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Plaider pour l’excellence
par Jean-Benoît Nadeau
Les concours de plaidoirie sont une formidable occasion d’apprendre pour les étudiants — et pour leurs entraîneurs. Rencontre avec quatre membres de notre communauté diplômée qui ont accepté de jouer ce rôle — pour s’impliquer et se ressourcer!
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Mina Chamsi, BCL/LLB’12 LA RICHESSE DE LA RÉFLEXION
Mina Chamsi est toujours épatée par le niveau d’implication des participants au Concours JuliusAlexander-Isaac. « Pour rédiger leur mémoire, ils sacrifient presque toutes leurs vacances des Fêtes », raconte l’avocate au gouvernement ontarien, qui agit comme entraîneuse depuis 2017. Ce concours, qui porte sur des questions de droits de la personne, est dans l’air du temps. « Ceux qui ont préconisé les droits humains ont quand même conçu un droit qui leur ressemblait. Il faut le repenser pour l’appliquer à des personnes de la minorité. C’est ce qui fait la valeur de ce tribunal-école. Le simple fait d’avoir ces conversations avec les étudiants est un enrichissement », dit l’avocate qui entretient les relations bien après le concours. Comme elle vit à Toronto, le côté virtuel imposé par les mesures sanitaires l’a assez peu embêtée puisqu’elle travaillait déjà à distance avec les participants de McGill. « De toute façon, le processus juridique bouge dans cette direction pour des raisons pratiques. Il est intéressant de voir le droit se moderniser. »
Marc James Tacheji, BCL/LLB’12 UNE OCCASION À NE PAS MANQUER
Marc James Tacheji a assumé le rôle d’entraîneur au Concours Pierre-Basile-Mignault pour deux raisons : « Pour le plaisir d’enseigner, déclare-t-il, et parce que ma participation à ce concours comme étudiant fut une expérience inoubliable ». « Comme entraîneur, on apprend beaucoup. Les jeunes sont incroyablement créatifs devant un problème. Ça se voit au concours lui-même, où chaque équipe aborde la question d’une manière différente ». L’avocat au cabinet Fasken à Montréal encourage les étudiants à participer à ce genre de concours. D’abord parce que c’est un « principe de réalité » pour ceux et celles qui travaillent fort dans leurs livres pour réussir aux examens. « Et aussi parce qu’on ne peut pas surestimer l’importance de l’apport des praticiens auxquels ils seront exposés ». Il donne en exemple son équipe, qui a pu profiter de la gentillesse du juge Enrico Forlini, qui l‘a invitée à s’exercer au palais de justice, mais aussi des juges Marie-Josée Hogue de la Cour d’appel et Bernard Synnott de la Cour supérieure du Québec, et du plaideur émérite Marc-André Fabien. « Ce sont des pointures qui donnent du temps : ça fait une très grosse différence dans une formation ».
Marc James Tacheji était coentraîneur au concours de plaidoirie Pierre-Basile-Mignault avec Michael Shortt, BCL/LLB’13, et Camille Duguay. Leur équipe (Victor Fahey, Lara Itani, Félix-Antoine Pelletier, Pouyan Zabihian) s’est classée au 2e rang pour le mémoire, 2e meilleur tandem (Félix-Antoine Pelletier, Pouyan Zabihian) et meilleur plaideur (Félix-Antoine Pelletier).
Mina Chamsi était entraîneuse de l’équipe de McGill au Concours Julius-Alexander-Isaac. Les membres de l’équipe étaient Theresa James, Olivia Huynh, Tareq Shahwan, Olivia Ma et Vincent Yagayandi.
Catherine Mathieu (doctorante) TISSER DES LIENS
Maintenant professeure de droit administratif à l’UQÀM depuis juin, Catherine Mathieu s’ennuiera de ses quatre années comme entraîneuse de l’équipe de McGill au Concours Laskin.
« On suit les participants de septembre jusqu’au concours en mars », raconte l’ex-avocate au cabinet Woods, qui trouve très gratifiant de voir évoluer les étudiants. « Entre l’ébauche du mémoire et sa version finale, l’amélioration est phénoménale. La courbe d’apprentissage est très abrupte ». Elle explique qu’elle suit la carrière de ceux qu’elle a entraînés. « Il s’agit d’étudiants exceptionnels, prêts à fournir un gros effort en dehors de leur zone de confort. On les a guidés dans la rédaction du mémoire, dans la préparation de la plaidoirie, dans les entraînements avec des avocats et des juges, dans la gestion du stress. Ça crée des liens forts. » Elle admet toutefois que la version virtuelle du concours en 2021 l’a laissée un peu sur sa faim, car il y manquait les éléments qui se rattachent à une compétition en présentiel. « C’est plaisant d’aller à Toronto ou à Winnipeg, d’être reçu par la faculté hôtesse. Mais mieux vaut le faire en virtuel que de ne pas avoir de concours du tout ».
Catherine Mathieu était coentraîneuse avec MariePierre Cloutier, BCL/LLB’13, au Concours Laskin. Leur équipe (Marie-Denise Vane, Catalina Karam, Elise Malenfant et Nathaniel Reilly) est arrivée 1re au classement général, meilleure équipe appelante et meilleures finalistes (Marie-Denise Vane, Elise Malenfant); meilleure équipe intimée et 2e meilleurs finalistes (Nathaniel Reilly, Catalina Karam); meilleur plaideur individuel (Nathaniel Reilly); 2e meilleure plaideuse individuelle (Elise Malenfant); 3e meilleure plaideuse individuelle (Marie-Denise Vane); et finalement 2e place pour les mémoires.
Fortunat Nadima Nadima, BCL/LLB’17 LA FIERTÉ DE L’ENTRAÎNEUR
Quand on lui a proposé de devenir entraîneur pour le Concours Harold G. Fox, Fortunat Nadima Nadima a sauté sur l’occasion. « Quand j’étais étudiant, ma participation à un tel concours avait été l’une de mes expériences les plus marquantes à la Faculté ». L’avocat de chez Norton Rose Fulbright est très fier des quatre étudiants « motivés et brillants » qu’il a entraînés pendant six mois. « On les guide pour les aider à trouver un style efficace de rédaction et de plaidoirie. Mais comme les questions de fond du concours traitent de problèmes qui ne sont pas encore réglés, on apprend en même temps qu’eux ». Cette année, les concours se passaient en mode virtuel, ce qui affectait la capacité des étudiants de « lire » l’auditoire, selon l’entraîneur. « Il y a le défi technique et celui de l’isolement, mais d’un autre côté, ça représente la direction que le droit va prendre. Donc, si on peut affronter maintenant ce type d’audience, ça ne peut qu’aider ». Fortunat Nadima Nadima espère bien répéter l’exercice, d’autant que cela peut servir au recrutement de candidats. « Avec les années, on s’éloigne un peu de la Faculté. Les concours permettent de renouer des liens ».
Fortunat Nadima Nadima était coentraîneur avec Claudette van Zyl, BCL/LLB’16, et Sofia Lopez-Bancalari au Concours Harold G. Fox. Leur équipe (Alice Wang, Zachary Bensemana, Michelle Pucci, Yasmine Shadman) s’est classée deuxième pour la coupe Harold G.Fox. Alice Wang a remporté le prix Donald F. Sim du meilleur plaideur à l’oral. Michelle Pucci et Alice Wang ont reçu le prix Gordon F. Henderson qui récompense la meilleure rédaction de factum.