Longueur d'Ondes n°65 (Automne 2012)

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coup de foudre

DJ Pfel

DJ Atom

20Syl, chanteur d’Hocus Pocus) qui est “un message politique sur le Printemps arabe.” Aujourd’hui, une partie du groupe vit à la capitale, habitué à s’avaler régulièrement ce Paris-Breizh étouffe-chrétien pour rejoindre 20Syl dans son studio de la banlieue sud nantaise (“Un véritable musée d’instruments !”). Qu’il semble loin le temps où les compères répétaient à la bouche et en mimant les gestes des scratchs et les enchaînements avant de monter sur scène. “Mais fini la performance, enchérissent-ils, place désormais à des titres plus amples, tant sur la longueur que sur l’étendue de notre palette chromatique.”

aLbum Contrairement aux DJs traditionnels, piochant dans le répertoire des autres, C2C composent ses propres sons. Une question de droits d’auteur, tout d’abord, mais également une donnée technique, permettant de s’approprier au mieux l’ensemble des éléments : “Sur une centaine de maquettes, quatorze titres ont été retenus. Le but ? Mélanger choc des cultures et prouesse technique, sonorités froides de la machine avec la chaleur de l’organique, l’univers vintage du grain du vinyle avec la précision de la goa (trance).” Avec ce leitmotiv obsessionnel (qui explique, par exemple, l’utilisation du koto, une cithare japonaise, sur le titre F.U.Y.A.) : “Ne pas pouvoir être étiqueté.” Si le résultat est désormais connu, on oublie parfois le soin minutieux apporté “aux rythmiques et à l’unité du répertoire. C’est un véritable album narratif, avec un fil cohérent. Une sorte de mur avec des briques de couleurs différentes… des Legos, quoi !” Et parmi les nombreux invités de l’album (Pigeon John, Olivier Daysoul, Gush, Blitz the Ambassador, Jay-Jay Johanson, Rita J. & Moongaï, Netik, Tigerstyle, Rafik, Kentaro & Vajra), s’ils ne devaient retenir qu’une seule rencontre, ce serait Derek Martin sur le titre Happy, un soul man des années 70, originaire de Detroit et vivant en France : “Il nous a raconté des anecdotes incroyables sur Ray Charles ou sur le fait qu’il n’a pas voulu signer à la Motown parce que Berry Gordy (ndr : le fondateur) voulait sortir avec sa sœur ! Le pire, c’est qu’il a mis du temps à comprendre que nous jouions avec des platines (ndr : “table” en anglais, un faux-ami).” Éclectisme, quand tu nous tiens… 35 LONGUEUR D’ONDES N°65

Live Si les précédents concerts estivaux des C2C ont tôt fait de marteler leur excellente réputation, profitant au bouche-à-oreille exponentiel, l’exercice révèle pourtant un aspect assez paradoxal de leur œuvre : les platines offrent en effet un confort de création dans l’exploitation des sons, mais le show se veut d’une profonde rigueur technique : “Nous avons une liberté dans la création, mais pas dans la restitution. Il faut tout d’abord trouver des astuces pour réussir à rejouer les morceaux. Ensuite, nous essayons de donner un autre sens au live, en réinterprétant certaines parties. On a parfois été tellement déçu par d’autres, répliques exactes de leur album, que nous ne le souhaitons pas pour notre public.” Mais sans prise de risque, sacrifiant l’authenticité pour une rigueur technique (voire une routine), comment rendre un show millimétré unique ? L’émotion nait parfois des

« C’est un véritable album narratif, avec un fil cohérent. Une sorte de mur avec des briques de couleurs différentes… des Legos, quoi ! » hasards, des accidents ou de l’ambiance... “C’est pour cette raison que nous nous filmions au début, pour améliorer notre coordination, mettre en place nos gestes. Mais on ne peut pas se permettre de déstructurer un morceau en live ou de faire une impro à cause du jeu de lumières ou des collègues qui sont dépendants de notre jeu. On change malgré tout les phrases de scratches chaque soir. Mais pour obtenir une vraie tranche d’impro, il faudrait la préparer !” (Rires) Où est le risque, alors ? “Attention, ce n’est pas parce que tout est calé que ce n’est pas casse-gueule. Les quinze premières dates, nous avions vraiment la tête dans le guidon ! Il faudrait que l’on fasse comme Alain e


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