La chambre du vagabond

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SOMMAIRE FINLANDE 11  Helsinki et Porvoo

RUSSIE 17  23  29  35

Saint Petersbourg Moscou Transsibérien Irkoutsk et lac Baïkal

MONGOLIE 43  Oulan-Bator 47  Mongolie centrale

INDE 57  61  71  75  79

Delhi Rajasthan Agra Mumbai Goa et Kerala

SINGAPOUR

VIETNAM 107  115  121  125

Ho Chi Minh et Delta du Mékong Hoi an et Hue Ninh binh Hanoï et la Baie d'halong

CAMBODGE 133  Phnom Penh 137  Siem Reap et Angkor

LAOS 147  Luang Prabang 155  Vang Vieng 159  Plateau des Bolovens et les 4000 îles

THAÏLANDE 167  171  175  181

Kanchanaburi Pattaya Khao Lak Koh Jum

CHINE

87  Singapour

INDONESIE 93  Bali 101  Gili Air

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189  195  201  209  215

Hong Kong Haikou Kunming et Lijiang Les Gorges du Saut du Tigre Shanghai

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221  Région de Huangshan 229  Beijing et la Grande Muraille

JAPON 239  247  255  261

Osaka Kyoto Kinosaki et Miyajima Tokyo

NOUVELLE ZELANDE 273  277  283  291  297

Tutukaka Rotorua Tongariro Abel Tasman Kaikoura

POLYNÉSIE FRANÇAISE 305  313  317  323

Moorea Rangiroa Tahiti Moorea bis

CHILI

BOLIVIE 345  351  355  361

Salar de Uyuni Sucre La Paz et la route de la mort Copacabana

PÉROU 367  Aréquipa 371  Cuzco y el Machu picchu 379  Cuzco et Lima

ARGENTINE 385  Buenos Aires 391  Puerto Iguazu

BRÉSIL 397  401  405  411  419

Foz do Iguacu Florianopolis Paraty Rio de janeiro Ilha grande

331  Santiago et Valparaiso 337  San Pedro de Atacama

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Octobre 2013

FINLANDE



 Première destination, la Finlande.

Le train démarre, nous réalisons que cette fois, après des années à y penser et des mois de préparations, l’aventure commence.

HELSINKI ET PORVOO

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ous sommes le 14 octobre 2013, et c’est parti! ! Première destination, la Finlande. Ce n’est pas vraiment un choix, plus un hasard, les billets tour du monde étant plus avantageux si on passe par ce pays pour rejoindre ensuite la Russie. Départ donc de Paris, aux aurores, pour Londres (point de départ du voyage étant donné que nous sommes passé par une agence anglaise pour les billets) en Eurostar. Le train démarre, nous réalisons que cette fois, après des années à y penser et des mois de préparations, l’aventure commence. C’est un lundi matin, le train est rempli de travailleurs en route pour la capitale anglaise, nous avons l’impression d’être les seuls voyageurs de la rame ce qui rend le moment encore plus particulier. Arrivé à Heathrow, nous prenons un bref déjeuner avant de prendre l’avion pour Helsinki. L’avion prend une heure de retard au décollage mais qu’importe, nous dormons profondément après la courte nuit passée avant le départ. Nous arrivons donc à Helsinki en toute fin de journée, il fait nuit, un peu froid, et il y a peu de monde

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dans les rues. Un coup d’œil sur le plan d’un arrêt de bus nous permet de nous rendre chez Johanna, l’amie d’une amie, qui va nous héberger durant notre séjour. Son appartement est très bien situé, proche de tout, dans une rue piétonne et son accueil est fort sympathique. Nous parlons un peu pour ensuite aller dîner au restaurant. Pas de plats typiques pour cette soirée, mais une mauvaise lecture du menu m’a fait prendre un plat atrocement épicé... et oui même en Finlande! Johanna ayant fait également un tour du monde, l’écouter parler de son expérience est très intéressant et nous donne quelques idées pour la suite. Retour à l’appartement pour une longue nuit pour se reposer du voyage.

SUOMENLINNA Le lendemain, nous visitons en premier une petite île au sud d’Helsinki, Suomenlinna. Ce qui fut une forteresse maritime, un véritable dispositif de défense, est aujourd’hui un lieu touristique mais aussi un quartier d’Helsinki avec

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La Cathédrale a été incendiée le 29 mai 2006. Le toit a été totalement détruit mais l’essentiel de l’intérieur a été sauvegardé. 

P P orvoo se situe à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Helsinki. Des Cabanes typiques bordent la rivière.

quelques habitants, une école et des commerces. L’endroit est charmant, il comporte même une petite plage. On imagine sans peine l’animation et la foule en été mais vu que nous sommes en octobre nous avons l’île presque pour nous. Une très belle visite pour commencer! De retour sur Helsinki, nous visitons la cathédrale, une église entièrement construite en bois ainsi que le quartier de la vieille ville. Notre impression de la ville est plutôt bonne même si il n’y a rien d’exceptionnel selon nous comparé à d’autres villes d’Europe (mais l’été doit certainement être bénéfique). En revanche il semblerait que les îles autour (comme celle que nous avons visité) soient incontournables et on apprécie le calme, la propreté de la ville et le contact avec les locaux (tout le monde parle anglais). Le soir, poissons fris et bières locales au menu. Demain direction Porvoo, un petit village à 50 km d’Helsinki.

PORVOO Pour cette deuxième et dernière journée en Finlande (déjà), nous nous rendons dans une petite ville à 50 km d’Helsinki, Porvoo. En à peine 1 heure de bus, nous arrivons à destination. Le petit centre historique est très sympa, avec des petites cabanes typiques qui bordent la rivière et une

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cathédrale qui surplombe le tout. Il fait un temps superbe. La vieille ville se visite assez rapidement et certains centres d’intérêts ne sont pas disponibles en raison de la saison (comme Helsinki, il est préférable de venir en été). Nous déjeunons tardivement et simplement avec des courses faites au supermarché local, les restaurants de la ville étant pour la plupart assez cher mais aussi pour respecter notre budget (il va falloir s’habituer à faire des concessions parfois). Pique nique au bord de la rivière, il ne fait pas si froid au soleil. Retour à Helsinki en fin d’après midi. Nous retrouvons Johanna pour une soirée d’expatriés dans un bar près de la gare de la capitale où nous faisons quelques rencontres intéressantes, dont un indien que nous reverrons peut être à Jaipur. Nous partons tôt, malheureusement, car le train pour Saint Petersbourg le lendemain est à 6h12... dommage on aurait aimé continuer la soirée. Avant de nous coucher nous remercions Johanna pour son accueil (ça sera compliqué de le faire au réveil à 4h30) et évoquons la possibilité de nous retrouver en Amérique du sud quand nous y serons à partir de fin mai.La Finlande fut une belle entrée en matière. Demain la Russie.

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Octobre 2013

RUSSIE



 L’intérieur de la Cathédrale Saint-

Sauveur est recouvert de mosaïques dorées, un véritable chef d’oeuvre, dominé par une éclatante couleur dorée.

SAINT PETERSBOURG

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ncore un réveil aux aurores pour cette fois rejoindre la Russie. Le train que nous prenons à la gare d’Helsinki est très moderne et plutôt confortable. On se fait contrôler 5 fois en 3h30 de trajet, que ce soit pour les passeports / visas ou simplement les billets. Nous arrivons à Saint Petersbourg en milieu de matinée avec une heure en plus de décalage, un peu lessivés par les derniers jours de marche et le manque de sommeil. Evidemment tout est écrit en cyrillique mais souvent les mots sont également indiqués en alphabet latin. On comprend donc que 2 stations de métro nous séparent de notre hôtel, on hésite à les faire à pied mais finalement on prend le métro...bon choix, les jours suivants vont nous faire comprendre que les distances ici ne sont absolument pas les mêmes qu’à Paris qui est déjà une assez grande ville (ici il faut compter au moins 20 min de marche entre chaque station). Le métro de Saint Petersbourg est une curiosité en soi : certaines stations sont joliment décorées, tout est impeccable et il est très très profond, en haut des

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escalators on n’en voit pas la fin. Arrivés à l’hôtel nous posons nos bagages et le temps que notre chambre soit prête, nous partons déjeuner. Premier bortsch (soupe typique à base de betterave), premières émotions : on réalise vraiment que nous sommes en Russie (le cyrillique omniprésent avait déjà fait son effet tout de même). Pour ma part, j’avais hâte de visiter ce pays, j’en avais envie depuis des années. Ayant vécu quelques mois en Pologne et un an en République Tchèque, je voulais connaître le pays qui en a influencé tant d’autres.Pour ce premier jour, nous décidons de rester à l’hôtel pour nous reposer, dessiner, lire et profiter du wi-fi. Le soir, on se ballade et on constate que la ville est immense, les avenues larges et longues et les bâtiments imposants. On sait que l’on va beaucoup marcher ici ! Les jours suivants nous découvrons la ville, d’abord sous la pluie puis avec un grand soleil. On est sous le charme, c’est vraiment beau, de grands espaces avec des bâtiments majestueux, plein de détails et bien entretenus. La Neva sillonne la ville par des canaux (d’où

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“A noter que les églises / cathédrales sont orthodoxes, Fanny a du donc se voiler pour les visites." 

C C athédrale SaintSauveur, elle est également appelée cathédrale sur -le-Sang-Versé ou encore cathédrale de la Résurrection du Christ

le surnom de « Venise du Nord ») et coupe largement la ville en deux. Il y a une forte influence européenne dans le style, mais la touche russe est bien présente.

ON A VU ENTRE AUTRES : • Cathédrale Saint Isaac (imposante mais dans un style plutôt classique) • Le musée de l’Hermitage (incontournable, comme le Louvre à Paris) • La cathédrale Saint Sauveur sur le sang versé (impressionnante à l’extérieur et à l’intérieur, et typiquement russe) • La Forteresse Peter et Paul et sa cathédrale • Le marché Sitni • La cathédrale Notre Dame de Kazan • Le palais Peterhof et ses jardins (le Versailles du coin, plutôt réussi, à 25 km de la ville) • Cathédrale Saint Pierre et Saint Paul de Peterhof A noter que les églises / cathédrales sont orthodoxes, Fanny a du donc se voiler pour les visites. On s’est aussi pas mal promené dans la ville : quelques parcs sympas

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et les canaux bien sûr. Côté nourriture, on a mangé pas mal de fois dans des cafétérias plutôt fréquentées par des russes (bon marché et copieux) et les quelques restos faits se sont malheureusement avérés êtres des mauvais choix pour apprécier la cuisine locale (pas si évident à trouver en fait)…pas grave on se rattrapera à Moscou et en Sibérie. On a pu aussi apprécier le contact avec les locaux : comme c’est souvent le cas dans les pays de l’est, ils peuvent parfois sembler froids mais au final en discutant un peu, c’est tout le contraire et heureusement car même si petit à petit on arrive à lire le cyrillique (juste lire hein, comprendre le russe est une autre histoire !), ce n’est pas toujours évident de s’orienter et de communiquer (comme prévu les russes ne sont pas fans de l’anglais). Pour finir, Saint Petersbourg vaut vraiment le détour. Le froid (du moins selon la saison) et les galères pour l’obtention du visa russe ne doivent pas décourager les voyageurs intéressés, c’est pour nous une très belle destination, à faire sans hésiter.

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 La cathédrale Saint-

Sauveur située le long du canal Griboïedov, ne peut pas nous échapper

Le musée de l’Hermitage comme le Louvre à Paris, il est incontournable 

Le palais Peterhof et ses jardins: “le Versailles du coin, plutôt réussi, à 25 km de la ville" 



 Bâtiments soviétiques marqués de la

faucille et du marteau

MOSCOU

O

n part de Saint Pétersbourg en début d’après-midi pour arriver à Moscou 4h plus tard environ, accueilli sur le quai par une musique dont les seules paroles que nous comprenons sont « Moskva ! Moskva ! Moskva ! » (Moscou en russe) sur un air qui sonne bien local. Ça commence bien ! En sortant de la gare, on comprend de suite qu’on est dans une ville très différente de la précédente. Déjà le monde et le rythme : on est dans une ville de 12 millions d’habitants et les gens semblent assez pressés, un peu à la mode parisienne…bref une capitale. Puis la langue, ou plutôt l’alphabet : disparition quasi-totale de l’alphabet latin, les rues sont indiquées uniquement en cyrillique, les plans sur les panneaux d’affichage de même, idem pour les stations de métro (sauf sur quelques lignes et uniquement à l’intérieur même de la rame)…on va bien s’amuser pour s’orienter ! Au final, en connaissant quelques lettres cyrilliques et en retenant la forme des mots, on s’en sort plutôt bien, et puis les locaux nous aident la plupart du temps (par exemple la

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fille qui appelle tout son répertoire pour trouver l’endroit, alors qu’elle a un smartphone…ou le mec qui nous snobe complétement, mais bon ça arrive partout). L’auberge de jeunesse est située dans un quartier assez huppé visiblement, comme les bâtiments autour et la profusion de voitures de luxe semblent l’indiquer (ceci dit à Moscou, il y a beaucoup beaucoup de voitures de luxe), impression qui sera confirmée plus tard. L’auberge est plutôt sympa et bien entretenue, occupée majoritairement par des russes qui semblent habiter ici en permanence. On perd en confort, dorénavant c’est salle de bain commune. D’ailleurs, ce n’est qu’après la Mongolie que nous retrouverons une vraie chambre d’hôtel. Pas grave, c’est le jeu, et je m’attends à pire en Mongolie. La chambre est surchauffée, en fait on se rend compte que c’est souvent le cas en Russie : très chaud à l’intérieur quand il fait froid à l’extérieur et vu que c’est un chauffage central non réglable, les russes ouvrent les fenêtres pour se rafraîchir (les plus écolos d’entre vous apprécieront). Etant donné qu’on arrive un peu tard à

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“Quand on arrive sur la Place Rouge pour la première fois, avec le mausolée de Lénine et le Kremlin à droite et la cathédrale Saint Basile-le-Bienheureux en face, difficile de rester insensible.” l’auberge, on commence à visiter le lendemain.Moscou est une ville très étalée, avec des avenues très larges qu’il faut souvent traverser par des souterrains, malheureusement pas si fréquents que ça. Du coup il faut pas mal marcher, mais le métro est bien développé, avec peu de distance entre les stations. Au final, on se déplace bien dans la ville. Beaucoup d’églises orthodoxes un peu partout et de gros bâtiments soviétiques marqués de l’étoile rouge et parfois de la faucille et du marteau. Certains quartiers sont charmants, d’autres moins, ça manque de cohérence. Quand on arrive sur la Place Rouge pour la première fois, avec le mausolée de Lénine et le Kremlin à droite et la cathédrale Saint Basile-le-Bienheureux en face, difficile de rester insensible, c’est le cœur de la ville et rien que pour cette vision cela valait le coup de venir ici.

VOICI CE QUE NOUS AVONS VU : • Cathédrale Saint Basile (notre préférée parmi celles que nous avons vu en Russie) • Le parc Gorki (un grand parc sympa, au bord de la Moskova) • Cathédrale Christ Saint Sauveur (l’intérieur est impressionnant) • Quartier Arbat (une rue très touristique avec des boutiques de souvenirs, pas génial mais les bâtiments dans la rue et autour sont sympas) • Le Kremlin bien sûr avec ses églises, ses cathédrales et le musée des armures (musée à faire absolument avec des pièces exceptionnelles, il y a bien plus que des armures) • La maison-musée Gorki (une grande maison dans un style Art Nouveau, qui fut la demeure du célèbre écrivain) • Le mausolée de Lénine (très courte visite, hyper réglementée, du corps embaumé depuis 70 ans du révolutionnaire bolchevik) • Le couvent Novodievitchi et son cimetière • Le musée des jeux d’arcade soviétiques (c’est Fanny qui l’a trouvé et ça m’a fait bien plaisir de jouer à des jeux datant parfois de plus de 30 ans)

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QUELQUES REGRETS : • Nous n’avons vu le Bolchoï que de l’extérieur, impossible de trouver des places et le visiter n’est possible que le vendredi. • On aurait aimé faire un resto classe de cuisine russe, mais notre budget ne le permet pas. On s’est rabattu sur les cafétérias russes (il y en a partout, c’est sûr les russes aiment fluncher) où l’on mange bien et local pour vraiment pas cher, et on s’est fait à manger à l’auberge quelques fois.

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Etant donné que Saint Pétersbourg fut à une période également la capitale de la Russie, il est tentant de faire la comparaison avec Moscou. Pour ma part, je n’ai pas de préférence, les villes sont trop différentes. J’ai beaucoup aimé Saint Pétersbourg mais Moscou a aussi de nombreux atouts. La ville est peut-être moins harmonieuse dans son ensemble mais certains monuments sont mythiques et j’ai l’impression qu’il y a encore plein de choses à découvrir. Et puis j’apprécie l’effervescence qui se dégage de la capitale. Elle en revanche a préféré Saint Pétersbourg.

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 La place Rouge ou “belle place”

pour une meilleure traduction marque le centre de Moscou

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 Le train prend place : c’est le numéro

2, dit « Rossiya », celui qui propose les meilleures prestations.

TRANSSIBÉRIEN

A

près avoir eu confirmation de la gare de départ (beaucoup de gares à Moscou et le cyrillique n’aide pas à s’y retrouver), nous partons de l’auberge avec une bonne marge devant nous pour avoir notre train vers Irkoutsk (ville située en Sibérie près du lac Baïkal), le fameux transsibérien. Le voyage durera 4 jours (départ vendredi en début d’après-midi pour une arrivée lundi en soirée) mais le train continu bien au-delà d’Irkoutsk vers Vladivostok, à l’extrême est de la Russie. Ainsi un voyageur qui fait la ligne complète peut rester une bonne semaine dans le train. Il y a également le transmongolien qui passe par la Mongolie pour rejoindre Beijing en Chine : nous emprunterons cette ligne pour partir d’Irkoutsk vers Oulan Bator la semaine prochaine. Arrivé à la gare, le train prend place : c’est le numéro 2, dit « Rossiya », celui qui propose les meilleures prestations. Nous avons des places « kupe », c’est la seconde classe : un compartiment avec 4 lits (2 de chaque côté superposés, nous avons le côté droit). Pour la première classe, ce sont des compartiments de 2

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lits uniquement (seule différence avec la seconde) et la troisième classe, plus de compartiments, tout est ouvert, avec 6 lits par rangée. La seconde classe est donc un bon compromis pour avoir un peu de confort tout en conservant l’opportunité de faire des rencontres. De plus, nous avons pris le wagon servant des repas dans les compartiments (1 par jour), ce qui nous permet de prévoir moins de provisions pour l’ensemble du trajet : plusieurs paquets de nouilles et soupes lyophilisées, des gâteaux, des saucisses sèches, du thé, de l’eau et de la vodka, le « package » classique du passager, en prenant exemple sur les locaux. Mais sans ça, il y a toujours moyen de s’en sortir, il est en effet possible de s’acheter de la nourriture dans le train au restaurant (un peu cher et pas très bon) mais aussi aux arrêts réguliers qui durent 20 min en moyenne (déjà plus intéressant). On s’installe dans le train, un peu comme on le ferait dans une chambre d’hôtel, et on découvre les lieux. Le compartiment est assez petit, mais c’est confortable, les draps sont propres, il fait bon, il y a des rangements un peu partout, une prise

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Les presque 80 heures passeront au final très vite, on se sent vraiment bien dans le train (...) On a l’impression d’être coupé du monde extérieur, le temps s’arrête. ce qui sera bien pratique pour nos ordis, une petite lumière pour chaque lit, il y a même une télé (programmes russes bien sûr mais bon on s’en fout un peu). On est à l’aise rapidement, d’ailleurs comme les russes, on se change : tongs et habits légers. A l’extrémité gauche du wagon, les toilettes avec lavabo et c’est uniquement ici que l’on pourra se « laver » : pas de douche mais on s’en doutait. A l’extrémité droite,

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le samovar (bidon d’eau chaude) qui nous servira pour le thé et les plats lyophilisés et la provodnitsa, notre hôtesse de wagon qui parle un anglais très limité, mais ça aussi on s’en doutait. Les voyageurs finissent de monter (quasi que des russes), le train démarre…c’est parti ! Nous sommes en route vers la Sibérie sur la voie de train la plus longue au monde, on est bien ! A notre étonnement, nous restons seuls dans notre compartiment, il y en a même qui sont vides : pour les rencontres il faudra faire connaissance avec les voisins, mais on apprécie l’espace supplémentaire. Le train avance doucement (80 km/h maximum) ce qui permet d’apprécier les paysages qui défilent : des immenses forêts, de vastes étendues, des villes, des villages, des maisons isolées, des lacs gelés, plus on va à l’est et plus la neige recouvre le tout (pas suffisamment à notre goût mais nous sommes en octobre après tout). Les presque 80 heures passeront au final très vite, on se sent vraiment bien dans

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 Le voyage

durera 4 jours (départ vendredi en début d’aprèsmidi pour une arrivée lundi en soirée) mais le train continu bien au-delà d’Irkoutsk vers Vladivostok, à l’extrême est de la Russie.

le train (ça manque de douche mais bon). On prend le temps de se reposer, discuter avec les gens, travailler les photos et le blog, regarder des films, jouer à la bataille navale, et bien sûr apprécier les paysages…on a l’impression d’être coupé du monde extérieur, le temps s’arrête et on en profite. De plus les journées nous semblent courtes car on perd progressivement des heures au fur et à mesure du voyage. L’heure indiquée dans les gares où on s’arrête mais aussi dans le train est celle de Moscou. Pour savoir l’heure qu’il est vraiment on peut se fier aux repas qui sont constamment servis à 13h, heure locale. Durant notre voyage, nous faisons connaissance avec Bernie, un anglais sculpteur très sympa qui fait tout le trajet jusqu’à Vladivostok pour ensuite rejoindre le Japon et avec qui nous partageons une bouteille de vodka un soir en écoutant du blues, et Irina, une russe qui ne parle et ne comprend que le russe, les conversations ont donc été assez limitées mais c’était touchant de voir l’effort qu’elle

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faisait pour apprendre à nous connaître, donc on s’est débrouillé comme on pouvait avec des images et les quelques mots similaires dans nos langues respectives. Un petit mot aussi sur le chef du restaurant qui entretient bien les stéréotypes russes : souvent bourré, à chaque passage il propose énergiquement de boire un verre de vodka avec lui. 2 heures avant l’arrivée, un « drame » se produit : de l’eau chaude est renversée sur le PC de Fanny qui s’éteint de suite ! On essuie, on ouvre carrément avec un mini tournevis prêté par Bernie pour sécher les composants avec un sèche-cheveux (finalement ça sert hein !!) et on s’imagine déjà les galères pour récupérer les photos de ces premières semaines. On s’en sort bien, il se rallume peu de temps après. Le transsibérien fut une belle expérience et on est presque déçu quand elle s’arrête. Nous arrivons à Irkoutsk lundi soir, avec 5h en plus par rapport à Moscou (8h de plus qu’en France).

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 Les paysages qui défilent :

des immenses forêts, de vastes étendues, des villes, des villages, des maisons isolées, des lacs gelés, plus on va à l’est et plus la neige recouvre le tout



 Nous nous rendons donc à Listvyanka,

un petit village d’environ 2000 habitants mais qui accueille bien plus en été et qui se situe à 1h environ d’Irkoutsk.

IRKOUTSKETLACBAÏKAL

A

près 4 jours de train, on arrive donc à Irkoutsk en début de soirée. Les conditions de voyage étaient bonnes mais on est quand même bien fatigués. On se dirige vers l’hôtel qui est à 5 min de la gare à pied. Il faut monter un escalier peu éclairé qui débouche sur une ruelle pas du tout éclairée, on suit des locaux dans ce passage pour rejoindre une rue qui semble plus fréquentée. Là on se rend compte que le quartier a pas l’air vraiment top (du moins avec nos références de français) : des tours partout, des maisons délabrées, pas de trottoir, pas vraiment d’éclairage et des barreaux systématiquement ou presque aux fenêtres des rez de chaussée... bref, pas vraiment engageant tout ça. On arrive à l’hôtel, la réceptionniste est très sympa, la chambre impeccable, un vrai contraste avec les environs. En arrivant dans la cuisine pour préparer le dîner avec les quelques courses faites au supermarché du coin, on découvre un papier sur la fenêtre avec la mention “Do not leave the window open, it is not safe”... je l’ai bien choisi cet hôtel. Tout n’est pas

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si mal, comme évoqué, l’hôtel en soi est plutôt sympa. On apprécie la douche post transsibérien et on se couche pour une longue nuit. Irkoutsk est une grande ville de 600 000 habitants, et on se rend compte le lendemain qu’on est pas tout prêt des principaux centres d’intérêts. Ils ne sont d’ailleurs pas nombreux à Irkoutsk : quelques églises, une cathédrale, un monastère et de nombreuses maisons en bois typiques de la Sibérie. La ville n’est pas inintéressante (elle est même surnommée le Paris de la Sibérie... peut être un truc pour attirer les touristes) mais après avoir été à Saint-Pétersbourg et Moscou où l’on a pu voir les mêmes choses, plusieurs fois, et en mieux, on se demande si cela vaut le coup de s’attarder ici.

LE LAC BAÏKAL Face à notre manque d’enthousiasme, on décide de partir directement au lac Baïkal qui semble être au final l’intérêt principal de la région. De plus après plusieurs séjours en

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ville, on a envie de nature. Le lac Baïkal c’est la plus grande réserve d’eau douce au monde, une eau claire (visibilité 40 mètres), des espèces qui n’existent nulle part ailleurs, un lac de 630 km de long et le plus profond du monde. Voilà pour les présentations. En si peu de temps (nous n’avons que 3 jours complets de prévu dans la région...une erreur?), nous ne pouvons pas aller très loin autour du lac. Nous nous rendons donc à Listvyanka, un petit village d’environ 2000 habitants mais qui accueille bien plus en été et qui se situe à 1h environ d’Irkoutsk. Apparemment l’endroit se transforme peu à peu en véritable station balnéaire et on comprend pourquoi : proche d’une ville desservie par le transsibérien, c’est le premier village accessible qui permet de profiter de ce que peut offrir le Baïkal. Et il est très agréable d’y séjourner : très étalé (location de vélo quasi indispensable selon nous pour profiter au max des différentes activités), on peut y déguster les spécialités de la région du Baïkal (principalement à base d’Omoul, LE poisson du lac) sur des petites plages, profiter de quelques restos assez bons, visiter le musée-aquarium du Baïkal (malheureusement tout en russe ou presque) et surtout grimper un peu pour avoir une vue époustouflante sur le lac. Comme cela a été le cas pendant tout notre séjour en Russie, étant donné qu’on est hors saison, il y a peu de monde et c’est tant mieux. On a pris une chambre dans une maison d’un quartier un peu reculé du village, avec quelques chiens errants qui rodent (pour le plaisir de Fanny) et une vue sur le lac. Propriétaire sympa mais qui ne parle que russe, évidemment. C’est ici que nous ferons notre meilleur repas en Russie, en cherchant un restaurant au hasard dans le quartier. Quand on repart sur Irkoutsk, on a le sentiment de ne pas avoir assez profité de ce que pouvait offrir la région. Le Baïkal est immense, il y a des îles plus au nord à faire et des activités praticables uniquement en hiver ou en été, mais pas à l’inter saison. Un prochain voyage? Il nous reste 6 heures à patienter avant de prendre le train pour Oulan Bator. On marche pas mal avec les sacs et on constate qu’Irkoutsk a déjà plus de charme sous le soleil, on a peut être jugé un peu trop vite cette ville. Arrivé à la gare, il nous reste encore quelques heures et on en profite pour faire un bilan sur la Russie : on a beaucoup aimé, de très très bons souvenirs c’est certain, et des gens surprenants. On a trouvé que les russes sont capables d’être extrêmement sympas (plusieurs fois on nous a offert à manger, boire sans même une discussion préalable, et quand ils veulent vous aider, ils y vont à fond) mais également d’être extrêmement froids, à la limite du dédain. Mais bon, sommes nous meilleurs en France? A 22h10, nous montons dans le train vers la Mongolie. Bye bye la Russie!

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 On peut y

déguster les spécialités de la région du Baïkal à base d’Omoul, LE poisson du lac

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 Là on se rend compte que le

quartier a pas l’air vraiment top (du moins avec nos références de français) : des tours partout, des maisons délabrées, pas de trottoir, pas vraiment d’éclairage et des barreaux systématiquement ou presque aux fenêtres des rez de chaussée...

Le lac Baïkal c’est la plus grande réserve d’eau douce au monde, une eau claire (visibilité 40 mètres), des espèces qui n’existent nulle part ailleurs, un lac de 630 km de long et le plus profond du monde 



Novembre 2013

MONGOLIE



 Le mémorial Zaysan dédié à l’amitié

russo-mongole

OULAN-BATOR

P

our rejoindre Oulan Bator (UB pour les intimes), nous allons emprunter la ligne du transmongolien. Le train est nettement moins confortable que celui qu’on avait pris pour faire Moscou - Irkoutsk. Pour bien imaginer l’écart à ce niveau, plus le numéro du train est petit, meilleures sont les conditions à bord. On passe du train n°2 au train n°362...tout est dit. Andy, un jeune et sympathique hongkongais qui a pas mal voyagé, nous rejoint dans notre compartiment. Cette fois, le wagon est rempli quasiment uniquement d’étrangers. Le train démarre, et c’est parti pour une trentaine d’heures de voyage. La première nuit est rude, la couchette est vraiment dure, le train est bruyant et bouge beaucoup. Au réveil, on commence déjà à voir une différence au niveau des paysages: c’est de plus en plus sec, et parfois bien gelé. Le passage de la frontière est très long, 6 heures environ. Beaucoup de contrôles sur les visas, passeport et bagages. On patiente pendant que le train est immobilisé. Un moment on sort et on s’aperçoit que notre wagon est seul sur la voie, le

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seul donc à aller en direction d’Oulan Bator. On repart en fin de journée pour arriver à destination vers 5h du matin. Le chauffeur de la guest house est bien là et en 10 min on y est. Le manager ne sera là qu’à 8 heures, en attendant on se pose un peu pour mettre à jour le blog et consulter les mails. Dès qu’il arrive on récupère les clefs de notre mini-chambre (le lit occupe toute la largeur) et on évoque rapidement le tour de 4 jours dans la steppe qui est prévu le surlendemain. On fait une bonne sieste avant de se lancer dans l’exploration de la ville. Avant le départ, j’avais lu beaucoup de choses sur Oulan Bator : que ce n’était pas beau, que ça craignait un peu niveau sécurité avec beaucoup de pickpockets dans les rues, que ça ne valait pas vraiment le détour... bref pas de quoi faire rêver. Il a fallu peu de temps pour remettre en question mes préjugés (Fanny de son côté s’était laissée beaucoup moins influencée). Déjà, les gens sont nettement plus souriants qu’en Russie et ça fait plaisir. On sent qu’on arrive en Asie. Il y a d’ailleurs des bons petits restos pas cher partout, coréens,

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 la place Suhbaatar - place avec le palais

du gouvernement mongol

En revanche, la ville n’est effectivement pas exceptionnelle: très peu de parcs, des monuments isolés entre des tours et des immeubles en construction partout . La ville se développe très rapidement, le pays connaissant une forte croissance.

japonais, chinois et bien sûr mongols, et comme on aime beaucoup la cuisine asiatique, on en profite bien (surtout que les portions ici sont assez généreuses). On ne ressent pas l’insécurité décrite fréquemment dans les guides et par d’autres voyageurs, mais après il faut toujours rester prudent (d’ailleurs une histoire de portefeuille volé dans un bus circule à la guest house). Par contre malheureusement pour Fanny, il y a quelques chiens errants... (j’ai bon espoir qu’à la fin du voyage elle soit guérie de cette phobie). Mais bon globalement, on se sent bien ici. En revanche, la ville n’est effectivement pas exceptionnelle: très peu de parcs (et quand il y en a, ils ne sont pas bien entretenus), des monuments isolés entre des tours (et pas très bien entretenus aussi) et des immeubles en construction partout (la ville se développe très rapidement, le pays connaissant une forte croissance).

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CHOSES À FAIRE ET À VOIR : • la place Suhbaatar (place avec le palais du gouvernement mongol) • le mémorial Zaysan (dédié à l’amitié russo-mongole, vue splendide sur la ville) • le palais d’hiver Bogd Khaan • Le monastère Gandantegchilen (avec une statue impressionnante abritée dans le plus gros bâtiment) En une journée et demi et on a déjà vu une bonne partie de la ville, on circule facilement et ce n’est pas très grand. Etant donné que nous repassons par Oulan Bator après notre tour dans la steppe, nous continuerons notre visite à ce moment là. On se prépare pour 4 jours de yourtes, de paysages, de 4x4, de plats 100% mongols et sans douche (après le transsibérien, on commence à avoir l’habitude).

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 Des espaces immenses défilent sous

nos yeux. C’est d’ailleurs ce qui va nous marquer ces 4 prochains jours : l’étendue des paysages de ce pays.

MONGOLIE CENTRALE

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’habitude avec Fanny, quand on voyage, nous organisons tout nous-même : avion, hôtel, recherche d’activités, etc...on préfère procéder ainsi car cela nous garantit un maximum de liberté et nous n’avons pas à suivre un quelconque programme. Il y a eu quelques exceptions, notamment en Jordanie pour explorer le Wadi Rum. L’expérience fut bonne globalement, mais on était frustré de devoir se plier au rythme des visites, d’autant plus que nos guides n’étaient pas très bons. Du coup, quand on s’est aperçu que nous allions devoir faire appel à une agence pour l’organisation d’une escapade de 4 jours en dehors de la capitale, on était un peu sceptique. Les temps de trajet sont longs à cause de l’état des routes et pour profiter au maximum de ces 4 jours en perdant le moins de temps possible, louer un 4x4 avec guide et chauffeur sur un circuit déterminé au préalable s’est avéré la meilleure solution. Il est tout à fait possible de faire autrement via des bus, puis en s’arrangeant avec des guides locaux de l’endroit à visiter, mais cela demande plus de temps ce que nous

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n’avions pas (on va commencer à sérieusement réévaluer nos estimations de temps à passer sur certains endroits...).

4 JOURS EN MONGOLIE CENTRALE Nous voilà donc parti pour 4 jours en Mongolie Centrale, avec Seila notre guide parlant un anglais impeccable et un chauffeur dont je n’ai pas réussi à retenir le nom parlant un anglais moins impeccable. Quand on sort d’Oulan Bator, on comprend de suite que la réputation des routes est bien fondée : la route principale est défoncée, on roule à 80 km/h max et les routes qui la rejoignent sont quasi toutes des chemins de terre, parfois enneigés bien sûr. Mais par contre, c’est beau. Des espaces immenses défilent sous nos yeux. C’est d’ailleurs ce qui va nous marquer ces 4 prochains jours : l’étendue des paysages de ce pays. Les quelques habitations que l’on croise sont en piteux état, en fait elles cachent souvent une yourte dans l’arrière-cour. On passe devant des fabriques de fourrure, une activité importante du pays selon Seila, ainsi que des troupeaux de moutons,

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 Des

troupeaux de moutons, de chèvres, vaches ou chevaux qui nous coupent souvent la route.

chèvres, vaches ou chevaux qui nous coupent souvent la route. Premier arrêt pour déjeuner dans un petit resto au bord de la route. Rien de spécial à noter concernant la nourriture, par contre on fait connaissance avec nos toilettes préférées pour la durée du tour : deux planches, un trou, une cabane. C’est tout. Vous voyez Slumdog Millionnaire, la scène au début, c’est pareil...faut pas tomber, et pas respirer non plus (si vous ne connaissez pas le film, voir photo plus bas). C’est un peu un avant-gout de ce qui nous attend. Je précise, il fait froid, très froid, et je n’ai pas mentionné de radiateur dans la description ci-dessus. On s’arrête une deuxième fois en chemin pour un des nombreux autels bouddhistes qui bordent la route, histoire de nous expliquer un peu leur signification, puis on arrive à Kharkhorin en fin de journée, l’ancienne capitale mongole (qui aujourd’hui ressemble plus à un village) où nous avons prévu de visiter le monastère d’Erdene Zuu. Le campement de yourtes où nous allons rester les 2 prochaines nuits est situé non loin du monastère. On s’installe dans notre yourte, il fait assez chaud, le matelas n’est pas terrible mais bon on fera avec. Par contre on constate qu’il n’y a pas de point d’eau dans

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le campement, du coup on comprend mieux le litre et demi par personne et par jour qui nous est fourni. Et bien sûr, les toilettes à la Slumdog sont bien présentes, accueillantes, froides et à l’autre bout du “jardin” comme on les aime. Les conditions ne sont pas géniales mais bon on s’en doutait, c’est surtout le froid qui rend les choses difficiles. Le soir, on assiste à un concert de musique traditionnelle mongole. On a hésité au départ car c’était payant et ça manquait de spontanéité (le type est venu nous démarcher directement dans notre yourte) mais on avait rien d’autre à faire dans le coin et ça revenait à 2,5€. C’était pas mal en fait, on n’était pas les seuls à y assister (quelques touristes et mongols, moins d’une dizaine et parmi les touristes on reconnait des têtes qu’on a vu dans le train depuis la Russie). On a eu le droit au chant Khoomei (chant de gorge typiquement mongol). A la fin, on est surpris quand le musicien propose son CD à l’assistance, tout le monde l’achète sauf nous. Ensuite, on mange un plat à base de mouton, le premier d’une longue série : la grande majorité des plats mongols le sont. C’est bon mais à l’issue des 4 jours, je peux vous dire que vous rêvez de poulet ou de bœuf. La nuit dans la

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yourte se passe bien, mais il faut savoir qu’il fait très chaud avant de dormir et si personne n’alimente le feu durant la nuit, le réveil est glacial. On a fait en sorte que cela ne nous arrive pas. Le lendemain, visite du musée du village qui est plutôt bien fait et moderne. On apprend pas mal de chose sur l’histoire du pays et de cette région plus particulièrement. Puis visite du monastère Erdene Zuu, le plus ancien de Mongolie : très grand, bien entretenu, toujours en activité, on a appris pas mal de détails sur le bouddhisme et le lieu est vraiment sympa. Le midi, ce que je craignais arrive, j’ai la courante et avec des toilettes de cette qualité, j’apprécie l’expérience. Pour Fanny tout va bien à ce moment-là mais plus tard durant la nuit ce sera son tour, avec plusieurs degrés en moins, en pyjama bien sûr. Quelques médicaments règlent le problème rapidement, puis on part vers le lac d’Ogii, le meilleur endroit pour pêcher du pays. Sauf que début novembre, on n’y pêche pas beaucoup. Il n’empêche que la vue est splendide, ça ne vaut pas le Baïkal mais c’est chouette. On trouve un des derniers pêcheurs restant dans le coin et il nous cède quelques poissons contre un peu d’argent et un shot de vodka. D’ailleurs à partir de ce moment, on va commencer à enchaîner les shots avec le guide jusqu’à finir la bouteille peu de temps avant de retourner au campement. Je tente une sieste pendant que Fanny aide à préparer le repas (à base de mouton vous l’aurez deviné) dans la yourte familiale, quand Seila vient me chercher pour entamer une partie de carte d’un jeu aux règles assez tordues tout en continuant sur notre lancée avec de la bière mongole. On passe une bonne soirée. Le 3ème jour, on commence à revenir progressivement vers Oulan Bator. On s’arrête dans un coin paumé pour profiter du paysage qu’offre une énorme dune de sable recouverte en partie par la neige, puis on s’enfonce encore plus dans la steppe pour arriver à un petit campement où nous ferons une bonne heure de cheval. Ensuite, on va encore plus profondément dans la steppe pour trouver un autre campement qui est en fait constitué uniquement d’une yourte et d’un enclos pour le bétail. Un couple de nomades, leurs 2 enfants et 6 chiens habitent ici. L’endroit est complètement isolé, c’est splendide et assez bluffant. Lorsque le soleil commence à se coucher, le bétail arrive (vaches, moutons, chèvres) et nous sommes bientôt entourés d’animaux, l’enclos ne servant pas à grand-chose en fait. Nous apprenons que nous allons passer la nuit ici, tous ensemble dans la yourte. Les 2 enfants partent en moto dans une autre yourte beaucoup plus loin (l’un est assez grand en fait), du coup il reste 3 lits pour 6 personnes et ce sont des lits une place. On prévoit donc de partager un petit lit avec Fanny, Seila aura un lit pour lui, le chauffeur

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On a pu vraiment se rendre compte de leurs conditions de vie qui sont vraiment difficiles selon nos normes françaises : pas de point d’eau à proximité, le froid quasiment 9 mois dans l’année, une vie assez monotone en fait et l’absence d’intimité dans la yourte. En revanche c’est sûr, il y a une certaine liberté et la nature environnante est magnifique. dormira par terre et le couple de nomade dans le dernier lit. Fanny tente de traire les vaches et elle n’est pas vraiment rassurée au milieu du troupeau : dans son village natal, lors de la fête annuelle, les vaches courent après les gens, ça ne lui laisse pas une bonne image de la bête. Du coup quand l’animal prend peur et s’écarte au tout premier contact, l’expérience prend fin. De mon côté, j’essaye d’aller aux toilettes et ce n’est pas évident. Quand on demande où elles sont situées, on nous répond « partout »…en pleine nature donc. Ce n’est pas un problème en soit, il y a tellement d’endroits où faire ça tranquille, mais il fait froid et il y a du vent. Je pars donc en « mission » et un des chiens me suit. Je me dis qu’il est juste curieux de m’accompagner, mais quand je m’apprête à faire mon affaire et qu’il reste à côté à attendre, je commence à avoir quelques doutes sur ses intentions. Pas à l’aise avec l’animal juste à côté, je renonce. De retour à la yourte, on me confirme ce que je pense : les chiens du camp mangent la merde… La nuit tombe, les nomades commencent à bien chauffer la yourte. On nous explique qu’ici c’est tellement isolé, il n’y a pas suffisamment de bois donc la seule ressource utilisable est la bouse de vache. Un bac au beau milieu de la yourte en est rempli (elle est ultra sèche et gelé donc inodore) et régulièrement on alimente le feu : c’est plutôt efficace, rapidement on se croirait presque dans un sauna. On mange encore du mouton et on essaye de faire connaissance avec nos hôtes mais rapidement la conversation s’avère limitée. On joue un peu aux cartes et à la bataille navale, puis le chauffeur occupe l’attention de tout le monde (sauf la nôtre) avec des shows mongols diffusés sur son smartphone. On commence à s’ennuyer un peu, cette famille de mongol est moins ouverte que la précédente, du coup on se couche. Entre la chaleur et le petit lit, on galère un peu pour dormir. Seila le voit et nous propose de dormir par terre pour nous laisser son lit. On hésite puis on accepte, après tout on a payé! Fanny passera une bonne nuit mais me concernant ce fut un peu différent car tous les mongols étaient de mon côté et assez bruyants. Au bout d’un moment ils se couchent, je parviens à m’endormir pour mieux me réveiller quelques heures plus tard avec une envie pressante. Je

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sors me soulager et me dit que ça serait le bon moment de retenter ce que je n’ai pu faire précédemment. A peine ai-je baissé mon pantalon que j’aperçois plusieurs paires d’yeux qui s’approchent, à peine visibles avec la lumière de la lune : quasiment tous les chiens du camp ont flairé le potentiel festin qui se prépare et je me retrouve complètement encerclé. J’abandonne, ça attendra notre retour à Oulan Bator demain… Le soleil se lève sur le camp et Fanny profite du spectacle pendant que j’essaye de grappiller quelques minutes de plus de sommeil. Un rapide petit déjeuner puis on quitte les nomades. On a pu vraiment se rendre compte de leurs conditions de vie qui sont vraiment difficiles selon nos normes françaises : pas de point d’eau à proximité, le froid quasiment 9 mois dans l’année, une vie assez monotone en fait et l’absence d’intimité dans la yourte. En revanche c’est sûr, il y a une certaine liberté et la nature environnante est magnifique. Mais on nous a expliqué que les nomades ou les enfants de nomades qui quittent cette vie pour la ville ne reviennent quasiment jamais : trop difficile de revivre dans ces conditions après avoir connu plus de confort.En revenant sur UB, on s’arrête dans la réserve naturelle d’Hustai qui malheureusement s’avère plutôt déserte en ce mois de novembre : quelques cerfs et chevaux sauvages mais rien de plus. L’endroit est plus impressionnant en été selon Seila. On profite encore des beaux paysages qui défilent avant d’arriver à destination en milieu d’après-midi. Ce fut 4 jours assez intenses (d’où la longueur de l’article) et enrichissants. Comme on peut le voir avec les photos, les paysages étaient magnifiques, on a passé des beaux moments, seule la dernière nuit a été un peu mitigée. Ça donne envie de voir le reste du pays (surtout le désert de Gobi) !

BACK TO UB Cette fois la ville est couverte d’un épais brouillard, apparemment causé par la pollution. Seila nous confirme d’ailleurs qu’une nouvelle loi interdit à certaines voitures de rouler un jour déterminé de la semaine (par exemple les voitures dont la plaque fini par 6 ou 9 ne peuvent rouler le jeudi sauf dérogation...ou bakchich), forçant ainsi l’utilisation des transports en commun. Après avoir bien patienté dans les bouchons, on arrive enfin à la guest house. On est bien content de retrouver notre petite chambre, des toilettes normaux (du moins pour nous) et la douche bien méritée. On s’est bien régalé en Mongolie centrale, mais les conditions n’étaient pas évidentes. On profite du reste de l’après midi pour s’occuper du blog, des mails des derniers jours et se reposer. Le soir, après 4 jours de mouton sous des formes diverses et variées, on s’autorise un resto chinois un peu cher, du moins pour le pays...une quinzaine d’euros environ pour 2. Le lendemain, notre dernière journée complète en Mongolie, on visite le

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musée national, assez intéressant, le temple Choijin Lama, plutôt impressionnant avec de nombreuses décorations dans des espaces restreints, le monastère Dashchoylin, rien d’exceptionnel, et enfin le Black Market, un marché très grand où l’on trouve vraiment de tout (contrefaçons, meubles, électroménager,...). On a quasiment fait le tour de la ville au final. Le soir on se fait à manger à la guest

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 Puis visite

house tout en discutant avec des français de passage qui pour la plupart restent au minimum un mois dans le pays. Il y a effectivement de nombreuses choses à voir et une semaine fut trop court. On a beaucoup aimé la Mongolie, les gens, les paysages, l’histoire du pays et si on revient un jour ça sera à autre moment de l’année, d’une part pour voir les mêmes paysages avec plus de “vert” mais

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du monastère Erdene Zuu, le plus ancien de Mongolie: très grand, bien entretenu, toujours en activité

aussi pour ne pas avoir à subir le froid. Juin ou septembre paraissent être de bonnes options car il y a moins de touristes (juillet - août étant les mois les plus chargés) et il fait plus chaud bien sûr. Prochaine étape : l’Inde où l’on va rester un bon mois.

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 Un couple de

nomades, leurs 2 enfants et 6 chiens habitent ici. L’endroit est complètement isolé, c’est splendide et assez bluffant. Lorsque le soleil commence à se coucher, le bétail arrive et nous sommes bientôt entourés d’animaux


Novembre 2013

INDE




 On parle souvent du choc culturel

occasionné par un premier voyage en Inde. Il y a du monde partout, marcher le long d’une rue prend beaucoup de temps car il est difficile d’avancer rapidement, et traverser une rue est toujours une petite aventure en soi avec le trafic qui ne s’arrête presque jamais et de rares passages piétons

DELHI

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remière étape de notre séjour en Inde. On arrive assez fatigués des 2 avions plus la longue escale depuis la Chine. On retrouve les parents de Fanny à la sortie de l’aéroport avec qui nous allons voyager durant une quinzaine de jours avec au programme le Rajasthan et Mumbai. On s’est quitté il y a un tout petit peu moins d’un mois mais les retrouvailles n’en sont pas moins pleines d’émotions. Un chauffeur est censé nous attendre pour nous emmener à l’hôtel, on ne le voit pas, on appelle l’hôtel, il arrive et c’est ainsi que l’on entame une des étapes majeures de notre voyage. C’est également un des pays qui comptait le plus pour Fanny lors de l’élaboration de l’itinéraire. Il fait nettement plus chaud, on sait qu’à partir de maintenant nous n’aurons plus besoin des vêtements d’hiver pendant un bon moment (la prochaine fois ça sera normalement en Amérique du Sud quand nous irons tout au sud du Chili et de l’Argentine). On parle souvent du choc culturel occasionné par un premier voyage en Inde. Lors du trajet jusqu’à l’hôtel, nous constatons que le trafic est très

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dense et anarchique sur les routes, mais on avait déjà pu voir cela en Thaïlande ou même en Mongolie juste avant. Pour l’instant on a nos repères...pour l’instant. L’hôtel est très bien situé entre Old Delhi et New Delhi, près de la gare principale de la ville, et c’est un très bon hôtel encore une fois et pour une somme très raisonnable : on va reprendre l’habitude d’avoir du confort si ça continu! On se pose un peu, une bonne douche, on mange au resto de l’hôtel histoire de pas perdre de temps, on apprécie au passage la vue sur la ville depuis le toit de l’hôtel où est situé le restaurant, puis on sort! Et là on commence à comprendre que ce pays est bien différent que tout ce qu’on a pu faire jusqu’à présent. Déjà il y a du monde partout, pas comme à Paris où il y a des coins avec plus de monde que d’autres, non ici c’est quasiment partout, marcher le long d’une rue prend beaucoup de temps car il est difficile d’avancer rapidement, et traverser une rue est toujours une petite aventure en soi avec le trafic qui ne s’arrête presque jamais et de rares passages piétons (du coup il faut s’imposer pour traverser). Ensuite

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le bruit, permanent, un concert de klaxons en continu, des vendeurs partout (de tout et n’importe quoi), et des odeurs de nourriture mais aussi d’autres un peu moins sympas. En effet Delhi c’est plutôt sale, pas mal d’ordures un peu partout, des odeurs de pisse, d’égouts parfois, mais bon, rien d’insupportable non plus. Il y a aussi une couche de poussière visible qui flotte au dessus de la ville, et qui se retrouve dans vos narines en fin de journée. Impossible aussi de ne pas constater la misère que l’on croise régulièrement. A côté des nombreux magasins et échoppes qui bordent les rues de manière assez chaotique, on voit des gens dormir par terre, des malades et handicapés en véritable état de souffrance et même une fois, malheureusement, nous pensons avoir vu un cadavre couvert par une nuée de mouches. Delhi ce n’est pas que ça bien sûr, il y a tellement de choses plus positives à retenir de l’endroit, mais ça en fait parti. Les locaux sont incroyablement curieux. On ne compte pas le nombre de fois on nous avons été abordés pour simplement savoir d’où on venait, où nous allions, etc...parfois bien sûr il y avait un but avoué de nous vendre un service (rickshaw, taxi, guide,...) et la différence est assez subtile à déceler au

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début...mais une fois qu’on commence à prendre l’habitude c’est marrant, même si à force ça peut devenir gênant. Par exemple, lors de visites de monuments, on nous a demandé fréquemment (jusqu’à 6 fois!) de prendre une photo avec nous...je me demande encore en écrivant ces lignes sur quel site étrange vais je retrouver nos têtes...mais visiblement il s’agit uniquement d’une simple curiosité innocente de leur part. Pratique, ils parlent quasiment tous un minimum d’anglais. La nourriture est évidemment épicée, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit constamment épicée. Même en commandant un plat de cuisine non locale, ils trouvent un moyen de faire en sorte que ce soit épicé aussi. Mais c’est bon, perso je suis pas fan de cuisine indienne mais Fanny adore ça. Je précise également, en prenant juste la précaution élémentaire de boire uniquement de l’eau en bouteille, nous n’avons pas été malade, alors que nous avons mangé dans des petites échoppes pas vraiment propres au premier coup d’œil. On a beaucoup marché au début, sous estimant les distances et aussi pour profiter de l’atmosphère de la ville, puis on a pris le métro et les rickshaws, ce qui demande

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 On a beaucoup

marché au début, sous estimant les distances et aussi pour profiter de l’atmosphère de la ville, puis on a pris le métro et les rickshaws, ce qui demande ystématiquement une négociation au préalable.

systématiquement une négociation au préalable (on espère ne pas trop s’être fait avoir). En ce qui concerne les visites, de nombreuses choses évidemment (c’est la capitale) mais vu les distances, où plutôt le temps nécessaire pour se déplacer, et le temps que nous sommes restés, nous nous sommes concentrés sur les classiques.

A VOIR, A FAIRE : • Connaught Place : LA place principale de Delhi, avec un grand parc au milieu, de nombreux magasins, etc... • Red Fort : l’ancienne résidence des empereurs moghols • Jama Masjid : la plus grande mosquée d’Inde, vraiment belle • Gurudwara Sis Ganj Sahib : un lieu de culte sikh, pas forcément le plus beau ou le plus connu, mais c’était la première fois qu’on mettait les pieds dans une gurdwara, on est arrivé en pleine prière, plutôt sympa comme moment • Le Qutb Minar : le troisième minaret le plus haut du monde entouré d’autres vestiges (une mosquée, des tombes,...), un des hauts lieux touristiques de Delhi, très belle visite

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• La tombe de Humayun : un avant gout du Taj Mahal, un ensemble de bâtiments qui abritent plusieurs tombes dont celle d’Humayun, un empereur moghol, magnifique • India Gate : l’arc de triomphe de Delhi, c’est également un mémorial pour les morts aux combats • Des grandes rues avec une circulation folle, des petites ruelles qui grouillent de monde et de commerces, des plats explosifs, des monuments qui en mettent plein la vue, la ville bouillonne. Le seul point de comparaison que nous pourrions avoir est Bangkok mais on a l’impression que Delhi en est la version pour adulte. Le dépaysement est total. Il convient tout de même de faire la différence entre Old Delhi et New Delhi : la nouvelle ville est moins bordélique que la vieille, les rues sont plus larges et il y a plus d’espaces verts. On a apprécié ces quelques jours dans la capitale, mais on est content de partir explorer le Rajasthan pendant une bonne dizaine de jours et de s’éloigner un peu de toute cette agitation (même si probablement il y aura un peu de Delhi dans les villes à venir). Prochaine ville : Pushkar!

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 Fort de Mehrangarh, surnommé le fort

magnifique, il surplombe la ville du haut de ses 122 mètres

RAJASTHAN

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our explorer le Rajasthan, nous avons prévu un chauffeur pour nous 4 pendant 10 jours. Beaucoup de villes au programme, c’est le moyen le plus rapide, pratique et confortable pour faire la région, et au final ce n’est pas si cher. Nous quittons Delhi pour nous diriger vers Pushkar. Nous faisons connaissance avec notre chauffeur Pappu, très cool, qui parle anglais, un peu de français, du moins suffisamment pour comprendre quasiment tout ce qu’on dit. Il connait aussi quelques insultes, bien pratique pour pester contre les autres automobilistes (ce n’est pas qu’à Delhi où c’est le bordel) et assez surprenant quand on l’entend la première fois. Comme en Mongolie, l’état des routes et le trafic font que nous mettons plus de temps pour couvrir les distances. Néanmoins les infrastructures sont d’un niveau supérieur, sans doute des restes du passage des anglais dans le pays. Du coup, on a bien le temps d’admirer les paysages. En quittant Delhi, on s’aperçoit que la ville s’étend avec beaucoup d’immeubles en construction. Sur la route, beaucoup de camions, souvent richement décorés,

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et régulièrement des vaches. C’est vert, il y a du soleil, il fait bon, ça nous change des pays précédents.

PUSHKAR Plus on s’approche de Pushkar et plus nous croisons des chameaux, des vaches, des chevaux. Le village est un haut lieu de pèlerinage pour les hindous (mais pas autant que Bénarès) et il accueille également une foire consacrée au bétail, principalement les chameaux, ce qui explique la profusion de bêtes rencontrées sur la route. Nous le savions, et c’est aussi pour ça que nous sommes venus, cette foire étant une des plus importantes d’Asie. De plus, Pushkar a été pendant longtemps une destination privilégiée des hippies en Inde, ainsi que des israéliens (ça se voit, les magasins et les menus des restaurants affichent souvent des traductions en hébreu). Le village s’avère être hyper touristique, c’est simple on avait jamais vu autant de touristes jusque-là (ça fait penser à Lourdes selon les parents de Fanny), la foire attire visiblement beaucoup de

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monde. En même temps ça se comprend, c’est joli, des édifices religieux un peu partout, tout est organisé autour du lac dont on peut faire le tour assez rapidement et qui est bordé de nombreux ghats (accès au lac que les indiens utilisent pour se baigner ou laver des vêtements, c’est juste des marches en fait). On assiste à des cérémonies hindous au bord du lac avec le coucher du soleil, les pieds nus (obligatoire pour accéder aux ghats, comme d’ailleurs tous les lieux saints hindous), des gestes, des chants tellement étrangers pour nous. On visite quelques temples, dont celui de Brahma (un des trois principaux dieux des hindous, avec Shiva et Vishnou) qui est un des rares du pays consacré à cette divinité. On profite également de la foire même si malheureusement elle touche à sa fin, il y a donc beaucoup moins de bétail qu’au début mais on peut quand même voir des magnifiques chevaux en train d’être notés par un jury. Il y a aussi une fête foraine (assez marrant de voir les manèges indiens qui fonctionnent un peu avec les moyens du bord) et des matchs de Kabaddi, un jeu indien qui pourrait être une sorte de lutte par équipe. Des locaux m’expliquent les règles (assez simples en fait) et me proposent de jouer le lendemain…dommage on sera parti. Enfin, on assiste à un spectacle de danse, qui sera moyen au final. Pushkar est un endroit très agréable, surtout avec son lac et son intérêt religieux, mais comme souvent avec les petits coins sympas, le tourisme de masse gâche un peu la visite. Un petit mot sur la nourriture : en Inde apparemment la norme c’est végétarien, comprenez par-là que dans les menus, la partie non végétarienne c’est comme la partie végétarienne chez nous. A Pushkar, religion oblige, c’est uniquement végétarien et pas d’alcool. Ailleurs, faut juste se faire à l’idée que le choix niveau viande est limité (que du poulet et du mouton, pas de bœuf et pas de porc). On s’y habitue… comme pour le contact avec les indiens d’ailleurs : on a compris la signification de leur systématique dodelinement de la tête, ça veut dire plus ou moins OK, tout va bien, d’accord,… Ils sont sympas, souriants, toujours prêts à nous aider, on sait maintenant quand ils sont sincères ou qu’ils cherchent à nous embrouiller, et bien sûr ils continuent de nous demander des photos, que l’on refuse gentiment de temps à autre (et quand on le fait, on lit une vraie déception dans leur regard).

JODHPUR On quitte Pushkar pour Jodhpur, où on retrouve l’ambiance d’une ville indienne : bruyant, pollué, du monde, de la circulation,… classique! Comme à Delhi, il faut distinguer la vieille ville de la nouvelle. Nous avons réservé des chambres dans une haveli (maison traditionnelle du coin, avec une architecture très typique du Rajasthan) en plein cœur de la vieille ville, aux ruelles encore plus étroites qu’à Delhi (seuls les rickshaws et motos peuvent passer). L’étape est

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courte, on visite le fort de Mehrangarh où nous apprenons pas mal de choses sur l’histoire de la région et le rôle des maharadjas vis-à-vis du peuple, tout en appréciant l’architecture de l’édifice et la belle vue sur Jodhpur et ses maisons bleues (en hommage à Shiva mais aussi car cela repousse les insectes parait-il). Puis on visite le mausolée Jaswant Thada non loin du fort, assez joli et calme, où reposent les maharadjas précédents. Le soir, on se balade en ville, on goûte des pâtisseries succulentes et on dîne sur le toit de l’haveli avec vue sur le fort. On se régale quoi surtout que l’haveli est très belle.

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 Tout est

organisé autour du lac dont on peut faire le tour assez rapidement et qui est bordé de nombreux ghats. Les indiens les utilisent pour se baigner ou laver des vêtements,

RANAKPUR Sur la route d’Udaipur, on s’arrête à Ranakpur pour visiter le grand temple jaïen d’Adinatha, fait quasiment entièrement en marbre, fourmillant de détails et très bien conservé. Ça valait le coup de s’arrêter mais on n’est pas les seuls : il y a tellement de touristes qu’il faut faire la queue pour rentrer dans le temple. Pour info, le jaïnisme est une religion assez singulière qui outre prôner la non-violence, l’honnêteté et autres principes finalement assez communs à beaucoup de religions, exige de ses adeptes un respect absolu de toute forme de vie, au point de parfois se couvrir le nez et

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la bouche en dormant afin d’éviter d’avaler par inadvertance un insecte. Pourquoi pas…

UDAIPUR Arrivés à Udaipur, on s’installe de nouveau dans une haveli qui a également un resto-bar sur le toit (il y en d’ailleurs beaucoup dans cette ville), d’où on admire les derniers rayons du soleil sur la ville et le lac Pichola. C’est splendide et on comprend mieux pourquoi Udaipur est une destination touristique majeure de la région (Octopussy, un vieux James Bond, a été tourné en partie ici, entres autres…). On aperçoit

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 Amber Palace : un superbe

palais qui domine la ville et un lac artificiel, entouré de 9 km de remparts, s’il y a une visite à faire à Jaipur c’est celle-là, on a adoré

Fleurs et autres éléments pour la cérémonies hindous 

On assiste à des cérémonies hindous au bord du lac avec le coucher du soleil, les pieds nus, des gestes, des chants tellement étrangers pour nous 

JJ odhpur - Fort de Mehrangarh 


JJ odhpur et ses maisons bleues en hommage à Shiva mais aussi car cela repousse les insectes parait-il 

de nombreux palaces, dont 2 sur le lac. Heureusement pour nous, on est à peine au début de la haute saison, il n’y a pas encore trop de monde dans les rues. D’ailleurs on apprécie le calme relatif de la ville comparé à celles qu’on a pu faire jusqu’à présent. Le soir, on assiste à un spectacle de danses traditionnelles plutôt bon pour à peine 100 roupies, un très bon rapport qualité prix. On est clairement dans une ville plus riche ici et ça se ressent rien qu’en se baladant dans les rues, tout y est plus propre et plus organisé (enfin bon

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ça reste l’Inde). Les vendeurs y sont aussi un peu plus insistants, et les menus offrent pas mal de plats occidentaux. Peut-être qu’Udaipur est moins représentative de l’Inde véritable, mais il n’empêche que c’est vraiment beau et on s’y sent bien (c’est d’ailleurs la ville de notre itinéraire que Pappu préfère). Etant donné qu’on a bien couru ces derniers jours, le programme ne sera pas chargé : balade dans la ville, visite du City Palace (qui fait office de musée mais aussi de résidence au maharadja, beaucoup de peintures

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d’habitants). Contrairement à mes attentes, c’est plutôt bien: on est loin de la tranquillité et du charme d’Udaipur mais on passe un bon séjour. Il n’y a pas vraiment de quartier avec des petites rues, du reste pas comme à Delhi ou Jodhpur. En fait, il y a eu un bon travail d’urbanisme lors du développement de la ville, du coup c’est assez bien organisé (enfin pour l’Inde). Mais c’est surtout les immeubles et maisons qui sont souvent peints en ocre, surtout dans le centre, qui embellissent la ville. On la surnomme d’ailleurs « Pink City», en raison de la couleur prise par les bâtiments lorsque le soleil les caresse de ses rayons. Beaucoup de choses à voir ici, mais on se concentre sur les incontournables : • Amber Palace : un superbe palais qui domine la ville et un lac artificiel, entouré de 9 km de remparts, s’il y a une visite à faire à Jaipur c’est celle-là, on a adoré • Jantar Mantar : un ensemble d’instruments assez complexes et imposants destinés à étudier les astres, ça aurait pu être une visite intéressante si l’audio guide en français n’était pas si mauvais, on aurait mieux fait de prendre un vrai guide (indispensable sinon c’est incompréhensible) • Le Palais des Vents ou Hawa Mahal : un palais étroit aux nombreuses fenêtres qui permettait aux femmes du harem royal de voir à l’extérieur sans être vues • Jal Mahal : un palais inhabité au beau milieu d’un lac avec une promenade tout autour

traditionnelles) et tour en bateau sur le lac avec arrêt au Jag Mandir, un des deux palaces sur l’eau. Nous profitons du cadre magnifique qu’offre Udaipur pour nous faire un bon resto le dernier soir, avec un très beau point de vue sur le lac. On aurait aimé rester un peu plus !

JAIPUR Prochaine étape : Jaipur, la capitale du Rajasthan. On change de décor pour retrouver une vraie grande ville (2,5 millions

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Fanny et sa mère prennent un peu de temps aussi pour faire du shopping et on passe à la gare pour commencer à organiser la suite de notre voyage. Jusqu’ici, on avait plus ou moins tout préparé avant le départ, c’était confortable mais pas très flexible. Maintenant on fera les choses au fur et à mesure sans trop prévoir à l’avance sauf si nécessaire (hormis bien sûr les avions, dont on peut uniquement bouger les dates…on y pense de plus en plus!). Après l’Inde du nord et Mumbaï, nous irons donc à Goa (état du sud, avec des plages sympas), pour une semaine minimum de détente après ce premier mois assez chargé. On en a besoin! Pour notre dernière soirée à Jaipur, on va au cinéma Raj Mandir, qui fut en son temps le plus beau cinéma du pays, voir un film indien, sur les conseils de Pappu. On s’attend à voir un film bollywoodien, mais on a quelques doutes quand on s’aperçoit que c’est un film de super héros indien (Krissh 3, voir de quoi il retourne ici). Finalement, nous ne sommes pas déçu, loin de là : le film est entrecoupé de séquences de danses hallucinantes et les indiens vivent complètement l’histoire, à chaque moment important, ça siffle, ça crie, des ho, des ha, une super ambiance, on aime. De plus, même si c’est uniquement en hindi, le scénario est tellement simple qu’on en comprend l’essentiel.

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 Pour la petite histoire, c’est

la tombe de la femme d’un ancien empereur moghol qui fou de chagrin après la mort de sa compagne a décidé de bâtir un mausolée pour elle dont la beauté serait reconnue dans le monde entier, à travers les âges

AGRA

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nfin, notre dernière étape nous mène à Agra, peutêtre la ville la plus touristique d’Inde car c’est ici que l’on peut visiter le Taj Mahal. Sur la route, on s’arrête dans le petit village d’Abhaneri pour voir un baoli (un énorme puits à l’architecture insolite) et un temple vieux de 800 ans (le plus délabré que nous verrons). Beaucoup de sollicitations d’enfants pour de l’argent durant cet arrêt, ce qui nous mets un peu mal à l’aise. Un peu plus loin, juste avant Agra, de nouveau nous faisons une halte pour visiter Fatehpur Sikri, l’ancienne demeure d’un empereur moghol qui fut abandonnée précipitamment en raison d’une pénurie d’eau. Elle est composée d’un ensemble de bâtiments bien entretenus et typiques de l’époque ainsi que d’une énorme mosquée, encore plus impressionnante que celle de Delhi. C’est beau mais malheureusement nous sommes complètement harcelés par des guides dont nous ne voulons pas les services (y compris à l’intérieur même des sites) ainsi que par des enfants qui veulent absolument nos tickets usagés (ils réutilisent les images, on leur donne

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volontiers d’ailleurs) et aussi un peu d’argent. C’est la fin de l’après-midi, il reste peu de touristes sur le site, du coup on est pris d’assaut, et on a beau les ignorer et refuser, ils sont hyper insistants c’est vraiment pénible. Ce n’est pas la première fois en Inde mais jamais à ce niveau-là! De plus, pour quitter le site et rejoindre notre chauffeur, nous devons prendre un bus public qui coûte seulement 5 roupies mais qui tarde à venir. Une aubaine pour les chauffeurs de rickshaw qui travaillent les quelques touristes restants en cette fin de journée en affirmant que le bus ne passera plus tout en proposant la course à un tarif bien plus élevé (et ça marche!). Les enfants confirment leur propos mais on n’y croit pas… après 20 bonnes minutes d’attente, le bus arrive et on est bien content de ne pas avoir cédé. Vraiment dommage que cette attitude pourrisse l’ambiance en apparence paisible de l’endroit. On arrive à Agra en début de soirée, il fait nuit et on constate qu’une brume réduit fortement la visibilité. Le lendemain c’est la même chose et Pappu nous confirme qu’il y a un vrai problème de pollution dans cette ville, encore

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plus qu’à Delhi. De toute façon, les gens viennent ici pour les monuments et surtout le Taj Mahal, pas pour profiter d’Agra qui finalement ne nous emballe pas plus que ça.

NOUS VERRONS DONC : • Le fort rouge d’Agra : plus impressionnant que celui de Delhi, un peu moins vert mais en meilleur état, qui fut encore la demeure d’un empereur moghol • Le mausolée d’Itimad-ud-Daula dit « Baby Taj » : tombe du père de l’épouse d’un empereur moghol • Le parc Mehtab Bagh : permet d’avoir une première vue du Taj Mahal, embrumé bien sûr mais ça nous mets en appétit pour la visite du Taj le lendemain • Et bien sûr, le Taj Mahal : je vous dirais bien que c’est moche, mais vous ne me croiriez pas les seules choses à redire seraient le monde (même en y allant avant 7 heures du matin!) et la brume (c’est Agra quoi), mais sinon c’est splendide, majestueux, etc… pour la petite histoire, c’est la tombe de la femme d’un ancien empereur moghol (vous l’aurez maintenant compris, en presque 2 siècles de suprématie en Inde les moghols ont construit sans compter) qui fou de chagrin après la mort de sa compagne a décidé de bâtir un mausolée pour elle dont la beauté serait reconnue dans le monde entier, à travers les âges… on peut dire qu’il a réussi son coup • Nous assisterons également à un spectacle de danse sur l’histoire du Taj Mahal dont nous sortirons déçus: trop de blabla, pas assez de danses même si les costumes et décors sont très bien faits. On rentre sur Delhi en s’arrêtant pour déjeuner une dernière fois avec Pappu sans qui ce petit road trip n’aurait pas été le même, on a beaucoup apprécié sa compagnie. Cette dizaine de jours a été très intense, on est resté à chaque fois 2 jours et 2 nuits dans chaque ville, sauf à Jodhpur (un jour, une nuit). Quelques étapes auraient mérité qu’on s’y attarde plus (Udaipur, Jodhpur), mais c’était très bien. Le Rajasthan et Agra sont des destinations très touristiques et vu ce qu’elles ont à offrir ça se comprend. On est dans l’Inde traditionnelle, avec son rapport étroit avec la religion et ses stéréotypes. C’était marrant aussi d’avoir souvent des animaux tout autour de nous (vaches, singes, chameaux, écureuils, chèvres,…). C’était moins marrant par contre d’être pris régulièrement pour un distributeur de billets mais c’est le jeu…c’est juste dommage car ça pourri un peu les rapports avec les locaux, toujours à devoir faire la balance entre confiance et méfiance. L’Inde du nord c’est fini. Direction le sud maintenant, en avion, avec en première ligne Mumbaï.

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 Le Rajasthan

et Agra sont des destinations très touristiques et vu ce qu’elles ont à offrir ça se comprend

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 On pensait que Mumbai serait plus

tranquille que Delhi, notamment parce que la ville est en bord de mer. On s’est un peu trompé : Mumbai est la cinquième plus grosse agglomération au monde

MUMBAI

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n pensait que Mumbai serait plus tranquille que Delhi, notamment parce que la ville est en bord de mer. On s’est un peu trompé : Mumbai est la cinquième plus grosse agglomération au monde (plus grand que la capitale donc). Elle est revanche très différente de Delhi et on le constate dès notre arrivée. C’est définitivement plus moderne, avec des grattes ciels par-ci, par-là. On a pas vu de petites ruelles comme dans le vieux Delhi ou à Jodhpur mais plutôt des grandes avenues avec des rocades qui permettent de passer d’un quartier à l’autre rapidement, la ville étant immense. Les rues sont d’une propreté relative, avec des trottoirs, des vrais. Les filles s’habillent plus normalement (du moins pour nous) et semblent plus émancipées. Les indiens parlent parfois anglais entre eux, ce qui est de ce qu’on sait un signe d’appartenance à une caste supérieure ou d’une éducation

avancée. Etant donné qu’on a quand même vu pas mal de temples, ruines, musées, palais et autres joyeusetés culturelles, on a prévu de se calmer sur les visites de ce type. On se rend tout de même à la Gateway of India, une grande arche emblématique de la ville, noire de monde car c’est le week-end et où on se fait prendre en photo plusieurs fois encore. On passe vite fait au Dhobi Ghat, un énorme lavoir et une curiosité propre à Mumbai. Le reste du temps on se balade simplement sur les plages, la marina et un jardin qui offre un beau point de vue sur le sud de la ville. On apprécie la présence de la mer, on prend un masala chai (thé épicé) sur le sable en admirant le coucher du soleil. Mais on regrette que les indiens ne prennent pas soin de leur littoral : ils jettent absolument tout par terre et la mer est presque noire. Mumbai semble assez représentative de l’Inde contemporaine, riche, moins religieuse et

Mumbai semble assez représentative de l’Inde contemporaine, riche, moins religieuse et tournée vers le futur.

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tournée vers le futur. Ici, il y a moins de vaches dans les rues, moins de rickshaws (on ne se déplacera qu’en taxi). Le niveau de vie global a l’air plus élevé mais il y a toujours la pauvreté que l’on croise régulièrement et qui pour le coup contraste réellement avec le reste. D’ailleurs, il parait qu’il y a de vastes bidonvilles à certains endroits de la ville. Nous passons notre dernière nuit sur place dans un grand hôtel 5 étoiles, le Trident, un cadeau des parents de Fanny (merci!). On profite du luxe de la chambre, de la vue sur la marina, de la piscine et du délicieux petit déjeuner. Triste coïncidence, l’hôtel fut une des cibles des attentats de 2008, et nous y étions justement à la date anniversaire (grosse ambiance à la sécurité!). Le lendemain, les parents de Fanny nous quittent, c’était vraiment sympa de faire ce bout de chemin avec eux. En attendant le train pour Goa qui part à 23h, on fait un tour à Elephanta Island, une île à une heure de bateau de Mumbai. Durant la traversée, on est encore déçu de voir les indiens jeter naturellement leurs papiers dans la mer et on constate qu’un épais brouillard masque la visibilité : il y a un vrai problème de pollution dans ce pays! L’attraction principale de l’île est une série de caves dont les murs sont sculptés avec des représentations de Shiva (principalement). C’est très ancien, pas forcément très beau mais ça nous occupe. Au cours de la visite, Fanny se bat avec un singe qui veut lui piquer sa bouteille d’eau, plus de peur que de mal! De retour sur Mumbai, il nous reste pas mal d’heures à tuer avant le train. On va directement à la gare (très belle d’ailleurs) et on se pose dans un resto en attendant le départ. Demain à la même heure, on sera sur une belle plage, bercés par le bruit des vagues et ce pour au moins une semaine.

On apprécie la présence de la mer, on prend un masala chai (thé épicé) sur le sable en admirant le coucher du soleil. Mais on regrette que les indiens ne prennent pas soin de leur littoral : ils jettent absolument tout par terre et la mer est presque noire 

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 On aura pas vu beaucoup de Goa à part

Agonda, mais ça nous a bien plu. C’est calme pas cher, la vie y est douce, c’était parfait pour reprendre des forces pour mieux poursuivre notre voyage vers le Kerala

GOA ET KERALA

C

’est la première fois que nous prenons le train en Inde. Nos noms sont mentionnés sur une liste collée près de la porte du wagon. On a réservé en seconde classe : des rangées de 6 lits, séparées par de minces parois et fermées uniquement par des rideaux (c’est plus ou moins l’équivalent de la dernière classe du transsibérien, la clim en plus). C’est pas très confortable mais ça ira bien pour un trajet si « court », seulement 12 heures. Dans notre rangée, que des étrangers (US, Japon), on dirait que c’est fait exprès. On passe une nuit correcte au final et au réveil, on arrive dans l’état de Goa, avec pour objectif de trouver une plage tranquille et se poser durant une semaine. Depuis la gare de Margao, on prend un taxi vers la plage d’Agonda, dans le sud de Goa, qui est réputée pour son calme par rapport aux plages du nord où c’est plus la fiesta. En une heure on y est et on est pas déçu : une longue plage de sable fin et une mer assez chaude nous accueille (et c’est propre!). Pas de sable très blanc et de mer très transparente mais ça fera bien l’affaire. Il y a aussi des

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vaches ici et là, on est bien toujours en Inde. En marchant un peu, on trouve un bungalow directement face à la mer, les pieds dans le sable et juste à côté d’un des meilleurs restos de la plage (nous raconte une occidentale qui a ses habitudes ici) pour environ 12€ la nuit (je précise : pas d’eau chaude, pas de clim et des insectes en pagaille…on peut pas tout avoir!). On se baigne, on admire le coucher du soleil chaque soir, on mange bien, il y a peu de monde et les locaux sont sympas (ils ont l’habitude de voir des étrangers ou surtout des étrangères en petite tenue), on prend le temps et ça fait du bien de se dire qu’on ne repart pas dans 2-3 jours. Le village est petit, en 2 heures on fait vite le tour mais on voit bien qu’en pleine haute saison, il doit accueillir beaucoup plus de touristes. Bon timing. Le seul monument que l’on a vu est l’imposante église située au milieu de la rue principale : il y a en effet pas mal de chrétiens dans le sud de l’Inde. Durant cette semaine, on ne fait pas grand-chose si ce n’est se reposer, profiter de la plage, mettre à jour le blog et préparer la suite du voyage. Une fois

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 En marchant

un peu, on trouve un bungalow directement face à la mer. l y a aussi des vaches ici et là, on est bien toujours en Inde.

seulement on sort du village pour prendre des infos à la gare la plus proche sur les trains à destination du Kerala (état tout au sud de l’Inde et notre dernière étape dans le pays), sortie inutile car ce que l’on nous propose sera au final moins intéressant que de passer par les agences d’Agonda. On rencontre aussi des suisses, en long voyage également et avec qui on boira un coup un soir. On aurait pu louer un scooter pour se balader dans les environs, on aurait pu aller à la soirée du vendredi soir dans la vallée derrière le village...mais franchement, on avait trop la flemme; Du coup, on aura pas vu beaucoup de Goa à part Agonda, mais ça nous a bien plu. C’est calme (du moins cette partie de l’état), pas cher, la vie y est douce, c’était parfait pour reprendre des forces pour mieux poursuivre notre voyage vers le Kerala.

FORT KOCHI On quitte notre petit bungalow préféré pour prendre un train très tôt le matin direction Ernakulam, ville faisant partie de l’agglomération de Kochi, la plus peuplée de l’état du Kerala, tout au sud de l’Inde. Cette fois encore, on a pris des billets de seconde classe, on est donc habitué au confort mais vu que c’est un trajet de jour, on trouve le temps un peu long (presque 15 heures de train). Les portes du train étant constamment ouvertes, on peut voir défiler le paysage d’une manière certes un peu dangereuse mais

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impressionnante. On rencontre aussi Praisy, une étudiante indienne de 22 ans, très sympa, pleine d’énergie qui insiste pour qu’on lui apprenne quelques mots de français. Elle nous parle également de sa religion, le pentecôtisme, qui est en fait une branche du protestantisme (je vous laisse faire vos recherches si ça vous intéresse d’en savoir plus). On arrive à Ernakulam, il est tard et malgré l’heure, il fait chaud et humide, nettement plus lourd qu’à Goa. On prend un taxi pour rejoindre notre guest house située à Fort Kochi. Durant notre séjour ici, on restera principalement dans ce quartier et celui de Mattancherry où se concentrent les principales attractions du coin. C’est calme, très calme même par rapport à ce qu’on a déjà vu Inde. Fort Kochi est située sur une île reliée au continent par quelques ponts. Il y a une plage mais qui n’est pas très propre. L’atmosphère est très cool. On loue des vélos et on apprécie la visite après cette calme semaine passée sur la plage d’Agonda : • La basilique Santa Cruz, • L’église Saint Francis (où fut enterré Vasco De Gama les 14 premières années après sa mort, avant que sa dépouille ne soit rapatriée au Portugal), • Le palais de Mattancherry (un cadeau des portugais au raja de Kochi, pas très intéressant en fait), • Les chinese fishing nets avec les pêcheurs et leurs poissons frais (une curiosité de la ville, voir photo). On essaye aussi de voir un temple jaïn (si vous ne savez pas

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ce que c’est et bien fallait suivre le blog de manière plus assidue) et une synagogue mais tout est fermé. Le soir, on assiste à un spectacle de Kathakali, une sorte de pièce de théâtre dansé, typique du Kerala : impressionnant mais un peu long parfois (et encore, une représentation peut durer toute une nuit). On dîne ensuite près des kiosques des pêcheurs : on choisit le poisson, puis on paye un resto à côté pour le cuisiner (sole et calamar au menu).

ALAPPUZHA Après Kochi, nous nous dirigeons vers Alappuzha, plus au sud. On tente de rejoindre la gare routière en rickshaw mais après en avoir essayé 5 qui nous proposent un tarif spécial touriste, on décide finalement de prendre un bus local, le premier que nous prendrons en Inde. Et bien quel accueil : on pose à peine un pied dans le bus qu’un groupe d’étudiants indiens nous souhaite la bienvenue avec des cris, des rires, des sourires. Après 20 bonnes minutes de trajet, des photos, des échanges de mail et un peu de marche, on monte dans un autre bus, cette fois moins marrant, chaud et blindé de monde, direction Alappuzha. On arrive à destination en fin de journée. Le cadre de notre guest house est sympa : des bungalows au bord des backwaters, qui constituent l’attraction principale d’Alappuzha. Les backwaters sont en fait des réseaux de canaux qui relient différentes villes du Kerala et Alappuzha est un des principaux points d’entrée. Nous dînons avec nos voisins, Erik et Judith, des hollandais qui arrivent à la fin de leur voyage de 7 mois. On partage nos impressions de l’Inde, notamment le fait que le Rajasthan est certes une belle région mais le contact avec les locaux y est moins sympathique (peut-être à cause du tourisme de masse). Effectivement, depuis qu’on est dans le sud du pays, on trouve les gens plus sympas et le rythme plus cool (mais nos amis hollandais nous confirment que c’est pareil dans d’autres régions du nord). Ils nous donnent aussi des bonnes adresses pour le Japon (ils y étaient quelques mois plus tôt). On ne visitera pas vraiment la ville, notre objectif est plutôt de profiter des backwaters. Pour cela, on loue un houseboat pour naviguer dans les canaux et y passer une nuit. C’est certainement ce qui nous aura coûté le plus cher en Inde depuis notre arrivée (mais on s’y attendait). Pour environ 70€ (ce qui n’est pas excessif non plus, mais pour le pays c’est une somme), tu as un gros bateau privatisé, avec 3 membres d’équipage aux petits soins, une chambre propre équipée avec air conditionné, salle de bains aussi propre et attenante, un ponton supérieur avec chaises longues, les repas (bons en plus), et ce pour 20 heures environ (midi au lendemain matin). Le luxe quoi, surtout pour l’Inde. On se régale à naviguer dans les canaux toute la journée, à admirer les paysages, les rizières et les différents détails du mode de

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vie des habitants des backwaters. On s’arrête une fois pour acheter du crabe pour compléter notre repas du soir, on croise beaucoup d’indiens et quelques étrangers sur des bateaux similaires. Une expérience qui vaut largement son prix.

KOLLAM On quitte Alappuzha en bateau pour aller vers Kollam (toujours vers le sud) par les backwaters (ce qui nous permet d’en profiter de nouveau). Dès qu’on arrive (après 8h de trajet), on partage un rickshaw avec un américain pour aller vers Varkala, notre ultime étape du Kerala et de l’Inde, une petite ville au bord de falaises qui surplombent la mer. Après 20 long km, on arrive et on constate que le petit village tranquille décrit dans le Lonely Planet a un peu changé (il est vrai que l’exemplaire qu’on a consulté n’était pas si récent). On ne s’attendait pas un endroit isolé de tout bien sûr, mais toute la falaise est exploitée par des restos, bars, guest houses, hôtels,…et bien sûr pas mal de monde (c’est la haute saison). Ce ne sera donc pas tout à fait le calme de notre belle plage de Goa mais ça fera bien l’affaire, surtout que c’est quand même relativement tranquille. De plus, un des avantages de la situation est le large choix d’hébergements et ça tombe bien car on a prévu de se faire plaisir pour ces 4 dernières nuits. On finit par trouver une belle chambre, confort à l’occidental, propre et avec vue sur la mer. La plage en bas des falaises est belle mais en explorant un peu le coin en scooter, on en trouve une autre plus sauvage et moins fréquentée au village d’Odayam. D’ailleurs en poussant encore plus loin, à pied cette fois en longeant les falaises, on arrive au croisement de la mer et des backwaters. Pas grand chose à faire dans le coin (enfin on cherche pas trop), à part buller sur les plages, se balader sur la côte, profiter des nombreux et bons restaurants de Varkala, visiter quelques temples...et ça nous convient bien! On ira une fois chez le barbier pour arranger un peu la barbe que je laisse pousser depuis le début, mais on se comprend mal et il coupe bien plus que prévu. La veille de notre départ d’Inde est également le jour de mon anniversaire mais la journée est un peu gâchée à cause d’une vague qui monte soudainement bien plus haute que toutes les autres et vient mouiller toutes nos affaires, y compris l’appareil photo de Fanny. On arrive à récupérer toutes les photos mais il ne se rallume plus...on espère le faire réparer en arrivant à Singapour où nous serons 2 jours plus tard. Durant le trajet en taxi vers l’aéroport de Trivandrum, nous voyons défiler les dernières images que nous aurons du pays et nous sommes un peu émus : on s’est attaché à ces gens si souriants et aimables, cette culture si riche et différente d’un état à l’autre. L’Inde est un pays exceptionnel dont, comme on nous avait prévenu, on ne ressort pas indemne.

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 Les chinese fishing nets avec les

pêcheurs et leurs poissons frais, une curiosité de la ville

On se régale à naviguer dans les canaux toute la journée, à admirer les paysages, les rizières et les différents détails du mode de vie des habitants des backwaters 


Décembre 2013

SINGAPOUR




 On se dirige vers Marina Bay, le quartier

avec le fameux hôtel Marina Bay Sands, il est immense, il est entouré des Gardens by the Bay (un parc venu du futur), de la marina, d’un centre commercial hallucinant avec des canaux dans l’esprit de Venise à l’intérieur et d’autres bâtiments tout aussi modernes

SINGAPOUR

L

’arrivée à Singapour à 7h30 est rude. L’avion est parti du sud de l’Inde à 0h35 mais avec le décalage horaire, ça nous fait une petite nuit de 4 heures seulement. Lors de l’atterrissage, on aperçoit un nombre impressionnant de bateaux autour de la ville. Après un court trajet en taxi, on arrive chez Quentin, un pote de fac qui habite ici depuis peu, et sa copine Maylis qui nous hébergent durant notre passage dans la cité-état. On pose nos affaires, on prend le petit déjeuner et on repart afin de savoir au plus vite ce qu’il est possible de faire pour l’appareil photo de Fanny (le blog ne serait pas le même sans ses belles photos). Nous nous rendons aux bureaux de Fujifilm Singapour où il y a un centre de réparation. On est hyper bien accueilli et la jeune femme en charge de notre dossier nous donne de l’espoir. On donne le numéro de Quentin afin qu’elle puisse nous tenir au courant de la suite et on croise les doigts! On va ensuite à Orchard, les Champs Elysées de Singapour, qui se résume à une suite de centres commerciaux imposants, il y en d’ailleurs beaucoup dans la ville. Nos premières im-

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pressions : il fait très chaud et humide, c’est très moderne, propre, cosmopolite et riche, ce qui correspond bien à ce qu’on a pu entendre avant de venir. Egalement, en ce qui me concerne, je sais que je vais adorer la cuisine ici dès le premier repas que l’on fait dans une food court, avec des plats venant des pays voisins et surtout de la Chine, ce qui fait plaisir après un mois d’Inde. On achète le Lonely Planet pour Bali, notre étape suivante (cette fois, on aura un guide!) et on essaye de trouver une caméra Go Pro (mon cadeau d’anniversaire!) à un bon prix ce qui nous amène au quartier de Little India (qui porte bien son nom…on se retrouve effectivement en Inde seulement un jour après notre départ). Après quelques tentatives dans différents magasins, on atterrit au Sim Lim Square, un mall dédié aux produits électroniques. Les vendeurs sont louches mais les affaires semblent bonnes, d’autant plus que la boite de la Go Pro est scellée. Au moment où je m’apprête à finaliser l’achat, Fanny me dissuade, je me rétracte ce qui énerve le vendeur qui baissera une fois de plus le prix (technique

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à retenir). Cette fois, c’est trop tentant et je repars avec l’objet…mais un peu sceptique. Quentin nous appelle, les nouvelles sont mauvaises : les circuits de l’appareil photo sont complètement foutus, il faut tout changer et le coût est quasi le même que le prix d’un appareil neuf (du moins à Singapour). L’objectif en revanche fonctionne toujours. On repasse aux bureaux de Fujifilm récupérer la dépouille de l’appareil photo, on abandonne donc l’idée de le faire réparer. En rentrant, je teste la Go Pro, elle fonctionne bien mais je constate après quelques recherches qu’un nouveau modèle est sorti depuis peu, ce qui explique pourquoi j’ai pu l’acheter à un bon prix...tant pis, elle marche c’est le principal! Quentin rentre de son boulot et on se raconte ces dernières années autour de bons plats coréens. Le lendemain, on déjeune avec Thomas, un autre ami qui vit ici depuis 3 ans environ, de nouveau dans une food court. On teste le chicken rice, un plat typique, c’est simple mais très bon. Puis, de

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nouveau direction un centre commercial pour acheter un nouvel appareil photo, en passant par Chinatown. On trouve le même modèle à un prix inférieur à ce qu’on aurait payé en France (Fanny renverra plus tard l’ancien à ses parents dans l’espoir de faire marcher la garantie). Après quelques galères, nous voici donc de nouveau équipés . C’est presque la fin de notre deuxième journée à Singapour et on a l’impression d’avoir vu que des malls, on en a un peu marre. On se dirige vers Marina Bay, le quartier avec le fameux hôtel Marina Bay Sands et sa piscine à débordement au dernier étage. Durant le chemin, on apprécie l’architecture ultra moderne de cette partie de la ville, et quand on arrive, on est en admiration devant le magnifique paysage citadin qui s’offre à nous : l’hôtel est immense, il est entouré des Gardens by the Bay (un parc venu du futur), de la marina, d’un centre commercial hallucinant avec des canaux dans l’esprit de Venise à l’intérieur et d’autres bâtiments tout

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 La vue met

une bonne claque et la piscine est superbe, dominant le centre financier de la ville et la marina

aussi modernes. La nuit tombe, tout s’éclaire avec le reste de Singapour en arrière-plan, dont les grattes ciels du centre financier. On retrouve ensuite Quentin et Maylis pour dîner dans un coin très fréquenté par les expatriés. Le week-end arrive et on décide d’aller au zoo tous ensembles (Quentin nous a bien vendu la visite qui fut également recommandée par Thomas). Et bien on est pas déçu, probablement le meilleur zoo qu’on ait fait de notre vie. Il est en fait situé en pleine jungle et certains animaux ne sont pas vraiment en cage. Par exemple, à un moment, des orangs outans passent juste au-dessus de nos têtes. Il y a également une sorte de serre où des papillons, des lémuriens, des chauvessouris et d’autres bestioles se promènent tout autour de nous. Parfois les papillons se posent même sur les gens, et on peut voir les chauves-souris de très près. De plus il y a une grande variété au niveau des espèces : il est possible de voir des tigres blancs, des girafes, des hippopotames,

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des rhinocéros, des pingouins, etc…difficile de tout voir en une après-midi!. Le soir, on retourne aux Gardens by the Bay pour visiter la Cloud Forest, une forêt tropicale sous une serre qui monte assez haut, et pour voir un spectacle son et lumière illuminer les Supertrees (plutôt moyen en fait). On change ensuite de quartier pour aller manger des crabes, on se régale. On s’active moins le dernier jour. On ira simplement déjeuner avec Eric, un ami de Fanny, qui est sur Singapour depuis assez longtemps avec sa femme et ses deux petites filles (qui apprennent à parler anglais, français, chinois, éducation locale oblige). Puis on se pose chez Quentin en attendant notre vol vers Bali. Entre les visites, les retrouvailles, les centres commerciaux et la tentative de réparation de l’appareil photo de Fanny, on finit cette étape vraiment crevé. On a adoré Singapour, une ville tellement moderne, où il y a également des petits quartiers avec une véritable identité. Et en plus les gens sont sympas!

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Janvier 2014

INDONESIE




 Dwarapala est une divinité gardienne

de portes des temples et monastères bouddhiques et hindouistes

BALI

Q

uand on arrive à Bali, il est plus de 23h et il pleut. On a réservé un hôtel à Denpasar car on suppose à tort que la capitale est juste à côté de l’aéroport qui porte le même nom : on mettra plus d’une demi-heure pour arriver à destination (et sur une île comme Bali on peut considérer que c’est loin). Etant donné qu’il n’y a rien à faire à Denpasar ou presque, on part dès qu’on se lève pour rejoindre Jimbaran, un petit village de pêcheur plus au sud, situé juste à côté de l’aéroport...oui on a mal géréOn trouve un hôtel avec piscine pour vraiment pas cher (d’ailleurs le rapport qualité-prix est souvent très bon sur Bali), on loue un scooter et on explore les environs. On va d’abord tout au sud de l’île au temple d’Uluwatu qui est situé au bord d’une falaise et peuplé de nombreux singes un peu cleptomanes. Un touriste japonais se fait d’ailleurs voler et mettre en pièces ses lunettes de soleil devant nous. Puis on repart vers le nord pour voir le coucher de soleil sur le Tanah Lot, un temple perché sur des rochers en mer et accessible uniquement à marée basse. En chemin, alors

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qu’on s’arrête pour demander notre direction à des flics, ils en profitent pour nous coller une amende car pour les rejoindre j’ai du m’arrêter 2 mètres après le feu rouge. Je trouve le motif carrément abusif mais ça pourrait arriver en France en tombant sur des flics un peu trop zélés donc je paye les 250 000 rupiahs demandées (soit 18€). Ce n’est que plus tard qu’on apprend le véritable montant de l’amende, à savoir 50 000 rupiahs...ils se sont bien foutus de nous, et ça arrive souvent apparemment que les flics arnaquent les touristes. Ça fait presque 3 mois qu’on voyage et c’est la première fois qu’on se fait avoir aussi bêtement! On oublie cette mésaventure et on arrive au Tanah Lot à temps. Il y a du monde et la vue est impressionnante. Comme en Inde, quelques locaux nous demandent des photos et un groupe d’étudiantes nous posent des questions sur la France afin de pratiquer leur anglais. De retour sur Jimbaran, on dîne dans un des restaurants des pêcheurs et on comprend mieux pourquoi les gens viennent spécialement pour ça, c’est super bon.

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UBUD Nous nous rendons ensuite à Ubud, le centre culturel de l’île. On trouve une petite guest house pas loin du centre, pas cher, gérée par une famille locale, avec une chambre refaite à neuve avec baignoire, le tout dans un super cadre bien typique, bref c’est parfait! La ville est très sympa, on sent que le niveau de service ici est assez élevé, beaucoup de restos très bons et des temples partout. Il y a d’ailleurs des processions dans tous les sens, tout le temps, avec la musique balinaise si particulière (voir ici). La situation de l’île est singulière au niveau de la religion : ici on pratique l’hindouisme alors que tout le reste de l’Indonésie est majoritairement musulman. On visite les quelques petits

Les gens viennent essentiellement à Amed pour 2 choses : le calme et la vie sous-marine temples d’Ubud, on assiste à un spectacle traditionnel pour trois fois rien, on teste les spécialités comme le babi guling (des morceaux de porc avec du riz, simple mais avec une sauce un peu relevée et surtout de la peau de porc grillée, délicieux), on visite le musée Puri Lukisan dédié à l’art balinais (intéressant de voir comment une si petite île a développé une véritable identité culturelle) et on fait un tour dans la Sacred Monkey Forest, une forêt avec quelques temples et fortement peuplée par des singes qui ont bien compris à quoi pouvait leur servir les touristes (soit pour la nourriture vendue à l’entrée histoire d’attirer les mignons petits singes, soit pour se divertir en piquant n’importe quel objet qui traîne). C’est à peu près tout ce qu’il y a à faire sans s’éloigner de la ville. La situation centrale d’Ubud en fait un bon point de chute pour ensuite bouger aux alentours. Rien qu’en vélo, il est déjà possible de se balader dans les rizières tout autour qui offrent un joli spectacle de vie quotidienne locale. En scooter (et en faisant attention aux flics corrompus), on est allé beaucoup plus loin pour arriver à Jatiluwih, des rizières en terrasse et apparemment le meilleur paysage de ce type à voir sur Bali. On va encore plus loin (et là on se fait complètement tremper par la pluie) pour voir le temple Luhur Batukau, perdu dans la brume au pied d’un volcan (on sera les seuls touristes sur ce site). Moins éloignés, nous verrons aussi les temples Taman Ayun (un gros temple sur un plan d’eau), Gunung Kawi (les plus vieilles ruines de l’île, ça vaut vraiment le coup) et Tirta Empul (bassin d’eau sacrée où les pratiquants viennent se baigner pour purifier leur âme…mouais pourquoi pas). On aurait pu faire une petite randonnée pour voir le lever du soleil au sommet du Mont Batur, mais le temps (il n’a fait que pleuvoir depuis qu’on est à Ubud) et l’heure de départ (2h du mat) auront raison de notre motivation.

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AMED Après ces quelques jours biens agréables à Ubud, nous partons vers Amed, tout à l’est de Bali. Derrière ce nom se cache en fait une série de petits villages de pêcheurs. Nous restons dans celui de Jemeluk dans une toute petite guest house de 2 chambres qui donnent sur la mer. Les plages à Amed sont loin d’être paradisiaques : sable noir et galets. Mais c’est sympa de voir les pêcheurs travailler juste en face, il y a un bon spot de snorkeling et le bruit des vagues est toujours aussi agréable pour s’endormir. De plus, le proprio est génial et aux petits soins pour nous faire passer le meilleur séjour possible. Les gens viennent essentiellement à Amed pour 2 choses : le calme (pour le coup c’est hyper calme et tout ferme vers 22h) et la vie sous-marine (plongée et snorkeling). Il y a quelques autres activités à faire aux alentours (treks sur volcans et des temples) mais avec un shop de plongée

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 Le Pura

Taman Saraswati est un palais aquatique au coeur de la ville d’Ubud

tous les 50 mètres, on comprend vite quelle est l’attraction principale. On explore un peu les environs en allant au Tirta Gangga, un temple sur l’eau avec carrément une piscine où les gens peuvent se baigner, et on ira pas beaucoup plus loin car il pleut encore. On commence d’ailleurs à en avoir un peu marre de ce temps, surtout qu’étant en bord de mer on ne peut pas vraiment profiter de la plage, ni du snorkeling, la visibilité étant médiocre en raison de l’eau boueuse qui descend depuis les volcans jusque dans la mer. Heureusement cela ne pose pas de problèmes pour la plongée et on est content car c’est les premières que l’on fait depuis le début du voyage. On fait donc 2 belles plongées situées à Tulamben avec un club local recommandé par notre proprio : Liberty Wreck (une grosse épave d’un bateau de 120 mètres) et Drop Off (un tombant avec pas mal de coraux). Très bien pour une reprise! En rentrant vers la guest house, on rencontre des belges avec qui on

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sympathise et on prévoit de les retrouver le soir même pour le réveillon de Noël (et oui on est le 24 décembre). Pendant que Fanny profite d’un massage, je pars nager…sous la pluie pour changer. Le soir, le proprio nous prépare un très bon repas, des maquereaux à la mode locale et autres accompagnements. On retrouve ensuite les belges et ensemble on cherche un endroit avec une petite ambiance de Noël…sans succès. On se résigne à aller dans le premier endroit pas trop mal encore ouvert pour boire quelques verres mais vers 23h on comprend bien (et le personnel nous aide à le comprendre) qu’il est temps d’aller se coucher. En même temps, sur une île hindoue, il nous faut pas espérer que la naissance du messie des chrétiens soit l’occasion d’une quelconque célébration, et surement encore moins à Amed. Ce fut notre dernière nuit sur Bali. On a beaucoup aimé l’atmosphère ici, vraiment très particulière, dommage pour la pluie!

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 Pas de voitures ou de motos ici, pour

se déplacer, il faut marcher, pédaler ou prendre un cidomo, une sorte de carriole tirée par un cheval, richement décorée et dont le bruit sonne exactement comme le traîneau et les rennes du Père Noël

GILI AIR

N

ous partons le jour de Noël en speedboat vers Gili Air, une petite île faisant partie de l’archipel des Gilis, coincé entre Bali et Lombok. Les îles Gilis sont situées entre Bali et Lombok, une autre île majeure de l’Indonésie plus à l’est et à laquelle les Gilis sont rattachées administrativement. Il y a 3 îles : Gili Trawangan, la plus grande et la plus festive, Gili Meno, la plus petite et la plus calme, et Gili Air, le bon compromis entre les deux et celle où nous avons choisi d’aller. On quitte Amed en speedboat tôt le matin de Noël. On nous avait prévenu que ça allait secouer et que souvent les gens sont malades, mais aucun soucis nous concernant. Soit la mer est calme aujourd’hui, soit on a pris l’habitude. On arrive à Gili Air après une bonne heure de traversée. Il fait nettement plus beau que sur Bali (heureusement!), la mer est bien turquoise et le sable blanc, les plages ne sont en revanche pas très larges. Quelques jours avant notre arrivée, on avait regardé les hébergements sur l’île histoire de vérifier les dispos et à cause des fêtes de fin d’année quasiment tout était

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plein. Du coup, après pas mal de recherches, on a trouvé une petite guest house, Damai Homestay, avec de bons commentaires sur le net, et c’est vers là que nous nous dirigeons après avoir débarqué. Sur Gili Air, il n’y a qu’une seule « route » qui traverse l’île et plusieurs chemins qui la rejoignent depuis l’espèce de promenade qui longe la plage. Pas de voitures ou de motos ici, pour se déplacer, il faut marcher, pédaler ou prendre un cidomo, une sorte de carriole tirée par un cheval, richement décorée et dont le bruit sonne exactement comme le traîneau et les rennes du Père Noël, ce qui est assez marrant à entendre vu la période. Après une bonne dizaine de minutes de cidomo, on arrive à Damai et on est plutôt content : les chambres sont accueillantes, propres avec une terrasse et des hamacs, l’espace commun est sympa, il y a des cocotiers juste en face et on aperçoit la mer. Dommage que cela ne soit pas juste au bord de mer, on a pris l’habitude à chaque fois d’avoir le bruit des vagues pour s’endormir, mais bon 200 mètres ça ira aussi. De plus, Rosa la proprio française s’occupe bien

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de nous et nous donne plein de bons conseils. On a prévu de rester 1 semaine sur Gili Air. On a bien enchaîné sur Bali et étant donné qu’au Vietnam, la prochaine destination, on va également beaucoup bouger, nous avons choisi cette île car il n’y a justement pas grand-chose à faire. C’est tellement petit qu’en une heure de marche il est possible d’en faire le tour. Au niveau des activités : snorkeling, plongée, yoga, paddle, surf… ou simplement ne rien faire!. Les journées passent et se ressemblent parfois. On profite du cadre et de la nature environnante : en faisant du snorkeling juste en face de Damai on peut voir des beaux coraux, pas mal de poissons et même des tortues qui se laissent facilement approcher. Derrière une maison non loin de la guest house, on peut voir aussi des gros lézards qui atteignent presque les 2 mètres… inoffensifs. Je profite de tout ce temps pour me faire couper les cheveux : je voulais les laisser pousser mais en fait ça me plait pas trop (par contre la barbe, je compte bien aller jusqu’au bout!).

PLONGÉES • Bounty : une plongée dérivante avec beaucoup de courant (tellement qu’on a l’impression de voler!) et une épave, nous y verrons beaucoup de grosses tortues • Taket Penyu : manque de visibilité sur cette plongée mais quelques espèces intéressantes (lionfish et scorpionfish) ainsi que de très beaux coraux • Manta Point : excellente plongée avec beaucoup de poissons et de coraux et surtout deux requins d’espèces différentes (whitetip et blacktip) Comme d’habitude, on apprécie ces pauses durant le voyage, surtout que normalement la prochaine ne sera pas avant 1 mois et demi quand nous serons en Thaïlande. Malheureusement, je tombe malade vers la fin de notre séjour et je suis tellement mal en point que je reste dans la chambre toute une journée. Mais grâce à Fanny et Rosa et leurs différents remèdes, je me remets vite (quoique un peu faible encore sur les jours suivants). Le réveillon du jour de l’an arrive et l’île est alors pleine de monde (des touristes mais aussi des indonésiens venus d’autres coins du pays) et devient nettement plus festive. Vanessa et Carlos, des espagnols qui habitent Genève rencontrés à Damai, se joignent à nous pour célébrer le passage à 2014. On commence par aller dans un bar-resto tenu par des français, l’ambiance est sympa mais vu qu’il est déjà un peu tard, ça manque de nourriture. On bouge pour trouver un endroit où la cuisine est encore ouverte et on se retrouve dans un autre bar-resto fréquenté en majorité par des indonésiens mais où ça manque un peu de monde. Plus on approche de minuit, plus ça se remplit et quand on bascule en 2014, un petit feu d’artifice sympa est lancé juste en face de nous avec les indonésiens qui dansent

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comme des fous derrière sur des vieux tubes dance des années 90 et quelques trucs plus récents. Fanny, Vanessa et Carlos prennent un bain de minuit, moi je me retiens pour éviter de retomber malade. Quand on quitte l’endroit, il y a une vrai petite ambiance mais on préfère retourner au premier bar où on était, où la musique nous correspond un peu plus. On boit un peu, on danse, on passe un bon petit réveillon qui aurait pu se finir plus tard si on avait pas tous des choses à faire le lendemain (Carlos et Vanessa, leur examen théorique de plongée, et nous, notre départ de l’île!). On est le 1er janvier 2014, c’est notre dernier jour sur Gili Air et on prépare doucement nos affaires. Le bateau vers Lombok où on doit prendre notre avion part vers 14 heures, on a tout notre temps. Jusqu’ici, hormis l’appareil photo de Fanny qu’on a dû remplacer (d’ailleurs au passage, la garantie a fonctionné, du coup c’est remboursé en quasi-totalité), on a pas vraiment connu de grosse galère. Fanny a fait en sorte de changer ça, histoire de pimenter les choses. Pour payer Rosa, on doit retirer 2 millions de

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 On profite

du cadre et de la nature environnante: en faisant du snorkeling juste en face de Damai on peut voir des beaux coraux, pas mal de poissons et même des tortues qui se laissent facilement approcher

rupiahs (125€) mais vu qu’il y a une limite de 1,5 million par retrait, il va falloir en faire deux. Du coup, histoire de répartir les frais bancaires, Fanny part en vélo avec nos deux cartes au seul distributeur de l’île. Au retour, elle met son portefeuille contenant nos deux cartes plus les 2 millions dans sa poche…vous vous doutez de la suite… arrivée à Damai, elle pose le vélo, vérifie sa poche, plus de portefeuille, il est tombé! C’est la panique bien sûr, on refait 3 fois le trajet, on demande partout et à n’importe qui, il n’y a pas de flics sur cette île, pas d’autorité (à part le chef du village), donc si on peut le retrouver c’est à nous de le faire…mais après une bonne heure de recherche, il est introuvable… On a plus d’autres choix que d’accepter la situation surtout que le bateau part bientôt. Rapidement on fait opposition sur les cartes et par chance on a assez de cash pour payer le bateau et arriver jusqu’à notre avion (on paiera Rosa par virement plus tard). Le principal problème que va nous poser cette situation est l’envoi des nouvelles cartes : étant donné que l’on bouge souvent,

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à quelle adresse les faire parvenir (et dans quel délai). Obtenir du cash en attendant ne sera pas un problème (du moins sur le court terme) : d’une part les assurances prévoient une avance de fonds dans une telle situation, et d’autre part nous faisons escale à Singapour une nuit avant d’arriver au Vietnam ce qui nous permet d’emprunter aussi de l’argent à Quentin (notre ami chez qui nous avions déjà dormi). Quand nous prenons l’avion pour Ho Chi Minh City le 2 janvier, nous savons qu’en arrivant nous allons devoir passer de nombreux coups de fil à nos banques respectives pour trouver une solution pour récupérer de nouvelles cartes le plus rapidement possible…mais on est optimiste. Dommage que notre belle semaine à Gili Air (et donc notre séjour en Indonésie) se soit achevée ainsi . PS : non je n’ai pas engueulé Fanny si vous vous posez la question…j’ai opté plutôt pour des vannes ponctuelles sur le sujet pendant une période indéterminée, c’est beaucoup plus amusant.PPS : bonne année 2014 à tous!! Qu’elle soit pleine de voyages

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Janvier 2014

VIETNAM



 On visite les nombreuses pagodes

de la ville, qui ne sont pas très grandes mais bien décorées et enfumées par les nombreux bâtonnets d’encens qui brûlent en permanence

HOCHIMINHETDELTADU MÉKONG

A

vant de partir, on a eu un petit dilemme concernant le visa vietnamien. D’un côté l’ambassade conseille fortement de passer uniquement par eux pour l’obtention d’un visa, de l’autre il existe de nombreux sites qui proposent une lettre d’invitation permettant d’entrer dans le pays pour un coût moindre. On a choisi la 2ème option, et nous n’avons eu aucun problème (donc si vous partez un jour au Vietnam ne vous laissez pas avoir en payant votre visa au prix fort à l’ambassade). Après quelques formalités qui durent une bonne demi-heure, on obtient nos visas. On récupère nos sacs, puis on partage un taxi avec un américain, direction notre hôtel dans le district 1 d’Ho Chi Minh City. Ce qui étonne rapidement dans cette ville est le nombre de 2 roues sur la route, il y en a nettement plus que des voitures.On pose à peine nos affaires dans la chambre qu’on sort les ordis pour envoyer des mails en pagaille pour savoir comment et quand récupérer de nouvelles cartes bancaires, ainsi qu’une avance de fonds pour tenir jusquelà. Pour accélérer les choses, on passe plusieurs coups de

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fil et on imagine déjà l’hors forfait qu’on va devoir payer suite à cette mésaventure. L’assurance nous propose une carte temporaire dont l’utilisation est tellement restreinte qu’elle en est presque inutile, ainsi qu’une avance de fonds comme prévu, jusqu’à 5000€ (vu le coût de la vie ici, ça ira!). Ils sont en mesure de nous faire parvenir rapidement le cash donc on prend le temps d’abord d’évaluer la somme dont on a besoin pour tenir jusqu’à ce qu’on récupère les cartes. D’ailleurs à ce propos, la solution la plus sûre et la plus rapide semble être de les transmettre à ma mère avant son départ pour le Vietnam d’ici une dizaine de jours (nous devons en effet la retrouver le 15 janvier à Hoi An). Reste à savoir si ce laps de temps est suffisant pour qu’elle puisse les réceptionner. Les banques nous confirment que oui, on part donc sur cette solution, en espérant qu’il n’y ait pas de retard, le timing étant très serré. Maintenant qu’on sait le nombre de jours à patienter, on peut évaluer l’avance de fonds nécessaire, qu’on estime à 800€ par personne (en prévoyant très large). L’assurance doit normalement nous

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C’est certainement un des marchés les plus atypiques qu’on ait vu, et c’est intéressant de voir les interactions entre les différents bateaux faire parvenir l’argent le lendemain. Etant donné que tout semble réglé (du moins on a mis des solutions en place) et qu’on a quand même du cash grâce à Quentin, on sort profiter de la ville. On ne peut pas dire qu’Ho Chi Minh City soit vraiment une belle ville. Il y a des choses à faire et à voir mais rien de vraiment impressionnant (du moins de ce qu’on a vu!). J’étais déjà venu une fois lors d’un précédent voyage mais je ne m’en souvenais pas vraiment. On visite le marché Ben Thanh où l’on mangera également (celui-là je m’en souvenais par contre!), la Poste Centrale conçue en partie par Gustave Eiffel (et oui le mec de la Tour), la cathédrale Notre-Dame et on se balade le long de la rivière Saigon. On finit cette première journée par un verre au dernier étage d’un gratte-ciel d’où on peut voir la ville progressivement s’illuminer alors que la nuit tombe. Côté nourriture, on se fait plaisir. Déjà à la base, on aime la cuisine vietnamienne en France, là on est sur place au Vietnam, et en plus il semblerait qu’Ho Chi Minh City soit un très bon endroit pour en profiter. Il est possible de manger des pho, des bo bun (d’ailleurs le vrai nom est bun bo Hue et c’est un peu différent de ceux qu’on trouve en France), des banh bao, des barbecues à tous les coins de rue où des petites tables et tabourets sont aménagés. Dans les restaurants, le menu est vaste, avec des viandes bien exotiques comme le crocodile, le serpent, le scorpion, le rat, les crickets… coincées entre le bœuf et le poulet. On a pas encore testé, j’ai déjà tenté les joues de porc, pensant que ça serait un peu comme celles qu’on a en France mais j’ai été bien déçu, que du gras! Le 2ème jour, le correspondant de l’assurance nous livre l’argent le matin (en dollars, plus pratique que l’euro ici) et ça fait du bien d’avoir un peu plus de visibilité financière. On poursuit la visite de la ville avec le quartier Cholon, son marché de gros Binh Tay (plus intéressant que Ben Thanh) et ses nombreuses pagodes, qui ne sont pas très grandes mais bien décorées et enfumées par les nombreux bâtonnets d’encens qui brûlent en permanence. Puis on fait le War Remnants Museum, intéressant mais très orienté en faveur du régime (les méfaits des américains sont bien mis en avant alors que ceux des Viets Congs sont complètements occultés) et on finit par Emperor Jade Pagoda, une pagode qui a pour particularité d’avoir un bassin avec des centaines de tortues qui se montent un peu les unes sur les autres tellement elles sont nombreuses dans un si petit espace.

DELTA DU MÉKONG Après Ho Chi Minh, nous partons vers la région du delta du Mékong, plus au sud. Cette fois, on a pris un tour en-

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tièrement géré par une agence. C’est pas ce qu’on préfère mais ça nous permet de gagner du temps (afin de tenir le RDV avec ma mère à Hoi An le 15 janvier) et de l’argent. De plus, on a trouvé une formule qui nous permet d’enchaîner directement par un bateau pour Phnom Penh au Cambodge, la suite de notre itinéraire, ce qui est très rentable. Le groupe dans lequel on est n’est pas très gros, une quinzaine de personnes. On avait peur de se retrouver dans un bus de 40 touristes! En un peu plus de 2 heures on arrive à Cai Be où nous prenons un bateau pour commencer à naviguer dans les eaux du Mékong. On aperçoit les quelques bateaux restants du marché flottant matinal, il est d’ailleurs prévu dans le programme que nous en fassions un le lendemain matin. Après avoir navigué dans les backwaters du Kerala en Inde (et dans des conditions nettement plus agréables), la vue qu’offre le Mékong n’est pas si impressionnante au début. C’est très beau mais ça manque un peu de vie sur les berges. Néanmoins, au bout d’un moment, on comprend que c’est la vie sur l’eau qui est intéressante ici et c’est fascinant d’en voir les différents détails. On s’arrête de temps en temps : une fois pour faire un petit bout de chemin en barque (plutôt sympa), quelques fois pour des visites trop touristiques pour être vraiment intéressantes d’artisanats divers (ah si on a bu de l’alcool de riz parfumé au serpent et au scorpion) et une autre fois pour déjeuner sur Vinh Long et faire une mini-balade en vélo. On reprend ensuite un bus pour aller à Can Tho, la ville principale de la région, où nous devons passer la nuit. On se promène un peu avant le dîner et il s’avère qu’on aime bien Can Tho : il y a plusieurs parcs sur les quais du Mékong où l’on peut flâner et voir des tranches de vie de familles vietnamiennes. On se pose d’ailleurs quelques instants devant cette scène simple mais hypnotisante. Après une courte nuit, nous nous rendons au marché flottant en bateau. C’est certainement un des marchés les plus atypiques qu’on ait vu, et c’est intéressant de voir les interactions entre les différents bateaux qui sont pour la plupart spécialisés dans un seul type de produit, voir même parfois un unique produit. Ça bouge dans tous les sens, les marchands s’accostent pour effectuer des transactions. On est un peu étonné de la quantité de bateaux, on nous avait pourtant prévenu qu’on serait bluffé par leur nombre, il y en a c’est sûr mais pas tant que ça. On apprend plus tard que nous n’étions pas au plus gros marché flottant de la région (Cai Rang), alors que c’est ce que nous devions faire dans le programme. On est un peu déçu mais l’expérience fut quand même bonne. Cette première approche du Vietnam par le sud nous donne envie d’en découvrir plus. Les vietnamiens ne parlent pas beaucoup anglais mais on aime leur sourire et, comme c’est souvent le cas dans les pays d’Asie du sud-est, leur joie de vivre.

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 A Ho Chi

Minh City tout se passe dans la rue, jouer aux echecs, manger ou réparer son vélo

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îž™ Ca bouge dans tous les sens,

les marchands s’accostent pour effectuer des transactions.



 Hoi An est une petite ville au centre du

pays qui fut en son temps un important point de passage et un port majeur. Aujourd’hui l’activité portuaire n’existe plus, le niveau de la rivière Thu Bon ne le permettant plus, d’ailleurs il y a régulièrement des inondations ici. Mais l’endroit a gardé les traces de son passé et le centre historique est classé quasiment entièrement à l’Unesco

HOI AN ET HUE

O

n arrive à l’aéroport de Danang dans un avion à hélice qui bouge pas mal à l’atterrissage. Etant donné qu’il est relativement tard, on a prévu que la guest house nous envoie un chauffeur pour nous amener à Hoi An, notre prochaine étape. On rencontre des autrichiennes qui y vont aussi, du coup on partage le coût de la course. Une bonne demi-heure de route et on arrive à destination. La personne qui nous accueille ne parle pas vraiment anglais (comme souvent au Vietnam) mais la guest house est très bien. Le matin, on constate qu’il fait pas beau du tout et qu’il fait froid (17° alors qu’on est habitué à 10° de plus depuis 2 mois). C’est là qu’on réalise que le Vietnam est tellement étalé qu’il y a une vraie différence de température entre le Nord, le Centre et le Sud, les saisons ne sont pas les mêmes. Et vu le parcours qu’on a prévu ces prochaines semaines, nous ne reverrons pas le beau temps avant une quinzaine de jours quand nous irons au Laos. Du coup, c’est un peu la déception car on doit ressortir nos fringues chaudes. Hoi An est une petite ville au centre du

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pays qui fut en son temps un important point de passage et un port majeur. Aujourd’hui l’activité portuaire n’existe plus, le niveau de la rivière Thu Bon ne le permettant plus, d’ailleurs il y a régulièrement des inondations ici. Mais l’endroit a gardé les traces de son passé et le centre historique est classé quasiment entièrement à l’Unesco. On peut voir les influences chinoises, japonaises et vietnamiennes sur les différents bâtiments et maisons. De plus il y a quelques belles plages pas loin. On entame justement la visite du coin en allant en vélo à la plage d’An Bang, située à 7-8km de la ville. Si la plage est grande et le sable fin, le temps ne nous permet pas vraiment d’en profiter, la mer est super agitée, le ciel est gris et il ne fait clairement pas assez chaud pour se baigner. On est bien hors saison ici, contrairement au sud du Vietnam. On voulait à la base faire une plongée, mais on comprend mieux pourquoi le club qu’on a contacté nous a dit que c’est impossible à cette période. En retournant vers Hoi An, on passe par des rizières situées en bordure de la ville. Contrairement à ce qu’on avait vu à Bali, elles ne sont

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pas en terrasse mais la vue est quand même superbe. Puis on passe rapidement dans la vieille ville et c’est vrai que c’est très joli. Tout le quartier semble sorti d’un autre temps et la rivière et les ponts autour accentuent cette impression. Il y a beaucoup de magasins, des marchés, la ville a aussi réputation d’être idéale pour faire du shopping. On finit cette première journée par un tour dans un quartier excentré où l’on croise quelques locaux qui nous posent des questions, curieux de nous voir ici. Le soir, c’est avec grand plaisir qu’on retrouve ma mère, mon oncle et ma tante qui visitent également le Vietnam (ainsi qu’Angkor). Ce qui nous manque le plus dans ce voyage, c’est évidemment la famille et les amis (OK le saucisson et le fromage aussi), donc je suis très content de les retrouver. C’est aussi le moment de récupérer nos nouvelles cartes bancaires, grâce à ma mère qui les a ramenées de France. Cette mésaventure finit donc bien, à l’avenir on fera plus attention (enfin je dis « on » pour être sympa…). On dîne dans un resto typique et on teste le plat local, le Cao Lau (nouilles de riz épaisses, avec du porc, des gratons et une sauce spéciale), en buvant de la Bia Hoi (bière très fraîche puisque brassée le jour même, sans conservateur, ni additif). Hoi An est aussi connue pour sa cuisine et il est vrai qu’on y mange très bien. On se promène un peu ensuite tandis qu’une multitude de lampions éclairent les rues, c’est vraiment un endroit charmant. Les jours suivants nous visitons la ville et ses alentours avec ma mère uniquement, mon oncle et ma tante continuant leur programme de leur côté (sauf le soir où on se retrouve tous pour dîner et profiter des spécialités locales). Pour cela, il faut acheter un ticket qui donne accès à 5 sites différents, à choisir parmi les nombreux dispersés dans le centre historique. Vu que certains ne nécessitent pas de ticket et que pour d’autres,

CE QU'ON A VU À HOI AN • Le fameux pont japonais : c’est un peu l’emblème d’Hoi An, un joli petit pont construit par la communauté japonaise de la ville au 16ème siècle (et restauré plusieurs fois depuis) • 2 maisons traditionnelles, Tan Ky House et Tran Family Chapel : si les maisons sont belles et les explications des membres de la famille intéressantes, on a moins aimé finir chaque visite dans la pièce aménagée en boutique de souvenirs • 3 halls de prière chinois, Fujian Chinese Congregation, Cantonese Chinese Congregation et All-Community : des lieux de culte construits par les différentes communautés chinoises, bien décorés et typiques • 2 temples, Quan Cong et Phac Hat : sympas mais rien de surprenant après avoir vu de nombreuses pagodes similaires au quartier Cholon à Ho Chi Minh City

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• Atelier d’artisanat : nous y verrons un petit spectacle destiné aux touristes qui permet de se faire une idée des musiques et danses traditionnelles Une bonne journée permet de faire un tour quasi complet de la vieille ville, c’est vraiment petit. On finit au marché où nous testons pour la première fois le durian, un fruit que nous avons croisé plusieurs fois mais que nous n’avions pas encore goûté (étant avec ma mère c’est l’occasion). Ce qu’il faut savoir sur le durian, c’est que c’est un fruit dont la chair pue, une odeur vraiment infecte entre la moisissure et un fond de poubelle (tellement qu’il est interdit dans les bus et certains hôtels à Singapour, et ailleurs j’imagine). Et bien ça a le goût de son odeur, on aime pas du tout! Le lendemain, on loue un tandem pour ma mère et moi et un vélo pour Fanny afin de nous aventurer autour d’Hoi An. On se dirige vers l’autre plage du coin, Cua Dai, qu’on longe jusqu’à arriver à un tout petit port à l’extrémité sud. La vue n’est pas terrible et le temps n’aide pas car il pleut pas mal. Des pêcheurs nous demandent de l’aide pour sortir une petite remorque de la mer et après cette bonne action, on part à la recherche d’un resto. On est tellement trempé que ce sera l’occasion de sécher. Une fois le ventre plein, on repart et heureusement il ne pleut plus. On pédale en direction d’un bout de campagne au sud-est d’Hoi An. Des paysages ruraux, des rizières, des cocotiers d’eau défilent, on a bien fait d’aller par-là, c’est magnifique. Après cette belle ballade, on retourne en ville, pour retrouver mon oncle et ma tante, boire un verre et faire quelques achats, notamment un volant de Dacau (un sport similaire au badminton mais avec les pieds et les mains) et des billets de train pour le nord du pays. On a passé en tout 4 jours à Hoi An et même s’il est possible d’en faire le tour en une journée, ça vaut le coup d’y passer plus de temps. La vie sur place est agréable, la cuisine délicieuse, les environs permettent de belles escapades et s’il fait beau, il y a des plages assez proches. Encore une belle étape!

HUE Nous partons ensuite tous ensemble pour Hue, en passant par le col des nuages qui offre de beaux points de vue sur des rizières et des plages, mais le mauvais temps nous gâche un peu le plaisir. On s’arrête en chemin à Danang pour visiter le musée de la sculpture Cham. On y apprend quelques infos sur l’histoire de cette minorité ethnique du Vietnam qui ne fut pas toujours une minorité puisqu’il y avait un véritable royaume des Chams jusqu’au 17ème siècle. Le musée est surtout consacré aux différentes sculptures découvertes et qui représentent des divinités hindoues (religion des Chams). On arrive à Hue dans l’après-midi. On se pose un peu avant de dîner et, comme à Hoi An, il y a

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des spécialités ici bien spécifiques à la ville, la plus connue étant le Bun Bo Hue, plat qui semble avoir inspiré ce que l’on connaît sous le nom de Bo Bun en France (c’est tout de même assez différent). Comme d’habitude, on se régale. Hue est l’ancienne capitale impériale, au temps donc où il y avait encore des empereurs au Vietnam. Elle ne l’est plus depuis 1945. Globalement ce n’est pas une très belle ville, surtout au retour de Hoi An. Mais vu son ancien statut, il y a évidemment des choses à voir. Nous n’avons qu’une seule journée ici, donc pour en profiter au max, on a pris un chauffeur pour la journée. On commence par visiter 2 tombeaux d’anciens empereurs situés en dehors de la ville, Minh Mang et Tu Duc. Le premier est entouré d’un lac, alors que le deuxième est composé de nombreux bâtiments agencés autour d’un petit plan d’eau au milieu duquel une île artificielle a été construite. On apprécie l’architecture typique des constructions et l’atmosphère qui se dégage de l’ensemble. Il existe 4 autres tombes dans le coin mais 2 suffiront pour nous faire une idée (de toute façon, on a pas le temps). On part ensuite en direction de la Citadelle, qui est en fait l’ancienne cité impériale qui a été construite sur le modèle de la Cité Interdite en Chine. C’est très grand, il y a de nombreux bâtiments à visiter : le grand hall pour

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les réceptions (le plus impressionnant du site), le théâtre (où nous verrons une répétition de danse traditionnelle), différentes résidences (pour la reine-mère, pour les nobles), des temples,… Néanmoins, une bonne partie de la cité a été détruite lors des différentes guerres. C’est pas mal mais on trouve ça moins impressionnant que les tombes. On finit par la pagode Thien Mu qui, au même titre que la Citadelle, est un symbole de Hue. Elle est aussi connue pour les quelques immolations de moines bouddhistes qui ont eu lieu ici. Elle est différente des pagodes qu’on a vu jusqu’ici en raison de la présence d’une tour impressionnante sur 7 niveaux à l’entrée (chaque niveau représentant une incarnation de Bouddha). On retourne au centre-ville en bateau pendant que la nuit tombe. Une journée bien fatigante et la dernière avec ma mère. Elle poursuit en effet son voyage avec mon oncle et ma tante vers Ho Chi Minh City, le delta du Mékong, puis Angkor (exactement ce qu’on a fait ces dernières semaines, Phnom Penh en plus). On dîne une dernière fois tous ensemble, puis on se dit au revoir, sachant que nous ne nous reverrons pas avant 6 mois. Fanny et moi prenons un train l’après-midi suivant pour le nord du Vietnam, histoire d’avoir encore plus froid. Prochain arrêt Ninh Binh!

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 Tout le

quartier semble sorti d’un autre temps et la rivière et les ponts autour accentuent cette impression. On peut voir les influences chinoises, japonaises et vietnamiennes sur les différents bâtiments et maisons



 Hue est l’ancienne capitale

impériale, au temps donc où il y avait encore des empereurs au Vietnam. Elle ne l’est plus depuis 1945. On apprécie l’architecture typique des constructions et l’atmosphère qui se dégage de l’ensemble



 On loue une petite barque pour 2 heures

et on navigue sur la rivière Ngo Dong

NINH BINH

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n quitte ma mère, mon oncle et ma tante qui continuent leur voyage de leur côté direction le sud du Vietnam, pour prendre un train pour Ninh Binh, situé plus au nord. Ces derniers jours dans le pays vont être intenses car on a prévu de voir le parc national Cuc Phuong, Tam Coc (une sorte de baie d’Halong terrestre), Hanoi (la capitale du pays) et enfin la baie d’Halong. Le trajet dure 12 heures et ça passe plutôt vite car on avait du retard sur le blog. On profite de tout ce temps pour préparer les articles. Notre wagon est rempli de vietnamiens bien chargés niveau bagages car le Têt approche (nouvel an au Vietnam) et les familles se regroupent, emportant provisions et cadeaux. On arrive à Ninh Binh très tard, il est 2h30 du matin quand on pose nos bagages dans la guest house. Ninh Binh n’est pas une belle ville et il n’y a rien d’intéressant à voir. C’est la nature tout autour qui vaut la peine de s’y arrêter. Pour ne pas perdre de temps, on se lève quelques heures après notre arrivée (on sera resté à peine 5 heures dans la chambre) pour nous rendre à la

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réserve naturelle Cuc Phuong, à 65 km d’ici. Le chauffeur nous laisse au milieu du parc et de là, on commence une petite randonnée de 2 heures d’une difficulté moyenne. Finalement, Cuc Phuong n’a rien d’exceptionnel (du moins ce qu’on a vu). C’est beau, il y a des arbres immenses mais on s’attendait à mieux. Néanmoins, ça faisait un moment qu’on avait pas fait une ballade en pleine nature donc c’est quand même sympa. Après un déjeuner moyen au resto du parc et bien trop cher pour la qualité (on pense qu’on a eu le droit à une tarification spéciale touriste…), on se dirige vers Tam Coc, ce qui nous rapproche de Ninh Binh (c’est quasiment à côté). On loue une petite barque pour 2 heures et on navigue sur la rivière Ngo Dong au milieu de superbes paysages montagneux, de falaises entourées de rizières, en apercevant parfois des cimetières et en passant par des petites caves sous les roches. On en prend plein les yeux et même les sollicitations des quelques marchands sur place ne gâchent pas notre plaisir. Si vous allez au Vietnam, ne manquez pas cette étape!

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 On se retrouve au milieu

de superbes paysages montagneux, de falaises entourées de rizières, en apercevant parfois des cimetières et en passant par des petites caves sous les roches. On en prend plein les yeux

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 On visite la capitale et on se rend

rapidement compte que c’est nettement plus intéressant qu’Ho Chi Minh City. On commence avec la vieille ville et ses nombreux commerces, ses petites échoppes pour manger et ses maisons anciennes

HANOÏETLABAIE D'HALONG

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n fin de journée, on part sur Hanoi. On pensait prendre le bus public mais un mec de l’hôtel nous fait monter dans un mini bus privé qui s’arrête sur demande (très courant au Vietnam). Au bout de quelques minutes, on nous demande de payer un tarif 2 fois supérieur à ce que nous avait annoncé l’hôtel mais on arrive à négocier un prix correct (on nous le confirmera d’ailleurs plus tard). Peu de temps avant d’arriver à Hanoi, les mecs essayent de nous faire descendre en nous gueulant dessus mais on voit bien que ce n’est pas du tout le bon endroit, un jeune vietnamien nous le fait également remarquer. Ils voulaient en fait nous sortir du bus afin de libérer la place pour d’autres clients, décidément c’est vraiment des enfoirés!Le petit Viet sympa nous propose de descendre avec lui afin qu’il nous aide à prendre un bus local pour rejoindre le centre-ville d’Hanoi. On le suit, mais au bout d’un moment on comprend qu’il ne connait pas bien la ville et on est tellement crevé qu’on décide de prendre un taxi. Il voulait surement nous faire faire des économies mais le taxi nous a coûté 3€ donc on va pas

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se priver après cette longue journée. On arrive enfin à l’hôtel où on est très bien accueilli par une vietnamienne rigolote qui se marre bien en essayant de prononcer mon prénom (elle a même du mal à croire au début que je sois français). Le lendemain on visite la capitale et on se rend rapidement compte que c’est nettement plus intéressant qu’Ho Chi Minh City. On commence avec la vieille ville (où l’hôtel est d’ailleurs situé) et ses nombreux commerces, ses petites échoppes pour manger et ses maisons anciennes. On sent bien que le Têt est proche avec l’étalage de nombreux produits en rapport avec l’événement. Ensuite, on prend un peu de temps pour préparer notre visite de la baie d’Halong. Visiblement, cette fois encore on a pas vraiment le choix, on doit de nouveau prendre un tour organisé, tout semble verrouillé par les agences et les compagnies de bateaux qui exploitent le site. Après avoir fait plusieurs agences, on se rend compte que tous les tours proposent quasiment la même chose, et seule la qualité de la prestation change en fonction du prix qu’on est prêt à mettre. On se renseigne

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également sur les bus pour aller au Laos, le prochain pays de notre itinéraire. Finalement, on se décide de ne pas se décider de suite, on se laisse l’après-midi pour réfléchir et choisir l’agence qui nous parait la plus fiable. On continue la visite en passant devant le lac Hoan Kiem qui est collé à la vieille ville, le temple Ngoc Son que nous ne visiterons pas et la cathédrale Saint Joseph. Après un délicieux déjeuner (comme toujours ici), on se sépare car on veut voir des trucs différents et il ne nous reste plus beaucoup de temps avant la fermeture des sites. Pendant que Fanny visite le musée de la femme au Vietnam (qu’elle n’aura pas le temps de voir en entier mais qui est intéressant et plus tourné sur la culture en général du pays qu’uniquement sur la condition de la femme), je fais un tour au temple de la littérature, dédié à Confucius et autres érudits honorés au Vietnam. C’est en fait un complexe de plusieurs bâtiments typiques anciennement utilisés pour l’enseignement et qui servent aujourd’hui de lieux de culte. Puis je passe rapidement devant le mausolée d’Ho Chi Minh (qui me fait évidemment penser à celui de Lénine qu’on a vu à Moscou) et fini ma promenade (qui ressemble un peu à une course) à Tay Ho, dit West Lake, le plus grand lac de la ville et un bel espace naturel bien mis en valeur par le coucher de soleil, et la pagode Tran Quoc. Je retrouve ensuite Fanny à l’hôtel et après avoir discuté avec le proprio, on réserve notre tour sur la baie d’Halong et les billets pour le Laos avec eux car on a un bon feeling avec le type, le bateau qu’il nous propose a de très bons retours sur le net et il nous fait une bonne réduction sur le prix (mais bon on sait que ça ne changera rien au fait qu’on sera noyé dans la masse de touristes). Le soir, on va voir un spectacle de Roi Nuoc au théâtre municipal, un art traditionnel du nord du Vietnam mettant en scène des poupées d’eau. Fanny est réticente au début mais c’est tellement sympa qu’elle se laisse un peu convaincre sur la fin. Enfin, on finit la journée par une balade nocturne autour du lac central et par le meilleur pho qu’on ait mangé depuis notre arrivée dans ce pays (normal, le plat vient du nord!).

LA BAIE D’HALONG Vient ensuite le début de notre « aventure » à la baie d’Halong. Un bus vient nous chercher le matin à l’hôtel et après 3h30 de route (et un petit passage obligé dans une boutique de souvenirs dont les bénéfices aident les victimes de l’agent orange), on arrive au port d’Halong. On monte sur un petit bateau qui nous amène sur un plus gros, celui où nous ferons la croisière et passerons la nuit. Ce dernier est bien foutu et les chambres sont vraiment de qualité (le proprio de l’hôtel ne s’est pas moqué de nous). Et pourtant c’est seulement un bateau moyenne gamme. Le bateau se remplit et on est bientôt 22 touristes à bord, beaucoup d’américains, des malaisiens, et quelques européens et australiens, des

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jeunes et des moins jeunes. Le bateau démarre en direction de la baie et déjà on aperçoit au loin les falaises si caractéristiques qui surgissent de la mer. Après un lunch correct où nous faisons connaissance avec les autres, on va sur le pont admirer le paysage tandis qu’on navigue au milieu de la baie. On s’arrête pour visiter une série de caves et c’est là qu’on se rend compte de l’affluence que génère le site : tout le monde se suit en file indienne, et limite ça bouchonne parfois… pas vraiment agréable, du coup même si c’est beau, on en profite pas vraiment. A la sortie, il y a en revanche une belle vue sur la baie et c’est franchement superbe. De retour sur le bateau, on retourne sur le pont pour continuer de profiter du spectacle. Il fait un peu froid, ça reste supportable mais visiblement la majorité de nos compagnons de route préfèrent rester à l’intérieur ce qu’on ne comprend pas vraiment. On s’arrête de nouveau, cette fois sur une plage où en grimpant un peu il est possible d’avoir un beau pont de vue sur le coucher de soleil, mais comme pour les caves, il y a beaucoup trop de monde! On joue ensuite au dacau dans le sable, un vietnamien nous

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 Le Vietnam

c’est une cuisine succulente avec des plats différents selon les régions (et même parfois les villes), des paysages naturels à couper le souffle, une culture riche, une histoire complexe et intéressante, des gens majoritairement sympas…

montrera d’ailleurs quelques techniques (et on a encore du boulot, c’est pas facile). On picole un peu au dîner, puis pendant que Fanny s’essaye à la pêche au calamar (4 fois elle en attrape un mais il s’échappe à chaque fois) je vais une nouvelle fois sur le pont contempler les étoiles et le calme qui règne à cette heure sur la baie. La majorité des autres touristes sont regroupés devant la télé de la salle à manger pour regarder un film-docu sur le Vietnam, drôle de façon selon nous de profiter de l’expérience. Le lendemain on se lève tôt pour faire du kayak, sans guide cette fois pour nous dire où aller, ce qui nous permet d’explorer certains recoins. Retour ensuite au port tout en déjeunant afin de prendre un bus direction Hanoi. Vous l’avez surement compris, la baie d’Halong c’est très bien mais c’est vraiment dommage de ne pas pouvoir faire le site sans passer par des tours organisés (en tout cas on a bien cherché et on pas trouvé, du moins dans nos prix). Le site est complètement surexploité et même si on a passé un bon moment, on aime pas qu’on nous dise quoi faire, d’être prêt à telle heure, de manger à telle heure, etc… Le

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seul choix qui existe est la qualité de prestation souhaitée mais le programme est quasiment le même pour tout le monde. Néanmoins, on apprend plus tard que d’autres sites pas très loin de la baie d’Halong sont tout aussi impressionnants et beaucoup moins touristiques (Cat Ba Island et Lan Ha Bay, Bai Tu Long Bay). Donc ne faites pas la même erreur que nous! On passe notre dernière soirée et dernière journée à Hanoi à profiter de la street food si délicieuse (il faut absolument essayer le bun cha et le banh cuon), voir une représentation de Ca Tru (musique traditionnelle qui a bien failli disparaître suite à l’occupation française et aux différentes guerres) et effectuer quelques achats pour le long trajet en bus qui nous attend (24 heures) pour rejoindre Luang Prabang au Laos. Le Vietnam c’est une cuisine succulente avec des plats différents selon les régions (et même parfois les villes), des paysages naturels à couper le souffle, une culture riche, une histoire complexe et intéressante, des gens majoritairement sympas… ai-je besoin d’en dire plus pour vous convaincre que ce pays est superbe ?

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 la baie d’Halong c’est très bien mais c’est vraiment dommage de

ne pas pouvoir faire le site sans passer par des tours organisés



Janvier 2014

CAMBODGE



 Notre impression de Phnom Penh après

une première journée est très bonne. On trouve qu’il y a une bonne ambiance, que les gens sont cools. Il n’y a pas tant de circulation que ça, surtout pour une capitale asiatique. Ça ressemble pas mal à la Thaïlande quand même, en moins “busy”

PHNOM PENH

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our ceux qui ne le savent pas, le Cambodge est un petit pays coincé entre la Thaïlande à gauche, le Laos en haut et le sud du Vietnam à droite avec lequel il partage sa plus longue frontière. Nous y resterons une petite dizaine de jours pour voir la capitale Phnom Penh, ainsi que les célèbres temples d’Angkor. On se rappellera l'entrée au Cambodge. On arrive à la frontière et là on patiente une bonne heure. Notre “guide” revient avec nos passeports et visas cambodgiens et on peut poursuivre notre route mais cette fois en bus. Pour rejoindre le bus, on doit marcher depuis l’embarcadère en passant par un village complètement paumé et le poste frontière le plus sordide qu’on ait jamais vu. Après seulement 10 minutes de route, on s’arrête de nouveau pour faire tamponner nos visas. Le flic de l’immigration nous accueille en débardeur et enfile doucement son uniforme à notre arrivée, histoire de faire plus officiel. Une fois les formalités accomplies (4 tampons tout de même!), on remonte dans le bus et on se dirige cette fois pour de bon vers Phnom Penh où nous

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arriverons 2 heures plus tard, à 20 heures. Notre arrivée au Cambodge n’est pas le seul événement important de cette journée du 6 janvier. C’est aussi l’anniversaire de Fanny. J’ai donc réservé une belle chambre dans un des meilleurs hôtels de la ville et demandé au personnel de préparer un bouquet de fleurs blanches avec un mot de son père (une tradition et une mission qu’on m’avait confié). Fanny ne se doutait de rien, je me suis occupé de tout cela discrètement, la surprise fut donc totale. On poursuit ensuite dans un très bon resto cambodgien. On commence bien cette étape du voyage. Le lendemain on change d’hôtel, histoire de rester dans notre budget et on commence à explorer la ville. On fait le palais royal qui est très beau et ressemble beaucoup à celui de Bangkok, mais en moins impressionnant. On doit acheter un t-shirt pour pouvoir rentrer car nous ne sommes pas habillés convenablement pour la visite (pas de manches... pas grave, on met les mêmes vêtements depuis 3 mois et vu la qualité des lessives, du neuf ne fera pas de mal). Puis on se balade en ville, au marché Psar Thmei, au Sisowath

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Quay (quai principal de la ville, au bord du Mékong et du Tonle Sap) et au Wat Phnom, un temple sur la seule colline de Phnom Penh entouré d’un espace vert, très fréquenté par les locaux. En rentrant, on s’attarde dans un parc en observant les cambodgiens faire du sport et danser, on apprécie de plus en plus ces scènes de vie quotidienne. On dîne ensuite près de l’hôtel dans un resto dont les bénéfices servent à aider les enfants pauvres via des programmes de réhabilitation, un des meilleurs repas qu’on ait fait jusqu’ici. Notre impression de Phnom Penh après cette première journée est très bonne. On trouve qu’il y a une bonne ambiance, que les gens sont cools. Il n’y a pas tant de circulation que ça, surtout pour une capitale asiatique. Ça ressemble pas mal à la Thaïlande quand même, en moins “busy” (désolé mais je ne trouve pas de traduction pour ça!). C’est bizarre au début d’avoir 2 devises à gérer : en effet presque tout le temps les prix sont indiqués en dollars, mais parfois on paye et on nous rend la monnaie en riel dès que cela concerne des sommes inférieures à 1$ (avec un taux de conversion quasi exact). C’est le système en vigueur visiblement. Le seul truc qu’on aime pas est la présence évidente de touristes sexuels (comme en Thaïlande). Pour notre dernière journée ici, le programme n’est pas très marrant puisque nous allons visiter des sites qui concernent le génocide cambodgien

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qui a eu lieu il n’y a pas si longtemps que ça, entre 1975 et 1979 (je vous laisse faire vos recherches sur Pol Pot et sa clique, les responsables de ce massacre sur les citoyens de leur propre pays). On commence par le musée de Tuol Sleng, qui est en fait l’école reconvertie en prison où était détenues et torturées les personnes souvent accusées à tort par le régime. Des photos explicites et des témoignages nous permettent de mesurer la folie des dirigeants de l’époque. Puis nous nous dirigeons vers les Killing Fields, situés à 15 km de Phnom Penh, qui sont ni plus ni moins qu’un camp d’exécution (les prisonniers de Tuol Sleng finissaient quasiment tous ici). Aujourd’hui encore, on peut voir quelques ossements qui remontent à la surface après de fortes pluies (et on en a vu!). Ce n’est pas joyeux, mais c’est intéressant de connaître cet aspect de l’histoire du pays. Toute personne de plus de 40 ans aujourd’hui au Cambodge a connu vraiment cette époque, le pays est encore marqué. On finit cette journée par quelques temples assez jolis et calmes, loin du tumulte touristique de la ville (histoire de nous changer les idées). On a donc beaucoup aimé Phnom Penh. Le Cambodge, pour l’instant, c’est vraiment cool, très relax, facile, pas très cher (mais plus que ce qu’on imaginait). Demain, direction Siem Reap pour plusieurs jours afin de visiter les temples d’Angkor.

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 Pour notre

dernière journée ici, le programme n’est pas très marrant puisque nous allons visiter des sites qui concernent le génocide cambodgien qui a eu lieu il n’y a pas si longtemps que ça, entre 1975 et 1979

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 Bayon : le temple avec les nombreuses

têtes dont les regards se perdent dans la forêt, presque aussi célèbre qu’Angkor Wat

SIEM REAP ET ANGKOR

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n poursuit notre étape cambodgienne avec le passage obligé lors d’un premier séjour dans ce pays, Siem Reap et les temples d’Angkor. On part tôt de Phnom Penh en bus qui à notre étonnement est équipé du wi-fi, pas mal pour un pays en développement! Après 6 heures de route et 2 arrêts dans des restos qui n’ont d’authentique que le personnel, nous arrivons à destination. On a prévu de rester 5 jours ici, ce qui va nous permettre de visiter tranquillement les temples sans trop se presser, tout en profitant de l’hôtel qui dispose d’une piscine (quand on reste suffisamment longtemps, il est toujours plus facile de négocier un bon tarif dans des établissements à priori cher, du moins pour notre budget). On est en revanche un peu excentré mais des tuk tuk gratuits sont proposés par l’hôtel pour aller en ville. Situé à 7 km environ d’Angkor, Siem Reap est la ville la plus proche et le point de chute principal pour voir les temples (aucun hébergement possible sur Angkor même). On n’imaginait pas un petit village tranquille mais pas non plus que ce soit aussi développé. Avec un tel afflux

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de touristes, on aurait pu néanmoins s’en douter. Il y a des hôtels, des restos, des bars partout, des marchés de jour, des marchés de nuit, tout le panel des services habituels (massages, agences de voyage, lessive), des supermarchés, des boutiques de souvenirs,…bref on se croirait dans les coins les plus animés de la Thaïlande (genre Kao San Road à Bangkok ou Patong sur Phuket). Il y a même une Pub Street où là c’est carrément l’orgie presque tous les soirs. Elle est d’ailleurs indiquée par d’énormes néons largement visibles, histoire d’attirer les touristes comme des mouches. Pas de quoi s’ennuyer sur Siem Reap, même si les temples c’est pas votre truc, et on y mange super bien. C’est surtout le centre-ville qui est comme ça. D’autres coins sont évidemment plus calmes. En ce qui nous concerne, on apprend quelques jours après notre arrivée que notre hôtel est situé sur ce que les habitants appellent la Cambodian Pub Street, la contrepartie locale de la Pub Street du centre. Il y a effectivement pas mal de restos-bars qui ont presque tous un groupe de musique du coin jouant assez tard. On y

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Preah Palilay : un petit temple complètement envahi par la nature 

va un soir, et comme anticipé on est les seuls occidentaux. On nous regarde, on nous sourit de temps en temps, visiblement ils n’ont pas l’habitude de voir des touristes s’égarer ici. Voilà pour notre « base ». Dès le lendemain de notre arrivée, on commence à visiter Angkor. Il y a du boulot car il y a un paquet de sites à visiter et ils sont éloignés les uns des autres. On prend un tuk tuk pour la journée, un pass 3 jours à 40$ (cher pour le Cambodge mais pas le choix…) et on commence directement par Angkor Wat, LE temple le plus connu et le plus impressionnant. Pour info, les temples d’Angkor ont été construits à l’époque des grands rois Khmers sur une période allant du 9ème au 15ème siècle, et Angkor Wat est le plus imposant (apparemment c’est le plus gros bâtiment religieux au monde). On est bluffé par cette visite, c’est immense et dans un état correct. On met 2 heures pour en faire le tour, et au même titre que le Taj Mahal, Pétra ou d’autres sites mythiques, ça restera un très bon souvenir. On poursuit avec Angkor Thom, la ville d’Angkor proprement dite qui fut bâtie par le plus grand des rois Khmers, Jayavarman VII.

A VOIR AU SEIN DE CETTE CITÉ FORTIFIÉE : • Bayon : le temple avec les nombreuses têtes dont les regards se perdent dans la forêt, presque aussi

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célèbre qu’Angkor Wat • Baphuon : un temple sur plusieurs niveaux avec une très belle entrée via un chemin de dalles entouré de points d’eau et qui offre un beau de point de vue au sommet • Preah Palilay : un petit temple complètement envahi par la nature • Terrasse du roi lépreux : une simple terrasse décorée avec des représentations inquiétantes de différentes divinités • Terrasse des éléphants : une autre terrasse, plus grande cette fois et décorée…avec des éléphants! • Et d’autres temples mineurs moins intéressants On finit la journée par Ta Prohm, un grand temple perdu au milieu de la jungle (enfin qui devait l’être à l’époque de sa découverte car aujourd’hui c’est facile d’y accéder). La nature a complètement pris le dessus, des grosses racines et des arbres poussent partout en défonçant les murs, les couloirs et le sol. L’atmosphère qui se dégage du lieu est particulière, Fanny trouve d’ailleurs que le temple est plus surprenant qu’Angkor Wat. Le 2ème jour, on prend de nouveau un tuk tuk pour aller à Kbal Spean, un site situé à 50km de Siem Reap. Cette fois ce n’est pas un temple mais une petite rivière dont le fond est gravé et décoré avec différentes icônes religieuses. Il faut marcher une petite heure

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 Ta Prohm, un

grand temple perdu au milieu de la jungle. La nature a complètement pris le dessus, des grosses racines et des arbres poussent partout en défonçant les murs, les couloirs et le sol. L’atmosphère qui se dégage du lieu est particulière

pour y accéder, en passant par une forêt magnifique, c’est d’ailleurs plus la balade qui vaut le coup selon nous. Puis nous allons à Banteay Srey, quelques km au sud direction Siem Reap. C’est sans doute le temple le mieux conservé d’Angkor avec des gravures quasiment intactes parfois. Pour la petite histoire, André Malraux a tenté de piller le site mais s’est fait attraper par les douanes.

A VOIR À L'EST D'ANGKOR: • Banteay Samre : surement le temple le moins fréquenté que nous avons vu, isolé par rapport aux autres, il a fait l’objet de nombreux pillages • Pre Rup : un temple sur 3 niveaux qui offre un beau point de vue • Banteay Kdei : un temple assez en ruine, tout en longueur, au milieu d’une forêt • Sras Srang : un gros plan d’eau, juste en face du Banteay Kdei, où les locaux viennent parfois se baigner et qui fut le réservoir de l’époque On commence à avoir notre dose de temples à la fin de cette deuxième journée, mais on décide de finir par Phnom Bakheng car on nous a promis un très beau coucher de soleil au sommet de ce temple situé sur une colline. Après 20

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minutes de marche qui ressemblent plus à une procession de touristes s’étant tous donnés RDV au même endroit, on arrive au sommet qui est juste noir de monde. C’est tellement ridicule et pas agréable qu’on repart de suite, direction notre hôtel. Pour que la dernière journée de visite d’Angkor soit différente des autres, plutôt que de prendre un tuk tuk on va cette fois louer des vélos pour visiter les derniers temples que l’on souhaite faire. On commence par Preah Khan, encore un temple perdu dans la forêt et qui ressemble au Ta Prohm en moins impressionnant bien sûr mais plus calme. Puis juste à côté, on va au Neak Pean qui ne ressemble à rien de ce qu’on a déjà vu ici, une espèce de piscine au milieu d’un marais, décorée de statues et autres gravures. On fait ensuite quelques derniers temples (Ta Som, dans la série perdu dans la jungle, East Mebon, dans la série y a des belles sculptures d’éléphants) et on arrête les visites, car là définitivement on a notre compte. On se pose un peu au plan d’eau de la veille pour prendre un petit goûter puis on va sur un espace vert en face d’Angkor Wat profiter des derniers rayons du soleil, tandis que des locaux pique-niquent autour de nous (c’est dimanche) et que des moines font de la musique pour le plaisir. C’était une très bonne idée de faire Angkor en vélo. Passer d’un temple à un autre est un vrai plaisir du fait qu’on profite

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Ce sera probablement un des meilleurs souvenirs de notre voyage quasiment chaque temple se différencie des autres et possède une atmosphère qui lui est propre. du cadre naturel autour des sites. Ça prend plus de temps qu’avec un tuk tuk, c’est plus fatiguant (on a du faire à peu près 40km dans la journée), mais c’est vraiment plus sympa. Notre visite des temples d’Angkor s’achève donc avec la fin de validité de notre pass 3 jours (et aussi notre motivation pour voir des temples) et le bilan est très bon : ce sera probablement un des meilleurs souvenirs de notre voyage. Cette concentration de sites historiques est impressionnante, en 3 jours bien remplis, on a du faire seulement un peu plus de la moitié de ce qu’il y a à faire (je regrette d’ailleurs de ne pas avoir fait Beng Mealea, trop éloigné de Siem Reap, 70km!). Mais attention à l’overdose, tout faire ne rime à rien si on est pas vraiment passionné voir professionnel. Néanmoins, il faut avouer que quasiment chaque temple se différencie des autres et possède une atmosphère qui lui est propre. 3 jours de visite c’est parfait, suffisant pour couvrir l’essentiel sans finir complètement blasé, et prévoir au moins une journée en vélo, ça vaut largement le coup et c’est à la portée de tout le monde, pas besoin d’avoir une super condition physique (c’est très plat). Le côté « Disneyland des temples » peut en revanche être un peu lourd, d’une part avec le volume de touristes sur place mais aussi à cause du harcèlement régulier pour acheter des souvenirs, surtout de la part des enfants (un peu dur au bout d’un moment de les voir travailler ainsi au lieu d’aller à l’école). Il nous reste 2 jours à Siem Reap et on a prévu de ne pas faire grand-chose. Il y a un musée et quelques temples (récents cette fois) mais ça nous motive moyennement. Comme d’habitude, on en profite pour se reposer, mettre à jour le blog, préparer la suite du voyage, avant notre retour au Vietnam. On passe notre dernière soirée au Temple Club, un des plus gros bars de Pub Street, où l’on assiste à un spectacle de danse traditionnelle gratuit (la qualité n’est évidemment pas au RDV mais ça reste intéressant comme première approche) et on fait notre dernier repas dans un restaurant humanitaire (souvent des plats excellents tout en aidant la population locale). On a adoré le Cambodge, une trop courte étape et un pays à refaire plus en profondeur. On repart vers le Vietnam en avion depuis Siem Reap vers Danang, aéroport le plus proche de Hoi An où nous allons retrouver ma mère, mon oncle et ma tante (et nos nouvelles cartes bancaires!!).

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Février 2014

LAOS



 Si vous allez au Laos un jour, ne

manquez pas Luang Prabang et prévoyez d’y rester un bon moment

LUANG PRABANG

A

ller à Luang Prabang est encore un trajet dont on se souviendra. Un type passe nous chercher à l’hôtel en scooter et nous demande de le suivre à pied. Au fur et à mesure qu’on avance, d’autres touristes nous rejoignent et au final on se suit tous comme des moutons en essayant de ne pas perdre de vue notre berger (pas évident en raison de la circulation à Hanoi et aussi parce qu’il avance assez vite, toujours en scooter). Après 10 bonnes minutes, il nous dit d’attendre. Un mini bus arrive ensuite où on nous entasse comme du bétail (je dois d’ailleurs rester debout au milieu des bagages). On arrive à la gare routière et on prend un gros bus avec un éclairage à l’intérieur digne d’une boite de nuit et une musique qui colle bien à la décoration. Les couchettes sont pas mal du tout, pas hyper confortables mais on passe une bonne nuit. Au matin, on arrive à la frontière, tout se passe bien au niveau des visas qu’on fait sur place et on arrive en début de soirée à Luang Prabang, ancienne capitale du Laos, avec un retard de presque 5 heures par

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rapport à ce qu’on nous avait annoncé (soit 27 h au total). Pour aller à notre guest house, on partage un tuk tuk avec Pierre et Aurore, 2 français qui vivent à Hanoi et sont en vacances ici. On dîne d’ailleurs avec eux avant de nous coucher. On se réveille après une bonne nuit nécessaire après toutes ces heures passées dans le bus. Il fait beau et chaud ce qui fait bien plaisir après ces dernières semaines au centre et nord du Vietnam où le temps était assez loin de ce qu’on peut imaginer quand on évoque l’Asie du sudest. Dès les premiers pas, on constate que Luang Prabang c’est très calme, ce qui correspond bien à tout ce qu’on a pu entendre sur le Laos, à savoir que c’est un pays très cool et parfait se relaxer. La ville est aussi très belle, coincée entre le Mékong et le Nam Khan, il y a très peu de voitures, quelques vélos et scooters, beaucoup de temples, plein de restos et de petits magasins sympas. Le centre est relié aux rives en face par des ponts en bambou et normaux (ceux en bambou sont défaits pendant la saison des pluies). On essaye de visiter les incontournables de la ville

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durant cette première journée histoire de garder les suivantes pour les alentours. On loue un vélo et on commence par le musée national où on en apprend un peu plus sur la famille royale. Dans l’enceinte, il y a également un superbe temple, le Wat Ho Pha Bang. Juste à côté, on entre dans un monastère, le Wat Mai où l’on peut voir comme d’habitude les moines faire leur petite vie. L’architecture des bâtiments est très proche de ce qu’on a pu voir en Thaïlande, notamment à Chiang Maï. Après une petite balade et un déjeuner au bord du Mékong, on se dirige vers le temple le plus connu de la ville, le Wat Xieng Thong, évidemment blindé de monde mais c’est logique car c’est bien le plus impressionnant. On finit la journée par la colline Phu Si que l’on grimpe via des escaliers où il y a des statues de Bouddha très différentes les unes des autres. Au sommet, un magnifique point de vue sur Luang Prabang s’offre à nous, ainsi qu’un tout petit temple. On est complétement sous le charme, on commence bien le Laos! Plus tard, on dîne de l’autre côté du Nam Khan, en traversant un des ponts en bambou, dans un resto typique où on testera le barbecue laotien qui est bien sûr très bon. On remarque au passage qu’il y a beaucoup de français, que soit au niveau des touristes mais aussi des expatriés qui ont leur business ici (un peu normal vu l’histoire commune de la France et du Laos). Le lendemain, on retrouve Pierre et Aurore et on loue des scooters pour nous rendre au parc Tat Kuang Si, situé à un peu plus de 30km de Luang Prabang. Les scooters les moins chers sont à transmission manuelle, ce qui me vaut un petit temps d’apprentissage et quelques calages sur la route, notamment sur les côtes (pour une première fois ça va!). La route qui mène au parc est magnifique, on croise plusieurs petits villages laotiens et le soleil nous permet d’apprécier les paysages montagneux tout autour. En arrivant à Tat Kuang Si, il y a déjà un peu de monde. On traverse un centre de conservation des ours (où effectivement on peut voir…des ours!) pour arriver à l’attraction principale du parc, les cascades. La couleur de l’eau est incroyable et ça donne bien envie de s’y baigner. On fait d’abord un petit trek tout autour du site, ce qui nous permet de constater qu’il y a plusieurs piscines naturelles de cette eau turquoise où la baignade est le plus souvent autorisée. On arrive à la plus grande cascade, et sans être immense, elle est déjà d’une bonne taille et c’est surtout encore une fois la couleur de l’eau qui la rend si belle. On grimpe tout en haut de la cascade pour avoir un beau point de vue sur le parc, on cherche ensuite une cave qu’on ne trouvera jamais, puis en redescendant on se baigne dans l’eau fraiche des cascades. On retourne sur Luang Prabang en fin d’après-midi et on dîne le soir avec nos nouveaux amis. Une belle petite journée où on a bien pris notre temps. Dernière journée ici et on sait déjà que le départ ne va pas être évident, on se sent vraiment bien à Luang Prabang.

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 On finit la

journée par la colline Phu Si que l’on grimpe via des escaliers où il y a des statues de Bouddha très différentes les unes des autres. Au sommet, un magnifique point de vue sur Luang Prabang s’offre à nous

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La couleur de l’eau est incroyable et ça donne bien envie de s’y baigner. On fait d’abord un petit trek tout autour du site, ce qui nous permet de constater qu’il y a plusieurs piscines naturelles de cette eau turquoise où la baignade est le plus souvent autorisée 

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Mais on a RDV avec des amis en Thaïlande et pour y arriver à temps, on doit partir ou sinon faire une croix sur d’autres régions du Laos qui ont l’air tout aussi intéressantes. Toujours en compagnie de Pierre et Aurore, on loue un petit bateau pour aller au Pak Ou Caves, un trajet de 2 heures aller et moins d’une heure au retour (à cause du courant). Les paysages qui défilent pendant que nous naviguons sur le Mékong sont superbes, bien différents de ce qu’on a pu voir dans le sud du Vietnam au delta, ils sont plus naturels et sauvages. On arrive aux caves et c’est l’embouteillage de touristes. Les caves en elles-mêmes ne sont pas exceptionnelles, les seules curiosités étant le grand nombre de Bouddhas à l’intérieur et le fait qu’elles donnent sur le Mékong. Au retour, on s’arrête dans un petit village qui s’avère être une suite de vendeurs, aucun intérêt. J’achète quand même une petite bouteille d’alcool de riz qu’on boira sur le bateau avant d’arriver à Luang Prabang. Au final, c’est plus la balade en bateau qui vaut le coup que les caves. On déjeune tardivement sur les quais, puis on va se poser sur la « plage » de la ville pour voir le coucher du soleil. On achète des bières et on joue au Dacau, quelques chinois en vacances nous rejoignent et nous montrent qui c’est les patrons (enfin ils font quand même des conneries parfois). C’est dur à apprendre mais on ne désespère pas d’y arriver, on sent d’ailleurs une petite amélioration à un moment! On va ensuite faire un peu de sauna aux herbes pour une somme dérisoire, 3 sessions de cuisson intense auront raison de moi, mais en fin de journée ça fait du bien. Le soir, on dîne au night market où il y a la version laotienne du Flunch mais plus en mode street food : des buffets avec plein de trucs différents en pleine rue, c’est copieux, c’est bon et pour trois fois rien. Nous prenons un dernier verre avec Pierre et Aurore avant de nous séparer, eux restent sur Luang Prabang. Ce fut un vrai plaisir de partager ces quelques jours en leur compagnie. Donc voilà, si vous allez au Laos un jour, ne manquez pas Luang Prabang et prévoyez d’y rester un bon moment (de toute façon peu importe la durée, vous n’allez jamais avoir envie de repartir). Il y a suffisamment de choses à voir dans la ville et autour, d’activités (on regrette d’ailleurs de ne pas avoir fait de pétanque avec des laotiens, car oui au Laos ça joue beaucoup) et de services pour s’occuper et il vaut mieux s’adapter ay rythme local en y allant doucement. Et c’est justement cette douceur de vivre qui rend cette ville si charmante. Sinon comme d’habitude dans cette partie du monde, les gens sont rarement désagréables et, inédit depuis notre arrivée en Asie du sud-est, on ne nous harcèle pas régulièrement pour acheter un truc ou un tuk tuk. Probablement une des étapes les plus agréables de notre voyage. On quitte donc à contre cœur Luang Prabang et on prend un bus direction Vang Vieng, plus au sud.

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 Dès les premiers pas dans la ville, on

sait que ça va pas nous plaire. On nous avait prévenu, on est pas vraiment au Laos ici et bien loin de l’atmosphère de Luang Prabang.

VANG VIENG

D

epuis Luang Prabang, il faut 5 heures de bus pour rejoindre Vang Vieng. Ça passe vite et les paysages sur le trajet sont très beaux. En arrivant on cherche une guest house loin du centre-ville car Vang Vieng a la réputation d’être une ville de fêtards, genre Spring Break (pour les connaisseurs), où une majorité d’américains, australiens et anglais se mettent bien tout en profitant du seul endroit au Laos où les drogues sont tolérées (il y en a même dans le menu de certains restos). On trouve une chambre à un bon prix mais la qualité n’est évidemment pas au RDV et les proprios nous en veulent car on a négocié le prix en demandant aux autres occupants combien ils avaient payé. Dès les premiers pas dans la ville, on sait que ça va pas nous plaire. On nous avait prévenu, on est pas vraiment au Laos ici et bien loin de l’atmosphère de Luang Prabang. Le centre est une suite de restos qui servent principalement de la bouffe occidentale tout en diffusant des épisodes de sitcoms américaines (surtout Friends), et de bars qui mettent à fond les “meilleurs” tubes du moment. On croise

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régulièrement des mecs et des filles bourrés, défoncés et bruyants. Il y a aussi pas mal de chinois car ils sont venus en masse pour célébrer l’année du cheval, mais ils sont plus discrets. Evidemment on galère pour trouver des restos typiques, d’ailleurs au final on mangera régulièrement dans un restaurant allemand tenu par un sympathique laotien. En lisant ça, vous vous demandez surement qu’est ce qu’on est venu foutre ici. Et bien en fait c’est ce qu’il y a autour de Vang Vieng qui est intéressant (du moins pour nous). On loue un scooter pour explorer les environs et on commence par une petite cave toute proche, Tham Chang (les caves dispersées tout autour de la ville sont une attraction majeure). Il faut grimper un peu, ce qui nous permet d’avoir un bon point de vue sur Vang Vieng. Par contre la cave en elle-même est plutôt moyenne, trop aménagée et éclairée, et pas assez authentique. En bas des escaliers, il y a une petite piscine naturelle qui permet de s’enfoncer sur quelques centaines de mètres dans la falaise. Puis on va dans une autre cave plus loin (8 km), Tham Phu Kham, et

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Le 2ème jour, pas évident d’y échapper car c’est ce pourquoi la ville est connue, on va faire du “tubing” . Il s’agit en fait de descendre la rivière Nam Song assis sur une chambre à air de tracteur sur le chemin on admire les environs qui nous font penser à ce qu’on a pu voir à Tam Coc au Vietnam, la rivière en moins, avec plus de couleurs et surtout une atmosphère différente, plus rurale et apaisante (ça doit être l’effet Laos ). On arrive au site et on est un peu déçu car tous les touristes-fêtards se sont donnés RDV ici pour profiter de la piscine naturelle au pied des marches qui mènent à la cave (qui est aussi nommée Blue Lagoon, justement à cause de la piscine… du coup ça attire du monde). On monte directement à la cave et finalement on est pas déçu du déplacement : elle est très grande, beaucoup plus naturelle que la précédente et il nous faut une bonne heure pour la parcourir. On est pas nombreux à l’intérieur, on prête notre deuxième lampe (obligatoire pour l’exploration) à un couple de jeunes voyageurs français avec qui on fera cette belle visite. Quand on redescend, il y a déjà beaucoup moins de monde et on profite quelques instants du calme du Blue Lagoon en fin de journée. De retour sur Vang Vieng, on achète nos billets pour Paksé, tout au sud du Laos où nous partons dans 2 jours, ainsi qu’un sac étanche pour la journée “tubing” de demain (je vous explique le principe dans quelques lignes). On dîne ensuite dans un resto loin du centre, au final c’est facile d’éviter le côté festif de Vang Vieng. Le 2ème jour, pas évident d’y échapper car c’est ce pourquoi la ville est connue, on va faire du “tubing” (enfin après un enfermement des clés dans la chambre, ma faute, ce qui vaut au proprio de crocheter la serrure et d’alimenter son ressentiment envers nous). Le tubing c’est quoi? Il s’agit en fait de descendre la rivière Nam Song assis sur une chambre à air de tracteur (comme une grosse bouée) pendant quelques heures. Mais au passage il est possible de s’arrêter dans les quelques bars qui bordent la rivière où c’est carrément l’orgie, les consos sont pas chères, il y a des jeux, de la musique à fond, bref de quoi repartir sur la bouée en forme. Quelques années auparavant c’était excessif, il y a même eu des morts, mais aujourd’hui c’est un peu plus calme, il reste juste 3 bars. Avant de nous lancer, on déjeune dans une ferme bio juste à côté du point de départ où on mange un vrai fromage de chèvre, le bonheur après 3 mois de voyage. Puis on y va! Et bien le premier constat c’est qu’on avance vraiment pas vite. Normalement on devrait voir le bout dans 3 heures (moitié moins de temps en saison des pluies). On aperçoit rapidement le premier bar et pour ramener les tubeurs sur

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le rivage, les employés lancent une corde pour tirer ensuite les clients. On décide de s’arrêter plus tard, et seulement quelques minutes après on voit le deuxième bar. On hésite et finalement on se dit qu’on fera le troisième et dernier, mais quand on arrive à celui-ci il n’y a quasiment personne. Du coup on revient en arrière au deuxième! Comme prévu, l’ambiance est au RDV : certains s’enchainent des shooters d’alcool de riz (parfois offert par le bar), d’autres jouent à la pétanque, au basket, au ping-pong, etc… tout est prévu pour occuper un maximum de monde le plus longtemps possible, en espérant qu’ils consomment (pas de soucis à ce niveau,

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 En fait c’est

ce qu’il y a autour de Vang Vieng qui est intéressant. On loue un scooter pour explorer les environs

tout le monde est bien motivé). On prend un shooter, un cocktail, on attend de voir si l’ambiance nous plait…mais pas trop en fait. Du coup on repart, et on profite plutôt des paysages autour de la Nam Song qui sont magnifiques (et qui ressemblent vraiment à Tam Coc maintenant qu’il y a la rivière). Au bout d’un moment la descente devient un peu longue car le soleil se couche, il commence à faire froid et puis avoir le cul constamment dans l’eau, ça va un temps. On accélère avec nos bras et on arrive juste avant l’heure limite de dépôt des bouées, sinon on aurait payé une pénalité de retard (et ça arrive à un paquet de touristes

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qui se retrouvent “bloqués” aux bars). En conclusion, Vang Vieng c’est des paysages de fou et des caves aux alentours qui valent bien le détour, et la fête dans un style très anglo-saxon. Mais si vous détestez être dans la masse et que vous voulez vraiment connaître le Laos authentique, c’est pas forcément la meilleure destination. Après cette étape moins marquante que Luang Prabang, nous allons prendre 2 bus pour rejoindre Paksé dans le sud du pays, en passant donc par Vientiane (capitale du Laos qu’on a décidé de ne pas visiter, sur les conseils de plusieurs personnes).

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 Le plateau est situé à plus de

1000 mètres d’altitude et c’est ici que se concentre la production de café du pays. Il y a aussi plein de petits villages sympathiques et surtout des cascades, beaucoup de cascades

PLATEAUDESBOLOVENS ET LES 4000 ÎLES

P

our rejoindre Paksé, on prend d’abord un bus classique pour aller jusqu’à la capitale Vientiane. Il nous reste une heure sur place avant de prendre un autre bus, on mange et on sympathise avec d’autres voyageurs. Et là LE bus arrive, un truc énorme sur 2 étages, la version de luxe du bus qu’on avait pris pour rejoindre le Laos depuis le Vietnam. C’est aussi un bus sleeper, mais les sièges inclinables sont remplacés par des vrais matelas, un peu petits mais confortables, et cette fois il y a des toilettes et même une petite collation. Vraiment un confort surprenant pour le pays et le prix. On pense que les 12 heures prévues devraient bien se passer mais au final on ne dort pas si bien que ça car on est à l’avant du bus, ça bouge pas mal, et c’est tellement petit que je n’arrive pas à m’allonger correctement. On arrive pas très frais à Paksé, troisième plus grosse ville du pays et point de départ de tout ce qu’il y a à faire dans le sud du Laos. On a réservé une chambre dans un hôtel un peu cher cette fois, vu qu’on ne reste qu’une seule nuit. Par contre, on sait pas du tout

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où c’est (d’habitude on se renseigne un minimum) et un chauffeur de tuk tuk en profite : il nous annonce un tarif un peu élevé, tourne exprès dans le quartier alors qu’au final, quand il nous dépose, on s’aperçoit que c’est à quelques centaines de mètres de la gare routière. Du coup on insiste pour baisser le prix (il aurait pu nous dire que c’était juste à côté comme certains l’ont fait dans le passé) et au final, quand il voit qu’on ne lâche rien, il préfère laisser tomber. On pose nos affaires dans la chambre et juste après on loue un scooter pour partir vers le plateau des Bolovens, à une cinquantaine de km de Paksé (on va être bien ce soir). Le plateau est situé à plus de 1000 mètres d’altitude et c’est ici que se concentre la production de café du pays (la région est connue pour son café délicieux). Il y a aussi plein de petits villages sympathiques et surtout des cascades, beaucoup de cascades. On s’arrête d’ailleurs en premier à la plus grande et la plus connue, Tat Fan. On la voit juste de loin mais effectivement, elle est immense et impressionnante. Pour se rapprocher, il faut faire une randonnée de 4h30 dans

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On s’arrête sur un rocher au milieu d’une grande étendue d’eau pour observer les dauphins d’eau douce (dauphin de l’Irrawaddy pour être exact) faire leur parade de fin de journée 

la jungle mais nous n’avons pas assez de temps, et c’est fortement déconseillé sans guide. On continu quelques km plus loin vers une deuxième cascade, Tat Champi, accessible en roulant au milieu des plantations de café. Elle est bien plus petite que Tat Fan mais on peut se baigner et le cadre est sympa. L’eau est par contre bien froide mais ça reste supportable et limite nécessaire après la nuit dans le bus (on s’est pas lavé entre temps). Durant ces visites, on croise un groupe de 4 voyageurs (un couple d’indien, un israélien et une suisse) avec qui on fait connaissance. On déjeune avec eux avant la troisième et dernière cascade de notre

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parcours, Tat Yuang. Le resto est géré par un franco-laotien de 72 ans très sympathique qui nous raconte l’histoire de sa vie tout en nous payant des verres de ses différents alcools maison. On tempère un peu (faut reprendre la route après) mais ça aurait pu vite dégénérer vu la générosité de notre hôte. On descend ensuite à Tat Yuang où on peut également se baigner. Surement celle qu’on a préféré, en raison notamment du coucher du soleil qui fait apparaître un arc en ciel au sommet de la cascade. Avant de retourner sur Paksé, on prend un café au même resto avec le groupe qu’on a rencontré, et le patron insiste pour qu’on fasse une

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mais au final on arrive à Paksé en 2 heures sans encombres, même si sur le chemin on croise un accident où un laotien a vraisemblablement perdu la vie, on voit même son cadavre… ça nous a pas vraiment rassuré! On rend le scooter et pendant qu’on négocie nos billets pour les 4000 îles, au sud du Laos, et la Thaïlande, on croise un couple de bretons bien marrants qui nous proposent d’aller boire un verre ensuite. Malgré la fatigue, on accepte, et au fur et à mesure le groupe s’agrandit, d’autres français, un japonais, un écossais et des hollandais se joignent à nous (grâce aux bretons qui sont bien motivés et invitent tout le monde). On passe un bon moment, on s’échange nos adresses mails, nos expériences, nos blogs car quasiment tous sont en long voyage. D’ailleurs un des français, Jacques, voyage depuis 4 ans, ce qui nous impressionne complètement (une manière de voyager bien différente de la nôtre, il prend plus son temps, dort, mange et bouge le plus modestement possible, ce qui n’est pas vraiment notre cas, on le fait mais souvent on craque!) et nous fait réfléchir sur notre propre expérience. Etant donné qu’on se lève tôt le lendemain pour de nouveau prendre un bus, vers les 4000 îles cette fois, on rentre tôt à l’hôtel. En même temps vu la journée qu’on vient de passer, on est complètement explosé et on a besoin de sommeil.

LES 4000 ÎLES

pétanque avant de partir mais il est déjà tard, la nuit est quasiment tombée et je ne suis pas très chaud pour rouler sur les routes du Laos dans le noir complet (pas d’éclairage ici sauf dans les villes, et sauf bien sûr le petit phare du scooter). Dommage car on passait un bon moment avec tout ce petit monde! On reprend la route et c’est chaud en raison de la fatigue (on a dormi peut être 3 heures la veille), des quelques verres, de l’absence de lumière (finalement je conduis dans le noir complet) et de la route qui, sans être dans un mauvais état, comporte plusieurs nids de poule. C’est un peu stressant de conduire dans ces conditions

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Le jour suivant, après presque 4 heures de trajet, on arrive à Si Phan Don ou 4000 îles, un archipel fluvial sur le Mékong, tout au sud du Laos à la frontière avec le Cambodge. Il commence à faire très chaud, on retrouve les températures qu’on avait avant le centre du Vietnam (et tant mieux!). On a réservé quelques jours avant cette fois aussi et on a bien fait, visiblement les meilleures guest house affichent complet. Et pour le coup, on ne pensait pas que le bungalow serait aussi bien : c’est propre, la salle de bain est grande, il y a un frigo, un hamac, un lit confortable et surtout il est situé au bord du Mékong avec une petite plage aménagée. Cerise sur le gâteau : le coucher de soleil juste en face. On est très bien là. Nous sommes sur Don Khon. Il y a 2 autres îles principales sur Si Phan Don : Don Det qui est juste en face et bien plus animée et festive, et Don Khong, la plus grande et la plus calme. Don Khon est un bon compromis entre les deux (on a eu le même raisonnement que pour les îles Gili en Indonésie). D’ailleurs ça nous rappelle beaucoup Gili Air mais en plus calme et avec la douceur de vivre laotienne. Les autres nombreuses îles de l’archipel sont soit inhabitées, soit manquent d’infrastructures suffisantes pour accueillir les voyageurs (à moins de camper ou de dormir chez l’habitant bien sûr). Le premier jour on ne fait pas grand-chose, on profite de la vue et on discute avec les voisins. Le soir, il y a vraiment pas beaucoup de monde dans le village, quelques touristes seulement. On dîne en

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On reprend les vélos et notre exploration de l’île pour arriver à une autre plage, plus grande, où cette fois on se baigne. On a croisé le Mékong 4 fois précédemment dans le voyage et aucune fois on a eu envie d’y nager. Mais bizarrement, ici, il nous semble plus propre et plus attirant. écoutant le Mékong s’écouler lentement. Après une bonne grasse matinée, histoire de récupérer des derniers jours assez intenses, on loue des vélos pour se balader dans l’île. Il y a déjà nettement plus de monde le jour, ils viennent probablement de Don Det où la majorité des voyageurs restent. On croise une suédoise qu’on avait rencontrée lors du trajet Vientiane – Paksé. On discute et on se donne RDV pour dîner le soir même. On continu et on se rend compte que l’île reste encore assez rurale et authentique par endroit. On est vraiment en pleine campagne et c’est super agréable. Parfois on aperçoit les ruines d’anciens bâtiments coloniaux français. On s’arrête à la cascade principale de Don Khon, Tat Somphamit, plutôt jolie, avec beaucoup de rochers tout autour. Ensuite on mange au petit resto de la plage située juste à côté. On reprend les vélos et notre exploration de l’île pour arriver à une autre plage, plus grande, où cette fois on se baigne. On a croisé le Mékong 4 fois précédemment dans le voyage et aucune fois on a eu envie d’y nager. Mais bizarrement, ici, il nous semble plus propre et plus attirant. Pour finir, on va jusqu’au bout de la route principale où il y a un point de vue sur une partie des 4000 îles avec le Cambodge en arrière-plan. On retourne au village, puis on retrouve la suédoise et son copain français pour dîner. Ils sont en voyage pour quelques mois en Asie du sud-est. On partage nos points de vue sur les différents pays visités et on s’échange également des infos et des plans (notamment sur l’Amérique du sud où ils ont passé pas mal de temps et le Cambodge, leur prochaine étape). Le lendemain, je tente le coiffeur local (il est temps, ma barbe ne ressemble plus à rien). C’est un vieux monsieur qui semble vouloir s’occuper de mon cas au milieu des poules dans sa cour. J’ai confiance, il a l’air sur de lui et j’ai même les instructions en laotien que la guest house m’a préparé. C’est très simple : cheveux très court partout, nettoyage de la barbe mais on ne touche pas à la longueur sauf sur les côtés (je compte bien rentrer en France avec une barbe de bonne taille!). Il s’apprête à commencer, je constate qu’il n’a pas de tondeuse et qu’aucun miroir ne me permettra de vérifier l’avancée des travaux. Qu’importe, allons-y! C’est une aventure après tout. ERREUR!! Je me retrouve avec une petite mèche sur le front, les cheveux sont courts

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mais avec un dégradé inégal, et ma barbe, quelle tristesse, j’ai maintenant une demi-barbe mal nettoyée, il a suivi les instructions n’importe comment et a complètement rasé les côtés! Il me demande si ça me va, je ne réponds rien (de toute façon vu son anglais, comment lui expliquer TOUT ce qui ne vas pas, pire, il pourrait même aggraver les choses!), je paye et je m’en vais… en baissant la tête jusqu’au bungalow. Pas de bol avec les coiffeurs depuis le départ (cf post Kerala). En me voyant, Fanny manque de tomber dans les pommes. On fait ensuite des retouches pour limiter les dégâts et pour que j’ai l’air un peu moins con mais rien à faire pour la barbe, plus qu’à attendre que ça repousse. Ça me donne un style de métalleux il paraît. Suite à cette mésaventure capillaire, on loue de nouveau des vélos pour faire cette fois tout le tour de l’île, demi-barbe au vent. On s’arrête à une petite cascade, on passe par des villages bien isolés, puis on retourne à la grande plage pour prendre un bateau qu’on a négocié la veille avec un laotien qui parle français (moitié prix par rapport au tarif normal pour les touristes en prenant un bateau depuis le port un peu plus loin). On a bien fait de passer par lui car il prend bien le temps de nous montrer des bons coins des 4000 îles et plus loin, on s’arrête sur un rocher au milieu d’une grande étendue d’eau pour observer les dauphins d’eau douce (dauphin de l’Irrawaddy pour être exact) faire leur parade de fin de journée. On les voit uniquement de loin car ils sont très peureux, mais avec le coucher de soleil et toujours le Cambodge au loin, la vue est splendide et on se régale. On retourne au village alors que la nuit tombe. On est tellement bien ici qu’on décide de rester 2 jours de plus. Comme à chaque fois qu’on a beaucoup de temps libre, on en profite pour pas faire grand-chose (surtout qu’à Don Khon, on a déjà tout fait ou presque), mettre à jour le blog, préparer la suite, farniente, plage et balades en vélo (on va faire un tour sur Don Det, ça ressemble un peu à Vang Vieng, on a donc bien fait de pas s’y attarder). Ça faisait plus d’un mois qu’on l’avait pas fait (depuis Gili Air en fait), donc on apprécie. Et puis le bungalow est tellement bon, on veut encore plus de couchers de soleil sur le Mékong depuis notre hamac en buvant de la Beerlao ou de l’alcool de riz (merci Aurore et Pierre pour la bouteille!). Le moment de partir arrive et bien sûr on voudrait encore rester... mais on a RDV avec des copains en Thaïlande et on a hâte de les voir! J’ai l’impression de dire ça à chaque fois qu’on quitte un pays mais le Laos a vraiment été un coup de cœur pour nous deux. On espère y retourner bientôt, pour visiter le nord, allez encore plus loin sur le plateau des Bolovens et surtout profiter de l’atmosphère unique du pays. On est reparti pour plusieurs bus, destination Kanchanaburi en Thaïlande, en passant par Paksé et Bangkok.

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Mars 2014

THAÏLANDE



 Petit temple adorable juste à

côté du pont de la rivière Kwai

KANCHANABURI

L

e trajet vers la Thaïlande commence par un bateau pour quitter Don Khon, puis un mini bus jusque Paksé, encore un autre mini bus de Paksé jusqu’à la frontière thaïlandaise et de là on prend un gros bus pour Bangkok, qui n’a de VIP que le nom, ça sera probablement le pire trajet de nuit qu’on a fait jusqu’ici. Arrivés à Bangkok, on en est déjà à 17 heures de voyage et pas beaucoup de sommeil, et c’est pas fini. On prend un taxi jusqu’à la station de bus sud de la capitale thaï où on retrouve Hugo, un ami de Paris qui va voyager avec nous pendant une petite quinzaine de jours (c’est le 1er qui nous rejoint et ça fait plaisir). On prend tous ensemble un bus pour Kanchanaburi, un peu plus de 2 heures de route à l’ouest de Bangkok. On est vraiment bien usé par tous ces transports mais il faut encore trouver une guest house. On espère qu’il y aura des dispos à celle où vont rester Jean-Yves (mon ancien colocataire de Paris), Cindy et leur fils Arsène qui sont en vacances en Thaïlande et qu’on doit également retrouver ici. Mais non en fait et on repart en tuk-tuk vers une autre guest house où un français

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qui était avec nous dans le bus Bangkok – Kanchanaburi est descendu. Il y a de la place cette fois et c’est pas mal car juste au bord de la rivière Kwai, et vraiment pas cher. Le temps que les chambres soient prêtes, on discute avec le français du bus pendant presque 2 heures. Dès qu’on peut se poser, douche et sieste de rigueur, surtout pour moi, j’ai un énorme coup de barre. On retrouve ensuite JY, Cindy et Arsène. On est super content de les voir dans ce contexte et grâce à eux on va pouvoir enfin remanger un peu de fromage et de charcuterie, car oui ça nous manque. Néanmoins, on ne se jette pas dessus, car on a du mal à se remettre du voyage depuis le Laos, donc on garde ça pour un peu plus tard. On discute autour d’un verre, on se balade en ville, notamment au marché de nuit. En fait, Kanchanaburi est une petite ville un peu classique de Thaïlande, une petite ambiance dans le centre, des marchés et tout le nécessaire pour faciliter la vie aux touristes. L’intérêt de la ville est la rivière Kwai, avec de nombreuses guest house charmantes implantées tout autour, elles flottent

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Erawan, c’est en fait une suite de cascades qui sont réparties sur 7 niveaux (...) Petite particularité, il y a ici les mêmes poissons que dans les fish pédicures même parfois sur la rivière, ainsi que les alentours avec notamment le parc national d’Erawan que nous visiterons après-demain. On finit cette première journée dans un resto malheureusement pas terrible et en ce qui me concerne, je subis toujours les effets du long trajet qu’on a fait la veille. Après une bonne nuit de sommeil, je me sens mieux. C’est agréable de se réveiller en face de la rivière. Avec Hugo, on rejoint JY et compagnie et on commence par organiser notre escapade de demain à Erawan. On réserve un songthaew (une sorte de pick-up aménagé) pour la journée auprès d’une agence, puis on déjeune dans un très bon restaurant végétarien. On fait un tour ensuite au pont de la rivière Kwai (oui oui le fameux pont, je vous laisse faire vos recherches si nécessaire) et à un temple juste à côté. De là, on prend un petit bateau pour faire un tour d’une heure sur la rivière, tandis que le soleil se couche petit à petit, et on débarque près d’un monastère où un mariage est célébré, non loin de notre guest house. Un bon aperçu de Kanchanaburi et c’est plutôt bien. On dîne au marché de nuit, pas cher et pas mauvais du tout, on se demande juste si on sera malade le lendemain. Et ben oui, on est malade (comprenez par là une tourista sévère) ! Enfin moi je le suis à fond (surement en raison de la fatigue des derniers jours), Hugo et Fanny un peu moins, et Cindy, JY et Arsène pas du tout. Comme quoi c’est pas systématique (on a presque tous mangé un truc différent hier soir). Du coup, les toilettes sont mes amis tout au long de la journée. Le songthaew passe nous chercher et on arrive au parc d’Erawan 1h30 environ plus tard. On achète de quoi manger à l’entrée puis on rentre. Erawan, c’est en fait une suite de cascades qui sont réparties sur 7 niveaux, il faut grimper un peu entre chaque. Les 1er et 2ème niveaux ne sont pas vraiment impressionnants, le 3ème en revanche est sympa et donne bien envie de s’y baigner mais il est inaccessible actuellement en raison d’un tournage. Pour nous rendre au 4ème, on doit passer un checkpoint où on doit donner une caution pour notre bouteille d’eau (afin de nous dissuader de jeter des déchets dans le parc, ce n’était absolument pas notre intention de toute façon) et à partir duquel on est supposé ne plus avoir de nourriture sur nous. Mais bon, on cache tout dans le sac et on passe. Plus on monte et plus on croise des russes, c’est définitivement l’écrasante majorité des

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touristes ici. On apprend d’ailleurs plus tard que depuis 2009-2010 (période de notre dernier séjour en Thaïlande), il y en a de plus en plus, tellement que dans les restos et même aux marchés, on peut lire du russe et manger des plats russes. Apparemment, ils payent sans négocier et bien sûr les thaïs aiment ça… On arrive aux 4ème et 5ème niveaux, bien attrayants aussi pour la baignade mais il y a tellement de monde qu’on préfère tenter notre chance aux derniers niveaux. En passant, on croise un serpent bien grand. On arrive au 7ème niveau et finalement c’est

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 On fait un

tour ensuite au pont de la rivière Kwai (oui oui le fameux pont, je vous laisse faire vos recherches si nécessaire) et à un temple juste à côté

pas la meilleure cascade pour faire trempette. De plus, il y a toujours autant de monde. Du coup, on redescend, on s’arrête dans un petit coin pour manger, puis on trouve un bassin moins grand et moins fréquenté situé entre 2 niveaux. Comme d’habitude dans ce genre de piscine, l’eau est bien fraîche mais on s’y fait et ça fait du bien, surtout avec cette chaleur. Petite particularité, il y a ici les mêmes poissons que dans les fish pédicures, c’est-à-dire ceux qui nettoient les pieds des peaux mortes. Du coup dès qu’on est immobile, ils se jettent sur nos pieds ce qui

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provoque bien sûr une sensation assez étrange, entre un chatouillis et un léger pincement (multiplié par le nombre de poissons accrochés, et aussi en fonction de leur taille). La fin d’aprèm arrive et on repart sur Kanchanaburi. On fait un petit apéro fromage, saucisson, bière en face de notre chambre, au bord de la rivière. Je crois qu’on a du engloutir le brie en moins de 5 minutes. Puis on dîne en ville, mais nous sommes toujours un peu malade Fanny et moi. C’est le dernier soir avec JY, Cindy et Arsène, ça nous a fait bien plaisir de les revoir ici.

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 C’est enfin le moment d’aller à la walking

street, et là c’est juste l’orgie totale : des go-go bars, des pubs, des néons partout, des clubs normaux, des clubs de strip-tease, des matchs de boxe thaï, des prostituées bien sûr…

PATTAYA

T

andis qu’ils partent vers le nord du pays, nous continuons notre route avec Hugo vers Pattaya, probablement la plus grosse station balnéaire du pays et une destination majeure du tourisme sexuel en Thaïlande. Par forcément un choix qu’on aurait fait (même pas du tout) mais c’est ici qu’on retrouve un autre ami, Matthieu, que j’ai connu lors de mon année Erasmus à Prague et qui est en long séjour ici (avec sa copine Maud, ils sont hébergés chez un très bon ami du père de celle-ci). Pour arriver à Pattaya, on doit prendre 2 bus en repassant de nouveau par Bangkok, soit près de 5 heures en théorie… en théorie. On part un peu tard de Kanchanaburi, à 13h, on pense du coup arriver en fin d’aprèm…erreur. Le 1er bus qu’on prend met une heure de plus que prévu, puis on attend une heure à la gare routière de Bangkok, et le 2ème bus prend également du retard. De plus, en arrivant sur Pattaya, on constate que c’est très grand et qu’il y a du trafic. On mettra presqu’une heure en songthaew pour arriver à l’hôtel. Durant le trajet, on constate déjà que la réputation de la ville n’est

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pas surfaite, on voit rapidement des touristes bien accompagnés par des jolies et moins jolies jeunes thaïes (ou des lady boys bien sûr). On arrive à 22h, 3 heures de plus que prévu, le tout en mode tourista bien sévère qui décidément ne passe pas. Matthieu et Maud viennent nous chercher à l’hôtel, on va chez eux (enfin chez l’ami de la famille), une belle villa avec piscine, on boit un coup, on discute, on mange un bout, les retrouvailles nous donnent encore un peu d’énergie pour nous faire tenir, mais on s’endort bien entamés par cette journée. Après une bonne grasse matinée, on fait un tour à la pharmacie prendre des médocs car là ça devient nécessaire (plutôt efficace, quelques jours plus tard, tout rendre dans l’ordre). Puis on va à la plage de Jomtien, une horreur, blindée de parasols, mer pas propre du tout, bref pas de surprise… On déjeune pas loin, puis on retrouve Matthieu et Maud, petit apéro à la villa, pour ensuite aller à un 1er marché de nuit pour quelques achats, puis à un 2ème près de la plage où on dîne. C’est enfin le moment d’aller à la walking street, et là c’est juste l’orgie totale : des go-go

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Je ne vais pas être trop explicite sur le principe du ping-pong show mais en gros sachez mesdames qu’après une telle démonstration, vous seriez surprises de tout ce qu’il est possible de faire avec vos attributs féminins bars, des pubs, des néons partout, des clubs normaux, des clubs de strip-tease, des matchs de boxe thaï, des prostituées bien sûr… c’est assez incroyable à voir en fait. On se promène dans cette rue complètement folle, quand Fanny me surprend en suggérant d’aller voir un ping-pong show (pas mal pour quelqu’un qui ne voulait absolument pas venir ici ). Allez c’est parti! On rentre pour 300 bahts avec une boisson gratuite (environ 7€), 2 filles pas très belles dansent pas très bien sur la piste, on attend, y a du monde quand même, puis ça commence! Je ne vais pas être trop explicite sur le principe du ping-pong show mais en gros sachez mesdames qu’après une telle démonstration, vous seriez surprises de tout ce qu’il est possible de faire avec vos attributs féminins : outre le classique lancer de balles de ping-pong, on a eu droit à l’apparition de la guirlande de fleurs, la disparition des œufs, le lancer de fléchettes pour faire éclater des ballons, le lancer de bananes, un joli dessin au feutre et même un petit concert de trompette (si vous ne voyez toujours pas de quoi il s’agit, une petite recherche Google s’impose)… et encore on a pas fait tout le show, il ne faut pas abuser des bonnes choses. En fait, on s’est bien marré, c’est un peu comme le cirque en fait, mais au bout d’un moment c’est un peu pathétique, surtout qu’on finit par bien voir que les filles n’apprécient pas plus que ça se donner en spectacle (normal!). On marche encore un peu dans la walking street puis on rentre car il est tard et demain on se lève tôt (encore une fois…). On dit au revoir à Matthieu et Maud, ce fut court mais très sympa, surtout que notre dernière rencontre remontait à plusieurs années. Le matin, direction Khao Lak d’où nous partirons en bateau vers les îles Similan et Surin pour faire plusieurs plongées, les meilleures de Thaïlande selon certains. De nouveau un trajet sympa, puisqu’on doit repasser par Bangkok pour prendre un avion pour le sud du pays.

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 On va à

la plage de Jomtien, une horreur, blindée de parasols, mer pas propre du tout, bref pas de surprise…

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 Bilan du liveaboard : des superbes

plongées, un rêve devenu réalité avec le requin baleine, Fanny qui passe enfin son niveau 2, des conditions géniales avec un bateau au top et une équipe au petit soin, surtout la bouffe que ce soit en quantité ou qualité.

KHAO LAK

D

épart en bus de Pattaya pour l’aéroport principal de Bangkok, puis une navette vers le 2ème aéroport d’où on décolle pour Phuket, dans le sud de la Thaïlande. De là, un chauffeur doit venir nous chercher pour nous amener à un bateau sur lequel nous allons faire un liveaboard, une croisière dédiée à la plongée de 4 jours dans les îles Similan et Surin, meilleurs sites du pays et parmi les meilleurs au monde. On est super motivé!...sauf que le chauffeur n’est pas là. La ponctualité n’est pas vraiment courante en Asie du sud-est donc on ne s’inquiète pas plus que ça, mais le temps presse, il est 18h, le bateau est censé partir à 20h et normalement il y a 2h de route pour le rejoindre. Du coup, pour être sûr que tout va bien, on appelle. Tous les numéros semblent hors service, c’est mauvais signe mais encore une fois vu la désorganisation ambiante, on y croit encore. Je vais au point internet de l’aéroport de Phuket pour chercher des infos, un autre numéro et envoyer un mail au patron du club, et là en tombant sur la page Tripadvisor du club de

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plongée, c’est la douche froide… des clients récents ont posté des commentaires, le club a visiblement fait faillite, ils sont se retrouvés sur le carreau et le proprio a visiblement disparu de la circulation. Je suis sur le cul, j’avais fait beaucoup de recherches pour trouver un liveaboard avec un bon rapport qualité prix et ce club sans être le meilleur avait des commentaires plus que corrects sur différents sites, des commentaires récents puisque datant de janvier dernier! Et c’est pas tout, on a réservé il y a à peine 10 jours, on a même versé un acompte via Paypal, le patron savait forcément que son club allait fermer, bref ça sent le foutage de gueule. On sait qu’on va galérer, il va falloir trouver un autre liveaboard sur place rapidement et on se doute qu’on va probablement jamais récupérer notre acompte. C’est la merde et on négocie un taxi direction le club à Khao Lak, bien déçus et énervés par cette histoire. Après 1h30 de route car on a demandé au taxi d’aller vite, on arrive au club et toutes nos craintes se confirment : tout est fermé, les bureaux sont vides. Il y a un papier en thaï accroché aux

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grilles, on demande aux voisins ce que ça veut dire, mais sans le lire ils nous confirment que la justice a bien fermé le club il y a 10 jours, donc exactement le jour où on a payé l’acompte. Le proprio s’est donc bien moqué de nous et l’espoir de récupérer notre argent s’éloigne. Personne ne

dès le début on voit un petit requin baleine (5 mètres tout de même), une espère rare et une des meilleures choses qu’il est possible de voir en plongée. On le croisera 3 fois durant notre passage sur le site. sait où il est visiblement, c’est un allemand, pas un thaï. On part à la recherche d’une guest house et c’est un peu difficile car les hébergements sont assez chers ici (d’ailleurs le sud est globalement plus cher que le reste du pays), mais au final on s’en sort pas trop mal en dormant avec Hugo dans la même chambre avec un lit d’appoint. On commence à envoyer des mails en pagaille, déposer une plainte à Paypal (même si visiblement le site ne rembourse que l’achat de biens, pas de services), écrire à la fédération de plongée PADI (histoire que le mec ne puisse pas rouvrir un club, et visiblement ça a été pris en compte), écrire aux autres clients sur Tripadvisor qui se sont fait avoir pour récupérer des infos, nos assurances, bref toutes les possibilités pour récupérer notre argent ou compenser la perte et s’assurer que l’info sur ce club et surtout son proprio circule bien. Mais on peut pas faire grand-chose de plus pour le moment et l’acompte est surement définitivement perdu. Il faut maintenant retrouver un liveaboard, histoire de ne pas se laisser abattre et de ne pas renoncer à ce pourquoi on est venu dans ce coin de la Thaïlande. Le soir même donc on commence à faire le tour des clubs de plongée encore ouvert et on apprend rapidement que Franky, le patron – voleur, est un escroc bien connu dans la ville, il doit de l’argent à beaucoup de monde, des fournisseurs, des employés, mais c’est la première fois qu’il arnaque des clients. Tout le monde confirme que cette fois il ne reviendra pas dans le coin car il est allé trop loin. On se rend compte aussi qu’il sera finalement assez facile de trouver un liveaboard de remplacement dans les jours qui viennent. Comme la plupart des clubs sont fermés, on attend demain pour se décider. On se couche déçu mais confiant pour rattraper le coup. Tôt le matin, on fait le tour des clubs et finalement on en choisit un tenu par des français qui propose un liveaboard de 3 jours, 3 nuits, qui couvre les sites de plongée que l’on souhaite faire et aux dates qui nous arrangent. Cette fois, c’est la bonne! On va ensuite au poste de police et comme prévu on est pas les premiers à venir porter plainte contre

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Franky. L’officier nous confirme qu’il est introuvable et qu’il a probablement quitté la ville directement après avoir vidé le club. Peu de chance qu’ils lui mettent la main dessus, mais le reçu de la plainte pourra peut-être nous être utile plus tard (assurances ou autre). Après ça, il ne reste plus grand-chose à faire à part attendre le départ du liveaboard le lendemain soir et oublier cette mésaventure. On va déjeuner sur la plage de Khao Lak qui sans être exceptionnelle est plutôt jolie. Puis je pars me reposer au bungalow, tandis que Fanny reste à la plage réviser pour son niveau 2 de plongée qu’elle passera sur le bateau, et qu’Hugo part faire une plongée de remise à niveau (il n’a pas pratiqué depuis assez longtemps). On se retrouve tous à la plage en fin de journée pour le coucher du soleil.

1ÉRE NUIT ET 1ÈRE JOURNÉE Après une autre journée à la plage, on part enfin au liveaboard vers 20h. On arrive au port, le bateau n’est pas très grand mais on est pas très nombreux non plus (une douzaine de plongeurs, 4 instructeurs, le capitaine et 4 membres d’équipage). Il est en super état, tout est nickel à l’intérieur et au final il y a suffisamment d’espace. Le bateau démarre et des pétards sont allumés, tradition pour porter chance au navire. Cette première nuit est courte et agitée car ça bouge pas mal, on a pas l’habitude encore et on a du mal à s’endormir. Le lendemain on fait un peu plus connaissance avec les autres plongeurs, un bon groupe de hongrois, des tchèques, un danois, un norvégien et des américains. Il est prévu que nous fassions 10 plongées sur les 3 jours. Le rythme est soutenu, en gros après chaque plongée, il y a juste le temps de manger (on tourne à 5 repas par jour, 1er petit déjeuner, 2ème petit déjeuner, déjeuner, goûter, dîner, on bouffe tout le temps en fait, et la nourriture est excellente), faire une sieste et préparer la plongée suivante. Les 2 premiers jours, c’est 4 plongées quotidiennes, on doit être pas loin du maximum possible compte tenu de la saturation au gaz. Fanny, Hugo et moi plongerons ensemble et notre instructeur sera Marcus, un seychellois. On commence le programme par 2 plongées autour de Koh Bon et ça commence très bien, beaucoup de vie, des coraux superbes, un peu de courant mais ça va. Puis on change de site plus au nord avec Koh Tachaï. Cette troisième plongée restera un très bon et un très mauvais souvenir. Très bon, car dès le début on voit un petit requin baleine (5 mètres tout de même), une espère rare et une des meilleures choses qu’il est possible de voir en plongée (certains plongeurs avec des centaines de plongées au compteur ne l’ont jamais vu par exemple). On le croisera 3 fois durant notre passage sur le site. Très mauvais, car on est souvent à contre-courant et je gère mal cette fois, je force trop à lutter contre le courant ce qui n’est pas bon du

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tout. Du coup, je m’essouffle, je peine à respirer et il arrive un moment où l’air que je peux prendre dans le détendeur ne me suffit plus. En gros, j’étouffe, j’ai l’impression de devoir absolument respirer par le nez ce que je ne peux pas faire. C’est un peu la panique, Marcus le voit, il m’attrape, on se laisse porter par le courant, je respire fort et lentement, et au bout d’un moment ça va mieux. On mettra ça sur le compte de l’émotion d’avoir vu le requin baleine, un de mes rêves. La dernière de la journée a aussi lieu à Koh Tachaï et on a tous l’espoir de revoir notre ami de 5 mètres mais non. Il n’empêche qu’on fait de nouveau une plongée d’excellente qualité. Le soir on est évidemment complètement à plat, on profite du coucher de soleil depuis le bateau et tout le monde se couche quasiment après le dîner car demain 4 plongées de nouveau, et on commence plus tôt, à 6h.

2ÉME JOURNÉE On se lève donc avec le soleil et la mer d’Andaman à perte de vue (c’est aussi ça la plongée, des belles balades en bateau). On fait une dernière plongée sur Koh Tachaï qui décidément ne nous déçoit pas car on voit de nouveau un beau requin baleine (encore lui!), même si à la fin ça devient un peu l’embouteillage pour l’observer. Puis direction Richelieu Rock, qui est censé être l’apothéose du liveaboard, un site de renommée mondiale et découvert par Cousteau. La première plongée nous déçoit un peu,

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surtout vu la réputation de l’endroit : visibilité pas géniale, des coraux magnifiques c’est sûr, mais ça manque d’espèces qu’on a pas déjà vu, à part un petit hippocampe ce qui est assez rare. La deuxième plongée en revanche, que je ferais uniquement avec Hugo, Fanny se repose, révèle le potentiel du site : visibilité bien meilleure, des crevettes, une espèce d’écrevisse assez rare, des crabes, des barracudas, des poissons flûtes, des bancs de poissons partout, avec une vraie variété, ça manque de gros mais nager au milieu de cet aquarium, littéralement parmi les poissons et ces superbes coraux, est une expérience magique, ça grouille de vie. Enfin la dernière plongée à Richelieu Rock et aussi de la journée, cette fois Fanny m’accompagne et Hugo reste sur le bateau. Une plongée encore meilleure que la précédente : même paysage qu’avant mais avec plus de visibilité, plus de barracudas dont un énorme qui nage tout seul (particularité des barracudas géants, ils sont solitaires), des grosses murènes, encore plus de poissons dans tous les sens (c’est la fin de journée et l’heure du repas) et des espèces qu’on a jamais vu auparavant. Puis la meilleure pioche de la journée, une énorme raie accompagnée de sortes de rémoras tellement grosses qu’on les a tous pris pour des requins. On passe 10 bonnes minutes à contempler le ballet des rémoras tout autour de la raie, quant au bout d’un moment celle-ci prend son envol, magnifique. Même à la fin de la plongée, au palier de sécurité, lorsqu’on croit que

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 On commence

le programme par 2 plongées autour de Koh Bon et ça commence très bien, beaucoup de vie, des coraux superbes


c’est fini, un banc de barracudas passe nous dire bonjour à 2 mètres. A la surface, toute la palanquée est émerveillée par ce que nous a offert le site. On dîne, puis quelques bières sur le pont supérieur sous les étoiles tandis que le bateau navigue au milieu de la mer et qu’on se repasse les vidéos de ce que nous avons vu aujourd’hui.

3ÉME ET DENIER JOUR Dernier jour et première plongée aux aurores comme d’habitude. Un beau site près de Koh Bon (on revient progressivement vers Khao Lak), mais rien de vraiment spécial à part de nombreux coraux jaunes qui recouvrent le pinacle et des poissons pierres. Puis deuxième et toute dernière plongée du liveaboard, une épave. C’est rarement décevant les épaves, car il y a toujours beaucoup de vie tout autour. On voit des bancs de poissons porc-épic ce qui est rare car c’est une espèce solitaire, des barracudas, des rascasses volantes et leurs bébés dans tous les sens, des grosses et des petites murènes, une seiche ainsi qu’un énorme poisson pierre. Ça manque de visibilité mais on se régale bien, on finit en beauté! Bilan du liveaboard: des superbes plongées, un rêve devenu réalité avec le requin baleine (même si c’était un petit), Fanny qui passe enfin son niveau 2 (on pourra toujours plonger ensemble dorénavant), des conditions géniales avec un bateau au top et une équipe au petit soin, surtout la bouffe que ce soit en quantité ou qualité. Ça manquait peut être juste un peu d’ambiance sur le bateau mais vu le rythme c’était pas évident de faire autre chose que manger, dormir, plonger (3 plongées par jour max serait surement mieux). On espère pouvoir refaire un trip comme ça un jour! De retour sur Khao Lak, on profite du transfert gratuit vers Phuket pour s’arrêter à Nai Yang Beach, une belle plage de sable blanc, modérément fréquentée. On va rester ici le temps qu’Hugo prenne son vol pour Bangkok, puis la France. Il faut aussi qu’on se décide sur notre prochaine étape, le dilemme étant de rester en Thaïlande ou de partir vers la Malaisie. A part profiter de la plage, on ne fera pas grandchose ici. Hugo nous quitte, c’était bien cool de faire ce bout de voyage avec lui, dommage qu’il ne puisse pas rester un peu plus. En ce qui nous concerne, on décide finalement de rester en Thaïlande. Le temps est incertain sur la côte est malaisienne et c’est justement là où on voulait aller. De plus c’est un peu plus compliqué et coûteux d’y aller (et niveau dépenses, vu les dernières semaines, il faut qu’on se calme un peu). Il nous reste une petite dizaine de jours avant de retourner à Singapour (l’étape Asie du sud-est du voyage va se terminer par un avion vers la Chine), on veut faire simple, on veut une île pas chère, calme et facile d’accès pour poser nos sacs plus longtemps que d’habitude. On va suivre les conseils de Matthieu, notre ami vu à Pattaya, et nous diriger vers Koh Jum, une île près de Krabi, pas très loin d’ici et qui semble à priori peu connue du grand public. On va bien voir.

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 De retour

sur Khao Lak, on profite du transfert gratuit vers Phuket pour s’arrêter à Nai Yang Beach, une belle plage de sable blanc, modérément fréquentée.

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 Nous dirigeons vers Koh Jum, une île

près de Krabi, pas très loin d’ici et qui semble à priori peu connue du grand public. On va bien voir.

KOH JUM

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our prendre le bus local vers Krabi, on doit d’abord prendre un taxi depuis Nai Yang pour rejoindre la route principale de Phuket. Une fois montés dedans, le trajet dure 2h30 et arrivés à la gare routière de Krabi, on doit encore payer un taxi pour rejoindre le port pour enfin prendre le ferry pour Koh Jum. On a voulu éviter de passer par une agence, au final on a pas économisé tant que ça. Il y a 2 arrêts pour cette île, au nord et au sud. Après quelques hésitations, on décide de débarquer dans la partie sud de Koh Jum. Et c’est là qu’on commence à galérer… Pour le contexte, on a dans l’idée de passer une petite dizaine de jours ici, histoire de clore l’étape Asie du sudest de notre voyage par un séjour reposant, surtout qu’on va bien bouger ensuite, il n’y aura surement pas d’autres occasions avant 2 mois (à Tahiti exactement) de rester aussi longtemps au même endroit sans rien faire. Du coup, vu qu’on est ici pour un petit moment, on a une idée bien précise de ce qu’on veut côté hébergement, c’est-à-dire un bungalow de qualité moyenne (pas luxueux mais pas

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miteux non plus) et face à la mer. Pas trop exigeant non? Mais on va découvrir que sans réservation, et en haute saison, c’est un peu compliqué à Koh Jum.

RECHERCHE DU BUNGALOW Premier bungalow visité, première déception d’une longue série. Le prix est correct mais la qualité n’est vraiment pas bonne. On se dirige vers le nord, on passe 2 resorts qui affichent complet. La proprio de la deuxième nous propose de laisser nos gros sacs ici le temps de faire nos recherches. Sympa de sa part et bien pratique car il est 13h et on fond sous le soleil. On continu et juste après on tombe sur un complexe sans charme où il y a des dispos. Les chambres sont pas mal mais aucune ambiance, on se garde néanmoins l’option sous le coude. On poursuit notre recherche qui se transforme en randonnée : on marche presque 3 heures en plein cagnard, on passe dans une quinzaine de resorts, guest house, home stay, etc… jusqu’au nord de l’île qui n’est définitivement pas si petite que ça. La plupart du

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L’avant dernier jour à Koh Jum nous louons un kayak pour explorer les alentours de la plage. Avec le courant et la chaleur, c’est un peu difficile, mais on finit par arriver à une petite plage de sable fin avec une eau claire, des cocotiers et absolument personne sauf plusieurs colonies de petits crabes. 

temps c’est complet, sinon ça ne correspond pas du tout à ce que l’on souhaite. Et dire qu’on nous avait dit que Koh Jum n’était pas trop connue des touristes! Épuisés, on arrive à une resort tenue par une française et il y a des dispos à partir de demain. L’endroit est charmant et nous plait bien mais les bungalows sont sur une falaise et on ne voit pas vraiment la mer. D’un côté il reste encore un petit bout de l’île à explorer et donc des chances de trouver ce qu’on veut, de l’autre il serait peut-être temps de revoir nos exigences. Finalement, étant donné qu’il est 17h et que le prochain ferry de touristes n’arrive que demain matin 9h30, on décide de dormir une nuit au complexe hôtelier vu précédemment, ce qui nous laissera le temps de réfléchir et de se décider si on passe le séjour chez la française ou non. De toute façon, on est à bout, c’est la première fois qu’on galère autant pour trouver un hébergement, donc on arrête là pour aujourd’hui.On retourne chercher nos sacs puis on s’installe pour une nuit au complexe. On se demande si finalement on aurait pas mieux fait d’aller en Malaisie ou sur une autre île thaïlandaise mais après réflexion, on est bien décidé à trouver notre petit paradis ici. L’île est belle, calme, il n’y a pas trop de monde en fait, c’est juste l’offre d’hébergement qui n’est clairement pas suffisante par rapport à la demande. On se couche tôt pour être prêts à continuer les recherches avant l’arrivée du 1er ferry. A peine réveillé, je loue un scooter pendant que Fanny reste à la chambre et je fais à nouveau le tour de l’île. Je m’arrête pour vérifier s’il y a eu des départs ce matin dans les bungalows qui nous avaient tapés dans l’œil, mais malheureusement rien qui puisse nous

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intéresser. J’arrive à la resort de la française de la veille, le bungalow qui était dispo ne l’est plus, une réservation via internet… on a voulu jouer, on a perdu. Reste plus qu’à tout miser sur le dernier bout de plage qu’on a pas fait tout au nord de Koh Jum. Pour y aller, j’emprunte un tout petit chemin de gros cailloux, fait plus pour les randonneurs que pour les scooters, en me dépêchant car l’heure tourne et il ne reste plus beaucoup de temps avant l’arrivée du ferry. C’est plus loin que je ne le pensais mais j’arrive enfin à la plage. Premiers bungalows, des dispos mais emplacement vraiment nul (et oui même après tout ça, je fais encore le difficile). Et là juste après, ENFIN, un bungalow dans nos prix, même moins, face à la mer, de bonne qualité, avec un bar-resto bien sympa et une petite ambiance. Ça s’appelle Paradise Resort, c’est un signe! Mais (et oui, il y a un mais), électricité uniquement de 18h à minuit, pas de wifi mais clé 3G à dispo. Et bien on fera avec, l’île est quasiment au maximum de sa capacité d’accueil, on a bien galéré, ça ira très bien comme ça. Fanny me rejoint avec nos sacs en bateau, et on peut enfin commencer nos vacances dans nos vacances. Ces péripéties nous ont permis de faire un petit tour de l’île. Koh Jum s’étend sur un peu plus de 10 km et comporte 3 villages : au nord (les pêcheurs), au milieu et au sud (influence chinoise). Toute la côte ouest est le côté des plages, c’est évidemment là où se concentre l’activité touristique. Plus on va au nord et plus c’est calme et isolé (c’est là que nous sommes). La côte est, c’est les villages, la vie locale et les ports. Il n’y a pas grand-chose à faire sur l’île à priori : un peu de randonnée, un peu de snorkeling

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de qualité moyenne, du kayak et des balades en bateau. Il est également possible de faire de la plongée, mais après quelques hésitations nous n’en ferons pas (un peu frustrant car on adore ça mais on a déjà beaucoup plongé à Khao Lak et ça pèse sur le budget). Les gens viennent surtout ici pour se reposer et ne rien faire, d’ailleurs j’apprends plus tard que beaucoup de touristes restent un mois ou 2 ici, pas étonnant qu’on ait eu du mal à trouver un bungalow! En scooter, on fait le tour de l’île en une bonne demi-heure, moitié route normale, moitié route de terre. Malgré l’afflux de touristes (qui reste très modéré si on compare avec d’autres îles de Thaïlande), les villages semblent être restés plus ou moins authentiques. On prépare déjà la suite en passant à la seule agence de voyage de Koh Jum pour acheter nos billets de bus pour Singapour d’où nous décollerons pour Hong Kong. Le patron nous confirme au passage qu’il n’y a jamais eu autant de monde sur l’île, c’est vraiment la première fois. L’île pas très connue n’est plus si méconnue visiblement…

PROFITER SIMPLEMENT Tous les soirs depuis notre bungalow, on peut voir le coucher de soleil sur la mer. Quand l’électricité arrive, le bar-resto s’illumine et la patronne met de la bonne musique. Installés confortablement avec une bonne bière thaïe et le bruit des vagues en fond, on se dit que ça valait le coup de faire toute l’île pour trouver cet endroit. Les premiers jours on ne fera pas grand-chose à part profiter de la plage, faire un peu de snorkeling et mettre à jour le blog (on était bien en retard).

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Puis on commence à faire connaissance avec nos voisins, deux finlandais qui restent aussi plusieurs jours sur l’île. On les retrouve au bar de la plage où tous les touristes du coin qui veulent un peu sortir semblent se donner RDV. Bonne petite ambiance, majoritairement des allemands et des finlandais. On boit quelques verres et je discute pas mal avec le patron thaï qui m’explique à quel point le pays est corrompu. A un moment, les lumières du bar sont coupées et on voit clairement les étoiles. C’est le début de la «plancton party»! Cette nuit-là, il y a beaucoup de plancton sur le sable et dans l’obscurité on le voit encore mieux (c’est comme des points fluorescents). Après un compte à rebours, tout le bar (nous compris) se met à piétiner le sable frénétiquement ce qui fait ressortir encore plus le plancton et illumine la plage. En prenant une poignée de sable et de plancton et en frottant nos bras avec, on obtient le même effet. On est tous comme des gamins et on se marre bien. Le lendemain on doit retourner au village faire des courses (pas vraiment possible sur la plage où on est). On loue un scooter et on en profite pour faire de nouveau le tour de l’île mais cette fois en s’arrêtant un peu plus dans les différents villages. Celui des pécheurs au nord est vraiment typique, aucun touriste et les locaux nous dévisagent quand nous y passons. Celui du sud est un peu moins authentique, c’est là où la plupart des voyageurs débarquent et font leurs courses. Des immigrés chinois s’y sont installés à une époque, on peut voir cette influence sur les décorations des maisons et dans les restos qui servent d’ailleurs de très bons plats. C’est agréable de parcourir l’île ainsi, il y a peu de circulation et

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c’est bien dépaysant. L’avant dernier jour à Koh Jum nous louons un kayak pour explorer les alentours de la plage. Avec le courant et la chaleur, c’est un peu difficile, mais on finit par arriver à une petite plage de sable fin avec une eau claire, des cocotiers et absolument personne sauf plusieurs colonies de petits crabes. On a l’impression de débarquer dans un endroit méconnu mais on apprend plus tard que les locaux ou les visiteurs réguliers connaissent bien cette plage, qui s’appelle tout simplement Coconut Beach. On en profite pendant un moment, puis on retourne à notre bungalow. En regardant mes mails, j’apprends que Paypal va nous rembourser intégralement l’acompte versé pour le liveaboard raté de Khao Lak (voir post précédent), ce qui est une très bonne chose évidemment, surtout que c’était une somme importante. Contents de la nouvelle, on prend un apéro en milieu d’après-midi avec nos amis finlandais, une canadienne et une hollandaise. On finit une bouteille de rhum thaï, puis on en commande une autre. On dîne tous ensemble pour continuer ensuite au bar de la plage où nous restons discuter et boire jusqu’à 4h du matin. En ce qui me concerne, je me couche dans un bon état. Arrive finalement le dernier jour, un peu difficile pour moi en raison de la soirée de veille. On profite de la vue et de l’atmosphère tranquille, ça va être dur de partir! Entre notre bungalow juste au bord de mer, le coucher de soleil quotidien, la proprio et ses bons petits plats et les autres voyageurs avec qui on s’entend bien, l’endroit est presque parfait et on s’y plait très bien. Le soir, on mange un excellent plateau de crabes préparés par le patron du bar de la plage spécialement pour nous et les finlandais. Puis on enchaîne avec un sauna…et oui vous avez bien lu, un sauna, sur une île thaïlandaise. Il a été construit par un finlandais qui vient régulièrement ici et qui travaille occasionnellement au bar. Celui-ci nous raconte qu’il a dû expliquer aux artisans thaïs la manière de construire le four du sauna grâce à des schémas téléchargés sur internet…ils n’avaient jamais vu et encore moins fait cela auparavant. C’est plutôt réussi, on fait plusieurs sessions, puis à chaque fois on plonge dans la mer et même avec la chaleur de Thaïlande, la différence chaud – froid fait toujours son effet. De plus, il y a encore du plancton ce soir, il flotte tout autour de nous quand nous bougeons dans l’eau. Avec les étoiles qui brillent juste au-dessus, on profite vraiment bien de notre dernière soirée au paradis. Quand vient l’heure du départ le lendemain matin, on est un peu triste et on espère pouvoir revenir un jour pour une plus longue période. Que ce soit au niveau des paysages, de l’ambiance, de la nourriture et des gens, nous sommes complètement tombés sous le charme de Koh Jum. On dit au revoir à nos nouveaux amis, notre bungalow et la plage, puis on rejoint avec un petit bateau le ferry pour Krabi.

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 Nous faisons

un petit tour de l’île. Koh Jum s’étend sur un peu plus de 10 km et comporte 3 villages : au nord (les pêcheurs), au milieu et au sud (influence chinoise). Toute la côte ouest est le côté des plages, c’est évidemment là où se concentre l’activité touristique.

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Avril 2014

CHINE




 On termine par la fameuse promenade

Tsim Sha Tsui d’où on peut voir les grands immeubles du centre financier sur l’île principale en face, et sur laquelle il y a l’avenue des stars, un hommage aux célébrités chinoises, avec des étoiles façon Hollywood et une statue de Bruce Lee

HONG KONG

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ous quittons donc Singapour pour Hong Kong, un vol bien chiant car derrière nous il y a une famille avec deux gamins insupportables et des parents qui ne gèrent absolument pas les débordements de leur progéniture. A l’arrivée, c’est le choc thermique, il fait froid, un petit 18°, et le ciel est bien gris. Après 4 mois de chaleur et de soleil en Inde et en Asie du sud-est, ça change, il faudra attendre Tahiti dans 2 mois pour retrouver un temps similaire. On prend le bus pour rejoindre notre guest house située à Kowloon, partie de Hong Kong qui est sur le continent, juste au-dessus de l’île principale. Pour info Hong Kong est une région autonome de la Chine, au sud du pays, et qui possède son propre système économique avec notamment une monnaie différente (le dollar hongkongais). On descend à Nathan Road, une des rues principales de Kowloon : des immeubles immenses, des magasins et des énormes panneaux partout. On trouve le grand et vieux bâtiment de la guest house, on prend un ascenseur miteux et on nous fait patienter à l’accueil.

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Puis on vient nous chercher pour nous amener dans un autre immeuble encore plus ancien et on monte dans un ascenseur encore plus miteux qui d’ailleurs émet une alerte dès qu’on est plus de 2 personnes. La chambre est petite mais bien équipée et confortable. Quand on ressort après avoir posé nos bagages, on se rend compte qu’il y a des prostitués juste à l’entrée de l’immeuble, la classe. Tout ce « luxe » pour 40€… bienvenue à Hong Kong, ça change des pays précédents! On déjeune dans un restaurant de dim sum (différentes sortes de raviolis ou pains cuits à la vapeur), c’est à la fois délicieux et pas cher. Je pense qu’on va se faire plaisir en Chine niveau nourriture. Puis on se promène dans Kowloon, d’abord dans le parc qui ne vaut pas vraiment le détour, ensuite aux anciens quartiers généraux de la police maritime, un très beau bâtiment qui a été reconverti en hôtel et centre commercial de luxe. On termine par la fameuse promenade Tsim Sha Tsui d’où on peut voir les grands immeubles du centre financier sur l’île principale en face, et sur laquelle il y a l’avenue des stars, un

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 L'île proncipale : beaucoup de

centres d’affaires, de boutiques de luxe et de bâtiments immenses. Ça fait penser un peu à la Défense à Paris, si ce n’est qu’ici on trouve toujours des petites rues, avec des commerces et des restos traditionnels, et une vie locale plus typique


hommage aux célébrités chinoises, avec des étoiles façon Hollywood et une statue de Bruce Lee. On va dans un petit parc qui surplombe la promenade, la nuit tombe et tous les gratte-ciels s’illuminent, un magnifique paysage urbain. On repasse rapidement à notre chambre puis on se balade dans le marché de nuit de Temple Street qui est en fait juste au pied de l’immeuble de notre guest house (derrière les prostitués). C’est toujours amusant de faire un marché mais on en a vu tellement depuis notre départ que celui-ci ne nous impressionne pas plus que ça. On dîne ensuite dans un resto qui propose de la viande rôtie, on se régale bien sûr. On est bien crevé à l’issue de cette première journée. Ça faisait longtemps qu’on avait pas marché autant, c’est souvent comme ça dans les grandes villes et la dernière c’était Hanoï au Vietnam (soit presque 2 mois).

L’ÎLE PRINCIPALE DE HONG KONG Le 2ème jour, on prend le Star Ferry pour aller à l’île principale de Hong Kong, là où il y a le centre financier et tous les gratte-ciels que l’on apercevait depuis la promenade. Après seulement 10 minutes de traversée, on débarque et l’ambiance est différente de Kowloon. Beaucoup de centres d’affaires, de boutiques de luxe et de bâtiments immenses. Ça fait penser un peu à la Défense à Paris, si ce n’est qu’ici on trouve toujours des petites rues, avec des commerces et des restos traditionnels, et une vie locale plus typique. On mange encore du char siu pour déjeuner (viande rôtie) puis on prend un tramway un peu spécial puisqu’il nous amène tout en haut de Victoria Peak, la colline qui domine Hong Kong. Ça monte vraiment beaucoup, on est collé aux sièges, et quand on arrive au sommet on se rend compte que le mauvais temps ne nous permet pas de profiter de la vue, un brouillard épais nous empêche de voir la ville. Histoire de ne pas être montés pour rien, on redescend à pied ce qui nous permet quand même de nous balader dans le parc tout autour de Victoria Peak. De retour en ville, on longe Hollywood Road, une des plus anciennes rues de la ville et au passage on visite la cathédrale de l’Immaculée Conception, la mosquée Jamia et le temple le plus connu de Hong Kong, Man Mo, qui est coincé entre plusieurs gratte-ciels et dont l’intérieur est vraiment beau. On se dirige ensuite vers Soho pour boire un verre, un quartier qui semble être le RDV des expatriés, et vu que c’est vendredi soir il y a du monde. La nuit tombe, on passe par le quartier festif Lan Kwai Fong pour rejoindre le Star Ferry et retourner sur Kowloon. On dîne rapidement pour arriver à temps sur Tsim Sha Tsui, la promenade de la veille, afin de voir un spectacle son et lumière qui doit commencer à 20h. On rate le début, il y a beaucoup de monde, mais au final ça ne valait pas vraiment le coup de se dépêcher. Pour finir cette longue journée, on retourne au marché de nuit de Temple Street car on s’est rendu compte que nous n’avions pas tout vu hier. Et en effet

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on a raté la meilleure partie (en tout cas la plus intrigante) : en plus des différentes choses qu’on trouve habituellement sur les marchés asiatiques (produits et contrefaçons de toutes sortes, et plein de choses à manger), il y a aussi des diseurs de bonne aventure, des karaokés de rue et des sex-shops (et oui en pleine rue, je vous laisse imaginer la petite mamie chinoise vous vantant les mérites de tel ou tel accessoire). Ça aurait été dommage de louper tout ça.

L’ÎLE DE CHEUNG CHAU Pour notre dernière journée ici, on prend un ferry pour nous rendre sur l’île de Cheung Chau, un trajet qui prend environ 30 minutes depuis l’île principale. Il faut savoir qu’il y a de nombreuses îles à Hong Kong, certaines accessibles en métro, d’autres uniquement en bateau. Cheung Chau est une toute petite île où aucune voiture ne circule. Il y a quelques villages, des pêcheurs, quelques plages, des balades à faire mais pas grand-chose de plus. Beaucoup de monde dans le ferry, surtout des locaux, week-end oblige. On arrive sur l’île et l’ambiance est évidemment bien différente, c’est plutôt calme (si on fait abstraction du nombre de visiteurs) et plus on s’enfonce dans l’île et plus ça le devient. Il n’y a pas vraiment de carte à disposition mais difficile de se perdre tellement c’est petit. On décide de se diriger du côté des

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 Cheung Chau

est une toute petite île où aucune voiture ne circule. Il y a quelques villages, des pêcheurs, quelques plages, des balades à faire

plages, à l’opposé du débarcadère. On arrive à une 1ère plage, le beau temps n’est toujours pas au RDV mais malgré tout c’est sympa et propre. On continu et on trouve un peu plus loin une 2ème plage bien tranquille où on déjeune au seul resto du coin. On est les seuls touristes et même les seuls clients. On repart ensuite pour commencer une balade sur un petit chemin aménagé qui longe la côte. La vue est bonne mais quand on arrive au bout, il faut malheureusement faire demi-tour, pas possible de rejoindre un autre chemin. On revient sur nos pas, on se perd un peu et on rejoint enfin la route principale pour aller à l’autre bout de l’île. En passant, on visite un petit temple, on traverse un village typique et aussi un énorme cimetière qui nous semble bien trop grand vu la taille de l’île. Arrivés à l’autre extrémité de Cheung Chau, on visite un autre temple et on tente de rentrer dans une grotte (pour ceux qui suivent, notez que je n’ai pas dit cave cette fois) mais on a pas pris nos lampes donc nous n’irons pas bien loin. On retraverse toute l’île mais côté village cette fois, nettement plus rapide, puis on reprend le ferry pour rejoindre l’île principale de Hong Kong. De retour en ville, on prend le métro pour aller au quartier Mong Kok, situé sur Kowloon, un peu au-dessus de notre guest house. C’est en fait un des quartiers les plus peuplés et animés de Hong Kong. En sortant du métro, on prend une bonne

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claque devant la foule, les néons, l’animation et l’ambiance, ça grouille de partout. Mong Kok est peu mentionné dans les guides, dommage (ou pas) car c’est un endroit assez fascinant. On redescend ensuite dans note coin où on fait encore un excellent repas. Hong Kong est ville étonnante, immense, avec de beaux paysages (même si on a pas pu trop en profiter à cause de la météo), beaucoup de choses à faire (on pourrait y passer une semaine facilement) et une vraie diversité. C’est à la fois un centre financier international mais aussi une grande ville asiatique avec ses petits quartiers et petites rues bordéliques. Les îles tout autour promettent de belles escapades, avec des plages, des randonnées, il y a même un Disneyland. Et que dire de la cuisine, on a très bien mangé sans se ruiner, même Fanny qui n’aime pas trop les chinoiseries a également apprécié. Après Hong Kong, nous entrons vraiment en Chine (comme expliqué au début de l’article, Hong Kong est un peu à part) et on commence par Haikou capitale de la province d’Hainan, une île tout au sud du pays. On doit retrouver sur place un pote avec qui j’ai étudié, Youssef, qui vit en Chine depuis plusieurs années. On va rentrer dans le vif du sujet.

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 On se balade essentiellement dans la

vieille ville qui est plutôt jolie et typique, puis on parcoure le marché le plus étonnant qu’on ait vu depuis le début de notre voyage (et on en vu plein)

HAIKOU

A

près une grasse matinée nécessaire après ces 4 jours intenses à Hong Kong, on prend le métro pour Shenzhen, grande ville de Chine située juste à côté. En arrivant, c’est le moment de passer la frontière chinoise et tout se passe bien, on avait fait les visas avant de partir de France. On doit récupérer nos billets de train pour Haikou, capitale de la province d’Hainan, à la gare de Shenzhen et c’est pas évident car on parle nettement moins anglais ici qu’à Hong Kong. Néanmoins on s’en sort et reste plus qu’à aller dans la salle d’attente. Prendre le train en Chine c’est un peu comme prendre l’avion, il faut vraiment venir suffisamment en avance que ce soit pour récupérer les billets, faire la queue pour rentrer dans la salle d’attente et aussi pour rentrer dans le train. On avait prévu le coup donc aucun problème pour nous. Un premier train, bien plus moderne que ce que je pensais (à part les toilettes turques), nous amène à Guangzhou (on était passé par l’aéroport de cette ville pour aller en Inde), puis on prend un train de nuit pour Haikou. On a des couchettes « hard sleeper », c’est-à-

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dire un compartiment de 6 couchettes complètement ouvert sur le couloir. Le confort est correct mais tout se partage, y compris les rots, les pets, les ronflements, la musique et les classiques raclements de gorge asiatiques, suivi évidemment du bon mollard craché parfois dans la poubelle juste à côté de toi pendant que tu te brosses les dents (du vécu bien sûr). C’est différent, c’est convivial, mais à ce niveau les chinois sont peut-être un cran au-dessus des autres pays asiatiques qu’on a fait jusque maintenant. Mais bon, avec des boules quies ça passe, et on dort tranquillement et même plutôt bien jusqu’au petit matin.Hainan est une île au sud du pays, c’est même la province la plus au sud et la seule île tropicale de Chine. Pour y accéder en train comme nous le faisons, c’est assez original car juste avant d’arriver sur Haikou au nord de l’île, le train se sépare en différentes parties et les wagons sont embarqués dans un ferry qui fait la traversée en quelques heures. On arrive à destination aux alentours de 10h et Youssef, un ami à qui on vient rendre visite ici, est venu nous chercher à la gare. Il

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vit ici depuis quelques années avec sa femme Rita et sa fille Selma, et il nous accueille chez lui pendant quelques jours. On pose nos affaires, une petite douche, puis on part déjeuner avec des collègues du MBA de Rita dans un restaurant spécialisé dans la cuisine du nord-est de la Chine. C’est bon, on mange même des larves (pas trop fan mais Fanny a bien aimé), mais surtout on picole à fond ou plutôt on nous fait picoler à fond du baijiu, un alcool de riz bien fort qui tourne autour de 50°. En fait, les chinois trinquent toutes les 5 minutes, d’abord dans des petits verres, puis dans des verres à vin (toujours remplis de baijiu bien sûr), ils trinquent tous ensemble ou individuellement, et à chaque fois il faut boire cul sec (donc quand un chinois trinque seulement avec toi et que tout le monde te regarde, tu ressens la pression pour bien finir ton verre comme il faut). Au bout d’un moment vu qu’il faut toujours trinquer et qu’il est presque impossible de refuser un verre, je passe à la bière mais trop tard, le mal est fait et en gros à 14h je suis bien bourré. Voilà à quoi ressemble nos premières heures en Chine, plutôt sympa non? On rentre chez Youssef et bien sûr on fait une bonne sieste. Puis on ressort dîner avec des amis à lui, expatriés également, et 2 chinoises, dans un resto qui ressemble à une grosse cantine. Après une telle journée, on dort comme des masses. Le lendemain on ne fait pas grand-chose. Une grasse matinée bien sûr mais surtout on commence à organiser la suite de notre voyage en Chine car on avait pas trop prévu à l’avance notre itinéraire pour cette étape. Pas évident de choisir car le pays est tellement vaste, mais on s’est décidé en fonction des conseils de Youssef et de ses amis : on fera donc une partie de la province du Yunnan, Shanghai, Huangshan (les montagnes jaunes) et pour finir Beijing (Pékin). Ça se présente très bien et on est bien motivé à l’idée de découvrir tout ça! A la base on voulait passer plus de temps sur Hainan mais le temps n’est pas génial depuis qu’on est arrivé, donc on a décidé de se concentrer sur d’autres coins du pays. Le soir, on dîne dans un resto de cuisine chinoise musulmane, puis on retrouve Laurent (un ami de Youssef qu’on avait vu la veille) dans un bar pour boire quelques verres. On commence notre dernière journée sur Haikou en déjeunant (et oui on a encore dormi toute la matinée quasiment) avec Youssef dans un petit restaurant japonais assez bon. Puis on part visiter la ville. Cette fois il fait très beau et on en vient presque à regretter de ne pas être finalement restés sur l’île. Tant pis, c’est de toute façon trop tard, on a pris les billets d’avion pour Kunming, capitale du Yunnan. On se balade essentiellement dans la vieille ville qui est plutôt jolie et typique, puis on parcoure le marché le plus étonnant qu’on ait vu depuis le début de notre voyage (et on en vu plein). Côté mer, il y a de tout et des espèces qu’on avait jamais vu auparavant sur un marché (et aussi des odeurs jamais senties auparavant) : des coquillages énormes, des pieuvres, des poissons bizarres

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et même des tortues. Côté viande, comme on avait vu au Vietnam, il y a des stands avec tous les morceaux possibles de différentes bêtes, mais on trouve aussi des animaux vivants en cage, de la volaille (on voit d’ailleurs un poulet se faire égorger en pleine rue), des lapins, mais aussi des chats, des grenouilles, des serpents, des ratons laveurs et d’autres petits rongeurs… c’est assez hallucinant en fait. Youssef nous explique plus tard que souvent les chinois aiment voir vivant ce qu’ils vont manger ensuite. Jusqu’ici on avait vu que la partie récente d’Haikou, moins dépa-

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 Ça serait

bien de revenir et de visiter la province d’Hainan plus en profondeur car il y a visiblement des coins sympas sur l’île

ysante, on est donc bien content de cette petite balade. On va ensuite boire un verre dans un grand hôtel au bord de la plage, avec une vue sur une superbe piscine et dans un cadre sympa. On finit la journée par un dîner dans un des deux restaurants dont Youssef est copropriétaire et dont il gère les finances. La cuisine ici vient du Sichuan, une région de Chine juste au-dessus du Yunnan où nous partons demain, et d’où la femme de Youssef est originaire (c’est d’ailleurs elle l’autre propriétaire des restaurants). C’est très bon mais très épicé. On ressort de là repu, avec

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la bouche et l’estomac en feu (il faut dire qu’on manque d’entrainement depuis l’Inde). Notre passage à Haikou fut une bonne introduction pour notre séjour en Chine et c’était cool de revoir Youssef (encore merci pour ton accueil!). Ça serait bien de revenir et de visiter la province d’Hainan plus en profondeur car il y a visiblement des coins sympas sur l’île. Il a fallu faire des choix, et la météo ne nous a pas incités à rester plus longtemps. Demain, vol matinal pour Kunming!

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 Le Yunnan est une région du sud-ouest

de la Chine, un peu en dessous du Tibet et frontalière avec le Laos, le Vietnam et la Birmanie. Cette situation géographique particulière fait que cette province compte le plus grand nombre de minorités ethniques du pays. En plus de cette diversité culturelle, le Yunnan bénéficie d’un climat avantageux et il y a de nombreux paysages à découvrir

KUNMING ET LIJIANG

L

e Yunnan est une région du sud-ouest de la Chine, un peu en dessous du Tibet et frontalière avec le Laos, le Vietnam et la Birmanie. Cette situation géographique particulière fait que cette province compte le plus grand nombre de minorités ethniques du pays. En plus de cette diversité culturelle, le Yunnan bénéficie d’un climat avantageux et il y a de nombreux paysages à découvrir (rizières, montagnes, lacs,…). Avec ces caractéristiques, ce n’est donc pas surprenant que la province est largement fréquentée par les touristes, chinois ou étrangers. Un vol matinal depuis Haikou et environ 3 heures plus tard, nous atterrissons à Kunming, capitale du Yunnan, accueillis par un grand soleil et une température agréable. Un bus, un taxi et nous arrivons à la guest house. Nous n’avons pas prévu de rester longtemps ici, donc tout de suite après avoir posé nos affaires dans la chambre, on réserve à l’accueil notre billet de train pour Lijiang, plus au nord, où nous partirons demain soir. Il nous reste 2 journées complètes pour visiter la ville mais il est

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tout à fait possible de faire le tour en une seule journée. On commence par le Green Lake Park qui est vraiment très bien. C’est l’endroit parfait pour voir les activités des chinois (du moins certains) quand ils ont du temps libre : danses collectives en plein air sur des musiques variés, petits concerts improvisés de musique traditionnelle, parties de go, d’échecs, etc… sympa de voir ces tranches de vie. Puis on va au temple bouddhiste Yuantong, très grand et bien entretenu. De là, on marche beaucoup pour traverser la rue piétonne principale de la ville. On passe sous plusieurs arches typiques, on aperçoit quelques mosquées et on finit tout au bout du quartier où on peut voir les 2 grandes pagodes est et ouest. On se dirige ensuite vers Chuang Ku, un petit quartier d’artistes, mais malheureusement les galeries sont quasiment toutes fermées quand on arrive, du coup on boit juste un verre dans le coin. Pour dîner, on prend un taxi afin de rejoindre un restaurant pas très loin de la guest house et qui propose normalement des plats locaux. On mange bien mais rien d’exceptionnel, et vu que

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 On commence par le Green

Lake Park qui est vraiment très bien. C’est l’endroit parfait pour voir les activités des chinois (du moins certains) quand ils ont du temps libre : danses collectives en plein air sur des musiques variés, petits concerts improvisés de musique traditionnelle, parties de go, d’échecs, etc… sympa de voir ces tranches de vie. Puis on va au temple bouddhiste Yuantong, très grand et bien entretenu.

On arrive rapidement dans le quartier de vieille ville qui constitue l’attraction principale de Lijiang. Il est classé en effet au patrimoine mondial de l’UNESCO et effectivement ça en jette 


Lijiang est une étape incontournable selon nous d’un séjour au Yunnan. Certains râleront car la vieille ville n’est plus vraiment authentique et il y a trop de monde (majoritairement des touristes chinois), mais il subsiste un certain charme et il suffit de s’aventurer dans les ruelles moins fréquentées pour retrouver le calme et les traditions qui ont surement rendu l’endroit si populaire. le menu est uniquement en chinois (souvent le cas dans les petits restos moins touristiques), on commande en se basant sur les photos des plats. Du coup on est même pas certain d’avoir mangé des plats du Yunnan. Retour à la guest house pour une bonne nuit de sommeil, sous une couverture chauffante (visiblement ici, ils considèrent que ça compense l’absence de chauffage dans les chambres). Après une bonne grasse matinée et un peu de boulot sur le blog depuis le bar de la guest house, on part déjeuner dans un resto dont la spécialité est le plat de nouilles emblématique du Yunnan, guoqiao mixian. Le principe est de sélectionner soi-même des ingrédients qui vont cuire dans un bouillon à base de plusieurs viandes. Au final, c’est encore une soupe avec des nouilles, mais c’est quand même un peu différent et on aime bien. Nous allons ensuite au musée du Yunnan où l’on peut voir plusieurs artisanats de la province, des costumes traditionnels des différentes minorités et une belle expo temporaire d’aquarelles pour le plus grand plaisir de Fanny. On refait également un petit tour au parc de la veille, on ne se lasse pas du spectacle des locaux et leurs passe-temps. On termine notre balade par une nouvelle expérience chez un coiffeur local. Si vous suivez le blog depuis le début, vous n’êtes pas sans savoir que chaque tentative de ce genre s’est toujours soldée par une déception (surtout la dernière au Laos). On a pris nos précautions (je dis « on » car Fanny va y passer cette fois aussi), on a un petit bout de papier avec les instructions en chinois grâce aux filles de l’accueil de la guest house. Perso j’y crois, mais je sais aussi que ça peut déraper… et ça dérape bien sûr! Dans un premier temps, il réussit bien le dessus, c’est court et propre, tout va bien. Puis il attaque la barbe, et sur le papier c’est bien marqué même longueur, juste un peu de nettoyage et d’égalisation. Il me pose une question, j’ai du mal répondre, et il me rase un bout bon de barbe d’un coup… à ce stade il ne reste plus rien à faire si ce n’est le laisser continuer, c’est pas comme s’il pouvait recoller ce qu’il m’a enlevé! Résultat, une

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barbe de quelques mm, 2 mois de boulot foutu en l’air. Je suis déçu mais je m’y attendais un peu, tant pis, au moins c’est propre, pas comme au Laos où c’était l’apocalypse capillaire. En revanche tout se passe bien pour Fanny, elle est contente du résultat. On retourne à la guest house pour patienter les quelques heures qui restent avant le départ du train de nuit vers Lijiang. On a bien aimé Kunming, c’est une grande ville mais il y a une atmosphère plutôt tranquille et des coins sympas. Mais on ne pense pas que cela soit nécessaire de s’y attarder, une journée suffit pour s’en faire une bonne idée.

LIJIANG Il y a environ 9 heures de train jusqu’à Lijiang, on arrive donc assez tôt, vers 8h. On a pas trop mal dormi, les trains sont vraiment corrects en Chine, mais on est pas non plus bien réveillé. Etant donné que les taxis de Kunming étaient pas chers et honnêtes, on décide de ne pas prendre le bus local et de rejoindre la guest house en taxi. Evidemment personne ne comprend l’anglais, mais l’un des taxis appelle le proprio (je note toujours les numéros), celui-ci donne l’adresse et on est parti. Après quelques centaines de mètres, on voit que le compteur ne tourne pas, on demande à la conductrice pourquoi, elle nous annonce un prix qu’on pense être 5 ou 10 yuans. C’est un bon tarif donc on laisse filer. Néanmoins quand elle nous dépose, elle demande 50 yuans ce qui est clairement trop (on a du mal la comprendre précédemment). On s’explique grâce au patron de la guest house, elle ne lâche rien et quand je lui dis qu’elle essaye de nous voler et qu’elle le sait très bien, elle s’énerve et baisse le prix à 40. On laisse tomber et on la paye, en euros c’est pas grand-chose (environ 7€) mais c’est quand même presque 2 fois le prix de la course normale. On sait que Lijiang est une ville assez touristique et ce genre de comportement fait partie des effets collatéraux d’un tel afflux de visiteurs. On fera donc attention ici. La guest house est très bien mais la chambre un peu froide. Comme expliqué plus haut, ils ne connaissent pas le chauffage ici, et c’est partout pareil sauf dans les hôtels de luxe. Il y a néanmoins à chaque fois une petite couverture chauffante qui fait bien plaisir quand on se glisse dessous. On fait une bonne sieste puis on part explorer la ville. On arrive rapidement dans le quartier de vieille ville qui constitue l’attraction principale de Lijiang. Il est classé en effet au patrimoine mondial de l’UNESCO et effectivement ça en jette. C’est tout à fait le stéréotype qu’on s’imagine d’un village ancien de Chine, que ce soit au niveau des bâtiments, des maisons, des rues, des petits ponts, des petits cours d’eau, etc… un véritable vestige du passé avec en fond des montagnes (et en plus il fait beau). Seulement voilà, c’est complètement surexploité, quasiment chaque rue est une suite de boutiques et de

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restos, plein de touristes chinois, quelques occidentaux, tellement que parfois ça bouchonne dans les rues étroites de l’hyper centre. En bordure de la vieille ville il y a même les fast-foods les plus connus (et ils occupent justement des vieux bâtiments typiques, histoire de rester cohérent). Il y a aussi des locaux en costume traditionnel Naxi (principale minorité du coin) mais est-ce vraiment authentique ? Si on met de côté cet aspect « commercial » de Lijiang, c’est quand même sympa de se balader dans ces petites ruelles. On déjeune dans une espèce de cantine locale, puis on se promène aux alentours. On commence par le pavillon Wanggu Lou qui domine la ville et permet d’avoir une belle vue du vieux quartier. On descend ensuite vers la maison de la famille Mu, demeure d’un ancien noble Naxi. Tout a été refait à neuf mais c’est pas mal. Non loin de là, on se promène dans le marché Zhongyi, qui pour le coup est vraiment authentique et permet de voir le vrai Lijiang. Puis on va à Baimalong Tan, une espèce de bassin où certains locaux lavent encore leurs vêtements et leurs légumes. Pour finir la journée, on prend un taxi (mieux négocié cette fois) pour aller au Black Dragon Pool Park, qui offre une vue magnifique sur le mont Yulong. On prend

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notre temps à errer dans le parc qui est bien agréable en fin de journée vu qu’il y a nettement moins de monde.

PARC NATIONAL DU MONT YULONG Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, on se réveille avec un petit cadeau : le retour de la tourista. Impossible de savoir ce qui nous a mis dans cet état, on a bouffé tellement de trucs bizarres ces derniers jours. On explique à un mec qui bosse à la guest house la situation et vu qu’il ne parle pas vraiment anglais (comme la majorité des chinois), on lui fait comprendre avec des dessins… je vous laisse imaginer les dessins. Il nous aide à acheter des médocs, puis on part chercher le bus ou plutôt le mini van qu’un certain guide bien connu conseille de prendre pour aller au mont Yulong. On galère un peu puis on trouve enfin le mini van qui peut nous emmener la bas pour trois fois rien. Sauf qu’on doit attendre qu’il se remplisse pour pouvoir partir… et on attend… on attend… un couple de chinois arrive… puis on attend encore car il reste de la place… en fait on attend une heure en tout et personne d’autre ne semble venir. On commence tous à être un peu nerveux, du coup on négocie pour qu’elle parte tout de

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 On finit par

comprendre que la plupart des gens viennent ici pour prendre une télécabine pour aller en haut du mont, et pour ça il faut repayer et encore une fois c’est un tarif plus européen que chinois. (...) On monte directement à 4500 mètres


suite en payant un peu plus. On arrive aux portes du parc national du mont Yulong, on paye un montant bien élevé pour la Chine mais bon, il parait que ça vaut le coup. En descendant du mini van, c’est la confusion, on ne sait pas où aller, rien n’est indiqué, au bout d’un moment ça devient limite agaçant. J’avais une idée en tête de ce qu’on allait faire ici mais je ne retrouve aucun indice pour m’orienter. Tant pis, on va suivre les chinois. On finit par comprendre que la plupart des gens viennent ici pour prendre une télécabine pour aller en haut du mont, et pour ça il faut repayer et encore une fois c’est un tarif plus européen que chinois. La journée commence à nous revenir cher mais maintenant qu’on est là, ça serait dommage de ne pas continuer. On monte directement à 4500 mètres. Des chinois ont carrément des mini-bouteilles d’oxygène. On est parti en effet de 2400 mètres (altitude de Lijiang) pour arriver quasiment au sommet en l’espace de 10 minutes, le corps n’a pas le temps de bien s’habituer à un tel changement d’altitude. Du coup quand on grimpe les escaliers pour aller 200 mètres plus haut, on s’essouffle après quelques marches. Mais petit à petit on y arrive et la vue est superbe… mais on ne pense pas que ça valait le prix qu’on a payé, surtout pour la Chine! En descendant, je tombe sur un panneau qui indique l’endroit du parc naturel que j’avais en tête au départ, une sorte de lac avec une petite cascade en terrasse. C’est gratuit mais on manque de temps et les derniers bus pour revenir à Lijiang partent à 17h. Foutu pour foutu côté budget, je négocie avec un chauffeur l’aller vers le Blue Moon Lake plus le retour sur Lijiang après, le tout pour un tarif raisonnable. On arrive donc au lac et les derniers touristes partent justement pour prendre le bus pour Lijiang. Du coup nous sommes quasiment seuls à contempler les eaux claires du lac et la vue sur le mont Yulong. Un moment calme au milieu de la nature, et dans un pays bruyant comme la Chine, on sait l’apprécier à sa juste valeur. Retour sur Lijiang avec le chauffeur, puis dîner dans la cantine de la veille. La tourista est passée bien vite en fait, et heureusement car on va partir pour un trek de 2 jours dans les gorges du Saut du Tigre, ça aurait été dommage d’être « handicapés ». Lijiang est une étape incontournable selon nous d’un séjour au Yunnan. Certains râleront car la vieille ville n’est plus vraiment authentique et il y a trop de monde (majoritairement des touristes chinois), mais il subsiste un certain charme et il suffit de s’aventurer dans les ruelles moins fréquentées pour retrouver le calme et les traditions qui ont surement rendu l’endroit si populaire. En revanche, presque tout est plus cher ici qu’ailleurs, dommage pour notre budget. Demain, challenge physique en perspective avec les gorges du Saut du Tigre!

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 Nous

sommes quasiment seuls à contempler les eaux claires du lac et la vue sur le mont Yulong. Un moment calme au milieu de la nature, et dans un pays bruyant comme la Chine, on sait l’apprécier à sa juste valeur.

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 Les gorges du Saut du Tigre (ou Hutiao

Xia en mandarin) sont situées à 75 km au nord de Lijiang. Elles se parcourent généralement en 2 jours, et c’est justement ce qu’on a prévu de faire

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es gorges du Saut du Tigre (ou Hutiao Xia en mandarin) sont situées à 75 km au nord de Lijiang. Elles se parcourent généralement en 2 jours, et c’est justement ce qu’on a prévu de faire. On laisse la majeure partie de nos affaires à la guest house, puis on prend un taxi pour rejoindre la gare routière. Après environ 2 heures de bus, on arrive au village au pied des gorges. On ne sait pas vraiment où aller (comme souvent en Chine), des chinois qui étaient avec nous dans le bus s’en aperçoivent et ils nous proposent de se joindre à eux car ils vont faire le même parcours. Ils ne parlent pas vraiment anglais mais on parvient à se comprendre grâce au traducteur de leur smartphone. Un singapourien se joint également au groupe et grâce à lui on va pouvoir tous communiquer plus facilement (il parle anglais et mandarin). 3 chinois, un singapourien et nous, en route pour 2 jours de rando dans un des meilleurs sites que la Chine puisse offrir. Les 2 premières heures sont dures, on a pas vraiment l’habitude de ce genre d’effort avec Fanny, mais on s’en sort.

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C’est juste un peu difficile avec les sacs qu’on porte, on a surement pris trop d’affaires (surtout moi). Un local avec 2 mules nous suit en permanence, il nous indique parfois le chemin quand on a des doutes mais il attend surtout que l’un de nous craque pour proposer ses services. Le regarder nous donne du courage, on ne veut pas tomber dans la facilité… pour l’instant. On déjeune dans une guest house d’un village sur le chemin, puis on repart… et ça commence à devenir vraiment chaud. Je pense d’ailleurs qu’on est en train de passer la partie la plus difficile, ce qu’ils appellent les 28 virages, mais on apprend que non, le plus dur reste à venir. Du coup on porte un autre regard sur les mules… ça grimpe beaucoup, on est parti de 1850m d’altitude et doit arriver à environ 2700m. On fait le point avec le groupe, on décide de faire porter tous nos bagages par une mule tandis que le singapourien monte sur l’autre (il est plus tout jeune). Grâce à ce dernier, on paye la moitié du tarif normal. On arrive aux fameux 28 virages et c’est l’horreur, ça monte à fond, constamment et en plein soleil. On arrive

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 Tout le chemin jusqu’ici a été

une suite de beaux paysages, avec la rivière en contrebas, le mont Yulong au loin, les villages paumés et les forêts qu’on traverse, les falaises tout autour


Un local avec 2 mules nous suit en permanence, il nous indique parfois le chemin quand on a des doutes mais il attend surtout que l’un de nous craque pour proposer ses services 

au plus haut point de la rando, épuisés mais récompensés par une vue magnifique sur les gorges. D’ailleurs tout le chemin jusqu’ici a été une suite de beaux paysages, avec la rivière en contrebas, le mont Yulong au loin, les villages paumés et les forêts qu’on traverse, les falaises tout autour. Après cette phase pas évidente, c’est censé être plus simple. Le boss des mules nous redonne d’ailleurs nos sacs. Il reste 3 bonnes heures de marche avant d’atteindre la moitié du parcours et la guest house où nous avons tous prévu de rester pour la nuit. On avance tant bien que mal (le petit reste de la tourista de la veille n’aide pas forcément), tout en profitant du cadre qui reste exceptionnel tout du long. La nuit commence à tomber et enfin on aperçoit la guest house! Le singapourien nous aide encore à faire des économies en négociant en mandarin pour nous le prix de la chambre. La

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douche nous redonne un peu de force, puis on mange avec notre groupe mais aussi d’autres chinois, un espagnol et un américain. De belles rencontres et un bon moment après cette journée épuisante mais riche. On dort bien (mais bien sûr pas assez) et ça fait plaisir d’avoir les gorges juste en face au réveil. On repart tous ensemble à 8h. On marche 2 bonnes heures, ça descend beaucoup et c’est un peu dur au niveau des genoux mais rien de très fatigant comparé à la veille. On arrive au dernier petit village de notre parcours. On mange un bout, le même groupe que la veille pour le dîner, histoire de prendre des forces pour les 3 dernières heures de marche. On laisse nos sacs au resto et on descend depuis le village pour atteindre la rivière Jinsha, tout en bas des gorges. Ça descend rapidement, encore une fois les genoux sont mis à rude épreuve. Un moment, il y a une échelle très

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 On arrive

à la rivière et c’est presque un véritable torrent. On est tellement près que le souffle de l’eau nous permet de nous rendre compte de la puissance du courant

grande, très raide, à la sécurité plutôt incertaine mais ça passe. On arrive à la rivière et c’est presque un véritable torrent. On est tellement près que le souffle de l’eau nous permet de nous rendre compte de la puissance du courant. On reste tous là quelques instants, puis vient le moment de remonter et bien sûr on galère bien. Au final, c’est quand même moins long qu’on pensait et après quelques efforts et beaucoup d’arrêts, on est de nouveau au resto. La rando est finie, on en a pris plein les yeux, plein les jambes et on est un peu fier car on ne fait pas ça souvent donc c’était un challenge pour nous. Un bus nous ramène à Lijiang depuis le village (heureusement pas besoin de tout refaire en sens inverse). On dit au revoir à nos compagnons, puis on profite du confort de notre chambre pour un repos bien mérité… enfin c’est ce qu’on croit! Un groupe de chinois

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de Beijing est arrivé à la guest house et en nous voyant, ils sont curieux de nous connaître et nous invitent à dîner. Difficile de refuser une telle invitation malgré la fatigue. Ils nous offrent le repas et on discute avec eux pendant quelques heures (enfin on essaye de se comprendre car leur anglais est limité, tout comme notre mandarin). On passe un petit moment sympa avec eux, puis on se couche pour de bon. Le programme de notre dernier jour à Lijiang et au Yunnan est simple : repos, blog, bouffe et shopping. Le soir, on retrouve Wendell, l’américain rencontré durant la rando, pour boire un verre dans un pub irlandais, peut être le seul troquet occidental de Lijiang. Pas beaucoup de monde mais bonne ambiance, une bonne dernière soirée avant de nous envoler le lendemain matin pour Shanghai. Changement de décor.

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 Ensuite on remonte toute l’avenue

Nanjing (grosse avenue piétonne et commerçante) pour aller au Bund, le vieux centre d’affaires de la ville avec ses buildings d’époque, au bord de la rivière Huangpu. Juste en face, il y a une promenade d’où on peut voir le nouveau centre d’affaires, probablement la vue la plus connue de Shanghai.

SHANGHAI

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n vol Lijiang – Chengdu (capitale du Sichuan) plus un vol Chengdu – Shanghai, et nous voici arrivés dans la ville la plus peuplée de Chine et même du monde. Même si Beijing est la capitale, Shanghai peut être considéré comme le centre économique du pays. Un trajet d’une heure en métro nous sépare de l’auberge de jeunesse. La chambre n’est pas géniale, pas de fenêtres, mais vu le prix qu’on paye il ne faut pas espérer avoir mieux dans une telle ville. Il est déjà tard, on va juste faire un tour au People’s Square, la place principale de Shanghai. On y trouve un parc, des musées, des bâtiments officiels, le tout entouré de gratte-ciels, c’est immense. On dîne dans le quartier, puis retour à l’auberge, un peu fatigués par cette journée passée dans les transports. On se lève un peu tard, puis on commence la journée par un arrêt au marché des animaux de Laoximen, une sorte de grosse animalerie où on peut trouver des oiseaux, des insectes, des rongeurs, des chats, des chiens, des poissons, etc… cette fois pas pour les manger! C’est amusant mais parfois glauque

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car les conditions pour les animaux sont difficiles. Puis on retourne au People’s Square, on se promène dans le parc, on déjeune puis on va visiter le Musée de Shanghai. Beaucoup de sculptures, de mobilier, des objets en jade, des costumes et des calligraphies, de plusieurs périodes de l’histoire chinoise. Malheureusement les salles des peintures sont temporairement fermées, ce qui déçoit bien Fanny. Ensuite on remonte toute l’avenue Nanjing (grosse avenue piétonne et commerçante) pour aller au Bund, le vieux centre d’affaires de la ville avec ses buildings d’époque, au bord de la rivière Huangpu. Juste en face, il y a une promenade d’où on peut voir le nouveau centre d’affaires, probablement la vue la plus connue de Shanghai. Il fait très beau, on peut donc bien apprécier le paysage. On essaye d’aller boire un verre au Bar Rouge, assez connu, d’où la vue est encore plus impressionnante, mais il y a un tournage ce jour-là donc le bar est fermé au public. On continu vers le quartier de la Concession Française, vestige du colonialisme de Shanghai, et on commence par Tianzifang, un ensem-

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îž™ Non loin des jardins, on

fait un tour au couvent Chenxiangge oÚ il y a justement des nonnes en train de faire une prière.


ble de petites allées où des commerces, des restos, des bars, des start-ups et des galeries d’art sont concentrés dans des petits espaces. Quasiment tous les bâtiments sont d’origine et la plupart des établissements tentent de proposer des produits ou des services qui sortent de l’ordinaire (il y a même des bars à chat! le principe, boire ou manger tout en bichonnant un des nombreux chats sur place). C’est vraiment un coin agréable, on s’arrête pour boire un verre tout en discutant avec les serveurs qui semblent être étudiants en vin français. Pour dîner on va un peu plus haut à Xintiandi, une version plus moderne et plus chic de Tianzifang. On fait le tour rapidement car on aime beaucoup moins. On trouve un resto un peu cher mais excellent, puis on marche une bonne demi-heure pour rentrer à l’auberge. Le deuxième jour, on se réveille plus tôt pour aller aux jardins Yuyuan, situés au sud du Bund. Dès qu’on rentre dans le métro on voit tout de suite que c’est le week-end, il y a beaucoup de monde. Non loin des jardins, on fait un tour au couvent Chenxiangge où il y a justement des nonnes en train de faire une prière. On se promène ensuite dans le bazar qui entoure les jardins. C’est en fait tout un petit quartier de bâtiments traditionnels probablement récents, avec des restos, des

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magasins, des salons de thé et des stands par ci par là (un peu comme ce qu’on a vu la veille à Tianzifang, mais en plus grand et plus chinois). L’entrée des jardins Yuyuan se situe plus ou moins au cœur du bazar. Ils datent de la dynastie Ming et ont été plusieurs fois rénovés à cause de différentes guerres et autres rebellions. C’est une suite de plusieurs pavillons entourés d’espace verts et de bassins, le tout agencé à la mode chinoise. C’est plutôt mignon, dommage qu’il y ait autant de monde. En sortant de cette belle visite, on fait un tour au temple Chenghuang Miao, également dans le bazar, puis on va un peu plus loin se perdre dans les rues de la vieille ville qui ressemblent un peu à ce qu’on avait pu voir à Haikou. On déjeune dans un resto de dim sum façon Shanghai, notamment au crabe, très très bon. L’après-midi, on va au nord de la ville. On s’arrête d’abord à la gare routière pour acheter nos billets pour la suite du voyage, Huangshan. Puis on va au M50, un complexe industriel qui a été transformé en plusieurs galeries d’artistes contemporains. On passe une bonne partie de l’aprèm à errer de galeries en galeries, photos, peintures, sculptures, etc… On finit la journée à la Concession Française pour d’abord prendre un verre, puis dîner dans un resto bio. On se fait un festin de salades comme

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 L’intérêt

de Zhujiajiao est la vieille ville (comme souvent) qui est traversée par plusieurs canaux (la Venise du coin en fait). C’est effectivement bien joli, les vieux ponts, les vieilles allées, les vieux bâtiments, etc…

on pourrait en manger en France (niçoise, betteraves, choux,…), on apprécie, ça faisait longtemps (ici ils sont pas trop fans de salades avec des produits frais et crus).

ZHUJIAJIAO On ne passera pas notre dernière journée en ville mais à Zhujiajiao, situé à 30km de Shanghai. On prend un petit bus et en une heure on y est. L’intérêt de Zhujiajiao est la vieille ville (comme souvent) qui est traversée par plusieurs canaux (la Venise du coin en fait). C’est effectivement bien joli, les vieux ponts, les vieilles allées, les vieux bâtiments, etc… sauf que c’est toujours le week-end et que Zhujiajiao doit être la forêt de Fontainebleau de Shanghai, c’est-à-dire que dès qu’il fait beau (et c’est le cas, c’est les premiers jours du printemps) tout le monde se donne RDV ici. Résultat, dans certaines ruelles, c’est carrément l’embouteillage. Mais bon, en s’éloignant des artères principales on arrive à retrouver le calme et le charme de l’endroit. On fait un bon déjeuner avec des pièces de porc marinées, puis on fait quelques visites : les jardins Kezhi, un monastère bouddhiste, un temple, 2 galeries d’art et quelques maisons d’époque. Zhujiajiao est un bon choix pour s’échapper du tumulte citadin de Shanghai mais il

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faut bien choisir son jour sinon c’est vraiment pas agréable de se promener avec autant de monde dans les rues. Néanmoins, on passe une bonne journée. Pour rentrer, on monte dans le 1er bus qu’on trouve pour Shanghai et on aurait mieux fait de vérifier un peu mieux avant, il s’arrête partout (à l’aller c’était un direct) et fait même quelques détours. Du coup, on met plus de 2 heures pour arriver (les bouchons n’aident pas aussi) et on nous dépose pas forcément au meilleur endroit pour rejoindre le métro. On achète des bières puis on va au Bund pour profiter de la vue de nuit cette fois. On reste assis là un moment à contempler toutes ces lumières. On termine par un resto chinois et on choisit mal, peut-être le plus mauvais repas depuis qu’on est parti de France! On dit de Shanghai que c’est le Paris de la Chine, c’est un peu l’effet que ça nous a fait. Il y a beaucoup de choses à voir et à faire, des coins bien différents les uns des autres, et c’est une ville assez speed quand même. Egalement, c’est une fenêtre sur la Chine moderne, riche et résolument tournée vers l’avenir. On est content de notre séjour ici, mais on est content aussi de retourner à la « campagne » : demain on part pour la région de Huangshan, les montagnes jaunes.

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 On croise parfois des locaux qui sont

chargés comme des mules avec des espèces de balancier. Ils ramènent en fait des provisions au sommet, on a mal pour eux

RÉGION DE HUANGSHAN

R

éveil à 5 heures, direction la gare routière de Shanghai pour rejoindre Tunxi, notre base pour visiter la région de Huangshan, les montagnes jaunes, un site bien connu en Chine. Après 6 heures de bus environ, et une bonne engueulade entre chinois de bon matin (pour des raisons trop obscures pour nous « laowai », étranger en chinois), on arrive en début d’aprèm à Tunxi. On pose nos affaires à la guest house (très bon accueil et très bonne chambre), puis on organise notre rando de 2 jours à Huangshan, à une heure d’ici. Une fois que le transport et l’hébergement au sommet sont réglés, on part déjeuner dans un bon resto de wonton (sorte de ravioli). On se repose ensuite tout le reste de la journée, histoire d’être en forme pour le lendemain. De toute façon, il n’y a pas grand-chose à faire à Tunxi à part se balader dans la vieille ville, très sympa mais petite. La plupart des gens restent ici avant ou après une rando sur Huangshan, ou pour faire des excursions à la journée dans les villages traditionnels tout autour. Après Shanghai ça fait du bien de se retrouver dans une ambiance

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plus calme et de retrouver des prix plus abordables (manger nous revient presque 3 fois moins cher). De plus, les locaux sont en général plus aimables et il y a bien sûr moins de monde. De nouveau un réveil avant le soleil pour prendre un bus, puis un autre (comme souvent c’est un peu le bordel), et on arrive une heure plus tard au pied de Huangshan. Il fait vraiment moche, un peu de pluie, beaucoup de nuages, pas certain qu’on voit grand-chose en haut. 3 choix possibles pour l’ascension : télécabine, la voie est, courte et dure, ou la voie ouest, longue et encore plus dure mais avec plus de paysages. Le bon plan est de faire l’ascension par la voie est et de descendre par la voie ouest, et c’est justement ce qu’on va faire. Un autre bus nous amène au tout début de la voie à 890m, et c’est parti! C’est pas évident mais après avoir fait les gorges du Saut du Tigre c’est plutôt gérable, surtout que c’est uniquement des escaliers. On croise parfois des locaux qui sont chargés comme des mules avec des espèces de balancier. Ils ramènent en fait des provisions au sommet, on a mal pour eux. Malheureusement, plus on

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 Plus on monte et plus le temps

se couvre, il y a de plus en plus de brume. De temps en temps, un coup de vent disperse le brouillard et on peut apercevoir le paysage qui semble très beau, mais ça ne dure jamais longtemps et le plus souvent tout est bien recouvert. De toute façon maintenant qu’on est là, reste plus qu’à continuer. 2 heures 30 plus tard, on arrive au bout, 1770m, un peu essoufflés mais ça va


 On monte au

sommet, d’un côté on peut voir un tapis de nuage et le soleil juste au-dessus qui éclaire les différents pics qui dépassent, et de l’autre tout est dégagé et on peut bien voir Huangshan dans toute sa splendeur.

monte et plus le temps se couvre, il y a de plus en plus de brume. De temps en temps, un coup de vent disperse le brouillard et on peut apercevoir le paysage qui semble très beau, mais ça ne dure jamais longtemps et le plus souvent tout est bien recouvert. De toute façon maintenant qu’on est là, reste plus qu’à continuer. 2 heures 30 plus tard, on arrive au bout, 1770m, un peu essoufflés mais ça va. Il y a bien sûr toujours autant de brume mais on est content d’être arrivés. On se balade aux alentours du sommet tout en cherchant notre hôtel et on se rend compte que les chinois ont exploité le site d’une étrange façon. Absolument toutes les voies sont bétonnées et les seuls hôtels sur place sont d’énormes complexes 4 étoiles. C’est assez particulier comme ambiance, surtout après un site bien naturel comme les gorges du Saut du Tigre. Il y a pas mal de monde aussi, souvent des groupes avec guide plus mégaphone (ils ont dû prendre la télécabine). Même avec ce temps et la basse saison, le site parvient quand même à attirer les foules… qu’est-ce que ça doit être un week-end en haute saison! On finit par trouver l’hôtel. Pas de chambre double cette

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fois, c’est hors de prix ici. On a réservé des lits en dortoir et même le prix normal de ces lits (on a eu un tarif spécial grâce à notre guest house de Tunxi) est bien supérieur à n’importe quelle chambre double où nous sommes restés depuis notre arrivée en Chine. Je précise également, ce sont des dortoirs non mixtes, donc Fanny et moi seront séparés ce soir (en même temps ça fait plus de 5 mois qu’on est tout le temps ensemble, on devrait s’en sortir pour une nuit. Personne à part nous dans nos dortoirs respectifs, on s’installe donc tranquillement, puis on ressort profiter de ce temps merveilleux. Et il y a encore plus de brume que le matin… c’est vraiment dommage. On mange vite fait 2-3 chinoiseries achetées à une petite marchande, puis on commence une balade de quelques heures. On va au spot réputé pour être le plus intéressant pour la prise de photos, un peu plus bas que le sommet, mais toujours la même visibilité. Parfois, grâce au vent, on peut voir des bouts de paysage et on est encore plus dégouté car ça a l’air superbe. On se rend également compte qu’il y a une vraie diversité au niveau de la végétation, assez différente selon

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On se perd à la limite du village, près d’une forêt de bambous, et on trouve une grande demeure entourée d’un jardin et d’un petit champ de colza. On aperçoit quelques touristes chinois qui mangent à l’intérieur, je rentre dans la cour et une serveuse me confirme qu’il est bien possible de déjeuner ici. Au lieu de nous amener dans la salle avec tout le monde, on nous installe dans une pièce à part, dans la maison, entièrement décorée à l’ancienne. les endroits. On continu et on tombe sur un autre hôtel 4 étoiles, ils ont même installé un distributeur de billets et un terrain de basket! On marche comme ça 2 bonnes heures, puis on retourne aux dortoirs. Les gens commencent à arriver, c’est des dortoirs de 8 et à la fin de journée, dans celui de Fanny comme le mien, c’est plein (que des chinois bien sûr). Fanny a de la chance, ses copines sont sympas mais dans mon dortoir pas vraiment d’ambiance et le seul chinois qui parle anglais est trop timide. C’est la 1ère fois du voyage qu’on passe une nuit en dortoir, on pense que c’est une question d’habitude d’avoir cette proximité avec les gens, mais on est content de ne pas avoir à le faire tout le temps, c’est pas vraiment reposant comme conditions. On dîne à l’hôtel, les prix nous rappellent Shanghai et la qualité est moyenne. Il est encore tôt mais à part dormir, on ne peut pas faire grand-chose, enfin surtout moi car Fanny continu de faire connaissance avec ses nouvelles copines. Espérons que le temps soit meilleur demain pour voir enfin tout le potentiel de Huangshan. Etant donné qu’on s’est couché bien tôt, on est debout vers 5h30. Tous nos compagnons de chambre respectifs sont ou s’apprêtent à partir pour voir le lever du soleil, mais on a pas envie de se presser surtout qu’il y a de fortes chances que ce soit noir de monde. On prend notre temps et quand on sort, il fait super beau, toute la brume est partie, on va se régaler. On monte au sommet, d’un côté on peut voir un tapis de nuage et le soleil juste au-dessus qui éclaire les différents pics qui dépassent, et de l’autre tout est dégagé et on peut bien voir Huangshan dans toute sa splendeur. Parfait, c’est exactement ce dont on avait besoin après la journée décevante d’hier. On se promène encore un peu, puis on commence la descente, comme prévu par le côté ouest, le plus dur. On a bien fait de ne pas passer par là pour l’ascension, car même en descente c’est difficile. On croise de nouveau des locaux chargés à bloc, en montée, ils sont vraiment balèzes. Toute la descente est magnifique, ceux qui prennent la télécabine ratent une des meilleures parties de Huangshan. On finit 4 heures plus tard, les genoux et les mollets en vrac, surtout moi avec mon genou droit qui a subi une opération il y a plusieurs années. Comme à l’aller, un premier bus nous ramène au village au pied de la montagne, puis on reprend un deuxième bus vers Tunxi.

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Heureusement qu’il a fait beau ce 2ème jour! On a bien profité et on réalise pourquoi Huangshan est si connu et apprécié en Chine. C’est beau, accessible, on peut très bien faire une bonne rando comme juste se balader au sommet si on prend les télécabines. L’entrée est un peu chère mais en se débrouillant comme on a fait, on peut s’en sortir pour un prix correct. Il suffit de marcher, de dormir en dortoir et de prendre quelques provisions. Par contre c’est dommage d’avoir autant bétonné le site et de ne construire que des gros hôtels au sommet. Egalement, il y a quand même beaucoup de monde, majoritairement des chinois mais c’était sympa de les croiser et de voir leur curiosité à notre égard (beaucoup de « nihao », « where you come from » et même quelques photos). On a préféré les gorges du Saut du Tigre, plus sauvage, plus naturel et moins fréquenté, mais c’était quand même très bien.

TUNXI De retour à Tunxi pour déjeuner, on prévoit bien sûr de ne rien faire de la journée pour se remettre de tous ces efforts et de rester dans notre confortable chambre (sauf pour dîner bien sûr). Le lendemain même programme, on se promène juste un peu dans la vieille ville qui est bien agréable et où on mange pour trois fois rien. Ce petit temps mort nous permet de rattraper le retard qu’on avait sur le blog, ces dernières semaines ont été bien chargées. De plus, étant donné qu’on part à Beijing demain soir et que la visite d’une grande ville est souvent fatigante, autant en profiter pour bien se reposer.

HONGCUN Etant donné que notre vol est en début de soirée, on hésite beaucoup à utiliser notre dernier jour dans la province de l’Anhui pour aller visiter un des petits villages traditionnels non loin de Tunxi. En effet, avec Huangshan, ces villages sont une des attractions majeures de la province. On estime finalement qu’on s’est suffisamment reposé et que ça serait dommage de louper un truc bien. On décide d’aller à Hongcun qui apparemment est un des villages les plus impressionnants (et aussi un des plus fréquentés… classique). On se dépêche pour avoir le bus de 11h, histoire d’arriver pour le déjeuner, mais le bus est plein et on nous dit d’attendre le prochain… à 13h, ce qui est bien trop juste pour visiter et revenir à temps

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pour notre avion. En insistant un peu, il y a une alternative au bus touristique direct, c’est-à-dire prendre 2 bus locaux qui s’enchaînent bien ce qui prend à peine 10 min de plus. C’est parfait, 1h30 plus tard on est à Hongcun. Si on met de côté le fait que l’entrée du village est payante (et que c’est pas forcément donné pour la Chine), Hongcun c’est vraiment très beau. On commence à avoir vu notre compte de vieilles villes ou vieux quartiers chinois, et on peut dire que celui-là est au-dessus du lot. Déjà parce que c’est un vrai vieux village, très peu de bâtiments ont été rénovés, mais aussi parce que les locaux continuent d’y vivre au quotidien. Seule une rue est vraiment surexploitée comme c’est le cas à Lijiang (voir post concernant cette ville). On se promène dans cette jolie petite bourgade, Fanny rentre en mode « chinois » et prend plein de photos des ruelles, des gens et des maisons. On en visite quelques-unes et les décorations sont sublimes. Pour info, le film Tigre et Dragon a été en partie filmé ici. Vient le moment de déjeuner et on cherche longtemps car les quelques restos qu’on croise ne nous donnent pas vraiment envie. On se perd à la limite du village, près d’une forêt de bambous, et on trouve une grande demeure entourée d’un jardin et d’un petit champ de colza. On aperçoit quelques touristes chinois qui mangent à l’intérieur, je rentre dans la cour et une serveuse me confirme qu’il est bien possible de déjeuner ici. Au lieu de nous amener dans la salle avec tout

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le monde, on nous installe dans une pièce à part, dans la maison, entièrement décorée à l’ancienne. On est surpris et ravi de cette opportunité de manger dans un tel cadre. Grâce au petit dico du guide, on arrive à se comprendre sur les plats (pas de menu, ni de photos ici), et on nous ramène du poulet, du tofu, une omelette, des radis marinés et du riz, c’est simple mais très bon. Après ça, on continu notre balade dans le village, encore quelques maisons d’époque, puis le bassin central et enfin, après quelques détours dans les ruelles, on retourne à notre point de départ, le lac au sud avec son petit pont en plein milieu que de nombreux étudiants en art sont en train de dessiner. D’ailleurs, il y en a partout dans le village, ils prennent visiblement Hongcun comme modèle pour leurs travaux, c’est dire la beauté de l’endroit. Il est temps de partir et on regrette de ne pas être arrivés plus tôt le matin, on aura passé seulement 4 heures environ ici. Mais c’est déjà bien, surtout qu’on a failli rater cette visite. En plus, il n’y avait pas tant de monde que ça, comme souvent, il suffit de s’écarter des centres d’intérêt principaux pour éviter la foule. Une bonne dernière journée dans cette belle région. On repart sur Tunxi en bus, on retourne chercher nos bagages à la guest house, puis on prend un taxi pour l’aéroport d’où nous décollons pour Beijing (Pékin), la capitale de Chine et notre dernière étape dans ce pays qu’on apprécie de plus en plus.

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 Hongcun

c’est vraiment très beau. On commence à avoir vu notre compte de vieilles villes ou vieux quartiers chinois, et on peut dire que celui-là est audessus du lot

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 C’est la fin de notre aventure chinoise

(quasiment un mois) et quel pays! Comme l’Inde, c’est vraiment dépaysant, peut-être même encore plus car l’anglais est peu répandu donc cela demande plus d’efforts pour communiquer, s’orienter et plus globalement voyager

BEIJING ET LA GRANDE MURAILLE

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n atterrit à Beijing vers 23h. Pas évident d’arriver à cette heure-là car étonnamment pour une capitale, le métro ferme vers 22h30 ici. On trouve un bus qui nous amène pas trop loin de notre auberge de jeunesse, mais pas suffisamment pour y aller à pied. Du coup, on fait le reste du trajet en taxi (et trouver un taxi un vendredi soir après le dernier métro à Beijing, c’est aussi difficile qu’à Paris). On arrive enfin, une chambre très modeste, on s’y attendait. On commence notre étape pékinoise par le monument le plus connu, à savoir la Cité Interdite. 15 petites minutes de métro et nous arrivons à la fameuse place Tiananmen qui est juste en face de la Cité Interdite. Effet week-end plus grand soleil, il y a beaucoup de monde (comme souvent en Chine de toute façon). On nous fouille à l’entrée puis on traverse l’immense place. On dépasse le mausolée de Mao, puis on arrive à l’endroit si souvent aperçu dans les médias : le centre de la place Tiananmen avec l’entrée principale de la Cité Interdite, ancienne demeure des empereurs chinois, et le portrait de

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Mao juste au-dessus de la porte. Ce n’est pas forcément un beau paysage mais c’est tellement mythique. On passe la première porte, puis une autre, et on arrive à la première cour, la plus grande, dont la taille permet de relativiser le nombre de visiteurs. Plusieurs cours et énormes pavillons richement décorés se succèdent, c’est impressionnant. On déjeune puis on se dirige vers les salles des trésors. Il y a de beaux objets mais ils ne sont pas du tout mis en valeur, beaucoup de poussière, pas assez de lumière et des traces de doigts partout sur les vitres, ça manque clairement d’entretien. On va ensuite à la salle des horloges qui se révèle incontournable. Visiblement, les empereurs étaient passionnés d’horlogerie et ont accumulé une superbe collection de pièces plus extravagantes les unes que les autres. On va faire un tour dans la partie ouest de la Cité Interdite, quartier où les empereurs vivaient, avant de rejoindre la sortie par la porte nord, en traversant de nouveau des cours et des pavillons aux fonctions diverses, ainsi qu’un jardin qui ressemble pas mal à celui qu’on a vu à Shanghai, en plus ancien. On a

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 Parc Tiantan Gongyuan

(temple principal, Qinian Dan)

On passe la première porte, puis une autre, et on arrive à la première cour, la plus grande, dont la taille permet de relativiser le nombre de visiteurs. Plusieurs cours et énormes pavillons richement décorés se succèdent, c’est impressionnant 


bien mal aux jambes (les restes de notre dernière rando à Huangshan) mais on est content d’avoir vu ce site unique. Juste en face, il y a le parc Jingshan, avec une petite colline d’où on peut profiter d’une belle vue sur la Cité Interdite et la ville. On y va bien sûr et après quelques photos, on descend observer des locaux qui jouent de la musique, dansent ou jouent (les parcs chinois, c’est vraiment un film qu’on peut regarder pendant des heures). On retourne ensuite vers la place Tiananmen, il y a une grande avenue commerçante au sud, on espère dîner dans le coin. On se perd dans les petites rues adjacentes, pour ensuite manger une fondue mongole (à base de mouton bien sûr, plat assez populaire à Beijing). Une première journée épuisante dans la capitale. Le lendemain, on va au parc Tiantan Gongyuan (littéralement le parc du temple du paradis) qui autrefois était un lieu de rituels pour l’empereur et ses potes. Dès qu’on rentre, on a le droit aux désormais classiques exhibitions de danses collectives mais cette fois supportées par de vrais chanteurs. Ce n’est pas tout, il y aussi des chanteurs d’opéra (amateurs mais parfois doués), des gens qui font leur gym, d’autres qui jouent au dacau (comme au Vietnam), etc… il y en a partout, c’est marrant, fascinant, on passe pas mal de temps à les regarder, et on aurait pu continuer. On poursuit la visite du parc avec le temple principal, Qinian Dan (hall de prière pour les bonnes récoltes) et plus loin le Palais de l’Abstinence (quand l’empereur voulait y aller mollo sur l’alcool, la viande, le sexe, et toutes les choses « impures », il passait un petit moment ici, tout en sacrifiant 2-3 animaux dans le cadre de rituels sympathiques, toujours pour honorer le paradis bien sûr). Ensuite, l’académie de musique, là où était enseignée la musique traditionnelle de l’époque. On termine par un autre petit temple qui ressemble au premier, puis par l’autel où avait lieu les fameux rituels.

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Sympa ce parc, mais c’est plus les activités des locaux qui nous ont marqué que les différents édifices (après la Cité Interdite et d’autres pavillons ou temples qu’on a pu voir dans le pays, il y a une petite impression de déjà-vu). On prend le métro pour nous rendre plus au nord de Beijing, on s’arrête pour déjeuner, puis on visite le Lama Temple, qui est le temple tibétain en dehors du Tibet le plus connu. A l’intérieur des pavillons, il y a des magnifiques statues de Buddha et autres divinités, ainsi que quelques artefacts tibétains. Il y a des similitudes avec les temples qu’on a pu voir en Mongolie. Beaucoup de pèlerins également et une odeur d’encens permanente. Probablement un des meilleurs temples qu’on ait fait depuis le début du voyage. On enchaîne avec un temple dédié à Confucius, juste à côté. Encore une suite de pavillons et de cours, mais moins impressionnants cette fois. En revanche, il y a une expo intéressante sur la vie de Confucius, un philosophe et professeur dont les préceptes sont fondateurs de la pensée et du mode de vie chinois (peut être plus trop le cas aujourd’hui). On finit par la place du Tambour et de la Cloche, un petit square malheureusement en travaux lors de notre passage, entouré au nord et au sud par 2 grosses tours, celle du Tambour, rénovée et assez jolie, et celle de la Cloche, moins attirante mais plus authentique. On va en haut de la tour de la Cloche, ce qui nous permet d’avoir une bonne vue sur l’autre tour, une partie de la ville et surtout le quartier de hutongs autour de la place. Les hutongs sont des petites ruelles bien typiques de Beijing, étroites et agencées de manière assez labyrinthique, avec des maisons basses aux briques grises. Il y en a un peu partout dans la capitale. On a prévu de finir la journée en se baladant dans les hutongs de ce quartier. Certaines sont désertes hormis quelques locaux, d’autres sont surexploitées et très touristiques. On s’arrête pour

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prendre un verre puis il est temps d’aller dîner. Au menu de ce soir, le Peking Duck ou canard laqué en français, le plat qu’il ne faut pas louper à Beijing. On va dans un resto pas loin de l’auberge de jeunesse et on commande un canard pour deux. Et bien ça n’a rien à voir avec ce qu’on nous sert chez nous. Le canard entier est découpé devant nous, la peau et la chair sont bien mis à part et le tout est servi avec plusieurs accompagnements. Il faut préparer une bouchée avec une galette de riz, les accompagnements, le canard et une sauce, et gober le tout. C’est bien sûr nettement meilleur que la version occidentalisée qu’on a en France, la peau fond dans la bouche.

LA GRANDE MURAILLE DE CHINE Vient le jour de la visite de la Grande Muraille de Chine. On a prévu de faire une petite rando, on va partir d’une section du mur non rénovée, Jiankou, pour une autre plus touristique et reconstruite, Mutianyu. On a imprimé des plans pour l’itinéraire et on a récupéré quelques infos pour y aller à l’accueil de l’auberge de jeunesse et dans le Lonely Planet. A priori on est prêt, on devrait arriver à se débrouiller. On arrive à la gare routière et une petite dame de la compagnie de bus nous voit en pleine recherche. Elle nous conseille et nous propose de prendre un bus local différent de celui qu’on avait en tête, nous certifiant que c’est une nouvelle ligne qui nous amènera bien à Jiankou. Pas de raison de ne pas lui faire confiance, surtout que ça ne serait pas la 1ère fois qu’on trouverait un transport plus pratique que ce qu’on nous avait indiqué au départ. Au bout d’une heure, on nous lâche à un arrêt sur une grande avenue d’une ville en théorie proche de Jiankou. Je me doutais qu’il faudrait reprendre un autre transport pour arriver exactement au village où on doit commencer la rando, mais je ne me doutais pas qu’il

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n’y aurait que des taxis de dispo et qu’en fait la ville où on nous a lâché est bien plus éloignée que prévu de Jiankou. En fait ce n’est pas la bonne ville… on aurait pas dû écouter cette brave dame. Résultat, on paye cher un taxi pour aller au village (et encore, on a bien négocié) mais on peut enfin commencer à marcher. Les premiers instants ne sont pas vraiment rassurants, le village est quasi désert, on est les seuls touristes. Au fur et à mesure qu’on avance et qu’on croise des locaux pour demander notre chemin, on prend confiance et on finit par apercevoir la Muraille. On commence à grimper en direction de celle-ci, on croise même un guide qui nous confirme le chemin. Après une heure, on y arrive et on peut voir la Muraille d’origine, non rénovée et à moitié en ruine, serpenter sur la montagne, avec les premiers arbres en fleur du printemps tout autour. On part ensuite vers l’est pour rejoindre Mutianyu. Le chemin est bien défoncé, limite dangereux. On se rend d’ailleurs compte au fur et à mesure que la majorité des touristes prennent un guide pour cette partie de la Muraille (comme le confirme certaines personnes rencontrées qui nous félicitent de faire ça seuls). Quelques heures plus tard, on arrive à Mutianyu. C’est plus propre, plus facile pour marcher, moins authentique mais les travaux de rénovation ont été bien réalisés et on pourrait croire que c’est bien la Muraille d’origine. Evidemment, il y a plus de monde mais ça reste agréable et le site est toujours aussi impressionnant. Une petite heure de marche encore, puis vient le moment de descendre. Plusieurs choix : télécabine, à pied ou en toboggan! C’est trop original pour qu’on laisse passer l’occasion, on descend donc de la Muraille de Chine en toboggan. Il est 16h passé quand on arrive en bas et on espère trouver une navette pour aller à la ville la plus proche afin de prendre le bus pour Beijing. A notre étonnement, le dernier bus semble déjà parti, tous les touristes encore

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 Vient le jour

de la visite de la Grande Muraille de Chine. On a prévu de faire une petite rando, on va partir d’une section du mur non rénovée, Jiankou, pour une autre plus touristique et reconstruite, Mutianyu.

présents ont soit leur propre voiture, soit font partis d’un tour organisé (c’est d’ailleurs la solution retenue par la plupart des gens). On va malheureusement devoir prendre de nouveau un taxi… mais on négocie bien, et on nous dépose au bon arrêt pour rejoindre la capitale. La visite de la Grande Muraille de Chine fut un très bon moment, on a voulu tout gérer nous-même, on a un peu galéré mais on a réussi, économisant ainsi de l’argent. C’est bien aussi d’avoir vu une section plus « sauvage » du site, et non uniquement une partie pour les touristes. De retour sur Beijing, on finit la journée par une promenade sur l’avenue Wangfujing, plus ou moins l’équivalent des champs Elysées, ainsi que 2 rues perpendiculaires qui sont remplies de petits stands (nouilles, raviolis chinois mais aussi insectes, serpents et autres curiosités culinaires).

BEIJING Pour notre dernier jour à Beijing, on va déjà commencer par dormir un peu plus que d’habitude, vu l’intensité des derniers jours, on en a besoin. Puis on va au Palais d’été, résidence des empereurs quand il commence à faire un peu chaud visiblement. C’est en fait une série de pavillons, de cours, d’arches (encore... ), agencés sur et autour d’une colline, le tout en face d’un énorme lac. Cette situation particulière donne à l’endroit un certain charme, et même si maintenant on est habitué à ce type d’architecture, on apprécie la visite et la vue sur le lac. De l’autre côté de la colline, la façade est aussi très belle et il y a une jolie petite

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rue construite autour d’un canal. On loue ensuite un pédalo pour naviguer sur le lac tandis que le soleil commence à se coucher. On finit la journée et notre visite de Beijing par le Stade Olympique, surnommé le « nid d’oiseau » en raison de son apparence atypique. On boit une petite bière sur place puis on va dîner dans un resto de spécialités de Beijing non loin de notre auberge de jeunesse (un peu moyen, on aurait mieux fait de finir par un canard laqué). 4 jours n’ont pas été suffisants pour visiter Beijing et en profiter tranquillement. On a pourtant beaucoup bougé et on a réussi à voir les principales choses, mais il reste encore tellement de coins à découvrir, une semaine aurait été plus confortable. Vraiment une belle capitale, on a beaucoup aimé. C’est la fin de notre aventure chinoise (quasiment un mois) et quel pays! Comme l’Inde, c’est vraiment dépaysant, peutêtre même encore plus car l’anglais est peu répandu donc cela demande plus d’efforts pour communiquer, s’orienter et plus globalement voyager. On a croisé peu de touristes occidentaux et beaucoup de touristes chinois. On a vu des beaux paysages montagneux, des villages sympas, des villes démesurées et goûté une cuisine variée et surprenante (en bien ou en mal). La Chine est composée de beaucoup d’ethnies différentes, il y a donc une vraie richesse culturelle. Et les chinois peuvent être sympas et curieux comme grossiers et froids, mais ils demeurent majoritairement attachants. La prochaine étape de notre voyage est un rêve qui devient réalité (surtout pour moi) : le Japon!

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Avril 2014

JAPON



 C’est parti pour le Japon, enfin!

OSAKA

C

’est parti pour le Japon, enfin! Départ matinal de l’auberge pour l’aéroport de Beijing. On est pas vraiment en avance et en plus au contrôle de sécurité du métro (systématique en Chine, également dans les gares), on tombe sur des agents un peu trop zélés qui confisquent le déo de Fanny que JY et Cindy nous avaient spécialement ramené de France (marque introuvable à l’étranger). On a beau insister, pas moyen de leur faire comprendre que c’est inoffensif. Tant pis, on continu, et on arrive à temps au check-in. 6 heures et une escale plus tard, on atterrit au Japon. Je suis très content car c’est un pays que je rêve de découvrir depuis très longtemps. On devait y aller il y a 3 ans mais en raison des événements à Fukushima, on avait dû annuler au dernier moment (genre 2 semaines avant le départ!). Cette fois c’est la bonneNotre première étape japonaise est Osaka. Rien qu’avec le prix du bus pour aller au quartier de notre hôtel, on se rend déjà compte de la différence de niveau de vie et donc des prix par rapport aux pays qu’on

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a fait précédemment. Le Japon est le pays le plus cher de notre voyage. On trouve facilement l’hôtel, les japonais nous aident volontiers. La chambre est surprenante, on paye assez cher mais pas trop non plus, et on a un bon niveau de confort : une baignoire, un grand lit, un fauteuil massant, d’autres petits gadgets et surtout les fameuses toilettes avec tous les boutons (siège chauffant, fonction bidet ou douche, pression du jet). On s’amuse bien à tout tester. On ne reste pas longtemps à Osaka donc on ressort rapidement pour visiter l’aquarium Kaiyukan, assez réputé dans le pays (voir le monde). Il est déjà tard donc ça sera une visite un peu rapide, mais normalement suffisante pour en faire le tour. Dès la première salle il y a du niveau, on traverse un couloir où on est entouré de requins et de raies de différentes espèces. En continuant, on voit des otaries, des dauphins, des pingouins, des loutres, puis on arrive à l’attraction principale, un gigantesque bassin avec plusieurs requins, des raies énormes et un beau petit requin baleine (la star de l’aquarium bien sûr), c’est vraiment

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impressionnant. Ensuite, on tombe sur des seiches, des tortues, des méduses, des araignées de mer et on finit la visite par un bassin ouvert où on peut carrément toucher des requins et des raies. En tant que plongeurs, on ne valide pas forcément cette pratique, mais c’est tellement original qu’on se prête au jeu. On comprend mieux la réputation du Kaiyukan, c’est le meilleur aquarium qu’on ait vu. On retourne vers l’hôtel et on trouve un bar à sushi tout près. On s’installe au comptoir qui est quasiment complet et on le sentiment d’être vraiment dans le Japon qu’on s’imaginait avant d’y être, avec les sushis qui sont préparés devant nous, les salary-men (salariés en costume-cravate) qui descendent du saké pour décompresser de leur journée, et la petit musique qui va bien. On discute avec nos voisins et on mange bien sûr de très bons sushis. Je savoure l’instant, ça faisait tellement longtemps que j’attendais ça!

KOYA-SAN (MONT KOYA) Le lendemain, on part à Koya-san (Mont Koya), haut lieu de pèlerinage du bouddhisme au Japon, faire une petite escapade d’une journée (la plupart des touristes dorment sur place chez les moines, mais on manque de temps et c’est un peu cher pour notre budget tour du monde). Première expérience avec les transports au Japon, on enchaîne un train, un tramway et un bus, seulement quelques minutes entre chaque, tout est bien réglé et à chaque fois un employé nous oriente. C’est presque trop facile après l’Asie du sud-est et la Chine. 2 heures plus tard, on arrive au haut de Koya-san, 900m d’altitude environ. On aurait pu faire l’ascension à pied mais cela représente une rando de 7 heures et on a pas suffisamment de temps. Au sommet, il y a un village bien développé, de nombreux monastères où il est possible de passer la nuit, plusieurs temples et un énorme cimetière qui est sans doute l’attraction majeure. On commence par le temple principal Kongobuji. On remarque la différence de style avec tout ce qu’on a pu voir en Asie jusqu’à présent. Entre les portes coulissantes, les tatamis, la décoration minimaliste, les jardins japonais tout autour, les couleurs plus sombres, ça fait plaisir de voir enfin en vrai cette architecture si typique du Japon. On se dirige ensuite vers la pagode Konpon Daito qui domine un ensemble de plusieurs pavillons. On déjeune (encore des sushis bien sûr), puis on va à l’extrémité est du village pour voir la porte principale de Koya-san, Daimon, qui est très grande. On prend un bus pour aller au musée Reihokan, une visite un peu courte pour le prix mais où on peut voir des magnifiques statues de différentes divinités et autres personnages religieux importants. On reprend un bus pour nous rendre au fameux cimetière Okunoin. Et bien ça valait le coup de venir à Koya-san rien que pour le voir. Le cimetière compte environ 200 000 tombes, anciennes ou récentes (mais souvent anciennes), réparties un peu

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partout dans une forêt avec des arbres immenses. De plus les tombes elles-mêmes sont souvent belles (de notre point de vue occidental). Du début à la fin, il y a à peu près 3km. Cela donne une balade presque surréaliste dans un décor fantomatique, si on oublie la poignée de touristes qu’on croise sur notre chemin. Au bout du cimetière on arrive au Torodo, un pavillon avec plein de lanternes au plafond et juste à côté, il y a le mausolée de Kobo Daishi, le fondateur du premier monastère à Koya-san. Bientôt la fin de journée, il va falloir rentrer, mais avant on fait un petit détour d’une heure sur un des sommets de Koyasan, histoire d’avoir une petite vue d’ensemble du coin. Puis on enchaîne de nouveau les transports avec la même efficacité pour retourner sur Osaka. Le soir, on dîne encore dans un sushi bar, il va falloir varier un peu quand même! Une belle visite pour ce premier jour complet au Japon, un très bon début.

NARA 2ème jour, on dort un peu plus que d’habitude, pas mal de fatigue accumulée depuis le départ de Chine. On prend un train pour Nara, une des anciennes capitales impériales du Japon. En arrivant, on déjeune de suite du katsu, de la viande panée avec plusieurs accompagnements, c’est très bon et copieux. Il nous reste toute l’après-midi pour visiter Nara. Une particularité de cette ville est l’omniprésence de cerfs, vraiment partout et pas farouches, ils s’approchent et les gens les nourrissent. On commence par le temple Kofukuji qui malheureusement est fermé pour rénovation. En revanche on peut voir juste à côté une grande pagode sur 5 niveaux, la 2ème plus grande du Japon. Puis on visite un petit jardin japonais, avant d’aller au temple Todaiji et l’énorme pavillon Daibutsuden, très impressionnant et qui abrite un gigantesque bouddha de bronze. On passe ensuite devant plusieurs pavillons japonais bien typiques pour finir notre visite de Nara par le Kasuga Taisha, un lieu de pèlerinage important, avec plusieurs bâtiments rouges, un petit jardin, des grands arbres centenaires, le tout entouré par plusieurs lanternes et une belle forêt. La vraie carte postale du Japon. On retourne à la gare, tout en croisant toujours autant de cerfs. De retour sur Osaka, on récupère nos sacs à l’hôtel et on repart de suite pour Kyoto, une autre ancienne capitale impériale et l’autre grande ville touristique du Japon avec Tokyo. A peine 2 jours que nous sommes au Japon et on est déjà sous le charme (j’avoue, je l’étais déjà avant même d’y arriver). Les japonais sont d’une politesse extrême (un vrai contraste avec la Chine), tout semble simple et facile, pleins de choses à voir, à faire et à manger. Et ce n’est que le début.

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 On part à

Koya-san (Mont Koya), haut lieu de pèlerinage du bouddhisme au Japon, faire une petite escapade d’une journée

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 Au sommet, il y a un village

bien développé, de nombreux monastères où il est possible de passer la nuit, plusieurs temples et un énorme cimetière qui est sans doute l’attraction majeure

Nara, une particularité de cette ville est l’omniprésence de cerfs, vraiment partout et pas farouches, ils s’approchent et les gens les nourrissent 



 On est en plein hanami, période

d’éclosion des cerisiers, très populaire au Japon mais aussi pour les étrangers, et Kyoto est une destination de choix pour cet événement

KYOTO

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yoto est à seulement 30 minutes d’Osaka, on trouve donc très facilement un train en rentrant de Nara. On arrive en début de soirée, on se perd un peu pour trouver l’hôtel mais des expats nous aident. Cette fois on a une chambre japonaise traditionnelle, on dort sur des futons à même le sol et la chambre est arrangée et décorée « à l’ancienne », avec portes coulissantes, petit coin pour le thé, etc… Il y a même un onsen à disposition (bains publics japonais). C’est bien différent de la chambre moderne qu’on avait précédemment mais c’est sympa. 1er jour à Kyoto, on commence de suite par Fushimi Inari, apparemment le truc à ne pas louper. On arrive sur place et oh surprise, il y a beaucoup de monde… normal en fait, on est en plein hanami, période d’éclosion des cerisiers, très populaire au Japon mais aussi pour les étrangers, et Kyoto est une destination de choix pour cet événement (et en plus c’est le week-end). Si on voulait visiter le Japon cernés par les flashs des appareils photos, on aurait pas pu trouver meilleur moment. Fushimi Inari est en fait

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toute une série de temples rouges répartis sur une petite montagne et séparés par plusieurs séries de toriis rouges (portail japonais). Les toriis sont souvent très proches les uns des autres, ce qui donne l’impression de longs couloirs rouges. Il y a aussi plusieurs cimetières, une grande forêt et l’omniprésence de statues de kitsune (renard divin ou un truc dans le genre). Traverser les séries de toriis pour arriver au sommet du mont Inari puis redescendre nous prend 2 bonnes heures. Un moment une petite dame nous donne des origamis, on ne comprend pas trop pourquoi. Le site est impressionnant, comme le cimetière de Koya-san, il y a ici une atmosphère particulière. On déjeune rapidement de la street food bien grasse mais pas mauvaise (okonomiyaki, sorte de grosse crêpe bien fournie, et yakisoba, des nouilles), puis on se dirige vers le Kinkakuji, le pavillon doré, au nord de Kyoto. Il est situé au bord d’un petit lac et est considéré comme un des monuments les plus connus du Japon. La visite est courte mais c’est effectivement très beau. On retourne dans le centre pour aller au musée du

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A Ushimi Inari on peut voir pleins d'origamis, c'est pour porter chance 

manga. On y trouve une bibliothèque géante et quelques expos qui retracent l’histoire de cet art (j’en connaissais déjà une partie, plus jeune je lisais beaucoup de mangas et j’en lis encore quelques-uns aujourd’hui) au Japon mais aussi dans d’autres pays (depuis plusieurs années le style se développe à l’étranger, y compris et surtout en France). C’est intéressant et la collection de mangas est énorme, dommage que la majeure partie soit uniquement en japonais. On va ensuite au quartier Gion, en passant par le marché Nishiki qui malheureusement est peu animé en fin de journée. On peut quand même voir quelques stands de nourriture, on achète des sashimis pour même pas 2€. Gion est connu pour être le quartier des geishas de Kyoto. On se promène dans quelques rues où l’on peut voir des cerisiers en fleur, pas mal de touristes, bien sûr quelques geishas et les maisons où elles proposent leurs services (pour info ce ne sont pas des prostituées mais des compagnons, expertes dans différents arts pour divertir les personnes qu’elles accompagnent). C’est vraiment le Kyoto qu’on imagine avec les petits bâtiments en bois et les lampions partout. On finit cette journée marathon (énormément de choses à voir à Kyoto et on a que 3 jours pour en profiter) par le parc Maruyama, rempli de japonais qui pique-niquent sous les cerisiers en fleur dans une ambiance assez festive (c’est aussi ça le hanami). Après

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tout ça, on a qu’une envie, c’est de manger et rentrer dormir dès que possible. Sauf qu’on a plus d’argent, il faut qu’on passe à un distributeur. En temps normal aucun problème, sauf qu’on se rend compte qu’au Japon, les distributeurs qui acceptent les cartes étrangères sont rares. On tourne pendant presqu’une heure avant de découvrir que la solution est de retirer dans un 7 eleven, une chaîne de supérettes et un des seuls endroits où nos cartes fonctionnent. Dans un pays aussi avancé et moderne que le Japon, c’est dingue que ce soit aussi compliqué de retirer de l’argent! On dîne près de l’hôtel et avant de nous coucher on teste l’onsen. C’est en fait un bassin d’eau chaude, limite bouillante qui contient quelques minéraux bons pour la santé, avec devant plusieurs petits espaces pour se doucher. Evidemment tout le monde est nu, si on passe au-delà de ce détail, c’est plutôt agréable, surtout avant de dormir. Le lendemain on démarre par les jardins du palais impérial de Kyoto. C’est pas mal, c’est très grand, il y a un coin avec quelques cerisiers et on voit des jeunes japonais en plein match de baseball (sport très populaire au Japon), mais ça ne valait pas vraiment le détour. On enchaîne avec le Ginkakuji, plus joli selon nous que le populaire Kinkakuji, notamment en raison du très beau jardin japonais tout autour. On rentre ensuite sur le fameux Chemin des Philosophes, bordé de cerisiers et qui

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longe un court d’eau dans une petite rue à l’ouest de la ville. Hanami oblige, les arbres sont blancs ou roses et le vent fait s’envoler les pétales, c’est superbe. On suit le chemin jusqu’au bout, il y a beaucoup de temples tout du long mais on s’arrêtera uniquement au Nanzenji, un temple bouddhiste zen avec des salles pour le thé, des jardins japonais et une ambiance tranquille. Après ça, on s’arrête pour déjeuner puis on visite encore un temple (il y en a environ 1600 à Kyoto, difficile de passer à côté), Chion-in, apparemment assez connu, très grand et en partie gratuit. Ce n’était finalement pas vraiment nécessaire de s’arrêter là car on ne voit rien qu’on ait pas déjà vu précédemment. On continu, on traverse de nouveau le parc Maruyama, on passe par des rues assez anciennes et plutôt jolies, et on finit cette série de temples par le Kiyomizudera qui a la particularité d’être au bord d’une petite falaise, une originalité qui visiblement attire les foules. C’est la fin de journée et on pense avoir notre compte de temples (en même temps c’est un des principaux intérêts de Kyoto). On passe à la gare pour prendre tous les billets de train du reste de notre séjour au Japon, puis finalement on décide de visiter un tout dernier temple dans le coin, Toji, où il y a la plus haute pagode du Japon (c’est ce qui nous a convaincu). Il fait nuit, on sait même pas si c’est ouvert mais on tente vu que c’est juste à côté. On a bien fait de ne pas

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céder à la fatigue. Pour l’occasion du hanami tout le temple est spécialement illuminé, on voit très bien la pagode et les pavillons tout autour. Il y a aussi beaucoup de cerisiers en fleur, également mis en valeur par des projecteurs. On est bien content de finir la journée la dessus. Retour sur le quartier central en passant par une rue où il y a des geishas, sushis pour le dîner, retour à l’hôtel, un onsen et au lit! Dernier jour sur Kyoto. On se lève tranquillement pour aller au quartier Arashiyama, situé tout à l’ouest. Un métro et un train plus tard, on arrive et on commence devinez par quoi? Par un temple bien sûr! Le Tenryu-ji est le temple le plus important du coin et dans son enceinte il y a un beau petit jardin. On a voulu commencer par ça car en sortant par la porte nord, on atterrit de suite sur l’attraction majeure d’Arashiyama, une belle forêt de bambou. Les bambous sont immenses et la forêt est très dense, en gros de tous les côtés on ne voit que des bambous. C’est impressionnant mais on est un peu déçu car on fait le tour en 15 minutes, on pensait que c’était beaucoup plus grand, surtout vu la réputation de l’endroit. Du coup à part des temples il ne reste pas grand-chose à faire à Arashiyama (et les temples, on ne veut plus trop en voir). En sortant de la forêt de bambou, on tombe sur le parc Kameyama-koen qui offre une belle vue sur les montagnes en face. On longe ensuite la rivière afin de rejoindre la gare pour retourner au centre de Kyoto. De retour en ville, on passe rapidement dans un petit quartier réputé pour ses jardins japonais mais au vu du prix pour accéder à chaque jardin, on en fera qu’un seul qui s’avère très bien mais pas mieux que ce qu’on a déjà vu. Au final, le meilleur jardin japonais qu’on a vu était dans un temple à Koya-san et non à Kyoto. Décidés à voir autre chose que des jardins ou des temples, on trouve un spectacle de danse de geishas dans un théâtre de Gion et on se dépêche pour arriver à l’heure. On récupère nos places, on s’installe sur des tatamis, la salle est belle et immense et ça commence. Des danses, des chants, c’est lent, c’est beau, on a adoré, la musique est particulièrement envoûtante. Encore sous le charme du spectacle, on repasse au marché Nishiki pour manger quelques sashimis, puis on s’achète des bières qu’on boit au parc Maruyama, afin de profiter du hanami comme les japonais. On dîne près de l’hôtel dans un bar de yakitori (brochettes) où il y a une bonne ambiance. Kyoto, c’est fini et ce fut un peu court, il nous aurait bien fallu 2 jours de plus pour éviter de se presser et voir d’autres coins de la ville moins connus. C’était une chance de pouvoir y être pendant le hanami (on y avait pas pensé du tout lorsqu’on a fait le planning du voyage), il y avait beaucoup de monde mais c’était sympa de voir tous les cerisiers et les japonais célébrer l’événement. On a vu des belles choses, et surement un peu trop de temples. Demain on part pour Kinosaki pour 2 jours de cure d’onsen!

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 Puis finalement on décide de

visiter un tout dernier temple dans le coin, Toji, où il y a la plus haute pagode du Japon

On se dirige vers le Kinkakuji, le pavillon doré, au nord de Kyoto. Il est situé au bord d’un petit lac et est considéré comme un des monuments les plus connus du Japon. La visite est courte mais c’est effectivement très beau 

Les bambous sont immenses et la forêt est très dense, en gros de tous les côtés on ne voit que des bambous 

Gion est connu pour être le quartier des geishas de Kyoto. On se promène dans quelques rues où l’on peut voir des cerisiers en fleur, pas mal de touristes, bien sûr quelques geishas et les maisons où elles proposent leurs services 



 Le grand torii rouge en face « flotte »

déjà sur l’eau et avec le soleil qui se couche derrière, c’est effectivement un très beau paysage. Comme plusieurs endroits qu’on a vu au Japon, il y a ici aussi une atmosphère particulière, tranquille et paisible.

KINOSAKI ET MIYAJIMA

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n part de Kyoto pour aller à Kinosaki, 2 heures de train environ. On va les enchaîner ces prochains jours, on a donc pris un JR Pass qui en théorie devrait nous permettre de faire des économies. Avec ça, on peut prendre autant de trains qu’on veut durant un laps de temps donné (7 jours pour nous) à condition qu’ils soient du réseau JR. Kinosaki est un petit village réputé pour ses onsens et visiblement il n’y a rien d’autre à faire. Tant mieux car après notre séjour intense à Kyoto, on a besoin de repos, on va y rester 2 jours. Quand on sort de la gare, on est approché par une petite dame qui nous oriente, ça change des rabatteurs malhonnêtes des pays précédents. On a réservé une chambre dans un ryokan, une maison d’hôtes traditionnelle japonaise. C’est cher mais un séjour au Japon ne serait pas complet sans faire l’expérience d’un ryokan. On y est en à peine 5 minutes, c’est un beau bâtiment en bois et dès qu’on rentre on s’occupe bien de nous, plusieurs personnes nous accueillent et nous présentent les 7 onsens du village. La chambre ne sera prête que dans une heure,

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donc on part déjeuner et faire un petit tour dans le village. Une petite rivière traverse la rue principale, quelques cerisiers en fleurs par ci par là, des vieilles maisons un peu partout, c’est plutôt mignon Kinosaki. On croise des touristes japonais et étrangers en yukata (habits traditionnels pour les bains) qui vont ou reviennent des onsens. On sera comme eux dans quelques heures. De retour au ryokan, on nous donne un pass pour accéder aux différents onsens gratuitement puis on nous amène à la chambre. C’est exactement comme dans les pavillons ou les maisons qu’on a pu visiter à Kyoto : des portes coulissantes, un petit coin pour le thé, une vue sur un jardin japonais, du mobilier typique, c’est vraiment bien. Il y a aussi tout le nécessaire pour les onsens, le yukata, les serviettes et un petit sac. La nakai (employée de maison) reste 5 minutes pour nous servir le thé, puis on a la chambre pour nous. On s’installe puis on enfile les yukatas, direction un premier onsen. En passant devant la réception, on nous fait comprendre qu’on a mal ajusté nos yukatas. On a donc le droit à un petit cours et

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on nous donne des chaussettes spéciales pour les getas, grosses tongs en bois pas confortables et pas pratiques du tout. Là, on a la panoplie complète, on est prêt! On avance doucement, pas possible d’aller vite de toute façon, et c’est marrant de se retrouver habillés ainsi à déambuler dans ce petit village japonais. On rentre dans l’onsen, on se sépare pour aller dans nos bains respectifs. Il y a nettement plus de monde que dans celui de l’hôtel de Kyoto mais ce n’est pas la même qualité, Kinosaki étant une destination de choix pour ça. Quelques points à savoir concernant les onsens : il faut bien sûr être entièrement nu, seule une petite serviette spéciale est autorisée qui sert en fait d’éponge (et aussi pour cacher ses attributs pour les plus pudiques). Avant de rentrer dans le bassin d’eau chaude, il faut bien se laver, vraiment bien se laver, bien se rincer (plus de savon du tout sur le corps), pour enfin se baigner en prenant bien soin de ne pas laisser tremper la petite serviette (la laisser sur la tête est l’option la plus courante). Au bout de quelques minutes, comme pour un sauna, se rincer à l’eau froide fait beaucoup de bien, puis on y retourne. Après le dernier passage dans le bain, en théorie il ne faut pas se rincer afin de laisser les minéraux de l’onsen faire leur effet. Honnêtement, c’est assez déstabilisant au début d’être tout nu au milieu de ces japonais (mais aussi étrangers) de tout âge, également nus, mais une fois l’appréhension passée, c’est très agréable. Presque tous les onsens de Kinosaki ont leur petite spécificité, celui-ci a un bassin installé dans une grotte. Je discute avec un japonais qui vient pour la 3ème fois à Kinosaki, mais il fait tellement chaud (l’eau est limite bouillante) que je dois écourter la conversation et sortir. Difficile de rester longtemps, même les japonais restent rarement plus que quelques minutes dans l’eau. On ressort dans un état particulier, détendus, encore une fois un peu comme avec un sauna. On se promène de nouveau dans les petites rues du village, puis on retourne au ryokan. Le soir, on mange un barbecue de bœuf excellent mais beaucoup trop léger, puis on fait un tour dans un bar où il y a une bonne ambiance, des japonais et un autrichien. On passe un bon moment avec eux, l’un des japonais nous offre même à manger (tant mieux on avait encore faim!), notamment des petits poulpes crus, pas évident au début mais pas mauvais du tout en fait. On retourne à notre chambre, la nakai est passée installer les futons pour la nuit. Avant de nous coucher, on profite de l’onsen privé du ryokan qu’on a réservé plus tôt, parfait avant de dormir. Après une bonne et longue nuit de sommeil, on se prépare pour le 1er onsen de la journée. Celui-là est ouvert à l’extérieur sur une petite cascade, on y reste un bon moment. On déjeune puis on repasse au ryokan pour se changer (pas vraiment pratique le yukata et les getas pour se promener). L’après-midi, pendant que Fanny part faire des photos, je fais un tour en haut de la colline qui domine Kinosaki, une

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petite balade d’une demi-heure qui me permet d’avoir une vue sur le village et la rivière au loin. En chemin, je croise le temple où selon la légende un moine a prié longtemps afin qu’il y ait une source d’eau chaude pour les onsens à Kinosaki. On se retrouve en fin de journée pour un 2ème onsen, le plus grand, qui propose également des saunas, des hammams et même une salle à 0 degré, histoire de se rafraîchir. Il y a aussi un bain à l’extérieur d’où on peut voir les étoiles tout en étant bien au chaud dans l’eau. Encore meilleur que celui de ce matin avec la cascade. On dîne au même resto que le midi, du riz avec du crabe, le crabe étant une spécialité du coin (et c’est vrai qu’il est très bon). Puis on finit au même bar que la veille, un peu moins d’ambiance cette fois mais toujours aussi sympa. On discute avec la patronne et un autre japonais avec qui je parle de manga. De retour au ryokan, on fait un tout dernier onsen avant de nous écrouler sur nos futons. Le lendemain on se lève tôt pour se laver et se baigner dans un autre onsen qu’on avait pas fait, histoire de profiter jusqu’au bout. Pas mal du tout, il est également ouvert sur l’extérieur. On passe ensuite chercher nos affaires au ryokan, puis on va à la gare.

MIYAJIMA On s’est bien reposé à Kinosaki, on a beaucoup aimé cette étape, et maintenant un long trajet nous attend (enfin pour le Japon, on a connu pire) pour aller à Miyajima. On doit d’abord repasser par Osaka. A Osaka, on monte à bord du fameux shinkansen, le train à grande vitesse du pays (dont le confort est nettement supérieur à n’importe quel TGV), pour rejoindre Hiroshima. A Hiroshima, on prend un autre train pour nous rendre au port d’où partent les ferrys pour Miyajima. Une fois au port, le ferry part quasiment de suite et on arrive enfin à Miyajima 10 minutes plus tard. On a enchaîné 3 trains plus 1 ferry en l’espace de 6 heures, quasiment sans temps morts, plutôt efficaces ces transports japonais non? Miyajima est une petite île à côté d’Hiroshima, bien connue au Japon, notamment pour le grand torii rouge qui semble flotter sur la mer, une des soi-disant 3 plus belles vues du pays. On va rester là 2 nuits et on a réservé une chambre un peu comme à Kyoto, style japonais avec futons, et des bains publics à disposition (tant mieux, on y a pris goût). On pose nos affaires et on commence à visiter l’île. Depuis le ferry, on voyait déjà le fameux torii et de loin, on commençait à se demander si ça valait le coup de venir ici car c’était pas vraiment impressionnant. Mais tandis qu’on approche de la petite baie en question, on se dit finalement qu’on a fait un bon choix. La promenade près du temple Itsukushima-jinja est décorée de plusieurs lanternes et il y a également une petite plage. Le temple, rouge, repose entièrement sur des pilotis, ce qui lui permet d’être juste au-dessus du niveau de la mer à marée haute. Ce n’est pas encore le cas quand on y est mais en revanche le grand

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torii rouge en face « flotte » déjà sur l’eau et avec le soleil qui se couche derrière, c’est effectivement un très beau paysage. Comme plusieurs endroits qu’on a vu au Japon, il y a ici aussi une atmosphère particulière, tranquille et paisible. On dépasse le temple par l’est et on arrive au parc Otomo où un large groupe de cerfs est réuni (comme à Nara, on en croise régulièrement sur Miyajima) au milieu de cerisiers en fleur et nous sommes les seuls à en profiter. Ça fait seulement 2 heures qu’on est sur place et l’île nous offre déjà de beaux souvenirs. On retourne à l’hôtel pour se reposer un peu avant de sortir dîner. La plupart des restos sont fermés le soir car Miyajima est surtout visité depuis Hiroshima, peu de gens restent dormir sur place. On croise quelques cerfs, des ratons laveurs et finalement on trouve un seul resto d’ouvert (faut dire qu’il est « déjà » 21h), un peu cher mais ça fera l’affaire. On mange de l’anguille, spécialité du coin avec des huîtres (cuites malheureusement), très bon. Ensuite, un tour aux bains publics de l’hôtel juste avant de nous coucher. Une bonne grasse matinée, et on continu notre exploration de l’île. On commence par marcher sous le grand torii et prendre quelques photos, profitant de la marée basse. Puis on va au lieu de prières Senjokaku, un très beau bâtiment complètement en bois, avec des tableaux anciens accrochés au plafond. Il y a une grande pagode à 5 niveaux juste à côté. Ensuite, on déjeune du katsu (porc pané) et des huîtres, et on commence l’ascension du mont Misen qui domine Miyajima. On passe par le parc Momijidani (encore des cerfs partout), puis après

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une bonne série d’escaliers en traversant une belle forêt et une bonne heure, on arrive au sommet, 535m. On a mis 2 fois moins de temps qu’annoncé, les différentes randos qu’on a fait ces dernières semaines nous ont bien entraîné visiblement. Au sommet du mont Misen, il y a une superbe vue sur toute l’île, on peut voir le torii flottant, mais aussi Hiroshima et d’autres petites îles tout autour. Il est aussi possible de visiter quelques temples mais on ne s’y attarde pas. On commence la descente qui doit nous mener au temple Daishoin. On met également une bonne heure pour y arriver. Le Daishoin est plutôt grand avec plusieurs pavillons et petites salles de prière, des décorations partout, assez originales par rapport à ce qu’on a vu à Kyoto, ça valait le coup d’y passer (c’était de toute façon sur le chemin pour retourner au village). On se promène ensuite dans différentes rues de Miyajima, les moins touristiques, afin de voir à quoi ressemble vraiment l’île. On finit la journée devant le grand torii, en regardant le soleil se coucher. On repasse à l’hôtel, petit passage aux bains publics histoire de se relaxer après une journée où on a quand même bien marché. Puis on retourne au même resto que la veille, de l’anguille, des huîtres, du saké, pour ensuite finir dans le seul bar du village afin de boire un tout dernier saké. On quitte Miyajima le lendemain matin, vraiment une belle île à la hauteur de sa réputation. Après ces quelques jours loin de l’agitation des grandes villes japonaises, il est temps de visiter la capitale, Tokyo, notre dernière étape au Japon.

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 En passant

devant la réception, on nous fait comprendre qu’on a mal ajusté nos yukatas. On a donc le droit à un petit cours et on nous donne des chaussettes spéciales pour les getas, grosses tongs en bois pas confortables et pas pratiques du tout. Là, on a la panoplie complète, on est prêt!





 Le Japon, un rêve qui s’est concrétisé

pour moi, enfin voir en vrai toutes ces choses lues et vues dans les mangas, les films ou les jeux-vidéo. Que ce soit la nourriture, la culture, les gens polis et sympas ou l’excellente qualité de vie, difficile de ne pas aimer.

TOKYO

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épart de Miyajima en ferry, puis un train jusqu’à Hiroshima. De là, on prend un shinkansen jusqu’à Osaka et un autre pour enfin arriver à Tokyo, capitale du Japon. On va rester quasiment une semaine ici car il y a bien sûr beaucoup de choses à faire et on veut en profiter le plus possible. Pour la première nuit nous n’avons réservé aucune chambre afin d’expérimenter un des hébergements atypiques de Tokyo, soit les capsule hotels (une sorte de sarcophage futuriste avec plein de gadgets, où on peut dormir pour pas cher), soit les love hotels (des chambres kitchs qu’on peut prendre à l’heure ou pour une nuit entière pour passer un moment privilégié avec son/sa partenaire, les japonais quittent tardivement le domicile familial, c’est souvent la meilleure solution pour avoir un peu d’intimité). On choisit en arrivant d’aller à Shibuya, un des quartiers les plus animés de Tokyo et où apparemment il sera facile de trouver quelque chose. Dès qu’on sort de la station, on prend une grosse claque à l’intersection juste en face : il y a énormément de monde et quand les piétons

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peuvent traverser, tout cette foule se croise et devient une masse compacte, c’est impressionnant. Il y a également des grands buildings, des écrans, des néons partout et le son des publicités parvient presque à couvrir celui de la rue et de la circulation. Notre premier contact avec Tokyo On réalise que la grande majorité des capsule hotels sont réservés aux hommes, donc on part à la recherche d’un love hotel. Non loin de la grande intersection de Shibuya, on en trouve plusieurs les uns à côté des autres, mais la plupart sont complets ou refusent de nous héberger sous prétexte qu’on ne parle pas japonais. Après une bonne douzaine d’essais, on finit par en trouver un qui accepte mais on ne pourra prendre la chambre qu’à 22 heures (sinon il faudra payer les heures avant). Pas de problème, on laisse les sacs sur place et on sort explorer le quartier. On retourne à la grande intersection devant la gare, histoire de prendre des photos et vidéos de ce ballet de passants. Puis on va en haut d’une tour pour avoir une vue sur le quartier. On se promène ensuite dans les rues, beaucoup

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de magasins, des restos, des bars et des lumières partout. On rentre dans une salle d’arcade où il y a des jeux-vidéo surprenants et plusieurs étages dédiés au pachinko, un jeu avec des billes dont on a pas trop compris le principe (une sorte de mélange de flipper et de jeu de hasard) et certains japonais y sont bien accrocs, notamment parce qu’il est possible de gagner de l’argent avec (et apparemment c’est même possible d’en vivre). Après ça, on retrouve Paul, un ami de Quentin (voir Singapour) que j’avais déjà croisé à Amsterdam et qui vit à Tokyo depuis plusieurs années. On mange ensemble dans un izakaya (bar-snack japonais), puis il est temps de retourner au love hotel. La chambre est bien équipée vu le prix et propre, difficile d’imaginer ce qu’il

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s’y passe au quotidien. Mais les nombreux boutons pour régler les lumières et gérer l’ambiance, les chaînes dispos à la télé et d’autres petits détails nous rappellent la nature de l’établissement. On ressort de suite, puis toujours avec Paul, on va dans un bar d’un japonais qu’il connait. Quelques bières, on discute, puis retour au love hotel pour une bonne nuit après cette longue journée. Le lendemain, on rend la chambre à peine 7 minutes après l’heure prévue et on nous facture 1000 yens (7 euros environ) pour l’heure commencée, on trouve ça un peu exagéré mais logique vu le concept de l’hôtel. On change de quartier pour aller à Nihonbashi, où on a réservé une chambre dans un business hotel (comme à Osaka) pour le reste de notre séjour à Tokyo. On dépose

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 A l’intersection

juste en face : il y a énormément de monde et quand les piétons peuvent traverser, tout cette foule se croise et devient une masse compacte, c’est impressionnant.

nos sacs (il est encore trop tôt pour accéder à la chambre) puis on va vers Harajuku, qui peut être considéré comme le quartier de la mode de Tokyo. On y trouve les grandes marques de luxe mais aussi des petites marques de différents créateurs indépendants. On croise quelques japonais avec des styles assez improbables, des bâtiments à l’architecture avant-gardiste et il y a bien sûr un monde fou en cette fin de week-end. Juste à côté, il y a le parc Yoyogi où on peut voir beaucoup de gens pique-niquer et des locaux se donner en spectacle, musique, danse et sketchs. On y trouve aussi des petits coins aménagés spécialement pour les chiens, séparés en fonction de leur taille, encore un exemple de l’organisation japonaise. Au nord du parc,

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on visite le Meiji-jingu, un temple relativement récent et qui est supposé être le plus gros de Tokyo. Il est entouré d’une superbe forêt, son principal intérêt selon nous, et on a l’occasion d’assister à un mariage traditionnel qui a lieu dans l’enceinte du temple. On va ensuite à Shinjuku, un autre coin bien connu et animé de Tokyo. La gare du quartier est la plus grande et fréquentée du monde, ça ressemble d’ailleurs plus à un aéroport. A l’ouest de la gare, c’est le côté des gratte-ciels. On va au dernier étage du Park Hyatt, le fameux hôtel du film Lost in Translation, boire une petite bière à un prix pas vraiment petit, mais on a une belle vue sur la ville. Puis on va aux bureaux officiels de la municipalité de Tokyo, également au dernier étage pour cette

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fois avoir une vue de nuit. On se dirige ensuite à l’est de la gare de Shinjuku, l’autre face du quartier, plus festive avec des clubs, des salles d’arcade, des restos, des bars mais aussi des bars à hôtesses (équivalent des entraîneuses chez nous) avec leurs rabatteurs en face. Plusieurs rues dans ce style se succèdent, toujours avec de gros néons partout, on s’y promène en s’arrêtant dans quelques magasins et une salle de jeux. On finit notre tour du quartier par le Golden Gai, une série de ruelles avec des bars minuscules, où il est souvent possible d’accueillir uniquement 3-4 personnes. On est tenté en passant devant mais on est bien fatigué de la journée et en ajoutant à cela le manque de sommeil de ces derniers jours, on décide finalement d’aller manger des sushis et de rentrer tôt à l’hôtel afin de dormir un peu plus que d’habitude. On reprend la visite de la ville avec le quartier d’Asakusa. En sortant du métro, on a une belle vue sur le Sky Tree, le plus grand bâtiment de Tokyo. On se dirige ensuite vers le Senso-ji, l’autre grand temple de la ville. Les rues tout autour sont intéressantes, nettement moins modernes que ce qu’on a vu jusqu’à présent, et le temple lui-même vaut le détour. On déjeune dans le coin, puis on va au quartier Ueno, pas très loin. On commence par visiter le parc, où on peut voir un petit lac, plusieurs temples et des musées (dont le musée national qu’on espère faire plus tard, il est fermé le lundi). On le trouve moins bien que le parc Yoyogi qu’on a fait la veille. En allant au nord de Ueno, on atterrit au quartier Yanaka. Encore des temples et un grand cimetière. Les rues de ce quartier semblent plus anciennes et il y a presque une ambiance de village, un peu comme à Miyajima ou Kinosaki. On a prévu de finir la journée à Akihabara, quartier de prédilection des fans d’électronique, de jeux-vidéo, de mangas et d’animation japonaise, des trucs qui peuvent éventuellement m’intéresser (par contre Fanny…). A peine on sort de la station de métro, qu’on tombe déjà sur des grands buildings avec des étages complets de produits en tout genre. On passe d’abord par le coin des produits électroniques, on y trouve même des composants, des diodes et résistances à l’unité. Puis on va au magasin Super Potato, probablement le meilleur magasin de retro-gaming au monde (vieux jeux-vidéo). On y trouve des consoles et des jeux qui datent d’il y a 20 ans, rares parfois. Pour le fan de jeux-vidéo que je suis, c’est un vrai plaisir de parcourir les rayons. Pendant que je me promène, Fanny joue aux jeux en démonstration. J’aimerai pouvoir acheter quelques trucs mais c’est pas si simple car il faudra les envoyer en France (hors de question de les porter le temps qu’il nous reste à voyager). Pour l’instant, je me retiens, on verra plus tard. On continu la visite du quartier, on croise plusieurs rabatteuses de maid bar, des endroits où on est servi par des filles déguisées en soubrettes qui jouent un rôle de dominée vis-à-vis des clients (rien de plus bien sûr), un concept qui

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ne nous tente pas vraiment. On s’arrête au Mandarake, un grand magasin de mangas, d’animation japonaise et de produits dérivés. La variété des produits est hallucinante, on trouve des vieilles éditions de différents classiques à un prix exorbitant. Là encore j’ai envie d’acheter plein de choses mais je repars juste avec un petit manga. On finit au 2k540, un regroupement de plusieurs boutiques d’artisans qui produisent des objets plus originaux les uns que les autres et juste avant de reprendre le métro, on s’arrête dans une salle d’arcade pour essayer quelques jeux. Le soir, on retrouve Paul dans le quartier où il habite. On passe devant la tour de Tokyo, réplique de la tour Eiffel en moins large, plus haut et rouge, bien éclairée, ainsi qu’un parc entouré de grands buildings et un temple immense, le Zojo-ji, impressionnant et étrangement peu visité par les touristes. On dîne dans un resto de yakiniku, un barbecue de viandes, délicieux. Retour à l’hôtel après une journée

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 On a prévu de

finir la journée à Akihabara, quartier de prédilection des fans d’électronique, de jeux-vidéo, de mangas et d’animation japonaise

encore bien remplie. 4ème jour à Tokyo, on se lève tôt pour aller au marché Tsukiji, un énorme marché de poissons et fruits de mer, tout simplement le plus grand du monde. On retrouve Paul à la sortie du métro, il nous accompagne pour cette visite, ça faisait un moment qu’il n’y avait pas été. Un peu avant d’arriver au marché, on commence déjà à sentir une odeur de poisson. On passe d’abord par le marché externe qui est en fait une suite de magasins et de restos qui vendent pour la majorité des produits du marché (c’est donc très frais). Puis on rentre dans le hangar du vrai marché et on est impressionné par la taille et le rythme de l’activité qui s’y déroule. Beaucoup d’espèces présentes et on voit pas mal de gros thons rouges. Le nombre de vendeurs est hallucinant. Après ça, on s’arrête déjeuner dans un des restos du marché, des sushis bien sûr. Paul nous quitte, on reste dans le quartier en allant au parc Hama-rikyu Onshi-teien. Derrière ce nom pas évident à prononcer il y a un

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des plus beaux parcs de Tokyo, en plein cœur de la ville, où on peut voir un petit lac d’eau de mer (qui arrive ici grâce à une écluse), de beaux jardins et une belle vue sur plusieurs gratte-ciels de la ville. Puis on va au théâtre Kabuki-za voir justement un spectacle de kabuki, théâtre traditionnel japonais. Les acteurs parlent bien fort, dansent étrangement mais élégamment sur une musique bien typique, dans des costumes et des décors d’époque. On ne voit qu’un seul acte qui dure déjà 40 minutes (une pièce entière peut durer 4 heures), et ça nous suffit pour avoir un aperçu de cet art. On va ensuite aux jardins impériaux, seule partie accessible au public sans réservation du palais impérial de Tokyo. C’est pas mal mais pas aussi bien que le parc qu’on a fait juste avant. On finit la journée à la tour de Tokyo (qu’on a vu la veille de nuit). On monte tout en haut dans l’espoir d’apercevoir le mont Fuji, étant donné qu’il n’y a aucun nuage aujourd’hui, mais il y a trop de pollution pour qu’on

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 On se lève tôt pour aller au

marché Tsukiji, un énorme marché de poissons et fruits de mer, tout simplement le plus grand du monde


On démarre cette nouvelle journée en allant faire un tour à un club de sumo pour voir leur entrainement. On aurait aimé voir un vrai match mais les tournois de sumo n’ont lieu qu’à certaines périodes et ce n’est pas en ce moment 

puisse voir aussi loin. On a néanmoins une très belle vue sur la ville. Pendant que Fanny retourne à l’hôtel, je vais faire un tour à Akihabara, histoire d’essayer quelques jeux dans une des nombreuses salles d’arcade. On se retrouve pour dîner, de très bons ramens (soupe de nouilles japonaise) juste à côté de l’hôtel. A ce stade, on a quasiment vu l’essentiel de la ville. On démarre cette nouvelle journée en allant faire un tour à un club de sumo pour voir leur entrainement. On aurait aimé voir un vrai match mais les tournois de sumo n’ont lieu qu’à certaines périodes et malheureusement ce n’est pas en ce moment. On est pas les seuls, un petit groupe de touristes est amassé près des vitres pour voir les athlètes. Quelques combats, beaucoup d’exercices (parfois jusqu’au sang), c’est sympa d’avoir un aperçu de ce sport si typique du Japon. On va ensuite à Ueno pour visiter le musée national de Tokyo. Très grand, le bâtiment principal permet en une bonne heure de faire le tour des différentes périodes de l’histoire du pays à travers des objets, des sculptures, des peintures, des katanas (sabre japonais), etc… Il y a même un petit atelier où on s’amuse comme des gosses à faire des cartes postales avec des tampons. Les bâtiments annexes nous

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intéressent moins, l’un est consacré à l’archéologie, un autre à des objets divers qui pour les non-initiés n’ont pas vraiment de sens et le dernier à l’art en Asie en général (et c’est pas comme si on avait rien vu dans les pays visités précédemment). On repasse ensuite à Akihabara, vous l’aurez compris, mon quartier préféré (pour le plus grand plaisir de Fanny). On déjeune dans un resto de katsu (viande panée) puis on joue à quelques jeux dans différentes salles d’arcade. Après ça, on part chacun de notre côté faire du shopping. Fanny va à Ginza pour chercher des fringues, moi je reste bien sûr ici m’acheter quelques trucs forcément en rapport avec les mangas ou les jeux-vidéo. Je refais un tour au Super Potato, le magasin des vieux jeux et j’hésite longtemps à m’acheter une vieille console, pas chère du tout, mais je renonce. On se retrouve à l’hôtel puis on va chez Paul et sa copine Shizuka, un bel appart avec une super vue sur Tokyo. On discute, on mange une fondue japonaise, on boit du vin et bien sûr on finit bourré (enfin surtout moi). C’est l’occasion d’essayer le taxi tokyoïte pour retrouver notre lit! Une grasse matinée s’impose le lendemain, en raison de l’alcool de la veille. On déjeune rapidement, puis on passe vite fait

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à… Akihabara, de nouveau! En fait, la nuit portant conseil (ou l’alcool?), je décide finalement d’acheter la vieille console qui a marqué mon enfance (mais aussi celle de beaucoup d’autres), la Super Nintendo, ainsi que quelques jeux. Depuis le début du voyage je me retiens d’acheter des trucs, il est temps de se faire plaisir. Puis on part vers le musée Ghibli, la seule visite qu’on a prévu de faire aujourd’hui. Le musée Ghibli est consacré aux films du studio éponyme créé par Hayao Miyazaki, créateur de films d’animation mondialement connu. Si vous n’avez jamais vu Mon Voisin Totoro, Princesse Mononoke ou le Voyage de Chihiro, vous pouvez après la lecture de cet article vous précipiter de regarder un de ces films qui sont excellents, même si vous n’êtes pas fan de dessins animés japonais car on ne peut qu’être admiratif devant un tel niveau de créativité. Aller au musée Ghibli est une aventure en soi : il faut d’abord réserver les places à l’avance, à une date et un créneau horaire fixe (on a failli d’ailleurs ne plus avoir de places) puis se rendre au musée qui est situé à presque plus d’une heure de notre hôtel. Un métro, un train et un bus plus tard, on est arrivé. On comprend mieux la politique de réservation, même en limitant l’accès, il y

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a beaucoup de monde. De l’extérieur, on peut déjà voir l’influence de Miyazaki qui s’est occupé du design du musée, il y a des références de ses films un peu partout. On rentre et là on pénètre vraiment dans son univers, plein de détails, jusque dans les toilettes, qui rappellent son œuvre. Ça fait un peu parc d’attractions mais c’est réussi. Dans les différentes salles, on peut voir des automates, des jeux d’image qui donnent vie à des objets inanimés, une reproduction de son bureau, des ébauches, des pellicules que l’on peut faire défiler manuellement et plein d’autres petits jeux destinés à nous faire comprendre les différentes techniques d’animation. Egalement, on peut voir des personnages emblématiques cachés dans les vitraux et dans des petits recoins. Dommage qu’il soit interdit de faire des photos! Il y a aussi un espace pour les enfants avec un gros bus-chat (voir Mon Voisin Totoro) qu’ils peuvent escalader. On voit un court métrage de 20 minutes, original et spécifique au musée, mais pour le coup il n’est pas du niveau de qualité des films même si le style particulier Ghibli est bien présent. Evidemment, la visite se termine par une boutique. D’habitude on ne s’y arrête jamais mais en tant que fans, impossible de ne pas s’y attarder. On achète quelques souvenirs puis on quitte ce petit monde parallèle. Un très beau musée, qu’il ne faut surtout pas rater si on aime les films de Miyazaki. Il est déjà tard et de toute façon après la soirée d’hier, on veut se coucher tôt. On retourne donc dans le coin de l’hôtel, un bon ramen et on va à la chambre, s’occuper un peu du blog, essayer la Super Nintendo (un bon Mario Kart qui fait plaisir) et préparer nos affaires pour le grand départ du Japon demain. On ne fera pas grand-chose lors de cette dernière journée à Tokyo. Je passe juste à la poste envoyer tous mes achats en France (un gros carton de 5 kilos), puis après avoir rendu la chambre, on reste dans le lobby de l’hôtel jusqu’au départ pour l’aéroport, avec une petite sortie pour manger nos derniers sushis au Japon. Tokyo est une ville hallucinante, plusieurs quartiers avec des ambiances particulières et originales, plein de choses à faire bien sûr et un rythme frénétique, une ville fascinante et stimulante. L’ambiance paisible caractéristique du Japon reste néanmoins accessible. C’était cool aussi de vivre ces moments avec Paul et de profiter de son expérience de la capitale après 3 années passées ici. Le Japon c’est fini. Un rêve qui s’est concrétisé pour moi, enfin voir en vrai toutes ces choses lues et vues dans les mangas, les films ou les jeux-vidéo. Que ce soit la nourriture, la culture, les gens polis et sympas ou l’excellente qualité de vie, difficile de ne pas aimer. C’est aussi le pays qui nous a coûté le plus cher mais on s’y était préparé. Certainement à refaire plus tard! L’Asie c’est fini aussi, on change de continent, direction l’Océanie avec d’abord la Nouvelle Zélande.

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Mai 2014

NOUVELLE ZELANDE



 Piha, une ville à l’ouest d’Auckland,

au bord de mer, un spot bien connu des surfeurs

TUTUKAKA

O

n décolle de Tokyo en début de soirée et c’est parti pour le plus long trajet en avion depuis notre départ de France. D’abord un vol de 9 heures pour Sydney en Australie, une escale de 3 heures, puis un autre vol pour Auckland de 4 heures. On arrive pas vraiment frais en Nouvelle Zélande mais l’excitation de découvrir un nouveau pays nous redonne de l’énergie. La Nouvelle Zélande est située juste en bas à droite de l’Australie. C’est un pays réputé pour ses paysages naturels (les films du Seigneur des Anneaux ont été tournés ici), son vin, le rugby, la culture Maori, etc… Comme au Japon, on ne reste pas longtemps ici, juste 15 jours, le pays étant assez cher (mais pas autant que le Japon). Cette fois, on va traverser le pays en camping-car. Pas d’hôtel, d’auberge ou de guest house et rien que l’idée de poser nos affaires à un seul endroit (même mobile) pendant 2 semaines nous fait déjà plaisir. On sort de l’aéroport, un coup de fil et un type de l’agence de location passe nous chercher. On arrive au parking de l’agence, l’employé qui doit nous accueillir est déjà occupé

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avec d’autres clients. En attendant, il nous donne déjà les clés, comme ça on peut s’installer. Fanny a bien choisi, le camping-car est très bien, plein de trucs utiles (comme des verres à vin), une vraie cuisine avec frigo, un bon lit, c’est plutôt confortable. Par contre pas de douche, ni de toilettes (sauf des toilettes chimiques pliables pour dépanner), pour avoir ça il fallait payer bien plus cher. On devrait pouvoir se débrouiller avec les installations des campings. Ça va nous changer du confort du Japon c’est sûr, mais ça sera une nouvelle expérience et surtout on aura une bonne liberté de mouvement. L’employé revient, nous donne des explications, on signe les papiers et on peut enfin partir. 2 heures pour récupérer le van, un peu long après toutes ces heures d’avion. On s’arrête au supermarché, on a probablement pas fait de vraies courses depuis notre départ de France. C’est étrange de se retrouver dans une ambiance « occidentale» après tous ces mois en Asie, on le sentait déjà à la sortie de l’avion mais encore plus tandis qu’on parcoure les rayons avec notre petit panier. On est content car on va pouvoir

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On monte sur le bateau, direction les Poor Knights Islands, un des meilleurs sites de plongée de Nouvelle Zélande et apparemment mondialement connu. Une bonne heure plus tard, on arrive et on peut voir de grandes falaises verdoyantes sur l’océan. enfin manger des trucs un peu plus comme à la maison (du fromage, de la charcuterie et du vin!). Encore un peu de route ensuite pour rejoindre Piha, une ville à l’ouest d’Auckland, au bord de mer, un spot bien connu des surfeurs. Il fait déjà nuit donc on va directement au camping. On boit du bon vin, on se fait à manger, on avait plus l’habitude. On se couche peu de temps après, complètement mort à l’issue de cette première journée, mais déjà à l’aise dans notre nouveau chez nous. On dort très bien et on récupère presque du voyage (presque…). Il fait pas vraiment beau sur Piha, des nuages et quelques averses, mais on s’y attendait, on est un peu hors saison. On quitte le camping pour aller à la plage. Une grande bande de sable noir (l’île nord de la Nouvelle Zélande est assez volcanique) et une mer extrêmement agitée s’étalent devant nous, avec des falaises verdoyantes tout autour. C’est dommage qu’on ait pas de chance au niveau du temps. On se balade sur les falaises afin d’avoir une vue sur la plage, puis on reprend la route. On s’arrête pour déjeuner et le menu du resto nous rappelle de nouveau que l’Asie c’est bien fini. On retrouve salades, burgers et viandes, et les quantités servies sont énormes. On repart en direction du nord. De magnifiques paysages défilent, des grandes plages, des vallées d’un vert éclatant (pour les connaisseurs, exactement comme la Comté dans le Seigneur des Anneaux), des grandes forêts, des champs à perte de vue, on comprend mieux la réputation du pays à ce niveau. En à peine une heure de route, on s’arrête plusieurs fois pour prendre des photos et des vidéos. On arrive à Goat Island, une petite île et un parc marin protégé en face d’une plage rocheuse de sable noir. Le soleil se couche, il n’y a pas trop de monde, un endroit parfait pour finir la journée. On aurait aimé se baigner mais en cette saison et sans combinaison, l’eau est trop froide. Dommage car c’est un spot réputé de snorkeling (quelques courageux y vont d’ailleurs mais en combi). De nouveau sur la route, on doit encore rouler 2 heures pour rejoindre le camping de Tutukaka où on passe la nuit. Le lendemain on plonge pas loin et on anticipe déjà le contact avec cette eau à la température nettement moins agréable qu’en Asie du sud-est. Évidemment on se

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lève tôt, on arrive au club de plongée et il y a du monde, ce qui nous étonne vu les conditions un peu fraîches (on est en automne ici). Après les formalités habituelles, on monte sur le bateau, direction les Poor Knights Islands, un des meilleurs sites de Nouvelle Zélande et apparemment mondialement connu. Une bonne heure plus tard, on arrive et on peut voir de grandes falaises verdoyantes sur l’océan, creusées par quelques grottes par ci par là. On écoute le briefing, on s’équipe avec les combis les plus épaisses qu’on ait jamais portées, nécessaire vu la température de l’eau (pour info il y a 10° de moins que

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 De

magnifiques paysages défilent, des grandes plages, des vallées d’un vert éclatant ,des grandes forêts, des champs à perte de vue, on comprend mieux la réputation du pays à ce niveau

les eaux thaïlandaises), puis on plonge! L’équipement est efficace car on ne ressent pas tant que ça le froid. Par contre on est un peu déçu, surtout vu la réputation du site: si les coraux et les grandes algues sont très beaux et la visibilité excellente, il n’y a en revanche pas grand-chose à voir. Des grosses rascasses, quelques murènes, des nudibranches et d’autres poissons, mais si on compare avec ce qu’on a vu en Asie du sud-est, rien de vraiment impressionnant. On remonte sur le bateau, on déjeune, on navigue autour des îles puis on fait la 2ème plongée. Celle-là est nettement plus intéressante. On commence

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dans une grotte, il fait donc assez sombre (limite plongée de nuit) mais on voit suffisamment et cela donne une atmosphère très particulière tandis qu’on explore les fonds. On voit des ossements de baleine ainsi qu’une belle raie en plein vol. On se dirige ensuite vers la sortie de la grotte et le passage de la pénombre à la lumière est superbe sous l’eau. Le reste de la plongée est plus classique mais on voit quand même une autre raie et toujours ces beaux coraux un peu partout. De retour à Tutukaka on est au final content d’avoir fait ce site atypique et d’avoir plongé mais on reste un peu sur notre faim.

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 Rotorua, notre prochaine étape.

Sur la route, de nouveau des paysages incroyablement beaux se succèdent

ROTORUA

O

n reprend la route et cette fois c’est moi qui conduit, un moment un peu spécial puisque c’est la première fois que je conduis depuis que j’ai passé mon permis l’été dernier (on ne se moque pas. Pas encore tout à fait au point et la conduite à gauche n’aide pas, pour le bonheur de Fanny qui est surement aussi alerte que moi durant le trajet qui nous sépare du prochain camping. Après 3 heures de route on s’arrête à Orewa, près d’Auckland, dans le 1er camping qu’on trouve, au bord d’une petite plage. On se dirige progressivement vers le sud de l’île nord. On se réveille en face d’un beau paysage, la plage est en fait nichée au creux d’une baie, la mer est calme et l’eau est claire. On a beaucoup dormi donc on se dépêche de repartir surtout qu’il reste plus de 3 heures pour atteindre Rotorua, notre prochaine étape. Sur la route, de nouveau des paysages incroyablement beaux se succèdent. On s’arrête en chemin pour déjeuner, puis on arrive à destination en début d’après-midi. Rotorua est connu pour l’accessibilité de la culture Maori dans le coin

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(premiers habitants du pays avant l’arrivée des Européens) et son activité géothermique. D’ailleurs, ça sent le soufre peu de temps après notre entrée en ville. Pour les connaisseurs, c’est aussi la ville du film « L’âme des guerriers », un chef d’œuvre du cinéma néo-zélandais. On va directement à Te Puia, un grand parc avec plusieurs geysers et des attractions autour de la culture Maori. On commence par un petit spectacle culturel avec des danses et une représentation de haka (pour voir un exemple de cette « danse » impressionnante, il suffit de voir n’importe quel match des All-Blacks, l’équipe nationale de rugby). C’est intéressant mais pas vraiment authentique, sauf le haka qui est bien sûr le clou du spectacle. Puis on se promène dans le parc, avec toujours l’odeur de soufre dans les narines. On aperçoit dans la pénombre d’une cage un kiwi (l’animal emblématique du pays), on passe devant plusieurs mares de boue volcanique et on arrive enfin aux geysers. On attend un moment que le plus gros s’active mais en vain, on aura le droit qu’aux petits juste à côté mais c’est déjà pas mal. On continu plus

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Puis on se promène dans le parc, avec toujours l’odeur de soufre dans les narines 

loin, c’est plutôt joli, notamment avec la forêt tout autour et la fumée qui se dégage du sol un peu partout. Cependant tout est tellement balisé qu’un côté non naturel gâche un peu le site. Quand on a fini, il est déjà trop tard pour faire autre chose donc on cherche un camping dans le coin. Ils sont un peu plus chers que précédemment, surement dû au fait que Rotorua est un des endroits les plus touristiques de la Nouvelle Zélande. On en trouve un très bien au bord d’un lac, et on imagine déjà la vue au réveil. Effectivement, quand on sort du camping le lendemain matin, on se rend compte que le lac est immense et qu’il est entouré d’une forêt. On va rester dans le coin de Rotorua aujourd’hui et on commence par faire un tour aux Redwoods, une superbe forêt dense avec des arbres immenses, dans laquelle on se balade une bonne demi-heure. Histoire de profiter au maximum de l’endroit, on va au départ des pistes de VTT, on en loue 2, puis on fait un parcours de 2 heures dans la forêt. On s’arrête en haut d’une colline qui domine les Redwoods et Rotorua, on pique-nique, puis on redescend et le chemin qu’on prend est un peu tendu pour notre niveau de VTT, avec des bonnes descentes, des bosses et des virages bien serrés. On rend les vélos et on va au musée de Rotorua où on en apprend un peu plus sur l’histoire du pays, les Maoris et les premiers explorateurs européens,

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mais aussi sur l’histoire de la ville et de son activité géothermique. Il y a aussi quelques expos temporaires plus modernes. Le musée est vraiment bien fait, il y a plein de choses différentes mais c’est la partie historique qui nous semble la plus intéressante. Ensuite, on passe rapidement au parc Kuirau. Ville thermale oblige, on peut y voir des marres de boue bouillante, des petits cratères qui émettent de la vapeur et bien sûr il y a une forte odeur de soufre. On finit la journée par Ohinemutu, un petit quartier Maori tout au nord de Rotorua, au bord du lac éponyme. Etant donné qu’il commence à faire nuit, il n’y a pas grand monde mais on peut voir la salle de rencontre Maori de l’extérieur et d’autres détails propres à cette culture. On est étonné de voir de nombreux trous un peu partout dans le bitume qui émettent de la vapeur et des bruits d’ébullition, encore un témoignage de l’activité géothermique de la région. Il est temps de nous rendre au camping du jour. Cette fois on a réservé, il est situé dans la vallée de Waikite, à 30 km au sud de Rotorua et petite originalité, il y a des sources thermales à disposition. On se gare, on s’installe, puis on se baigne dans l’eau chaude sous les étoiles. C’est moins chaud et agréable que les onsens japonais mais on apprécie bien, parfait avant de se coucher pour reprendre des forces afin de continuer vers le sud de l’île nord.

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 Le Mont Tongariro est un volcan, la

zone entière d’ailleurs est volcanique avec 2 autres volcans, le Ruapehu et le Ngauruhoe. Ce dernier est connu de tous les fans des films du Seigneur des Anneaux car il a été utilisé pour représenter la Montagne du Destin

TONGARIRO

P

resqu’une semaine déjà en Nouvelle Zélande. On se réveille tranquillement près des sources thermales de la vallée de Waikite. On reprend la route, direction Taupo plus au sud. En 2 heures on y est, on va au centre-ville et en face on peut voir l’énorme lac du même nom. A certains endroits, il y a des petits bassins d’eau chaude et de la vapeur s’en échappe. Après plusieurs jours de beau temps, il pleut et ça nous arrange pas car on voulait faire du kayak sur le lac. Du coup on change nos plans et on va à Huka Falls, là où la plus longue rivière de Nouvelle Zélande, Waikato, coule dans un passage étroit, ce qui la transforme en véritable torrent, juste avant qu’elle ne se jette dans un grand bassin d’eau claire. Ça nous rappelle un peu les Gorges du Tigre en Chine. Puis on va à Orakei Korako, un parc géothermique pas loin de Taupo et pas très connu. Pour y accéder il faut prendre un petit bateau pour rejoindre la rive en face en 5 minutes. Le site est magnifique, grand, naturel, on fait le tour en 1 heure et demi. On voit de superbes paysages volcaniques, une

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grotte et une végétation surprenante. Bien meilleur à ce niveau que ce qu’on a vu à Rotorua (sauf pour les geysers). Ensuite on ne sait pas trop quoi faire. On avait prévu de faire la fameuse randonnée du Tongariro le lendemain mais apparemment il faut attendre après-demain pour avoir des conditions météo acceptables pour apprécier correctement l’expérience. Aucun intérêt aussi de rester sur Taupo, le mauvais temps réduit fortement le champ des activités possibles. Du coup on décide de faire un bon détour en allant vers la côte est, à Napier et Hastings, où la météo est bien meilleure. Même si c’est juste pour une journée, on verra un autre coin intéressant du pays. Après 2 bonnes heures de route, on arrive à Hastings. Il est tard, reste plus qu’à nous installer au camping pour la nuit. On se réveille tôt pour aller faire une petite balade à Te Mata Peak, pas très loin d’Hastings. Quand on démarre le van, un voyant rouge qui fait pas plaisir du tout s’allume, un problème avec le liquide de refroidissement. S’il s’agit juste d’en remettre ce n’est pas un problème, mais la veille en fin de journée

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on a senti que le van avait beaucoup perdu en puissance d’accélération, donc on a un doute sur l’importance de ce signal. Pour être sûr que tout soit en ordre, on appelle l’agence de location qui contacte un dépanneur qui nous rejoint rapidement. Effectivement, le liquide est au plus bas, il en remet et concernant le problème d’accélération, il effectue un scanner du van pour être sûr. Malheureusement il détecte un souci qui nécessite réparation dès que possible. On peut encore rouler mais dès qu’il y aura une côte le moteur va souffrir. Il s’en va, on rappelle l’agence et plus de problème, on leur dit juste où on dort ce soir et ils nous envoient un véhicule de remplacement. Plutôt efficace, ça nous rassure. Il faut juste passer la journée et nous rendre au prochain camping, en espérant que le van tienne le coup. Avec l’ajout de liquide, le van avance mieux, et on arrive enfin à Te Mata Peak. On avait prévu une balade de 2 heures mais en raison du temps perdu à cause de cet imprévu mécanique, on part sur un itinéraire plus court. Te Mata Peak est un petit sommet de 399 mètres avec tout autour des plaines vertes, des champs, des moutons, des forêts et quelques chemins de randonnée. Ça ressemble exactement aux superbes paysages qui défilent tandis qu’on roule depuis notre arrivée dans le pays, sauf que cette fois on va s’aventurer dedans. Au sommet, on a une belle vue sur les environs, du vert à perte de vue, avec quelques bouts de village ou de ville par ci par là. On a bien fait de faire des kilomètres pour voir ça, ça en valait la peine. Dommage juste que notre passage sur ce très beau site soit plus court que prévu. On reprend la route vers Taupo pour descendre après au parc national de Tongariro. On espère y être en fin de journée, nous reposer et être frais pour la randonnée de demain qui s’annonce excellente avec une météo idéale visiblement. En chemin on fait une halte à Napier, la soit disant capitale de l’art déco. Un tremblement de terre a démoli presque toute la ville en 1931 et tout a été reconstruit dans le style de l’époque. Et effectivement, tandis qu’on passe dans le centre-ville, on peut voir cette influence sur de nombreux bâtiments et mêmes les panneaux de direction. On fait quelques courses et un déjeuner rapide, puis on repart. Plus on se rapproche de Taupo et plus le véhicule perd en puissance, on essaye de ne pas trop s’inquiéter et on espère toujours arriver au camping pour récupérer le van de remplacement. Il ne nous reste plus qu’une heure de route, on a dépassé Taupo et on se rapproche maintenant du but, à savoir Tongariro, quand de nouveau le voyant rouge du liquide de refroidissement s’allume. On s’arrête en face du lac Taupo, on ouvre le capot et bien sûr le liquide est de nouveau au plus bas… pas de chance. On rappelle l’agence, on aimerait bien remettre du liquide et continuer (surtout pour une petite heure) mais après discussions, c’est le conducteur du nouveau van qui va venir à notre rencontre. Seulement il ne pourra être là que

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dans quelques heures car il est de l’autre côté de l’énorme lac. Du coup, nous voilà bloqués. En attendant, on dîne, on s’occupe du blog (on est bien en retard) et on regarde le coucher du soleil sur le lac. Notre sauveur arrive 3 heures plus tard, un type imposant, tatoué un peu partout, et il nous offre une bonne bouteille de vin en guise d’excuses. On lui explique le problème, il nous laisse le nouveau van (complètement identique au précédent) et reprend l’ancien qu’il va essayer de ramener à Auckland. Au final, on s’en sort plutôt bien. On reprend la route et on arrive vers 22 heures au camping de Whakapapa, pas loin du début de la rando du Mont Tongariro. Reste plus qu’à prendre des forces avant ce nouveau challenge physique (il paraît que c’est pas évident). On se réveille à 6h, on gare le van devant le camping, puis on prend un bus pour aller au départ du Tongariro Alpine Crossing, probablement la randonnée la plus connue de Nouvelle Zélande et la meilleure selon certains. On arrive et il y a vraiment beaucoup de monde. Ça fait plusieurs jours qu’il ne fait pas beau et la semaine suivante il va commencer à neiger. Mais aujourd’hui il y a un grand ciel bleu et une poignée de nuages, c’est donc maintenant ou jamais pour beaucoup de touristes (nous compris). On commence à marcher et dès les premiers kilomètres, on passe devant de beaux paysages lunaires. Le Mont Tongariro est un volcan, la zone entière d’ailleurs est volcanique avec 2 autres volcans, le Ruapehu et le Ngauruhoe. Ce dernier est connu de tous les fans des films du Seigneur des Anneaux (même sans qu’ils le sachent) car il a été utilisé pour représenter la Montagne du Destin (ou Mount Doom en anglais). Du coup, on est entouré de déserts de roches noires, de terres grises et de végétation spécifique aux volcans On arrive en face du Ngauruhoe, le ciel est bien dégagé, on peut voir la symétrie parfaite de ses versants. Ça commence à grimper pas mal, puis on atteint la zone du Cratère Sud du Tongariro, encore une fois un grand désert volcanique avec un petit lac. On fait encore un dernier gros effort pour arriver au point le plus haut de la randonnée, un peu plus de 1900m, soit quasiment la moitié du parcours. De là, on a une belle vue sur le Cratère Rouge, d’où s’échappe de la vapeur et une légère odeur de soufre. On commence à descendre et on aperçoit les Lacs d’Émeraude, et là ça sent vraiment le soufre. Il y a une bonne pente un peu glissante de sable et de gravas noirs, je tombe une fois avant de comprendre qu’il suffit juste de se laisser glisser. Plus on s’approche des lacs et plus leur couleur verte est éclatante, surement le moment le plus impressionnant. On s’arrête au plus petit des 3 (et le moins fréquenté) pour déjeuner puis on repart. On remonte un petit peu mais pas trop et sur la gauche on a une belle vue sur le Cratère Central et le Mont Ngauruhoe. On peut voir clairement les restes d’une ancienne coulée de lave. Sur la droite, on voit le grand Lac Bleu, un peu embrumé.

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On est presque à la fin de la randonnée, il reste 1000m à descendre. On passe d’abord par une grande plaine qui n’en finit pas de végétation volcanique, d’où on a une bonne vue sur des pâturages et un énorme lac (un autre!), tandis que dans notre dos le Tongariro parait de plus en plus loin et de plus en plus nuageux. On rentre ensuite dans une forêt pour les tous derniers kilomètres, juste avant d’arriver sur un parking où un bus nous attend pour nous ramener au camping et au van. Et bien on a bien fait d’attendre qu’il fasse suffisamment beau pour pouvoir le faire, on s’est bien régalé. On a marché plus de 6 heures, c’était fatiguant (mais on a connu pire), et on a pas vu le temps passer tellement les paysages sont incroyables. Seuls les derniers kilomètres dans la plaine sont un peu monotones mais sinon le reste est génial. Bien contents de cette nouvelle expérience, on reprend la route direction Wellington, capitale de la Nouvelle Zélande, tout au sud et notre dernière étape sur l’île Nord. On s’arrête en chemin à Palmerston North pour la nuit car la route est longue et c’est pas comme si on avait marché toute la journée. On dort longtemps, histoire de récupérer

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un peu puis on continu vers Wellington. On s’arrête pour déjeuner à Paekakariki, devant la plage. Puis on se promène dans le parc Queen Elizabeth, juste à côté, qui est en fait une suite de dunes de sable en face de la mer. On fait ensuite les derniers kilomètres qui nous séparent de la capitale. En arrivant, on va directement au sommet du Mont Victoria, accessible en voiture et qui permet d’avoir une vue sur la ville. Ensuite, on va au musée national du pays, Te Papa, pour finir la journée. Gratuit, il est très bien fait et vaste, il y a de quoi y passer 2 jours si on rentre dans le détail de chaque expo. De plus, il y a plein de petits jeux pour mieux comprendre les différents sujets. On en apprend plus sur l’histoire du pays, l’arrivée des Maoris, des Anglais et des Européens en général, l’activité volcanique, la faune et la flore (qui au final ne sont pas complètement des phénomènes naturels), etc… Après ce moment culturel, on va au camping qu’on a repéré pour passer la nuit, qui a l’avantage d’être proche du ferry car demain matin, très tôt, on fait la traversée pour rejoindre l’île Sud. Il paraît que c’est encore plus beau que l’île Nord.

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 On se réveille

tôt pour aller faire une petite balade à Te Mata Peak, pas très loin d’Hastings



 On remonte un petit peu mais

pas trop et sur la gauche on a une belle vue sur le Cratère Central et le Mont Ngauruhoe. On peut voir clairement les restes d’une ancienne coulée de lave.

Plus on s’approche des lacs et plus leur couleur verte est éclatante, surement le moment le plus impressionnant 



 Le parc d’Abel Tasman est en fait une

suite de baies et de plages, entourées de forêts, avec quelques maisons et refuges par ci par là, le tout étalé sur 51 km. On a prévu d’en faire une bonne vingtaine.

ABEL TASMAN

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h du matin… ça faisait longtemps qu’on s’était pas levé aussi tôt. On va au port et après quelques minutes d’attente, on gare le van dans le ferry. La traversée pour rejoindre l’île Sud de la Nouvelle Zélande va durer 3h30. On en profite pour avancer sur le blog (toujours en retard) et on va également sur le pont lors du départ de l’île Nord (vue sur Wellington) et l’arrivée à l’île Sud (passage dans plusieurs baies avant d’arriver à Picton). Durant le trajet, une allemande qui vit en Nouvelle Zélande nous demande si on peut l’amener à Nelson, ville qui est sur notre route vers le parc national Abel Tasman, notre 1ère étape sur l’île Sud. On hésite puis on accepte, elle a l’air sympa. Plus tard elle revient nous voir, nous dit qu’elle a trouvé quelqu’un d’autre et nous présente un autre auto-stoppeur, un américain, qui lui va exactement au même endroit que nous. Difficile de refuser… Et ce n’est pas fini, en sortant du ferry, l’allemande revient et finalement elle souhaiterait revenir avec nous car les gens avec qui elle devait partir font un arrêt avant Nelson et ça ne l’arrange

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pas. Pas vraiment convaincu par toute cette histoire mais encore une fois difficile de dire non, de toute façon ça ne change rien pour nous. Nous voici donc parti vers Abel Tasman avec 2 auto-stoppeurs à l’arrière. Pendant qu’ils discutent entre eux (on n’entend pas vraiment ce qui se passe derrière), les paysages de l’île Sud défilent devant nous. C’est assez différent de l’île Nord, à première vue cela nous semble plus rural et nettement plus montagneux (le nord du pays l’était déjà pas mal alors je vous laisse imaginer), beaucoup plus de forêts aussi. Il y a également des baies immenses avec des eaux calmes à perte de vue. Ce pays ne finit pas de nous émerveiller. On arrive à Nelson, l’allemande nous quitte, puis on continu vers Motueka, « ville » la plus proche d’Abel Tasman. On s’arrête à l’office de tourisme pour prendre des infos sur les randonnées possibles dans le parc national. On décide de partir sur un parcours de 7 heures et on réserve le bateau taxi qui doit nous amener au point de départ. On fait ensuite quelques courses puis on va à Marahau, un tout petit peu plus au nord, village étape à la

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frontière d’Abel Tasman. On trouve un camping, l’américain prend une chambre en dortoir tandis qu’on gare le van. On est en milieu d’après-midi et on se dit que cette fois on va pouvoir prendre du temps pour se reposer (ce qu’on a pas vraiment fait depuis notre arrivée en Nouvelle Zélande). Mais en raccordant le van à l’électricité du camping, rien ne se passe. Encore un problème avec le van? On s’inquiète, on fait un aller-retour à un autre camping, avant de comprendre que le bouton d’alimentation principal du van, bien caché, était sur off et on ne comprend pas trop comment cela a pu arriver (il est derrière un panneau en plastique). Résultat, on a perdu du temps et de l’énergie alors qu’on en a besoin pour être en forme pour une nouvelle randonnée le lendemain. Néanmoins, celle-ci devrait être plus facile que celle du Tongariro sur l’île Nord. Tant mieux car c’était il y a à peine 2 jours. Au final, on dort suffisamment pour être en forme,

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on récupère l’américain puis on va au RDV pour le bateau taxi qui doit nous amener au départ de la randonnée en plein cœur du parc d’Abel Tasman. En passant, on s’arrête devant une colonie de phoques, la première fois qu’on en voit en milieu naturel, et quelques formations rocheuses atypiques. Sur le bateau, l’américain sympathise avec un irlandais, et une fois qu’on débarque sur la plage depuis laquelle on va commencer à marcher, on décide de partir tous ensemble. Le parc d’Abel Tasman est en fait une suite de baies et de plages, entourées de forêts, avec quelques maisons et refuges par ci par là, le tout étalé sur 51 km. On a prévu d’en faire une bonne vingtaine. Une particularité du site est la différence importante de niveau entre marée haute et marée basse, ce qui permet parfois de prendre des raccourcis. Après quelques heures à marcher dans la forêt, on arrive sur une première baie. La marée est descendante

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et une petite bande de sable commence à créer un lac côté forêt tandis que le niveau continu de baisser de l’autre. On avance, on voit une autre baie, plus grande avec une eau claire, couleur émeraude et quelques résidences secondaires en face (ça donne envie!). Ici aussi, il y a une grande bande de sable qui fait office de barrage, mais la marée est maintenant tellement basse que derrière au lieu d’un lac d’eau de mer, il y a un grand désert de sable humide. A ce niveau du parcours, il existe un raccourci mais le niveau de la mer est encore un peu trop élevé pour qu’on puisse passer sans problème. On poursuit donc pour arriver sur… une autre baie bien sûr! Cette fois on s’arrête pour manger, dans un cadre idyllique, dommage juste qu’il fasse trop froid pour qu’on puisse se baigner. C’était la dernière grande baie du parcours, il reste encore 4 heures de marche pour rejoindre Marahau. Sur le chemin du retour, on profite de belles vues

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d’ensemble du parc, on voit des îles au loin et à la fin on aperçoit la grande plage en face du village d’où on est parti en bateau le matin. Sauf que la marée est complètement basse cette fois et qu’il y a au moins 500 mètres entre la mer et le début de la plage. On marche dans ce paysage qui a des allures de désert, sympa pour finir la randonnée. On récupère le van près du local des bateaux taxis, l’américain nous quitte pour poursuivre son voyage de son côté, tandis qu’on retourne au camping de la veille (où l’irlandais reste également). On avait pas prévu de dormir de nouveau ici mais on est un peu trop fatigué pour reprendre la route de suite. Encore une très belle balade à notre actif mais moins impressionnante que celle du Tongariro (et surtout après avoir vu notre compte de plages paradisiaques en Asie du sud-est, au moins on pouvait se baigner!). Elle n’en reste pas moins fatigante et on s’endort rapidement ce soir-là.

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 On profite du reste de la journée pour

aller à la pointe de la péninsule de Kaikoura afin d’observer une colonie de phoques

KAIKOURA

A

près une longue nuit bien méritée, on quitte Marahau, un peu plus de 4 heures nous séparent de Kaikoura, une petite ville sur la côte est de l’île Sud. On peut y observer des baleines, se promener dans une colonie de phoques, nager avec des dauphins, un endroit parfait pour s’approcher de différents mammifères marins. Comme d’habitude, la route est très belle, on passe devant des lacs, des champs, des montagnes et des vignes, la région abritant de nombreux producteurs de vin néo-zélandais (et on peut vous dire qu’il est bon!). On s’arrête pour déjeuner à Picton, puis on continu. Après une bonne heure, on voit la mer sur notre gauche et on arrive peu de temps après à Kaikoura. En arrivant on hésite à réserver une excursion en mer pour observer des baleines. Une seule société le propose à Kaikoura et c’est vraisemblablement l’expérience incontournable du coin. Mais notre intuition nous pousse à faire quelques recherches sur Internet et il semblerait que ce ne soit pas forcément la meilleure manière de dépenser notre argent, les retours des clients ne donnant

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pas vraiment envie (en plus Fanny a déjà vu des baleines au Canada). Du coup on réserve plutôt une sortie en mer pour aller nager avec des dauphins (on va encore porter des grosses combinaisons dans l’eau glacée, sachant qu’elle est encore plus froide que dans le nord!). Ils sont très nombreux à Kaikoura et ce n’est pas rare d’avoir une centaine de dauphins autour de soi dans l’eau (enfin d’après ce qu’on a lu). Maintenant qu’on sait ce qu’on va faire ici, on profite du reste de la journée pour aller à la pointe de la péninsule de Kaikoura afin d’observer une colonie de phoques. On peut vraiment bien s’approcher mais pas trop quand même, ils peuvent être assez agressifs. Il y a même un petit bébé qui lui vient carrément nous voir. En plus des phoques il y a aussi beaucoup d’oiseaux, avec en fond l’océan et des rochers sur lesquels les vagues viennent s’écraser, un bel endroit que le coucher de soleil met encore plus en valeur. Suite à cela, il est temps de nous installer au camping pour la nuit. De nouveau un réveil bien matinal pour arriver à l’heure au RDV pour aller nager avec les

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dauphins. Comme on s’y attendait un peu, c’est l’usine, beaucoup de monde, une organisation bien huilée et adaptée pour recevoir un gros volume de touristes. Mais finalement tout le monde est réparti sur 3 bateaux différents ce qui donne l’impression d’une expérience un peu plus personnelle. On nous donne des combinaisons épaisses, d’une qualité pas forcément très bonne. On espère que ça suffira pour nous tenir chaud, l’eau est apparemment à 14°. Le bateau quitte le petit port de Kaikoura et on navigue une bonne heure sans voir le moindre dauphin. On commence à douter, il y a une politique de remboursement si on en voit pas, mais on est pas venu pour seulement faire un tour en bateau. Quelques personnes commencent à vomir à cause du mal de mer, la mer est agitée aujourd’hui et on avait prévu le coup en prenant un médoc. Enfin le skipper aperçoit des dauphins et donne le signal pour qu’on puisse aller dans l’eau. Effectivement, on peut voir autour du bateau comme prévu une bonne centaine de dauphins qui sortent régulièrement de l’océan pour pendre de l’air tout en suivant le bateau. On rentre dans l’eau avec palmes, masque et tuba, et elle est tellement froide qu’il nous faut quelques minutes pour reprendre notre souffle avant de pouvoir nager. Puis on commence à essayer d’attirer l’attention des dauphins pour qu’ils viennent nous voir, en poussant des petits cris, en faisant de l’apnée, etc… des petites astuces efficaces selon les guides. Malheureusement la visibilité n’est pas bonne (elle ne l’est jamais en fait à cause des nutriments et du plancton qui attirent justement à Kaikoura les mammifères marins), mais les dauphins passent vraiment très près devant notre masque. On fait en tout 4 passages dans l’eau. A chaque fois, on voit arriver la nuée de dauphins, le bateau nous arrête sur leur trajectoire, et plus on y va et plus on comprend comment les attirer et les suivre (un peu). La 3ème fois j’en vois peut être une trentaine défiler devant moi. Le bateau retourne ensuite au port mais accompagne une dernière fois les dauphins, un véritable troupeau glissant à la surface de l’océan. C’est très impressionnant et même si l’excursion est très touristique, on a beaucoup aimé l’expérience. On déjeune ensuite avec un couple de français rencontrés sur le bateau et qui font eux aussi un tour du monde. Coïncidence, leur prochaine étape est également la Polynésie Française. On partage nos expériences dans les différents pays visités, on mange des bons fruits de mer et on s’échange nos contacts pour éventuellement se retrouver plus tard sur une île. Après ça on retourne à la colonie de phoques, cette fois la mer est basse, on en voit beaucoup plus et ils n’hésitent pas à nous grogner dessus dès qu’on s’approche trop près. On finit cette grosse journée par une balade de 2 heures sur les falaises un peu plus loin. Une belle promenade avec la mer à gauche et des champs d’un vert typiquement néo-zélandais à droite. En bas, on aperçoit d’autres colonies de pho-

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ques, plus grandes, on descend les voir et il y a aussi des cormorans. Retour au camping, pendant que Fanny se repose dans le van, je profite des bassins d’eau chaude tout en regardant les étoiles. On se lève tard le lendemain, puis on reprend la route pour aller à Akaroa, pas très loin de Christchurch où on doit rendre le van, notre dernière étape donc dans le pays. Avant de quitter Kaikoura, on repasse voir nos amis les phoques pour prendre quelques photos. Quand on arrive dans la péninsule de Banks, la région d’Akaroa, le paysage change. Des éruptions volcaniques ont formé des montagnes et des vallées qui sont aujourd’hui vertes et occupées par des moutons et des vaches. L’océan pénètre jusqu’au centre de la péninsule et c’est à ce niveau qu’est situé Akaroa. Pour la petite histoire, la ville est l’endroit où se sont installés les premiers français du pays. L’architecture des maisons a donc un petit parfum de France et le nom des rues et de certains magasins est bien sûr en français. Avec le petit port, les reliefs tout autour et l’ouverture au loin vers l’océan, Akaroa est un charmant village. Malheureusement on arrive un peu tard, donc on prend des

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 On rentre

dans l’eau avec palmes, masque et tuba, et elle est tellement froide qu’il nous faut quelques minutes pour reprendre notre souffle avant de pouvoir nager. Puis on commence à essayer d’attirer l’attention des dauphins pour qu’ils viennent nous voir, en poussant des petits cris, en faisant de l’apnée, etc… des petites astuces efficaces selon les guides.

bières et on s’assoit au port pour simplement profiter du paysage tandis que le soleil se couche. Ça valait quand même le déplacement, autant profiter du van jusqu’au bout. On trouve un camping pour la nuit avec une vue sur le village. C’est notre dernière soirée dans le van et c’est l’endroit où on a dormi le plus longtemps depuis notre départ, mine de rien on s’y est attaché. Toute dernière journée en Nouvelle Zélande. On commence par ranger nos affaires et nettoyer le van, puis on part d’Akaroa. On profite une dernière fois des paysages de ce beau pays sur la route vers Christchurch. On arrive à l’agence, on rend le van et on se retrouve de nouveau avec nos sacs à dos, à pied, honnêtement ça nous avait pas trop manqué. La fille de l’agence nous dépose à un arrêt de bus et de là on rejoint le centre de Christchurch. On trouve facilement une auberge de jeunesse avec une chambre de dispo. Même si on a adoré le road trip, on va apprécier de ne plus avoir à sortir dans le froid pour aller aux toilettes ou se doucher. Le reste de la journée on se balade en ville. Un gros tremblement de terre a eu lieu ici en 2011, faisant plusieurs morts et détruisant en partie Christchurch. C’était il y a 3

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ans, mais aujourd’hui encore une bonne partie du centre-ville est toujours en chantier et beaucoup de bâtiments semblent inoccupés. Mais il y a aussi des quartiers avec des maisons très jolies, pas de grands immeubles, des parcs, etc… ça a dû être une belle ville mais aujourd’hui, ça fait plutôt ville fantôme en fait. On passe un petit moment dans le jardin botanique, le parc principal de Christchurch, puis on rentre à l’auberge en fin d’après-midi, pour une courte nuit avant notre vol pour la Polynésie Française. La Nouvelle Zélande est un pays tout simplement magnifique, jamais au cours de ce voyage ou les précédents nous n’avons été autant bluffés. Il est presque impossible de ne pas tomber chaque jour sur un paysage époustouflant. C’était aussi génial de l’avoir parcouru en camping-car, surement la manière la plus simple et agréable de visiter le pays. On a adoré et on espère pouvoir y revenir rapidement, notamment pour continuer d’explorer l’île Sud qui semble encore plus impressionnante que celle du Nord. Et en plus il y a du bon vin! Vous attendez quoi pour réserver votre billet?

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Juin 2014

POLYNÉSIE FRANÇAISE


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 Quand Ruma et Tam nous aperçoivent,

ils nous accueillent avec les traditionnels colliers de fleurs

MOOREA

U

n taxi pour l’aéroport de Christchurch à 6h du matin, un avion pour Auckland, une escale de 4 heures, un autre avion pour Papeete et nous voici arrivés à Tahiti en Polynésie Française. Dans l’avion on était déjà dans l’ambiance : musique tahitienne et une fleur remise à chaque passager. Et quand on sort de l’aéroport ça continu avec un petit concert, des danseuses et des danseurs. Quand Ruma et Tam nous aperçoivent (des amis que Fanny n’a pas vus depuis presque 10 ans), ils nous accueillent avec les traditionnels colliers de fleurs. On a connu pire en débarquant dans un nouveau pays; On est content aussi de retrouver un climat tropical, on va pouvoir remettre les shorts et les tongs. On va ensuite dans un bar pas loin. Ça parle français partout et ça fait bizarre après ces nombreux mois dans des pays non francophones. On boit quelques bières, on discute, puis Fanny et moi on part avec Tam chez lui pour passer la nuit, une maison sur les hauteurs de Tahiti avec une vue sur l’océan et l’île en face, Moorea, où habite Ruma et où nous irons demain. Il

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est 1h du matin, on a voyagé toute la journée, sans dormir, on s’endort rapidement. Après une longue nuit, on passe la journée chez Tam, avec sa compagne Cécile et leur petite fille Tea. On devait se lever pour aller au marché de Papeete et à la plage, mais on a trop la flemme. Ça fait depuis la Thaïlande, soit 2 mois environ, qu’on a pas pris le temps de se reposer vraiment, on va profiter de notre séjour ici pour le faire. En fin d’après-midi, on prend le ferry pour Moorea. Ruma et son copain Gaëtan (qui ont passé eux aussi la nuit sur Tahiti mais sont partis plus tôt ce matin) nous attendent à la sortie. On arrive chez eux, une maison avec jardin à 2 minutes à pied d’une petite plage, c’est ici que nous passerons l’essentiel de notre séjour. On se lève encore assez tard puis on part en tout début d’après-midi en voiture avec Ruma. On s’arrête dans plusieurs clubs de plongée, afin de choisir celui avec lequel on a le meilleur feeling, ainsi qu’à 2 salons de tatouage. J’aimerai bien en faire un nouveau ici, le tatouage étant une spécialité polynésienne, un véritable patrimoine culturel. Mais pour l’instant, je me rensei-

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Avant d’arriver au site, des dauphins suivent le bateau, nettement plus gros que ceux qu’on a vu en Nouvelle-Zélande. On commence la descente et rapidement des requins pointes noires s’approchent mais pas trop, à la fois curieux et craintifs. Il y a pas mal de vie mais on attend en vain la venue des requins citrons, plus gros et l’attraction principale de ce spot de plongée. gne juste, on verra plus tard si je trouve un tatoueur fiable. En chemin, on passe devant les 2 baies principales de l’île, Opunohu et Cook, et la grande plage de Temae (lagon, eau turquoise, sable blanc … la carte postale). Au final, on a fait le tour de l’île en une heure environ sans compter les arrêts. On va ensuite chez la sœur de Ruma pour qu’elle me coupe les cheveux (elle était proprio d’un salon de coiffure). Pas de mauvaise surprise cette fois, le résultat correspond aux attentes (désolé pour ceux qui attendaient une nouvelle catastrophe capillaire ). Après ça, on rentre chez Ruma et Gaëtan. Le jour suivant, le ciel est bien couvert, en fait depuis notre arrivée, on a pas de chance au niveau du temps. Mais l’après-midi ça s’améliore enfin et on va à la plage de Temae avec Ruma. A peine on pose nos affaires sur le sable qu’on aperçoit une raie à travers l’eau claire. Je me précipite pour aller l’observer (ce qui fait bien rire Ruma), tandis que Fanny en repère une autre pas loin. En Thaïlande, voir une raie en plongée ça n’arrive pas tout le temps, ici, il suffit juste d’avancer quelques mètres dans le lagon. On déjeune sur la plage et on se baigne dans le lagon qui, séparé de l’océan par une barrière de corail, est en fait comme une énorme piscine. On va ensuite à une autre plage, un peu plus loin. On est les seuls et il y a nettement plus de corail donc nettement plus de poissons, je repère même un petit hippocampe. De retour à la maison, on prépare des noix de coco récupérées un peu partout afin d’en extraire le lait qu’on utilisera comme ingrédient pour le repas du soir. C’est toute une procédure : enlever la bourre (le plus dur, il faut carrément s’aider d’un pieu), casser la noix en deux (plus simple), râper l’intérieur avec un outil spécial et enfin extraire le lait en compressant la noix de coco râpée à l’aide d’un tissu. On utilise ensuite le lait pour cuisiner des crevettes-coco, un régal. Encore une journée calme sur Moorea, demain on va se bouger avec notre première plongée en Polynésie Française. 1ère fois qu’on se lève tôt depuis notre arrivée, on arrive au club de plongée à 8h30, on s’équipe puis on part. Malheureusement le mauvais temps est toujours bien installé, la pluie promet une plongée avec peu de visibilité. Avant d’arriver au site, des dauphins suivent le bateau, nettement plus gros que ceux qu’on a vu en Nouvelle-Zélande. On commence la descente et rapidement des requins pointes noires s’approchent mais pas trop, à la fois curieux et craintifs. Les coraux ici ne sont pas dans

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un très bon état, victimes d’un cyclone et d’une espèce d’étoile de mer vorace qui ont fait des ravages. Mais on peut voir les nouvelles pousses qui témoignent de la régénération en cours du récif. Il y a pas mal de vie, on recroise régulièrement des pointes noires mais on attend en vain la venue des requins citrons, plus gros et l’attraction principale de ce spot de plongée. Ajouté à cela une visibilité moyenne pour la Polynésie Française (mais normale pour d’autres coins de la planète), on finit cette 1ère plongée sur notre faim. Même chose pour la 2ème plongée, des petits requins et une belle coulée de lave qui a permis à des coraux atypiques de pousser, sympa mais en dessous de nos attentes. On a pas eu de chance avec la visibilité et l’absence de requins citrons mais c’est pas grave, d’autres plongées sont prévues. On déjeune ensuite dans un petit resto bien situé au bord du lagon bleu qu’on peut bien voir en raison d’une petite éclaircie. Puis on fait le tour de l’île à la recherche de tatoueurs. La plupart ne semblent pas vraiment sérieux, on finit par en trouver un qui pourrait faire l’affaire mais il n’est pas vraiment réputé sur le marché. Du coup, je vais encore prendre un peu de temps avant de me décider. Bien crevés par cette journée et les plongées, on se couche très tôt ce soir-là. Quand on se lève, on a enfin le droit à un grand ciel bleu. Le 8 mai étant également férié ici, Gaëtan se joint à nous pour la journée. On s’arrête au panorama Toatea où on était passé il y a quelques jours mais cette fois, avec le soleil, la mer est bien turquoise. Puis on va jusqu’à la baie d’Opunohu et de là on monte en haut de la vallée du même nom jusqu’au belvédère. On a une superbe vue sur les 2 baies et la forêt luxuriante tout autour. En descendant, on s’arrête à 2 sites archéologiques, des ruines de marae (des lieux de culte, de rites et de sacrifices parfois humains). Ensuite on va à Hauru, au nord-ouest de l’île. On cherche des kayaks pour aller aux motus juste en face (petites îles) et on a bien du mal car presque tous sont déjà loués, mais finalement on trouve deux simples et un double. Fanny, Ruma et Gaëtan partent en kayak sur le lagon vers le seul motu avec un resto, tandis que je fais le trajet à la nage, histoire de faire un peu de snorkeling au passage (à peine moins rapide qu’en kayak au final). On s’installe au resto et sur la petite plage juste en face on peut voir jusqu’à 5 raies qui se promènent et se rapprochent. On peut même les toucher, apparemment

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 Panorama

Toatea avec une vue sur Tahiti

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Aujourd’hui est un jour spécial, c’est l’anniversaire de la mère de Ruma et la majeure partie de la famille va se réunir pour l’événement. Quand on arrive, un veau à la broche est en cours de préparation, la bête est d’ailleurs bientôt cuite 

elles sont régulièrement nourries par les touristes, elles ne viennent donc pas là par hasard. On s’amuse un petit moment avec elles puis on déjeune du poisson cru (spécialité locale). Après ça, on essaye nous aussi de nourrir les raies avec des restes de poisson donnés par le resto mais elles ne viennent pas et c’est les oiseaux qui prennent le relais. On fait ensuite le tour des motus en kayak en faisant quelques arrêts de temps en temps, dont un à une petite baraque où on devait passer la nuit initialement mais à cause du temps incertain on a annulé (dommage car ça aurait été génial de dormir sur le motu, surtout qu’il n’a pas plus de la journée finalement). On est de retour à la plage du départ en fin d’après-midi. Enfin on a pu profiter d’une belle journée ensoleillée dans ce petit paradis. Le lendemain, on part faire la randonnée des 3 cocotiers sur les hauteurs de Moorea. On arrive au début de la piste et on est pas vraiment sûr de notre chemin, aucune indication ou balise pour confirmer la voie à prendre. On demande à des locaux et finalement on est bien dans la bonne direction. On avance à travers une végétation dense et au bout d’un moment on est bloqué, plus de piste visible et aucun moyen d’en trouver une, même en avançant plus loin dans la forêt. Finalement on laisse tomber, on ne veut pas prendre le risque de se perdre et on retourne au point de départ. Petite déception, on pensait pouvoir se débrouill-

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er seuls, sans guide mais il semblerait que ce ne soit pas possible. On s’arrête ensuite au Lycée Agricole pour boire un excellent jus de fruit, et un peu plus loin au Jardin Tropical de Moorea où on peut acheter des fruits et confitures bio, tout en profitant d’une belle vue sur le lagon et la baie d’Opunohu en face. On passe le reste de la journée à la plage de Ta’ahiamanu jusqu’au coucher du soleil. De retour à la maison, on prend un bon apéro avec Ruma et Gaëtan, et on s’endort rapidement. Le réveil est un peu difficile, du coup on part un peu tard de la maison. Avec Gaëtan, on va à la « Montagne Magique ». C’est en fait un point de vue sur le lagon de Moorea côté nord, toujours près de la baie d’Opunohu. Sans 4x4, il faut marcher une bonne demi-heure pour arriver au sommet et la vue vaut vraiment le coup. Puis on va chez le frère de Ruma. Aujourd’hui est un jour spécial, c’est l’anniversaire de la mère de Ruma et la majeure partie de la famille va se réunir pour l’événement. Quand on arrive, un veau à la broche est en cours de préparation, la bête est d’ailleurs bientôt cuite. On fait connaissance avec la famille de Ruma et on profite du festin préparé pour l’occasion. Le dîner a commencé tôt, on rentre également tôt et tant mieux car le lendemain on se lève tôt aussi pour aller sur Tahiti et prendre un avion pour Rangiroa, une île de l’archipel des Tuamotu, apparemment le paradis des plongeurs.

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 On se réveille quand on arrive aux

Tuamotu, l’archipel de la Polynésie Française où est situé Rangiroa. Pour info, il y a en tout 5 archipels : les îles de la Société, les Tuamotu, les Marquises, les Australes et les îles Gambier.

Lagon

RANGIROA

R

éveil à 6 heures afin d’avoir le bateau de 8 heures pour Tahiti. La mer est un peu agitée et quelques personnes vomissent. Après la traversée d’environ 30 minutes, nous voilà de nouveau sur l’île principale de la Polynésie Française. Tam nous attend à la sortie et étant donné que notre vol pour Rangiroa n’est qu’en milieu d’après-midi, on fait un tour au marché de Papeete. Ensuite, on va au nord de la capitale, afin de profiter de quelques vues de ce coin de l’île et passer un moment à la plage de sable noir de la pointe Vénus. Après 2 heures de soleil, de baignade et de snorkeling, on part déjeuner dans un resto pas loin de l’aéroport où Cécile et Tea nous rejoignent. Encore un repas copieux et arrosé, comme quasiment à chaque fois depuis notre arrivée. Du coup on dort bien pendant le vol pour Rangiroa. On se réveille quand on arrive aux Tuamotu, l’archipel de la Polynésie Française où est situé Rangiroa. Pour info, il y a en tout 5 archipels : les îles de la Société (le plus connu avec Tahiti, Moorea, Bora Bora,…), les Tuamotu (nettement plus au nord, composé d’atolls), les Marquises

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(encore plus éloigné de Tahiti et plus sauvage que les autres), les Australes (plus au sud, avec un climat plus tempéré) et les îles Gambier (également très éloigné et peu touristique). Lors de la descente vers le petit aéroport de Rangiroa, on voit bien l’ensemble de l’atoll et son grand lagon bleu. A l’arrivée on est bien accueilli par la propriétaire de la pension où on a réservé (on a le droit encore à la traditionnelle couronne de fleurs) qui nous conduit jusqu’à notre chambre, modeste avec salle de bains commune mais juste en face du lagon. De toute manière, on avait pas le choix vu les prix ici, on a pris le moins cher et la gentillesse de nos hôtes compense le manque de confort. A peine le temps de s’installer qu’il fait déjà nuit. On dîne, on est en admiration devant le lagon éclairé par la lumière de la lune quasi pleine et on se couche tôt pour être en forme pour les plongées du lendemain. L’île est en effet très connue pour ses sites de plongée, parait-il parmi les meilleurs au monde. Une fille du club de plongée passe nous prendre à la pension tôt le matin, on s’équipe et on y va! Les sites sont très proches de l’île ce qui est

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bien pratique, on est rapidement dans l’eau. On descend à peine que 3 gros requins pointes blanches passent nous voir et nous tournent autour durant quelques minutes. Toujours aussi impressionnant de voir ces prédateurs nager gracieusement près de nous. Le reste est assez classique mais un immense banc de carangues, comme un tourbillon dans lequel on peut s’engouffrer nous offre une superbe fin de plongée. Si on est content de cette 1ère plongée, la 2ème nous déçoit un peu. A part une belle raie léopard, rien d’exceptionnel, du moins pas à la hauteur de la réputation de l’endroit Ça devait être la dernière de la journée, ça serait dommage de finir là-dessus et on hésite à replonger l’après-midi. Fanny a un peu mal à une oreille, elle décide de rentrer tandis que je reste en croisant les doigts pour voir tout le potentiel de Rangiroa. J’ai bien fait d’insister en faisant cette 3ème plongée, elle s’avère exceptionnelle : des dizaines de dauphins qui viennent

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tout près, des tortues, une grosse raie manta, une raie aigle et plusieurs requins dont un requin tigre, assez rare. Je retrouve Fanny à la pension, on fait quelques courses pour le dîner, et comme souvent après une journée de plongée, on est bien crevé. Mais avant de dormir on fait connaissance avec un couple d’allemands qui campent à la pension, des tourdumondistes comme nous, et c’est toujours intéressant de partager les expériences. Le lendemain, on explore l’île en vélo. Elle s’étale sur une douzaine de kms et on se rend compte qu’à part la plongée, il n’y a pas grand-chose à faire. Il y a une seule plage publique pas vraiment belle (du moins pour la Polynésie Française) et pour aller aux plages paradisiaques des autres îles de l’atoll, il faut en fait passer par des tours organisés assez cher, trop pour notre budget tour du monde (et pas d’autres solutions malheureusement). Pas grave, c’est quand même sympa de rouler sur ce petit bout de terre perdu au

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 En fin

d’après-midi, on va chez le voisin des proprios qui est pêcheur et aujourd’hui il a attrapé un gros thon. Après avoir fini de le découper, avec ses enfants il commence à jeter les restes dans le lagon juste en face. Peu de temps après, quelques requins arrivent

milieu de l’océan Pacifique. On déjeune à la plage publique, puis Fanny retourne à la pension tandis que je fais une toute dernière plongée, bien moins impressionnante que la précédente. En fin d’après-midi, on va chez le voisin des proprios qui est pêcheur et aujourd’hui il a attrapé un gros thon. Après avoir fini de le découper, avec ses enfants il commence à jeter les restes dans le lagon juste en face. Peu de temps après, quelques requins arrivent, et au fur et à mesure que les découpes de thon sont jetées, d’autres suivent pour au final avoir une bonne vingtaine de requins de plusieurs espèces différentes (dont certains de plus de 2 mètres) s’agiter devant nous pour avaler les morceaux de thon. Le pêcheur et ses enfants accrochent des bouts de thon à une corde afin de tirer les requins hors de l’eau et essayer de les attraper à mains nues, plus par jeu que pour vraiment avoir une prise, mais en vain. Toute la pension est réunie (le couple d’allemands, une

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suisse qui vient d’arriver et nous) ainsi que les proprios devant ce spectacle de fin de journée. On achète du thon au pêcheur à un prix dérisoire, et la propriétaire nous aide à le préparer façon polynésienne (cru au lait de coco et en sashimi). On dîne ensuite avec les autres voyageurs de la pension et comme d’habitude on se raconte nos histoires respectives. Ce soir-là, c’est la pleine lune et elle éclaire de sa lumière pâle le lagon et la petite plage en face de notre chambre, magnifique paysage nocturne sous les étoiles. Dernier jour à Rangiroa, on se lève tard, petit déjeuner avec les autres pensionnaires puis dernière session de snorkeling en face de la pension (avec entres autres, 2 raies et un petit requin, classique pour la Polynésie Française). On décolle juste après le déjeuner (encore du thon). Ce fut court mais ça valait le coup de venir ici pour avoir un aperçu de l’archipel des Tuamotu (et ça donne bien envie de voir le reste).

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 On traverse plusieurs cours d’eau, on se

baigne dans des bassins d’eau fraîche, on passe dans une forêt de bambous, devant plusieurs cascades, tout en étant entouré d’une végétation luxuriante et sauvage.

TAHITI

O

n arrive à Tahiti après un vol turbulent avec un bon trou d’air qui a fait peur à tout le monde. Tam nous attend pour nous déposer au ferry pour Moorea. On arrive chez Ruma et Gaëtan en fin de journée et on enchaîne avec un bon apéro. Le lendemain, repos, plage et coucher de soleil sur le lagon, puis le jour d’après on retourne sur Tahiti car il y a une soirée de prévue chez des amis de Ruma et Gaëtan. Au menu, non pas 1 mais 2 veaux à la broche (toujours aussi bon), chants traditionnels avec ukulélé et karaoké. On mange, on boit et on chante comme des casseroles. On dort peu car on se réveille tôt pour aller faire une randonnée à l’est de Tahiti. Pas forcément le meilleur moment vu notre état, mais pourquoi pas. On a RDV sur un parking non loin du point de départ, où on retrouve une douzaine de personnes dont 3 qui connaissent bien le chemin. Tant mieux, on a fait l’expérience à Moorea, ici il est souvent préférable d’avoir un guide. On apprend que ce qu’on pensait être une randonnée de 4 heures va plutôt durer 6-7 heures, et on constate dès les premiers

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mètres qu’on va avoir les pieds trempés du début à la fin car il faut marcher dans des cours d’eau pour suivre la piste. Ça ne sera visiblement pas aussi simple que prévu et c’est d’autant plus dur car on a peu dormi et bu la veille. On commence à marcher et on remarque après quelques kms que les rochers peuvent être très glissants ce qui nous oblige à avancer doucement. On traverse plusieurs cours d’eau, on se baigne dans des bassins d’eau fraîche, on passe dans une forêt de bambous, devant plusieurs cascades, tout en étant entouré d’une végétation luxuriante et sauvage. C’est vraiment beau mais un peu dangereux, entre le fait que ça glisse presque partout et que c’est souvent très pentu. Quelques personnes chutent d’ailleurs, mais rien de grave. On déjeune à la fin de la piste, près de la dernière cascade, magnifique, entourée de vert et de fleurs jaunes, puis on rebrousse chemin. On arrive aux voitures en fin d’après-midi, sales, fatigués mais contents. Probablement une des meilleures randonnées qu’on ait fait depuis le début du voyage. On repasse à la maison des amis de Ruma et Gaëtan pour

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récupérer nos affaires, puis ils nous déposent chez Tam où nous allons rester quelques jours. Le lendemain c’est l’anniversaire de Tea, la fille de Tam et Cécile, elle fête sa 1ère année! Une vingtaine de membres de la famille et d’amis viennent déjeuner chez eux pour l’occasion. Coucous au menu (ça faisait longtemps et c’est bien bon) et un délicieux gâteau chocolat-coco. Le vin, plusieurs assiettes de couscous et la fatigue liée à la randonnée de la veille auront raison de nous, une sieste s’impose l’après-midi. On émerge juste à temps pour voir le coucher de soleil sur Moorea en face de la maison. On se lève tôt pour partir à la presqu’île de Tahiti avec Tam. En chemin on s’arrête plusieurs fois : un spot de surf, un marae (lieu de culte traditionnel) bien conservé et un jardin botanique. 70 km plus tard, on arrive au bout de la route au sud de Tahiti Iti (nom de la presqu’île). Tam nous laisse ici et les propriétaires de la pension où nous allons passer la nuit nous récupèrent en bateau. On passe devant le spot de surf Teahupoo, mondialement connu, où on peut voir des surfeurs prendre des vagues impressionnantes.

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On arrive à la pension, à l’extrémité de la presqu’île, accessible uniquement en bateau (ou à pied), et c’est superbe : une poignée de bungalows luxueux, entourés de collines vertes avec le lagon bleu en face. Cette nuit nous est offerte par Ruma, Gaëtan et Tam et on apprécie vraiment ce très beau cadeau. On discute avec les proprios, Rita et Marc, on s’installe, on déjeune rapidement des bons sandwichs au thon frais, puis on profite quelques heures du confort de la pension. On va au bout du ponton, Fanny s’installe dans le hamac et je plonge plusieurs fois dans le lagon. Marc vient ensuite nous chercher et on part en bateau jusqu’aux falaises du Te Pari, à l’est de la pension. Cette partie n’est pas protégée par le récif, la mer est donc un peu agitée. Le paysage des falaises verdoyantes, avec quelques cascades par ci par là, depuis le bateau qui tangue sur l’océan est splendide. On revient vers la pension et à un moment on remonte côté montagne par un petit cours d’eau. On descend du bateau et on se promène dans une véritable jungle (ce coin de l’île n’a jamais été développé, c’est très sauvage)

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 On passe

devant le spot de surf Teahupoo, mondialement connu, où on peut voir des surfeurs prendre des vagues impressionnantes.

avant d’arriver à la grotte de Vaipoiri où on se baigne dans l’obscurité quasi-totale. De retour à la pension, Marc nous propose de prendre un canoë pour aller au-delà du récif, à un spot de plongée où il est possible de faire du snorkeling. Il nous laisse, on part et au bout de 15 minutes on arrive au spot. On galère un moment pour accrocher le canoë au corail, les quelques vagues ne rendent pas la tâche facile. Effectivement, juste après le récif il y a une concentration de poissons et je repère même 2 petits requins pointes noires qui fuient dès que je m’approche trop près. De retour au bungalow, on dîne un très bon repas préparé par les proprios et qu’on partage avec eux. Juste après, on va à l’extrémité du ponton pour observer un moment les étoiles. Puis on se couche, épuisés par cette excellente journée bien remplie. Le jour suivant, après le petit déjeuner et une baignade dans le lagon, on part faire une balade dans Fenua Aihere, la vallée derrière la pension, avec un guide et 4 nouveaux pensionnaires (jusqu’ici on était les seuls). C’est plat, donc facile et en une heure on arrive à une belle cascade où on

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peut se baigner. Le déjeuner nous attend au retour, toujours aussi bon et copieux. On replonge une dernière fois dans le lagon depuis le ponton, puis on quitte la pension en bateau. On arrive au petit port d’où on est parti la veille, la proprio nous prend ensuite en voiture et nous dépose au boulot de Tam. Il est directeur administratif et financier d’une usine qui fabrique du concentré de nono (un fruit qui put bien mais apparemment bon pour la santé) servant de base à de nombreux produits. On visite rapidement l’usine puis on rentre chez lui. Une petite bière devant le coucher de soleil, quelques restes de l’anniversaire de Tea, et au lit. Il est temps de retourner sur Moorea! Après une matinée à faire quelques courses sur Papeete en compagnie de Tam, on prend le ferry et on retrouve Ruma. Apéro au soleil toute l’après-midi puis copieux dîner au retour de Gaëtan. Initialement on devait quitter la Polynésie Française dans quelques jours mais on a repoussé notre vol car on est bien ici et on aimerait prendre plus de temps pour nous reposer avant d’arriver en Amérique du Sud. Il nous reste donc presque 2 semaines de plus.

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 On commence l’ascension et au bout d’à

peine 10 minutes on perd la piste. Après 20 bonnes minutes de recherche on la retrouve (on est passé juste devant) et peu de temps après les choses sérieuses commencent.

MOOREA BIS

D

ernières semaines en Polynésie Française. Ça aurait pu être seulement les derniers jours mais vu qu’on a prolongé notre séjour ici, on va pouvoir en profiter pour bien se reposer chez Ruma et Gaëtan à Moorea, avant de poursuivre notre route vers l’Amérique du Sud. Au début on ne fait donc pas grandchose : plage, détente, mise à jour du blog et organisation de la suite du voyage. Juste un soir on va prendre un apéro avec un ami de Ruma, Jeff, qui a une maison sur Moorea, on finit complètement repus et un peu bourré. Le réveil est forcément un peu difficile le lendemain et bien sûr ce jourlà on a prévu de faire une randonnée tous ensemble, c’est toujours plus marrant de faire des efforts avec un petit mal de crâne. On démarre près du port de Moorea en empruntant une route défoncée côté montagne et on gare la voiture dès qu’elle devient impraticable. On commence l’ascension et au bout d’à peine 10 minutes on perd la piste. Après 20 bonnes minutes de recherche on la retrouve (on est passé juste devant) et peu de temps après les choses

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sérieuses commencent, une bonne heure de grimpette, pas évident étant donné la chaleur. En arrivant au sommet, on est récompensé par une superbe vue sur l’ancien cratère de Moorea d’un côté et sur la passe Vaiare de l’autre. On déjeune entouré de ces beaux panoramas tandis qu’une nuée de libellules nous tourne tout autour. Après ça, on attaque la descente de l’autre côté du col. On hésite encore une fois sur le chemin à prendre, c’est mal balisé mais on finit par trouver et c’est plutôt glissant en raison de la forte pluie qu’il y a eu plus tôt dans la matinée. On passe dans une forêt de mapés (sorte de châtaignier tropical) puis une forêt de bambous, avant de rejoindre une petite route avec quelques habitations, pour enfin arriver à la route principale de Moorea. C’était court, 3 heures, mais intense. On avait prévu de refaire le parcours en sens inverse, notamment pour retourner à la voiture, mais on a trop la flemme. Du coup, on appelle la mère de Ruma qui passe nous chercher et nous ramène au point de départ. Bien fatigués par cet effort, on rentre à la maison, un bon canard au tamarin et

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au lit. Un dimanche tranquille à la maison, avec un tour à la plage d’à côté et un bon déjeuner pour la fête des mères, puis le jour suivant on plonge de nouveau à Moorea. On arrive à 8h30 au club et c’est sympa de retrouver l’équipe presque 3 semaines après notre 1ère plongée en Polynésie Française. 30 minutes pour se préparer, aller au site et commencer la descente, cette fois on espère qu’on aura la chance de croiser le requin citron. Les conditions sont excellentes aujourd’hui, peu de pluie ces derniers jours, un grand soleil et une visibilité sous l’eau de 40m. Comme lors des dernières plongées à Moorea, on est rapidement accueilli par un petit groupe de requins pointes noires qui nous suivent un moment. Puis la bête arrive, un gros requin citron de 3m. La différence de taille avec les pointes noires est claire et il a l’air aussi un peu plus féroce car on voit bien ses dents qui dépassent de sa bouche. Il bouge lentement et tranquillement autour de nous, et finalement il va nous accompagner tout le long de la plongée, avec 3 pointes noires comme escorte. C’est un peu déstabilisant au début mais on s’y fait et c’est génial d’avoir en permanence ce spectacle derrière nos masques. On croise aussi une tortue qui fuit rapidement en nous apercevant (nous ou notre compagnie?), un banc de barracudas et plein d’autres poissons tropicaux. Une superbe plongée, les requins devaient espérer qu’on leur donne quelque chose à manger (beaucoup de shark feeding sur ce site, une pratique controversée notamment d’un point de vue écologique) d’où leur intérêt pour nous mais on va pas se plaindre; Une pause dans le lagon puis on va à un autre site pour replonger. Une visibilité toujours aussi exceptionnelle et cette fois c’est un groupe de 8 requins pointes noires qui nous accompagne, vraiment impressionnant, ça arrive de tous les côtés. On repère aussi un poisson rare, le poisson feuille qui se confond facilement avec le corail. Le groupe de pointes noires nous suit jusqu’à la remontée et juste avant que je ne grimpe dans le bateau, un instructeur lance un petit bout de thon dans l’eau. Les requins s’agitent, bougent dans tous les sens, contrastant avec leur progression tranquille l’instant d’avant. Je suis juste devant eux et pour être honnête, si c’est fascinant à regarder c’est aussi un peu inquiétant; Fanny est d’ailleurs bien contente d’être déjà sur le bateau. Encore une très belle plongée! Après cette matinée bien remplie, on part faire quelques courses, puis on rentre se reposer le reste de la journée. On a pas beaucoup dormi la veille et comme d’habitude, la plongée ça épuise. Une journée repos, plage et snorkeling, puis le lendemain on part à Tahiti dans l’après-midi car le jour d’après on se lève très tôt pour aller à Tetiaroa, un petit atoll au nord de Tahiti, ancienne propriété de Marlon Brando. On passe la nuit chez Jeff, l’ami de Ruma qu’on a vu quelques jours plus tôt sur Moorea, une belle maison sur les hauteurs de Tahiti avec une belle vue, cadre idéal pour un bon apéro

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avant de nous coucher. Après une courte nuit, nos amis nous déposent au bateau puis vont de leur côté au point de RDV pour un autre bateau. En effet, un petit cafouillage dans la réservation nous a empêché de partir avec la même compagnie, leur bateau est complet. Après quelques recherches, j’ai pu trouver des places sur un bateau normalement privatisé par un groupe mais le capitaine est d’accord pour nous prendre Fanny et moi en plus. Quand on voit le bateau c’est la déception, on pensait que ça serait un gros bateau à moteur mais c’est en fait un bonitier (un petit bateau de pêche). De plus le groupe n’a pas l’air très content de nous voir, ils espéraient vraiment avoir le bateau pour eux. Mais bon, on se dit que le principal c’est qu’on part à Tetiaroa pour retrouver Ruma et Gaëtan. A peine le bateau sort de la passe qu’il commence à bouger de tous les côtés. La mer est relativement agitée aujourd’hui, du coup le petit bonitier tangue beaucoup et c’est un calvaire pour tout le monde. Plusieurs personnes du groupe vomissent, Fanny aussi malheureusement et moi pas loin de

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les imiter. Après une heure de traversée, il reste encore plus du double à faire dans ces conditions (plus le retour) et le capitaine demande si on souhaite continuer. Evidemment Fanny et moi on est d’accord mais le groupe préfère annuler la visite de Tetiaroa et passer au plan B…Moorea… On est déçu mais pas le choix, ils sont nombreux et on est que 2. Tout ça pour revenir au point de départ! Quand on arrive sur Moorea, on s’explique avec le capitaine, finalement on ne paye rien et il s’excuse mais il ne pouvait pas aller contre la volonté du groupe ce qui est bien sûr compréhensible. Du coup, on a raté le RDV avec nos amis :( On passe la journée sur Moorea à notre plage favorite, puis la mère de Ruma passe gentiment nous prendre pour nous amener au ferry pour Tahiti afin qu’on puisse les retrouver. On les voit arriver au port dans un beau catamaran nettement plus confortable que notre pauvre bonitier ce qui ne manque pas de rajouter à notre déception (et en plus la balade à Tetiaroa était sympa). Tant pis, on aura essayé! On va ensuite chercher à manger à la place Vaiete, où de nombreuses

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roulottes sont rassemblées, et on retourne chez Jeff pour un très bon et copieux dîner. On s’endort rapidement, fatigués par ces péripéties. Retour sur Moorea le lendemain matin. Il nous reste seulement quelques jours en Polynésie Française avant le départ. Après une journée de repos complet à la maison (et un atelier noix de coco pour Fanny afin de faire du monoï), on passe une journée tranquille à la plage même si le temps ne s’y prête pas forcément. Puis on refait une dernière session plongée, 2 plongées dont une avec un petit tiki immergé (statue polynésienne typique représentant l’Homme) mais qui seront au final assez semblables à celles qu’on a fait auparavant (plein de requins pointes noires tout le long de la plongée et d’autres poissons tropicaux) hormis la visite d’un gros requin gris à la remontée quelques mètres plus bas. C’était quand même cool de replonger une dernière fois, surtout que la visibilité était encore au top, et puis à priori on n’aura plus l’occasion de plonger durant le reste du voyage, autant en profiter ici. Repos sur la plage ensuite avant de rentrer à la maison.

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Dernier jour sur Moorea, dernière journée détente, plage, snorkeling, et un dernier tour de l’île en voiture. On repasse devant plusieurs endroits familiers, mine de rien on a pris nos petites habitudes ici et partir ne nous laisse pas indifférents. Le lendemain, on part tôt le matin sur Tahiti, dernier jour cette fois avant notre vol pour le Chili. C’est aussi le jour du tatouage! Comme expliqué auparavant, le tatouage est une tradition polynésienne et ça aurait été dommage de ne pas en faire un (car c’est pas comme si c’était mon premier). On arrive chez le tatoueur, on pose nos bagages, il arrive et d’emblée la communication est un peu difficile, tellement en fait qu’on commence à avoir des doutes sur notre choix malgré toutes les bonnes recommandations qu’on a pu avoir à son sujet. Ces doutes persistent jusqu’à ce qu’il commence à piquer alors même que je n’ai pu voir aucun dessin préalable de mon tatouage et que je lui ai juste brièvement expliqué ce que je souhaitais quelques minutes plus tôt. Mais je suis rassuré dès les premiers motifs sur ma peau, je peux apprécier rapidement son talent et la confiance s’installe. 5 heures plus tard, pas mal de douleur, un déjeuner rapide à base de poisson fermenté (une spécialité polynésienne qu’on avait pas encore eu l’occasion de tester et qui put bien) et je constate le résultat : c’est superbe! Pour arriver à un tel rendu sans dessin préalable, ce tatoueur est vraiment très bon et je suis très satisfait du résultat. C’est au tour de Fanny, et oui elle aussi y passe! Un plus petit tatouage mais tout aussi réussi. Ruma et Gaëtan passent nous chercher ensuite. On pose nos affaires chez les parents de Gaëtan, quelques bières puis on va tous ensemble au resto. On y retrouve Tam pour un tout dernier repas avant le départ, de la bonne nourriture chinoise (communauté importante à Tahiti), un dernier moment avec nos amis avec qui on a passé du bon temps et qui nous ont bien aidés durant notre séjour. Une courte nuit, un au revoir avec remise du traditionnel collier de coquillages, et on décolle! On est resté 1 mois en Polynésie Française, un des plus longs séjours de notre voyage et certainement une des meilleures étapes (la liste commence à être longue!). On a visité que 3 îles sur les 118, il reste donc encore beaucoup à découvrir, le coût des trajets entre les archipels et de la vie en général ne facilitent pas la tâche. Les magnifiques lagons d’eau turquoise, les belles plages, les superbes sites de plongée, les randonnées dans les îles hautes, la nourriture et l’accueil des polynésiens valent vraiment le coup de venir jusqu’ici. Ce fut aussi une chance de partager ce moment avec Ruma, Gaëtan, Tam et leur entourage, cela nous a permis de découvrir des choses que nous n’aurions peut-être pas connu autrement. Maintenant on change de continent, direction le Chili en Amérique du Sud. Plus que 2 mois avant le retour.

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 On passe

dans une forêt de mapés (sorte de châtaignier tropical) puis une forêt de bambous, avant de rejoindre une petite route avec quelques habitations, pour enfin arriver à la route principale de Moorea.

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Juin 2014

CHILI



 On arrive à Santiago au Chili, première

étape en Amérique du Sud. La fin de notre grand voyage approche, il nous reste 2 mois

SANTIAGO ET VALPARAISO

A

près 20 heures d’avion avec escale à Auckland en Nouvelle Zélande, on arrive à Santiago au Chili, première étape en Amérique du Sud. La fin de notre grand voyage approche, il nous reste 2 mois et franchement on commence à bien penser à notre retour, voir nos proches et ce qu’on va faire. Mais on est aussi très motivé à l’idée de découvrir un nouveau et dernier continent! A la sortie de l’aéroport, on est bien claqué mais on a prévu le coup, la propriétaire du petit studio qu’on a réservé vient nous chercher. On pose nos affaires, elle nous briefe sur la ville dans un mélange d’espagnol et d’anglais, il va falloir d’ailleurs qu’on fasse des efforts d’apprentissage, ça ne parle pas beaucoup anglais ici. On se repose un peu puis on commence la visite de la capitale chilienne. Le Chili est un des pays les plus développés d’Amérique du Sud (avec l’Argentine et dans une certaine mesure le Brésil) et ça se voit quand on se balade dans les rues de Santiago. En fait, ça ressemble pas mal à une capitale européenne, on est pas vraiment dépaysé si ce n’est la langue, le style des gens et

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d’autres détails. Du coup, vu que ça faisait un moment qu’on avait pas été dans une ville comme ça, ça nous plait bien. On passe devant l’imposant palais présidentiel, on s’égare dans des galeries qui ressemblent beaucoup à celles qu’on trouve à Paris et on arrive sur la place principale, Plaza de Armas. Puis on se balade dans Santa Lucia, une belle petite colline avec plusieurs édifices anciens, d’où on peut voir le coucher de soleil sur la ville et la majestueuse Cordillère des Andes en fond. On retourne ensuite au studio et on dort à moitié tandis qu’on se prépare à manger. Après une longue nuit de sommeil nécessaire, on continue de découvrir Santiago avec le Mercado Central, un grand hall avec plein de restos de fruits de mer et des poissonniers partout. Ça a l’air très bon mais il est trop tard pour se faire un resto et de toute façon c’est un peu cher pour notre budget. Puis on va vers Bellavista, un quartier animé de Santiago, et on prend le funiculaire pour atteindre le sommet de la colline San Cristobal où on peut trouver une belle église, un immense parc, des statues et surtout une superbe vue sur

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Le Chili est un des pays les plus développés d’Amérique du Sud et ça se voit quand on se balade dans les rues de Santiago. En fait, ça ressemble pas mal à une capitale européenne, on est pas vraiment dépaysé si ce n’est la langue, le style des gens et d’autres détails la ville et la Cordillère. On redescend, on se promène dans le quartier qui est très sympa avec des maisons de toutes les couleurs souvent recouvertes par des élégants graffitis. En fin de journée, on a RDV avec Patricio, un ami de Fanny qu’elle a connu il y a 10 ans lors d’un séjour en Italie. On va dans un bar de Bellavista, on boit nos premiers verres de pisco (alcool local à base de raisin), puis nos seconds verres de pisco, et ainsi de suite jusqu’à être suffisamment motivés pour aller chez Patricio, à 30 minutes d’ici via un métro et un bus. On fait la connaissance de sa femme Maria Jose et sa belle-sœur Pamela. On discute, on passe un bon moment avec eux et on boit pas mal quand même, si bien qu’on est obligé de prendre un taxi pour rentrer au studio vers 2 heures du mat. Le réveil est difficile le lendemain et on met du temps à se mettre en route pour Valparaiso, pas très loin de Santiago, un petit trajet en bus de 2 heures environ. On y arrive en fin d’après-midi et durant le trajet en taxi vers l’auberge de jeunesse, on constate déjà que Valparaiso c’est très joli (le centre-ville est classé au patrimoine de l’UNESCO). C’est en fait une cité portuaire qui a connu son heure de gloire avant l’ouverture du canal de Panama. La situation économique s’est ensuite un peu dégradée, les bateaux y faisant forcément moins escale. On est très bien accueilli à l’auberge, on s’installe puis on se balade un peu dans le quartier alors que la nuit tombe. Comme à Bellavista à Santiago, il y a des fresques et des graffitis un peu partout sur les bâtiments, et c’est souvent très bien foutu. Les maisons sont donc très colorées et les rues sont étroites et sinueuses. Valparaiso est composée d’une ville basse qui longe la baie et le port, et de plusieurs collines-quartiers, les cerros. Il y a beaucoup d’escaliers et à quelques endroits il y a des ascenseurs complètement d’époque qui permettent d’arriver en haut des cerros plus rapidement. Après avoir profité de la vue depuis notre cerro, on emprunte un ascenseur (pas forcément rassurant vu la vétusté de l’engin) pour aller près du port faire quelques courses pour le dîner. Retour à l’auberge, un bon repas et

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au lit. On se lève tôt pour poursuivre la visite de cette belle ville. On commence par le Palace Baburizza qui abrite le musée des beaux-arts de Valparaiso. Si le bâtiment est très beau, la collection est moins impressionnante. Puis on se promène un moment, sous la pluie, si bien qu’on finit par être complètement trempés. On est sur les hauteurs, on a donc une vue sur le port et la baie, et on passe encore devant de superbes fresques, et des maisons plus atypiques les unes que les autres. Dommage que le mauvais temps ne nous aide pas vraiment à en profiter au mieux. On arrive à la Sebastiana, une des maisons du célèbre poète chilien Pablo Neruda, une demeure hors norme, avec plein de curiosités et où on en apprend plus sur l’histoire de cette figure importante de la culture chilienne. Après déjeuner, on continu vers la ville basse et on réalise que la ville entière est comme une galerie d’art, à chaque détour ou presque il y a quelques chose d’intéressant et d’intriguant et Fanny se régale à prendre des photos. On fait un saut au cimetière et à l’ancienne prison reconvertie en centre d’exposition, sur les conseils d’une employée de l’auberge de jeunesse, mais au final ça ne valait pas le détour. On commence à en avoir marre de la pluie, du coup on passe juste chercher notre repas du soir près du port et on retourne à notre chambre, en espérant que le soleil soit au RDV le lendemain. Grasse matinée le jour suivant et quand on sort il fait très beau, aucun nuage, on va voir Valparaiso dans de bonnes conditions cette fois. On va à l’ouest du centre-ville et, l’ascenseur étant en panne, on grimpe les escaliers pour arriver en haut du cerro Artilleria afin d’avoir une belle vue sur la ville et surtout l’activité du port. Puis on retourne vers la place principale, Sotomayor, et on déjeune pas loin, du bon poisson pour pas trop cher. On se promène ensuite le long du port et on repasse par le cerro Bellavista qu’on avait déjà traversé brièvement la veille. Énormément de fresques et de graffitis dans ce quartier, il y a même des plaques avec le nom de l’artiste et la date. On revient dans le coin de l’auberge, le cerro Concepcion, en empruntant un ascenseur et on se balade encore un peu. On s’installe sur un banc de la promenade qui domine la ville basse, avec quelques bières, en regardant le soleil se coucher sur le port. De retour à l’auberge, on sympathise avec 2 français qui voyagent en Amérique du Sud depuis quelques mois, ils nous donnent quelques conseils pour les prochains pays, puis on se couche. Valparaiso est selon nous une étape incontournable d’un voyage au Chili. Plus intéressant que Santiago, la ville dégage une atmosphère particulière et on tombe facilement sous le charme. On quitte la ville assez tôt le matin suivant pour un long voyage qui doit nous mener à San Pedro de Atacama (via Santiago), bien plus nord, près de la frontière avec la Bolivie. Plus de 24 heures de bus, on est ravi.

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 On prend

le funiculaire pour atteindre le sommet de la colline San Cristobal où on peut trouver une belle église, un immense parc, des statues et surtout une superbe vue sur la ville et la Cordillère

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 Il y a des fresques et des

graffitis un peu partout sur les bâtiments. Les maisons sont donc très colorées et les rues sont étroites et sinueuses



 San Pedro est un petit village situé

à 2400m d’altitude et construit sur un oasis dans le désert de l’Atacama, le plus aride au monde. C’est aussi le point de départ de nombreuses excursions dans une des régions les plus spectaculaires du Chili : des volcans, des geysers, des vallées désertiques, des lacs, des ruines précolombiennes, etc

SANPEDRODEATACAMA

O

n arrive à San Pedro de Atacama après 24 heures de bus, installés confortablement, les bus au Chili étant de très bonne qualité. San Pedro est un petit village situé à 2400m d’altitude et construit sur un oasis dans le désert de l’Atacama, le plus aride au monde. C’est aussi le point de départ de nombreuses excursions dans une des régions les plus spectaculaires du Chili : des volcans, des geysers, des vallées désertiques, des lacs, des ruines précolombiennes, etc… Avant d’arriver, on a roulé pendant une bonne heure dans le désert, il n’y a rien autour du village, et quand on sort du bus, on a l’impression d’être dans un vieux western : des maisons basses en terre rouge, peu de monde, un temps sec et frais avec un soleil bien fort, une légère brise et de la poussière partout. On pourrait croire qu’on est dans un trou paumé au fin fond du Chili, mais les touristes croisés régulièrement nous rappellent que non. On pose nos affaires à l’auberge de jeunesse, une douche, puis on sort faire des courses et prendre des infos sur les différentes activités du coin. Quand

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on arrive au centre, l’atmosphère change et l’ambiance est nettement moins authentique avec des boutiques, des restos, des agences partout et quelques rabatteurs, mais bon c’est quand même sympa. On se renseigne, on réserve une excursion via une agence (on aime pas trop ça mais pas vraiment le choix ici à moins de louer un 4x4 ou de faire beaucoup de km en vélo), puis on se promène un peu avant de retourner à notre chambre. Si le jour la température est agréable avec le soleil et la quasi absence de nuage, le soir c’est une autre histoire, il fait très froid et l’absence de chauffage dans la chambre nous permet de bien nous en rendre compte. Plusieurs heures de sommeil plus tard, histoire de récupérer du long trajet depuis Valparaiso, on va à la gare routière pour annuler nos billets vers le nord du Chili. On change en effet nos plans, on partira directement en Bolivie depuis San Pedro en traversant le Salar de Uyuni, un vaste désert de sel. On avait initialement prévu d’y aller après avoir été à Iquique, 8 heures de bus au nord de San Pedro, mais on s’est rendu compte que le passage de la

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frontière bolivienne est plus pratique ici et qu’Iquique ne vaut pas forcément le détour. On va donc rester moins longtemps que prévu au Chili mais apparemment c’est surtout au sud de Santiago qu’on a loupé des trucs sympas et ça fait longtemps qu’on a décidé de ne pas passer par là car ces régions sont très froides actuellement (les saisons sont inversées, on est en hiver).On fait ensuite le tour de quelques agences pour prévoir une nouvelle excursion pour le lendemain et aussi pour la traversée du Salar de Uyuni en Bolivie. On déjeune ensuite dans le resto le moins cher qu’on ait fait depuis notre arrivée dans le pays, entourés d’ouvriers du village, et plutôt bon vu le prix. Puis on va au RDV pour notre sortie de l’après-midi, la Valle de la Luna et la Valle de la Muerte. On est un petit groupe de 7 personnes plus le guide et le chauffeur. 20 minutes de route et on arrive au-dessus de la Valle de la Muerte, avec derrière nous le désert de l’Atacama. On marche un peu et après on descend dans la vallée par une énorme dune de sable, au début doucement puis au courant et on s’amuse à sauter dans le sable jusqu’en bas. On se balade dans la vallée puis le chauffeur vient nous récupérer, direction la Valle de la Luna. On s’arrête trois fois sur ce site : d’abord le plus loin possible, un désert de sel avec quelques formations rocheuses atypiques, ensuite au creux de la vallée, entouré de dunes de sable et de falaises, et enfin dans un petit canyon dont les parois sont composées de sel et de sable. L’aspect de ce mélange est étonnant, ça ressemble parfois à du cristal, parfois à de la roche spongieuse, rongée par l’érosion. On entend aussi souvent des craquements et le guide nous confirme qu’il n’y a aucun risque d’éboulement mais qu’effectivement les parois qui nous entourent ne sont pas figées. On quitte

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la vallée pour finir la journée sur les hauteurs de l’Atacama afin d’observer le coucher du soleil. On le rate de peu, il est déjà passé derrière les montagnes au loin mais quelques minutes plus tard on assiste au lever de la pleine lune. Elle apparaît progressivement tandis que les dernières couleurs du jour s’effacent peu à peu, un spectacle magnifique qui surprend un peu tout le monde, nous compris bien sûr. On rentre ensuite sur San Pedro, on a passé un bon moment pour moins de 20€, on est vraiment content. Le soir à l’auberge, on finit presque une bouteille de pisco sour à nous deux tout en discutant avec d’autres voyageurs, on va être frais pour l’excursion prévue le lendemain. Aujourd’hui on va au Salar de Tara, assez éloigné de San Pedro, on a d’ailleurs eu du mal à trouver une agence qui proposait cette sortie. On passe nous chercher à l’auberge et on est un peu déçu quand on constate que le chauffeur-guide ne parle pas anglais. Dans le 4x4, il y a déjà un couple de brésiliens, et on quitte San Pedro vers 8h30. Quelques kms plus loin, il y a un bouchon, un barrage de la police bloque le passage, ça a gelé plus loin et cela nécessite une intervention car beaucoup de camions utilisent cette route. Pas de chance… Une heure plus tard, on redémarre et après une heure et demie on arrive au Salar de Tara. Quelques nandous (espèce d’autruche) nous suivent sur plusieurs centaines de mètres, leur rapidité est impressionnante. On arrive ensuite au cœur du Salar, un grand espace d’eau, de sel, d’un peu de verdure, avec des couleurs stupéfiantes, entouré de montages, de falaises et d’autres étendues désertiques. On peut aussi apercevoir quelques flamants et d’autres oiseaux. C’est vraiment beau! On déjeune juste en face, on se promène un peu autour puis on remonte dans le 4x4. On s’arrête

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 On assiste au lever de la pleine lune, elle apparaît progressivement tandis que les dernières couleurs du jour s’effacent peu à peu, un spectacle magnifique qui surprend un peu tout le monde, nous compris bien sûr

aux falaises du Salar (qu’on appelle les cathédrales de Tara) dont l’aspect est très particulier, puis au-dessus d’où on a une vue d’ensemble du site, c’est magnifique. On reprend la route, quelques arrêts intéressants (un énorme rocher avec un lac en fond, puis à ce même lac) mais moins impressionnants que les précédents. On rentre vers San Pedro et même si on en a pris plein les yeux, on est déçu que l’excursion ne finisse pas plus tard compte tenu du contretemps du matin, et aussi du guide qui en plus de ne pas parler anglais comme annoncé, n’explique pas grandchose en espagnol non plus (on ne parle pas vraiment mais on comprend un peu). Dès qu’on arrive, on passe à l’agence histoire de râler un peu et obtenir éventuellement une ristourne mais on nous propose seulement une excursion gratuite alors qu’on est plus trop motivé pour en faire. Tant pis, c’était quand même bien! On va ensuite à une autre agence pour réserver notre passage en Bolivie via le Salar de Uyuni. Malheureusement c’est complet le jour où on souhaite partir, on doit donc prolonger notre séjour à San Pedro. C’est bien ici, c’est pas grave mais ça nous arrange pas vraiment. On retourne à l’auberge et on regarde le début du match Chili – Australie. A la mi-temps, on part au centre du village et la plupart des bons endroits sont complets. On trouve finalement un resto où il reste des places, mais la nourriture n’est vraiment pas bonne. Décidément c’est pas la journée… Le Chili gagne, les rues s’animent, il y a de l’ambiance mais pas autant qu’on le pensait, il faut dire que c’est petit San Pedro. Mais quand on rentre, on peut voir les célébrations dans tout le pays à la télévision, on ne croirait pas que ce soit pour une première victoire en match de poule. Il nous reste quelques jours ici et on a fait le tour de ce qu’on voulait faire. Du

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coup, comme à chaque fois quand on a du temps libre, on en profite pour se reposer, mettre à jour le blog, préparer la suite du voyage et aussi se promener dans San Pedro car le village est vraiment sympa. Le dernier jour, on loue des VTT l’après-midi, histoire de profiter une dernière fois du coin. On va à 10 km du village, à Catarpe, un lieu-dit bien paumé. La route est superbe, on est entouré de montagnes, de végétation propre à l’Atacama, les couleurs sont magnifiques. On traverse plusieurs fois une petite rivière et c’est parfois tellement profond qu’on doit porter les vélos. Ce n’est pas loin mais avec l’altitude et le soleil, ce n’est pas si facile. On arrive à Catarpe, il y a juste quelques habitations et une petite église toute blanche sur une colline. C’est plutôt mignon, on s’arrête pour prendre quelques photos puis on commence à rentrer vers San Pedro. En chemin, on s’arrête une première fois à Garganta del Diablo, un petit canyon sinueux qui s’enfonce assez loin dans les montagnes, plein de virages, du coup on s’éclate bien avec les vélos. Puis une seconde fois à Pukara de Quitor, les ruines d’une forteresse que les habitants de l’Atacama avaient construite pour faire face aux invasions des Incas (sans grand succès). On grimpe en haut pour admirer le coucher de soleil sur San Pedro, les montagnes et le désert. Le soir, on se fait une orgie de viande dans un bon resto avant de rentrer à l’auberge. On en profite car demain on part pour 3 jours de 4x4 pour atteindre le Salar de Uyuni en Bolivie, et il est peu probable qu’on mange bien durant le voyage. C’est la fin de notre étape chilienne. On pensait rester plus longtemps mais comme expliqué précédemment c’est plus pratique d’entrer en Bolivie depuis San Pedro. Très bien le Chili, et s’il y a une prochaine fois, on ira vers le sud cette fois (en saison).

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On arrive ensuite au cœur du Salar, un grand espace d’eau, de sel, d’un peu de verdure, avec des couleurs stupéfiantes, entouré de montages, de falaises et d’autres étendues désertiques 



Juin 2014

BOLIVIE



 La Bolivie est située au nord du Chili et

a des frontières avec le Pérou, le Brésil, le Paraguay et l’Argentine, c’est quasiment au centre de l’Amérique du Sud. C’est un des pays les plus pauvres de la région. Une des particularités est l’importance des populations indigènes qui représentent plus de 50% des boliviens. On s’attend à un dépaysement plus important qu’au Chili

SALAR DE UYUNI

O

n passe nous chercher tôt à l’auberge et on quitte San Pedro, une belle étape malgré le froid, et par la même occasion le Chili. On s’arrête au poste frontière chilien pour les formalités de sortie, puis on roule une bonne heure avant d’arriver à la frontière bolivienne où on obtient facilement le tampon pour circuler dans le pays (en tant que français c’est simple en Amérique du Sud). A partir de là, notre groupe d’une dizaine de personnes se sépare dans 2 4x4 et on se met en route vers nos premiers moments en Bolivie. On va traverser le désert du Sud Lipez puis le fameux Salar de Uyuni. 3 jours de paysages magnifiques, des nuits glaciales, un soleil brulant, 4900m d’altitude au maximum et beaucoup de route. La Bolivie est située au nord du Chili et a des frontières avec le Pérou, le Brésil, le Paraguay et l’Argentine, c’est quasiment au centre de l’Amérique du Sud. C’est un des pays les plus pauvres de la région. Une des particularités est l’importance des populations indigènes qui représentent plus de 50% des boliviens. On s’attend à un dépaysement plus important

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qu’au Chili. Dès les premiers kilomètres on en prend plein la vue. Déjà à San Pedro on s’est bien régalé mais là c’est encore un niveau au-dessus. On s’arrête plusieurs fois : des lacs perdus dans le désert entourés de montagnes avec des lamas et des flamants qui zonent dans le coin, une source d’eau chaude où on peut se baigner (impossible pour nous avec nos tatouages encore trop frais), des geysers et des fosses de boue volcanique… On passe également devant le paysage qui a inspiré Salvador Dali pour plusieurs de ses tableaux. La végétation est étonnante et il y a toujours beaucoup de sel un peu partout. On est vraiment époustouflé et ce n’est que le premier jour. En début d’après-midi, on arrive à notre hébergement pour la nuit, très basique, pas de chauffage, pas d’eau chaude, au contraire une eau glaciale et une bonne épaisseur de couverture sur chaque lit pour espérer dormir au chaud (on s’attend à avoir -11° cette nuit). On le savait et les conditions seront normalement meilleures la nuit suivante. On déjeune, on fait plus ample connaissance avec nos compagnons de route (des

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 On va traverser le désert du

Sud Lipez puis le fameux Salar de Uyuni. 3 jours de paysages magnifiques, des nuits glaciales, un soleil brulant, 4900m d’altitude au maximum et beaucoup de route


allemands principalement, des irlandaises et un australien) puis on repart vers un autre site non loin de là pour la fin de journée. On arrive à un immense lac avec plein de couleurs différentes où on peut croiser beaucoup de lamas et des flamants. On se balade une heure dans ce décor d’un autre monde tandis que le soleil se couche. Retour à l’auberge perdue en plein désert. On s’installe, on dîne, on regarde un peu le ciel étoilé (juste un peu car le froid est vraiment difficile à supporter). Nos compagnons se couchent étonnamment tôt, 20h, dommage car c’est pas tous les jours qu’on passe une nuit dans de telles conditions. Du coup on prépare le prochain article du blog et on finit par se coucher également, en espérant que les couches de couverture, le sac de couchage et nos vêtements nous permettront d’avoir suffisamment chaud. Et ce n’est finalement pas le froid qu’il fallait craindre le plus mais plutôt le mal des montagnes. On dort effectivement à une altitude de 4300 mètres et jusqu’à minuit on a bien mal à la tête. On prend un médoc et finalement on parvient à s’endormir plus ou moins. Un peu fatigué par cette nuit pas vraiment reposante, on reprend la route tôt le matin suivant. Les paysages se succèdent et continuent de nous émerveiller : des formations rocheuses atypiques perdues au milieu du désert, des volcans et des montagnes de plus de 5000 mètres, des lacs encore plus impressionnants, des flamants, des lamas et aussi des renards. Et toujours sous un soleil écrasant (alors que la nuit on tremble de froid). En fin de journée, on quitte le désert du Sud Lipez et on se dirige vers le Salar de Uyuni. Le décor change, plus plat, moins de montagnes et des étendues désertiques encore plus grandes. Une voie de chemin de fer traverse cette partie et on a l’occasion de voir un train passer. On arrive à notre hébergement pour cette seconde nuit, un hôtel fait quasi entièrement en sel (on marche même sur du sel). Pas vraiment mieux chauffé que le précédent mais de bien meilleure qualité et surtout il y a de l’eau chaude ce qui va nous permettre de prendre une bonne douche (enfin je vais prendre une bonne douche car Fanny a attendu trop longtemps et il ne reste plus suffisamment d’eau chaude après que tout le monde soit passé). On dîne tous ensemble, cette fois il y a du vin et on achète aussi quelques bières. On passe un bon moment avec les autres voyageurs et on se couche nettement plus tard que la veille. Dernier jour du trip en 4x4, et on a gardé le meilleur pour la fin, c’est-à-dire le Salar de Uyuni, le plus grand désert de sel au monde. On se réveille de nouveau très tôt, plusieurs kms à traverser des paysages qui commencent à être familiers, puis on arrive au Salar, et on est complètement époustouflé. De chaque côté, un désert blanc et des lignes qui forment des motifs étrangement réguliers et hexagonaux. On avance dans le Salar et on arrive à l’unique bout de terre qui existe ici, une petite île où poussent de nombreux cactus. On fait

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une balade sur cette belle île, cela nous permet d’avoir une vue d’ensemble du Salar. On joue un peu avec les lamas de l’île puis on repart et on s’arrête quelques kms plus loin pour une longue session photo dans ce paysage surréaliste qui permet justement de faire des photos marrantes en jouant sur les perspectives. On déjeune au même endroit, en plein désert blanc, et on repart, direction la ville d’Uyuni, terminus de cette expédition. Quelques arrêts encore : des petites montagnes de sel, témoignage de l’exploitation commerciale de la ressource du site, un petit village

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 On arrive à

un immense lac avec plein de couleurs différentes où on peut croiser beaucoup de lamas et des flamants. On se balade une heure dans ce décor d’un autre monde tandis que le soleil se couche.

attrape-touriste avec une rue entière de magasins et de stands (il fallait bien y avoir droit à un moment ou un autre), le premier hôtel de sel qui fut construit dans le coin, et pour finir, un cimetière de train en périphérie de Uyuni (sympa de grimper sur les trains et de prendre des photos). On arrive à l’agence, on dit au revoir au chauffeur-guide et à nos compagnons. C’était vraiment génial, malgré le froid et l’altitude, probablement un des meilleurs souvenirs du voyage. On a réservé une chambre à Uyuni, on pose nos affaires rapidement, on part faire quelques courses et

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surtout acheter les billets de bus pour Sucre car on veut y aller dès le lendemain. Uyuni semble très pauvre et rural, c’est assez déstabilisant au début, bien plus dépaysant que le Chili. En fait, c’est la première fois depuis notre arrivée sur ce continent qu’on a vraiment le sentiment d’être en Amérique Latine, avec des femmes en habits traditionnels, des marchés, des stands à chaque coin de rue, une ambiance « à l’ancienne » un peu partout. Une fois que tout est réglé, on retourne à l’auberge pour se reposer de ces 3 jours dans le désert. Bienvenue en Bolivie .

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 On arrive à Sucre en fin d’après-midi, on

marche vers le centre, plus on s’approche et plus les bâtiments sont blancs . Le centreville est classé à l’UNESCO et Sucre a la réputation d’être la ville la plus agréable de Bolivie

SUCRE

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n part pour Sucre à 9h30. La nuit passée nous a presque permis de récupérer des 3 jours dans le désert (presque). Le bus n’est pas génial mais c’est « seulement » pour 7 heures de trajet. Sur la route, on peut voir des paysages boliviens différents de ce qu’on a pu voir dans le désert. Plus on descend en altitude et plus il y a de végétation. Dans le bus il y a quelques touristes mais surtout des boliviens et on voit bien la différence avec le Chili : l’apparence, les habits, les manières des gens sont vraiment à l’ancienne. On passe par Potosi, une ville minière qu’on avait prévu de visiter mais on a renoncé quand on a su que l’intérêt principal est la visite des mines encore en activité. Payer pour voir des gens littéralement se tuer au travail (peu survivent au-delà de 40 ans) car ils n’ont pas d’autres alternatives, non merci! On arrive à Sucre en fin d’après-midi, on marche vers le centre, plus on s’approche et plus les bâtiments sont blancs (la ville est surnommée la ciudad blanca, la ville blanche). Le centre-ville est classé à l’UNESCO et Sucre a la réputation d’être la ville la plus

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agréable de Bolivie. On a réservé une chambre dans un bon hôtel cette fois, ça faisait un moment qu’on avait pas eu de salle de bains privée. Et en plus il ne fait pas froid, notre séjour ici se présente plutôt bien. On sort diner, un petit resto pas mal du tout tenu par un belge et sa femme bolivienne. Puis on se promène un peu en ville, en passant par la place principale, Plaza 25 de Mayo, et le Mercado Central où il y a pas mal de stands de plats typiques qu’il faudra essayer avant de partir. On croise aussi une fanfare, apparemment il y a une fête qui se prépare. Entre le blanc de la ville, l’animation des rues et les beaux monuments par ci par là, on est rapidement convaincu de notre choix de passer plusieurs jours ici avant de poursuivre notre route vers l’ouest et le lac Titicaca. Une grasse matinée dans un bon lit et on se réveille en forme. On commence par la Casa de Libertad, l’endroit où a été signée la déclaration d’indépendance de la Bolivie, reconverti aujourd’hui en musée. Un guide anglophone nous détaille les objets, les tableaux et nous raconte un peu l’histoire de l’indépendance, les principaux acteurs et

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aussi la place de la Bolivie dans l’émancipation de l’Amérique du Sud vis-à-vis des conquistadors. Plutôt intéressant et presque trop court. On va ensuite à l’église San Felipe Neri, j’avais lu qu’on pouvait aller au sommet mais on ne trouve pas l’entrée pour, du coup on profitera juste de l’intérieur. On continu notre balade vers le cimetière qui est vraiment joli, et on peut voir plein de locaux rendre hommage à leurs proches. Le soir on dîne au-dessus du Mercado Central, les petits stands qu’on avait repéré la veille, vraiment pas cher mais l’hygiène apparente peut être dissuasive. On est les seuls touristes, entourés de locaux tandis que 2 mecs avec des guitares jouent un air surement typiquement bolivien. Une autre grasse matinée plus tard et on part déjeuner près de la place Recoleta, un café-resto pas mauvais qui a surtout

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l’avantage d’avoir une belle terrasse avec une superbe vue sur la ville blanche. On retourne ensuite à San Felipe Neri car on a appris comment rentrer dans la cour intérieure et atteindre la terrasse tout en haut. Il suffisait de rentrer dans l’école à côté et de demander aux nonnes l’accès moyennant quelques bolivianos. On a bien fait de persévérer, c’est le plus beau bâtiment qu’on verra de la ville. La cour intérieure est immense, blanche, témoignage du passé colonial. La terrasse permet d’avoir une vue du centre-ville, des toits blancs, des sommets des églises et de la cathédrale ainsi qu’au loin des montagnes entourant Sucre. En traversant la place principale pour aller à un musée, on croise Etienne, un français rencontré lors du trip dans le Salar de Uyuni, et il nous propose de se retrouver ce soir à son auberge pour

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un barbecue avec d’autres voyageurs. Evidemment on ne dit pas non. On arrive au musée de l’ethnographie et du folklore mais c’est fermé, il faudra revenir un autre jour. On termine notre promenade au parc Bolivar où visiblement les locaux aiment se donner RDV. On y voit aussi une réplique de la tour Eiffel (!?) et un défilé de plusieurs groupes de danseurs. Apparemment c’est encore un jour de fête, c’est d’ailleurs un peu le cas tous les jours depuis qu’on est arrivé à Sucre, mais cette fois vu les efforts déployés, la nuit s’annonce plus festive que d’habitude. On passe à l’hôtel faire une petite sieste puis on ressort pour rejoindre comme prévu Etienne à son auberge où on retrouve encore d’autres voyageurs qu’on avait rencontrés dans le Salar, et plein d’autres. Bon barbecue sur le toit de l’hôtel d’où on peut

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observer quelques feux d’artifice, on fait connaissance avec pas mal de monde, notamment un couple de français, Sam et Rémy, et 2 argentins, Pachu et Agustin. On boit bien et vers 1h on sort presque tous. Dans la rue, toujours autant de musique et de danseurs, c’est assez incroyable cette ambiance. Le groupe se sépare, certains veulent aller en boîte, d’autres juste suivre la foule histoire de s’imprégner encore plus de l’ambiance. C’est ce qu’on décide de faire avec les 2 argentins. On finit par arriver à la place principale et des locaux nous orientent vers une sorte de salle des fêtes où il y a de la musique traditionnelle. On danse un peu, puis on décide d’aller retrouver les autres à la boite où ils sont supposés être. On galère un peu pour trouver l’endroit mais quand on y arrive c’est fermé! On avance un peu plus loin dans la même rue, on rentre dans un autre club et coup de chance, ils sont tous là. On finit donc la soirée dans une boite bolivienne, bonne ambiance, musique latine, c’est pas vraiment mon truc mais pas le choix et de toute façon on est tous bourré. Le retour à l’hôtel est un peu flou pour moi… Forcément, le réveil est difficile. On va au marché pour déjeuner et on aperçoit les 2 argentins assis à une table, du coup on s’installe avec eux. On se prend ensuite un jus de fruit frais, on fait quelques photos avec eux pour le montage vidéo de leur voyage (ils parcourent l’Amérique du Sud pour quelques mois), puis on part de notre côté. On va de nouveau à la Recoleta pour profiter de la vue, et on rentre à l’hôtel faire une sieste. Le soir on retrouve les argentins à la même auberge que la veille, de nouveau un barbecue mais on rentre tôt, pas vraiment remis de la soirée d’hier. Dernier jour à Sucre, on rend la chambre, on part chercher nos billets pour la Paz (mis en vente uniquement le jour même), la capitale de la Bolivie. Le départ est prévu à 19h30, 12 heures de bus, on espère avoir pris le meilleur confort possible et vu les normes du pays à ce niveau, on pense que l’investissement n’est pas de trop. On va ensuite au musée de l’ethnographie et du folklore qui est ouvert cette fois. On en apprend plus sur le mode de vie sur l’altiplano et on voit une très belle collection de masques traditionnels utilisés lors de fêtes ou rituels. Puis on retrouve Sam et Rémy, le couple de français avec qui on avait sympathisé lors de la soirée à l’auberge. On déjeune avec eux au marché, le rapport qualité-prix toujours au RDV, on teste du fromage de brebis local (bien fort, on dirait presque du corse) et une pâtisserie bolivienne pas vraiment bonne. Après ça, on va tous ensemble à l’église San Felipe Neri, 2ème fois pour nous donc. On monte sur le toit et on passe un moment, là, à discuter, sous le soleil de Sucre avec les hauteurs de la ville comme décor. On se sépare ensuite, peu probable que nos routes se croisent de nouveau, c’est dommage. On retourne à l’hôtel, profiter du patio sympa et du wi-fi, jusqu’à l’heure du départ en bus, direction la Paz!

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 La Route de la Mort est une route étroite

de graviers, avec d’un côté la montagne et de l’autre un précipice. Elle est considérée comme une des routes les plus dangereuses au monde

LAPAZETLAROUTEDELA MORT

L

e bus de Sucre à La Paz est moins confortable qu’on le pensait et le trajet de « juste » 12 heures (on a déjà fait beaucoup plus long) est difficile en raison de l’isolation. A partir du milieu de la nuit il commence à faire très froid dans le bus et on se croirait presque dans le Salar de Uyuni. On arrive le matin à la Paz, la ville s’étale dans une vallée située à 3640m d’altitude. C’est la plus haute capitale au monde. On a rien réservé cette fois et on galère un peu à trouver une chambre double dans une auberge sympa. On finit par en trouver une dans une grande maison atypique sur 3 étages, avec un bar et un jardin qui offre une belle vue sur la Paz. Tandis qu’on règle les formalités d’entrée, on croise Bruno, un français qu’on avait rencontré à Valparaiso au Chili, une bonne coïncidence de le retrouver ici. On se douche, on se repose un peu, puis on sort déjeuner avec Bruno au marché de la ville (définitivement le meilleur plan bouffe dans les villes de Bolivie). Je teste le pique macho, un plat typiquement bolivien à base de saucisse. On se promène ensuite dans la Paz : l’église San Francisco

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et la place juste en face, le marché des sorcières où on peut voir des vieilles dames vendre des produits bizarres comme des fœtus de lama séchés, etc… On prend le tout nouveau funiculaire (mis en service il y a moins d’un mois) pour aller sur les hauteurs de la capitale et de là on a une magnifique vue de la ville nichée au creux de la vallée, entourée de montagnes enneigées, tandis que le soleil se couche. On redescend, on se perd un peu et on arrive à l’auberge. Petit dîner au resto-bar et on se couche tôt car demain journée challenge : la fameuse Route de la Mort en vélo! La Route de la Mort est une route étroite de graviers, avec d’un côté la montagne et de l’autre un précipice. Elle est considérée comme une des routes les plus dangereuses au monde. Il y a eu en effet beaucoup d’accidents et de morts mais depuis, le gouvernement a construit une autre route plus sûre pour les véhicules. Aujourd’hui cette voie est utilisée quasiment uniquement par les touristes pour une belle balade en vélo encadrée par des guides car il y a parfois quelques accidents mortels. Pas d’inquiétude, on a

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prévu d’être bien prudents (si cet article existe, c’est qu’on a de toute façon survécu). Le guide passe nous chercher à l’auberge à 8h30, il s’appelle Marcello, il est bolivien et le chauffeur s’appelle Ivan. Ils sont vraiment sympas, parlent bien anglais, et quand ils sortent le matériel complet de protection (casque intégral, coudières, genouillères et vêtements pour la pluie), on se dit qu’on a bien choisi. En plus, on est que tous les 2 alors qu’on croise des groupes de jusqu’à 10 personnes, moins équipés alors qu’on sait qu’ils ont payé plus cher. Le début de la balade est à une heure de la Paz, au bord d’un lac à 4900m d’altitude, et il est prévu qu’on ne fasse quasiment que descendre. La première partie est en fait une route classique, avant il n’y avait pas de goudron mais depuis tout a été sécurisé. Ça nous permet de prendre pas mal de vitesse, même si on reste prudent à ce niveau (enfin surtout moi, Fanny est un peu plus en confiance). De toute façon, il suffit de s’adapter à l’allure de Marcello et il y a Ivan derrière nous en voiture pour nous escorter, niveau

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sécurité on est bien assuré (ils ont même une radio pour communiquer entre eux). Le ciel est bien dégagé, on a une belle vue sur la Cordillère des Andes tandis qu’on descend à bonne allure. On s’arrête plusieurs fois pour prendre des photos, passer des checkpoints (il paraît que pas mal de drogue circule dans le coin) et manger un peu. Ce n’est que le début et on est déjà très content de faire cette expérience 1h30 plus tard, on entame la 2ème partie, la véritable Route de la Mort. C’est effectivement étroit, environ 3m de large, que des graviers, plein de virages, un grand précipice à gauche et bien sûr ça descend. On entame cette partie tranquillement et en fin de compte, en étant concentré, en utilisant correctement les freins pour contrôler sa vitesse, on trouve que ce n’est pas si dangereux que ça. On croise plusieurs autres groupes et on apprend plus tard qu’il y a eu un accident sans gravité dans l’un d’entre eux, un touriste qui allait trop vite… peut être que finalement c’est un peu dangereux. On continu d’avancer, au début on est en plein

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 On arrive le

matin à la Paz, la ville s’étale dans une vallée située à 3640m d’altitude. C’est la plus haute capitale au monde.

dans les nuages mais au bout d’un moment ça se dégage et on voit de nouveau la Cordillère mais avec cette fois beaucoup plus de végétation, du fait qu’on est de moins en moins haut. Des grands canyons verts s’étendent devant nous, avec quelques habitations, et on aperçoit aussi des vautours qui survolent le paysage. Au bout d’un moment, le chauffeur ne peut plus nous suivre, il y a des travaux sur la route plus loin. Pas grave, on est nettement plus en confiance maintenant. On poursuit la descente, on perd de plus en plus en altitude et il fait de plus en plus chaud. On croise et traverse des petites rivières, quelques cascades côté montagne nous éclaboussent de temps en temps, on fait des photos, des vidéos, on accélère, on freine, on tourne et on admire le paysage. On s’éclate bien . On passe aussi devant des mémoriaux pour ceux qui sont morts. Vers la fin de la Route de la Mort, on aperçoit des champs de coca, une des ressources principales du pays. On connaît l’usage de cette plante pour la fabrication de la cocaïne mais ici en

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Bolivie, elle sert à plein d’autres choses et c’est notamment un bon remède pour le mal des montagnes. On est à 1100m d’altitude quand on arrive au bout, on est dans le Yungas (vallée forestière) et il fait bien chaud, on a pas eu chaud comme ça depuis la Polynésie Française. Le chauffeur nous attend et on s’installe à un petit bar pour une bonne bière. On discute avec d’autres voyageurs, on regarde le début du match France – Equateur puis on repart en voiture. Dernier arrêt pour manger, un bon repas copieux, puis on rentre vers la Paz, ses 3640m d’altitude et le froid. Sur le chemin du retour, on discute avec Marcello et on essaye de comprendre pourquoi aujourd’hui il y a encore des touristes et même des guides qui meurent en descendant la Route de la Mort. On comprend en fait que c’est surtout de la malchance et de l’imprudence qui en sont la cause. De retour à l’auberge, même si ce n’était que de la descente, on est un peu claqué, on mange, on sociabilise un peu, puis on se couche. On doit se lever tôt pour aller à Copacabana, au bord du lac Titicaca.

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 Copacabana est une petite ville avec le

lac Titicaca juste en face, le plus grand lac en haute altitude du monde (3800m)

COPACABANA

L

C’était vraiment une bonne journée. e lendemain, on prend le bus à la gare routière non loin de l’auberge et on met pas mal de temps pour sortir de la Paz. Après 2 heures de route, on arrive à un village où tout le monde doit descendre pour passer en bateau de l’autre côté, la presqu’île où se trouve Copacabana. Le bus aussi prend un bateau, une espèce d’énorme barque en bois qui semble tenir le coup. Après la traversée, on remonte dans le bus, encore une heure de route et on arrive à destination. Copacabana est une petite ville avec le lac Titicaca juste en face, le plus grand lac en haute altitude du monde (3800m). On a rien réservé encore une fois, et bien sûr on galère un peu pour trouver une auberge. En fait, il n’y a presque que des hôtels mais on en trouve un pas trop cher, une chambre avec balcon qui donne sur le lac. On laisse nos affaires puis on part déjeuner, un resto sur le toit d’une maison, toujours avec le lac en face. On peut voir les bateaux qui partent vers certaines îles du lac, la petite plage (l’eau est bien sûr trop froide) et on

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aperçoit un couple d’allemand avec qui on avait fait le Salar d’Uyuni. On les appelle, ils passent nous voir, on discute et malheureusement ils quittent Copacabana ce soir. On se sépare et de notre côté on part visiter la Cathédrale qui est vraiment très belle. On grimpe ensuite sur la colline à côté de la ville, le cerro Calvario, et de là on a une superbe vue sur les environs, la campagne derrière Copacabana, la ville elle-même et surtout l’immensité du lac Titicaca. Au-delà de la ligne d’horizon, c’est le Pérou, notre prochaine destination. On reste là quasiment jusqu’au coucher du soleil, puis on rentre à l’hôtel, d’où on ne ressortira que pour dîner. 2ème jour à Copacabana, dernier jour en Bolivie, encore une fois on se lève tôt pour cette fois prendre un bateau et aller à la Isla del Sol, une île du Titicaca située à quelques km seulement. C’est un peu l’attraction principale du coin, le bateau est donc rempli de touristes et il n’avance pas très vite. Après 2 heures de trajet sur le lac, on arrive au nord de l’île et on commence une randonnée de quelques heures pour aller tout au sud. Pas mal de touristes sur la piste mais au fur

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et à mesure tout ce petit monde se disperse et au final on ne se marche pas dessus. On traverse un petit village bien typique, on passe devant des plages de sable où l’eau du Titicaca est bleue transparente, puis ça commence à monter un peu et avec l’altitude c’est pas évident, mais on se rend compte qu’on s’est quand même habitué un peu à ces conditions durant ces dernières semaines. Depuis les hauteurs, on peut voir les cultures des locaux et au loin les rives montagneuses du lac. On arrive à des ruines incas mais difficile d’apprécier sans être spécialiste, c’est surtout des tas de pierre. Pour l’histoire, l’île était pour les incas le lieu de naissance du soleil (d’où le nom Isla del Sol), c’était un lieu très important. On poursuit vers le sud et on traverse l’île par ses sommets, de nombreux points de vue sur le lac bien sûr, sur les villages et aussi, plus loin sur la gauche, sur la Cordillères des Andes enneigée. On passe par plusieurs checkpoints où les locaux nous ponctionnent d’un droit de passage (pas très cher mais bon…). En fait chaque village fait payer la traversée de son territoire et aucun moyen d’y échapper, on a cherché, tout le monde paye. Un peu pénible de sortir tout le temps son porte-monnaie mais bon, l’île vaut largement le coup. On s’arrête quelques fois pour manger et après environ 3 heures de marche, on arrive au dernier village. On sympathise avec 2 australiens lors de la descente vers le port, puis on attend le bateau pour revenir sur Copacabana. Le retour est plus rapide, 1h30. En arrivant, on fait quelques courses et on réserve notre départ du lendemain vers le Pérou. Retour à l’hôtel, claqués et rougis par le soleil, même scénario que la veille, dîner en ville et au lit tôt. Prochaine étape, Puno, de l’autre côté du lac Titicaca, côté péruvien. On raconte beaucoup de choses sur la Bolivie, des beaux paysages, des traditions encore bien présentes, des prix sympas, mais aussi malheureusement un des pays les plus dangereux pour les touristes en Amérique du Sud. On ne peut pas dire que le danger n’existe pas, les anecdotes sont bien réelles, mais nous concernant, nous n’avons pas ressenti cela. On a bien noté quelques regards, tout n’était pas hyper rassurant (les bus!), mais en prenant des précautions élémentaires et surtout en faisant attention à ce qui se passe autour de soi (ne pas avoir l’air d’un pauvre touriste perdu), on peut diminuer fortement les risques et nous pensons que le pays ne mérite pas cette réputation. Passé ces appréhensions, on a découvert un pays aux paysages incroyables, un vrai dépaysement culturel et des gens sympas et simples (on a regretté de ne pas parler suffisamment espagnol pour mieux les connaître).

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 Pour l’histoire,

l’île était pour les incas le lieu de naissance du soleil (d’où le nom Isla del Sol), c’était un lieu très important.

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Juillet 2014

PÉROU



 On part visiter le plus gros monument

de la ville, le couvent de Santa Catalina. Un mélange d’architecture espagnole et inca, il a été construit peu de temps après l’arrivée des conquistadors et il est immense, c’est presque comme un quartier à part entière

ARÉQUIPA

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n se souviendra du passage de la Bolivie au Pérou. Je suis tombé malade la nuit précédente : mal de crâne, mal de ventre, fièvre, diarrhée, la totale,… du coup j’ai mal dormi et le réveil est très dur. Fanny est aussi concernée mais dans une moindre mesure. Rien que de marcher les 5 min qui nous séparent du bus est une épreuve. Heureusement le trajet pour Puno au Pérou est court, 3-4h mais dans mon état c’est une éternité, d’autant plus qu’on doit descendre à un moment pour faire tamponner nos passeports. Quand on arrive à Puno, je n’ai qu’une idée en tête, aller aux toilettes et être dans un bon lit. C’est dommage car on n’était pas sûr de rester ici et nos premières impressions confirment que la ville ne mérite pas forcément le détour. C’est en fait une grande cité au bord du lac Titicaca, bien moins charmante que Copacabana. Le seul intérêt est de faire des excursions sur les îles aux alentours et apparemment ces sorties sont hyper touristiques. Mais on a pas le choix, il faut rester pour que je me remette, on ne peut pas aller plus loin tant que

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je ne suis pas guéri. On trouve un hôtel sans charme mais fonctionnel et surtout avec un chauffage dans la chambre. Je dors toute l’après-midi tandis que Fanny se repose aussi de son côté. Le soir, il y a du mieux, mais impossible de dire si demain je serais d’attaque pour repartir, il faut attendre une nuit complète sous la couette et voir si les médocs vont faire suffisamment effet. Malheureusement ça ne va toujours pas mieux le lendemain. Du coup, on appelle un docteur qui nous fait la consultation par téléphone (par chance, il parle anglais et français). Nouveaux médocs et encore une journée au lit. En fin d’après-midi, il y a une nette amélioration, espérons que ce nouveau traitement soit efficace. Après 2 jours au lit avec des médocs français et péruviens, enfin je vais suffisamment mieux pour poursuivre le voyage. 2ème fois que je suis aussi malade, la 1ère était à Gili Air en Indonésie. On se promène un peu dans Puno, jusqu’au port, puis on va chercher les billets de bus pour Arequipa. On rentre ensuite à l’hôtel, ça va bien mieux mais je ne suis pas encore totalement remis. On quitte Puno tôt

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le lendemain, une étape qui n’a pas servi à grand-chose à part ma convalescence. On a pris un bus bon marché, pas vraiment un choix malin car au Pérou bon marché = service et sécurité qui laissent à désirer… mais on a pas eu le choix, c’était le seul qui partait à l’heure qu’on voulait. Quand on voit le bus, on est un peu rassuré, les sièges sont pas mauvais, le conducteur a l’air à peu près clair et nos bagages sont bien étiquetés (donc moins de risques de vol). On s’installe, je baisse mon dossier et de suite la petite mamie derrière me fait comprendre que ça ne lui plait pas du tout. Je le remonte et vu que le bus n’est pas plein, je change de siège. On démarre et c’est parti pour 6 heures… et ça va être 6 longues heures pour Fanny et moi. Le bus s’arrête une heure plus tard et là, c’est le chaos : les sièges restants sont pris d’assaut, des locaux avec bagages, enfants qui pleurent, de la bouffe, ça put, il y a du bruit, c’est le bordel. Evidemment je dois retourner à mon siège d’origine, je retente de baisser le dossier mais mamie veille et me donne de bons coups dans le dos pour que je le remonte. Bien sûr, ma voisine d’en face, elle, ne se prive pas. Me voilà bien compressé pour les 5 prochaines heures. Le bus redémarre, Fanny choisit ce moment pour aller aux toilettes du bus… ils sont condamnés… elle a très envie et aucun arrêt prévu avant un bon moment. Ce n’est pas tout… Régulièrement, des vendeurs montent dans le bus pour vendre de la nourriture. Ça c’est du classique, mais d’autres « vendeurs » montent : un promoteur du « manger – bouger » version péruvienne équipé d’un mini haut-parleur vantant les mérites d’une bonne alimentation et qui au passage vend ses produits diététiques (on a eu le droit à toutes les vitamines…), un vendeur d’encyclopédies en DVD qui au passage anime le bus avec un quizz de culture générale, et aussi des chômeuses qui racontent des blagues en vendant des bonbons,… peu de répit, une seule pause pipi en mode rase campagne donc Fanny a du se retenir TOUT le trajet. Impossible de dormir me concernant, avec le petit restant de maladie de la veille je suis ravi. Au final, si on avait su que ça allait être comme ça, ça aurait pu être une expérience marrante, mais là on était pas très ouvert à la découverte, donc on sort du bus soulagé et un peu sur les nerfs. Arequipa est une ville au sud du Pérou, moins élevée que ce qu’on a fait ces derniers temps, un petit 2380m, une belle cité parait-il avec de beaux paysages aux alentours : des volcans, des cultures en terrasse et le fameux canyon de Colca. On trouve une bonne auberge, on ne comprend pas trop, on nous donne une chambre avec 5 lits dont un double, pour le prix d’une chambre double normale, rien que pour nous… tant mieux ça nous fera de l’espace. On sort dans Arequipa et la réputation de la ville est bien fondée, c’est très beau, notamment la Plaza de Armas avec l’immense cathédrale en face. On passe voir quelques agences afin

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d’avoir des renseignements sur ce qu’il est possible de faire au canyon de Colca, mais toutes les excursions proposées semblent trop formatées et touristiques à notre goût et vu que nous n’avons pas le temps de le visiter par nos propres moyens (il faut au moins 3 jours complets), on laisse tomber. On louera plutôt des VTT à la journée pour explorer les environs après-demain. On passe à la gare routière réserver nos billets de bus pour Cuzco dans 4 jours (une bonne compagnie cette fois!), on fait quelques courses en lorgnant un peu du côté des magasins de vêtements en alpaga (Arequipa est un des meilleurs endroits au monde pour faire des affaires à ce niveau), puis on rentre à l’auberge nous reposer de cette journée bien remplie (comme un bus bon marché péruvien). On fait une grasse matinée puis on part déjeuner au MacDo… ça fait plus de 3 semaines qu’on a pas mangé un truc familier et quoi de plus familier qu’un Big Mac. Puis on part visiter le plus gros monument de la ville, le couvent de Santa Catalina. L’entrée est assez chère mais ça vaut le coup. Un mélange d’architecture espagnole et inca, il a été construit peu de temps après l’arrivée des conquistadors et il est immense, c’est presque comme un quartier à part entière. On peut voir les appartements des nonnes, les salles de prière, de réception, les cuisines, etc… On a accès quasiment à tout et on s’y perd comme dans un labyrinthe. Il y a aussi 3 belles cours avec des orangers et plusieurs panneaux en anglais et français pour expliquer les détails des différents endroits. On y reste presque 2 heures. On va ensuite au pont Bolognesi, d’où on est supposé avoir une belle vue sur le volcan El Misti (un petit air de mont Fuji) mais vu que l’autoroute passe juste en dessous, ça gâche un peu l’ambiance. On remonte vers la Plaza de Armas, on s’arrête en chemin dans 2 églises ainsi que la cathédrale, et là on a notre dose pour un moment d’édifices religieux. On finit la journée au musée Santuarios Andinos qui est consacré à une expédition qui a eu lieu en 1995 dans les montagnes autour d’Arequipa et qui a permis de découvrir de nombreux artefacts incas et surtout des corps d’enfants incas dont l’un dans un état de conservation remarquable (pour 500 ans!). Ces enfants étaient sacrifiés pour apaiser les dieux des incas et l’expo explique justement l’importance de ces rites et d’autres détails, nous donnant ainsi un aperçu de la culture inca. Très intéressant. Après ça, on fait quelques courses et on rentre dîner à l’auberge. Le lendemain, on va à une agence de location de vélos en fin de matinée et ça commence mal car le type galère vraiment pour nous expliquer le parcours possible sur la carte. Au bout de 5 min où on le voit se débrouiller comme il peut, on perd patience et on prend les vélos, la carte et on se lance. On nous avait proposé au départ un guide et une voiture pour nous déposer en pleine campagne, à des endroits stratégiques pour commencer une

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balade, mais c’était vraiment cher (surtout si on compare avec ce qu’on avait payé pour la Route de la Mort en Bolivie) donc on a décidé de faire sans. On va se rendre compte qu’on aurait dû écouter les conseils… Ça fait 30 min qu’on a quitté l’agence et 30 minutes qu’on roule dans un 1er temps en ville puis sur une départementale, et on est en permanence entouré de camions, de bus et de voitures. Le paysage n’est pas agréable à regarder, quelques champs et prairies mais toujours beaucoup de ville. On s’arrête pour déjeuner dans un parc avec une bonne vue sur El Misti, puis on continu une autre demi-heure en espérant que les conditions s’améliorent… mais ce n’est pas le cas. A partir de là, on ne sait plus trop où aller (et oui c’est à partir de là que le mec de l’agence s’est perdu dans ses explications), on en a marre de rouler le nez dans les gaz d’échappement, donc on décide de rentrer… On arrive à l’agence, Fanny est bien énervée, moi surtout déçu, il aurait pu expliquer simplement que ce parcours n’était pas une bonne idée mais il se défend en précisant que c’était notre idée et qu’il l’a respectée. On sort de l’agence et on est un peu dégouté. On a quasiment fait le tour de la ville, on a raté le canyon de Colca car on a pas voulu faire de tour organisé (on aurait

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peut-être dû), du coup on reste un peu sur notre faim même si Arequipa est une belle ville. Reste plus qu’à flâner… On s’achète une glace, on se prend une bière sur le toit d’un des plus hauts bâtiments de la ville, vue sur la cathédrale et la place principale. Puis on rentre à l’auberge faire une sieste. Le soir, pour rattraper le coup, on décide de se faire le meilleur resto d’Arequipa, carpaccio de saumon, magret de canard pour Fanny, filet d’alpaga pour moi (comme du bœuf, en moins gras), on se régale bien. Dernier jour ici, on rend la chambre et on part en cours d’espagnol. On a plus rien à faire à Arequipa, notre bus pour Cuzco part en fin de journée, on s’est dit que ça pourrait être une manière utile de passer le temps (et en plus c’est pas cher). 2 heures sont prévues et à la fin, mine de rien, on arrive à construire des phrases. Ça nous sera certainement utile mais c’est un peu tard car on arrive à la fin de notre passage dans les pays hispanophones, il nous reste seulement une dizaine de jours avant d’arriver au Brésil. On déjeune, on fait un tour au marché de la ville, puis on rentre à l’auberge patienter le temps qu’il reste avant le départ du bus. 12 heures de trajet cette fois, une formalité.

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 Arequipa est

une ville au sud du Pérou, moins élevée que ce qu’on a fait ces derniers temps, un petit 2380m, une belle cité parait-il avec de beaux paysages aux alentours : des volcans, des cultures en terrasse et le fameux canyon de Colca



 On a une vue splendide du Machu

Picchu, niché entre des montagnes et des précipices

CUZCO Y EL MACHU PICCHU

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in de journée, on va à la gare routière d’Arequipa pour prendre le bus vers Cuzco, probablement la ville la plus touristique du Pérou en raison de la proximité de nombreuses ruines incas dont le fameux Machu Picchu. Cette fois on voyage avec la meilleure compagnie de bus péruvienne, Cruz del Sur, et le service est effectivement excellent : salle d’embarquement, collations diverses, tablettes tactiles avec films et jeux, sièges presque complètement inclinables à l’horizontale, on est comme dans un avion, voire mieux… il y a un même un bingo organisé par l’hôtesse. On passe une nuit correcte mais courte, et on arrive à destination vers 7h. On a réservé une chambre dans une auberge près de la Plaza de Armas (encore une, c’est le nom de la place principale dans quasiment toutes les villes où on a été depuis la Bolivie) mais elle n’est pas prête de suite. On prend le petit-déj et on sort. Premières impressions de Cuzco : c’est très beau, des vieux bâtiments un peu partout, avec un style colonial bien présent bien sûr, des rues pavées, des églises, etc… et toujours avec

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les montagnes au fond (on est encore en altitude, aux alentours de 3500m). On est un peu crevé du trajet donc on visitera plus tard. On profite plutôt de ce moment pour aller chercher les billets de train et les entrées pour le Machu Picchu. Facile pour le train, c’est sur la place principale, mais pour les entrées c’est un peu loin. En une heure on récupère tout, on retourne à l’auberge en espérant que la chambre soit prête mais non, il faut encore patienter un peu. Dès que c’est bon, douche et sieste au programme. On ressort en début d’après-midi et on s’arrête à la place principale pour prendre quelques photos et déjeuner dans un fast food péruvien, pas mauvais et ça nous permet de tester le chicha, une boisson à base de maïs. Puis on va visiter Qorikancha, les ruines d’un temple important pour les incas, sur lesquelles a été construite une église. Aujourd’hui, on peut encore voir les murs et quelques pièces qui témoignent du passé inca de l’édifice. Cuzco était le centre de l’empire inca et Qorikancha était à l’époque couvert d’or (mais les conquistadors sont passés par là). Une visite plutôt

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 Premières impressions de

Cuzco : c’est très beau, des vieux bâtiments un peu partout, avec un style colonial bien présent bien sûr, des rues pavées, des églises, etc… et toujours avec les montagnes au fond (on est encore en altitude, aux alentours de 3500m).

Le lendemain, on part dans la matinée à Ollantaytambo, un petit village à 2 heures de Cuzco d’où on partira pour aller au Machu Picchu. On nous l’a vivement conseillé, notamment par rapport à Agua Calientes, l’autre village au pied du Machu Picchu. Il est plus éloigné, 1h30 en train, mais moins touristique, plus joli et moins cher 


On se pose sur une des terrasses et on déjeune tout en admirant un des plus beaux paysages qu’on ait vu depuis notre départ de France, on a presque du mal à croire que c’est juste là devant nous intéressante. On essaye ensuite de visiter la Cathédrale mais bizarrement c’est fermé. On part au marché de San Pedro, le marché typique de la ville. On boit un jus de fruits frais (nettement plus cher qu’en Bolivie) et on s’achète quelques trucs à manger. On va au supermarché juste à côté faire les courses pour le dîner puis on retourne à l’auberge. On mange, on sociabilise un peu avec les autres occupants de la petite auberge et on se couche tôt, bien fatigués encore par la nuit passée dans le bus. Quasi 10 heures de sommeil plus tard, on se prépare tranquillement et je discute pendant le petit-déj avec un couple de belges qui voyage 18 mois (on a rencontré beaucoup de gens qui voyagent longtemps durant notre périple, mais peu qui voyagent plus longtemps que nous). On poursuit ensuite la visite de Cuzco. Cette fois, on va un peu en dehors de la ville, à Saqsayhuaman, des ruines incas situées en périphérie. En passant par la place principale, on peut y voir une espèce de défilé en l’honneur d’on ne sait quoi, on a l’impression qu’il y a tout le temps un truc à fêter dans les pays d’Amérique du Sud. On grimpe 20 bonnes minutes vers les hauteurs de la ville et à l’entrée du site, on nous déleste d’un paquet de soles (monnaie péruvienne) car il faut acheter un billet spécial qui donne accès à d’autres ruines. On a pas prévu de toutes les faires, mais au moins quelques-unes ce qui est suffisamment rentable pour qu’on arrête de se poser des questions. Saqsayhuaman, c’est les plus grandes ruines incas à proximité de Cuzco et il nous faut quasiment 1h30 pour en faire le tour. Plusieurs murailles en parfait état, des pièces à ciel ouvert, des terrasses et de grands espaces verts avec quelques alpagas qui se promènent (maintenant que je sais quel goût ils ont, je les regarde différemment). Il y a également une belle vue sur Cuzco mais aussi la campagne autour du site. A côté il y a un autre point de vue, depuis une statue du Christ blanche (comme dans beaucoup de villes d’Amérique du Sud), on y va pour prendre quelques photos. Après cette balade matinale, on retourne en ville pour déjeuner. On trouve un restaurant où un paquet de locaux s’est donné RDV pour le dimanche, par forcément bon marché mais de la nourriture bien typique et hyper copieuse, impossible de finir. Le tout arrosé d’Inca Kola, l’espèce de coca péruvien au goût de chewing-gum. On va ensuite à la

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Cathédrale. L’entrée est un peu chère mais l’intérieur est démesuré, on avait pas vu une décoration aussi riche dans une église depuis celles qu’on avait visité en Russie. On passe au quartier San Blas, le quartier bohème de la ville, on y croise beaucoup de jeunes néo-hippies. On espère y visiter un musée dont on a entendu parler mais il est fermé. On retourne à la place principale, on se prend une glace, on se pose sur un banc et on reste là un moment à regarder les gens passer. La fin de journée arrive, on part faire quelques courses et en passant par la place San Francisco, on s’arrête à une sorte de kermesse avec plein de jeux bizarres (du moins pour nous), des animations et des stands de bouffe (après le récent épisode gastrique, on va se calmer un peu sur les aventures culinaires). On repasse à l’auberge et on ressort juste pour dîner. Le lendemain, on

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 On a prévu

de grimper la montagne située à gauche du Machu Picchu et qui porte le même nom. Une « petite » rando sympathique qui devrait nous permettre d’avoir une belle vue (si la brume se dissipe)

part dans la matinée à Ollantaytambo, un petit village à 2 heures de Cuzco d’où on partira pour aller au Machu Picchu. On nous l’a vivement conseillé, notamment par rapport à Agua Calientes, l’autre village au pied du Machu Picchu. Il est plus éloigné, 1h30 en train, mais moins touristique, plus joli et moins cher. On prend un bus local et durant le trajet (superbe, on descend en altitude et on passe par des vallées, des canyons, etc…) on fait connaissance avec un français, pilote à Air France, qui a quelques jours de repos avant de reprendre un avion depuis Lima pour Paris. On arrive à Ollantaytambo, on pose nos affaires à l’auberge et on déjeune avec le pilote qui prend ensuite un train pour Agua Calientes. On visite le village qui est effectivement bien typique, des rues étroites, des maisons tout en pierre, mais c’est plus développé qu’on ne l’imaginait. Les

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ruines de l’ancienne cité inca qui existait autrefois ici sont l’attraction majeure et elles sont impressionnantes : une suite de terrasses avec au sommet des édifices en ruine, et quand on arrive en haut, on a une belle vue sur le village au creux de la vallée, les champs au loin, les montagnes tout autour et en face, on peut apercevoir d’autres ruines moins fréquentées. En descendant, on peut aussi apprécier le système inventé par les incas pour amener l’eau au cœur de la cité. L’endroit est un des rares où les conquistadors ont connu une défaite face aux incas.On décide d’aller aux autres ruines en face. Après un bon quart d’heure à grimper sur la petite montagne, on arrive au sommet et cette fois on a une vue d’ensemble des ruines principales tandis que le soleil se couche. On a bien fait de s’arrêter ici, ça valait le détour. On retourne à la place principale (encore une Plaza

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de Armas), on s’arrête à un bar pour prendre un pisco sour, et lorsque la nuit tombe on retourne à l’auberge. Le grand jour est arrivé, la visite du Machu Picchu et ça ne s’improvise pas : on a dû aller au ministère de la culture à Cuzco pour les tickets d’entrée et on également dû réserver un train spécial pour aller au village le plus proche, Agua Calientes, probablement le train le plus cher du monde par rapport à la distance (1h30 de trajet pour quasiment 50€). On aurait pu faire un trek de plusieurs jours mais on manque de temps et aussi on a trop la flemme. On commence tôt cette journée spéciale, on se lève à 5h pour être à temps au train de 6h40. Le train est cher mais il y a un certain niveau de service : les sièges sont confortables, une collation est incluse et il y a une petite ambiance avec en permanence une musique péruvienne, parfois de bon goût, parfois non (genre remix d’ABBA à la flûte…). Les paysages qui défilent sont magnifiques. On arrive à Agua Calientes et heureusement qu’on ne reste pas ici, ça fait pas vraiment rêver, des hôtels, des restos, des boutiques de souvenirs ont poussé partout, et ça continu, en fait on a l’impression d’arriver

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dans un village en chantier. On va rapidement à la station de bus pour rejoindre l’entrée du Machu Picchu, encore un petit trajet de 25 min pour un maxi prix, visiblement les péruviens exploitent à fond leur patrimoine pour en tirer le meilleur profit. Il est 9h du matin quand on arrive enfin au but. Malheureusement il ne fait pas beau pour l’instant, beaucoup de brume, et quand on pénètre dans l’enceinte de la fameuse cité inca, on a pas beaucoup de visibilité, juste quelques bouts des ruines. C’est pas grave car dans un 1er temps nous n’irons pas visiter le site proprement dit, on a en effet prévu de grimper la montagne située à gauche du Machu Picchu et qui porte le même nom. Une « petite » rando sympathique qui devrait nous permettre d’avoir une belle vue (si la brume se dissipe). J’ai un peu mal au ventre ce matin-là, du coup la grimpette de 2h est difficile pour moi, Fanny s’en sort plutôt bien de son côté. De temps en temps, ça se dégage et on aperçoit les ruines, mais c’est majoritairement blanc autour de nous la plupart du temps. On arrive au sommet, un petit 3000m, on s’installe et on attend que les nuages passent. On a de la chance, au bout de

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15 minutes (certains ont attendu 2 heures), tout est dégagé et on a une vue splendide du Machu Picchu, niché entre des montagnes et des précipices. Après quelques photos, on redescend, nettement plus facile et quand on arrive en bas, plus de brume, on a une vue parfaite du site. On se pose sur une des terrasses et on déjeune tout en admirant un des plus beaux paysages qu’on ait vu depuis notre départ de France, on a presque du mal à croire que c’est juste là devant nous. Une bonne heure plus tard, on descend explorer les ruines. Avec le Lonely Planet et le dépliant donné à l’entrée, on arrive à avoir quelques explications sur les différentes parties (les temples, les miradors, le système de distribution d’eau, les habitations, etc…) mais c’est vrai qu’avec un guide, on aurait appris bien plus. Une des particularités du Machu Picchu, outre sa situation, est que cette cité inca n’a jamais été découverte par les conquistadors (ce qui peut expliquer son état de conservation), c’est un explorateur européen qui l’a découverte bien plus tard avec l’aide de fermiers péruviens. On met 2 heures pour faire le tour, avec quelques rencontres avec des lamas et des chinchillas. C’est

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le milieu d’après-midi, on est bien claqué, entre le manque de sommeil et la rando, et on reprend le bus pour retourner à Agua Calientes. Il nous reste presque 3 heures avant le train retour pour Ollantaytambo, il va falloir s’occuper. On voulait aller aux sources chaudes mais il commence à pleuvoir et on a la flemme de se changer. Du coup, on se pose dans un bar, un pisco sour et une soupe, tout en regardant le Brésil subir la plus grosse défaite de son histoire face à l’Allemagne. L’heure du train arrive, même scénario qu’à l’aller, sauf que cette fois on est bien dans les vapes. On arrive à Ollantaytambo en début de soirée, on s’arrête vite fait pour dîner dans une pizzeria avant de rejoindre notre doux lit à l’auberge. Une journée épuisante, mais bon, on a vu le Machu Picchu, une des 7 merveilles du monde (et le compte y est presque, il n’en reste que 2 qu’on a pas encore vu lors de nos différents voyages, l’ancienne cité maya de Chichen Itza au Mexique et la statue du Christ Rédempteur au Brésil, et cette dernière, c’est pour dans quelques semaines). Encore un énorme souvenir. Demain on retourne sur Cuzco, il nous reste seulement quelques jours au Pérou.

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 On va ensuite aux salines de Maras,

C’est en fait un regroupement de plusieurs centaines de bassins pour récolter du sel, répartis sur le flanc d’une montagne, un paysage atypique pour la région.

CUZCO ET LIMA

A

ux alentours de 10h on prend un colectivos (minibus) pour retourner à Cuzco depuis Ollantaytambo. On arrive vers 12h et sur le chemin pour aller à l’auberge on aperçoit d’autres voyageurs qu’on a croisés plusieurs fois ces derniers jours. On finit par se donner RDV le soir même dans un pub irlandais dans le centre. On pose nos affaires dans notre chambre, puis on part déjeuner tout en regardant le début du match Argentine – Pays-Bas, en espérant que l’Argentine gagne car si c’est le cas, on aura la chance d’être présent à Buenos Aires, capitale du pays, pour la finale de la coupe du monde. On va ensuite dans une agence pour réserver une excursion pour le lendemain, notre dernière journée sur Cuzco, ainsi qu’au musée qui était fermé dimanche dernier. C’est en fait une galerie d’un artiste réputé pour ses talents de tisseur. Dommage que ses œuvres soient aussi chères car on en aurait bien ramené. Fanny part de son côté faire un peu de shopping, tandis que je retourne à l’auberge. Le match se termine, l’Argentine gagne, il va y avoir de l’ambiance

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à Buenos Aires. Vient l’heure du RDV au pub irlandais, on retrouve Emilio et Fernanda, un couple de mexicains qu’on a du croiser au moins 3 fois à 3 endroits différents. Sam, Rémy et Théo qu’on avait rencontré à Sucre en Bolivie nous rejoignent également, on était encore en contact avec eux par mail et ils viennent d’arriver à Cuzco. On discute, on boit pas mal, encore un petit moment sympa entre voyageurs. Le réveil va être difficile, surtout qu’on a pas vraiment mangé. Comme prévu, dur de se réveiller à 7h. On va au point de RDV de l’excursion, nous partons aujourd’hui pour Moray et Maras, dans la Vallée Sacrée pas loin de Cuzco. Cette fois, c’était moins cher de passer par une agence car sinon il aurait fallu plusieurs bus locaux et taxis pour y aller, les sites étant un peu paumés. Et puis l’agence nous a été recommandée par le couple de belges rencontré à l’auberge. Du coup on se retrouve dans un bus avec une vingtaine d’autres touristes et un guide qui nous balance plein d’informations dans son micro (un des avantages des tours organisés, on apprend quand même un peu plus de choses). On fait un 1er arrêt

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On poursuit notre route jusqu’à Moray, qui fut au temps des incas un énorme laboratoire agricole qui leur permettait de tester différentes cultures dans les 3 types de conditions climatiques existantes dans l’empire. On peut voir distinctement les 3 niveaux de culture, 3 séries de terrasses situées à des altitudes différentes 

dans le village de Chinchero, réputé pour sa production de textiles. On va dans les ateliers d’une famille péruvienne qui de génération en génération se transmet des techniques anciennes de fabrication de vêtements, couvertures et autres produits faits en laine d’alpaga. Après quelques explications et démonstrations, on nous invite bien sûr aux petits stands à côté pour éventuellement acheter des trucs. Ça ne nous intéresse pas vraiment et c’est heureusement le seul arrêt de ce type qu’il y aura de la journée. On poursuit notre route jusqu’à Moray, qui fut au temps des incas un énorme laboratoire agricole qui leur permettait de tester différentes cultures dans les 3 types de conditions climatiques existantes dans l’empire. On peut voir distinctement les 3 niveaux de culture, 3 séries de terrasses situées à des altitudes différentes. On se promène sur le site une bonne heure, puis on remonte dans le bus.On va ensuite aux salines de Maras, pas très loin. C’est en fait un regroupement de plusieurs centaines de bassins pour récolter du sel, répartis sur le flanc d’une montagne, un paysage atypique pour la région. Il y a des réserves de sel dans la montagne, et l’eau douce qui passe à travers en ressort hyper salée. Il ne reste plus qu’à la traiter dans les bassins pour récolter plusieurs types de sel. On a eu de la chance, on est dans la

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bonne saison pour voir les salines en pleine exploitation, la plupart sont bien blanches. C’est la fin du tour et on retourne sur Cuzco. Pour à peine 7€, ça valait le coup d’être avec tous les autres touristes. De retour en ville, on a bien faim, il est 15h et on a rien mangé depuis ce matin. On se fait plaisir, on va dans un resto bio assez cher mais très bon, on a pas mangé comme ça depuis des semaines. On va se reposer à l’auberge en attendant l’heure du dîner. On tente un resto recommandé par le proprio de l’auberge et on mange encore très bien (de nouveau de l’alpaga). On comprend mieux la popularité de la cuisine péruvienne dans les pays voisins (Chili, Bolivie), c’est vraiment bon. Le lendemain matin, on décolle pour Lima, capitale du Pérou, ça faisait longtemps qu’on avait pas pris l’avion. Après un mois passé en altitude, entre 2000 et 4000m, nous revoilà au niveau de la mer. Tant mieux, si on s’est habitué au manque d’oxygène, le soleil qui tape vraiment fort et le froid la nuit ne vont pas nous manquer. Par contre il fait bien moche quand on arrive, un ciel bien couvert et pas un rayon de soleil, et ça en altitude, on a quasiment jamais eu ce temps-là. Quand on sort de l’aéroport, on hésite entre taxi et bus pour aller en ville mais apparemment vu qu’on est 2, prendre un taxi revient au même prix et c’est bien

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sûr plus pratique. Il y en a un qui vient nous trouver et nous propose un bon tarif car on partagera la course avec une autre touriste. On accepte mais quand on arrive à son taxi, plusieurs choses nous semblent louches malgré le fait que le type a bien un badge prouvant son affiliation à la plus grosse compagnie de taxi de Lima : aucune inscription sur sa voiture, il enlève sa veste officielle et la remplace par une veste de survêtement et l’autre passagère n’a aucun bagage. On est pas trop rassuré, donc je commence à poser des questions à la fille qui s’installe devant. Elle vient du Texas et elle a laissé ses bagages à la consigne de l’aéroport car elle reprend un avion ce soir. Son histoire et surtout son accent américain semblent tenir la route. On nous a mis en garde contre les taxis à Lima, des histoires d’extorsions notamment, donc on se pose des questions jusqu’à ce qu’on arrive à destination sains et saufs. Au final tout s’est donc bien passé même si à la fin il y a un malentendu sur le prix, classique… On ne reste qu’une journée sur Lima, une seule nuit et on s’est fait plaisir, on a loué un bel appartement avec vue sur la mer dans le quartier Miraflores, baignoire, jacuzzi, etc… le luxe, on a pas eu autant de confort depuis un moment. On s’installe, puis on sort profiter du peu de temps qu’on a dans la capitale péruvienne. On commence

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par une balade le long de la côte. On passe par plusieurs parcs situés sur les falaises qui dominent les plages où on peut voir plusieurs surfeurs essayer d’attraper les vagues de l’océan Pacifique. On s’arrête pour déjeuner dans un petit resto avec vue sur la mer, et ensuite on prend un taxi pour rejoindre le centre-ville de Lima. Après 20 minutes de trajet, on réalise que Lima c’est très grand. On arrive enfin à la place principale, une autre Plaza de Armas, moins belle que celle de Cuzco mais sympa quand même. Elle est entourée de nombreux bâtiments coloniaux qui semblent relativement récents, ainsi que la Cathédrale. On va jusqu’au monastère San Francisco, où on visite une église dont la décoration est bien chargée (comme à Cuzco), le monastère proprement dit et les catacombes, où auparavant le tout Lima était enterré sauf les nobles et les personnes importantes qui étaient enterrés sous la Cathédrale. Les explications d’un guide sont inclues dans le prix de la visite, du coup on apprend pas mal de détails sur l’histoire du monastère. On flâne un peu dans le centre, puis on prend un taxi pour aller au quartier Barranco, le quartier bohème de Lima. C’est mignon, mais pas non plus exceptionnel. On va dans un bar assez connu et recommandé par une copine qui habite ici depuis quelques temps (malheureusement pas dispo aujourd’hui), l’Ayahuasca, et on se prend quelques cocktails alors que la nuit tombe sur Lima. Le bar est vraiment bien et on nous offre même quelques trucs à manger car c’est la date anniversaire de l’ouverture. Ensuite, on va dîner dans une cevicheria, un resto spécialisé dans les plats à base de poisson, notamment cru, et c’est ce qu’on prend, ce qui ne manque pas de nous rappeler la Polynésie Française (le poisson cru y est préparé quasiment de la même façon). On rentre à l’appartement, un peu crevé mais on a bien profité de notre unique journée à Lima, reste plus qu’à profiter maintenant de tout ce confort, notamment la baignoire, on en a pas eu à disposition depuis très longtemps. Le lendemain matin, on prend notre temps, notre avion pour Buenos Aires décollant seulement en début d’après-midi. Petit-déjeuner avec la mer en face, puis on prend un taxi pour l’aéroport. On retourne donc vers le sud, fini l’altitude de la Cordillère des Andes, nous allons progressivement nous diriger vers des températures plus clémentes car de Buenos Aires nous irons au Brésil pour finir à Rio de Janeiro, ultime étape de notre voyage, le vol retour vers l’Europe décolle de là le 7 août. On y pense régulièrement maintenant… On a bien aimé le Pérou, l’histoire, les ruines incas, les paysages, la nourriture, beaucoup de choses à faire dans ce pays en fait, par exemple il y a toute la partie jungle amazonienne que nous n’avons pas visitée et qui semble exceptionnelle. Il nous a manqué malheureusement les quelques jours pris pour ma convalescence lors dans notre arrivée dans le pays depuis la Bolivie. Mais c’était quand même chouette.

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Juillet 2014

ARGENTINE




 On a adoré Buenos Aires, une des

meilleures villes qu’on a visitée depuis le départ

BUENOS AIRES

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heures de vol, 2 heures en plus de décalage horaire et avant-dernier avion avant le retour en France. Nous voici arrivés à Buenos Aires, capitale de l’Argentine. On ne reste pas longtemps dans ce pays, la fin approche et on manque de temps. On va rester quelques jours ici puis on part pour les chutes d’Iguaçu, d’abord côté argentin puis côté brésilien. On remonte ensuite progressivement jusqu’à Rio de Janeiro, dernière étape de notre aventure. On a entendu plein de bonnes choses sur Buenos Aires donc on a pas résisté à l’envie d’y faire un tour. De plus on a de la chance, demain c’est la finale de la coupe du monde, Argentine contre Allemagne, ça promet d’être festif. L’aéroport est très loin de la ville, on met presqu’une heure en taxi pour arriver au centre. On a encore réservé un appartement, ou plutôt une chambre dans un appartement. La sympathique propriétaire nous accueille, c’est très grand, ancien mais bien entretenu, très cosy et confortable, on va bien se plaire ici. On pose nos affaires et on ressort pour dîner. Comme on nous l’avait dit plusieurs fois, Buenos Aires

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ressemble beaucoup à une grande ville européenne, il y a même comme un parfum de Paris dans l’air. On va dans un resto conseillé par la propriétaire qui s’avère être un resto péruvien. On mange très bien, entrée, plat et bouteille de bon vin argentin pour un peu moins de 20€. Ça commence bien. On prend notre temps le matin suivant, histoire d’organiser un peu nos quelques jours dans la capitale argentine, puis on sort vers midi et déjà on peut entendre les klaxons et les pétards un peu partout dans les rues, quasiment tous les argentins qu’on croise portent les couleurs de l’équipe nationale. Quand on arrive à l’emblématique obélisque sur la grande avenue 9 de Julio, une foule est déjà réunie en train célébrer la finale qui aura lieu dans 4 heures. On prend un bus pour aller au quartier de la Recoleta, un coin chic de Buenos Aires qui nous fait de nouveau penser à Paris. On visite le fameux cimetière, où on peut voir des tombes et des mausolées plus extravagants les uns que les autres. C’est un peu le Père Lachaise d’ici, beaucoup de personnes célèbres y sont enterrées (dont Evita, si vous ne connaissez

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pas, je dirais juste « don’t cry for me Argentinaaaaa »). On reprend un bus pour rejoindre le quartier de Palermo. On passe devant plusieurs parcs qu’on voulait visiter mais ils sont tous fermés, peut-être à cause de la finale. Après une demi-heure de marche on arrive au cœur du quartier, la place Serrano, des bars un peu partout et c’est pour cette raison qu’on est venu là, afin d’en trouver un sympa pour voir le match. Malheureusement la plupart sont bien remplis, on en trouve finalement un à l’écart de la place où il reste seulement quelques chaises de dispo. Entouré d’argentins surmotivés, on regarde l’équipe nationale faire un match difficile et tendu jusqu’aux dernières minutes des prolongations, lorsque l’Allemagne marque le premier but de la rencontre. Grand silence, puis tout le monde reprend les encouragements, il reste un peu plus de 5 minutes pour égaliser. Mais ça n’arrivera pas, l’Allemagne remporte la coupe du monde. Pas d’explosion de joie bien sûr mais des applaudissements tout de même. On revient au centre en métro et malgré la défaite, les argentins font la fête et c’est bien le bordel dans la rame. On arrive à la Plaza de Mayo, la place principale de Buenos Aires, bien surveillée par les flics donc c’est relativement calme. Mais quand on remonte l’avenue de Mayo (on est pas surpris d’apprendre que l’urbaniste responsable de cette rue s’est inspiré de Paris, la ressemblance est frappante), on croise de plus en plus de supporters et il y a de plus en plus de bruit. Lorsqu’on arrive au croisement avec l’avenue 9 de Julio et plus précisément à l’obélisque, la foule qu’on a vu plus tôt dans la journée s’est largement agrandie, c’est noir de monde, on est en fait au point de rassemblement principal de la fête. L’équipe d’Argentine a perdu mais tout le monde célèbre la seconde place, qu’est-ce que ça aurait été s’ils avaient gagné. On s’imprègne de l’ambiance, on dîne dans le coin puis on rentre à l’appartement. Le lendemain, on se lève assez tôt car le programme est chargé. On passe d’abord à une agence pour réserver nos billets pour les chutes d’Iguaçu, puis on marche de la place du Congrès à la Plaza de Mayo. L’architecture des bâtiments fait vraiment penser au style haussmannien de certaines rues parisiennes. A la Plaza de Mayo, on visite la Cathédrale dont l’extérieur ne ressemble pas du tout à un édifice religieux. L’intérieur est somptueux et on peut y voir la tombe du général San Martin, un héros argentin responsable de l’indépendance du pays. Après nous être baladés autour de la place et du palais du gouvernement, la Casa Rosada, on prend un bus pour la Boca. L’ambiance de ce quartier de Buenos Aires est particulière : des maisons de toutes les couleurs, des boutiques d’art un peu partout, des danseurs de tango, des sculptures de style grotesque, des restos, des boutiques, c’est très touristique. On fait la comparaison avec Montmartre mais la Boca possède une atmosphère tout de même assez unique. On déjeune, puis on essaye de visiter

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un musée mais il est fermé le lundi. On retourne à la Recoleta, le quartier du cimetière, pour voir un autre musée mais idem, fermé le lundi. Tant pis, on prend de nouveau un bus pour cette fois aller au musée MALBA, et on est sûr qu’il est ouvert. Ce musée regroupe des œuvres d’art moderne de tous les coins d’Amérique latine. Il est grand, les sujets sont variés et les œuvres sont vraiment intéressantes. On se régale bien durant cette visite, ça faisait un moment qu’on avait pas visité un musée aussi bien. C’est la fin de journée, on prend un taxi pour aller au salon Canning, un club de tango, pour le premier cours de tango de notre vie, un cours pour les débutants avec des profs sympas et attentifs aux besoins et à la progression des élèves. Et bien le tango, c’est pas facile, même les mouvements de base, mais c’est beau et élégant à regarder. Au bout de 2 heures, on a réussi à apprendre la base et quelques pas. On reste prendre un verre de vin et quand on voit le cours des élèves en niveau avancé, on se rend compte qu’il y a encore du chemin… mais c’était une bonne idée d’essayer. On rentre en métro vers l’appartement, on galère un peu à choisir un resto pour dîner, on finit par trouver un chinois pas trop mal avec une vraie ambiance made in China : des grandes tables rondes avec l’immense plateau tournant au milieu avec dessus une montagne de plats différents à moitié entamés (bien sûr les restes seront jetés), et autour des chinois qui hurlent pour parler, qui clopent et qui trinquent sans arrêt. Ça nous rappelle quelque chose. Pour notre 3ème journée sur Buenos Aires, on commence déjà par une grasse matinée et on prend notre temps avant de sortir. Le temps est très mauvais, on espère que ça se dégage car on a prévu de faire du vélo aujourd’hui. On part à San Telmo, un vieux quartier de la ville, réputé pour ses clubs de tango, ses parrillas (resto de grillades) et ses antiquaires. A un coin de rue, on peut voir une statue de Mafalda (héroïne d’une BD argentine également populaire en France). On déjeune dans une parrilla, de la viande toujours aussi excellente, puis on va au musée d’art moderne de Buenos Aires. Des œuvres très originales sont exposées et au dernier étage, il y a une expo dédiée au psychédélisme dans les années 60. En une heure on fait le tour, on va ensuite au quartier Puerto Madero, situé au bord du Rio de la Plata. Ce quartier est plus récent que les précédents, les bâtiments sont très modernes. On espère y visiter la réserve écologique Costanera Sur en vélo, mais quand on y arrive c’est fermé. On a pas trop compris pourquoi, soit à cause du mauvais temps, soit parce qu’il est trop tard mais les horaires indiqués semblent dire le contraire. Dommage, car il fait beau maintenant. Du coup, on va au canal de l’autre côté, on se pose dans un café, on boit un verre en regardant le coucher du soleil, avec vue sur la frégate Sarmiento, un grand voilier qu’il est possible de visiter. Le soir, on va au même resto péruvien que

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le jour où on est arrivé. La nourriture est excellente, pas chère et vu la queue pour avoir une table, il semblerait que ce soit un des meilleurs plans de notre quartier. Dernier jour à Buenos Aires et on a pas grand-chose de prévu. De nouveau une grasse matinée, on profite à fond du confort de l’appartement qui pour le coup a été probablement un des meilleurs hébergements qu’on ait eu depuis le début du voyage. Puis on retourne à Puerto Madero. On déjeune sur les quais du canal et on repasse à Costanera Sur, qui cette fois est ouvert mais malheureusement, à cause des récentes pluies, il est interdit de circuler en vélo. On entame donc une balade à pied d’une bonne heure dans le parc. C’est tellement grand, isolé et vert

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qu’on a du mal à croire que la capitale est juste à côté. Vers la moitié du parcours, on arrive en face du Rio de la Plata, pas très propre mais c’est agréable de se poser 5 minutes à cet endroit. On quitte le parc et on prend un taxi pour rentrer à l’appartement. On prépare nos affaires puis on ressort pour aller à la gare routière pour prendre un bus de nuit pour les chutes d’Iguaçu, tout au nord de l’Argentine, à la frontière avec le Brésil et le Paraguay. Encore un paysage de fou en perspective. Sinon, on a adoré Buenos Aires, une des meilleures villes qu’on a visitées depuis le départ.

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 On visite

le fameux cimetière, où on peut voir des tombes et des mausolées plus extravagants les uns que les autres. C’est un peu le Père Lachaise d’ici.





 C’est la fin de journée, on est claqué,

on a les jambes usées mais on décide de repasser par le sentier supérieur pour profiter jusqu’au bout du paysage époustouflant des chutes d’Iguaçu.

PUERTO IGUAZU

L

e bus Buenos Aires – Puerto Iguazu est probablement le meilleur bus qu’on ait pris de tout le voyage: sièges inclinables presque complètement à l’horizontale (comme un lit en fait), tablettes pour voir des films, wi-fi, plusieurs collations, une vraie couverture et des toilettes avec de l’eau. Malgré les 18 heures de trajet, on est plutôt frais quand on arrive à destination en début d’après-midi. Par contre il fait un temps horrible, averses en continue, des éclairs, un orage assez violent, on a pas eu un temps comme ça depuis l’Asie du sud-est. On demande à l’accueil de la gare routière si demain ça va s’améliorer, on nous répond que rien n’est sûr mais qu’à priori c’est mal parti. Si c’est le cas, on va peut-être devoir rester plus longtemps que prévu ici, on ne va pas visiter les chutes d’Iguaçu dans de telles conditions.10 min de marche sous la pluie et on arrive à l’auberge. L’accueil est bon mais on retrouve une chambre basique comme on avait l’habitude d’avoir avant Lima au Pérou. Fini les beaux appartements confortables pour le moment, il est temps de revenir à des hébergements

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plus conformes à notre budget. On ressort pour déjeuner, toujours sous la pluie bien sûr, et on se rend compte que la proximité des chutes, un des plus gros sites touristiques d’Amérique du Sud, a une certaine influence sur les prix ici, tout est un peu plus cher. Mais comme d’habitude depuis qu’on est en Argentine, on mange très bien. On hésite un moment à faire une balade le long du Rio Iguazu, mais après la nuit dans le bus et vu le temps, on renonce. On fait les courses pour le dîner, puis on rentre à l’auberge où on se repose le reste de la journée. Le lendemain, on se lève tôt et finalement le temps est plutôt bon. Après le petit-déj, on va à la gare routière et on monte dans le prochain bus pour les chutes côté Argentine. Il parait qu’elles sont encore plus impressionnantes que les chutes du Niagara, certains les considèrent même comme les plus belles du monde. Ça va être difficile de juger correctement, en raison d’inondations en juin dernier, les plus fortes de l’histoire des chutes, la moitié du parc national côté argentin est fermé dont la fameuse Garganta del Diablo (gorge du diable).

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Cependant, on nous a dit que ça valait quand même le coup donc on a maintenu cet arrêt sur notre itinéraire. On arrive à l’entrée, on achète les billets, chers pour l’Argentine, puis on s’arrête à un kiosque pour réserver un tour en bateau afin d’être au plus près des chutes, et justement de la Garganta del Diablo. La plateforme a été détruite mais il est possible de se rapprocher par la rivière, du coup on paye encore plusieurs pesos pour y aller. Cette visite commence à nous coûter du pognon. On a une heure pour aller au quai d’où partent les bateaux, on doit passer par le sentier inférieur (en bas des chutes) pour y parvenir. Les chutes d’Iguaçu c’est presque 3 km de cascades, variant entre 60 et 82m de hauteur. Plus on se rapproche, plus on entend le bruit des chutes, et on aperçoit les premières cascades, superbes et plongeantes dans le Rio Iguazu. On arrive ensuite à un endroit où on peut voir presque l’ensemble du site, une vue magnifique, on prend plein de photos et de vidéos. Il y a en plus de nombreux arcs-en-ciel un peu partout (on en aura jamais vu autant sur une même journée), ce qui ne manque pas de nous émerveiller encore plus. Toutes les passerelles ne sont pas hors service et l’une d’entre elles nous permet

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de nous rapprocher de la cascade de Bossetti. Le souffle est impressionnant et les autres touristes sont à la limite de l’hystérie. Il paraît que les cascades dégagent des ions positifs qui ont une influence sur l’humeur des gens. On ne sait pas trop si cela a cet effet là sur nous mais autour de nous on peut certainement le voir. On se dépêche ensuite pour aller au bateau. On se rapproche du quai et on est quasiment au niveau de la rivière, une nouvelle occasion de prendre les chutes en photo sous un angle différent. Quand on arrive, le bateau vient juste de partir, on a raté le RDV, trop occupé à profiter du paysage. Aucun problème, on pourra prendre le suivant mais il part dans une heure. Ça nous arrange pas vraiment car on doit commencer une rando à 15h, au-delà le sentier sera fermé. On profite donc de ce laps de temps pour aller rapidement nous chercher à manger pour déjeuner (pas grand-chose pour beaucoup de pesos) et revenir au quai à temps pour l’embarquement. Le bateau quitte le quai, une trentaine de personnes à bord. On se rapproche au plus près de la Garganta del Diablo, puis près d’une autre série de cascades proche de celle de Bossetti. On peut sentir encore plus le souffle et on est bien éclaboussé.

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 Plus on se

rapproche, plus on entend le bruit des chutes, et on aperçoit les premières cascades, superbes et plongeantes dans le Rio Iguazu

C’est ensuite le moment de la douche. Le bateau va presque sous une cascade, et même si on avait prévu le coup avec nos vestes imperméables et nos tongs, on finit quand même complètement trempé. Tout le monde cri et en redemande encore, ce petit manège recommencera 3 fois. Après ça on va au sentier supérieur qui est à moitié fermé. Malgré tout, c’est depuis la dernière plateforme encore accessible qu’on aura la meilleure vue des chutes. On peut constater l’immensité du site, l’étendue des différentes cascades et voir encore des arcs-en-ciel un peu partout. Il nous reste 15 minutes pour arriver à temps au début de la rando. En courant un peu, on y est juste à temps. Normalement 3 heures sont nécessaires pour faire l’aller-retour mais on le fait en 1h30, les estimations sont très larges. C’est en fait un chemin à travers la jungle qui mène à une cascade, moins impressionnante que ce qu’on a déjà vu aujourd’hui mais où on peut se baigner. On ne le fera pas, en raison des inondations l’eau n’a pas une couleur très attrayante. Durant la balade on croise un singe, plusieurs coatis et des grands oiseaux dont on ignore le nom. On espérait (ou pas) croiser des pumas, mais les gros chats ont préféré rester discrets.

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C’est la fin de journée, on est claqué, on a les jambes usées mais on décide de repasser par le sentier supérieur pour profiter jusqu’au bout du paysage des chutes d’Iguaçu. Cette fois il y a nettement moins de monde, l’occasion de faire d’autres photos, puis on retourne tranquillement à l’entrée du parc national pour prendre le bus pour Puerto Iguazu. En arrivant, on fait quelques courses puis on rentre à l’auberge. Après cette belle et fatigante journée, on a bien mérité un bon repas et une bonne nuit. Mais c’est sans compter les autres occupants de l’auberge. Pendant qu’on prépare le dîner, on sympathise avec un couple d’anglais. On achète une bouteille de vin, eux aussi, format magnum, et on finit un peu bourré. On fait aussi connaissance avec un groupe d’argentins, très sympas également. Demain on part de l’autre côté des chutes, au Brésil, dernier pays de notre voyage. On aurait aimé rester plus longtemps en Argentine mais on manque de temps et il faut faire des choix. Mais c’est certainement un pays dans lequel on aimerait revenir (un de plus), notamment pour la Patagonie (pendant la bonne saison cette fois). Beaux paysages et bonne bouffe, une combinaison qu’on aime bien.

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Août 2014

BRÉSIL




 Si en Argentine on était très près des

chutes, ici on profite plus du panorama et on a une superbe vue de l’ensemble du site

FOZ DO IGUACU

R

éveil un peu dur suite à la nuit précédente avec le couple d’anglais de l’auberge. On quitte l’Argentine en bus pour rejoindre Foz do Iguaçu, la ville brésilienne juste à côté des chutes. Le passage de la frontière est un peu compliqué : le bus nous attend au poste frontière argentin, le temps d’avoir le tampon de sortie, mais côté brésilien, on doit prendre toutes nos affaires car le bus repart de suite. Les formalités d’entrée faites, reste plus qu’à attendre le prochain bus, normalement d’ici une demi-heure. Pendant l’attente, on fait connaissance avec un couple de français qui habitent à la Réunion, très sympas, ils arrivent aux aussi au bout de leur long voyage (7 mois), il leur reste seulement 4 jours (nous 20) et ils enchaînent les bus pour arriver à temps à Rio pour leur vol retour. Au bout d’une heure, on est à nouveau dans un bus, direction le Brésil, le dernier pays… On pose nos affaires à l’auberge près de la gare routière, on va réserver nos billets pour Florianópolis, la prochaine étape, une destination plage et détente, puis on va au supermarché du coin retirer de

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l’argent et déjeuner dans une sorte de cantine où on paye notre repas au poids. C’est bien, on va récupérer les kilos perdus depuis notre arrivée en Amérique du Sud. Après tout ça, il est trop tard pour aller aux chutes d’Iguaçu, on fera ça demain, du coup on décide d’aller visiter le barrage d’Itaipu, l’autre attraction du coin et qui apparemment est également impressionnante. On y arrive au bout d’une demi-heure de bus et pas de chance, toutes les places du jour ont été vendues, il faut revenir le lendemain. Ça va être chaud, le départ pour Florianópolis est à 18h45, on va devoir enchaîner Itaipu et les chutes dans la même journée (les 2 sites sont dans des directions complètement opposées), et arriver à temps au bus. C’est à priori faisable, on décide de tenter le coup en réservant pour 9h la visite du barrage. On retourne en ville, quelques courses et une petite galère pour trouver un bureau de change encore ouvert pour nous débarrasser de nos derniers pesos argentins, puis on rentre à l’auberge nous reposer en vue de la journée marathon qui nous attend demain. On ressort juste pour dîner, encore un

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buffet mais d’une qualité nettement supérieure à celui du midi (visiblement, ici, le principe du buffet est très populaire). Des montagnes de nourriture, tout est très bon, et des serveurs qui passent toutes les 5 minutes avec des pièces de viande cuites au barbecue. Le tout à volonté. En revanche on est surpris par le prix, vu que c’est un buffet on s’est dit que ça serait pas trop cher, on a pas demandé. On aurait dû, on s’en sort pour 25€ chacun. On a pas payé aussi cher pour manger depuis bien longtemps, mais c’était délicieux. Une première journée au Brésil bien remplie, outre le fait qu’ils mangent pas mal on a constaté que les brésiliens sont globalement très chaleureux. On se réveille donc très tôt pour arriver à 9h à Itaipu. On est bien crevé, on enchaîne les nuits courtes depuis plusieurs jours mais c’est peut-être pas plus mal, on dormira plus facilement dans le bus cette nuit. Après un film d’introduction (durant lequel on s’endort presque) sur le barrage, les étapes de construction et d’autres détails,

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on monte dans un bus plein de monde et on part vers le 1er point de vue. Le barrage est aussi une centrale électrique et il produit énormément d’énergie (15% de la production brésilienne et 75% de la production paraguayenne). C’est un des plus gros au monde, il est immense. Ce que le petit film d’intro ne précise pas, c’est qu’il a fallu raser des forêts et délocaliser des populations indigènes pour réaliser ce projet. Le 1er point de vue est face aux pompes qui produisent l’électricité, le 2ème nous donne une vue d’ensemble du barrage et le 3ème et dernier nous fait passer derrière le barrage, devant le lac Itaipu. C’est grand, c’est impressionnant mais on est un peu déçu car c’est très touristique et on s’ennuie parfois durant les 2 heures de la visite. Ça aurait été bien hier, mais on s’est levé exprès pour ça aujourd’hui et on va avoir une journée un peu serrée alors que ça n’en valait pas vraiment la peine. Dès qu’on sort d’Itaipu, on se dépêche pour avoir un bus pour la gare routière. On y arrive vers 12h,

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on est bien dans les temps. Un autre bus et 40 minutes plus tard, on arrive aux chutes d’Iguaçu, côté brésilien cette fois. Côté argentin, ça faisait déjà un peu parc d’attractions, mais là c’est carrément le Disneyland des chutes, tout est hyper organisé et cadré. On fait la queue pendant 20 minutes pour acheter les billets et nous voilà de nouveau dans un bus qui nous amène au début du « trail » des chutes, un chemin bien balisé d’1 km que tout le monde prend. Si en Argentine on était très près des chutes, ici on profite plus du panorama et on a une superbe vue de l’ensemble du site (on voit d’ailleurs les cascades et les passerelles où on était 2 jours plus tôt). On est assez d’accord avec ce qu’on a entendu régulièrement : les 2 côtés sont complémentaires et à faire pour bien visiter les chutes. On avance, on prend plein de photos et à un moment on arrive à une partie qu’on avait pas pu voir en Argentine en raison des passerelles fermées à cause des inondations (notamment

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la Garganta del Diablo). C’est là que les cascades sont les plus impressionnantes selon nous et même à distance, on peut se rendre compte de la puissance qu’elles dégagent (on finit d’ailleurs bien trempé). On fait plus rapidement le tour que prévu, même sans se presser, et en 1h30 on arrive au bout. On prend le bus retour vers l’entrée, puis un autre bus pour la gare routière. Finalement il nous reste 2 heures avant de prendre le bus pour Florianópolis, on reste à la salle commune de l’auberge pour profiter d’internet et aussi avancer sur le blog. On partage ensuite un taxi avec un autre couple de l’auberge pour rejoindre la gare des bus longues distances. On a réservé nos places via une agence donc on sait pas trop sur quoi on va tomber, surtout qu’on a pris le moins cher, le prix des bus au Brésil étant assez élevé. Au final, c’est pas le meilleur confort qu’on ait eu mais ça fera bien l’affaire, on va juste avoir un peu froid en raison de l’absence de couverture. On est parti pour 15 heures.

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 Le lendemain matin, on pense encore à

la balade de la veille, aux paysages qu’on a vu et on hésite un peu à rendre la chambre et quitter Florianópolis, surtout avec la vue sur la mer qu’on a depuis le balcon

FLORIANOPOLIS

M

ême si le bus n’est pas très confortable, on est tellement fatigué qu’on dort bien quasiment tout le long du trajet vers Florianópolis (ou Floripa pour les intimes). On se réveille juste avec quelques courbatures et on arrive à destination dans la matinée. C’est Patricio, l’ami chilien de Fanny, rencontré à Santiago il y a presque 2 mois qui nous a recommandé de venir ici. Florianópolis est en fait le nom de la grande ville balnéaire située à l’entrée de l’île Santa Catarina, reliée au continent par des ponts. Ce qui nous intéresse vraiment dans ce coin là, c’est les nombreuses plages paradisiaques au-delà de la ville, les petits villages typiques et les différents lacs de l’île. On va à une autre gare routière, juste à côté de celle des bus longues distances, et on enchaîne 2 autres bus pour arriver à Barra da Lagoa, précisément la plage conseillée par Patricio. L’endroit nous plait de suite : une belle plage de sable blanc, un charmant petit village, quelques restos, quelques bars, c’est bien tranquille. On a prévu normalement de rester un moment ici, un long séjour pour nous

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reposer avant le retour en France.On a rien réservé cette fois, du coup on doit faire le tour des auberges. On en visite 2 avant de trouver notre bonheur, une petite chambre avec balcon, hamac et vue sur la mer. On devra partager la salle de bain mais tout est très propre et la pièce commune est très bien équipée.Là vous vous dites, les veinards, encore un petit paradis… mais il faut savoir que c’est l’hiver ici. On le savait, on a vérifié la météo, et on a voulu tenter le coup. Il fait beau c’est sûr, mais la température dépasse à peine les 20° et il y a beaucoup de vent. On peut oublier la plage, du moins pour la bronzette et la baignade. On y met le pied pour voir, c’est glacial, limite comme quand on a plongé en Nouvelle Zélande. Les seules personnes dans l’eau sont les surfeurs en combi et les enfants. De plus, étant donné qu’on est hors-saison, presque tout est fermé. On voulait apprendre le kitesurf mais aucune école n’est ouverte à Barra da Lagoa, il faut aller au lac pas loin.Tout n’est pas si mal, on déjeune en face de la mer, un plat énorme, qui pourrait largement convenir pour 3 personnes (surement

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On peut y voir les pêcheurs finir leur journée et une petite île en face accessible par un pont, d’où on a un bon point de vue sur toute la côte 

un héritage des portugais car au Portugal aussi ils servent des grandes portions), un gros poisson avec plusieurs accompagnements dont une spécialité locale au manioc dont le nom nous a échappé. La plage est superbe et on est dégoûté de ne pas pouvoir s’y baigner.On fait quelques courses et on retourne à l’auberge. On a convenu avec le proprio de rester au minimum 4 jours ici, on pensait 10 au départ, mais à cause de la météo qui limite les activités sur l’île et nous empêche de profiter des plages, on pense finalement partir plus tôt. C’est dommage car on se serait vraiment plu ici. Plus on remontera vers Rio, plus il fera chaud, et c’est ce qu’on recherche pour les derniers jours de notre voyage.Pendant qu’on prépare à manger on fait connaissance avec Marie et Anthony, un couple de français habitant à la Réunion (un autre) et qui connaissent le couple qu’on a rencontré lors du passage de l’Argentine au Brésil. On discute un moment et on finit par se coucher un peu trop tard vu notre état de fatigue suite à la nuit passée dans le bus.Le matin suivant, on prend un bus pour rejoindre la petite ville près du lac, au centre de l’île de Santa Catarina. On a plusieurs choses à faire ici. D’abord retirer de l’argent et c’est un peu galère, on y parvient au bout de la 3ème

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banque. Ensuite se renseigner sur les horaires de bus pour Paraty, une ville coloniale pas loin de Rio avec de belles plages aux alentours, le prochain stop sur notre itinéraire. On a finalement pris la décision de partir de Florianópolis plus tôt, c’est chouette ici mais c’est pas la saison, et on voudrait bien pouvoir profiter vraiment de l’océan avant de revenir en France. Plus on ira vers le nord et meilleures seront nos chances de le faire.On se renseigne pour des cours de kitesurf mais c’est trop cher, ce qui nous conforte dans notre idée de partir. Et enfin on essaye de louer un scooter pour le reste de la journée, sauf qu’on a pas pensé à prendre nos permis avec nous… évidemment le type refuse de nous louer quoi que ce soit, on est pas au Laos. Du coup pour éviter de perdre trop de temps avec les bus (le système de transport public est mal foutu, il faut passer par les terminaux régionaux de l’île, et dans notre cas, c’est 3 bus qu’on doit prendre pour rejoindre le sud de l’île), on décide de prendre un taxi pour aller à une plage tout au sud, le point de départ d’une petite rando. Le village où on arrive est bien tranquille, on hésite un moment à prendre le temps de manger à un des restos, mais on doit faire attention au budget, le Brésil nous coûte plus cher que ce

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Après une bonne heure de marche dans une forêt, on arrive à une belle plage isolée, sable blanc, quelques vagues, une poignée d’autres touristes et un petit lac coincé entre les dunes et une colline.

qu’on avait prévu. On prend quelques trucs à grignoter à une supérette puis on commence à avancer sur la piste. Après une bonne heure de marche dans une forêt, on arrive à une belle plage isolée, sable blanc, quelques vagues, une poignée d’autres touristes et un petit lac coincé entre les dunes et une colline. Un coin bien sympathique où on s’arrête pour déjeuner. On continu ensuite jusqu’au bout de la plage et à partir de là, on grimpe la colline et on commence à longer le littoral. Presque tout du long, on a une belle vue sur l’océan Atlantique qui vient s’écraser sur les falaises. Après une nouvelle heure de marche, on arrive à une autre plage. Encore une longue et large bande de sable blanc, avec des baraques à louer juste en face, ça donne envie.On marche encore un peu et on arrive au village qui marque la fin de la rando. On peut y voir les pêcheurs finir leur journée et une petite île en face accessible par un pont, d’où on a un bon point de vue sur toute la côte. On s’est bien régalé durant cette balade, du coup on est encore plus déçu que ce ne soit pas la bonne saison car les plages sont superbes.Pas de taxi pour le retour, on prend le bus cette fois, enfin LES bus. On a bien fait de ne pas choisir cette option ce matin, 3 bus et presque 2 heures plus tard, on arrive enfin à Barra

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da Lagoa. Si on l’avait fait, on aurait fini la rando en pleine nuit. Quand on arrive au quartier de l’auberge, on constate qu’il n’y a plus de courant, c’était déjà le cas le matin en fait. On peut voir les ouvriers faire ce qu’ils peuvent pour le rétablir. Au bout d’un certain temps, on commence à se faire à l’idée de passer la nuit à la bougie et la lampe frontale, mais finalement ça revient. On dîne ensuite avec Marie et Anthony sur le balcon de l’auberge, avec le bruit de l’océan en fond.Le lendemain matin, on pense encore à la balade de la veille, aux paysages qu’on a vu et on hésite un peu à rendre la chambre et quitter Florianópolis, surtout avec la vue sur la mer qu’on a depuis le balcon. On en discute au petit déjeuner un bon moment, surtout que visiblement il pleut au nord pendant plusieurs jours, mais finalement on reste sur l’idée de partir. On libère la chambre et on laisse nos bagages à l’auberge pour la journée. On prend un bus pour Lagoa, la ville près du lac, et on loue un scooter (cette fois on a bien pensé à prendre nos permis). Ça faisait longtemps qu’on en avait pas fait, depuis l’Asie du sud-est en fait. On dépasse le lac, on traverse différents villages et on s’arrête 2 fois : à l’immense plage de Campeche, du sable blanc à perte de vue, et à Morro das Pedras, un spot d’où on peut voir des baleines mais on aura pas cette chance (pourtant pour le coup, c’est bien la saison).On se dirige ensuite vers Ribeirao da Ilha, un village côté ouest dont les maisons traditionnelles font un peu penser au Portugal. L’endroit est réputé pour sa production d’huîtres et de fruits de mer, les meilleurs du Brésil il paraît. On va dans un resto un peu cher mais très bien situé, avec un petit ponton où sont installées des tables. On déjeune sur la mer, des huîtres (bonnes mais pas autant qu’espéré, elles restent meilleures en France) et du poisson, et bien sûr des portions typiquement brésiliennes. On repart vers Lagoa, on rend le scooter, on prend un bus et nous voilà de retour à Barra da Lagoa. On retrouve Marie et Anthony à l’auberge, on récupère nos bagages puis on part tous ensemble à la gare routière de Florianópolis. La prochaine destination est Paraty, près de Rio, et on doit passer par Sao Paulo pour nous y rendre. On espère tous y trouver une température plus élevée et du soleil, mais les prévisions météos semblent indiquer qu’on y trouvera plutôt du mauvais temps et ce pendant plusieurs jours. On croise les doigts et on espère pouvoir nager dans l’océan avant le retour en France.

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 Paraty est une ville au passé colonial

(une autre), on nous l’a recommandé et comme c’est sur la route pour aller à Rio, nous y voici

PARATY

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ne nouvelle et probablement dernière nuit dans un bus et nous arrivons à Sao Paulo. On ne reste pas ici, on doit prendre un autre bus pour Paraty et on espère qu’il y en a un qui part dans pas trop longtemps. Malheureusement, le prochain part dans plus de 2h et il y a 6h de trajet. On est pas vraiment emballé mais on a pas le choix. On prend le petit-déj, puis on repart. Après presque 24 heures de voyage, on arrive en fin de journée à Paraty, il fait nuit et il reste encore à trouver une auberge car on a rien réservé. Avec Marie et Anthony, on marche un bon quart d’heure avant d’en trouver une juste en face d’une plage. C’est assez cher, comme un peu tout à Paraty visiblement, mais on nous offre une caïpirinha de bienvenue. On la boit au bar de l’auberge, les pieds dans le sable, un peu de réconfort après ce long trajet depuis Florianópolis. D’autres caïpirinha suivent, on finit par dîner sur place, tout en discutant avec d’autres voyageurs. Le buffet du petit-déj est servi sur la plage et on constate que, comme prévu, il pleut et le ciel est couvert de nuages. Et visiblement

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ça sera comme ça pour plusieurs jours. On reste un peu à l’auberge puis on va se promener dans Paraty. Après un buffet au kilo, la cantine classique brésilienne, on se perd dans les ruelles aux pavés complètement irréguliers. On a ressorti les tongs, il fait quand même plus chaud qu’à Florianópolis, mais on aurait peut-être pas dû, on galère vraiment à éviter les flaques d’eau et de glisser dans les espaces entre les pavés. Paraty est une ville au passé colonial (une autre), on nous l’a recommandé et comme c’est sur la route pour aller à Rio, nous y voici. La vieille ville est vraiment belle et malgré les restos et les boutiques pour touristes, il subsiste malgré tout un côté authentique. Les bâtiments, les églises et les énormes pavés qui partent dans tous les sens donnent l’impression d’être dans une autre époque. La dernière fois qu’on avait ressenti ça à ce point c’était lors de notre visite de Hongcun en Chine. On va vers le port et dans ce quartier plusieurs rues sont inondées, créant ainsi une atmosphère particulière et de bonnes opportunités de photos pour Fanny. On va au bout de la

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jetée et au loin on peut apercevoir quelques-unes des 300 îles de la région. Aller en visiter quelques-unes en bateau nous dirait bien (c’est d’ailleurs un des intérêts majeurs de Paraty) mais avec ce temps, c’est pas forcément une bonne idée. On revient au cœur de la vieille ville et on passe à la Casa da Cultura où quelques œuvres d’artistes locaux sont exposées. On se prend une glace (encore vendue au poids, définitivement un concept qu’on aime bien) et on termine notre balade à la place Matriz. Fanny reste en ville faire un peu de shopping tandis que je rentre à l’auberge. Le soir, on retrouve Marie et Anthony pour l’apéro, puis on va en ville dîner dans un resto de crêpes, une éternité qu’on en a pas mangées. Ça nous coûte cher mais on se régale bien. En retraversant le centre pour retourner à la plage de l’auberge, on constate que Paraty est plutôt bien animée la nuit, il y a plusieurs petits concerts et des performances d’artistes. Le lendemain, on se prépare tranquillement à aller à une autre plage un peu plus au nord de Paraty. En chemin, on s’arrête à une « forteresse » qui ressemble plus à une maison coloniale classique qu’à un bâtiment militaire. De là, on a une belle vue sur la baie et les îles au loin. On repart et une dizaine de minutes plus tard, on arrive à la plage de Jadaquara, une version plus étendue de la plage de Pontal où est située notre auberge. On déjeune dans un resto au bord de mer, du poisson un peu cher et pas forcément très bon. On avait prévu ensuite de faire du canoë dans la baie avec Marie et Anthony, on hésite et finalement on laisse tomber. Le temps n’est toujours pas de la partie et après avoir mangé, on a la flemme. On va ensemble en ville faire quelques courses pour le repas du soir (il faut qu’on se calme sur les restos, ça commence à nous revenir cher) puis on se sépare, Fanny et Marie restent faire du shopping, Anthony et moi on rentre à l’auberge. En chemin, on croise René, un type avec qui on avait bu des coups le 1er soir. A presque 70 ans, il voyage seul en combi dans toute l’Amérique du Sud. Plutôt impressionnant non ? En fin d’après-midi, on commence à préparer à manger : gratin de courgettes, crevettes et de la sole, le tout arrosé de bière et caïpirinha. On joue ensuite à la coinche (variante de la belotte), Anthony et Fanny gagnent. Depuis l’auberge on entend un concert, on y va, la musique est sympa et pas mal de personnes de toutes les générations dansent. Tout le monde semble heureux. C’est la fin de notre passage à Paraty, encore un endroit agréable du Brésil qui doit l’être plus encore avec du soleil et de la chaleur. Normalement d’ici 2 jours, le temps devrait s’améliorer, on l’espère vraiment. Demain, on part pour Rio de Janeiro, cité emblématique du pays. On est vraiment emballé à l’idée de visiter cette ville.

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 La vieille ville

est vraiment belle et malgré les restos et les boutiques pour touristes, il subsiste malgré tout un côté authentique.

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 On remonte progressivement vers le

quartier Centro en passant devant les Arcos da Lapa (une série d’arches blanches) et la Cathédrale de Sao Sebastiao. Ce dernier édifice est vraiment moche vu de l’extérieur, on ne se doute d’ailleurs pas une seconde que c’est une cathédrale, mais quand on rentre à l’intérieur, on est impressionné par l’immensité du lieu

RIO DE JANEIRO

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n galère un peu pour aller à Rio depuis Paraty. On a pas réservé nos places de bus et quand on arrive à la gare routière, tout est complet jusqu’en milieu d’après-midi, ce qui nous ferait arriver dans la soirée à Rio et ça nous arrange pas. Le type de la compagnie nous conseille de prendre un bus pour Angra, une ville entre Paraty et Rio et de là, on pourra en prendre un autre pour Rio. Ça mettra un peu plus de temps mais au moins on arrivera moins tard. On est à Rio en fin d’après-midi. Marie et Anthony partent de leur côté, ils attendent des nouvelles d’un ami qui doit les héberger durant leur séjour ici et si besoin ils passeront une nuit dans un quartier plus central que celui qu’on a choisi. Nous avons en effet prévu d’aller à Copacabana, un quartier emblématique de la ville avec sa grande plage populaire. On les reverra probablement ces prochains jours donc ce n’est qu’un au revoir. On prend un bus express et 30 min plus tard, on arrive dans la rue de l’appartement où on a réservé une chambre, à quelques centaines de mètres de la plage. Neco, le jeune proprio,

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nous accueille chaleureusement, il vit ici avec son compagnon Henrique et loue 2 chambres (l’autre est occupée par une singapourienne). On discute un peu, il nous donne des conseils sur la ville, puis on sort dîner. On a très faim et on a une bonne envie de japonais (ça nous manque depuis le Japon et il y a beaucoup de restos japs au Brésil). Neco nous en a conseillé un à volonté, un peu cher mais on décide de craquer. En y allant, on fait un détour par la plage de Copacabana, comme on se l’imaginait, elle est immense. On arrive au resto et on commence à commander des sushis, des sashimis, des soupes, etc… tout est très bon et on mange jusqu’à en avoir mal au ventre. On rentre à l’appart et on se couche très tôt car on sait que la visite de Rio va être intense et fatigante, comme c’est souvent le cas avec les grandes villes. On commence la journée suivante par une session recherche sur ce qu’il y a à faire à Rio. Au vu des résultats, on décide déjà de prolonger notre séjour, histoire de profiter au mieux de ce que la ville peut offrir. On prend ensuite le métro pour rejoindre le quartier

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Gloria et on commence l’ascension du Morro do Curvelo (morro = colline) pour visiter le musée Chacara do Ceu, qui abrite la collection privée d’art moderne d’un riche industriel brésilien. Si la maison sur les hauteurs de Rio est belle et offre une vue sympathique sur les quartiers aux alentours, les œuvres ne sont en revanche pas extraordinaires. On redescend en passant par l’escalier Selaron, décoré de carreaux de faïence en provenance de nombreux pays, l’œuvre d’un artiste chilien et un incontournable de Rio (il y a d’ailleurs beaucoup de touristes). On remonte progressivement vers le quartier Centro en passant devant les Arcos da Lapa (une série d’arches blanches) et la Cathédrale de Sao Sebastiao. Ce dernier édifice est vraiment moche vu de l’extérieur, on ne se doute d’ailleurs pas une seconde que c’est une cathédrale, mais quand on rentre à l’intérieur, on est impressionné par l’immensité du lieu. Une courte pause pour déjeuner dans une cantine au kilo pas très bonne et on continu notre balade. On passe devant le Théâtre Municipal et la Bibliothèque Nationale, de très beaux bâtiments coloniaux, puis on va au Real Gabinete, une vieille bibliothèque servant aussi de salle de lecture et un endroit superbe sorti d’un autre temps. Quand on y est, une lecture de poésie est en préparation mais ça démarre dans trop longtemps et de toute façon c’est en portugais. En allant toujours plus vers le nord, on arrive au monastère Sao Bento dont les décorations intérieures semblent très belles

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mais on ne peut pas bien s’en rendre compte car il y a des travaux un peu partout. On finit la journée au Centre Culturel Banco do Brasil où il y a une expo consacrée à Salvador Dali. Presque 45 minutes d’attente pour pouvoir rentrer mais ça vaut le coup. Sans égaler celle qu’on avait vue l’année dernière au Centre Pompidou à Paris, on peut y voir des œuvres intéressantes et il est difficile de rester insensible au style de Dali. Quand on sort, la nuit est tombée, l’heure de retrouver Marie et Anthony pour un concert de samba pas loin du Centre Culturel. On a du mal à localiser l’endroit en question mais finalement on arrive à se retrouver. Des locaux et des touristes sont réunis sur une petite colline, il y a quelques vendeurs de bières et de caïpirinhas, ainsi que de la musique, une véritable fête en pleine rue. On discute, on boit, l’ambiance est sympa mais il n’y a pas vraiment de concert et ça ne danse pas trop. Après un certain temps, on commence à avoir faim. En cherchant un resto, on s’arrête dans un bar juste à côté et là pour le coup on peut vraiment écouter de la samba et voir les locaux se déhancher dessus. On dîne plus loin, il commence à se faire tard et demain on a tous prévu de se lever tôt pour continuer la visite de Rio. On prend donc tous un taxi pour aller nous coucher. Le nôtre est marrant et nous fait un cours de portugais version carioca (habitant de Rio). Une première journée bien remplie, on espère que demain il va faire beau (ça fait presque une semaine que ce n’est pas

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 On met une

heure pour faire l’ascension, 700m de dénivelé à travers une forêt en suivant un chemin parfois bien pentu, tellement qu’on doit s’aider de chaines à certains endroits. Au bout du sentier, il nous reste un petit km à faire par la route et on arrive au Cristo.

le cas) pour profiter des plages et des vues qui sont un peu les trucs les plus sympas à faire ici. Finalement on se réveille tard, pas évident avec les verres de la veille, et on met du temps pour se préparer à sortir. On commence par longer la plage de Copacabana et malheureusement le temps est toujours mauvais, des nuages partout (apparemment c’est le dernier jour comme ça), mais on peut quand même apprécier la beauté de la plage, très large et du sable blanc et fin. Il y a de nombreux kiosques tout le long pour manger et boire, des terrains de foot et de volley presque tous les 100m et malgré le mauvais temps on peut voir du monde et quelques personnes qui se baignent. Avec du soleil, ça doit être génial. On arrive au Fort de Copacabana, un bâtiment militaire historique qui abrite une expo sur l’histoire de l’armée brésilienne et d’où on a une superbe vue sur la plage et les grands immeubles du quartier derrière. Après ça on loue des vélos et on longe la plage voisine d’Ipanema, tout aussi connue et qui ressemble beaucoup à la plage de Copacabana mais en moins fréquentée et plus chic (Ipanema est un des quartiers les plus chers de Rio). On traverse le quartier et on arrive au grand lac Rodrigo de Freitas. On roule tout autour et on s’arrête dans un resto pour prendre des sandwichs qu’on mange sur une petite jetée d’où on peut voir le Corcovado avec le fameux Cristo dessus, une des nouvelles 7 merveilles du monde (on a prévu d’aller le voir demain). On repart en direction du Jardin Botanique

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de Rio. On arrive un peu tard, il nous reste seulement une heure pour le visiter mais à priori ça suffira d’après le type de l’accueil si on se presse un peu. L’endroit vaut vraiment le détour. C’est en fait un grand parc où on peut voir de nombreuses espèces d’arbres et de plantes, et il y a vraiment de tout : un espace dédié aux orchidées, un autre aux roses, un autre aux plantes médicinales, un autre aux plantes carnivores, un autre aux plantes aromatiques, etc… Il y a également des petits jardins, japonais, amazoniens … Et aussi des allées entières avec des arbres spécifiques, notamment la grande allée principale avec des immenses palmiers, vraiment impressionnante et d’ailleurs, d’après Neco, elle sert régulièrement de décor pour des séries télévisées brésiliennes. On retourne vers le magasin de location de vélo en faisant le tour du lac tandis que le soleil se couche et en longeant ensuite encore un peu la plage d’Ipanema. On rend les vélos et avant de rentrer, on se prend une caïpirinha à Copacabana juste en face de l’océan, le bruit des vagues couvrant presque celui des voitures. On fait quelques courses et on dîne à l’appartement tout en discutant avec Neco et Henrique. Le lendemain, on attend que Marie et Anthony changent d’auberge (du centre vers Ipanema, pas loin de notre appart) et une fois qu’ils sont installés, on les retrouve, on déjeune rapidement, puis on prend un bus vers le parc Lage, point de départ de la rando vers le Cristo Redentor. On met une heure pour faire l’as-

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 Au pied de la favela, on

prend des mototaxis pour aller au point de départ de la petite rando (...) arrivé au sommet, on a une vue magnifique sur Ipanema, Copacabana, le Cristo, le lac, Pao de Açucar et le reste de la ville au loin tandis que le soleil se couche.


cension, 700m de dénivelé à travers une forêt en suivant un chemin parfois bien pentu, tellement qu’on doit s’aider de chaines à certains endroits. Au bout du sentier, il nous reste un petit km à faire par la route et on arrive au Cristo. Même si on s’est tapé toute la montée du Corcovado à pied, on doit payer l’entrée qui bien sûr n’est pas donnée. Il y a énormément de monde mais c’est un peu normal, c’est sûrement le site le plus touristique de Rio. Les vues autour du Cristo sont superbes et la statue est immense et surprenante de perfection. Il y a cependant pas mal de nuages qui passent et on doit attendre le bon moment pour prendre des photos. On peut voir les plages, les différents quartiers, les favelas et les montagnes tout autour de la ville. Un endroit sympa même si c’est un peu chiant de circuler à travers toute cette foule. Pour descendre, on prend un premier van inclus dans le prix de l’entrée, puis un 2ème qu’on doit négocier pour arriver dans le quartier au pied du Corcovado. De là on prend un bus pour la plage d’Arpoador, à côté de celle d’Ipanema, un endroit sympa pour voir le coucher du soleil, mais on se trompe d’arrêt de bus et il est de toute façon trop tard, la nuit est tombée… Marie et Anthony rentrent à leur auberge, on se boit de nouveau une caïpirinha devant la plage, puis on rentre à l’appartement. On se retrouve tous plus tard au quartier festif de Lapa. On mange un bout, on teste plusieurs cachaças (alcool brésilien élaboré à partir de canne à sucre et la base de la caïpirinha) puis on va dans un club où un groupe joue un mélange de samba et de musique africaine. Super ambiance, les gens dansent et reprennent les paroles, vraiment une bonne énergie dans la salle. On va ensuite dans un club de forro, une musique et une danse typique du Brésil. On essaye de s’y mettre car les pas semblent assez simples mais quand on voit comment les couples expérimentés dansent à côté de nous, on se rend compte que le forro bien dansé, c’est très beau et sensuel, et on est loin d’arriver à un tel résultat. On reste bloqué là un moment à regarder tous ces danseurs, puis on prend un taxi pour rentrer vers le sud de Rio. Le matin suivant, le réveil est difficile et on décolle de l’appartement à 13h. On va à un des meilleurs points de vue de Rio, Pao de Açucar, un peu au-dessus de Copacabana. Il existe une petite rando pour y grimper en partie mais on a pas trop le temps vu l’heure à laquelle on arrive donc on prend directement le téléphérique pour nous y rendre (et bien sûr, ça coûte cher). On fait un premier arrêt à Morro da Urca (c’est jusque-là qu’on peut aller en marchant), puis on continu vers Pao de Açucar, toujours en téléphérique. Ce point de vue est en fait une petite montagne située légèrement en retrait de la ville, côté mer. Au pied il y a une plage où on peut se baigner et le quartier d’Urca qui semble assez sympa. Du fait de cette situation, on a une vue depuis Pao de Açucar de presque l’ensemble de

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Rio. On peut voir Copacabana, le Cristo au loin, le lac, le centre-ville, etc… C’est superbe et en plus aujourd’hui il n’y a aucun nuage à l’horizon. Après avoir bien profité de l’endroit, on redescend à Morro da Urca d’où la vue est moins impressionnante mais reste néanmoins très belle. Avant de reprendre le téléphérique pour la dernière fois, on croise des petits singes marrants qui sautillent un peu partout et mangent les restes. Quand on arrive en bas, on prend un bus direction le quartier de Leblon pour nous rendre à un autre point de vue pour le coucher du soleil. On va devoir traverser la favela Vidigal et grimper au sommet du Pedra dos Dois Irmaos. On prend un taxi depuis Leblon pour rejoindre Vidigal. Cette favela a été pacifiée mais on est quand même pas très à l’aise. Au pied de la favela, on prend des mototaxis pour aller au point de départ de la petite rando. Un court trajet de quelques minutes un peu flippant, les types roulent vite et plus on s’enfonce dans la favela et moins il y a de monde. Quand on arrive en haut, on est tout seul et on nous indique un escalier un peu glauque comme étant le début de la piste. Pas rassuré, on y va quand même car jusqu’ici tout est conforme à ce qu’on nous a décrit pour arriver au point de vue. On longe un bloc de maisons en ruine mais habitées, ainsi qu’un petit muret bordé de déchets et un grillage bizarre, puis on arrive dans une forêt. On commence à croiser quelques touristes qui descendent (tant mieux, on est sur la bonne voie) puis on tombe sur Marie et Anthony. Ce n’est pas vraiment un hasard, on savait plus ou moins qu’on se retrouverait là. On monte ensemble et arrivé au sommet, on a une vue magnifique sur Ipanema, Copacabana, le Cristo, le lac, Pao de Açucar et le reste de la ville au loin tandis que le soleil se couche. On voit bien aussi l’étendue des favelas du coin dont celle de Rocinha qui est immense, une des plus grandes d’Amérique du Sud. On profite du paysage puis on redescend. Au fur et à mesure que la nuit tombe, on peut voir les favelas s’illuminer. On aime pas trop l’idée d’y retourner en pleine nuit mais c’est vraiment un beau spectacle. De retour au point de départ, on trouve un van pour revenir à l’entrée de la favela. On longe ensuite la plage vers Leblon et on s’arrête à un des kiosques pour boire un coup en face de l’océan. Après, on se dirige vers l’auberge de Marie et Anthony à Ipanema, et pendant qu’ils prennent une douche, on va à Toca do Vinicius, un magasin spécialisé dans les produits autour de la bossa nova (cds, dvds, bouquins, etc…), une musique typiquement brésilienne et supposée être née à Ipanema. Je choisis un CD et lorsque je l’apporte au comptoir, le patron nous fait l’éloge complet de l’œuvre, son histoire, etc… et en français. On discute également des morceaux qui passent dans la boutique et à chaque fois, il a des anecdotes à raconter. Un moment sympa avec peut-être un des meilleurs experts en bossa nova du

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monde. On retrouve les réunionnais et on part prendre un apéro avec leur ami qui habite ici depuis 2 ans. On ne voit pas le temps passer et à 22h on a toujours pas mangé. On prend un taxi pour aller dans un coin près du lac où il y a des restos sympas. Quand on y arrive, c’est noir de monde, visiblement un coin populaire. On doit attendre un peu pour avoir une table, puis on mange du picanha, une pièce de bœuf préparée d’une manière typiquement brésilienne. On se régale bien même si le bruit dans le resto est assourdissant. On rentre tous ensuite, on est bien crevé, il faut dire qu’on accumule de la fatigue ces derniers jours, entre les soirées et la visite de la ville. Dernier jour à Rio, Fanny part tôt de l’appartement pour retrouver Marie pour une session shopping, tandis que je reste au lit un peu plus longtemps. Au réveil, je discute avec Neco et Henrique à propos de notre prochaine et toute dernière destination. On aimerait un endroit tranquille face à la mer, proche de Rio (d’où décolle notre dernier avion dans une semaine), pas besoin d’activités, on veut juste se reposer. On pensait à Arraial do Cabo depuis un moment mais on a quelques doutes depuis hier soir car on nous a beaucoup parlé d’Ilha Grande. Finalement, ils arrivent à me convaincre que cette dernière option est la meilleure. Le problème de ce changement de plan de dernière minute est qu’Ilha Grande est moins facile d’accès et il n’y a pas vraiment d’infrastructures sur place. Neco

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nous aide en trouvant un petit bungalow face à l’océan sur une plage isolée de l’île. Pour l’atteindre, il faudra marcher 40 minutes depuis le port. Il faudra aussi se passer d’internet durant le séjour (mais comment vais-je faire!). Il n’y a aucun distributeur sur l’île, on doit donc aussi penser à retirer suffisamment d’argent avant de quitter Rio. Et enfin, les derniers ferrys pour l’île partent en fin de journée, il va donc falloir se dépêcher pour prendre le bus plus tôt que prévu afin d’arriver à l’embarcadère à temps. Une fois que tout est plus ou moins réglé pour aller à Ilha Grande, je me presse de retrouver Fanny, Marie et Anthony à la plage d’Ipanema pour profiter encore un peu de Rio avant le départ. Une petite baignade (la première depuis des mois), un déjeuner rapide sur le sable fin, puis c’est le moment de dire au revoir à nos chers réunionnais. Ils ont leur vol retour ce soir, c’est la fin de leur voyage (6 mois en Amérique du Sud), on a été ravi de passer ces moments avec eux et on espère les revoir un jour. On prend ensuite un taxi pour récupérer nos bagages chez Neco et Henrique, on les remercie pour leur accueil, ils nous ont bien aidé pour la suite du voyage. De nouveau un taxi, direction la gare routière cette fois. En raison du trafic, on commence à douter d’être à l’heure pour le bus mais on y arrive juste quelques minutes avant le départ. Nous voilà donc partis pour Ilha Grande, avec l’espoir d’y trouver un petit paradis qui serait idéal pour finir notre aventure.

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 On redescend

en passant par l’escalier Selaron, décoré de carreaux de faïence en provenance de nombreux pays, l’œuvre d’un artiste chilien et un incontournable de Rio



 Ilha Grande est une île très sauvage,

aucune route, un seul village, des superbes plages un peu partout, des reliefs, des randos et beaucoup de jungle. Voilà le cadre de notre ultime étape

ILHA GRANDE

L

’embarcadère pour Ilha Grande est à 2 heures de bus de Rio de Janeiro, dans un bled paumé au bord d’une nationale. Il y a un kiosque juste à l’arrêt pour acheter les billets pour l’île et on nous amène ensuite au petit port situé à 10 min à pied. Durant l’attente, on fait connaissance avec un jeune couple de brésiliens de Rio, ils viennent à Ilha Grande pour le week-end. Très sympas, ils nous offrent une bière et nous posent des questions sur notre voyage. La nuit tombe et le bateau part peu de temps après. La traversée dure seulement 20 min, sous les étoiles et sur une mer plutôt calme. On arrive à Abraao, l’unique village développé de l’île (c’est à dire avec un minimum de magasins et de services). Ilha Grande est une île très sauvage, aucune route, un seul village, des superbes plages un peu partout, des reliefs, des randos et beaucoup de jungle. Voilà le cadre de notre ultime étape. On débarque et il va falloir maintenant trouver un moyen de nous rendre à la pousada (guest house) que Neco, le proprio de l’appartement où on était à Rio, a réservé pour nous. Elle n’est pas à Abraao

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mais sur la plage de Palmas, plus éloignée et accessible uniquement en bateau ou à pied. Le couple de brésiliens propose de nous aider en demandant à droite à gauche comment faire exactement pour y aller (un exemple parmi d’autres de l’hospitalité au Brésil, c’est très courant ici). On apprend qu’il faut marcher plus d’une heure en traversant la jungle, un chemin relativement difficile, ou prendre un taxi boat pour 200 reals ce qui est beaucoup trop cher mais apparemment c’est le tarif de nuit. Etant donné qu’il fait nuit et qu’on a les sacs, la petite rando semble être une mauvaise idée. On envisage un instant de rester une nuit sur Abraao et partir sur la plage le lendemain dans de meilleures conditions mais en appelant la pousada avec le téléphone des brésiliens, on arrive à faire en sorte que les proprios passent nous chercher en bateau pour un bien meilleur prix que celui proposé par les taxi boat du port. On remercie le couple pour leur aide et on espère les voir demain soir sur la plage de Palmas. Le bateau de la pousada arrive peu de temps après et 15 minutes plus tard on est enfin sur la plage.

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Quand on sort du bungalow le matin suivant, le soleil nous éblouit. Devant nous, la plage, l’océan atlantique et quelques autres îles au loin. Pas un nuage 

La pousada est en fait située sur un petit bout de la plage de Palmas un peu à part, hormis le resto et les bungalows, il n’y a rien d’autre et derrière c’est la jungle. On s’installe dans notre case juste en face de la mer et les seuls bruits qui nous parviennent sont ceux des vagues et des insectes. Etant donné qu’on est en basse saison, il y a seulement une poignée d’autres personnes, c’est très calme, exactement ce qu’on voulait. On est content, le cadre est vraiment bien mais il y a quelques contraintes : on peut oublier internet, il y a des prises uniquement dans les parties communes (l’électricité provient d’un groupe électrogène) et le village est à 1h de rando ou 80 reals en bateau (soit presque 30€, pour 15 minutes de traversée c’est clairement trop). On ne peut pas tout avoir, j’avais demandé à Neco un endroit tranquille et reposant, il a bien fait son travail. On dîne au resto de la pousada, du poisson à l’escabèche, délicieux. Puis on fait un tour à l’autre plage à côté, un peu plus grande et tout

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aussi calme, en se faisant une petite frayeur dans la jungle avec des bruits et des mouvements pas très rassurants tout autour de nous. Surement des singes mais dans le noir, même avec nos petites lampes, impossible de savoir exactement. On revient sur notre plage et on s’assoit un moment pour regarder les étoiles, écouter les vagues, tout en apercevant les lumières des bateaux et du continent au loin, juste avant de partir nous coucher. A priori, on a bien choisi où finir notre voyage Quand on sort du bungalow le matin suivant, le soleil nous éblouit. Devant nous, la plage, l’océan atlantique et quelques autres îles au loin. Pas un nuage. On prend le petit-déjeuner puis on se pose sur le sable pendant quelques heures, en se baignant de temps en temps. L’eau est fraîche mais il fait suffisamment chaud sous le soleil pour que ce soit agréable. On est vraiment peu nombreux ici, ce qui nous donne encore plus l’impression d’être dans un coin paumé d’Ilha Grande, en retrait de la «

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on part tôt pour faire une rando qui doit nous mener à la plage de Lopes Mendes, la plus belle plage de l’île, elle a d’ailleurs été classée parmi les 10 meilleures plages du monde par le site TripAdvisor

civilisation ». En début d’après-midi, on part en direction d’Abraao, on a quelques courses à faire et d’autres trucs à régler, histoire d’être tranquille jusqu’à la fin de notre séjour. On commence donc la petite rando pour y aller, ça monte beaucoup, c’est pas évident mais au final on met 45 minutes, moins que ce qu’on nous avait annoncé la veille. On a quand même bien fait d’aller à la pousada en bateau car avec les sacs ça aurait été nettement plus dur. On fait le tour des quelques auberges autour du village car on souhaite rester ici la dernière nuit, histoire d’être sur place pour prendre le bateau vers le continent, afin d’ensuite retourner à Rio pour le tout dernier vol du voyage. On en repère quelques-unes de bien, on réservera sur le chemin du retour vers notre plage (malgré la basse saison, presque tout est plein à Abraao). On fait les courses, on achète nos billets retour pour Rio et on s’arrête dans un bar pour aller un peu sur internet. Malheureusement, on met trop de temps pour faire tout ça

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et du coup on va devoir faire la rando pour rentrer de nuit. Mais coup de chance, on recroise le couple de brésiliens et ils ont justement prévu de prendre un taxi boat pour la même plage que nous, ils vont passer une nuit à notre pousada. On partage les frais et en un quart d’heure nous voilà de nouveau dans notre petit coin tranquille. Dans la précipitation, on a pas pu réserver la dernière nuit à Abraao. Tant pis, on verra ça plus tard. Le soir, on fait connaissance avec un groupe de 4 français dont 3 habitent à Rio, ils ont bossé sur une partie de l’organisation de la coupe du monde, ils sont juste là pour le week-end. Les brésiliens se joignent à nous et on mange tous ensemble avec les proprios de la pousada. Un moment sympa qui se finit par quelques verres de pastis, les français ont apporté une bouteille, un petit avant-goût du retour en France. Le lendemain commence comme la veille, petit-déjeuner en face de la mer et quelques heures de bronzette et de baignade. Après le déjeuner, je pars de nouveau à Abraao, tandis que Fanny reste à la plage et profite de tout ce temps libre pour dessiner. Je mets un peu moins de temps cette fois, j’essaye de faire le trajet en courant. Quand j’arrive au village, il y a beaucoup de monde, c’est dimanche donc beaucoup de cariocas (habitants de Rio) sont descendus pour le week-end. On est certes un peu isolé mais tellement mieux dans notre bungalow sur notre petite plage. De nouveau des courses, internet et cette fois je réserve bien la dernière nuit dans une pousada un peu éloignée du centre du village. Le retour vers Palmas me semble moins dur mais ce sera le dernier aller-retour car c’est quand même crevant. En arrivant je me rafraichis dans l’océan, puis une douche, une bière sur notre terrasse tandis que la nuit tombe et ensuite on mange du moqueca capixaba, un plat recommandé par les français de la veille et qui est effectivement très bon (sorte de ragoût de poisson/crevettes). Le jour suivant, on part tôt pour faire une rando qui doit nous mener à la plage de Lopes Mendes, la plus belle plage de l’île, elle a d’ailleurs été classée parmi les 10 meilleures plages du monde par le site TripAdvisor. On avance dans la jungle, entouré de bruits d’animaux sauvages (on arrivera juste à voir un gros écureuil) et on traverse les plages de Mangues et de Pouso, plutôt jolies. Des chiens nous rejoignent sur le chemin et à un moment on est carrément accompagné d’une meute de 5 chiens qui nous attendent quand on ne parvient pas à les suivre.

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Presque 2 heures plus tard, on arrive à la plage, une très longue et large bande de sable blanc et fin, on dirait de la farine, et une mer turquoise et claire. Il y a vraiment de superbes plages au Brésil et celle-ci est probablement la meilleure qu’on ait vue. Les chiens nous abandonnent et se dispersent, on choisit un coin pour poser nos affaires (facile vu la taille de la plage et le peu de monde présent), reste plus qu’à profiter du soleil et de l’eau fraîche mais agréable. On déjeune sur place, puis on décolle en milieu d’après-midi pour retourner au bungalow. Sur la dernière plage avant la nôtre, on croise un couple de néerlandais qui restent à la même pousada que nous (les seuls autres occupants en fait), on les avait vu le matin au petit-déjeuner. Ils nous proposent de boire un verre avec eux au bar pas loin. Bien sûr on accepte et bizarrement après seulement deux caïpirinha on est déjà un peu éméché. On rentre ensemble aux bungalows et après la douche, on se retrouve pour dîner. On finit pas tard mais on enchaîne tellement les bières qu’on est vite un peu bourré. Jusqu’à présent, nous coulions des derniers jours de voyage heureux sur cette petite plage de Palmas à Ilha Grande. Un bungalow en face de l’océan, les pieds dans le sable, du soleil, des belles plages, des rencontres, on est très content. Mais cette quiétude va être interrompue cette nuit-là. Après le sympathique repas avec les néerlandais, on part se coucher. Quelques heures après, le vent commence à se lever et la pluie à tomber. Et ça génère un sacré boucan au-dessus de nos têtes, le toit étant simplement une plaque de taule, chaque bourrasque la fait vibrer et chaque truc qui tombe dessus donne l’impression d’avoir tout un troupeau de bestioles qui se promènent partout. Au-delà du fait que ça va pas être évident de dormir avec un tel vacarme, on prend nos précautions et on rapatrie toutes nos affaires à l’extérieur dans le bungalow, le vent commençant déjà à en balader quelques-unes. Juste au moment où on se prépare à essayer de dormir dans ces conditions, on entend soudainement plus rien dehors pendant quelques instants, puis là, de nouveau une énorme bourrasque et cette fois elle arrache carrément le toit! Fanny hurle, moi j’en reste bouche bée. Il nous faut quelques secondes pour réaliser qu’on est complètement à la merci des éléments, puis on prend les quelques affaires importantes à notre portée et on court se réfugier au restaurant. Les proprios se réveillent, sortent, réalisent la situation et on commence à comprendre que seul notre bungalow est concerné. Du coup pendant que Fanny récupère les clés d’un autre bungalow plus en retrait de la plage mais de meilleure qualité, je vais chercher le reste de nos affaires avec l’aide des proprios. C’est un peu le bordel, on y voit pas grand-chose mais on arrive à priori à tout récupérer. Nous voilà de nouveau sous un toit et cette fois il semble nettement plus solide (mais on perd notre terrasse les pieds dans le sable…). Encore un peu

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secoué par cette histoire, on en discute un moment, puis on essaye de se rendormir tant bien que mal. Quand on se réveille, le ciel est bien couvert, il a plu quasiment toute la nuit. On retourne à l’ancien bungalow, en l’absence de toit, le sol est complètement trempé et il y a des débris partout. On vérifie qu’on a rien oublié et on trouve seulement le téléphone de Fanny. Au petit-déjeuner, la proprio a l’air un peu gênée mais étant donné qu’il y a eu plus de peur que de mal, on est pas vraiment énervé. Une anecdote de plus. Pas grand-chose de plus ce jour-là. Non seulement il ne fait pas beau mais en plus les néerlandais sont partis donc on est les seuls sur la plage. On reste principalement dans le nouveau bungalow qui est très confortable, ce qui nous permet d’avancer sur le blog et à Fanny de dessiner. Le soir, on boit une caïpirinha sur la plage tandis que le soleil se couche puis on savoure notre dernier dîner dans le dernier endroit tranquille de notre voyage. Le matin suivant, on libère le bungalow, on profite une dernière fois de la plage et en début d’après-midi on prend un taxi boat pour Abraao. On s’installe dans la chambre qu’on a réservée dans une petite pousada au bout de la plage à droite du port, puis on ressort pour déjeuner. On prend ensuite un peu de temps pour aller sur internet (4 jours sans connexion, pas le plus long qu’on ait fait mais pas loin) puis on achète des bières et on va à la plage pour voir le coucher de soleil, le dernier. Pour le dîner, on mange un bon poisson les pieds dans le sable, arrosé de vin et de caïpirinha. Beaucoup de français dans le resto, le retour n’a jamais été aussi proche… On savait qu’il allait arriver, on essayait de pas trop y penser, le voici, le dernier jour! On prend un très bon petit-déjeuner face à la mer, on prépare nos affaires puis on rend la chambre. On achète quelques provisions dans le village, on va au port, reste plus qu’à attendre le bateau pour quitter Ilha Grande. La traversée dure presqu’une heure, on est cette fois sur un vieux bateau. On enchaîne avec un transfert direct en voiture vers l’aéroport international de Rio, à 4 sur la banquette arrière parce que l’agence a mal géré les places, 1h30 de plaisir. Il nous reste plusieurs heures à patienter avant le décollage de notre vol pour Londres en début de soirée. On en profite pour se faire un dernier buffet au kilo et on a bien le temps de réaliser que le voyage s’achève. Comme évoqué plusieurs fois, on est d’un côté content de rentrer pour la famille, les amis, la cuisine française et aussi arrêter de bouger sans arrêt. Mais d’un autre, on est très triste que ça s’arrête, chaque jour des découvertes, des paysages, des rencontres, etc… Il est difficile de nous projeter et de savoir comment nous allons vivre ce retour. De plus, on va devoir prendre des décisions : où on va habiter? quel job on va trouver? Ça fait un peu peur mais c’est aussi stimulant. Je ne vais pas énumérer le nombre de pays où nous sommes passés, les paysages qu’on a vu, les monuments qu’on a visité, les kilomètres parcourus, les rencontres qu’on a fait,

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 Nous avons

encore plus envie de découvertes et déjà des idées de voyage nous trottent dans la tête. C’est un cliché mais le monde est vraiment de plus en plus petit et il est de plus en plus facile de voyager. Le plus dur au final a été de se lancer et de partir.

les amis que nous nous sommes fait, toutes ces choses qu’on peut lire dans de nombreux blogs de voyageurs (d’ailleurs, le format que nous avons choisi pour raconter nos histoires n’est pas forcément le plus original). Je dirais simplement que nous sommes très heureux de notre voyage et que les maigres regrets que nous pourrions avoir sont insignifiants comparés à ce que nous avons vécu. Nous sortons forcément grandis par cette expérience même si nous n’avons pas l’impression d’avoir beaucoup changé (pas encore). En tout cas, on a appris un paquet de trucs et côtoyé des cultures bien différentes de ce qu’on peut trouver en Europe et en France. Et nous n’en avons pas assez… au contraire, nous avons encore plus envie de découvertes et déjà des idées de voyage nous trottent dans la tête. C’est un cliché mais le monde est vraiment de plus en plus petit et il est de plus en plus facile de voyager. Le plus dur au final a été de se lancer et de partir. Nous avons eu notre compte de mésaventures mais très loin de ce qu’on s’imaginait au départ (et sûrement moins que d’autres voyageurs malchanceux). Nous n’avons jamais été volés, jamais été agressés, quelques fois arnaqués mais à la place de ces gens, au vu des conditions de vie qu’ils connaissent, peut-être aurions nous fait la même chose face à des touristes dont on sait que le niveau de vie est bien plus élevé. Il suffit juste selon nous de faire un minimum attention, garder l’esprit ouvert et respecter les autres cultures. Une des choses qui nous a étonné durant

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ce voyage est le nombre d’autres voyageurs « long terme » (plusieurs mois à un an et même parfois plusieurs années) qu’on a croisé. C’est simple, on en a croisé plus que de touristes « normaux », beaucoup plus. Ça nous a permis de réaliser que ce que nous avons fait n’a rien d’un exploit, des centaines de milliers, peut être des millions de personnes de tous les pays (il faut l’admettre principalement les pays dit développés) parcourent le monde ainsi. Si chacun a sa manière de voyager, son itinéraire, son budget,… une chose est sûre : tout le monde peut le faire. Il faut juste du temps, de l’argent (et pas nécessairement une somme conséquente) et de la motivation. Si ça vous tente… Perdu dans ces pensées et dans la prise de notes pour ce tout dernier article, le temps a filé et voici que l’embarquement de notre vol pour Londres a commencé. De là on prendra l’Eurostar pour Paris où les parents de Fanny et ma mère nous attendent pour une 1ère soirée de retrouvailles. Le lendemain, c’est des amis que nous retrouverons, toujours sur Paris. Et d’autres moments comme ça vont s’enchainer les semaines suivantes. Une fois qu’on aura suffisamment profité de tous ces gens qui nous ont manqué, c’est de nouveau à nous qu’il va falloir penser et à notre avenir. On a hâte de commencer cette nouvelle vie et une des leçons que l’on va essayer de retenir de ce voyage est simple : tout est possible. C’est parti, on décolle…

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Crédits photos : © Fanny LELOUP


an 33000 Bordeaux - FRANCE leloup.fanny@hotmail.fr http://lachambreduvagabond.wordpress.com/ http://fannyleloup.com/


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Cet ouvrage retranscrit les aventures de 2 vagabonds partis dix mois à travers le monde : Europe, Asie, Océanie et Amérique du Sud. Ils ont parcouru des milliers de km. Ce recueil rappelle le plaisir que procure le voyage. Ils racontent leurs aventures, donnent des conseils et décrivent ce qu’ils ont vu, le tout avec une pointe d’humour.


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