COMMUNICATION & NUMERIQUE INTERVIEW
Entretien avec Arlette Soudan Nonault, Ministre de l’Environnement, du développement durable et du bassin du Congo, en charge de la préservation du second poumon écologique mondial. Quel est le rôle du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo ? Le Fonds Bleu pour le Bassin du Congo, principal instrument de la Commission Climat du Bassin du Congo (CCBC) est une initiative du Président Denis SASSOU-N’GUESSO, lancé à l’occasion de la tenue de la COP 22 qui est devenu une réalité le 9 Mars 2017 dans la ville d’OYO en République du Congo, avec la signature par dix pays du Mémorandum qui a formalisé sa création. La CCBC est composée aujourd’hui de 16 États (plus le Royaume du Maroc) : Angola, Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale, Kenya, Ouganda, République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, République du Rwanda, Sao Tomé & Principe, Soudan du Sud, Tanzanie, Tchad et Zambie. Ce Fonds a pour objectif de mobiliser les ressources auprès des contributeurs afin d’assurer le financement de la mise en œuvre des programmes et projets concourant au développement durable, à la promotion de l’économie bleue et de l’économie verte dans son champ d’application. Dans la perspective d’assurer au Fonds Bleu une gouvernance financière de qualité, la CCBC a lancé une étude de préfiguration de cet instrument. Cette étude étant achevée, le fonds bleu devient une expérience sur le continent africain en matière de finance climatique. Dans les conclusions du Deuxième Sommet tenu le 30 septembre 2021, les chefs d’État et de Gouvernement de la CCBC ont exhorté bailleurs de fonds et investisseurs privés à apporter leur soutien à cette Commission, pour la mobilisation des ressources financières, complémentaires aux contributions des États en vue du financement du plan d’investissement climat du Fonds Bleu pour le Bassin du Congo, ainsi que des initiatives nationales et sous-régionales, afin de concilier la lutte contre les effets néfastes des changements climatiques et le développement économique, la création 96 I YEARBOOK CONGO : Rapport économique
d’emplois et l’amélioration des conditions de vie des populations. Que change la découverte récente d’une zone de tourbières parmi les plus anciennes et les plus vastes au monde avec une superficie de 165 000 km2 ? La République du Congo possède un capital de ressources naturelles exceptionnelles, préservé grâce à une politique de gestion responsable et durable. Ce capital naturel remarquable est constitué notamment de forêts, qui couvrent une superficie de 23,5 millions d’hectares soit 69% du territoire national et environ 12% de l’ensemble du massif forestier du Bassin du Congo. Sa position stratégique au cœur du Bassin du Congo, deuxième poumon écologique de la planète, la place au centre des enjeux climatiques mondiaux et des politiques environnementales y relatives. La découverte récente d’une grande superficie de tourbières parmi les plus importantes au monde dans les forêts du Nord Congo aux valeurs écologique, biologique et économique incontestables, augmente l’intérêt de la communauté internationale vis-àvis de cet écosystème particulièrement fragile. Selon les récents travaux des chercheurs de l’Université de Leeds dont la présentation finale des résultats du projet CongoPeat à Brazzaville interviendra en 2023, la nouvelle cartographie des tourbières nous donne une superficie de 165 560 Km2 au lieu de 145 500 Km2, soit une augmentation de 14%. Il en est de même du carbone stocké dans ces tourbières qui passe de 30 milliards de tonne à 31 milliards de tonne, ce qui représente près de 15 à 20 ans d’émission de CO2 des USA et 3 ans de toute la planète. Certaines informations recueillies pendant ces études seront diffusées lors de la COP 26 de Glasgow au Royaume Uni.