Sylvester Stallone, héros de la classe ouvrière (extrait)

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On peut penser que Sylvester Stallone se situe plutôt dans cette dernière conception du rêve américain (contrairement à celle du président Ronald Reagan, qui se situe plutôt dans le rêve d’ascension sociale). Car le propos de Sylvester Stallone est toujours de nous décrire un homme qui essaie de se montrer à lui-même qu’il n’est pas un « loser »: « Le rêve américain est un rêve universel, un rêve d’accomplissement personnel. On l’appelle ainsi uniquement parce que les États-Unis constituent une jeune nation. Le rêve américain ce n’est d’ailleurs pas de parvenir à son but, c’est d’abord de saisir l’opportunité de le réaliser, d’attraper cette chance. Dans le premier film de la série qui lui est consacrée, Rocky perd mais il a eu l’opportunité de tenter sa chance en se battant contre le champion en titre, Apollo Creed. Voilà ce que représente le rêve américain à mes yeux. »6 Le personnage de Rocky Balboa est un antihéros dans le premier film de la saga, très ancré dans son époque (c’est ce qu’on appelle un « héros de gauche », c’est-à-dire un éternel perdant) mais il annonce aussi les héros du cinéma américain des années quatre-vingt car il accepte l’offre du combat de sa vie lorsque le promoteur de boxe lui rappelle le rêve américain : « Rocky, croyez-vous que ce pays donne sa chance à ceux qui veulent la saisir ? »7 C’est un scénario que Stallone a écrit après avoir assisté au combat de boxe entre Mohamed Ali et l’inconnu blanc Chuck Wepner8. En effet, l’acteur assiste

5. Cullen (Jim), The American Dream: A Short History of an Idea That Shaped a Nation, Oxford University Press, New-York, 2003, pp. 7-9 : “This book explores a few varieties of the American Dream: their origins, their dynamics, their ongoing relevance (…) I begin with what I regard as the first great American Dream, that of small groups of English religious dissenters who traversed an ocean seeking a way of worshipping God as they saw fit (...) I then proceed to examine what I call the charter of the American Dream: the Declaration of Independence (...) From there, I turn to one of the mostfamiliar American Dreams: that of upward mobility, a dream typically understood in terms of economic and/or social advancement (...) I discuss what I regard as one of the most noteworthy – and unsuccessful – of all American Dreams: the quest for equality, focusing specifically on the struggle of African Americans (...) Which brings me to my final American Dream. This is also a dream of personal fulfilment.” 6. Toullec (Marc), interview de Sylvester Stallone, CinéLive n° 78, avril 2004, p. 90. 7. Avildsen (John G.), Rocky, États-Unis, 1976, 56’39-56’45. 8. L. (Christophe) et Braucourt (Guy), Sylvester Stallone, Pac, Paris, 1985, p. 30.

INTRODUCTION

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