La revue du projet n°27

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Taux de chômage harmonisé Le taux de chômage représente le pourcentage de chômeurs dans la population active, sur la base de la définition de l'Organisation Internationale du Travail (OIT).

4,8 - 6,2 6,2 - 8,1 8,1 - 10,8 10,8 - 14,2 14,2 - 26,3 Données indisponibles

à l’investissement coopératif pour des infrastructures communes dans des secteurs tels que les transports, l’énergie, le numérique, ou encore de nouveaux projets industriels. Ajoutons qu’il est totalement antidémocratique de décider aujourd’hui d’un budget européen pour le figer jusqu’aux années 2019-2020, alors que personne n’est capable de produire des prévisions de croissance fiables à un an ! Personne ne sait non plus quelle sera alors la composition du parlement et qui dirigera les États de l’Union en 2018. Remarquons que nombre de ceux qui ont refusé ce cadre budgétaire, refusent aussi par exemple de chiffrer des projets d’avenir, ce qui est plus révoltant pour moi, refusent de s’engager pour le nouveau « fonds d’aide au plus démunis » que nous discutons en ce moment.

Les prochaines élections européennes seront d'autant plus importantes que nous allons être à la croisée des chemins, tant la contestation de l'actuelle Europe est devenue majoritaire.

Aujourd’hui, les chefs d’État et de gouvernement qui ont approuvé lors du Conseil européen de février ce cadre financier font pression sur les députés de leur pays pour qu’ils cèdent. À ce propos, François

Hollande pouvait lors du Conseil européen opposer son veto à ce cadre en utilisant l’article 312 du traité de Lisbonne. Il ne l’a malheureusement pas fait. Nous nous inquiétons du fait qu’un accord pourrait se dessiner sur ce programme budgétaire aux conditions d’y ajouter une « clause de flexibilité » permettant de simples redéploiements budgétaires et une simple « clause de révision ». Nos concitoyens doivent donc d’une manière ou d’une autre se mêler de ce débat qui les concerne. À ceci j’ajoute l’enjeu de nouvelles ressources pour que l’Union européenne dispose des moyens nécessaires pour impulser de vraies politiques ambitieuses et solidaires. L’euro est de plus en plus fortement perçu par les peuples comme un instrument de domination. Faut-il en sortir ? Le combat émancipateur pour révolutionner l’Union européenne, ne peut se laisser enfermer dans un piège consistant soit à accepter la monnaie unique telle qu’elle existe, ou au contraire croire qu’en sortant, on améliore de facto la situation des pays et celle des individus. La monnaie est un instrument d’échange. Elle devrait selon moi devenir un bien public, à partir d’une valeur d’usage et d’échange. Elle devrait être considérée pour son utilité et non pas à partir d’une valeur marchande déterminée pour favoriser sa reproduction dans la spéculation, ou pour ses

capacités à attirer des capitaux circulants ; en rivalité avec d’autres monnaies, principalement le dollar. L’euro a été créé à partir des demandes allemandes dans les négociations du traité de Maastricht, et gérée selon les normes allemandes, avec une banque centrale qui non seulement est indépendante des pouvoirs politiques, mais qui est devenue elle-même un pouvoir politique qui utilise la monnaie à sa guise. Pour attirer les capitaux spéculatifs, elle joue sur les taux d’intérêt ou les taux de change au détriment de la production et du développement humain. Dès lors que toutes les monnaies préexistantes, ont été « fondues » dans ce type de monnaie unique, sans travailler à une harmonisation des droits sociaux, de la fiscalité, et des capacités productives, la concurrence entre entreprises, entre producteurs s’est exacerbée avec une violence inouïe. C’est ce qui explique les délocalisations et l’exploitation de travailleurs de pays tiers qui dans une spirale infernale lamine les droits sociaux dans l’ensemble de l’Union européenne. La compression des crédits publics détruit quant à elle les services publics et affaiblit les États. Telle qu’elle est construite, l’union monétaire sous domination du capital allemand reproduit et amplifie les inégalités qui existaient entre les économies de l’Europe élargie. L’alternative n’est donc pas entre l’euro actuel, et sa disparition qui conforterait le dollar comme monnaie mondiale de domination. Elle est dans la transformation de l’euro, un changement profond des missions et de la gestion de la Banque centrale européenne tout comme du système des banques centrales pour en faire des biens publics, au service de la satisfaction solidaire de besoins humains. En même temps il faut transformer le « mécanisme européen de stabilité » (MES) en un fonds de développement européen social, écologique et humain. Car l’autre grand enjeu est celui de la justice, de l’égalité, du progrès social et humain à l’intérieur de l’Union européenne, avec de nécessaires politiques de rattrapage pour les pays en retard, en utilisant autrement les fonds structurels, le Fonds social européen et l’utilisation de moratoires sur certaines dettes d’États ou d’institutions publiques. Cela impliquerait aussi d’être autrement plus audacieux pour une vraie taxe sur les transactions financières, une fiscalité sur le capital, harmonisée vers le haut, des droits et des pouvoirs nouveaux des salariés partout dans leurs entreprises. La monnaie est le reflet du type de

MAI 2013 - LA REVUE DU PROJET

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