Les voies des Mangini. Entrepreneurs et humanistes lyonnais (extrait)

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MANGINI

Lazare Mangini

ENTREPRENEURS ET HUMANISTES LYONNAIS

Félix Mangini

La famille Mangini Félix Mangini

Lazare Mangini, arrivé en terre lyonnaise en 1829, est le fondateur d’une dynastie d’entrepreneurs et d’humanistes qui ont marqué leur temps. Et leur territoire. Pourtant l’histoire de la famille Mangini reste encore méconnue.

Laurence Duran Jaillard a mis sa plume au service de cette histoire. Longtemps journaliste pour la presse écrite, elle a privilégié le récit, les anecdotes pour faire revivre ces personnages. Et nous les rendre attachants. Marc Seguin

Postface de Philippe Dujardin, politologue, ancien conseiller scientifique de la direction de la prospective du Grand Lyon Paula Seguin

Hélène Bérard

LES VOIES DES MANGINI

LES VOIES DES

Lucien Mangini

Laurence Duran Jaillard

Couverture :

LES VOIES DES

MANGINI ENTREPRENEURS ET HUMANISTES LYONNAIS

LAURENCE DURAN JAILLARD

Dépôt légal : décembre 2018
 20,00 € TTC ISBN 978-2-917659-81-6

Mangini-couv-RESO.indd 11-15

09/11/2018 09:33


LES VOIES DES

MANGINI ENTREPRENEURS ET HUMANISTES LYONNAIS

LAURENCE DURAN JAILLARD


Ce livre est dédié à Jean Léon « Papé » † et Jeanne Mathilde « Mamé » † MANGINI Avec tout notre amour, Maurice BERTHAULT, sans qui les MANGINI seraient tombés dans l’oubli, Isabelle MANGINI, car ce livre nous a rapprochés avec bonheur, Nicole ROSE, qui aime partager son immense connaissance de la famille MANGINI, Philippe CASILE et son association MERCI, pour l’organisation de la « Saga MANGINI » en l’honneur de la famille en juillet 2016.

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TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS.................................................................................p. 5 01 ENTREPRENANT

Lazare Mangini.............................................................................p. 8 02 INDUSTRIELS

Frères Mangini.........................................................................p. 32 03 ENGAGÉ

Lucien Mangini. ........................................................................p. 44 04 GÉNÉREUX

Félix Mangini...............................................................................p. 62 05 PIONNIER

Léon Bérard..................................................................................p. 88 06 INTRÉPIDE

Henri Mangini........................................................................... p. 112 07 CHARITABLES

Anne-Julie Mangini & Hélène Bérard................................................................ p. 132 GRAND ANGLE

Avec Philippe Dujardin, politologue et ancien conseiller scientifique de la direction de la prospective du Grand Lyon ��������������������������������������� p. 152

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AVANT-PROPOS COMMENT J’AI RENCONTRÉ LES MANGINI

C’était le dimanche 10 juillet 2016, un soleil féroce enveloppait toute la petite commune de Saint-Pierre-la-Palud, aux confins du département du Rhône. Et tiens, toute une troupe de gens joyeux, en costume 1900 festoyait sur la place du village. Au milieu

de celle-ci, trônait aussi une drôle de locomotive. Magnifiquement ouvragée, elle arborait des dimensions significatives. On la sentait prête à s’élancer, mais non, elle n’avait que deux morceaux de rails pour tout bagage.

Passionnés ferroviaires Au château de la Pérollière, superbe demeure en retrait de SaintPierre, des salles déroulaient plusieurs expositions. Dans l’une, il était question de voies ferrées, les toutes premières à dessiner la France, on découvrait sur de vieilles cartes postales ou sur d’anciennes coupures de journaux des images de trains d’antan, de gares. On comprenait que les passionnés de la chose ferroviaire – et Dieu sait qu’ils sont passionnés – avaient été à la manœuvre. Cette fois dans une autre salle ce sont les Hospices Civils de Lyon qui s’étaient investis, présentant plus particulièrement le Centre Léon Bérard, célèbre pôle lyonnais spécialisé en cancérologie et qui porte le nom de son fondateur. Et ailleurs, la Société d’Enseignement Professionnel du Rhône (SEPR), reconnue aujourd’hui comme le premier centre de formation initiale professionnelle de la région Auvergne Rhône-Alpes, donnait à voir ses multiples activités.

Qui connaît les Mangini ? Le soir dans la salle des fêtes, un spectacle prenant parfois des allures de théâtre d’ombres, racontait enfin toute l’histoire. Le spectacle s’intitulait « la Saga Mangini, il était une voie ». Voilà, j’étais au cœur de l’affaire, l’association MERCI (Moment Émotion Reconnaissance Citoyen Intemporel) basée à l’Arbresle avait voulu mettre sous les projecteurs la famille Mangini, car elle avait fait souche depuis ces terres. Il fallait dévoiler l’histoire de cette famille très remarquable qui a beaucoup œuvré et donné à Lyon et son territoire. Pourtant, qui connaît les Mangini ? Qui sait que son patriarche, Lazare Mangini, modeste immigré italien débarqué ici en 1829, a participé à la réalisation de la première voie ferrée de France (reliant Lyon à Saint-Étienne) transportant des voyageurs ? Et que ses proches, sa descendance recèlent des personnalités entreprenantes, innovantes, généreuses qui ont marqué cette époque charnière entre le XIXe et le XXe siècle où les esprits ne rêvaient que de progrès. Et mettaient tout en œuvre pour les réaliser.

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ENTREPRENANT

Lazare Mangini

C’est lui, Lazare, le patriarche fondateur de cette passionnante famille Mangini dont les membres successifs se sont distingués. Instillant dans la région lyonnaise et bien au-delà les bienfaits du progrès. Lazare est une personnalité exemplaire par son esprit d’entreprise, sa force de travail, sa détermination.

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Un modeste IMMIGRÉ ITALIEN Il est né Lazare « Mangino » le 20 juillet 1802, à Torriglia village perché dans la montagne appartenant au duché de Gênes. Son père était chaudronnier, l’homme est donc d’origine modeste, mais on devine qu’il a grandi dans une famille dure à la tâche. La chaudronnerie est un rude labeur, on y travaille la matière, déploie une maîtrise technique, on se cogne à bien des difficultés. Lazare est sorti de ce terreau-là et même si on n’en sait guère plus sur sa famille italienne, on imagine qu’il a puisé dans cet environnement sa force de caractère. C’est un des . rares portraits . de Lazare Mangini. Depuis son Italie natale, il a fait bien du chemin.. © Fonds Nadine . de Montfalcon

Il quitte l’Italie pour arriver dans la région lyonnaise en 1829. Pour quelles raisons prend-il la route et émigre-t-il vers la France ? Certains suggèrent des motifs politiques, en lien avec le mouvement des « carbonaros » luttant pour la libération de l’Italie. Peut-être, peut-être pas… Mais la région lyonnaise devient sa terre d’ancrage, il ne juge pas nécessaire de s’intégrer à la diaspora italienne, préfère suivre son propre chemin. Sur ce chemin, il rencontre un homme extraordinaire, un inventeur à l’esprit bouillonnant, l’Ardéchois Marc Seguin. Celui-ci va embarquer le jeune immigré italien dans

Marc Seguin, inventeur tous azimuts, est le . petit-neveu des frères Montgolfier. . Il a de qui tenir. Sur ce tableau, Marc Seguin est en tenue de membre correspondant de l’Académie des Sciences. . © Fonds Valérie . Lefèvre Seguin

l’aventure des chemins de fer. Marc Seguin et ses frères « en tête de convoi », suivis par Lazare Mangini et son savoir-faire en matière de chantier, seront à l’origine de la première ligne ferroviaire de France transportant des voyageurs. Ni plus, ni moins.

Marc Seguin, INVENTEUR GÉNIAL On ne peut se pencher sur la vie de Lazare Mangini sans évoquer longuement le personnage Marc Seguin. Celui-ci l’a littéralement mis sur les rails. Né le 20 avril 1786 à Annonay en Ardèche, il est certes plus âgé que Lazare Mangini, mais des liens professionnels puis familiaux vont les réunir, construire un long compagnonnage et une réelle amitié. Par sa mère, Marc Seguin est le petit-neveu de Joseph et Étienne de Montgolfier, les célèbres inventeurs des ballons à air chaud, les bien nommées montgolfières ; première étape de la conquête du ciel par les hommes. Marc Seguin a donc de qui tenir. Il suit auprès de son oncle Joseph de Montgolfier, alors démonstrateur au Conservatoire des Arts et Métiers, une formation scientifique et montre de véritables dons pour inventer tous azimuts : ponts suspendus, résistance des matériaux, chaudière pour locomotive, bateau à vapeur… tout l’intéresse, tout le motive, tout lui réussit.

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IL INVENTE LES PONTS SUSPENDUS Le procédé des ponts suspendus est connu depuis l’Antiquité, mais faits de cordes et de chaînes, ils ne pouvaient franchir que d’étroites rivières. Marc Seguin se penche sur la problématique des matériaux, leur résistance puis imagine une solution de suspension par câbles, qui permet bien mieux la circulation de véhicules sur le pont. Après un premier test sur un petit pont au-dessus de la rivière Cance à Annonay, il passe à la dimension supérieure. Aidé de ses quatre frères, il réalise en dix-huit mois le pont de Tournon au-dessus du Rhône, reliant en août 1825 la ville ardéchoise à Tain l’Hermitage dans la Drôme. Fait de câbles de fer et de travées de 85 mètres, cet ouvrage est bien le premier grand pont suspendu léger, construit en Europe. Sur ce modèle les Frères Seguin, ou d’autres utilisant le système Seguin, érigeront au fil du temps plus de 100 ponts suspendus légers. Comme celui de Tancarville au-dessus de la Seine ou le célèbre Golden Gate Bridge de San Francisco.

Pétulante CHAUDIÈRE Cette fois, Marc Seguin fait bouillonner son esprit du côté des chaudières à vapeur, celles qui équipent les locomotives, les bateaux. Il serait temps qu’elles se montrent plus performantes. Il conçoit donc « la chaudière tubulaire », une invention pour laquelle lui est délivré un brevet le 22 février 1828. Il a compris que la quantité de vapeur produite par une chaudière est proportionnelle à la surface présentée au feu. Il imagine donc une chaudière faite de longs et nombreux tubes, de diamètre étroit et traversés par l’air chaud. La surface de chauffe est décuplée, l’air brûlant issu du foyer, via ses tubes dégage de ce fait une énorme quantité de vapeur. Marc Seguin valide le principe de sa chaudière tubulaire en en équipant un bateau à vapeur de son crû. Il s’agit du « Voltigeur » bateau qui vogue sur le Rhône, entre Arles et Lyon, propulsé par une chaudière munie de 80 tubes de 4 centimètres de diamètre et de trois mètres de long. Pour la cause, Marc Seguin a créé une société de transport fluvial. Il tourne ensuite son regard vers les locomotives. En particulier celle de l’Anglais Georges Stephenson qui roule « poussivement » à neuf kilomètres-heure. Il échange avec l’Anglais, lui achète même en avril 1828 deux de ses locomotives. Puis se décide à concevoir ses propres locomotives, équipées forcément d’une chaudière tubulaire. La production de vapeur est maximale, d’autant que le passage forcé dans la cheminée de la locomotive augmente le tirage et l’engin atteint la vitesse époustouflante de 50 kilomètres à l’heure !

ENTREPRENANT LAZARE MANGINI 11

La locomotive . de Marc Seguin reconstituée à l’identique, mais . à échelle moindre par l’ARPPI . (Association pour . la Reconstitution et la Préservation du Patrimoine Industriel).. © Association MERCI



Pour illustrer la personnalité et la détermination de Lazare Mangini, je voudrais citer les mots de son ami Marc Seguin. Celui-ci disait à ses fils " Je vous ai armés pour la vie en vous donnant l’éducation et la formation la plus complète à laquelle vous pouviez prétendre. C’était mon devoir. Si je vous aimais vraiment, je devrais maintenant souhaiter qu’il ne vous reste rien de moi, pour que vous ayez la joie de lutter pour vous refaire une même vie." À mon avis, Lazare Mangini et plus largement les Mangini avaient la même conception de la vie. Enfin un point me semble essentiel : Lazare Mangini a mis ses compétences au service de sa nouvelle patrie. Avec quel succès ! Ceci montre bien que les étrangers, les immigrés sont une source de progrès pour leur pays d’accueil. Cette histoire exemplaire de Lazare Mangini prend tout son sens aujourd’hui, avec l’arrivée massive de migrants en Europe. Oui, comprenons-le, ils peuvent être source de progrès pour nous. »

À VARAGNES CHEZ MARC SEGUIN, UNE DEMEURE DÉDIÉE AUX SCIENCES

C’est une matinée ensoleillée de juillet, à la frange d’Annonay en Ardèche. Le portail franchi, la petite route de sable circule entre prairies, cèdres, arbres fruitiers, arbustes en pots. Le paysage est largement ouvert, apaisant avec en fond les montagnes bleutées d’Ardèche. Nous voilà arrivés à Varagnes, chez Marc Seguin. C’est là

qu’il s’installe en 1859, dans une imposante maison constituée de bâtiments d’époques différentes. Il la transforme alors, la modèle littéralement pour en faire une demeure dédiée à la science. Aux sciences. Varagnes se révèle un lieu unique en son genre qui nous raconte les visions, les réflexions de ce savant très inspiré du XIXe siècle, Marc Seguin. L’ami, le parent, le partenaire de Lazare Mangini.

Une serre extraordinaire Nous voilà dans une immense pièce, quasi un hall, très haute et tout habillée de verre. Les parois vitrées et le toit de verre laissent entrer généreusement la lumière du sud, la température est encore douce. Dans les hauteurs court un balustre de bois sculpté, au sol se succèdent parquets de bois, pierres grises, tomettes rosées. Un buste de Marc Seguin est posé à terre, à côté d’une statue à l’antique signée de son fils, Augustin Seguin. Dans cet espace un peu vide, mais si lumineux où s’invite le paysage ardéchois, l’atmosphère est magique, poétique.

ENTREPRENANT LAZARE MANGINI 23

En face :. Ce document en date du 30 août 1882 procède à la succession de Lazare Mangini.. © Fonds Véronique Bérard


◊ 1. Avec sa serre extraordinaire, Varagnes est . vraiment une . demeure unique. . © Denis Jaillard



◊ 2 Outre sa beauté, cette serre est dotée de performances techniques remarquables.. © Denis Jaillard



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◊ 3 Dans cette pièce sont exposés des instruments scientifiques de l’époque.. © Denis Jaillard

◊ 4 Pièce dédiée . à la mécanique.. Moto Gnome Rhône, 1925.. © Denis Jaillard

◊ 5 Marc Seguin . s’intéressait aussi . à la chimie.. © Denis Jaillard

◊ 6 Ce buste sculpté . de Marc Seguin veille sur tout le savoir abrité dans . la bibliothèque.. © Denis Jaillard



GRAND ANGLE Philippe Dujardin Politologue, ancien conseiller scientifique de la direction de la prospective du Grand Lyon

Des vies d’artistes en des temps nouveaux La galerie de portraits fut d’usage durant l’antiquité romaine et son ressort puissamment réactivé dans l’Italie humaniste du XVe siècle. Personnages éminents, hommes illustres, ont ainsi participé à l’édification tout autant qu’à la renommée de leurs nobles commanditaires. Nos temps démocratiques sont bien plutôt ceux du portrait singulier, de la modeste « photo de famille » et de l’encombrement possible par la photographie du manteau de cheminée. Mais il revient à l’écriture de rendre possible, à nouveau, la galerie de portraits, attestant un lignage remarquable, ennoblissant une histoire familiale. Telle cette galerie des Mangini qu’installe pour nous Laurence Duran Jaillard. On ne cesse de s’étonner de telle trajectoire, de telle capacité d’innovation, de telle habilité dans les alliances matrimoniales, de telle capacité de transmission. Mais le talent, voire le génie des individus, n’est intelligible qu’au regard des conditions de possibilité qui en rendent l’expression possible. Ces conditions historiques furent celles de « temps nouveaux », temps de rupture, mais aussi temps de suture si l’on veut bien considérer ce génie du lieu où la saga des Mangini et de leurs alliés trouva à se développer.

Les temps nouveaux, temps de rupture Les temps nouveaux, temps des Seguin, des Mangini, des Guimet, des Gillet, des Lumière, des Bérard… sont, à coup sûr, ceux de ladite révolution industrielle, initiée dès le XVIIIe siècle en Grande-Bretagne, essaimant en Europe continentale dans la première moitié du XIXe siècle. Peu auront aussi bien décrit le bouleversement en cours que le jeune Marx, auteur à 30 ans du célèbre Manifeste :

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« L’ancien mode de production féodal ou corporatif de l’industrie ne suffisait plus aux besoins qui croissaient sans cesse à mesure que s’ouvraient de nouveaux marchés. La manufacture prit sa place. La petite bourgeoisie industrielle supplanta les maîtres de jurande ; la division du travail entre les différentes corporations céda à la division du travail au sein de l’atelier même. Mais les marchés s’agrandissaient sans cesse : la demande croissait toujours. La manufacture, à son tour, devient insuffisante. Alors, la vapeur et la machine révolutionnèrent la production industrielle. La grande industrie moderne supplanta la manufacture ; la moyenne bourgeoisie manufacturière céda la place aux millionnaires de l’industrie, aux chefs de véritables armées industrielles, aux bourgeois modernes. » Le décor est là, abruptement campé, dès 1848. Mais c’est à un philosophe contemporain des sciences et des techniques, François Dagognet, que l’on peut demander une formule plus condensée du basculement en cours. François Dagognet ramasse ainsi la formulation de ce basculement : les temps nouveaux sont ceux du passage de l’âge du manu-facturé à l’âge du machino-facturé. De la transformation de la matière produite encore à la main, même si celle-ci est outillée, s’extrait un système où le corps est le simple auxiliaire de la machine. Le temps advient, alors, de la non-qualification comme possible moyen du travail, temps du manœuvre, homme, femme ou enfant, temps du prolétaire. Temps du manœuvre, temps du salariat, temps de la simple reconduction de la force journalière de travail : temps de ladite « question sociale » que mettent en exergue les travaux d’Engels sur la condition ouvrière en Grande-Bretagne ou le rapport du docteur Villermé en France. Et c’est bien sur le fond de cette question sociale que s’inventent les variantes des socialismes, Lyon apparaissant en Europe continentale, comme le foyer et le laboratoire de ces expériences nées de la conscience des limites des révolutions proprement politiques accomplies ou en cours. Les disciples de Saint-Simon, les Proudhon, les Fourier ne séjournent pas et n’œuvrent pas à Lyon par hasard. Si l’on entend bien ce qui se joue là, on devine quel ébranlement affecte la configuration quasi mono-manufacturière de la cité lyonnaise. Celle-ci a construit sa prospérité et sa renommée, depuis la Renaissance, sur le système de la Fabrique : soies et velours, de haute, de très haute valeur ajoutée, sont produits par des chefs d’atelier, hautement qualifiés, propriétaires de leur outil de travail. Leur relation de dépendance à l’égard du banquier-négociant ou du commissionnaire donneur d’ordres n’entache en rien la conscience de participer à une élite que l’on hésite même à nommer ouvrière. Et le paradoxe historique est alors intelligible : c’est sur cette élite, maîtresse d’éminents savoir-faire, reconductrice, sur le mode insurrectionnel de 1831 et 1834, des luttes anciennes pour le tarif, qu’est indexée la qualité d’avant-garde des révolutions sociales du XIXe siècle. Or l’industrialisation

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Remerciements Merci à Guy Mangini qui m’a fait confiance pour réaliser ce livre. Merci à l’association MERCI (Moment Émotion Reconnaissance Citoyen Intemporel) à l’origine de l’évènement « La Saga Mangini » en juillet 2016 et qui, à cette occasion, m’a confié la réalisation d’un premier petit livre sur la famille Mangini. Je remercie en particulier son président Philippe Casile et aussi Corinne Authelain, Pierre Deslorieux. Merci à Philippe Dujardin, politologue, chercheur au CNRS et qui a accepté d’apporter une contribution historique et approfondie à cet ouvrage. Je remercie aussi toutes les personnes qui ont bien voulu m’ouvrir leurs portes, me prêter des documents, témoigner, enrichissant ainsi ce récit. Soit : Maurice Berthault – Valérie Seguin et Jean-Marc Lefèvre (Fondation Seguin) – l’association « les Amis du Vieil Arbresle » – L’association « Charbonnières d’Hier et d’Aujourd’hui » – La Mairie de Charbonnières – Michel Vaissier – Isabelle Mangini – Nicole et Régis Rose – Véronique Furlan (SEPR) – Anne Sophie Clemençon – Emanuele Cozzani – Enedis et le directeur de la Pérollière – Jérôme Bérard – Véronique Bérard – Nathalie Blanc (Centre Léon Bérard) – Eric Bérard – Hélène Béraud – Nathalie et Philippe Gaillet (la Source Dorée) – Sergueï Piotrovitch (Musée des HCL) – Nadine et Xavier de Montfalcon.

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Édition Libel, Lyon www.editions-libel.fr

Conception graphique Pauline Chaffard

Photogravure Résolution HD, Lyon

Impression Kopa

Dépôt légal : décembre 2018 ISBN : 978-2-917659-81-6

Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme ou par quelque moyen électronique ou mécanique que ce soit, y compris des systèmes de stockage d’information ou de recherche documentaire, sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Première édition © Éditions Libel.


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Lazare Mangini

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La famille Mangini Félix Mangini

Lazare Mangini, arrivé en terre lyonnaise en 1829, est le fondateur d’une dynastie d’entrepreneurs et d’humanistes qui ont marqué leur temps. Et leur territoire. Pourtant l’histoire de la famille Mangini reste encore méconnue.

Laurence Duran Jaillard a mis sa plume au service de cette histoire. Longtemps journaliste pour la presse écrite, elle a privilégié le récit, les anecdotes pour faire revivre ces personnages. Et nous les rendre attachants. Marc Seguin

Postface de Philippe Dujardin, politologue, ancien conseiller scientifique de la direction de la prospective du Grand Lyon Paula Seguin

Hélène Bérard

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Lucien Mangini

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LES VOIES DES

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LAURENCE DURAN JAILLARD

Dépôt légal : décembre 2018
 20,00 € TTC ISBN 978-2-917659-81-6

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