Longueur d'Ondes n°43 (Février-Avril 2008)

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UN K COMME KEBEC

Ariane

Moffatt & Jean-Phi Goncalves EN STUDIO Le bonheur se cueille aussi en studio. Ariane Moffatt raconte le plaisir de créer une troisième galette, comme une bouffée d’air frais au petit matin.

tout bonnement, sans flafla : “J’étais pas mal surpris qu’elle me demande de réaliser avec elle. La première fois que j’ai entendu les pièces d’Ariane, c’était lors d’un souper, chez elle. On avait bu pas mal de vin. Et puis, en fin de soirée, c’était une surprise pour tout le monde, elle nous a fait écouter sa maquette. Le moment était magique.”

D

ébut janvier à Montréal. Une neige légère et fragile blanchit la ville. Un moment poétique, toute en retenue, à l’image de la rencontre avec Ariane Moffatt. Pour l’étape du peaufinage, où Longueur d’Ondes l’a rejointe, elle sculpte, découpe, ajoute de petits éléments, au L Gros Studio, en compagnie de son co-réalisateur Jean-Phi Goncalves (également copropriétaire des lieux avec Alexandre McMahon, tous deux membres du trio électro-organique Plaster). D’humeur joyeuse et posée, Moffatt admet que ce troisième effort va de soi : “On écrit parfois qu’un artiste signe le disque de la maturité. C’est drôle parce que c’est vraiment ce que je ressens. Tout est plus dégagé, les thèmes plus légers. Alors que je ne savais pas à quoi m’attendre pour le premier disque (Aquanaute), le deuxième (Le cœur dans la tête) était plus difficile à gérer du point de vue de la pression qui l’entourait. Là, ma seule intention c’est de m’amuser, d’avoir du plaisir.” Au Québec, le premier a vendu plus de 100 000 exemplaires et le second a charmé au-delà de 50 000 auditeurs, par ses chansons à la fois électroniques et acoustiques. Des chiffres qui révèlent que la jeune Moffatt, encore dans la vingtaine, n’a plus rien à prouver. Particulièrement dans la belle province.

Ariane cherche ensuite à réunir ses plus fidèles complices, des gens en qui elle voue amitié et confiance. On retrouve donc son guitariste de ses tout débuts, Joseph Marchand, le coréalisateur de son deuxième disque au clavier, Alexandre McMahon, et François Plante à la basse. Des complices qui la suivent également sur scène. “T’as la possibilité de travailler avec des noms, des gens qui ont des réputations, mais y’a rien comme de te fier à l’expérience, à ton vécu, relate Ariane. Je préférais aller vers quelqu’un que je connais, qui me connaît, et qui sera complètement investi, prêt à donner son 110%. Je crois même que je sauve du temps en optant pour des gens proches de moi. Y’a moins de choses à expliquer.” DU CŒUR À L’OUVRAGE Au studio de Pierre Marchand (connu pour son travail avec Sarah McLachlan, Daniel Lanois et Rufus Wainwright), elle enregistre en dix jours intensifs, l’ossature du disque. Elle y ajoute même des instruments à corde et à vent. Une première pour celle qui prétend avoir trouvé une plus grande unité de style sur cette troisième galette. La prochaine étape ? Enregistrer des chœurs dans l’Eglise St Michael, un bâtiment de son quartier ; elle avoue s’y retrouver certains lendemains de fête pour y admirer sa beauté, son silence. Puis viennent les voix principales, la dernière couche, captées dans un autre studio situé au Mont Tremblant, où chaque matin elle défile sur les pistes de ski pour ensuite se laisser aller devant un micro, les poumons bien oxygénés. “Avec l’expérience, on apprend que ça prend une belle qualité de vie pour faire de beaux

LES PREMIÈRES HEURES Les débuts de cet album, encore sans nom, se réalisent dans la solitude, dans un local où Ariane assoit au piano des chansons, des intentions. Et c’est seulement après quelques semaines d’exploration qu’elle partage alors ses premiers jets. Jean-Phi Goncalves explique dans quelles conditions,

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