Le Matinal (18 May 2013)

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www.lematinal.com LE MATINAL, PORT-LOUIS, SAMEDI 18 MAI 2013

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ÉDUCATION

Le numérique au service de l’enseignement

La technologie évolue sans cesse et dans un monde où tout bouge très vite, les méthodes d’enseignement qu’ont connues nos parents sont en passe de devenir obsolètes. C’est dans ce contexte qu’à Maurice, le numérique prend petit à petit le pas. D’autant que cet univers est celui dans lequel les jeunes évoluent au quotidien. Raïna Ram Port-Louis, 17 mai

C’est indéniable : les livres perdent leur attrait auprès de la jeune génération, celle dite branchée qui est née quasi littéralement avec une souris à la main. Dans les salles de classe, la situation n’est guère différente. Le livre est ennuyeux et seules les méthodes interactives d’enseignement sont à même de susciter l’intérêt des apprenants, surtout au niveau du primaire. C’est ainsi qu’en mars 2008, suite au sommet franco-britannique, le gouvernement français a établi la Délégation Interministérielle à l’Education Numérique en Afrique (DIENA), qui avait pour but d’accomplir les objectifs du programme ‘Education for All’ en Afrique à travers l’autonomisation numérique. C’est là que prend naissance le projet Sankoré dans plusieurs pays d’Afrique, Maurice inclus. Om Varma, directeur du Mauritius Institute of Education (MIE), institution responsable du projet Sankoré et du programme de distribution de tablettes tactiles dans les écoles, a reçu Le Matinal pour expliquer les enjeux de l’enseignement numérique et faire le bilan de la numérisation de notre système éducatif. “Les ‘Sankoré Boards’ sont des tableaux interactifs qui ont déjà été installés dans les classes de 4e de toutes les écoles à travers l’île. Dans une école, s’il y a deux ou trois classes de 4e, nous avons installé deux ou trois projecteurs Sankoré”, explique le directeur du MIE. Ce dernier précise qu’il y a eu une conversion du cursus scolaire traditionnel en un cursus numérique et, pour ce faire, il a fallu retravailler le concept de l’apprentissage. “Par exemple, un élève autrefois voyait comment explose un volcan à travers des images statiques dans un livre d’école. Aujourd’hui, l’élève de 4e peut voir une

Concernant les tablettes tactiles, le directeur du MIE explique qu’il y a une équipe qui s’occupe de chercher toutes les applications éducatives qui seraient susceptibles d’aider l’élève dans son apprentissage. vidéo d’un volcan en éruption sur le ‘Sankoré Board’ et donc, mieux comprendre le concept de ce phénomène sans avoir à l’apprendre par cœur. Pareil pour les mathématiques en 3D qui permettent de mieux comprendre ce sujet”, dit Om Varma.

Adaptation Tous les sujets au niveau du Standard 4 ont été retravaillés pour les besoins de la numérisation du cursus. Il en est de même pour le Standard 5, dont la numérisation est presque terminée. “D’ici à la fin de cette année, le programme pour le CPE passera également au numérique. Cependant, il ne s’agit pas de donner les réponses facilement aux enfants. Les programmes ont été travaillés de sorte à ce que le professeur ne perde pas sa place dans l’éducation. Le rôle du professeur est capital dans notre système d’apprentissage et, même s’il y a une

numérisation, nous ne souhaitons en aucun cas éclipser l’enseignant», précise le directeur du MIE. Il ajoute que, de par le manque d’accès à l’Internet dans les écoles, les cursus sont mis sur CD et envoyés dans les écoles. Le MIE travaille aussi de près avec les professeurs qui peuvent demander à ce que le cursus soit modifié de telle sorte à ce que ses élèves puissent mieux comprendre. “Evidemment, la mise en application d’un tel projet a demandé la formation des professeurs, des maîtres d’école et même des inspecteurs d’école”, dit Om Varma. En ce qui concerne les tablettes tactiles, le directeur du MIE explique qu’il y a une équipe qui s’occupe de chercher toutes les applications éducatives qui seraient susceptibles d’aider l’élève dans son apprentissage. Cette même équipe s’occupe également de développer une

plate-forme pour les tablettes, comme le précise Avinash Oojorah, chargé de cours au MIE et responsable de ces deux projets de numérisation. “Nous manquons

une bonne chose qu’il y ait une équipe au sein du MIE pour suivre la mise en application de ces projets car “les consultants viennent et repartent. Sans une équipe

La formation des professeurs, des maîtres d’école et même des inspecteurs d’école pour bientôt. — Om Varma de personnel pour travailler sur ces projets et la même équipe doit développer ces deux plates-formes, une pour le primaire et une pour le secondaire. Il faudrait certainement agrandir l’équipe”, estime Avinash Oojorah, qui ajoute que c’est indéniable que les enfants se sentent plus à l’aide dans un environnement numérique et qu’il est plus que jamais temps de transiter vers un tel système. Sur ce chapitre, Om Varma fera ressortir que c’est

dédiée, qui aurait assuré le suivi de la qualité des programmes et qui aurait adapté le matériel au contexte ?”. L’équipe se charge d’identifier toutes les applications valables disponibles en ‘open source’ et les met sur le système sur lequel tournent les tablettes. “Avec une formation plus poussée, notre équipe sera certainement en mesure de développer ses propres applications pour un meilleur apprentissage. Nous avons tellement avancé dans la numérisation de l’ap-

Technologie : Google Maps se relook Le Matinal News Service Port-Louis, 17 mai

Google a dévoilé la nouvelle version de son service, ‘Google Maps’. Le géant du web vise à personnaliser le produit. Il dispose de nouveaux ‘icons’ permettant aux entreprises de diffuser des annonces et des promotions, qui se superposent à la carte. Ces mesures visent à rendre Google Maps plus attirant pour les annonceurs qui ont tendance à se concentrer sur la page principale de recherche de Google et les plates-formes rivales. Cette refonte de Google Maps avait été annoncée à une conférence de la compagnie à San Francisco.

Jusqu’ici, les compagnies ayant opté pour les campagnes de marketing ‘pay-per-click’ sur Google Maps se faisaient identifier grâce à une goupille bleue plutôt que par le marker rouge qui est utilisé pour les autres commerces. Toutefois, il n’était pas toujours évident de comprendre à quoi ces pins faisaient référence car il fallait que l’utilisateur le sélectionne ou vérifie sur une liste des organisations représentées. Désormais, le nom des commerces et les premiers mots de la publicité apparaissent sur les cartes dans une boîte superposée. Google précise que ce relooking est fait dans le but de personnaliser le produit. “Tout le

monde se sert de la même carte. On s’est demandé pourquoi ne pas créer une nouvelle carte pour chaque utilisateur se trouvant dans différents endroits à chaque fois ?”, explique Bernhard Seefeld, directeur de Product management. Ce concept consiste à prioriser les noms des locations que l’utilisateur a fréquemment cherché à travers n’importe quel service Google. Les endroits d’intérêt, tels que les restaurants et les autres commerces seront mis en évidence. Toutes les rues importantes et les points de repères seront également marquées afin d’aider l’utilisateur à atteindre sa destination. — redaction@lematinal.mu

prentissage que nous sommes arrivés à un point de non-retour”, souligne Om Varma. Il ajoute qu’il faudra bien sûr équiper les enseignants encore mieux que les élèves de sorte à ce que les professeurs puissent contrôler l’utilisation des tablettes dans les classes et même en dehors. Les enseignants seront dans l’obligation de se réajuster à cette nouvelle façon d’enseigner, car l’enseignant ne peut pas être plus ignorant que son élève, selon Om Varma. Ce dernier ajoute, comme note finale à notre entretien, que ces outils informatiques pourraient même être utilisés pour le ‘Prevoc’, ce qui aiderait sans doute ces élèves à mieux apprendre qu’auparavant.

Suivi régulier Avinash Oojorah précise que pour le projet Sankoré, il existe une forme de support à l’utilisation avec des visites dans les écoles que fait son

équipe toutes les semaines. “Nous visitons seulement quatre écoles par semaine à cause du manque de personnel. Nous en aurions fait beaucoup plus sinon, car les professeurs réclament souvent ce support à l’utilisation”, dit le chargé de cours. La formation des professeurs se fait une première fois, puis vient la formation continue. Ces visites formatives aident à cibler les difficultés d’apprentissage et l’équipe d’Avinash Oojorah, qui est composée d’anciens professeurs qui développent aujourd’hui ces plateformes d’apprentissage, peut tenir des ateliers de travail pour réduire les difficultés. “D’ailleurs, notre page Facebook, qui grandit continuellement et qui est arrivée à 539 membres, est très dynamique et les profs interagissent beaucoup dessus. Une étude que nous avons faite à ce niveau cependant démontre que ce sont surtout les enseignants

avec 10 à 15 ans d’expérience qui y sont plus actifs. Sans doute ont-ils plus à partager que les jeunes enseignants… », souligne Avinash Oojorah. Si pour cette équipe d’anciens professeurs, la transition vers le numérique n’était pas difficile, il y a quand même eu plus de problèmes pour les enseignants dans les écoles à se passer de l’enseignement traditionnel. «J’ai un personnel de très bon niveau, qui continue d’apprendre. Je prépare moi-même un doctorat et nous avons un agenda de recherche au sein de l’équipe. Nous avons ainsi développé un modèle pédagogique, la ‘techno-pédagogie’ ou le triangle pédagogique, qui inclut l’enseignant, l’enseigné et les ressources. Ce triangle sert à implémenter la technologie dans les classes”, explique le responsable du projet Sankoré. En ce qui concerne les tablettes, l’équipe travaille sur une plate-forme par sujet enseigné et ces plateformes contiendront les applications nécessaires à l’apprentissage, qu’Avinash Oojorah appelle les ‘Classroom Productivity Tools’. Les platesformes seront sécurisées et l’enseignant pourra contrôler ses élèves en classe comme en dehors. Avinash Oojorah souligne que son équipe continue de faire de la recherche sur ces technologies innovantes et tout dernièrement, l’équipe a travaillé sur un moyen de connecter la tablette au ‘Sankoré Board’. “Avec l’avènement de cette nouvelle technologie dans les salles de classe, les enseignants nous ont souvent fait part d’un rejet des livres de la part des élèves. C’est un ‘wow effect’ qui s’est produit sur les élèves, mais ce ‘wow effect’ ne s’arrêtera pas du jour au lendemain. C’est un effet qui durera car les élèves aiment mieux apprendre à travers la technologie qu’à travers les livres-paier”, conclut Avi-nash Oojorah. — raina.r@lematinal.mu


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