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Fabien Boutard, l’apprenti chef d’entreprise Entre l’entreprise familiale de fournitures industrielles et du bâtiment et le CJD, dont il préside la section de Tours, Fabien Boutard ne ménage pas ses efforts pour se former au métier de patron.
À
29 ans, Fabien Boutard se considère comme « un apprenti chef d’entreprise ». Belle marque d’humilité pour ce jeune homme qui se prépare à prendre – dans quelques années – les rênes de l’entreprise familiale de fournitures pour l’industrie et le bâtiment, aujourd’hui dirigée par son père Xavier. Car, s’il pilote les agences de Tours et de Blois, tout en occupant la fonction de directeur commercial de cette entreprise dont le siège est à St-Ouen, près de Vendôme, l’apprenti patron estime que rien ne presse. «Il faudra encore entre deux et quatre ans pour préparer la succession», ditil avec sagesse. En attendant, il se
frotte à la solitude du dirigeant… en rencontrant d’autres chefs d’entreprise au sein du CJD, dont il préside la section de Tours depuis juin 2011. «C’est essentiel pour échanger, confronter des expériences, construire un réseau », assure Fabien Boutard, qui apprécie tout particulièrement la commission « miroir » du CJD où un membre du groupe expose un problème que les autres doivent, tour à tour, analyser avant de proposer sa résolution. Une variante de la méthode des cas inventée par la Harvard Business School, destinée à développer les capacités de réflexion et d’action des futurs managers.
La société Boutard (15 M€ de CA), qui emploie 85 personnes sur ses quatre sites régionaux, privilégie aujourd’hui une croissance interne et régulière sur un marché atomisé, dominé par le lyonnais Descours & Cabaud (Hoorman en région Centre) et ses 2,3 Md€ de CA. Mais rien n’est gravé dans le marbre : « Il faut atteindre une certaine taille pour amortir le coût de fonctions comme la logistique, le SAV et l’expertise métiers d’une entreprise qui propose 20 000 références à ses clients ». Faudra-t-il envisager une acquisition pour grandir plus vite ? C’est peut-être une étude de cas à propoFXB ser au CJD.
Didier Gadiou, un patron au tribunal Fort de son expérience de pdg chez Materlignes, Didier Gadiou souhaite ouvrir en grand les portes du tribunal de commerce de Tours.
«L
es chefs d’entreprise doivent, le plus tôt possible, pousser la porte de notre tribunal. Notre rôle est de les aider, pas uniquement sanctionner ! ». Le ton est donné. Avant de siéger dans son impressionnante robe noire, Didier Gadiou s’est montré un patron performant dont les talents ont été salués, à 37 ans, par le Grand prix de l’entrepreneur. Diplômé de Sciences Po Paris, Didier Gadiou a fait ses premières armes chez Béton Sanca avant de rejoindre Materlignes, spécialisée dans les infrastructures électriques et télécoms. Humble, il ne parlera que de sa société, classée 38e parmi les plus belles entreprises françaises en 1997 : « Elle est passée de 5 MF à 200 MF, souligne le Vendômois, et de 38 à 200 salariés ». Ces résultats sé-
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duisent Schneider Electric qui acquiert la PME en 1999. En 2003, Didier Gadiou s’engage au tribunal. Son expérience sert le juge dès ses premières audiences. Au bout d’un an seulement passé en section contentieuse, il devient juge commissaire dans la section de procédures collectives… avant de présider la chambre. « Le tribunal doit perdre son image menaçante dans l’inconscient collectif », souligne ce féru d’histoire, qui rappelle qu’au Moyen Âge les mauvais payeurs étaient couverts de chaînes. Or, le tribunal affiche un taux de réussite de 70% lors des procédures de conciliation : « C’est un outil très efficace, surtout en cas d’accident de parcours », appuie le président. «Le tribunal est un vivier d’expériences, j’espère
vivre encore de belles histoires de redressement comme Mecachrome ou Maisoning », se réjouit Didier Gadiou, qui apprécie le fonctionnement de la maison. Autre tradition tourangelle, le mandat unique, que le président entend respecter : « C’est une bonne règle de gouvernance. Mais redemandez-moi dans 4 ans », plaisante-t-il. EP