Les prescripteurs du roman ado

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Donc on leur envoie tous nos bouquins un peu avant leur sortie et on leur demande en retour

de faire du bruit en fait ce n’est pas plus que ça. On ne leur impose pas des avis positifs sur nos

bouquins, on leur demande de dire ce qu’ils pensent et d’essayer de le faire tourner le plus possible sur nos réseaux communautaires, parce que c’est ça qui est intéressant. Par exemple avec La mort j’adore d’Aléxis Brocas : on n’a pas eu de presse au départ mais il a marché grâce aux réseaux sociaux, les lectrices en ont parlé sur leur blog et ça a eu beaucoup d’impact.

Alors maintenant on sait que ce genre de projet ça s’appelle en fait du marketing direct et que

c’est utilisé par les grosses boites type Hachette mais nous on ne l’a jamais pensé comme ça,

nous on s’est seulement dit « tiens ça serait intéressant que les jeunes puissent prendre « eXprim’ » en main et deviennent finalement un peu acteur de l’aventure » mais on ne savait pas qu’on ne faisait que reproduire une technique déjà bien connue des vieux loups.

En dehors de ce travail de prescription et de communication, est-ce-que les ambassadeurs ont un quelconque rôle décisionnaire dans le travail éditorial ? Non, de pouvoir décisionnaire, vraiment pas. En revanche on aime bien de temps en temps leur

demander leur avis, par exemple sur les couvertures ou autre. Une fois j’avais une petite hési-

tation sur l’ordre de parution de deux romans sachant que l’un deux me paraissait un peu plus fort qu’un autre et j’avais fait circuler des extraits aux ambassadeurs pour avoir leur ressenti le

plus direct, le plus abrupt possible. Mais ce n’est qu’une source d’indications. Par exemple, une fois, les ambassadeurs étaient tous d’accord pour dégommer une couverture qu’ils n’avaient

pas du tout aimé mais qu’on a fini par prendre quand même. Ce qui ne veut pas dire que leurs

avis ne nous ont pas été utiles car la couverture, on l’a retravaillée mais ils n’ont pas de poids décisionnaire, ils ont un vrai rôle de lecteurs mais des lecteurs qui prennent part à l’aventure.

Comment faites-vous pour observer les impacts et les retombées du travail de vos ambassadeurs ? C’est toujours très difficile à observer ce genre de chose puisque dans le monde des livres, avec le système des retours et des réassorts et comme on n’a pas accès aux données de sorties de

caisses, c’est difficile de voir même pour un article dans Télérama, on ne saura jamais qu’elles sont les retombées réelles. Donc je ne peux pas vraiment dire qu’on a vu des effets positifs sur nos ventes en tout cas.

En revanche, on a quand même observé des choses, rencontrés des gens qui nous ont découvert grâce à tel ou tel article sur tel ou tel blog et c’est souvent les blogs de nos ambassadeurs.

Aujourd’hui on a fait le tri dans nos ambassadeurs et il ne nous reste plus que 6 ambassadrices mais elles sont vraiment au taquet, c’est à dire que dès qu’elles reçoivent le livre elles se mettent à le lire de suite et ainsi, dès la parution de l’ouvrage, la première page de recherche sur le

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