Milan info 29 & 30

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photo : C. Aussaguel

Bulletin de liaison des acteurs de la sauvegarde du milan royal en France http://rapaces.lpo.fr/milan-royal

n° 29 & 30 - juillet 2015

Sommaire

Conservation Bilan de la reproduction 2014 Une auvergnate en Haute-Marne Des milans fêtent leurs 10 ans ! Estivage dans le Massif central Taille des nichées Records d’altitude et de migrateurs Stationnement exceptionnel à Saint-Flour Bilan de l’hivernage 2015 Suivi photographique dans la Loire Régime alimentaire en Haute-Loire Second PNA et PRA en Lorraine Scandale Extension d’usage de la bromadiolone Du poison dans les champs Bilan de la mortalité 2012-2014 Un programme polonais compromis Des milans victimes des éoliennes Chasseur condamné International Statut européen IUCN Réintroduction en Toscane Bibliographie française et internationale Sensibilisation TTTttttetTTeeTee-shirt en Lorraine Affiches et autocollants Prochaine rencontre du réseau

Edito 2 2 3 4 4 4 6 8 10 11 12 13 14 14 16 16 16 17 17 18 20 20 20

Quel plaisir de lire ce bulletin sur le milan royal ! Le reflet d’un réseau en progression constante, et de plus convivial. Près de 500 couples nicheurs suivis en 2014, un total de presque 1 600 jeunes milans marqués à ce jour, des milliers de milans comptés aux dortoirs en hiver, quel dynamisme ! La diversité des thèmes abordés est très riche et permet une connaissance approfondie de cette espèce : suivi de la reproduction sur une grande partie de l’aire de répartition de l’espèce, des dortoirs hivernaux avec un comptage en simultané, de la migration, l’analyse du régime alimentaire, etc. En parallèle à cette montée en puissance du réseau, les sources d’inquiétude demeurent concernant ce magnifique rapace grand consommateur de campagnols : un succès reproducteur moyen globalement faible ces dernières années (l’année 2015 semble relever le niveau ?), la persistance et même localement l’augmentation des traitements chimiques (bromadiolone) autorisés par les pouvoirs publics pour faire face aux fortes densités de campagnols, sans soutien généralisé aux méthodes alternatives, le développement irraisonné de l’éolien industriel... Notre arme est la connaissance et notre stratégie est guidée par la raison, alors ne lâchons rien et continuons à donner à ce réseau notre énergie et notre détermination. Bravo et merci à tous les bénévoles qui oeuvrent patiemment sur le terrain et à ces quelques personnes, bénévoles et salariées, qui pilotent ce réseau et exploitent toutes ces données avec passion et compétence. Jean-Luc Bigorne Milan info n° 29 & 30 - juillet 2015 ‑

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Conservation Bilan de la reproduction en 2014 En 2014, le nombre de nids suivis a encore augmenté grâce notamment au suivi de trois nouvelles zones échantillons (deux en Lorraine et une en Haute-Savoie). En Lozère, la zone échantillon du Lot et du Bramont est remplacée par une nouvelle zone située en Margeride. Une meilleure pression d’observation a permis de trouver un plus grand nombre de couples sur la planèze de SaintFlour et sur le secteur d’Ajaccio. Au final, 486 nids ont été suivis ce qui représente près de 20 % de la population nationale. Après une année 2013 catastrophique, l’année 2014 s’avère médiocre avec des résultats inférieurs à la moyenne nationale : 1,71 juvénile par nichée (moyenne = 1,82) et 1,31 juvénile par couple reproducteur (moyenne = 1,39). Les pourtours est et sud du Massif central (Aveyron, Lozère, Loire, HauteLoire) obtiennent les valeurs les plus élevées (TN=2,23 ; SR=1,81). Les plaines du nord-est (Champagne-Ardenne, Bourgogne, Lorraine, Alsace) affichent des valeurs légèrement au-dessus de la moyenne (TN = 1,76 ; SR=1,48). La situation est plus contrastée et plus mitigée dans les autres régions avec des valeurs globalement assez basses pour la Franche-Comté, pour les Pyrénées et la Corse. On retiendra également la repro-

duction catastrophique sur la chaîne des Puys (fort taux d’échec : SR =0,79). Aymeric Mionnet, LPO Champagne-Ardenne, aymeric.mionnet@lpo.fr

Une auvergnate nicheuse dans le Bassigny

Le milan royal fait l’objet d’une étude par marquage alaire depuis 2005 en France. Au total, 1 596 juvéniles ont été marqués au nid sur 12 zones échantillons d’une superficie moyenne de 100 km². L’échantillonnage tente de prendre en compte les cinq grandes, populations françaises : Massif central, Franche-Comté, plaines du nord-est, Corse. Le marquage n’a toutefois pas pu être décliné dans les Pyrénées qui abritent pourtant une population substantielle. Succès reproducteur du milan royal en 2014 selon les zones échantillons L’âge de première reproduction du milan royal intervenant lors de sa 3e ou 4e année civile, les cas d’oiseaux adultes

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marqués reproducteurs se multiplient depuis quelques années (n= 85 au 1er mai 2015). Ces données apportent des informations intéressantes sur la philopatrie de l’espèce en révélant un philopatrisme certain. Le phénomène semble plus marqué chez les mâles que chez les femelles. Ce constat correspond également aux résultats acquis au RoyaumeUni et en Allemagne où l’espèce a bien été étudiée. En 2014, un cas de nidification d’une femelle à 336 kilomètres de son site de naissance a été constaté. Tout débute dans les Vosges en mars 2013 avec l’observation par Mathilde Sarrazin de l’oiseau Jaune-Rouge/BleuRouge, né en 2010 sur la zone d’étude de la Chaîne des Puys (63) près de Clermont-Ferrand. L’oiseau est revu quelques jours plus tard et quelques kilomètres plus à l’ouest en Haute-Marne en compagnie d’un autre oiseau adulte. L’observation des deux oiseaux ensemble perchés en lisière de forêt suggère un cantonnement. Malgré plusieurs visites ultérieures, le couple ne sera jamais revu. En mars 2014, au même endroit, Guillaume Leblanc repère de nouveau un couple, dont le même individu marqué. Les observations suivantes montrent effectivement qu’il s’agit bien d’un couple nicheur cantonné et que l’oiseau marqué est une femelle. La nidification bien que tardive (dépôt de ponte au 12 avril) et perturbée à son début par des travaux d’affouage aboutira à l’envol de deux jeunes. En 2015, un couple occupe toujours le site et le même nid, mais l’oiseau


oiseau de Haute-Loire allant nicher dans le Puy-de-Dôme. Merci à tous les observateurs et bagueurs impliqués dans ce programme de marquage et notamment ceux ayant participé au baguage et au contrôle de cet oiseau (Bryan Geoffroy, Nadège Geoffroy, Sébastien Heinerich, Guillaume Leblanc, Romain Riols, Mathilde Sarazin, Renaud Julien). Aymeric Mionnet, LPO Champagne-Ardenne

Trois milans auvergnats fêtent leurs 10 ans ! En mai dernier, nous avons fêté l’anniversaire des trois plus vieux milans marqués en Auvergne. Trois mâles rescapés des 47 milans marqués en Auvergne lors de la première année du programme d’étude français sur cette espèce. Le plus vieux d’entre eux est né le 9 mai 2005, dans un pin sylvestre sur la commune de Chassagnes (43). Il est observé en octobre de sa première année sur un charnier à Binaced en Aragnon. Puis, il s’installe pour nicher avec une femelle non marquée sur la commune de Mazeyrat-d’Allier (43) en 2008, soit en 4e année, un âge classique pour une première reproduction. C’est le premier milan marqué en Auvergne à être observé reproducteur ! En 2015, il a effectué sa 8e reproduction, pour l’instant toutes couronnées de succès. Il a mené 15 jeunes à l’envol avec une remarquable progression du succès avec l’expérience (1- ?-2-2-2-2-3-3). Parmi ces 15 jeunes, au moins trois ont niché au moins une fois depuis. Bref, un milan « exemplaire ». Le deuxième est né le 14 mai 2005, dans un pin sylvestre à Andelat (15). Son historique est très peu fourni et ses

premiers contrôles remontent à 2009 sur la décharge des Cramades à Saint-Flour (15). Il n’était toujours pas nicheur… Un contrôle en 6e année à Talizat, en dehors de la zone d’étude de la planèze de SaintFlour, puis silence radio jusqu’à ce printemps 2015 où il est retrouvé non loin de son lieu de contrôle de 2010. Il niche donc en dehors de notre zone d’étude, sans doute depuis 2010. Enfin, le troisième n’est pas identifié précisément, mais il s’agît bel et bien d’un mâle né en chaîne des Puys en 2005 et qui est bien connu des observateurs habitués de l’étang grand de Pulvérières (63). A partir de l’automne 2011, notre oiseau marqué Orange-Rouge à l’aile gauche et ayant perdu la marque droite (juste un petit bout de languette blanche visible) fréquente très régulièrement les environs de l’étang puis la placette d’alimentation de Grelière dès son ouverture au printemps 2012. En 2014, son nid est enfin localisé sur la commune de Chapdes-Beaufort (63) où il élève deux jeunes avec une femelle non marquée. Depuis 2014, il a perdu sa marque gauche et seul le bout de languette blanche à droite permet encore de l’identifier ! Trois survivants sur 47, cela peut paraitre faible mais il faut nuancer cette première impression. En effet, une proportion a priori importante des oiseaux issus des deux premières années de marquage a perdu ses marques et on ne peut donc plus les reconnaître. De plus, comme chez beaucoup d’espèces, le taux de mortalité diminue avec l’âge et nous pouvons ainsi espérer que ces oiseaux désormais expérimentés vivent encore de nombreuses années. On le leur souhaite en tout cas !

Sébastien Heinerich et Romain Riols, LPO Auvergne, s.heinerich@wanadoo.fr

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Photo : A. Labat, Colibri ©

marqué (ou les marques) a disparu. Ce couple produira trois jeunes à l’envol. L’observation d’oiseaux au nord de leur aire de naissance n’est pas un phénomène rare bien au contraire mais cela concerne généralement des milans immatures (2e année civile) au cours de l’été et l’automne. Cet erratisme n’est pas sans rappeler celui observé chez les vautours. Ainsi en Haute-Marne, deux observations de milan royal originaires d’Auvergne ont déjà été réalisées. C’est sans doute au cours d’un tel périple que la femelle auvergnate nicheuse en Haute-Marne a connu le Bassigny et l’a choisi comme site de reproduction. Ce transfert, exceptionnel par la distance, s’est fait d’une population dense (10 à 11 couples / 100 km²) assez productive (1,34 juvénile / couple nicheur entre 2004 et 2014) à une population affaiblie (2,5 à 3 couples / 100 km²) mais qui se reconstitue comme en témoigne l’augmentation de sa productivité depuis quelques années (1,51 juvénile / couple nicheur entre 2004 et 2014). Ce recrutement montre que des zones du nord-est de la France pourtant dégradées en comparaison de l’époque où les populations étaient florissantes demeurent attractives. Cela illustre une fois de plus que les femelles ont tendance à aller nicher plus loin que les mâles. Un autre cas de cantonnement (oiseau en couple construisant un nid) à grande distance du site de naissance est connu, il concerne un oiseau franccomtois cantonné dans la Drôme. Mais ce cantonnement d’un oiseau dans sa 3e année civile n’a pas été suivi des faits puisqu’il est revenu nicher l’année suivante non loin de son site de naissance. En dehors de ces deux cas, la distance la plus élevée est de 70 kilomètres et concerne un

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Estivage de jeunes milans royaux sur le massif du Mézenc Au cours de l’été 2013 et de manière moindre en 2014, le plateau du Mézenc (Massif central) a été le lieu d’un estivage de jeunes milans royaux. Ce mouvement s’était déjà amorcé en automne 2012, avec la découverte d’un dortoir de 47 individus au lieu-dit Les Grangers sur la commune de Champclause. Cet estivage a débuté en avril 2013 et s’est poursuivi jusqu’en novembre, date des premières fortes chutes de neige. Les dates d’arrivée en 2014 coïncident à peu près avec celles de 2013 et l’arrivée de la neige en décembre a eu le même effet que l’année précédente sur le principal dortoir. En 2013, ce dernier se trouvait comme en 2012 au lieu-dit Les Grangers et comptait un minimum de 117 individus (6 novembre 2013). D’autres dortoirs devaient exister sur le plateau comme en atteste le témoignage d’Arlette Bonnet faisant état d’une quinzaine d’individus en vol en soirée au lieu-dit de la Croix de l’Etoile. Mais par manque de prospection, cela ne fut pas vérifier. En 2014, le dortoir

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Les Grangers a été abandonné au profit de celui de Pralong de Laussone découvert par Olivier Putz avec 45 individus le 25 novembre. Ce secteur n’accueille aucune population nicheuse connue jusqu’à ce jour. La principale caractéristique de cet estivage est marquée par la jeunesse des oiseaux : Contrôle d’un milan royal espagnol - photo : Christophe Chaize © beaucoup d’individus de preplaçaient en fonction des vents (vol en mière, deuxième et troisième année provenant du Massif central et de rupture de pente) et des prairies nouvellement fauchées. Pour les deux années, Carte des communes prospectées (Haute-Loire) une raréfaction des observations des milans royaux a été notée au moment du passage migratoire fin juillet début août des milans noirs. Christophe Chaize & Jean-Pierre Boulhol, LPO Auvergne

A propos de la taille des nichées contrées plus éloignées… Il est à noter que le suivi régulier du secteur a permis de contrôler un nombre important d’oiseaux marqués, originaires du Massif central (sauf d’Auvergne !) mais également du nord-est de la France. Ces plateaux d’altitude semblent donc attirer une population de milans non nicheurs issus de secteurs géographiques parfois éloignés. Un oiseau marqué en Espagne a aussi été contrôlé le 14 août 2014 et le 13 septembre 2014 (cf. photo). Les jeunes milans chassaient par petits groupes allant de trois, quatre individus à plus d’une quinzaine. En 2013, ils se concentraient sur les communes de Champclause, Fay sur Lignon et Les Vastres alors qu’en 2014, ils se trouvaient sur le secteur de SaintFront, L’Aiglet et la commune des Estables. Il est à noter qu’ils se dé-

Pour rebondir sur l’article « Incroyable mais vrai ! » paru dans le Milan Info n°24 & 25 où était signalée une nichée à trois jeunes et un œuf non éclos dans la Loire en 2011, je tiens à signaler que j’avais également eu, en 2010, dans le Territoire de Belfort, une famille à deux jeunes avec deux œufs non éclos ! Christophe Morin, LPO Franche-Comté

Ndlr : à noter que la saison 2015 est marquée par un nombre exceptionnel de nichées à quatre jeunes ! Trois (plus une nichée à trois jeunes et un œuf) ont été repérées en Auvergne, soit les premières depuis la mise en place du suivi en 2005 (source : Romain Riols) et ce ne sont pas les seules. Il est toutefois encore trop tôt pour fournir le bilan détaillé de la nidification 2015.

Records d’altitude.... ....pour la nidification du milan royal en Lozère. Un nid a été trouvé en 2011 dans une petite pinède en Margeride à 1 240 mètres d’altitude. La reproduction a échoué en 2011 (prédation probable). En 2012, un couple cantonné a été observé au même endroit mais n’a pas


Jean-Luc Bigorne, ALEPE-LPO j.bigorne@orange.fr

... Et à quelques enjambées vers l’est, côté Savoie, une reproduction réussie en 2014 avec deux jeunes à l’envol dans une vallée alpine proche de la Vanoise a été suivie. L’aire était située à 1 300 mètres sur un épicéa de forêt de pente, face aux hameaux. Les milans royaux ont été observés sur un secteur très restreint, exploitant les prés de fauche d’un versant ou l’autre en fonction du déneigement à leur arrivée, de l’ensoleillement en journée, des dates de pâture puis de la progression de la fauche avec l’altitude... Ils étaient très souvent en conflit avec les corneilles noires et les milans noirs qui progressent ici en altitude. Beaucoup d’apports de campagnols terrestres à l’aire ont été observés. Cette saison 2015, deux jeunes sont à nouveau prêts à l’envol. Depuis 2013, l’espèce n’avait été repérée, hors passage migratoire, que sur l’avant-pays savoyard à l’ouest de Chambéry. Sur ce secteur, une aire abritant deux jeunes vient d’être découverte et un site complémentaire a été confirmé, lors des prospections 2015, dans un rayon de cinq kilomètres. Une autre reproduction a également été signalée en bordure du massif du Beaufortain en 2014 et 2015.

Records de migrateurs en Lozère... ...sur le site du Puech Debon, à Saint-Germain-du-Teil. Le suivi de la migration à l’automne 2014 a permis de dénombrer 1 104 milans royaux pour 92 heures d’observations du 25/08 au 06/12 (ces derniers en fuite hivernale après le premier épisode neigeux) dont 311 le 01/10. C’est la première fois que la barre symbolique des 1 000 individus est franchie faisant de ce site le premier pour cette espèce en Languedoc-Roussillon et attestant d’un passage conséquent le long de la vallée du Lot. Celuici est estimé entre 2 000 et 4 000 oiseaux. Collectif ALEPE

... et dans la vallée du Rhône Le début du passage prénuptial 2015 en vallée du Rhône, et plus particulièrement la première semaine de mars ont été exceptionnels pour plusieurs espèces. En effet, des passages records ont été relevés par les observateurs qui assurent bénévolement, pour la LPO Drôme, un suivi de la migration depuis 2012 sur le belvédère de Pierre-Aiguille (commune de Crozes-Hermitage,

Drôme). Le 2 mars, les records journaliers de la grue cendrée et de la cigogne blanche ont été largement battus, avec respectivement 1 168 et 1 002 individus sur la journée ! Les précédents records journaliers pour ces deux espèces étaient de 917 grues le 9 mars 2013 et de 426 cigognes le 17 février 2013. A cela s’ajoutent de très bons effectifs sur cette journée pour la mouette rieuse (3 818 individus), la buse variable (342 individus) et les cigognes noires (quatre individus, passage important pour la date). Mais la folle semaine ne se résume pas à cette seule journée du 2 mars, puisque le vendredi 6, plus de 1 200 rapaces ont été dénombrés, dont un record tout simplement hallucinant de 510 milans royaux migrateurs. Le précédent effectif journalier record était de 58 oiseaux le 26 février 2011 ! Ce sont donc presque dix fois plus d’oiseaux qui ont été dénombrés en une seule journée, alors que pour comparaison, le plus gros effectif saisonnier jamais observé sur ce site était de 617 individus en 2011 ! Plusieurs facteurs importants se sont probablement accumulés pour expliquer ces passages importants, dont les mauvaises conditions météorologiques des précédents jours dans le sud de la France et les Pyrénées (fortes précipitations et vents violents) ainsi qu’une

Bénédicte Chomel et Dominique Secondi, LPO Savoie, savoie@lpo.fr Site de nidification savoyard - photo : Bénédicte Chomel ©

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Photo : A. Labat, Colibri ©

niché ; l’aire a été occupée par un couple de grand corbeau. Ce record d’altitude est donc identique à celui signalé en Auvergne (Cantal, Milan info n°24 et 25). Concernant le milan noir, le record d’altitude en Margeride est de 1 280 mètres, avec une reproduction notée dans une pinède en 2012.

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très bonne visibilité depuis le point d’observation. Vous pouvez retrouver les résultats des comptages journaliers de Pierre-Aiguille (et des autres points de comptage en France) sur le site internet www.migraction.net. Bien entendu, tous les observateurs, débutants ou confirmés, sont les bienvenus chaque année pour venir assister au phénomène de la migration ! Julien Traversier, pour l’équipe du suivi bénévole de la LPO Drôme

Stationnement exceptionnel de milans royaux sur la planèze de Saint-Flour (15) durant l’automne-hiver 2014-15

sur le dortoir qui se trouve juste au nord de la décharge de Saint-Flour, autour du hameau de Colsac (commune d’Andelat). C’est ainsi que le maximum compté sur ce site était d’au moins 420 individus en novembre 2006 (RIOLS com. pers.). Site majeur pour l’hivernage de l’espèce en France, les effectifs comptés à la mi-janvier oscillent selon la couverture neigeuse entre 56 en 2007 et 374 en 2014 avec une augmentation constante entre 2010 et 2014, augmentation à mettre en relation avec la fermeture en 2009 d’une autre décharge proche qui accueillait également jusqu’à plus de 300 milans. Depuis, aucun autre dortoir régulier dans un périmètre proche n’était connu jusqu’à cet automne 2014. Novembre 2014 a été doux et humide sur ce secteur et aucun enneigement n’a été constaté avant début décembre. Les populations de campagnols des champs et de campagnols fouisseurs étaient importantes avec notamment deux foyers de pullulations de campagnols fouisseurs sur le sud-est de la Planèze (communes de Sériers, Lavastrie et Neuvéglise) et sur le sud-ouest de la Planèze (communes de Paulhac). Les précipitations importantes ont engendré localement des inondations, notamment sur le secteur de la Narse de Nouvialle (Roffiac), noyant ainsi de nombreux campagnols dans leurs galeries et fournissant à de nombreux rapaces une nourriture facile d’accès et abondante et un spectacle fabuleux pour les observateurs. Voici les principaux évènements de cet

La Planèze de Saint-Flour est un vaste plateau basaltique d’environ 250 km² qui s’étend à l’est du massif du Cantal et à l’ouest de la ville de Saint-Flour. Les paysages y sont très ouverts, grâce à une activité agricole omniprésente, dominée par de l’élevage bovin. Les surfaces toujours en herbe sont majoritaires même si on trouve quelques cultures de céréales qui deviennent dominantes sur la partie nord-est. On trouve sur ce plateau d’une altitude moyenne de 1 000 mètres une population nicheuse très dense de milans royaux, suivie depuis 2005 par la LPO Auvergne. La population est estimée à 80-100 couples nicheurs pour 270 km² en 2014 (RIOLS, 2015), soit une densité de 29-37 couples/100 km². C’est ainsi la population française la plus dense après la vallée du Reginu en Corse (CART et al., 2014). Les stationnements les plus importants sont toujours notés Milans royaux quittant un pré-dortoir pour se rendre au dortoir - photo : Romain Riols © 6

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automne-hiver inoubliable : le 8 novembre, 14 individus sont observés se dirigeant vers un dortoir inconnu à Paulhac. Le 10 novembre, une séance d’observation en journée à la décharge de Saint-Flour montre un effectif classique (n=66) mais le 11 novembre, deux pré-dortoirs de 170 et 45 individus sont trouvés à Paulhac, ce qui confirme la présence de dortoir(s) sur cette commune qui n’en avait jamais abrité jusqu’alors. C’est le 23 novembre que nous prenons conscience de l’ampleur des stationnements puisqu’un dortoir de 590 est compté à proximité de la décharge de Saint-Flour alors que deux dortoirs de 90 et 195 oiseaux sont présents à Paulhac, sur les mêmes secteurs que le 11 novembre. Soit au moins 874 milans sur la Planèze ce soir là. En journée, nous effectuons de très nombreuses observations d’oiseaux en chasse un peu partout sur la Planèze, ce qui nous incite à organiser un comptage simultané et une prospection ciblée le week-end suivant. C’est ainsi que le 28 novembre fut une journée exceptionnelle ! Nous comptons deux dortoirs de 208 et 277 individus à Paulhac et surtout un dortoir d’une ampleur sans doute jamais atteinte en France de 1 020 individus aux environs de la décharge de Saint-Flour, à Colsac (commune d’Andelat). Les milans arrivent en flux continu depuis les zones de chasse au nord et de nombreux envols successifs nous permettent un comptage avec une marge d’erreur a priori faible. Les observations en journée nous laissent espérer


cembre, au moins 200 individus sont présents au dortoir de la décharge mais le comptage n’a pas pu être exhaustif faute d’envol général et l’effectif a donc probablement été fortement sous-estimé. Mais le 14 décembre, un autre comptage sur le même site permet de dénombrer 660 individus au moins, soit un effectif encore très important pour le secteur même s’il est évident que les 1 000 milans de fin novembre ne sont plus tous là. La suite du mois de décembre ne verra pas de nouvelles chutes de neige, les proies sont donc de nouveau accessibles. Le 3 janvier, seulement 17 individus sont au dortoir de Lavastrie contre 161 fin novembre. Lors du comptage simultané, quatre dortoirs sont trouvés : 669 à la décharge le 10 janvier (confirmant l’effectif du 14 décembre), 34 à Paulhac le 10 janvier, 39 à Lavastrie le 10 janvier et 53 à Saint-Flour le 11 janvier (nouveau dortoir près d’une placette d’alimentation). Soit encore 795 milans sur le secteur de la Planèze de Saint-Flour. Il n’y a pas eu d’autres comptages exhaustifs durant la fin de l’hiver mais des chutes de neige régulières ont sans doute fortement diminué l’effectif au cours du mois de janvier. Discussion L’effectif maximum atteint dans les derniers jours de novembre, presque 2 000 individus en cinq dortoirs est très fortement supérieur au maximum de 420 observé sur ce secteur les années précédentes. Il représente également un pourcentage non négligeable de la population européenne estimée à 20 80025 400 couples nicheurs (AEBISCHER, 2009) mais dont seulement une partie est migratrice via le centre de la France, soit potentiellement environ 5 % de cette population rassemblée sur moins de

300 km². En outre, les narses de Lascols et de Nouvialle, deux zones humides de la Planèze ont accueilli à elles deux un nombre record de 137 busards saintMartin (102 et 35 respectivement) et 55 hiboux des marais (26 et 27 respectivement et deux à Ussel). Ajoutez à cela les buses variables et les faucons crécerelles et c’étaient environ 10 000 campagnols prédatés chaque jour sur la Planèze ! Des oiseaux marqués originaires de Haute-Loire, de la Loire, des gorges de la Truyère (Cantal et Aveyron) et de Thuringes (Allemagne) ont été observés mais aussi, bien sûr, de nombreux oiseaux locaux originaires de la Planèze de Saint-Flour. En fait, c’est l’ensemble du sud du Massif central qui a été concerné par ces stationnements exceptionnels puisque le département voisin de l’Aveyron comptait 1 053 milans lors d’un comptage simultané organisé début décembre (et ce chaque année depuis 2006) ; le précédent record était de 681 en décembre 2012 (TALHOET, com. pers.). Le plateau du Cézallier (Cantal et Puy-de-Dôme), au nord de la Planèze abritait en décembre un important dortoir à RocheCharles-la-Mayrand (63), sur un secteur avec une forte pullulation de campagnols fouisseurs. En janvier, deux autres dortoirs sont trouvés à Allanches et Ségur-les-Villas sur le Cézallier cantalien à la faveur d’un autre secteur de pullulation de campagnols fouisseurs. Tous ces dortoirs ne sont habituellement pas présents. D’une manière générale, l’hivernage en Auvergne et dans le Massif central a été inédit, les Pyrénées-Atlantiques, département habituellement le plus important pour l’hivernage du milan royal en France avec 1 500 individus en moyenne se faisant détrôner lors du comptage de janvier 2015 par

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Photo : A. Labat, Colibri ©

un autre dortoir sur le sud-est de la zone où de nombreux milans chassent sur les parcelles infestées par les campagnols fouisseurs. Le 29 novembre, nous décidons de compter la levée du dortoir de la décharge afin de confirmer le comptage de la veille. Arrivée sur le site alors qu’il fait encore nuit, mais des milans partent déjà du dortoir et l’obscurité nous empêche de compter convenablement les premiers flux d’oiseaux. Nous obtenons tout de même un effectif très proche du comptage de la veille au soir avec 988 soit seulement 3 % de différence. En journée, sur la Planèze, nos impressions de la veille se confirment et en fin d’après-midi, les milans se rassemblent aussi sur le secteur sud-est à Sériers et Lavastrie. Ces oiseaux ne rejoignent ni les dortoirs de la décharge ni ceux de Paulhac et forment deux dortoirs de 161 et 293 individus, là encore sur un secteur où aucun dortoir n’avait jamais été trouvé. Si on admet que les échanges entre dortoirs n’ont pas été déséquilibrés entre les deux soirs, l’effectif stationnant est donc de 1 969 individus ! A noter que le même jour, un dortoir d’environ 220 milans est trouvé à Chalinargues, sur le massif de la Pinatelle, à quelques kilomètres au nord de la Planèze de Saint-Flour (VERNE, in faune-auvergne. org) ! Les 4 et 5 décembre, il a neigé à partir de 800 mètres, recouvrant tout ce secteur d’un manteau blanc de quelques centimètres, provoquant un important mouvement de fuite, remarqué dans le bassin d’Aurillac le 6 décembre totalisant 200 individus en déplacement sur un secteur n’abritant pas de dortoir d’hivernants (VERNE, in faune-auvergne. org). Le 7 décembre, peu d’individus sont vus en chasse, dispersés sur toute la Planèze mais aucun comptage de dortoir ne sera effectué. Le 13 dé-

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Bilan de l’hivernage en France en 2015

l’Aveyron avec 1 750 individus et le Cantal avec 1 963 milans royaux. Bibliographie - Aebischer A., 2009. Der Rotmilan, ein faszinierender Greifvogel, 232 p. Haupt Verlag. - Riols R., 2015. Bilan du programme d’étude et de conservation du milan royal en Auvergne en 2014, 28p, LPO Auvergne. - Cart S. et Faggio G., 2014. Un an avec les milans ajacciens : répartition annuelle des effectifs d’une population de milans royaux en Corse. Milan info n°26, 27 & 28, p. 14-16.

décharge d’Entressens. La Corse obtient son meilleur résultat depuis les débuts des recensements en 2008 avec près de 500 oiseaux sur 19 dortoirs contre un peu moins de 400 en moyenne. En Aquitaine, les Pyrénées-Atlantiques (principal département pour l’hivernage du milan royal en France) sont dans la moyenne des dernières années avec 1 500 individus, mais ils sont pour la première fois détrônées par deux départements du Massif central ! En effet, en région Midi-Pyrénées, si les effectifs des départements pyrénéens, du Lot et du Tarn sont stables, le département de l’Aveyron accueille un nombre inédit de milans royaux cet hiver avec 1 750 individus dans 19 dortoirs ! Midi-Pyrénées reste d’autant plus la principale région administrative d’hivernage du milan avec en janvier un nombre record de plus de

Le quart nord-est de la France retient un petit peu plus d’hivernants que d’habitude (328), sans toutefois égaler janvier 2012 (450), c’est la Côte-d’Or qui se distingue plus particulièrement avec six dortoirs regroupant 126 oiseaux. En Rhône-Alpes, l’Ardèche se distingue avec 170 oiseaux sur son dortoir traditionnel qui ne compte habituellement qu’une centaine d’individus. En Languedoc-Roussillon, l’hivernage découvert dans les Pyrénées-Orientales s’étoffe avec 60 individus et la Lozère accueille un effectif inédit de près de 150 milans ! L’hivernage en région PACA (Crau) semble fortement baisser après quelques années de fermeture de la

Amélie Armand, Morgan Boch, Charlotte Flahault, Sébastien Heinerich, Romain Riols et Clément Rollant, LPO Auvergne

Hivernage du Milan royal en France (2008 à 2015) Bilan des comptages annuels simultanés ‐ réseau Milan royal

HHivernage du milan royal en France (2008 à 2015) - Bilan des comptages annuels simultanés (réseau « milan royal ») Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre Nombre de dortoirs d'individus de dortoirs d'individus de dortoirs d'individus de dortoirs d'individus de dortoirs d'individus de dortoirs d'individus de dortoirs d'individus de dortoirs d'individus Janvier 2015 janvier 2014 janvier 2013 janvier 2012 janvier 2011 janvier 2010 janvier 2009 janvier 2008

Dortoirs hivernaux de Milans royaux Alsace

Bas‐Rhin Haut‐Rhin Lorraine

Meurthe‐et‐Moselle Meuse Moselle Vosges Champagne-Ardenne

Aube Haute‐Marne Ardennes Bourgogne

0

35

11

0 0

6 29

1 10

1

15

3

4

1

3 4 8

1 2

3

20 3 9

1

60

1

48

3

87

3

1

60

1

46 2

6

109

7

Côte‐d'Or Yonne Saône‐et‐Loire

7

143

3

115

6 1

126 17

2 1

109 5 1

Franche-Comté

4

75

4

2 2

38 25 9 3

3 1

2

253

2

128

1 1

75 170

1 1

11 117

50

7 1 2696

22

1326

1 18 4 27

27 382 324 1963

1 9 3 9

4 172 264 886

Doubs Haute‐Saône Jura Territoire de Belfort Rhône-Alpes

Loire Ardèche

Haute-Savoie Savoie Auvergne

Allier Puy‐de‐Dôme Haute‐Loire Cantal Limousin Corrèze Creuse Languedoc-Roussillon

12

25

32

7

3 9

1

1 2

4 1 1

67 20

90 17 2

21

1 7 4 9

14 118 404 912

4

131

146

3 1

47 60

2 0 1

43 0 48

Midi-Pyrénées

72

4539

1 54

40 3848

19 2 2 7 15 20

1750 37 128 347 778 1226

6 1 2 5 15 18

642 51 110 332 981 1337

3 14 18

774 102 138 196 1013 952

7 37

273 1493

7 30

395 1536

4 39

15 22

523 970

13 17

545 991

18 21

1

50

2

101

1

50

1 1

19

491

8 11

107 384

Bouches‐du‐Rhône (Crau) Var Corse

Corse du Sud Haute‐Corse

2

1448

253

Provence-Alpes-Côte-d'Azur

5

3

11

13

1

2

8

86

2

49

156

5

46

2 1 3

3

1 2

31 55

135 15 6

3 2

1

1 1

1 2 2

176

59 82

3

45 3 1

2

52

9 2

24

1499

1 1

67 67

3

44

1 10 3 10

36

36

2

1 373 174 951

31

0

1

13

3326

41

2598

2 12 17

428 43 127 309 864 778

151 1256

1 48

2

96 5

1 1

100

17

447

16

372

7 10

107 340

2

8 8

524 732

6 1

1 1

187

98 89

1 6 4 9

1

1

33

9 106 130 449

9

9

2420

49 1879

1 32

130 1883

2

81

1

143

11

278

23

396

16 32 2

6 5

570 1309 81

69 209

4 1

694

2 12 11

2

90 10

94 278

20

2

17 15 1

10 13

5

785 1098 143

165 231

Picardie

10

1

Aisne Total France NORD-EST MASSIF CENTRAL PYRENEES AUTRES

10

1

Somme

135 4 35 77 19

7703 181 2300 4669 553

147 13 38 78 18

‑  Milan info n° 29 & 30 - Milans royaux hivernants en France juillet 2015

6995 258 2697 3568 472

149 16 39 81 13

au cours des comptages simultanés de janvier 2007 à 2015

12000

1

24

2

17

11

1

14

3

17

1

13 1

1 2

43 5 1

1

8

24

1 1

3

6

1 1

139 43

1

2

96

1 1

453

23

128 41

15 2

10 7 10

4 3 1 2

2

7052 450 2336 3892 374

19

1 5 4 9

122 10 30 58 24

5850 113 1479 3714 544

3 84 120 246

1

55

2

77 4

87

1 1

715

18

930

1

4 2 2 7 3 3 1

73

1 5 4 13

16 132 218 349

1

1 3 4 10

1

29 94 233 574

1

5 50

28 4 2 2 4 10 6 _ 45 17 28 1 1

1665 367 19 81 218 509 471 _ 1746 727 1019 123 123

35 6 _ 1 3 15 10 _ 31 13 18 1 1

2252 453 _ 65 324 789 621 _ 1532 652 880 84 84

31 6 _ 1 2 12 10 _ 27 11 16 1 1

2562 433 _ 85 398 824 822 _ 1161 370 791 86 86

14 6 8

320 89 231 2

13 4 9 1 1 _

335 80 255 2 2 _

8 2 6 1 1 _

402 81 321 18 18 _

_ _ 108 2 32 59 15

_ _ 5096 47 1362 3266 421

_ _ 94 5 28 51 10

_ _ 5295 48 1536 3205 506

4

3 1

8

4

49

4 3 4

2

_ 4

2 2

2 3

(1) comptage partiel en 2010 (2) et (3) comptages partiels en 2008, 2009, 2013

1 1

_

1 1

1 1

379 55 155 224 870 607

Pays-de-la-Loire

10103 328 5002 4224 549

2

16 13 17

Vendée Sarthe

203 13 80 90 20

5

1 5 4 3

2

88 12 73 3

141

3 4

5

9

Pyrénées‐Atlantiques (Béarn) (2) Pyrénées‐Atlantiques (Pays Basque) (3)

6

75 124

5

Gers Aquitaine

5 1 1

199

Lozère Gard Aude Pyrénées‐Orientales Aveyron Lot Tarn Ariège Haute‐Garonne Haute‐Pyrénées (1)

1 2

7 2 8 1

1 1

7

2 3 2

18

2

5

1 24

1 1

2 3 3

113 2 29 66 16

4589 88 1059 2994 448

1


Photo : A. Labat, Colibri ©

Hivernage du milan royal en France en janvier 2015

4 500 individus. Enfin, juste au nord de l’Aveyron, il nous faut évoquer l’Auvergne dans laquelle le département du Puy-de-Dôme enregistre un record avec près de 400 oiseaux et surtout le Cantal, département qui en ce mois de janvier 2015 (et en comparaison aux autres départements français) a accueilli le plus grand nombre de dortoirs (27) et de milans (1 963) ! dont un dortoir de 600 oiseaux, vestige des 2 000 oiseaux qui parcouraient la Planèze de Saint-Flour en novembre avant les premières chutes de neige (cf. article précédent). Cet hivernage exceptionnel au niveau national (10 100 milans) est donc en partie le résultat d’une progression constante de l’investissement des bénévoles dans chaque région mais surtout d’une concentration d’hivernants inédite dans le duo CantalAveyron, départements bien connus pour leurs spécialités gastronomiques à base de pommes de terre et de tomme (Cantal) fraiche à savoir la truffade et l’aligot, excellents

menus d’hiver dont les milans royaux ont sans aucun doute su profiter, probablement abondamment accompagnés de quelques dizaines de milliers de campagnols des champs et terrestres qui pullulaient alors sur ces secteurs parfois assaisonnés d’un peu de pudding à l’arsenic* ! * bromadiolone Romain Riols, LPO Auvergne et Fabienne David, LPO Mission rapaces

Que tous les observateurs mobilisés pour ces comptages annuels et le comptage 2015 en particulier soient sincèrement remerciés et nos excuses d’avance aux observateurs que nous aurions éventuellement oubliés. Alsace : Martin Blattner, Denis & Michèle Brand, Jean-Marie Frenoux, Marc Groell, Nicolas Minery, Thierry Spenlehauer, Kévin Umbrecht. Aquitaine : Pyrénées-Atlantiques (Béarn) : Allemand Jean-Claude, Basly Jean-Paul, Bauwin Jérémy, Bostock Geoffrey,

Bostock Jenny, Camborde Odette, Camviel Roland, de Seynes Aurélie, Delage François, Dudun Mireille, Harran Yvon, Javayon Robert, Kobierzycki Erick, Laborde Henri, Lachal Martine, Lavignotte Bernard, Lurdos Pierre, Mazen Chantal, Melet Didier, Nuques Patrick, Peyrusqué Didier, Rannou Dominique, Rébillet Éric, Rigou Pierre, Roussel André, Sérisé Henri, Stachura Marek, Vileski Dominique, Yannick Courregelongue, Zumaglini Jean, Pays basque : André Aurélien, Bigan Martine, Billerach Antoine, Bonzom Marie, Damian-Picollet Sophie, de Seynes Aurélie, Delort Gaëlle, Didier Sébastien, Etchebers Olivier, Feniou Quentin, Gansoinat Sophie, Goyeneche Laurence, Lareteguy Henri, Le Bourgeois Martin, Maury Céline, Maury Stéphan, Raulin Emmanuel, Razin Martine, Rivet Georges, Serre Ashley, Serre Jean-Paul, Terrasse Jean-François Auvergne : Jacques Albessard, Sylvie Alcouffe, Mickael Alves Da Silva, Mathieu André, Joël Bec, Laurent Bernard, Nicole Beydon, Morgan Boch, Arlette Bonnet, JeanPierre Boulhol, Sabine Boursange, Pierre Brenas, Thibault Brugerolle, Guy Brugerolle, Philippe Cambon, Sandrine Ceaux, Christophe Chaize, Franck Chastagnol, Richard

Milan info n° 29 & 30 - juillet 2015 ‑

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Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal


Cousteix, Thomas Darnis, Jean-Yves Delagree, Marie-Yvonne Duchamp, Fabrice Dupré, Christian Fargeix, Bruno Gilbert, Danielle Grenier, Robert Guélin, Arnaud Hedel, Sébastien Heinerich, David Houston, Aurore Lamarche, Matthias Laprun, Anne Launois, Thierry Leroy, Nicolas Lolive, Maxime Loos, Alain Lorriere, Quentin Marquet, Yvan Martin, Maurice Maurin, Jérémie Mazet, Robert Montel, Laurène Orsini, Damien Pagès, Bernard Perrin, Robin Petit, Bernard Raynaud, Benoit Renaux, Romain Riols, Thierry Roques, Gilles Saulas, Georges Sauvestre, Aline Soulier, Nicole Taillandier, Pierre Tourret, René Valla, Henri Verne, Francoise Willer Bourgogne : Vincent Van Laar, Paul Vernet, Frère Romain Marie Bancillon, Loïc Michel, Charlène Meliani, Esther Jacquemant, JeanPierre Calabre, Martine Desbureaux, Pauline Roche, Corine Lepage-Reverchon, Jean-Luc De Rycke Champagne-Ardenne : Pascal Albert Corse : Sophie Eyherabide, Carole Guidicelli, Gwennäelle Daniel, Cécile Jolin, Gilles Faggio, Sébastien Cart, Ludovic Lepori, Jean-Claude Thibault, Pierre Polifroni, René Roger, Romain Fleuriau, Orso Cerati, Elisabeth Roux, Bernard Recorbet, Thibault Larrue, Pauline Vanbleus Franche-Comté : Morin Christophe, Aubry Gabriel, Maas Samuel, Lecornu Didier Languedoc-Roussillon : Aude : Benjamin Bouthillier, Christian Riols, Lozère : Jean-Luc Bigorne, Patricia Bonnefille, Rémi Destre, Marie-Laure Cristol, François Legendre, Pyrénées-Orientales : Jacques Feijoo, Claude Gauthier, Maurice Sabatier Limousin : Mathieu André Lorraine : Ambroise D., Armand T., Brunet C., Caradec J., Cathala J.-L., Coispine P., Collet M., Corsin J.-L., Desjardins M., Deza L., Dürr T., Duval-Decoster J., François J., Françon A., Gautier F., Gerbollet J., Haas G., Henrion O., Hoffmann N., Jilet R., Jouaville G., Juppet G., Kreder M., Lach Q., Landragin D., Leblanc G., Léger M., Lethuillier S., Merzisen J., Patier N., Patris Y., Pernet D., Perrin V., Renaud J., Ruiz. M, Sarrazin M., Sardat M., Sponga A., Vacheron D. Midi-Pyrénées : Ariège : Almecija Marc, Bossut Louise, Boussard André,Boussard 10

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Mme, Bouyssou Christel, Bresson Charlotte, Buzzy Thomas, Cally Sébastien, Carnet Brice, Cluzet Cécile, Combet Simon, Couriot Ophilie, Courty Stéphanie, de Courlon-Ribeiro Bruno, Delhotal Thomas, Durber Gillian, Estèbe Jordi, Fehlmann Mathieu, Garama Ruud, Gayrard Yves, Kuczkowski Sophie, Maître Michel, Prime Richard, Rhodes Jacques, Sauge Audrey, Tirefort Philippe, Vial Jessica, Aveyron : Robin Cotrill, Michael Fayret, Leslie Campourcy, Mathieu Geyelin, Pauline Dreno, Thierry Andrieu, Samuel Talhoet, Yannick Beucher, Pierre Petitjean, Matthieu Jacquet, Jean-Louis Cance, Nicolas Bidron, Pascal Soriano, Robert Straughan, Mathieu Louis, Daniel Orts, Pierre Defontaines, Audrey Poujol, Pascal Bouet, Marie-Claire Fitament, JeanMarc Cugnasse, Nathalie Camby, Claire Felix, Alain Hardy, Gaël Marceny, Thierry Blanc, Nicolas Gal, Emile Poncet, Nicolas Bidron, Arnaud Comby, Renaud Nadal, Daniel Escande, Jean-Claude Issaly, Guy Deltort, Gers : Brown Barbara, Bugnicourt Jean, Detours Sophie, Etudiants du CFPPA, Orth Mathieu, Rance-Odin Micheline, Slades France, HauteGaronne : Cluzet André, Fondevilla William, Hotta Florentin, Lacomme Thierry, Mourembles Jean-Bertrand, Mourniac Eric, Nogues Virginie, Orth Mathieu, Rachou Francis, Thelliez Jean-Philippe, Woodley John, Woodley Marie-Paul, Gwenaël Pedron, Aline Segonds, Hautes-Pyrénées : Antony Pradier, Ballereau François, Barat Christian, Barat Maguy, Bègue Christophe, Bergès Christophe, Cambrezy Clément, Caquard Jean-Yves, Carruthers-Jones Jonathan, Cazaux pamela, Cognet Christophe, Cognet-Durant Valérie, Coquet Aurélie, de Muyser Arnaud, de Muyser Xavier, de Redon Sabine, de Seynes Aurélie, Denise Cyril, Ducasse Valérie, Dupin Brice, Dupuy Hélène, Dussere Fabrice, Duvernay Joël, Fellmann Daniel, Garandeau Sandy, Harlé Patrick, Hétier Antoine, Lapierre Damien, Lavigne Bruno, Leblanc Arnaud, Loubeyres Nathalie, Maillé Sophie, Milcent Philippe, Mourembles JeanBertrand, Murgui Claude, Pérez Sébastien, Pinho Antoine, Portier Dominique, Raffenaud Daniel, Raguet Claudine, Raguet Dominique, Roussel André, Routier Martine, Shermesser Eléa, Sourp Eric, Vaury Alain, Veneau David, Vial Romain, Vincenty Denise, Lot : Philippe Tyssandier ; Jean-Yves Viguié ; Christine Coutarel , Johanna Knappert , Meek Harm Ailko, Greg Whitehead, Bernard Lafargue ; Claude Simon, Tarn : Amaury Calvet, Didier Muret, Serge Maffre, Benjamin Long PACA : Amine Flitti, Yves Pimont

Rhône-Alpes : Ardèche : Veau Florian, Haute-Savoie : Baptiste Doutau, Claude Eminet, Jean Bisetti, Jean-Pierre Matérac, Yves Fol, Loire : P. Billard, B. Blanc, B. Canal, N. Lorenzini, Savoie : Sébastien Durlin.

Hivernage dans le reste de l’Europe Chaque année, la LPO Mission rapaces, avec la précieuse aide d’Adrian Aebischer tente d’inciter les pays européens concernés par l’hivernage du milan royal à participer au comptage simultané des dortoirs. Petit à petit, la mobilisation gagne du terrain et le comptage s’étend bien au-delà des frontières francosuisses. Ainsi, en janvier 2015, les milans royaux ont été dénombrés en Angleterre, en Ecosse, au Danemark, en Italie, au Portugal (principaux dortoirs seulement), en Espagne (quelques provinces uniquement), en République tchèque, en Slovaquie, en Belgique et au Luxembourg et de premières prospections (enfin !) ont été initiées par des confrères allemands dans quelques Länder (nous espérons qu’ils se mobiliseront davantage pour le prochain comptage). Si le comptage n’était que partiel en Espagne en 2015, il était en revanche plus complet en 2014-2015. Malheureusement, nous attendons toujours leurs résultats. Pas de comptage en revanche en Suède. Nous espérons pouvoir vous présenter un bilan complet des comptages réalisés très prochainement. Fabienne David, LPO Mission rapaces

Suivi photographique dans la Loire Lors des bilans des années précédentes, nous avions constaté de grandes disparités dans les taux de reproduction entre différents secteurs du département, mais également avec d’autres départements de Rhône-Alpes et du Massif central, sans que l’on puisse facilement expliquer ces différences. L’une des hypothèses repose sur une différence (quantitative ou qualitative) de ressource alimentaire, facteur essentiel dans la réussite de la reproduction. Mais comment étudier le régime alimentaire d’une nichée de


toutes ses promesses et les espoirs soulevés, ne permettra sans doute pas de mener une étude du régime alimentaire comme on l’espérait. La suite au prochain numéro…. Sébastien Teyssier, LPO Loire LPO Info Loire n°79, janvier 2015

Régime alimentaire ornithophage pour un couple de milans royaux en Haute-Loire

La plaine de Paulhaguet-Langeac, dans l’ouest de la HauteLoire fait l’objet d’un suivi de la reproduction du milan royal depuis 2005. La population est estimée à 26-28 couples en 2014 sur 167 km², ce qui en fait une population dense, qui se caractérise par un des succès reproducteur les plus élevés des populations françaises étudiées, soit 1,60 juvénile par couple nicheur en moyenne sur la période 2005-2014 et

Photos issues du piège photographique - Photos : LPO Loire ©

un record à 2,18 juvéniles par couple nicheur en 2008 (RIOLS, 2014). Le milan royal est un rapace opportuniste au régime alimentaire varié dont l’essentiel est composé de campagnols et d’invertébrés terrestres (RIOLS & RIOLS, 2005). Lors du baguage des poussins au nid, effectué depuis 2005 sur cette zone d’étude, nous avons constaté que le régime alimentaire des couples semble plus varié que celui des deux autres zones d’étude auvergnates (plateaux de l’ouest de la chaîne des Puys et Planèze de Saint-Flour). On trouve notamment des oiseaux, des reptiles et des amphibiens de manière régulière dans les aires. Cette spécificité locale dans le régime alimentaire doit être liée aux paysages diversifiés de cette plaine de basse altitude (mosaïque de cultures, de prairies temporaires et permanentes, de landes, de parcours à moutons et de zones humides dégradées), qui contrastent fortement avec les paysages très homogènes des deux autres zones d’étude, dominés par les prairies naturelles d’altitude, de fauche ou pâturées par des bovins. La proportion de campagnols dans le régime alimentaire semble donc nettement plus faible dans la plaine de Paulhaguet. Ce facteur influence-t-il le succès reproducteur ? Le couple nicheur le plus au nord de la zone d’étude, situé sur la commune de Chassagnes (43) niche dans un bois mixte de résineux. Le nid est situé dans un pin sylvestre. Leur régime alimentaire semble vraiment spécialisé dans la prédation d’oiseaux, parfois de taille imposante, et lorsqu’on se trouve sous le nid, on a parfois l’impression d’être à proximité d’une aire d’autour des palombes. Voici le détail des restes de proies trouvés au nid, par année, ainsi que le

Milan info n° 29 & 30 - juillet 2015 ‑

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Photo : A. Labat, Colibri ©

milans royaux ? L’idée est donc née d’équiper des aires de milans royaux de pièges photographiques dans différents secteurs, afin de voir si l’on constatait des différences significatives dans la nature et la quantité de proies apportées par les adultes aux jeunes et de voir si ces différences pouvaient expliquer les écarts de taux de reproduction. Mais avant de se lancer dans cette opération à « grande échelle », il était nécessaire de tester le dispositif, afin de voir tout d’abord s’il ne compromettait pas la sécurité de la nichée et ensuite s’il permettait de nous apporter des éléments de réponses aux questions qu’on se pose. Un nid dans la Loire a donc été équipé de deux appareils photos automatiques (un qui prenait des photos et l’autre des vidéos). Les milliers de clichés sont en cours d’analyse et feront l’objet d’un prochain article, mais on peut d’ores et déjà dire que cela n’a absolument pas dérangé les oiseaux (deux jeunes ont été menés à l’envol sans aucun souci). Par contre, cette technique, malgré

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succès reproducteur du couple : - 2010 : un juvénile. Un pigeon biset domestique, un merle noir, une corneille noire et une tourterelle turque. - 2011 : couple déplacé, jeunes non bagués, pas de visite à l’aire. - 2012 : trois juvéniles. Un pic vert, une pie bavarde juvénile, un geai des chênes juvénile, trois pigeons bisets domestiques, un canard colvert adulte, un campagnol des champs. - 2013 : deux juvéniles. Un pigeon biset domestique, une pintade, un geai des chênes. - 2014 : 3 juvéniles. Deux pies bavardes dont une juvénile et une adulte, un pic vert juvénile, deux merles noirs, une tourterelle turque, une alouette des champs, une corneille noire adulte, une grive draine, un pigeon biset domestique, une buse variable poussin, un rat surmulot adulte, restes d’un faon de chevreuil. Il est impossible de connaître la proportion de ces proies qui ont été capturées vivantes par rapport à celles récupérées à l’état de cadavre, le milan royal étant un nécrophage régulier. Cependant, nous pouvons supposer que ce couple (et notamment le mâle qui se charge en grande partie de ravitailler les jeunes en proies) est spécialisé dans la capture d’oiseaux vivants. En effet, les autres nids voisins ne contiennent jamais une aussi forte proportion d’oiseaux et il n’y a aucune raison apparente pouvant expliquer une mortalité aviaire supérieure dans le territoire de ce couple par rapport aux territoires voisins, et donc une plus forte récupération de cadavres. La proie la plus étonnante reste le poussin de buse variable retrouvé sous le nid en 2014. Ce poussin, âgé de 25 jours environ a-t-il été pris au nid d’un des couples de buses voisins ? A-t-il été récupéré au pied d’un nid après sa mort ? En tout cas, depuis le début du suivi en 2005, c’est la première fois que nous trouvons un rapace comme proie du milan royal (n = 714 nids suivis) à l’exception d’une donnée provenant d’une séquence filmée sur la Planèze de 12

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Saint-Flour montrant une femelle nourrir son poussin au nid avec une aile de… milan royal. Pourtant, le milan royal peut occasionnellement capturé des rapaces de petite taille comme l’épervier d’Europe dans des conditions toutefois énigmatiques (BUZZACHERA & RAVUSSIN, 2014). Le pigeon biset domestique est une proie récurrente trouvée tous les ans (six individus au total). Ils sont probablement capturés dans le bourg de Paulhaguet (43) distant de deux kilomètres du nid et où le mâle est parfois vu en chasse. Ce village compte une importante population de ce columbidé. Les tourterelles turques sont abondantes dans les bourgs et hameaux du secteur. La pintade a probablement été récupérée morte dans un des nombreux élevages de volailles environnants. Le canard colvert et les corneilles noires sont des proies de taille assez imposante pour l’espèce mais sont-elles capturées vivantes ? Sébastien Heinerich & Romain Riols, LPO Auvergne

Bibliographie - BUZZACHERA P. & RAVUSSIN P.A., 2014. L’Epervier d’Europe victime du Milan royal, in Nos Oiseaux 61 : 133-134. - RIOLS C. & RIOLS R., 2005. Régime alimentaire du Milan royal en Auvergne. Milan info n°4/5 - octobre 2005. - RIOLS R., 2014. Bilan du programme d’étude et de conservation du Milan royal en Auvergne sur la période 20052013, LPO Auvergne, 52p.

Dessin : Cécile Rousse ©

Second PNA en faveur du milan royal Le projet de PNA que nous avions présenté dans les grandes lignes (car il ne s’agissait que d’une version de travail) lors de la dernière rencontre du réseau milan royal à Montsérié dans les HautesPyrénées a été considérablement modifié par la DREAL Champagne-Ardenne et le MEDDE. La partie bilan des connaissances a été remodelée, la stratégie du second plan changée, la liste des actions révisée et la durée du plan réduite à cinq ans. Bref, le plan a considérablement évolué nécessitant un travail de réécriture et d’actualisation (le projet étant désormais presque obsolète). Ce travail, mené par la LPO Mission rapaces, la LPO Champagne-Ardenne et la LPO Auvergne est en cours et selon le nouveau calendrier d’exécution défini par la DREAL Champagne-Ardenne, une nouvelle version du plan devrait être soumise au réseau dans le courant de l’automne pour une validation et mise en oeuvre dès janvier 2016. Souhaitons qu’il en soit ainsi ! Rien n’est moins sûr ! Fabienne David, LPO Mission rapaces,

Plan régional d’actions en Lorraine Depuis le printemps 2014, le Plan régional d’actions (PRA) « milan royal » en Lorraine est développé grâce au soutien financier de la DREAL Lorraine, de la Région Lorraine, des Conseils départementaux de Moselle et de Meurthe-et-Moselle. Plusieurs partenaires techniques (ECOFAUNE, association ECOLOR, LPO coordination Lorraine, HIRRUS et bien sûr LOANA) sont à pied d’oeuvre pour la conservation de l’espèce dans la région. Un gros travail considéré comme « prioritaire » est mené en partenariat étroit avec l’ONF. Il s’agit de la protection immédiate des aires de reproduction et de la mise en oeuvre de mesures sylvicoles autour des aires. Le fruit de ce travail est déjà palpable puisque sur 100 nids suivis et protégés (contre 21 avant le PRA), seuls deux échecs de reproduction sont imputables à des travaux sylvicoles alors que l’activité


Pour plus d’informations : - Plan régional d’actions « milan royal » en Lorraine : http:// www.lorraine.developpementdurable.gouv.fr/IMG/pdf/PRA_ Milvus_Lorraine_GT_041114_ cle0c7b4b-1.pdf - Rapport d’activités 2014 du PRA : http://www.lorraineassociation-nature.com/files/ upload/PRA-Milan-royal-Lorraine---synth%C3%A8se-2014-Enregistr%C3%A9-automatiquement.pdf Guillaume Leblanc, pour LOANA lorraine_association_nature@ yahoo.fr

Scandale Extension d’usage de la bromadiolone : quelles conséquences pour la faune non cible ? Extrait L’expérience acquise en Franche -Comté a été reprise pour la rédaction de l’arrêté interministériel du 14 mai 2014 (Ndlr : consultable depuis ce lien : http://www.legifrance. gouv.fr/affichTexte.do?cidTe xte=JORFTEXT00002903990 8&categorieLien=id). L’article 6 en particulier prévoit qu’un arrêté préfectoral peut définir des zones où la lutte chimique est interdite, notamment dans les zones de présence d’espèces protégées faisant l’objet de plans nationaux d’action, en fonction d’une analyse de risque d’impact sur la faune sauvage non cible. Cette analyse de risque est menée dans le cadre d’un comité d’experts sous l’égide de la DRAAF et de la DREAL. Elle repose sur l’utilisation d’un outil d’aide à la décision d’emploi de la bromadiolone dont les principes sont présentés en annexe VII de l’arrêté. Par ailleurs, cet arrêté reconnaît l’importance d’accompagner l’extension d’usage par un suivi des effets non intentionnels (ENI) de la bromadiolone sur le terrain et officialise la compétence et le rôle du réseau SAGIR en matière de toxicovigilance. La distribution des produits à base de bromadiolone est assurée par les organismes à vocation sanitaire (OVS) reconnus dans le domaine végétal pour chaque région. Il est stipulé que les OVS sont tenus de faire

parvenir préalablement à toute opération de traitement un avis de traitement entre autres au service départemental de l’ONCFS concerné ainsi qu’à la FDC concernée. Par ailleurs, les applicateurs sont tenus d’éliminer les cadavres de rongeurs empoisonnés et les cadavres d’animaux sauvages suspectés d’être intoxiqués doivent être signalés au réseau SAGIR, aux DRAAF et aux DREAL. Dans le Doubs, les ENI ont pu être maîtrisés grâce aux outils règlementaires, mais aussi grâce à des initiatives locales des agriculteurs soutenues par les services techniques (FREDON), qui ont permis la diminution des quantités d’appâts par hectare en dessous des seuils réglementaires. Mais il est difficile de prévoir les effets dans ces milieux très différents que sont les plaines cultivées et les vergers. La dynamique des populations n’est pas la même selon l’espèce de campagnol concernée, et de nouvelles espèces de la faune sauvage pourraient être exposées. Ainsi, dans le cadre de la compétence du réseau SAGIR dans la surveillance des effets non intentionnels des produits phytopharmaceutiques (compétence officialisée dans l’arrêté ministériel ainsi que dans la convention signée entre l’ONCFS, la FNC et la DGAL), nous recommandons de renforcer la surveillance liée à l’usage de la bromadiolone dès cette année, pour l’entrée en vigueur de l’arrêté interministériel autorisant l’extension d’usage. Vigilance bromadiolone ! 1-L’ensemble des départements est concerné : - en zone de grande culture dans les parcelles de production de semences, dans les semis directs (sans labour, avec souvent des intercultures),

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Photo : A. Labat, Colibri ©

sylvicole avait été considérée comme une des raisons principales du faible succès de reproduction des populations lorraines. La seconde phase du PRA est d’ores et déjà actionnée et nécessite de travailler à la conservation des habitats autour des sites de nidification connus. Cette action s’inscrira dans une démarche de sensibilisation et de partenariat avec la profession agricole (chambres d’agriculture, région Lorraine). La réussite de cet enjeu de conservation est indispensable si l’on ne veut pas voir nos populations lorraines maintenues sous perfusion par la simple action de protection des aires. LOANA en tant que structure coordinatrice du PRA souhaite une fois de plus remercier l’ensemble des personnes qui s’investissent dans la conservation du milan royal en Lorraine.

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal


- dans les vergers, - dans les prairies. 2-Pendant la période hivernale pour tous les usages, dès la levée des semis d’automne. 3-Toutes les espèces à proximité d’une parcelle traitée doivent être collectées. 4-Une autopsie et une analyse toxicologique pour rechercher la bromadiolone seront réalisées systématiquement sur les cadavres suspects d’intoxication à la bromadiolone. L’ONCFS prendra en charge les frais d’autopsie et les frais d’analyses toxicologiques. La mention surveillance bromadiolone devra être annotée sur la fiche SAGIR accompagnant l’animal. Source : Réseau SAGIR, 2014, Surveillance sanitaire de la faune sauvage en France. Lettre n° 180. Ed. Office national de la chasse et de la faune sauvage, Paris, 12p

Du poison dans les champs : la bromadiolone La bromadiolone est un puissant anticoagulant de même type que celui utilisé pour empoisonner les rats et les souris. Il est en vente libre pour les particuliers. En usage professionnel agricole, il était auparavant utilisé pour lutter contre le campagnol terrestre (principalement en Franche-Comté et Auvergne) et depuis le printemps 2014, son utilisation a été étendue au campagnol des champs. La bromadiolone étant un produit rémanent et très toxique, il a un impact sur l’écosystème dans la mesure où les prédateurs de campagnols s’empoisonnent en consommant des rongeurs morts ou mourants. C’est le phénomène d’intoxication secondaire qui a abouti à la mort de centaines de rapaces en Franche-Comté en 1997 et en Auvergne en 2011 et 2012. Le milan royal, charognard et grand consommateur de campagnols, est particulièrement touché. Les oiseaux ne meurent pas sur place, car l’impact du poison n’est pas instantané. Les cadavres peuvent être retrouvés sous les nids, sous les perchoirs ou même beaucoup plus loin en période de migration. L’impact sur la faune non-cible est d’autant plus élevé que les traitements ont lieu en période de haute densité de campagnols, ce que l’arrêté 14

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ministériel interdit dorénavant. Les organismes professionnels agricoles champenois attendaient cette extension avec impatience. Ils ont réalisé un important travail de communication auprès de l’ensemble de la profession, lequel s’est avéré payant car plus d’une centaine d’agriculteurs, répartis sur une centaine de communes, ont réclamé du poison pour en mettre dans leurs parcelles. La Champagne Crayeuse et les Ardennes sont particulièrement concernées. En théorie, tous ces traitements sont sévèrement encadrés. Dans les faits, rien n’est moins sûr. Par exemple, tous les agriculteurs autorisés à traiter doivent suivre une formation préalable. En réalité, il s’avère que seule la moitié d’entre eux l’a suivie. Les agriculteurs doivent également mettre en oeuvre des mesures alternatives préventives. Sur le terrain, la plupart se contentent de mettre des piquets à rapaces, que certains ne prennent d’ailleurs pas le temps d’enlever après le traitement. La population doit être prévenue par le biais d’affichage en mairie. Nous avons été vérifier deux d’entre elles et nulle part, n’avons trouvé d’éléments avertissant des traitements. L’arrêté ministériel impose toute une série de mesures difficilement applicables et donc non appliquées (ramassage des campagnols morts) ou difficilement contrôlables. Dans ces conditions, la porte est ouverte à tous les abus. Dans ce contexte, la LPO ChampagneArdenne réclame notamment : - l’absence de traitement en période de nidification (15/03 au 30/07) sur toute la Champagne-Ardenne ; - l’absence de traitement dans les zones de présence d’espèces sensibles et menacées (pie-grièche grise, busard SaintMartin, busard des roseaux, milan noir, milan royal, hibou des marais) ; - l’absence de traitement dans les ZPS, les PNR et le futur parc national ; - l’absence de traitement dans les luzernes déjà implantées ; - la mise en oeuvre de véritables mesures alternatives (travail du sol, plantation de haies, rotation des cultures, arrêt du tir et du piégeage du renard) et non des mesures en trompe-l’oeil comme la mise en place de piquets pour rapaces ; - une intensification du nombre des contrôles par les services habilités ;

- la réalisation des comptages de suivi des populations de campagnols et des comptages préalables au traitement de la parcelle par des organismes indépendants ; - la réalisation des traitements par des professionnels. Source : LPO Info Champagne-Ardenne n°119, novembre 2014

Bilan de la mortalité 2012-2014 en France Entre 2012 et 2014, pas moins de 110 cadavres de milans royaux ont été découverts sur le territoire national ! Face à la baisse drastique des moyens financiers alloués par le ministère de l’Ecologie, il n’a pas été possible de réaliser des autopsies et des analyses toxicologiques systématiques sur l’ensemble des cadavres collectés. Ces dernières ont donc dû être réalisées prioritairement sur les cadavres présentant une suspicion forte d’intoxication, et cela évidemment uniquement lorsque les cadavres ont été ramassés et lorsque l’état des cadavres le permettait. Certains cadavres ont par ailleurs été pris en charge par l’ONCFS, en particulier lorsqu’ils ont été découverts sur des secteurs traités à la bromadiolone. Au total, sur ces trois années, 47 cadavres de milan royal ont été autopsiés parmi lesquels 43 ont bénéficié d’analyses toxicologiques. Le tableau suivant présente les causes de mortalité identifiées : Causes de mortalité Intoxication Indéterminée Electrocution Collision, choc ou chute En attente (résultats non disponibles) TOTAL

Nb d’individus 22 12 2 3 4 43

Avec 51 % des cas analysés, l’intoxication apparaît comme première cause de mortalité des milans royaux. Ce chiffre est en outre à considérer comme un minima puisque parmi les cadavres dont la cause de mortalité est indéterminée, plu-


Substances toxiques carbofuran chloralose bromadiolone mévinphos chloralose + carbofuran chloralose + mévinphos TOTAL

Nb d’individus 12 5 2 1 1 1 22

Les résultats ne sont guère surprenants et viennent confirmer les tendances observées depuis la mise en place du premier plan national de restauration il y a plus de 10 ans. Les inhibiteurs de cholinestérases, et en particulier le carbofuran, figurent en tête des produits toxiques responsables de la mort des milans royaux. Ces substances sont interdites en France mais continuent d’être largement utilisées dans les campagnes pour la confection d’appâts empoisonnés. En l’absence de véritables campagnes d’élimination de ces substances toxiques accompagnées de moyens humains et financiers, l’usage de ces produits et donc l’intoxication de milans royaux mais plus généralement de la faune sauvage ne devraient guère cesser. La France n’est du reste pas le seul pays concerné par ce fléau. Quant au chloralose, c’est un

organochloré utilisé contre les souris, les taupes et les corbeaux. Son usage n’est toutefois autorisé qu’entre le 15 novembre et le 15 mars. Il est à noter que plusieurs milans royaux victimes d’intoxication au chloralose ont été découverts en dehors de cette période. Sur les deux cas d’intoxication à la bromadiolone, il est à souligner qu’un a été découvert avant la nouvelle réglementation encadrant l’usage de la bromadiolone dans le cadre de la lutte contre les campagnols, l’autre après. A ces chiffres s’ajoutent donc 67 autres cadavres pour lesquels aucune analyse toxicologique n’a été réalisée, soit parce que les cadavres n’ont pas été collectés, soit parce qu’ils étaient dans un état de décomposition trop avancé, soit parce que des analyses toxicologiques ne se sont pas avérés nécessaires, soit qu’elles n’ont pas pu être réalisées faute de financement suffisant. La cause de mortalité est donc indéterminée pour la plupart. Le tableau fournit le détail pour ces 67 cas : Causes de mortalité Indéterminée Collision éolienne Collision voiture Collision, choc ou chute Tir Prédation En attente TOTAL

Nb d’individus 49 5 3 3

2 4 1 67

Nous retiendrons de ces derniers chiffres les cinq cas de collisions avec une éolienne et les deux cas de tirs. Parmi les 49 cas indéterminés, une mort

par intoxication est fortement suspectée pour au moins 12 cadavres. La preuve n’a malheureusement pas pu être apportée pour les raisons invoquées en début d’article. C’est le cas notamment pour cinq et trois cadavres découverts respectivement en Auvergne et FrancheComté dans des secteurs traités à la bromadiolone. Le tableau suivant fournit, à titre indicatif, la provenance des cadavres. Midi-Pyrénées, l’Auvergne et la Franche-Comté occupent les trois places du podium pour leur nombre de cadavres. A l’échelle des départements, le Puy-de-Dôme, le Doubs et les Pyrénées-Atlantiques sont en tête avec respectivement 17, 10 et 10 cadavres, départements talonnés par l’Aveyron et les Hautes-Pyrénées avec huit cadavres chacun. Des cadavres (un à six) ont également été découverts dans 24 autres départements. Régions Alsace Aquitaine Auvergne Bourgogne ChampagneArdenne Franche-Comté LanguedocRoussillon Lorraine Midi-Pyrénées Poitou-Charente Rhône-Alpes TOTAL

Photo : A. Labat, Colibri ©

sieurs (n= 4) ont été découverts sur des secteurs traités à la bromadiolone et présentaient des symptômes caractéristiques d’un empoisonnement à la bromadiolone. Les analyses se sont toutefois avérées négatives. Des analyses toxicologiques menées à partir d’une autre méthode auraient été souhaitables. Pour compléter ce premier niveau d’information, le tableau ci-après fournit les molécules responsables de l’intoxication des 22 milans royaux listés précédemment :

Nb cadavres 7 10 21 6 6 16 8 2 25 2 7 110

Si ces découvertes ne sont bien généralement que le fruit du hasard, aucune prospection spécifique de cadavres n’étant menée sur le territoire national, quatre cadavres ont toutefois été découverts grâce à leurs balises GPS et aux informations communiquées par nos

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Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal


confrères européens. En effet, ces quatre milans royaux avaient tous comme point commun d’être étrangers. Le premier, Oscar, était suisse et a été retrouvé en mars 2013 dans le Tarn. Le second était allemand et a été retrouvé en avril 2013 dans les Pyrénées-Atlantiques. La cause de la mort de ces deux oiseaux n’a hélas pas pu être déterminée (décomposition avancée du cadavre pour le premier et analyses toxicologiques négatives pour le second). Le troisième était polonais et a été retrouvé dans l’Aude en mars 2014, le quatrième était espagnol et a été retrouvé dans le Haut-Rhin en avril 2014. Ces deux oiseaux ont été intoxiqués au carbofuran. Sans ces balises, ces cadavres n’auraient sans doute jamais été retrouvés. Confirmation, s’il le fallait, que les 110 cadavres découverts entre 2012 et 2014 ne représentent donc certainement qu’un pourcentage infime des milans royaux qui meurent en France chaque année, dont une grande partie victime d’empoisonnement illégal, légal, de tir ou de collision avec des éoliennes. Peut-on encore espérer un sursaut de l’Etat français pour engager une véritable politique de conservation de la nature et de préservation du milan royal (dont la France abrite, faut-il le rappeler, la deuxième population nicheuse mondiale après l’Allemagne) ? A commencer peut-être par la mise en place du second et tant attendu plan national d’actions ? En attendant, nous vous invitons à nous signaler ainsi qu’à l’ONCFS (avec qui nous avons engagé une collaboration) tout cadavre de milan royal. Fabienne David, LPO Mission rapaces, fabienne.david@lpo.fr

Un programme scientifique polonais compromis par un empoisonneur français Le 4 mars 2014, le réseau national milan royal répercutait auprès de la LPO Aude un appel à l’aide d’un universitaire polonais afin de récupérer un oiseau équipé d’une balise GPS, inactif depuis plusieurs jours à proximité d’un village de la plaine du Lauragais. Je me suis rendu 16

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le jour même sur les lieux et ai trouvé le cadavre du milan, mort depuis quatre ou cinq jours, victime d’un appât empoisonné au carbofuran. L’oiseau, une femelle de seconde année, a très rapidement été autopsié par Lydia Vilagines, vétérinaire référente, puis confié pour analyses au pôle d’expertises toxicologiques (VetAgroSup) de Lyon : un mois plus tard, nous obtenions la confirmation d’un empoisonnement au carbofuran, substance interdite en France depuis déjà plusieurs années. Entre temps, en saisissant l’ONCFS de l’affaire, nous avons appris qu’une investigation était déjà en cours sur la commune, suite à la découverte de deux buses variables et de cinq corneilles noires empoisonnées. En même temps que la LPO Aude déposait plainte auprès du procureur, nous avions sollicité les responsables du programme de suivi satellitaire en Pologne afin qu’ils interviennent de leur côté auprès des autorités françaises. A ce jour, rien n’a été fait et il semble que l’affaire se soit enlisée, comme pour bon nombre d’autres cas d’empoisonnement dans le département… Christian Riols, groupe « rapaces », LPO Aude, christian.riols-loyrette@orange.fr

Des milans royaux sous des éoliennes Si les cas de mortalité de milans royaux victimes de collisions avec les éoliennes sont particulièrement bien documentés en Allemagne (DURR, 2012.), peu de données ont été rapportées à ce jour pour la France. Le premier cas connu concerne un individu retrouvé mort le 18 mars 2009 dans l’Aube (source Fédération départementale des chasseurs de l’Aube). Dans le cadre de suivis de parcs éoliens en Champagne-Ardenne, trois nouveaux cas ont été recensés en 2012 par le CPIE du Pays de Soulaines. Un premier individu (adulte), découvert par l’exploitant d’un parc, est identifié le 27 mars dans le sud-est de l’Aube, puis deux cadavres sont trouvés lors de « suivis mortalité » les 16 (adulte) et 29 octobre (jeune) sur deux parcs du nord de la Haute-Marne. Le cadavre du dernier individu n’a pas été retrouvé mais la quantité de plumes (rémiges, rectrices et nombreuses

tectrices) ainsi qu’un impact au sol ne laissent guère de doute quant à la survie de l’oiseau. Malgré les préconisations initiales, peu de suivis mortalités ont été réalisés sur les parcs éoliens de Champagne-Ardenne ou, lorsqu’ils existent, les données ne sont pas systématiquement remontées. La généralisation de ces suivis dans le cadre des ICPE et l’obligation de centralisation des données devraient permettre d’apprécier au mieux les incidences des parcs éoliens en période migratoire mais aussi et surtout mieux dimensionner les futurs projets. Vincent Ternois et Edouard Lhomer, CPIE du Pays de Soulaines

Milan plombé, chasseur condamné ! Le 31 octobre 2014, un milan royal a été la cible identifiée d’un chasseur, à Saint-Créac, dans les Hautes-Pyrénées. Les agents du service départemental des Hautes-Pyrénées de l’ONCFS, présents sur les lieux, ont pu identifier l’auteur du tir. Cet acte de braconnage porte atteinte aux efforts déployés dans le cadre du plan national d’action. La LPO et Nature Midi-Pyrénées ont porté plainte et se sont constituées parties civiles. Le 28 mai 2015, l’affaire est passée devant le tribunal correctionnel de Tarbes, en présence du prévenu, du juriste de FNE Midi-Pyrénées et de la coordinatrice LPO des actions milan royal dans les Pyrénées. Le jugement, rendu lors de l’audience, a condamné le chasseur à 2 500 euros d’amende dont 1 900 euros avec sursis (pendant cinq ans) et au retrait du permis de chasse pendant 12 mois. Sur l’action civile des associations, le tribunal a condamné le tireur à verser, à chacune des deux associations, 500 euros de dommages et intérêts par association et 300 euros de frais de justice. Cette jurisprudence reste toutefois décevante, dans la mesure où rappelons-le cet acte est purement délibéré. À cela s’ajoute que le condamné avait été également pris, la veille, en flagrant délit de tir d’un épervier d’Europe. Aurélie de Seynes, LPO Pyrénées vivantes, aurelie.deseynes@lpo.fr


International BirdLife International vient de publier la liste rouge européenne des oiseaux. Cette synthèse établie selon les lignes directrices de l’IUCN révèle qu’au niveau européen, 13 % des espèces d’oiseaux sont menacées, dont 2 % sont en danger critique d’extinction, 3 % en danger et 7 % vulnérables. 6 % sont par ailleurs quasi menacées. Dans l’UE des 27, 18 % des espèces d’oiseaux sont menacées dont 2 % sont en danger critique d’extinction, 4 % sont en danger et 12 % sont vulnérables. 6 % sont également quasi menacées. Quant au milan royal, pris comme exemple dans le rapport de BirdLife International, il figure toujours parmi les espèces quasi menacées (NT), tant à l’échelle européenne

qu’à l’échelle de l’Union européenne des 27 car l’espèce connaît un déclin de population modérément rapide. Malgré les baisses rapides actuelles dans le sud de l’Europe, l’espèce pourrait à l’avenir être déclassée si les augmentations de populations dans les pays du nord de son aire de répartition se maintiennent. La population est estimée à 50 40066 800 individus matures en Europe, dont 48 000-63 700 (soit 95 %) dans l’UE des 27. Le rapport complet est disponible depuis ce lien : http:// www.birdlife.org/sites/default/ files/attachments/RedList%20 -%20BirdLife%20publication%20WEB.pdf

Programme de réintroduction en Toscane

Photo : A. Labat, Colibri ©

Statut européen du milan royal

Fabienne David, LPO Mission rapaces

Le programme de réintroduction du milan royal en Toscane mené dans le cadre du projet Life « Save the Flyers » fournit de bons résultats. Après avoir relâché 105 jeunes milans royaux provenant du Canton de Fribourg (Suisse) et de Corse (France), environ 20 couples nichent désormais dans le sud de la Toscane et environ 70 milans royaux hivernent dans la zone. La carte ci-dessus montre les mouvements au cours de l’année 2014 des 19 milans royaux relâchés et équipés d’enregistreurs de données GPS fournis par l’Université d’Amsterdam. Plus d’informations sur www. lifesavetheflyers.it Source : Guido Ceccolini CERM Endangered Raptors Centre Milan info n° 29 & 30 - juillet 2015 ‑

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Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal


Bibliographie Le milan royal en Alsace : statut, menaces et plan régional d’actions Heuacker V. et Didier S. (2013). Le Milan royal (Milvus milvus) en Alsace : statut, menaces et plan régional d’actions. Ciconia 37 (1-2), 2013, 3-17. Résumé Après un rappel du statut historique du milan royal en Alsace, l’article présente les connaissances nouvelles acquises ces dernières années. L’espèce est cantonnée dans trois régions naturelles (l’Alsace bossue, le Jura alsacien et le Sundgau) avec un effectif total de 38 - 47 couples nicheurs en 2012. Les suivis annuels indiquent un succès de reproduction relativement faible de 2009 à 2012 avec une moyenne de 1,38 jeune par couple nicheur (n = 93) pour une taille de nichée de 1,73 jeune par couple productif (n = 74). Les causes du déclin du milan royal en Alsace sont multiples. L’intensification des pratiques agricoles depuis les années 1980 en Alsace affecte le milan royal de deux façons. D’une part les prairies et pâtures extensives qui constituent ses terrains de chasse privilégiés ont été progressivement remplacées par des cultures de maïs, entrainant le déclin de la petite faune et donc une diminution de la disponibilité des ressources alimentaires. D’autre part, les moeurs nécrophages du milan royal font de lui une victime fréquente d’empoisonnements involontaires (contamination des proies) ou volontaires par le biais d’appâts empoisonnés illégaux. Sur les 19 cas de mortalité recensés de 2007 à 2012 en Alsace, huit empoisonnements ont été constatés. À ces menaces s’ajoutent les dérangements en période de nidification, les électrocutions, les collisions avec les éoliennes et les destructions volontaires. Le plan régional d’actions mis en oeuvre de 2012 à 2016 propose une série de mesures adaptées en réponse à l’ensemble des problématiques liées à la 18

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conservation de l’espèce en Alsace, tout en y associant les acteurs concernés.

Corrélation négative entre le nombre de jeunes et la taille du domaine vital Pfeiffer T. and Meyburg B.-U. (2015). GPS tracking of Red Kites (Milvus milvus) reveals that fledgling number is negatively correlated with home range size. J Ornithol. DOI 10.1007/s10336015-1230-5 Résumé A ce jour, nous manquons d’études fiables sur l’utilisation du territoire et la taille du domaine vital du milan royal pendant la période de reproduction. Entre 2007 et 2014, 43 adultes ont été équipés de GPS en Allemagne. Le domaine vital de 27 mâles qui ont élevé avec succès 47 couvées variait de 4,8 à 50,7 km² sur la base de kernel à 50 % de la distribution d’utilisation. La taille moyenne pendant les périodes de nidification et de post-envol était de 63,6 km². Les domaines vitaux de 12 femelles, qui ont mené à terme 21 couvées, variaient de 1,1 à 307,3 km². Nous avons noté, au cours d’une seule saion de reproduction, des différences considérables entre les tailles des domaines vitaux. Nous avons également remarqué une variation très importante de la taille du domaine vital des adultes au cours d’une saison. Selon les années, la taille moyenne du domaine vital de tous les mâles variait de 21 à 186 km² en fonction de la disponibilité des proies. Pour les mâles sur le même site de nidification, la taille du domaine vital pouvait être multipliée par 28 d’une année sur l’autre. Les milans qui disposaient d’un très grand domaine vital n’avaient qu’un jeune, révélateur de ressources rares. Les individus avec davantage de jeunes évoluaient sur des domaines vitaux de taille moyenne à petite. La relation entre le nombre de juvéniles à l’envol et la taille du domaine vital a été modélisée à partir d’un modèle logit cumulatif. 56,

37 et 26 % des sites des milans mâles étaient respectivement supérieurs à un rayon de 1, 1,5 et 2 kilomètres autour du nid. Les oiseaux avec des domaines vitaux très petits ou très grands présentaient des valeurs considérablement différentes de ces chiffres moyens. Les adultes se déplaçaient parfois sur de très longues distances pour se rendre sur des prairies éloignées pendant et juste après le fauchage (jusqu’à 34 kilomètres du nid) en raison de la plus forte probabilité de trouver des proies disponibles sur ces sites. En conclusion, la taille du domaine vital est un indicateur utile de la qualité de l’habitat du milan royal, ce qui peut fournir des informations clés pour la conservation à l’échelle plus large de l’écosystème. Traduction : Claudine Caillet

Mouvements d’un milan royal juvénile à la frontière de l’Autriche, la Slovaquie et la République tchèque Nemcek V. (2013). Movements of a juvenile red kite Milvus milvus in the border zone of Austria, Slovakia and the Czech Republic. Slovak Raptor Journal 2013, 7 Résumé Une femelle juvénile de milan royal a été suivie entre 2011 et 2013. L’oiseau a été équipé au nid d’un émetteur radio, dans la région des basses terres de Zahorska nizina en Slovaquie occidentale. Ses mouvements ont été enregistrés dans sa zone natale et dans sa zone d’installation temporaire (TSA). Ces deux zones étaient distantes de 40 kilomètres. La situation géographique de la TSA à la frontière de l’Autriche, la Slovaquie et la République tchèque a confirmé les informations concernant l’hivernage des oiseaux locaux dans la


Traduction : Claudine Caillet

Comparaison des régimes alimentaires des milans noirs et milans royaux en Moravie du sud en période de reproduction Horák P. (2013). The comparison of the diet of Black (Milvus migrans) and Red (M. milvus) Kites in South Moravia during the nesting period CREX – ZPRAVODAJ JIHOMORAVSKÉ POBOCKY CSO 32 : 54-64 Résumé Le régime alimentaire du milan noir et du milan royal a été étudié pendant la période de nidification entre 1980 et 2005 en Moravie du sud, République Tchèque (et en partie aussi dans la région de Zahorie, en Slovaquie occidentale). Les deux espèces nichent régulièrement dans cette région, souvent à proximité l’une de l’autre. La plupart des échantillons ont été collectés entre le 25 mai et le 10 juin pour le milan noir et du 10 mai au 15 juillet pour le milan royal lors de contrôles au nid. Les

pelottes n’ont pas été analysées car aucune n’a été trouvée dans les nids puisque les femelles les consomment. De brefs résultats préliminaires entre 1980 et 2002 ont été présentés et publiés (Horak 2002a) ; des données qui s’échelonnent entre 2003 et 2005 ont été ajoutées dans cet article. Les résultats montrent que la composition alimentaire est similaire pour les deux espèces. Certaines espèces font ou non partie du régime alimentaire des milans en fonction de leur présence en Moravie du sud. Ainsi, la disparition du souslik d’Europe dans les collines de Palava dans les années 1990, la réapparition du hamster d’Europe autour de Breclav et dans les régions de plaines depuis le début des années 1990, la disparition de la perdrix grise dans la plaine alluviale de la rivière Morava (en mars) depuis le milieu des années 1980 et la nidification de la sarcelle d’hiver depuis le début des années 1980 ont une incidence sur le type de proies consommées par les milans. Ces derniers ont une nette préférence pour les étourneaux juvéniles plutôt que pour les adultes, ce qui est vrai également pour la buse variable (cf. Horak et Matusik 2000). La plupart des pigeons domestiques ont probablement été volés aux faucons sacres, dont les nids étaient souvent situés à proximité des nids des milans. Des milans noirs juvéniles ont été trouvés dans l’alimentation des milans royaux à trois reprises lorsque leurs nids étaient proches (on a constaté une distance minimum de 50 mètres). Le milan royal est la plus agressive des deux espèces (un milan royal a même démonté un nid de milans noirs). A deux reprises, des cas de cannibalisme ont été notés chez les jeunes milans noirs. Le poisson constitue une part

importante de la nourriture des deux espèces, avec une prédominance pour les milans noirs (le poisson représente 32,50 % des proies consommées). La taille des poissons varie de 10 à 30 centimètres et ce sont principalement des gardons. D’autres résultats (malheureusement non documentés) ont aussi une grande importance faunistique, tels que le sandre de la Volga pour le milan noir (25 juin 2005, Soutok - Cahnov) ou même le gardon galant du Danube pour le milan royal (30 mai 1999, Moravska Nova Ves - Stredni Cernohorska). La seule espèce d’insecte consommée est la lucane cerfvolant, relevée par deux fois dans le régime alimentaire du milan noir (19 juin 2002, Soutok - Lany / Saufang et 16 juin 2005, Soutok - Kladnik). Le groupe « autres » regroupe des placentas non identifiés d’animaux domestiques, un morceau de bacon, un morceau de la gorge d’un cochon domestique ou une côte de porc cuite. Le début de la période de nidification du milan noir a avancé d’une semaine en 25 ans, période à laquelle remontent les premières observations (P. Horal unpubl.). Cela correspond probablement à un changement de la stratégie de chasse dans la mesure où la canalisation de la rivière a réduit la quantité de poissons. Par contre, les animaux tués ou blessés pendant les travaux agricoles ou le labour des prés après l’inondation de berges surélevées constituent une partie plus conséquente de l’alimentation des milans.

Photo : A. Labat, Colibri ©

région. La zone d’installation temporaire (polygone convexe minimum MCP = 402 km², 95 % polygone de noyau fixe FKP = 622,80 km², 50 % FKP = 68,60 km²) se trouvait essentiellement en Autriche. La zone natale était beaucoup moins étendue (MCP = 34,70 km², 95 % FKP =32,30 km², 50 % FKP = 5 km²). Le territoire de chasse de ce juvénile s’étendait sur un périmètre d’environ 12,5 kilomètres autour de son site de dortoir.

Traduction : Claudine Caillet Les articles complets (en français, anglais ou tchèque) sont disponibles auprès de la LPO Mission rapaces.

Milan info n° 29 & 30 - juillet 2015 ‑

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Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal


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ments, nous avons reporté l’organisation de la prochaine rencontre du réseau Vous aurez remarqué qu’il n’y a pas de national milan royal à 2016. Rien n’est encore arrêté, mais elle devrait avoir lieu date fixe pour la parution du Milan info. Néanmoins, vos articles, brèves, anecen Corse entre fin janvier et mi-mars. dotes et témoignages de terrain sont Nous nous excusons de ne pas vous avoir avoir fait de retour plus tôt et nous toujours les bienvenus pour enrichir le bulletin. Il en est de même de vos photos reviendrons vers vous dès le mois de septembre avec de plus amples informa- et dessins. tions. Sachez bien évidemment que nous Merci d’avance ! mettons tout en œuvre pour obtenir La LPO Mission rapaces des tarifs les plus bas possible afin que nous puissions avoir le plaisir de vous Milan info retrouver nombreux sur l’île de beauté. Gilles Faggio, CEN Corse, gilles.faggio@espaces-naturels.fr et Fabienne David, LPO Mission rapaces, fabienne.david@lpo.fr

Bulletin de liaison du plan national de restauration du milan royal, disponible sur le web : http://rapaces.lpo.fr/milan-royal Avec la participation de la DREAL Champagne-Ardenne LPO © 2015 - papier recyclé ISSN : 2266-3843 Réalisation : LPO Mission rapaces, Parc Montsouris, 26 boulevard Jourdan, 75014 Paris, rapaces@lpo.fr Conception & réalisation : Fabienne David Relecture : François Bégasse, Sébastien Heinerich et Romain Riols

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D’après une maquette de la tomate bleue

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