fer et clôture en ciment armé Catalogue de produit de P. Lefebvre & L. Delpart, Raches (Nord), 1925, P.2, (Annexe 4)

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Clôture du rond-point de la cité des cheminots à Somain, Source : Delcampe

Clôtures des Ets A. Picha pour le compte de la Société des Mines de Lens. On remarque la correspondance entre cette clôture faussement contreventée et les faux colombages, Source : Delcampe

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aujourd’hui partie du paysage ferroviaire à tel point qu’elle intéresse particulièrement le modélisme23. On retrouve sur des sites spécialisés, un panel de clôtures, tous nommées en fonction de la localisation des modèles à la source de la reproduction. Il est intéressant de relever le fait que l’utilisation des clôtures en ciment armé des compagnies de chemins de fer ne se limite pas qu’à l’aménagement des voies, mais aussi pour les cités de chemineaux. La clôture en ciment armé va être largement diffusée dans de grandes opérations de logement au cours du XXe siècle. On la retrouve particulièrement au sein des cités jardins, pour lesquelles il existe un réel engouement. Dans un souci de crise sanitaire ou de reconstruction, les cités ouvrières, cités des mines, cités des cheminots ou cités d’habitat bon marché d’avant et après-guerre vont être extrêmement propices au développement du produit. Et pour cause ; le contexte y est favorable. Le modèle de la cité jardin, de la théorie d’Ebenezer Howard se présentera comme une réponse pertinente aux nouvelles questions de salubrité et d’urbanisme, même si elle n’est pas dans l’absolue applicable dans le contexte français. Inspirée de la banlieue Américaine, faite de grandes étendues de gazon sans clôtures24, elle ne correspondra pas au rapport à la propriété et l’intime très ancré dans la société française. Il serait question d’une culture américaine, d’un peuple le plus imprégné du sens civique. La transposition de ce modèle dans ces opérations ne se fera donc pas -ou dans de très rares cas- sans clôture. Les impératifs de ces opérations en matière de rapidité d’exécution, d’économie et de rationalisation des procédés de construction vont présenter la clôture en ciment armé comme un produit particulièrement adéquat, à l’encontre d’autres matériaux. Ces opérations interviennent après une période difficile ; la guerre a laissé ses traces dans les consciences et la reconstruction se doit en plus de compenser les pertes matérielles, de donner de nouveaux repères à la population.

Les opérations de reconstruction s’érigeront dans une architecture rassurante, en reprenant les codes de l’habitat régional traditionnel.

Mathieu (Christophe), Barrières et clôtures [En ligne], https://www.decapod.fr/16-barrieres-et-clotures, consulté le 22.10.2017 24 Ville de Suresnes, Idées de Cité-Jardins - L’exemplarité de Suresnes, Paris, ETS Ardouin, 2004, P.21 23

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Clôtures des Ets A. Picha pour le compte de la Société des Mines de Lens, Source : Delcampe

Clôtures des Ets A. Picha pour le compte de la Société des Mines de Lens, Source : Delcampe

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Cette tendance se remarque dans l’exposition internationale de 1925, au côté des réalisations art déco. « Le « village français » montre une série de pavillons de styles variés, traduisant l’incertitude des références (…). La plupart des maisons du « village français », et aussi la place du village, de Fernand Hamelet, se retrouvent autour d’une expression finalement pittoresque des architectures :

asymétries,

bow-windows,

matériaux

traditionnels,

colombages…25 » Le fait qu’elle puisse répondre aux besoins de la reconstruction tout en présentant des formes extrêmement traditionnelles va faire de la clôture en ciment armé un produit particulièrement intéressant pour toutes ces opérations de logement. Dans les cités des mines de Lens par exemple, sous la forme de clôtures classiques faussement contreventées, elle répondra aux architectures de faux colombages, créant un cadre relativement rassurant, auquel on s’identifie et qui nous rappel tout ce qui en l’habitat traditionnel rassure.

UN ROLE DANS LA CITE-JARDIN, L'OFFICE DES HBM DE LA SEINE En région parisienne, on doit la majeure partie des opérations de cités jardins à un nom et une organisation. En 1914, Henri Sellier demande au Conseil général de la Seine de constituer un office départemental d’habitation bon marché ; l’office HBM. Le combat de cet office est de faire face aux logements insalubres, mais surtout à la crise sanitaire qui frappe Paris et sa banlieue. Selon les chiffres présentés par Henri Sellier au conseil général de la Seine, « de 1896 à 1911, la mortalité tuberculeuse du département de la Seine est passée de 14 700 à 16 20526. » Mis en cause dans la forte mortalité de la tuberculeuse, le logement et son insalubrité. D’après leurs études, le confinement de nombreux habitants en l’absence d’air et de lumière serait la

Bréon (Emmanuel), Rivoirard (Phillipe), 1925 Quand l’Art Déco séduit le monde, Paris, Norma Editions, 2013, P.68 26 Marrey (Bernard), Henri Sellier, Une cité pour tous, Paris, Editions du Linteau, 1998, P.64 25

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Plan des opérations de l'Office HBM de la Seine, Source : Arcueil Histoire

Lisses avec plaque de soutènement de la cité jardin d'Arcueil, Source : Arcueil Histoire

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principale cause du mal. L’étroitesse des rues et confinement des habitants dans des espaces très petits -puisque les terrains sont chers-, mal éclairés et ventilés sont des foyers de la maladie, en comparaison avec des quartiers plus aérés. Les conclusions étaient simples, il était nécessaire de faire disparaitre ces quartiers insalubres, au profit d’un nouveau type habitat. La construction d’urgence devait être amorcée en France, là où elle était à la traine en comparaison à la Belgique et l’Angleterre. L’office HBM et Henri Sellier, s’engageront dès lors à répondre à cette urgence, et s’efforceront d’établir une charte à suivre dans l’édification de futures opérations, autour des questions de qualité architecturale et impératifs sanitaire et sociaux. Les comptes rendus de conseils d’administration se présentent comme une source extrêmement riche, qui permet de comprendre les impératifs, directives et évolutions de l’œuvre de l’office HBM. Sous l’angle de lecture particulière que nous avons, on y lit facilement en quoi les conditions établies en amont des réalisations ont permis à la clôture en ciment armé de se présenter comme un produit particulièrement adapté à ces opérations.

Dans l’établissement de la charte, l’une des premières conditions de conduite des opérations était de réduire la densité (et hauteur) des habitations, en évitant dans la mesure du possible d’édifier des immeubles à faible capacité, en préférant des maisons à destination individuelles, isolées ou accolées. Cette première condition, aussi banale qu’elle puisse être va être indispensable, puisque cette gestion du foncier va permettre la présence d’espaces extérieurs privés, et donc délimités par des clôtures. Il en suit une seconde condition qui porte justement sur l’objet de la clôture. « L'une des règles essentielles qui devra être posée dans l’aménagement des cités jardins de l’Office consistera à réduire au strict minimum, sinon à supprimer complètement, les clôtures par un muret entre les différentes parcelles27. » On remarque que dès les premières opérations les architectes de l’office en charge des cités jardins se tournaient vers des éléments de clôtures en ciment armé. Pour exemple, la cité-jardin de l’Aqueduc à Arcueil (1921-1923) par l’architecte Maurice Payret-Dortail. Cette cité comporte 228 logements sous la forme de pavillons regroupés de 2 à 6

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Marrey (Bernard), Henri Sellier, Une cité pour tous, Paris, Editions du Linteau, 1998, p.105

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Clôtures ajourés de la cité jardin d'Arcueil, Source : Arcueil Histoire

Clôtures ajourées de la Cité jardin de Gennevilliers, Source : Delcampe

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construits, chacune clôturés en bord de rue par des lisses en ciment armé particulièrement discrètes. A l’arrière de terrains, les clôtures légères en bois furent progressivement remplacées par des clôtures ajourées en ciment armé.

En 1928, le vote de la loi Loucheur, va renforcer la tendance des architectes à faire usage des clôtures en ciment armé pour les qualités qu’on lui a définies précédemment et dont les impératifs architecturaux et économiques des opérations de l’Office vont faire écho. Décidant la construction massive de centaines de milliers de logements en quelques années. Cette loi a eu pour effet de faire augmenter les prix des terrains, de la main d’œuvre et des matériaux.

En réaction à ces augmentations, l’Office fait appel aux architectes, ingénieurs, industriels pour essayer de trouver des procédés nouveaux de construction qui répondent à cette crise en assurant d’atteindre le minimum de prix de revient et à faire appel au minimum de main-d’œuvre spécialisée. « La mode était à la recherche des « systèmes » de construction nouveaux (…) recherchés dans les matériaux moulés, établis à la machine en grande série. C'est d'ailleurs cette raison qui, en général, a été facteur essentiel du succès qu'ont rencontré les formules d'architecture moderne, dont l'esthétique, dominée par des préoccupations utilitaires, devait fournir dans l'habitation le maximum de surface et de confort avec le minimum de prix de revient. (…) C'est également cette nécessité qui a abouti à un effort de standardisation rendant pratiquement impossible le maintien des conceptions pittoresques et romantiques à l'anglaise28. » La clôture en ciment armé -dès lors qu’elle est entrée dans son état moderne- s’est révélée être un produit particulièrement adapté aux conditions et impératifs de ces grandes opérations de logement. C’est aussi une relation à double sens, car ces opérations ont permis son large développement, prouvant ses qualités en tant qu’élément de l’architecture et produit de l’industrie du bâtiment, faisant d’elle un produit référence dans la construction d’entre-deuxguerres.

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Marrey (Bernard), Henri Sellier, Une cité pour tous, Paris, Editions du Linteau, 1998, P.219-222

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Clôtures de la cité jardin de Suresnes (Allée des tilleuls), Source : Delcampe

Clôtures de la cité jardin de Suresnes (Maison des vieillards), Source : Delcampe

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L’EXEMPLARITE DE SURESNES On remarque cette tendance dans la réalisation des clôtures de la cité jardin de Suresnes. Situé à l’ouest de paris, Suresnes prétendra accueillir la plus importante cité-jardin en termes d’équipement de logements. En 1915, l’OPHBMS achète le terrain destiné à accueillir la cité, sur l’ancienne ferme impériale de la fouilleuse29. Elle sera considérée comme la cité jardin la plus importante de l’office, même si elle n’est pas la plus vaste30.

En 1917, Henri Sellier confie le projet de la cité jardin de Suresnes à l’architecte Alexandre Maistrasse31. Construite en plusieurs phases, la réalisation du premier îlot situé au nord-ouest de la cité débute en 1921, la construction de la cité s’achèvera en 1956.

La ballade au sein de la cité jardin de Suresnes est marquée par l’omniprésence de la clôture en ciment armé. Un seul et unique modèle de clôtures (hormis quelques lisses), couvre l’ensemble de l’opération. Cette récurrence est d’autant plus étonnante que la cité jardin a connu différentes phases de constructions, laissant apparaitre sur les ouvrages, différents traitements architecturaux. Posés sur des murs bahuts maçonnés enduits d’un mortier et couronnés par un chaperon en brique, sont encrés en deux points le panneau ajouré et les poteaux des clôtures. Elles se terminent soit par un poteau en ciment armé tout hauteur, soit par un pilier en brique couvert d’un chapeau en ciment.

Cette composition, à la différence des clôtures « nues » que l’on retrouve dans d’autres réalisations de cités jardin donnent une valeur, une présence plus importante au produit. Disposée sur un socle maçonné, une assise, elle gagne en épaisseur, marquant clairement la limite, tout en assurant la transparence dans l’ajourage. Cette composition vient à la fois répondre au souhait de l’office HBM, souhaitant réduire au minimum la présence de clôtures, tout en correspondant à la relation au clos et l’ouvert de locale. Cette

Ville de Suresnes, Idées de Cité-Jardins - L’exemplarité de Suresnes, Paris, ETS Ardouin, 2004, P19 Lempreur (Hubert), Felix Dumail, architecte de la « cité jardins », Centre des documents nationaux, Editions du patrimoine, 2014, P.140 Felix Dumail 31 Ville de Suresnes, Idées de Cité-Jardins - L’exemplarité de Suresnes, Paris, ETS Ardouin, 2004, P.24 29 30

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Clôtures de la cité jardin de Suresnes (Groupe scolaire), Source : Delcampe

Clôtures de la cité jardin de Suresnes (Allée des tilleuls), Source : Delcampe

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clôture est présente tant pour les équipements communs, les immeubles collectifs, que pour les maisons individuelles. C’est la déclinaison de sa composition qui va permettre un vocabulaire particulier entre ce qui est de l’ordre du commun ou du privé. Le pilier maçonné va marquer les entrées communes et les entrées en cœur d’îlot qui a l’origine étaient fermées par des portails en bois. Pour les maisons individuelles, le marquage de l’entrée privée se caractérise simplement par la retombée jusqu’au sol du poteau en ciment, fondant le portail dans le linéaire de clôture. La présence de cette clôture unique dans l’ensemble de l’opération offre un sentiment particulier d’unité dans l’espace public, malgré les typologies et destinations des bâtiments. Elle nous rapporte à cette idée de mixité et de cohésion sociale portée par l’office. « Les immeubles à destination individuelles ou les maisons collectives à construire dans nos cités-jardins doivent (…) présenter le maximum de variétés compatibles avec les nécessités qu'impose l'harmonie de l'ensemble. Nos citésjardins formeront des cellules sociales complètes ; pour cela, il est indispensable que toutes les catégories sociales y soient représentées, depuis les plus miséreuses jusqu'à celles qui jouissent d'une certaine opulence32. » La clôture va dialoguer avec composition des bâtiments, héritant du même traitement, qui distingue les différents éléments selon qu’ils soient maçonnés, moulés ou enduits. Peint de blanc, les panneaux ajourés et poteaux vont répondre aux éléments de façades, tels que les châssis, linteaux, casquettes et autres éléments moulés, tandis que le ciment enduit des murs bahuts et façades resteront brut. Ce traitement distinct des éléments moulés offre un éclat particulier à la composition, et une lecture des procédés constructifs pour qui en portera un minimum d’attention. Il est regrettable qu’avec les temps et la disparition des peintures, cette lecture n’apparait plus si clairement, noyant les ternes éléments moulés dans un ensemble grisonnant. Il est tout aussi regrettable de constater que la dégradation des chaperons maçonnés ait été compensée en replaçant les initiaux par des éléments en ciment, noyant entièrement les panneaux ajourés au mur bahut, donnant l’impression d’un lourd monolithe.

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Marrey (Bernard), Henri Sellier, Une cité pour tous, Paris, Editions du Linteau, 1998, P.104-105

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Élévations des clôtures de la Cité-Jardin de Suresnes, Source : Archives de Suresnes

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Clôture en bois dégradée sur le boulevard (1970), Source : Archives de Suresnes

Construction de la seconde partie de la cité (1927), Source : MUS Suresnes

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Ce qui est étrange, en comparaison avec les modèles des clôtures en ciment armé d’industriels que l’on retrouve à la même époque, c’est l’utilisation de poteaux non pas rainurés, mais perforés, comme il est fait pour les lisses.

Un second élément perturbant concerne les panneaux ajourés, qui sont en deux points ancrés au mur bahut, semblant vouloir compenser la finesse de la matière. Il est évident que cette clôture n’est pas issue d’un modèle de catalogue, mais bien d’un dessin particulier d’architecte. En recherchant des documents concernant le dessin et la réalisation de ces clôtures, on retrouve des élévations sur rue détaillées pour le premier îlot construit entre 1921 et 1923. Situé au nord-est de la cité jardin, l’îlot prend place entre la route de Rueil (actuelle Avenue Jean Jaurès), le chemin circulaire (devenu Allée des Gros Buissons) et le boulevard (actuelle Avenue Edouard Vaillant). Le dessin de ces clôtures diffère des modèles présents dans la cité-jardin, en effet, on remarque non pas deux, mais cinq ancrages au mur bahut. De plus, le panneau ajouré est représenté de telle sorte que l’on distingue clairement des traverses et barreaux.

Une série de photographies datées de 1970 révèle que les clôtures de ce premier îlot étaient initialement composées d’éléments en bois encrés dans des poteaux en ciment armé. A en croire l’état des clôtures, le bois s’est révélé dès la première phase de construction ne pas être la réponse la plus adaptée au programme de la cité jardin, car très peux durable. On remarque que dès la seconde phase de construction de la cité jardin, les procédés se rationaliseront, préférant les modèles de clôtures en ciment armé à ceux en bois, sous le même dessin à quelques détails près.

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CONCLUSION

ETAT DE LA RECHERCHE

Cette conclusion ne se présente pas comme la fin de cette recherche, mais elle est nécessaire pour permettre en l’état d’apporter de nouvelles questions et perspectives de développement.

La clôture en ciment armé va connaître le même essor que la rocaille – ou elle trouve ses origines -, dans des conditions étonnamment similaires. Il porte à croire que dans une réalité propre à l’époque, les besoins associés à des opérations d’aménagement de grandes échelles, dans un souci de rapidité, de durabilité et d’économie prêteraient à l’utilisation de ce procédé. Un discours qui est nécessaire de nuancer puisque l’évolution des techniques offrira à ce produit des caractéristiques tout à fait particulières. On notera tout de même les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre du ciment armé, dans le cadre de clôtures. Bien que l’industrialisation de ce produit ait permis de renouer avec la nature son matériau, par des rationalités et impératifs industriels, la clôture en ciment armé construira son identité dans le mimétisme de ses analogues. Dans les recherches concernant les procédés de fabrication qui ont permis au produit d’arborer ces apparences multiples en répondant aux besoins de l’industrialisation du bâtiment, on regrettera l’absence d’information concernant le moule. En l’état actuel, la documentation concernant le sujet est loin d’être totalement dégagés. Ce potentiel de documentation est majoritairement de l’ordre de l’archive privée. Les catalogues de produits et archives d’entreprises doivent être de même ampleur que l’était l’offre à

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Gardes corps en ciment armé de Roubaix (1932), Source : Fonds du Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix

Gardes corps en ciment armé de la Piscine Molitor à Paris (1929), Source : Fonds Roger-Viollet

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l’époque. On dispose déjà aujourd’hui d’un corpus d’entreprises, qui par un travail d’analogie pourrait nous mettre sur les traces de ces documents. Il existe cependant une certaine urgence, avant que la mémoire de ce produit disparaisse.

La tendance à la standardisation et la vulgarisation du procédé de fabrication vont permettre l’émergence de modèles phares qui vont fortement se manifester dans le paysage. Cette vulgarisation sera telle que l’on retrouvera dans les magazines des descriptifs complets expliquant comment réaliser sa propre clôture en ciment armé. Cependant, la récurrence de modèles moins classiques produits par des établissements particuliers va être à l’origine d’un phénomène étonnant. On le remarque dans le cas des établissements Deleau &cie dont les modèles clôtures particulièrement identifiables. La rayonnance des produits d’une entreprise se développant largement dans les environs proches et iront jusqu’à construire une identité rurale par la récurrence de modèles portant une patte particulière.

La clôture en ciment armé s’est révélée être un produit particulièrement adapté pour les opérations de logements de la première moitié du XXe siècle.

Cependant, il existe des opérations en dehors du logement qui mériterait d’être analysé dans le détail. Le produit ne s’est pas uniquement réservé à la clôture ; on le retrouve comme garde-corps dans des équipements arts déco comme la Piscine de Roubaix ou encore la piscine Molitor à Paris.

La clôture en ciment armé est un sujet large. Il ne peut être traité que sous un seul et unique angle d’attaque. Les possibilités de développement sont multiples et méritent - à mon humble avis - d’être encore explorées.

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BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES -

Bosc (Jean-Louis) et al., Joseph Monnier et la naissance du ciment armé, Paris, Editions du Linteau, 2001 Bréon (Emmanuel), Rivoirard (Phillipe), 1925 Quand l’Art Déco séduit le monde, Paris, Norma Editions, 2013 Burlen (Katherine), La banlieue oasis, Henri sellier et les cités jardins, 1900-1940, Seine-Saint-Denis, Presse universitaire de vinciennes, 1987 Clouzot (Henri), La ferronnerie moderne, Paris, Edition Charles Moreau, 1925 Coignet (François), Béton agglomérés appliqués à l’art de construire, Op. Cit., 1861 Fourcaut (Annie), La banlieue en morceau, Grâne (France), creaphis, 2000 Gazel (Raymond), 50 Clôtures En Béton Armé, Paris, Edition des Arts et Manufactures, 1955 Le Dantec (Jean-Pierre), Poétique des jardins, Arles, Actes Sud, 2011 Lempreur (Hubert), Felix Dumail, architecte de la « cité jardins », Centre des documents nationaux, Editions du patrimoine, 2014 Maison de banlieue et d’architecture, Le clos et l’ouvert : Clôtures de banlieue en Essonne, 2009 Marrey (Bernard), Henri Sellier, Une cité pour tous, Paris, Editions du Linteau, 1998 Racine, (Michel), Jardin « Au naturel », rocailles grotesques et art rustique, Arles, Actes Sud, 2001 Simonnet (Cyrille), Le béton – histoire d’un matériau, Marseille, Edition Parenthèses, 2005 Ville de Suresnes, Idées de Cité-Jardins - L’exemplarité de Suresnes, Paris, ETS Ardouin, 2004

REVUES -

Auteur inconnu, « Clôtures », Le Ciment (Paris), n°3, février 1913, P.36 Auteur inconnu, « Clôtures en ciment armé », Le ciment armé (Paris), n°12, décembre 1913, P.190

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Auteur inconnu, « Le béton appliqué aux chemins de fer », Le ciment n°2, février 1913, P.36

SITOGRAPHIE -

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Association à la recherche du passé d’Halluin, Industrie - Divers - Etablissements PICHA. [En ligne], https://www.alarecherchedupassehalluin.net/index.php?option=com_content&view=category&layout=blog&i d=67&Itemid=269&lang=fr&limitstart=90, consulté le 03.12.2017 Association à la recherche du passé d’Halluin, Picha -Halluin (Digue - Le Touquet Centenaire 1912 - 2012). [En ligne], https://www.alarecherchedupassehalluin.net/index.php?option=com_content&view=article&id=4361:pichahalluin-digue-du-touquet&catid=131&Itemid=212&lang=fr, consulté le 03.12.2017 Bost (Nathalie), Cité ouvrière dite cité Saint-Jean [En ligne] http://patrimoine.hautsdefrance.fr/dossier/cite-ouvriere-dite-cite-saintjean/fd190c80-6c84-4299-b837-d8f2539d5c2e, consulté le 08.01.2018 Caron (Jean-Marc), L’Art des rocailleurs pendant la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, Dordogne [En ligne], https://rocailledordogne.fr/histoire-de-lart-des-rocailleurs/, consulté le 05.11.2017

SOURCES DOCUMENTAIRES -

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Mathieu (Christophe), Barrières et clôtures [En ligne], https://www.decapod.fr/16-barrieres-et-clotures, consulté le 22.10.2017 Le Raincy Nono, blog citoyen, Album - Clôtures en béton [En ligne], http://www.raincy-nono.com/article-a-juvisy-aussi-48493286.html, consulté le 09.10.2017 Musée de Suresnes, La cité jardin de Suresnes [En ligne], http://webmuseo.com/ws/musee-suresnes/app/collection/record/701, consulté le 10.01.2018 Delcampe, Cartes postales [En ligne], https://www.delcampe.net/fr/collections/cartes-postales/, consulté le 09.10.2018

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ANNEXES

ANNEXE 1 : Etablissements A. Picha et la maison J. Monier père &Cie

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ANNEXE 2 : Clôtures Art Déco

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ANNEXE 3 : Chemins de fer et clôtures en ciment armé

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ANNEXE 4 : Extraits de catalogues de clôtures

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ANNEXE 1 : Etablissements A. Picha et la maison J. Monier père &Cie

Cette annexe comporte des documents issus des archives départementales du Nord. Sur un fond de litige entre industriels, ces documents attestent de la relation entre les établissements A. PICHA, et la maison J. Monier père &Cie. Figure 1 : Extrait du plan de répartition de la parcelle au bord de la Lys indiquant « NB: Les parties teintées en Rose indiquent la propriété de Messieurs Ad. Picha & J.D. Moreels. Toutes les autres parties restent la propriété de Messieurs J. Monier père &Cie » (1892), Source : Archives départementales du Nord Figure 2 : Lettre de Joseph Monier présente dans le dossier concernant le litige (1892), Source : Archives départementales du Nord

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Figure 1 : Piece écrite (1892)

Figure 2 : Pièce écrite (1892)

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ANNEXE 2 : Clôtures Art Déco

Cette annexe comporte des documents qui font le lien entre les motifs de clôtures en ciment armé réalisés après 1925 et les motifs récurrents de l’ArtDéco.

Figure 3 : Clôture reprenant le motif de coupelle fleurie (Athis-Mons), Source : Raincy Nono.

Figure 4 : Vitrail du palais du Commerce à Paris figurant une coupelle fleurie (1923), Photographie tiré de : Bréon (Emmanuel), Rivoirard (Phillipe), 1925 Quand l’Art Déco séduit le monde, Paris, Norma Editions, 2013.

Figure 5 : Clôture reprenant le motif de draperie (Villemomble), Source : Raincy Nono.

Figure 6 : Draperie et bouquet pour la compagnie des arts français par Louis Süe et André Mare (1919), Photographie tiré de : Bréon (Emmanuel), Rivoirard (Phillipe), 1925 Quand l’Art Déco séduit le monde, Paris, Norma Editions, 2013.

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Figure 3 : Clôture à motif de coupelle fleurie

Figure 4 : Vitrail à motif de coupelle fleurie

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Figure 5 : ClĂ´ture Ă motif de draperie

Figure 6 : Dessin Ă motif de draperie

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ANNEXE 3 : Chemins de fer et clôtures en ciment armé

Cette annexe comporte des images d’archives et une enquête sur la fréquence d’apparition des clôtures en ciment armé le long des voies de chemin de fer. L’enquête aborde la ligne Hazebrouck-Lens que je pratique régulièrement. On remarque que la clôtures est présente à chaque croisement de la voie. Il y a ici aussi des récurrences de clôtures : les mêmes modèles se développent tout le long de la ligne, soit sur 52,8 Km. Figure 7 : Clôture en ciment armé de la Gare d’Hazebrouck (1938), Source : Delcampe.

Figure 8 : Clôtures en ciment armé des établissements A.Picha pour le compte de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord. On remarque que les clôtures commandées par la compagnie sont utilisées autant pour l’aménagement des voies de chemin de fer que pour la clôture des cités de chemineaux. Source : Delcampe.

Figure 9 : Enquête sur la ligne Hazebrouck-Lens, répertoire des clôtures en ciment armé le long de la ligne.

Figure 10 à 13 : Enquête sur la ligne Hazebrouck-Lens, photographies des clôtures en ciment armé le long de la ligne.

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Figure 7 : Carte postale de la Gare d’Hazebrouck

Figure 6 : Carte postale d’un quai de gare (non identifié)

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Figure 9 : Présence des clôtures en ciment armé sur la ligne TER Lens-Hazebrouck

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Figure 10 : (1). Rue Pasteur - Isbergues - Photographie Google Earth

Figure 11 : (2). Rue des Martyrs - BĂŠthune - Photographie Google Earth

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Figure 12 : (3). Rue Lamartine - Liévin - Photographie Google Earth

Figure 13 : (4). Rue Léon Blum - Lens - Photographie Google Earth

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ANNEXE 4 : Extraits de catalogues de clôtures

Cette annexe rassemble deux extraites de catalogues de clôtures en ciment armé. On retrouve un premier extrait issu du catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart dont les établissements se trouvent à Raches (Nord), et un second « Tous les produits en béton vibré » proposé par l’entreprise H. Dupuis situé à Varennes sur Allier. Ils permettent d’avoir une idée des modèles proposés et de la manière dont les produits étaient proposés par les industriels.

Figure 14 à 35 : Extrait issu du catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart Figure 36 à 42 : Extrait issu du catalogue « Tous les produits en béton vibré » par l’entreprise H. Dupuis

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Figure 14 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 15 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 16 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 17 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 18 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 19 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 20 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 21 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 22 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 23 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 24 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 25 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 26 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 27 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 28 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 29 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 30 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 31 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 32 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

Figure 33 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 34 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 35 : Extrait de catalogue « Clôtures en tous genre » par l’entreprise P. Lefrebvre & L. Delpart

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Figure 22 : Extrait de catalogue « Tous les produits en béton vibré » par l’entreprise H. Dupuis

Figure 36 : « Tous les produits en béton vibré » par l’entreprise H. Dupuis

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Figure 37 : Extrait de catalogue « Tous les produits en béton vibré » par l’entreprise H. Dupuis

Figure 38 : « Tous les produits en béton vibré » par l’entreprise H. Dupuis

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Figure 39 : Extrait de catalogue « Tous les produits en béton vibré » par l’entreprise H. Dupuis

Figure 40 : « Tous les produits en béton vibré » par l’entreprise H. Dupuis

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Figure 41 : Extrait de catalogue « Tous les produits en béton vibré » par l’entreprise H. Dupuis

Figure 42 : « Tous les produits en béton vibré » par l’entreprise H. Dupuis

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LA CLOTURE EN CIMENT ARME Un produit conventionnel et sans prétention Ce mémoire de recherche retrace le développement de la clôture en ciment armé depuis ses origines dans la rocaille, jusqu’à son avènement dans l’habitat bon marché.

Faisant face aux rationalités et impératifs industriels, on y découvre comment ce produit conventionnel, va rapidement répondre aux problématiques liés à la crise du logement et la reconstruction. Sa récurrence dans l’habitat pavillonnaire nous apprend comment ce produit accessible s’est construit une identité à travers les modèles de l’architecture, n’empruntant rien à d’autres matériaux, si ce n’est la forme. Des chemins de fers à banlieue parisienne jusqu’aux grandes opérations de cités jardins, la clôture en ciment armé se présentera comme un produit incontournable de l’habitat bon marché, marquant sans prétention le paysage de près d’un siècle de bouleversements.

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