Jean-Michel Alberola

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Jean-Michel Alberola « L’Aventure des détails » Palais de Tokyo 19.02 – 16.05 2016

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Une surface / Passage du temps (2015) Huile sur toile / Oil on canvas 92 × 75 cm Photo : Bertrand Huet / Tutti Celui qui cherche la sortie (2006 – 2008) Huile sur toile / Oil on canvas 99 × 73 cm Collection particulière / Private collection Photo : Bertrand Huet / Tutti Courtesy  Galerie Daniel Templon (Paris, Bruxelles / Brussels)

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La Vision de Stevenson (2005) Encre sur papier / Ink on paper 150 × 114 cm Photo : Rebecca Fanuele Courtesy de l’artiste / of the artist et / and Galerie Maïa Muller (Paris)


Dr Jekyll and Mr Hyde (2007) Encre sur papier / Ink on paper 31 × 23 cm Photo : Fabrice Gousset Partie inconnue (2009 – 2014) Huile sur toile / Oil on canvas 18 × 14 cm Photo : Bertrand Huet / Tutti

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page ci-contre / opposite page Celle qui fait pschitt ! (2001 – 2002) Huile sur toile / Oil on canvas 46 × 45 cm Photo : Bertrand Huet / Tutti Ni la loi, ni la grâce. Arthur Rimbaud (1999) Pierre noire sur papier / Black chalk on paper 21 × 15 cm Photo : Fabrice Gousset Fin des opérations (2011) Poudre de fusain et pigment sur papier / Charcoal powder and pigment on paper 76,5 × 56 cm Photo : Bertrand Huet / Tutti Courtesy Galerie Daniel Templon (Paris, Bruxelles / Brussels)

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Icône des populations (film) (2014) Fusain, sanguine et pastel sur papier / Charcoal, sanguine and pastel on paper 76,5 × 57 cm Photo : Fabrice Gousset La Vision des habitants de Watts en 1965, III (2015) Huile sur toile / Oil on canvas 146 × 97 cm Photo : Bertrand Huet / Tutti

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Pharmacie (Karl Marx à Arnold Ruge, 1843) (2002 – 2003) Huile sur toile / Oil on canvas 61 × 50 cm Photo : Bertrand Huet / Tutti

La Parole ne pas (2005) Peinture glycéro sur statuette en bois / Glycero paint on a wooden statuette 33 × 13 × 9 cm Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain (Paris) Photo : André Morin


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L’Addition des détails Chapitre premier par Jean-Michel Alberola

Il y aurait donc une tentative, ici, de démontrer qu’une unité se faufile au milieu de ce désordre. Comme une fourmi qui porterait plus que son poids vers l’entrée de la fourmilière. Nous dirons (le « nous » qui implique un groupe perturbera l’énoncé)… Ce groupe qui est-il ? De quoi parle-t-il ? Il parle déjà comme un papillon précaire ou encore comme un chien des villes ou encore une fois comme un autre papillon et une autre fois comme le même chien, puis comme un homme ou une femme étrangère parlant ou chantant une petite langue qui va disparaître, avec sa grammaire précise et étoilée. Le groupe est composé de différents registres de voix. La même voix mais à des heures variées, la même voix éprouvant des sentiments successifs, la même voix perdant le fil… Arrêtée dans son élan et par là conservant toute sa puissance de départ. Ce groupe construit des détails. Ces détails découpés et collés entre eux (en respectant une obligatoire aération) forment un échafaudage qui ne sert à rien de précis si ce n’est qu’à être un échafaudage. Il ressemble à l’inconscient, puisqu’il démontre que l’addition des détails est sans fin et que celle-ci invente une apparence en devenir dont nous ne connaissons pas la suite. Cette forme augmente, ne laissant rien de côté. Il n’y a plus de hiérarchie, il n’y a plus d’ordre connu, il n’y a plus de désordre implicite. Tout est là dans cette tentative qui ne démontre plus rien. Surtout pas une unité. Puisque l’unité, ici, n’est que la trajectoire de la fourmi. Texte publié dans Koshkonong, n° 4, printemps 2014

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Celui qui se surprend par Dominique Païni

Un artiste lie par son art : puisque l’art est beauté, forgée par l’artiste. Il est certes bien étourdi et stupide, celui qui verra la beauté des choses naturelles aussi bien qu’artificielles sans en même temps contempler et admirer l’intelligence qui a fait advenir toutes choses dans l’univers 1 . – Giordano Bruno, Des liens La promenade dans l’œuvre de Jean-Michel Alberola largement déployée au Palais de Tokyo et tramée d’érudition littéraire, cinématographique et philosophique, inciterait sans doute à la pertinence contradictoire de n’emprunter nulle part pour la penser. Mais comment commenter une telle œuvre relevant de la discipline citationnelle sans évoquer cet autre et plus ancien dispositif de « passages » – celui de Walter Benjamin devenu aujourd’hui, pour le pire ou pour le meilleur, un modèle en vogue ? Peut-on ignorer les références auxquelles JMA 2 invite ? Je crains que cela ne soit difficile tant le voyage offert par les œuvres et par le parcours même de l’exposition invite à convoquer quelques compagnons de route. Voir, lire, penser Une part majeure et fondatrice du travail d’Alberola est placée sous le signe du regard à la dérobée, de la vision surprise (les récits mythologiques mettant en scène Diane et Actéon, les vieillards et Suzanne…). La récurrence du motif de l’œil qui parsème ses compositions confirme, s’il en était besoin, cette addiction visuelle. Aussi le peintre, parce que doté de la stratégie d’un voyant innocemment émerveillé par ce qui advient, se double d’un poète. Il ne distingue pas le ravissement de la trouvaille et la position de guetteur en embuscade prêt à bombarder de sentences fragmentaires et oxymoriques les trop grandes évidences de l’idéologiquement correct contemporain, cet état de la pensée planétaire faite de stéréotypes au bord du proverbe lacunaire ou de lieux communs les plus convenus 3 . 1 Giordano Bruno, « Comme on lie par l’art » in Des liens (Allia, Paris, 2001), p. 10. 2 « Signature » apposée par Jean-Michel Alberola sur ses œuvres dans les années 1980. 3 « Il y a de l’eau dans le gaz » (Il y a de l’eau dans le gaz, 1995, lithographie) ; « ouvriers, paysans » (Aristocrates, 1995, typographie) ; « suis un objet visible de votre puissance d’achat » ( Je suis un objet visible de votre puissance d’achat, 1999, lithographie) ; « Fallait-il interdire Be Bop A Lula ? » (Fallait-il interdire Be Bop A Lula ?, 2003, huile sur métal découpé).

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