Ragnar Kjartansson

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p. 1 – 2 : The End – Venezia (2009) Performance de six mois à l’occasion de laquelle Ragnar Kjartansson peint quotidiennement le portrait d’un jeune modèle masculin / Performance lasting six months in which Kjartansson painted a young male model, creating one painting each day Commande du / Commissioned by the Center for Icelandic Art pour le Pavillon islandais à la 53e biennale de Venise / for the Pavilion of Iceland at the 53rd Venice Biennial Photo : Rafael Pinho Courtesy de l’artiste / of the artist, Luhring Augustine (New York) & i8 Gallery (Reykjavik)

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p. 3 – 4 : Bjarni Bummer Listens to “Take It Easy” by Eagles (2014) Vue de la performance à / View of the performance at Skúrinn (Reykjavik), 01.11 – 02.11 2014 Photo : Lilja Gunnarsdóttir Courtesy de l’artiste / of the artist, Luhring Augustine (New York) & i8 Gallery (Reykjavik)

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p. 16 – 18 et couverture / and cover : The Great Unrest (2005) Performance quotidienne / Daily performance Vues de l’installation / Views of the installation, Dagsbrún building, The Reykjavik Arts Festival (Reykjavik), 16.05 – 20.06 2005 Photo : Fridrik Örn Courtesy de l’artiste / of the artist, Luhring Augustine (New York) & i8 Gallery (Reykjavik)

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UNE FOIS, ENCORE Par Laure Fernandez Il resta donc là, entre vie et mort, et le temps passa – ou, plus exactement, il cessa de passer. — Halldór Laxness, Lumière du monde J’ai dit que l’artiste n’avait qu’un instant ; mais cet instant peut subsister avec des traces de l’instant qui a précédé, et des annonces de celui qui suivra. — Denis Diderot, Pensées détachées sur la peinture Au commencement (Der Klang der Offenbarung des Göttlichen, 2014) Acte 1. Roches noires sous lourd ciel nuageux. L’orage gronde, plus fascinant que menaçant. Les vagues se forment et se déforment au son des cordes de l’orchestre. Acte 2. Une forêt sous les flocons. Tombée de la nuit ou levée du jour : le ciel mêle tons de rose et nuances de jaune, tandis que s’élèvent les voix d’un chœur céleste et invisible. Acte 3 de ce drame sans humain. Le rideau s’ouvre sur le calme d’une nuit étoilée. À cour, au milieu des montagnes de contreplaqué, les restes d’une construction de bois s’embrasent, lentement léchés par les flammes. Tableau vivant qui aurait été déserté. Acte 4. Dernier acte. Sommes-nous dans une grotte ? Des stalactites de glace encadrent un paysage hivernal, serein et puissant, recouvert d’une épaisse couverture cotonneuse de peinture blanche. La nuit s’installe, et avec elle, les différentes clartés artificielles de l’obscurité. 19




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p. 52 – 55 Bonjour (2015) Coproduction Palais de Tokyo & Festival d’Automne à Paris

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p. 58 – 60 World Light – The Life and Death of an Artist (2015) Une commande de / Commissioned by Thyssen-Bornemisza Art Contemporary (Vienne / Vienna)

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SEUL CELUI QUI CONNAÎT LE DÉSIR Conversation entre Ragnar Kjartansson et Julien Fronsacq Julien Fronsacq : Un grand nombre de vos œuvres ont une forte dimension performative, impliquant la durée, la répétition et l’engagement physique. À l’occasion de l’exposition « The Palace of the Summerland 1 », vous avez transformé l’espace d’exposition en studio de cinéma, où vous travailliez à interpréter sans cesse des chapitres du roman épique islandais Lumière du monde (1936 – 1940) de Halldór Laxness  2. Markús Thór Andrésson souligne que votre approche de la performance est très différente de celle des artistes des années 1970  3 qui envisageaient l’expérience performative comme épreuve. Pourtant, répéter un refrain pendant trente minutes (God, 2007) ou chanter pendant douze heures un aria de Mozart (Bliss, 2011), cela n’exige-t-il pas également une implication forte de la part des interprètes ? Ragnar Kjartansson : De ces performances, je ne garde que le souvenir d’un sentiment d’accomplissement. C’est toujours un plaisir intense que de faire taire 61

l’effervescence de sa vie pour se concentrer sur une seule chose. Je crois que la différence entre mon approche et celle de la tradition classique de la performance des années 1970 est une question d’attitude et de contexte. Je m’attache à la joie et à l’ironie qu’il y a à faire ces pièces plutôt qu’à l’héroïsme. Il existe toutefois une forme de jouissance dans l’héroïsme. Il est extrêmement satisfaisant de réaliser quelque chose qui a l’air d’une prouesse. Mais les miennes sont des prouesses de spectacle. Si certaines de mes performances nécessitent un effort physique éprouvant, la difficulté principale reste l’ennui et le sentiment d’insignifiance. Elles ont quelque chose à voir avec la vaste et accablante tristesse de l’existence. JF : Voulez-vous dire que l’effort mis en scène dans la performance a un aspect positif ? Dans vos performances, l’effort diffère de l’effort quotidien, car il permet au performeur de se concentrer de manière très singulière et précise.


A Lot of Sorrow (2013) Performance avec / featuring The National ; 6h Vues de la performance / Views of the performance, dans le cadre de / as part of Sunday Sessions, MoMA PS1 (New York), 05.05 2015, 12 h – 18 h / 12 pm – 6 pm Photo : Elisabet Davidsdottir Courtesy de l’artiste / of the artist, Luhring Augustine (New York) & i8 Gallery (Reykjavik)

p. 82 – 83 : Take Me Here By the Dishwasher: Memorial for a Marriage (2011 – 2014) Performance et installation video / Performance and film installation Vue de l’exposition / View of the exhibition « Me, My Mother, My Father, and I », New Museum (New York), 07.05 – 29.06 2014, Photo : Benoit Pailley Courtesy New Museum (New York), de l’artiste / of the artist, Luhring Augustine (New York) & i8 Gallery (Reykjavik)


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Vitrine, noir de fumée / Glass case, lampblack (2012) D’après / After Hans Baldung Grien, La Jeune Fille et la Mort / Death and the Maiden, 1517, Kunstmuseum (Bâle / Basel) 180 × 93 × 37 cm Courtesy de l’artiste / of the artist

Vue de l’exposition / View of the exhibition « Iota Pictura », La Verrière / Fondation d’entreprise Hermès (Bruxelles / Brussels), 11.10 2012 – 01.12 2012 Photo : Fabien de Cugnac


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