INTERVIEW
Entretien avec Annick Mongo, Directrice générale de l’Agence pour la Promotion des Investissements (API) du Congo. Cette avocate de formation, jusqu’en 2011 la Directrice générale de l’autorité de régulation des marchés publics, met en œuvre la politique du gouvernement en matière d’investissement à travers les activités de promotion et de facilitation des investissements privés. Actuellement, quels sont les principaux secteurs propices à l’investissement au Congo ? Les secteurs porteurs de croissance sur lesquels le Gouvernement a fondé sa stratégie de diversification de l’économie (PND 2018-2022) sont l’Agriculture au sens large (agriculture, élevage, pêche), le tourisme les différentes industries de transformation, y compris, notamment, l’agroalimentaire et l’agro-industrie. En effet, le Congo importe beaucoup de produits alimentaires (jusqu’à 600 milliards de FCFA/an) et cela fait plusieurs années que ça dure. Il s’agit de diversifier l’économie en commençant par l’agriculture, le marché est là et il faut encourager les congolais et étrangers à investir afin de permettre à la population de consommer local à des prix beaucoup plus abordables. L’option principale prise à travers le Plan National de Développement (PND 2018-2022) et qui devrait être reconduite dans le prochain PND 2022-2026 en tenant compte des résultats obtenus, est donc d’encourager l’investissement dans l’agriculture et les différents maillons de ses différentes chaînes de valeurs pour, non seulement substituer la production nationale aux importations massives, mais aussi s’assurer, à termes, d’une autosuffisance alimentaire. La crise sanitaire du Covid-19 et son corollaire, les perturbations des chaînes d’approvisionnements tous azimuts sont venus rappeler, si besoin en était, cette impérieuse nécessité d’une production agricole locale. C’est ainsi que les pouvoirs publics ont adopté des mesures qui sont de nature à exonérer les activités du secteur agricole, de la quasi-totalité des impôts et taxes (exonération de l’impôt sur les revenus provenant de l’exploitation agricole, agropastorale, piscicole et de la pêche continentale et exonération des droits et taxes de douane sur l’importation des matériels et équipements
agricoles depuis la loi des finances 2015), dans l’espoir d’attirer davantage d’investissements dans ce secteur. Plus spécifiquement, les cultures de rentes comme le cacao, l’hévéa, la noix de cajou, la banane plantain sont encouragées à côté des cultures vivrières et maraîchères (manioc, tomate, …). Les industries d’intrants agricoles, ainsi que les cultures favorables à la production de l’aliment de bétail comme le maïs et le soja, ainsi que leur transformation sont aussi opportuns. Le tourisme fait partie des secteurs clés identifiés par le PND 2018-2022 et qui devrait être reconduit par le PND 2022-2026. Notre pays a un potentiel éco touristique très important que nous entendons mieux valoriser, avec le Fleuve Congo et les parcs nationaux en cours d’aménagement ainsi que de nombreux sites touristiques à faire découvrir aux touristes. Les Zones Economiques Spéciales sont aussi des zones de prédilection pour les investissements dans plusieurs domaines, en lien avec la vocation économique de chaque zone. A travers les quatre zones économiques spéciales créées et en voie d’opérationnalisation, l’Etat entend canaliser plus efficacement les investissements favorables à la diversification économique et à l’accroissement des exportations. D’autant plus que les investisseurs y bénéficient d’un régime privilégié allant jusqu’à 10 ans d’exonération d’impôts sur les sociétés, voire 15 ans pour les développeurs. En outre, les investissements dans les secteurs transversaux, d’appui et innovants comme l’énergie, les transports et les TIC sont encouragés et soutenus. Le PND 2022-2026 en préparation devrait rajouter à l’agriculture, l’industrie et tourisme de nouveaux secteurs, notamment les TIC, les Zones économiques spéciales et la construction, mais cela reste à confirmer. YEARBOOK YEARBOOK CONGO CONGO :: Rapport Rapport économique économique I 25 25