Fusion communes BW

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BRABANT WALLON

SAMEDI 28 JANVIER 2017

IT TRE

Les ambitions hennuyères de Valémont Ittre, Haut-Ittre, Virginal… et Hennuyères (Hainaut). Toutes les quatre en rêvaientde cette fusion. Mais une frontière, aussi provinciale qu’intangible en décidera autrement.

ÉdA – 301690699548

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ANS ce coin du Brabant wallon, à vallées et à colli­ nes (d’où l’invention de Valémont), tout rapproche les gens. Le Ry­Ternel, qui ser­ pente de Haut­Ittre au canal de Bruxelles­Charleroi, l’an­ cienne voie du « petit tram » et la N 280 qui traverse toute la commune, depuis le Ring de Bruxelles jusque… Hennuyè­ res. Dès 1972, les quatre conseils communaux se sont pronon­ cés, avec cartes à l’appui. Sur les 38 conseillers communaux qui composaient alors les qua­ tre conseils concernés, 36 ont marqué leur accord. Dès que le Plan Michel arrive, en février 1975, la résistance se met en place. Hennuyères or­ ganise un référendum le 2 mars 1975. Moins de la moi­ tié de la population y participe mais 85,44 % des électeurs se prononcent en faveur de Valé­ mont (on parlera même de Jo­ lyval !)

Ittre fut, un temps, le centre de la Belgique. Et aurat pu s’appeler Valémont.

d’une salle communale pour compenser la fermeture du dernier café Chez Laeremans. Dussart se remet au travail…

À Vesnau

Virginal­Samme, (Vesnau, en wallon) se positionne deux jours plus tard, le 4 avril. Comme à Haut­Ittre, il rap­ À Haut­Ittre, 460 habitants, le pelle la fusion à quatre et re­ conseil se réunit le 2 avril, sous jette la proposition du Plan Mi­ la présidence de Robert Bavay. chel. De l’autre côté du canal Plutôt libéral, il est fort pro­ che, en ce milieu des années 70, des thèses du Rassemble­ ment wallon. En 1970, sa liste était la seule à se présenter. Jac­ Samme s’en va et Samme ques Stache, dernier « survi­ revient vant » de ce conseil raconte Samme (633 ha) a relevé de qu’à l’époque, les réunions se la commune d’Ittre jusqu’au tenaient en deux temps : deux 17 mai 1796. Elle ne sera indé­ ou trois heures pour épuiser pendante que jusqu’au l’ordre du jour… et le reste de la 22 janvier 1808, date à la­ soirée, dans la salle des maria­ quelle elle sera alors fusion­ ges, à taper le carton. née avec Virginal (140 ha). Quand il y avait des travaux, Terre franche le conseil votait l’achat des ma­ tériaux et l’échevin Étienne Virginal, sous l’ancien ré­ Dussart engageait les gamins gime, était une enclave de la du village et quelques bénévo­ principauté de Liège et consi­ les pour réparer le mur de sou­ dérée comme « terre fran­ tènement de l’église ou che ». Bref, une terre d’asile d’autres menus travaux. Haut­ pour les mauvais garçons et Ittre est alors à la croisée des une réputation à faire frémir chemins. Les Bruxellois arri­ la petite bourgeoisie ittroise. vent en masse, construisent Il en est resté l’expression : tout le long du « boulevard Pi­ « À Vesnau, c’est franchise ! » ron » et les derniers magasins La sécession du 45 de village se ferment. En tout état de cause, le con­ Juste au­dessus du bras d’It­ seil réaffirme sa volonté de fu­ tre en terres tubiziennes, le sionner avec Ittre, Virginal et hameau du 45 (probablement Hennuyères. Mais sa grande un numéro d’écluse, sur le ca­ préoccupation, en cette année nal de Bruxelles­Charleroi) 1975, c’est la construction

Les grands travaux de Dussart

de Bruxelles­Charleroi, Virgi­ nal est très proche, géographi­ quement et socialement de ses grandes sœurs tubiziennes et clabecquoises. C’est pourtant la fusion rurale, d’Est en Ouest qui est voulue et ce, au détri­ ment d’une cohérence interne et d’un support naturel com­ mun ne manquera pas d’écrire Raymond Costard, directeur général de l’administration du ministère de l’Intérieur.

Rodéo et Juliette À Ittre, les sentiments sont mélangés. Louis Carlier réunit son conseil communal le 18 avril. Sur les dix conseillers présents, six se prononcent pour la fusion à trois et trois (probablement les socialistes), souhaitent y associer Braine­ le­Château et Wauthier­ Braine. Début janvier déjà, Joseph Michel avait transmis une

Brèves de fusion appartenait autrefois à Ittre. Pendant la deuxième guerre mondiale, les habitants se sont plaint de devoir aller chercher leurs tickets de ravi­ taillement à la maison com­ munale. Ils ont demandé leur rattachement à Tubize (avec quelques maisons de Rogis­ sart qui étaient encore sur It­ tre)… ce qui fut fait, peu de temps après la fin du conflit.

part et d’autre de la rue du bois de la Houssière (côté gau­ che sur Hennuyères, côté droit sur Virginal). Litige sur sa domiciliation ? Accord avec Gustave Barbier (PS It­ tre) pour lui donner le maïo­ rat en cours de route ? Tou­ jours est­il que Gaston Vervueren a démissionné de son mandat de bourgmestre en 1980 pour se représenter Les deux maisons de Gaston aux élections de 1982 et sié­ ger comme conseiller com­ Une autre petite histoire en­ munal en 1983. Il est décédé tremêle les communes de Vir­ en mai 1997. ginal et d’Hennuyères, en la D’Anvers à Ittre personne de Gaston Vervue­ ren, le dernier bourgmestre En 1976 et en 1982, Octave de Virginal… et grand défen­ Dorny s’est présenté aux élec­ seur de la fusion avec Hen­ tions pour défendre « la pe­ nuyères. Successeur de Jules tite communauté flamande Dinjart, il sera aux comman­ de la fusion. » Autrement dit, des de 1953 à 1976, avant de les agriculteurs flamands qui devenir le premier bourgmes­ sont venus s’installer à Ittre tre d’Ittre. Modéliste, il avait après la guerre à la suite, par son atelier dans une maison exemple, des travaux d’agran­ du village et deux maisons de dissement du port d’Anvers.

note interne à son chef de cabi­ net. Il venait de recevoir un coup de téléphone du direc­ teur commercial de Socolait, de la part du bourgmestre d’It­ tre. Citons la note : « Il faudrait regrouper Ittre, Haut­Ittre, Vir­ ginal et éventuellement Hen­ nuyères. Ils ne veulent pas fu­ sionner avec Braine­le­ Château. » Louis Carlier et sa majorité ont vite compris que jamais la province de Hainaut ne lâche­ rait sa commune de Hennuyè­ res. Il sait aussi que la fusion avec Braine­le­Château, qui a la faveur du socialiste Costard, donnerait le beau rôle à la voi­ sine du nord et très probable­ ment aussi à son sénateur­ bourgmestre et ancien ministre de la Culture, Pierre Falize (PS). C’est le moment de présenter le dernier person­ nage de cette saga ittroise : Francis Houtteman. Il est entré dans Ittre, à che­ val, en compagnie de Lucien Froidebise, de la compagnie du 109 et d’un spectacle itinérant : Rodéo et Juliette. Il tombe amoureux fou de cette région (entre autre) et propose à Louis Carlier de créer un centre cul­ turel pour les trois commu­ nes : le Centre de Loisirs et d’Information, le CLI. Vingt­cinq ans plus tard, il est aujourd’hui directeur du Créa­ Théâtre à Tournai, le souvenir de ces six années reste intact : « C’était une véritable gageure que de réunir ces trois villages tellement différents, surtout politiquement. Nous avons créé un journal (le Petit Tram), un cortège carnavalesque de 12 kilomètres pour aider les trois communautés à se ren­ contrer. » Carlier va trouver en Francis Houtteman un allié de choix pour soutenir « sa fu­ sion ».

Deux dissidences Le gouvernement tranchera. Ce sera donc la fusion à trois. De juillet 75 à octobre 76, la vie politique ittroise va quelque peu se compliquer. Le bourg­ mestre Carlier monte une liste libérale­chrétienne mais son premier échevin Léon Bertoux crée Alliance nouvelle. Du côté socialiste, ce sont les syndicalistes des Forges et des papeteries qui organisent la dissidence. L’Union socialiste commu­ nale défie le Parti socialiste belge de Gaston Vervueren. En définitive, Gaston Vervueren s’alliera au collège avec la liste de Carlier. En 1982, ce dernier rempor­ tera la majorité absolue. Son premier échevin ? Un certain Daniel Vankerkove… ■

Sté p ha n e VA N D E N E E D E


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