ENTREVUE étaient assumées de manière très inégale. Du point de vue des spécialités, l’Ecole du Louvre à l’époque où je l’ai fréquentée obéissait encore à l’esprit de ses fondateurs, à savoir un cours organique correspondant à un département du Louvre. Ce n’est plus totalement le cas maintenant et c’est très bien. L’éventail de cours proposés s’est élargi avec la création de nouvelles chaires, comme l’histoire du cinéma ou l’histoire de la mode : je pense aussi que c’est une bonne chose. Quoiqu’il en soit l’Ecole était tout de même très bien, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ! J’ai encore de très bons souvenirs de ces années, mais ils commencent un peu à dater. Vous avez enseigné pendant longtemps à l’Ecole, en MoyenMoyen âge et Byzance ?
Non, je n’ai jamais enseigné l’art byzantin, mais j’ai longtemps enseigné l’art du Moyen-âge occidental. J’ai également mené un cours sur les ivoires byzantins dans le cadre de la chaire des arts appliqués à l’industrie et j’ai participé plusieurs fois au cours de synthèse de cette même chaire. Des souvenirs marquants de cet enseignement, des anecdotes amusantes ?
J’ai laissé la chaire de Moyen -âge après environ 14 ans, à regrets. Je me rappelle de mon tout premier cours. Je présentais l’architecture générale de mon cours, « le Moyen-âge est une longue période qui sépare l’Antiquité de la Renaissance ». Il y avait au premier rang une dame très âgée, avec des cheveux blancs –j’ai su ensuite qu’elle était vraiment très âgée - qui dès que j’ouvrais la bouche faisait « Nan ! Nan ! » en agitant la tête. C’était assez désarçonnant, mais j’étais tout de même relativement convaincu que le Moyen-âge couvrait à peu près mille ans et qu’il séparait l’Antiquité de la Renaissance, mais elle a continué pendant tout le cours. Renseignement pris ensuite, il s’agissait d’une très vieille dame qui suivait déjà les cours avant-guerre peut-être ! Les cours des élèves sont différents des cours pour les audi-
teurs. Je dois dire que j’aime bien regarder ce qui se passe dans la salle. A un cours de techniques il y a quelques années, il y avait une jeune fille qui dormait littéralement, avec sa voisine qui lui donnait des petits coups de coude, sans que cela ne la réveille. A la fin du cours, elle s’était rendormie rien que le temps que je descende de l’estrade. Je me suis approché d’elle et lui ai dit « vous auriez mieux fait de dormir plutôt que de venir, vous vous êtes sans doute couchée très tard cette nuit », et elle m’a dit «oui je suis sortie hier soir », mais elle n’était pas très fière ! Bref il y a beaucoup d’anecdotes que je pourrais raconter, mais que je n’ai pas en tête à l’instant présent. Vous n’assurez donc plus que le cours d’orfèvrerie ? Pour le premier cycle, je n’enseigne effectivement plus que l’orfèvrerie, j’ai abandonné l’histoire générale de l’art car je pense qu’il faut au bout d’un certain temps laisser les autres s’exprimer. Cependant je m’occupe aussi du Master 2. Je conçois l’architecture du séminaire –cette année avec Elisabeth Antoine- et j’essaie de faire intervenir des spécialités intellectuelles différentes : maîtres de conférences, conservateurs, des gens qui se consacrent pleinement aux textes, etc., pour croiser les problématiques et les raisonnements. C’est un assez gros travail, même si j’essaie d’intervenir assez peu moi-même.
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Denis Bruna a avoué dans sa dernière interview que vous n’étiez pas pour rien dans sa vocation pour le MoyenMoyen-âge.
Je sais que l’on m’aimait bien, et j’en suis très heureux. J’aime donner des cours. Il y a toujours un échange qui se fait, volontaire ou non, entre l’auditoire et soi-même, qui est assez sympathique : on voit les gens réagir, on voit qu’ils ont compris, et sinon on recommence les explications d’une autre manière… Vous présidez actuellement l’Association de l’Ecole du Louvre. Depuis quand occupezoccupez-vous ce poste et pourquoi un tel investis-