Imaginaire, Design et Nouvelles Technologies

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leur accorderait. D’abord par l’association facile de ce type d’objet à ceux que l’on trouve en trop grand nombre dans les foyers français (consoles de jeu etc.) et parce qu’ils sont fortement critiqués. Ensuite on considère que l’homme est supérieur à la machine. C’est l’enseignant qui détient le savoir, le robot n’est qu’un accessoire, un gadget. Peut-être redouteraient-ils de se faire voler leur travail ? L’ordinateur est bien mieux perçu car c’est une source de connaissance et d’ouverture sur le monde, sans le risque de devenir un concurrent. On accorde peu d’importance à l’interaction, au travail des sens, au rapport au toucher et à la cohésion du groupe que pourrait apporter la présence d’un robot. Ce modèle d’intégration de la technologie est inapplicable en Occident, le Japon ne pouvant réellement être un modèle à suivre. Les changements doivent donc venir d’ailleurs.

Le royaume du gadget De même le rapport au jeu et au gadget est différent en France, le gadget est assez mal perçu en général, il est synonyme d’inutilité et de perte de temps, passant vite de mode et relevant du domaine de l’enfance. L’arrivée des robots de loisirs comme les animaux de compagnies virtuels a très vite été perçu comme un gadget de plus. Ils n’ont donc pas échappé aux critiques et aux craintes. F. Kaplan1 distingue trois sortes de réactions différentes à leur égard. L’approche utilitaire : ce ne sont que des « gadgets », forcément inutiles qui risqueraient d’être à l’origine d’un gaspillage des ressources. L’approche affective, la machine n’est qu’une « pâle copie de nos animaux familiers » et servirait à combler un manque affectif, source d’éventuelles dépendances. Par le virtuel, certains pourraient renoncer aux relations sociales. Enfin l’approche intellectuelle, « ces machines en créant « l’illusion » de la réalité contribuaient à rendre flou les différences entre le naturel et l’artificiel », et conduire à des dérives. Les craintes sont donc nombreuses. Bien avant les considérations démographiques ou autres, ce qui explique la relation des japonais aux machines est donc bien loin des préjugés véhiculés en France. Alors que cette étape du gadget, dite « futile » est celle correspondant au temps d’appropriation d’une nouvelle technologie. Lors des entretiens des Entretiens du nouveau monde industriel à l’ENSCI en 2009, P.Musso expliquait qu’il faut 50 ans pour que l’invention technique s’insère complètement dans notre société. Ainsi l’ampoule d’Edison qui n’est pas un gadget, était pourtant perçue comme telle à ses débuts. Edison arpentait les foires et les expositions

1 Frédéric Kaplan. Les machines apprivoisées : comprendre les robots de loisir, Vuibert, 2005 35


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