Tartuffe, ou l'imposteur Mais demain, du matin, il vous faut être habile A vuider de céans jusqu'au moindre ustensile : Mes gens vous aideront, et je les ai pris forts, Pour vous faire service à tout mettre dehors. On n'en peut pas user mieux que je fais, je pense ; Et comme je vous traite avec grande indulgence, Je vous conjure aussi, Monsieur, d'en user bien, Et qu'au dû de ma charge on ne me trouble en rien.
ORGON. Du meilleur de mon coeur je donnerois sur l'heure Les cent plus beaux louis de ce qui me demeure, Et pouvoir à plaisir sur ce mufle assener Le plus grand coup de poing qui se puisse donner.
CLÉANTE. Laissez, ne gâtons rien.
DAMIS. A cette audace étrange, J'ai peine à me tenir, et la main me démange.
DORINE. Avec un si bon dos, ma foi, Monsieur Loyal, Quelques coups de bâton ne vous siéroient pas mal.
MONSIEUR LOYAL. On pourroit bien punir ces paroles infâmes, Mamie, et l'on décrète aussi contre les femmes.
CLÉANTE. Finissons tout cela, Monsieur : c'en est assez ; Donnez tôt ce papier, de grâce, et nous laissez.
MONSIEUR LOYAL. Jusqu'au revoir. Le Ciel vous tienne tous en joie !
SCÈNE IV.− Monsieur Loyal, Madame Pernelle, Orgon, Damis, Mariane, Dorine, Elmire, Cléante. 95