LettMotif éditions, catalogue 2017

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que je l’aime. Est-ce que les critiques partent avant la fin du film ? Est-ce qu’ils partent avant la fin ? »125 Et, en effet, si on analyse le film avec un avis moins tranché que celui des critiques de l’époque, on peut constater que John Rambo n’est pas si éloigné du personnage exposé dans le premier volet réalisé par Ted Kotcheff. Rambo reste un représentant de la communauté amérindienne, avec une apparence qui le rapproche encore plus de ses origines (l’arc, les flèches, le bandeau dans les cheveux, une aisance à vivre dans la nature…). John Rambo évoque une nouvelle fois la figure christique voulue par Sylvester Stallone. Il est torturé par les Vietnamiens et les Russes lors de son emprisonnement.126 Pour Sylvester Stallone, le héros doit montrer sa bravoure par sa souffrance, afin de montrer à l’humanité son héroïsme : « Le héros est celui qui doit mourir ou, faute de mourir, souffrir intensément dans sa chair, exposer sa souffrance au monde pour racheter les fautes et les faiblesses des hommes et apaiser la colère des Dieux. L’universalité du héros américain est inscrite dans son être même comme elle était l’essence de son modèle, le Christ qui non seulement offre sa chair et son sang en holocauste mais qui veut que ce sang soit répandu “pour la multitude en rémission des péchés” (Mathieu, 26, 28) et que ce sacrifice se renouvelle chaque jour dans le rituel de la liturgie religieuse. »127 La conscience de classe présente dans le discours final du premier Rambo se retrouve également dans celui du second volet. Encore une fois, Rambo se confie au colonel Trautman et lui indique qu’il ne désire qu’une chose : « Que notre pays nous aime autant que nous, nous l’aimons. Voilà ce que je veux ».128 Ce « pays » auquel il fait référence, ce sont encore ces personnes aisées qui ne sont pas parties au front et qui continuent à détester les vétérans du Vietnam. De plus, il faut souligner que le représentant du gouvernement américain qui 125. Collins (Nancy), interview de Sylvester Stallone, Rolling Stone n°463-464, 19 décembre 1985 - 2 janvier 1986, p. 126. 126. Pan Cosmatos (George), Rambo II, La Mission, États-Unis, 1985, 47’50-48’30. 127. Ungaro (Jean) « Le corps sacrificiel du héros » in Frédéric Gimello-Mesplomb (dir.), Le Cinéma des années Reagan, un modèle hollywoodien ?, op. cit., p. 171. 128. Pan Cosmatos (George), Rambo II, La Mission, États-Unis, 1985, 1h28’43-1h28’52.

Sylvester Stallone, héros de la classe ouvrière (David Da Silva)

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