LAST Mag # 21

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06 - News 08 - T’entends ? Tu lis quoi ? C’est bien ? T’en es où ? 10 - T’as lu ? T’as vu ? Abonnement 12 - LAST games 14 - DVD - 24 fenêtres, chronique d’images en mouvements

ESSAIS

16 - Société - Merguez party étudiante 17 - L’arc de la source et de la production 18 - Les instants damnés du Fléau : 5 sens, 5 angles, 1 bruit

ARTWORKS

20 - Espace Occupé ESC 22 - Free artist - Carte blanche à ALICE (Italie) 25 - Paris Photo

MUSIQUE

26 - Boucler la Loop 28 - Live pic #4 – Madlib 29 - La minute blonde 30 - LAST Music Live

GLISSE

32 - Snowboard - Nicolas Müller 34 - Longskate

TOYS

36 - Tizieu 40 - Ajee 42 - Internet - Altertoys 44 - Expo – [zwe] 46 - Recette – Chili con carne du far-west par LeMush 50 - LAST Bubble

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< News >

Build your own death project Fumer tue. On commence à en prendre conscience, nous autres qui allons mourir et aspirons avec volupté des nuages toxiques de vapeurs cancérigènes aux portes des bars et restaurants à l’écoeurante salubrité. Histoire d’affirmer le côté mortellement ludique du tabagisme, l’agence espagnole Irreal a développé un concept Do It Yourself de paquets de cigarettes. Depuis leur site, il est possible de télécharger un gabarit de paquet à customiser, découper, plier, coller afin de se doter d’un réceptacle plus cool pour nos douilles de nicotine. Sont également disponibles et en libre téléchargement plein de modèles proposés par des artistes. Fumer, ça tue. http://www.irreal.cl/byodp

PZ persiste et signe Après avoir réinterprété les mondes de Radiohead et Beck, Panzah Zandahz remet le couvert et propose, en téléchargement gratuit, un EP qui puise dans la vaste discographie du groupe Broadcast. Ce EP est le prélude à un album réalisé avec le MC Brad Hammers : Two Ton Sloth. Check it on www.tokenrecluse.com

Burton x Kidrobot Entre le snow et les toys il n’y a qu’un pas. On vous présente dans ce mag un dossier toy et un rider Burton. Et dans le même temps Kidrobot (le plus gros distributeur et producteur de toys américain) et la marque Burton Snowboard lancent une série limitée en collaboration. Une board Burton avec pour design une accumulation de toys, et une veste technique all over aux couleurs de Kidrobot, arrivent sur le marché. www.kidrobot.com

Le Mappy du skater ! Vous cherchez un spot skatable pour rider le week end prochain, rendez vous sur www.freeyourspot.com qui répertorie l’ensemble des spots sur notre planète, et cela classé par discipline, street, rampe, bowl… Vous pouvez également faire évoluer le site comme les 1025 membres qui ont référencé 479 spots dans 38 pays !

The Missing Season Ils sont deux et franco-australiens. Ils chantent en anglais une folk en clair obscur. Ils chantent comme on rêve et c’est la nouvelle signature des éditions Shils. myspace.com/missingseason www.shils.net

Copper par Steph Cop Copper, le «Bad Boy Copper Head», est le dernier personnage imaginé par Steph Cop. Et devinez quoi ? Il est enfin disponibles ! Copper regroupe en lui nos musiques cultes, nos films cultes, nos fantasmes, nos peurs, nos amis, nos amours, nos emmerdes. Produit par Bonustoyz en cinq versions différentes, rose, verte, grise, noir et blanche et en exclusivité pour bonustoyz en all black, Copper risque de balancer ses grenades d’amour dans votre intérieur et de faire des ravages. Disponible sur le web et dans les shops spécialisés pour moins de 60 euros.

Collab Alors que Tetsouille expose à Toulouse chez Rice & Beans, voici une collab qu’il sort avec Murone qui lui laisse carte blanche. Ça donne un tee acidulé comme son expo à découvrir du 2 au 29 février 2008. www.last-mag.com / 6


Arnaud Pagès X Eclosion Après avoir réalisé une série collector de casquettes, t-shirts, sweaters et jeans en collaboration avec la marque Eclosion basée à Hong Kong, Arnaud Pagès voit ses premiers modèles édités. Déjà disponible en asie à Hong Kong, Taïwan, Singapour, Kyoto et en France au shop OFR (20 rue Dupetit-Thouard 75003 Paris) www.myspace.com/eclosionproject www.eclosion-style.com

Sur un plateau d’art, gens. Une dimension arty s’est greffée cette année aux Vibrations Urbaines de Pessac avec une expo de skateboards. Deck’On était invité pour présenter son concept de triptyque.

Don’t fuck my Jack / Ne pas niquer son Jack Le Replug est l’ultime gadget qui permet de ne pas casser la belle prise jack de ton bel appareil musical (ipod, lecteur mp3, ordi portable, ou table de mixage). www.replug.com

< /News >

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T’entends ? < Novö - Je retiens ton souffle ( Monopsone ) C’est au cours d’une excellente soirée, organisée par Friends of pop au Cri de la mouette, à Toulouse, que j’ai pu découvrir Novö ; le groupe assurait alors la première partie d’ iLiKETRAiNS. Comme le titre de l’album le laisse présager, Novö joue avec nos sensations. Maîtrisant avec beaucoup de cohérence l’image et le son en live, le duo crée des atmosphères tendues, quasi palpables, qui nous feraient risquer l’asphyxie sans les touches de douceur quelque peu contrariées mais salvatrices qui balisent les morceaux. Il en est de même sur l’album, c’est tout en retenue que Novö crée l’attente puis la surprise avant de nous laisser respirer enfin, l’effet est garanti. La base électronique intimiste des morceaux laisse de la place pour le chant parlé. Celui-ci sait se faire oublier de temps à autres avant que la pression acoustique ne remonte sous l’action de guitares «noisy» et aériennes. En retenant notre souffle, Novö nous force donc en réalité à respirer et il faut reconnaître que ça fait du bien. Diegbass

< She wants revenge - This is forever ( Geffen ) Après un excellent premier album éponyme en 2006, c’est le retour de la revanche. Si la recette semble ne pas avoir été changée, l’effet produit paraît quant à lui convenir à un public plus large. Cette chronique aurait donc pu être la même que celle de l’album précédent mais c’eût été sans compter sur la remarquable production de l’album, et c’est bien ce qui fait la différence. On peut présenter She wants revenge comme une déclinaison électronique d’Interpol, on retrouve donc un chant caverneux façon Ian Curtis avec une basse qui appuie bien les crises d’épilepsie du guitariste. Le changement s’est opéré sur la programmation rythmique et les nappes sonores utilisées, qui sont en quelque sorte passées de la cold-wave à la new-wave, quittant ainsi la noirceur pour des sonorités électros plus en rapport avec les cartons actuels de l’électro-punk. «This is forever» est un de ces albums qui réconcilie le public indie-rock avec l’électro mais franchement s’il ne devait en rester qu’un… pour moi ça serait celui là. Diegbass

< Ruth Tafebe And The Afrorockerz - Holy Warriors (Comet Records / Nocturne) Cet album est une rencontre, celle d’un collectif d’artistes-musiciens-producteurs : The Afrorockerz et d’une voix : Ruth Tafebe. (Les chants du projet de Dj Sundae : The Sunshipp, c’était la miss, black diva, afrosoulmessenger…) «Holly warriors» est un disque d’afrobeat où s’entremêlent synthés «gras et acides», cuivres «roots», basses sauvages et guitares «pop». Le coup de baguette magique de Tony Allen irradie 9 titres de l’album qui compte entre autres collaborations : Amayo d’Antibalas, Asha… Au final, un opus en forme de trait d’union où le passé, les racines de l’afrobeat (Fela, Tony Allen…) côtoient le présent et une expression plus actuelle de cette musique. Pour votre prochain séjour à New-York, faîtes un tour au St Nick’s pub, le mythique pub jazz de Harlem, vous aurez peut-être la chance d’y écouter la voix soul de Ruth… Akwel

Fisto - Un œil dans le rétro > Certain vivent dans le rétroviseur, d’autres dans un périscope et les derniers avec un télescope, Fisto manie ce triolisme menant à la folie. Un retour sur son passé discographique, de l’expérience de la Cinquième Kolonne qui fut conclue par un opus qui passera les saisons, derrière ses feuilles blanches une mélancolie enfantine, liée à cette part de croyance en demain, grimée en petites aigreurs punchlinantes où se cache l’idéaliste avec une raison ; ou l’artiste dégagé comme dirait Desproges. Entre l’intime, l’instinct, l’instant, l’étau, l’autre, les effusions d’amour pour l’Homme avec suffisamment de points de suspension pour laisser à l’auditeur du temps pour ses propres promesses en l’avenir, les photographies jaunies de la passion retranscrite du bout de l’être. (cf «ceux qui marchent seuls» et «soliloque» produit par Defré Baccara)* Cette net tape, vous invite à l’exil dans la boite à images de Fisto, sens de la métrique, poésie triste et self maitrise, où mots et maux s’imitent, les chapitres se succèdent mais sa nature solitaire reprend le dessus en parallèle de son aventure avec Sofa So Good (Jazz urbain) avec qui il sortit un maxi et épousa la scène ; la voix de crooner dans tes boomers multiplia les expériences et combinaisons, Enz, Dernier Pro, Daz Ini et sur ce projet les Dum Brothers, Fisto cherche la bonne couleur pour sa fresque. Du hip hop au slam en passant par le théâtre, c’est toujours la même chanson… française, une biographie avec un ventriloque dans le costume d’un clown triste, un road movie où la musique rappelle une époque révolue au présent. Moralité, le fils de la boucle continue à narrer les mondes engloutis avec un rictus de gosse sous la barbe…

Coup de coeur

http://www.myspace.com/fistooner (* titres ne figurant pas sur la net tape) Souklaye Sylvain

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Tu lis quoi ? C’est bien ? T’en es où ? 3 questions qui ont l’air anodines mais qui nous permettent de brancher plein de gens bien :

Bianca, 22 ans, étudiante en ponctualité (en alternance)

Tu lis quoi ? « La Gazette des Scénaristes », un magazine sur le scénario qu’un copain a oublié chez moi. C’est bien ? Bof, c’est super pointu, je ne me sens pas super concernée. Il y a des jolies photos en tout cas. T’en es où ? Aux chroniques DVD. Ca m’intéresse parce que j’essaie de voir beaucoup de classiques en ce moment, pour faire croire à mon nouveau mec que je suis cultivée…

Laurent, 35 ans, éleveur de champions

Tu lis quoi ? L’homme incendié de Serge Filippini. C’est un roman qui raconte la vie de Philippe Bruno de Nolan, rebaptisé Giordano Bruno, un philosophe hérétique, penseur, poête, aventurier... Bref, toutes les qualités pour finir martyre à l’époque de l’inquisition. C’est bien ? Vraiment bien écrit et intrigant. Bruno a mené une vie très riche et a passé les 8 dernières années de sa vie enfermé dans un cachot pour finir sur le bûcher. L’auteur fait un super travail pour nous amener à comprendre comment il a developpé sa pensée, et la rage avec laquelle il l’a défendue, au point de se foutre dans une telle merde. T’en es où ? Bruno est chez Montaigne, il part pour Paris pour rencontrer Henri III de France, après avoir été excommunié, chassé de Rome, de Genève, puis de Toulouse... La pression.

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T’as lu ? Selected Drawing par James Jarvis James Jarvis nous présente en vrac ses croquis qui ont souvent aboutis sous forme de BD ou de jouets édités chez Amos. Tout en noir en blanc, ce carnet de croquis nous ouvre les portes du studio de recherche de James Jarvis. Une version de ce livre est dispo seul à 27 euros, et celui-ci avec la couv marron était fourni avec The Illustrated Yod Brown. Les Yod illustrés Rose et Bleu sont sortie en même temps après le succès des versions unies, et sont toujours dispo sur Artoyz.com à 49,90 euros ! - Np Invasion in the UK par Invader On vous a parlé à plusieurs reprises du travail d’Invader qui reproduit à sa manière le jeu vidéo Space Invaders dans le monde réel, à coup de mosaïques soigneusement disposées sur nos murs. Après Paris et L.A. ici il recense son travail en Angleterre, élaboré au cours de 8 vagues d’invasion depuis 1999. Vous pouvez découvrir les péripéties de l’artiste, son travail en galerie et en studio toujours aussi passionnant et surtout une liste exhaustive des Space Invaders disposés durant ces nombreux voyages de l’autre côté de la manche. Disponible dans les bonnes librairies - 45 euros et online sur space-invaders.com. - Np

Came à yeux (2004 - 2006 / drugs for eyes) par Alëxone Came à yeux, nous propose une immersion dans le travail d’atelier d’Alexöne sur ces dernières années. On y pénétre à travers un portfolio de ses réalisations sur toile, ses expositions, ses dessins... toutes ses aventures soulagées de l’adrenaline de rue, mais emplies de recherches et d’expérimentations hautes en couleur. Ayant réalisé la maquette du bouquin, il a pu habiller les pages de détails graphiques et y préciser les morceaux de musique qui accompagnent sa vie et son oeuvre. Oeuvre qui se dote ainsi d’un superbe ouvrage. Dispo à 26 euros - Truk

Clark Artist Série #1 par Tilt Le magazine Clark nous propose son premier numéro Hors Série selon le concept suivant, un artiste reconnu est invité à devenir rédacteur en chef et seul maître à bord du magazine. C’est ici TILT qui s’y colle ! Avec un magazine qu’il partage avec ses proches comme Mist, DirtLab et Der en leur offrant 8 pages chacun ! Aussi, il nous présente, dans un mini book qui accompagne le magazine, son remarquable travail photographique, élaboré durant ces nombreux trips à l’étranger. Un concentré de matching percutant ! Ce numéro Hors Série est dispo en 2 versions, une avec ce mini book, et l’autre avec un Dunny Bubblegirl Blonde ! 20 euros en shop spécialisé. - Np

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CARRE COMICS “Ghost Rider : Johnny Blaze, de vie à trépas “ (Daniel Way/Richard Corben, Javier Saltares) “Hellblazer : Le Sépulcre Rouge“ (Mike Carey/Steve Dillon, Marcelo Frusin) Ouvrages Panini Comics, disponibles en librairie. Nicolas Cage avait quand même salement amoché Ghost Rider, avec ce film ridicule, sorti début 2007. Mais vu que je n’ai pas la place pour me moquer, rentrons dans le vif du sujet avec « De vie à trépas », qui rend toute sa dignité au motard fantôme, toujours à la poursuite de démons échappés de l’enfer. Au menu donc, deux histoires de vengeances qui prennent place dans des bleds paumés des Etats-Unis, où les shérifs sont souvent toutpuissants, bornés et longs à la détente. Pour ne rien gâcher, les dessins de Corben et Saltares, dans des genres différents, font déborder des pages les nombreux affrontements entre Ghost Rider et les démons. Petit regret : l’histoire semble plus être au service de ces scènes d’action que l’inverse. Quant à John Constantine, l’enquêteur blasé de « Hellblazer » (également adapté au ciné en 2005 avec Keanu Reeves), il se trouve d’abord mêlé à des massacres occultes à Liverpool, puis à une confrérie secrète qui veut sa peau. Globalement, le personnage est charismatique et le graphisme vraiment élégant. Dommage que le scénariste (Mike Carey, en l’occurrence) se perde dans des dialogues cyniques qui alourdissent la lecture et ne font pas avancer sa nébuleuse intrigue. Allez, je pars lire des trucs moins glauques. A bientôt. Yacine_

T’as vu ? Sigur rós - Heima 2 ans après « takk… », Sigur rós s’illustre avec un film : Heima. L’édition spéciale, très soignée, se présente sous la forme d’un livre de photographies du tournage incluant 2 DVD. Le film retrace le retour du groupe en Islande, là où se termine sa tournée mondiale. Ici, pas de métro qui vous amène dans une enceinte de 10.000 places mais des concerts intimes, parfois devant 20 personnes dans une maison en ruine au milieu de nulle part, ou encore sur une place de village avec la fanfare locale. En voyant la beauté des images on comprend l’attachement de Sigur rós à son pays et à sa culture. Les lives sont ponctués par les observations du groupe. Le côté mystique de leur musique est parfois enrichi par des anecdotes, par exemple quand une des musiciennes constate que le vent s’est tû alors qu’ils jouaient en plein air, totalement en acoustique, puis qu’il a soufflé à nouveau après le morceau. Heima nous soumet à une irrésistible attraction vers l’Islande, c’est très certainement le meilleur des supports à disposition de l’office de tourisme Islandais pour communiquer sur l’authenticité de ce pays, qui apparaît ici comme hors du temps et de l’espace. www.heimafilm.com - Diegbass

Abonnement

Abonnement LAST Mag (6 numéros) Vous êtes un peu flemmard, vous aimez beaucoup LAST Mag, vous êtes amoureux de votre facteur... Bref, vous désirez ardamment recevoir LAST Mag dans votre boîte aux lettres ? Faites nous parvenir un courrier avec vos coordonnées, accompagnées d’un réglement par chèque de 20 euros à l’ordre de LAST Action à l’adresse suivante : LAST Action - PIT Pompignane Bat T2, rue de la vieille poste, 34055 - Montpellier cedex 1 Nom :

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LAST Games Dans le dernier numéro, je vous parlais des métiers que l’on nous apprend à l’école et qui peuvent s’exercer sur nos consoles. Cette fois-ci, je vous présente des jeux qui vous plongent dans une toute autre école, sans doute la meilleure. Beaucoup moins élitiste que St Cyr mais les conseils de discipline y sont très nettement plus sévères, quoi de plus normal quand on sait que c’est celle qui nous en apprend le plus. Les bons élèves auront bien compris que cette chronique fait référence à la rue.

Skate

Editeur : Electronic Arts // Supports : PS3 – Xbox 360 On a pour habitude de dire qu’il faut garder le meilleur pour la fin, mais 2008 apportant son lot de résolutions, j’ai décidé de changer les us et coutumes. Cet effet d’annonce vous fera sans doute comprendre que Skate est le chouchou de cette chronique et il va être difficile de me faire éjecter le jeu de ma 360 pour les Last Games à venir. Comprenez, ça fait huit ans qu’Activision m’apprend à faire des 1080 tail grab + hardflip + bs lipslide +++, et qu’avec Skate je jubile rien qu’en faisait un ollie. Un peu comme avec ma planche à roulettes finalement. Tout l’art de ce jeu réside dans le gameplay qui s’articule autour des joysticks (dans le jargon vidéo-ludique, on dit que le jeu utilise les commandes analogiques flickit). Le système est très bien pensé, à la fois original et intuitif, il offre des sensations de jeux inédites et pour le coup le mot n’est pas faible. Le skate virtuel devient un vrai plaisir et à force de skater les moindres recoins de la ville, la progression se fait ressentir et la fluidité des tricks ne vous donnera pas envie de poser la manette. Comme si skater ne suffisait pas, on vous propose d’en faire votre métier et pour cela il vous faudra faire la couverture des deux principaux magazines de Skateboard à savoir Trasher et Skateboard Mag. La suite logique fait que vous allez attirer des sponsors, gagner de l’argent, accéder au rang de la célébrité, obtenir une invitation pour participer aux X-Games… mais on ne sait pas si tout cela vous permettra de vous taper des bimbos ou des belles plantes du box-office. L’argent vous servira entre autres à changer vos jeans qui ont trop flirté avec le bitume ou à personnaliser votre look avec bons nombres de marques que le CSA m’interdit de citer. Au travers d’une ruelle, il se pourrait bien que Danny Way, Mike Carroll ou Ali Boulala vous lancent des défis et le mode carrière n’est pas en reste question challenges. Perso, je préfère opter pour le mode libre et monter des séquences vidéos de mes meilleurs tricks. Même si graphiquement, le jeu a des progrès à faire et qu’il serait bien de proposer au skater la marche libre, que certains tricks manquent à l’appel, que les personnalisations pourraient être plus poussées Et caetera Et caetera, Skate est une merveille du genre et nul doute qu’une suite va corriger ces quelques «détails».

Tony Hawk’s Proving Ground

Editeur : Activision // Supports : PS2 – PS3 – Xbox 360 – Wii - DS Pas facile de vous présenter l’énième volet de la saga Tony Hawk’s après avoir passé des heures à jouer à Skate. Dans le dossier de presse, on nous annonce une pagaille de nouveautés mais dés les premières secondes de jeu, on constate que la prise en main reste inchangée et que le titre pâti d’un man-

que de réalisme. Alors Oui, il y a des nouveautés avec deux, trois nouveaux tricks par ci, de nouvelles options dans la personnalisation du skater par là, une nouvelle manière de pimenter les tricks, plusieurs scénarii ou encore le mode online. Je vous l’accorde que je ne pourrai plus voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide mais le gameplay reste l’attrait principal d’un jeu et à mes yeux encore plus quand il s’agit de skateboard. La comparaison avec Skate n’aidant pas à trouver les bons côtés de ce nouvel opus. Si vous me permettez une dernière comparaison, je suis tenté de rapprocher les différents épisodes de TH sur consoles aux films de Police Academy. Plutôt fan au départ, au fil des numéros, je trouvais le sergent Mahoney moins drôle, les interventions du commandant Eric Lassard lassantes, le sergent Larvell Jones moins doué en beat box et la capitaine Debbie Callahan moins moins sexy. Un titre à classer dans le rayon arcade qui trouvera sans doute sa place chez les chérubins qui se plaisent à réaliser des grinds à n’en plus finir et qui aiment s’accrocher derrière les voitures.

MTV Fan Attack

Editeur : Mindscape // Support : DS Même si MTV Fan Attack vous amènera dans des villes où le lèche vitrine est on ne peut plus tentant à l’image de Londres, Tokyo ou Paris, votre mission sera toute autre. En fait, le jeu vous fait incarner une rock star qui pourrait s’apparenter à un certain Forest Gump tant on lui demande de courir. Il faut dire que la rock star que vous êtes a décidé de mettre sans dessus dessous une chambre d’hôtel, ce qui a forcement déplu au directeur qui compte bien vous faire payer les dégâts. La fuite comme seule issue et votre côté «pipole » ne vont pas sans passer inaperçus dans les rues des plus grandes villes, autant dire que des hordes de fans ou de paparazzis vous pourchassent et qu’il faut user du stylet pour semer tout ce beau monde. Au final, on assiste à un marathon et l’on s’étonne que le petit Nicolas ne soit pas de la partie, tant sa passion pour le footing n’est plus un secret. Plusieurs astuces pour distancer vos poursuivants avec notamment la solution la plus «fun » qui consiste à les distraire en les faisant danser, mais libre à vous si vous préférerez foncer dans le tas. La bande son fait office de bon point et le game-play est intéressant sur les phases de mini-jeux. Mais le jeu a beau proposer 7 univers déclinés en 28 environnements différents, il n’en reste pas moins limité en durée de vie d’autant qu’une fable de La Fontaine nous rappelle que «Rien ne sert de courir… blablabla». Une parenthèse musicale me permet de rajouter que «accroupies sont les groupies». Donc désolé mais de ce fait, je ne vois pas l’intérêt de jouer les bip-bip ;) www.last-mag.com / 12


Jackass : The Game

Editeur : Red Mile Entertainment // Supports : PS2 – PSP – DS Ce dernier titre ne va pas sans nous rappeler que la rue, c’est aussi est surtout là où l’on a tous fait les 400 coups. Non, je ne suis pas le descendant de Steve-O, mais mes souvenirs me rappellent qu’à 8 ans, je faisais la course avec mes copains dans des vieux pneus de chasseneige dans une pente avec comme aire d’arrivée les abords d’une route nationale, que parfois on se prenait pour des yamakasi en sautant des toits de maison avec la poudreuse pour amortir la chute, sans parler des fois où il fallait traverser en courant un lac prétendu gelé avec un sac à dos rempli de pierres et qu’il fallait bien souvent prévoir les habits de rechange pour ne pas se retrouver privé du club Dorothée. Oui, vous l’aurez compris, dans ma rue il n’y avait pas de péripatéticiennes craquant pour du crack, ni de chinois qui s’entraident et se tiennent par la main et encore moins de policiers indiquant des planques aux voleurs, mais généralement de la neige et le décor qui va avec. Quoi qu’il en soit, ici il est question de prendre les commandes de la bande de Jackass bien connus pour être des déjantés et finalement plus crétins que les fameux lapins. Au programme donc, du grand n’importe quoi avec des challenges plutôt fidèles à ce dont Jackass nous a habitué, à savoir des contests de caddies, des sauts de falaises sans protection, des descentes en poubelle, des plongeons dans la bouse d’éléphant, des saccages en tout genre, des sessions de wakeboard, sauf qu’à la place de la board de wake vous avez sous les pieds un couvercle de poubelle, que l’eau est remplacée par du goudron et qu’à la place du bateau vous avez une voiture… Au total, c’est une trentaine d’épreuves où votre slip est bien souvent la seule protection et où le cerveau est en mode off. On aime ou on n’aime pas. Alors même si les graphismes sont plutôt médiocres, que la jouabilité laisse à désirer dans certaines phases de jeux, on vous laisse faire votre propre jugement. Et comme pour ce genre de crétineries, mieux vaut être accompagné, je ne saurai que trop vous conseiller le mode multijoueurs. On pourrait également vous passer en revue les nombreux titres où la rue n’attend que vous pour jouer les justiciers… On pourrait ! Mais retenez surtout que grâce au monde virtuel, vous avez la possibilité de voguer dans les rues pixélisées de Springfield dans Les Simpson Le Jeu, vous pouvez faire chauffer le bitume et faire grincer les pneus de bolides sur Need for speed Pro Street, mouiller le maillot en mode basket urbain avec NBA Street Homecourt, ou faire de la rue votre terrain de jeu à biclou dans Dave Mirra BMX Challenge. En 2008, les gamers pourront toujours évoluer dans le monde rural avec Fifa street 3 et le tant attendu Street fighter IV qui sortira en mode lifté sur consoles next-gen. Reste à savoir si la Wii nous réserve une version vidéo ludique de la marelle. Gaylord Pedretti

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Carnet DVD >

24 fenêtres

Chronique d’images en mouvements Par Guillaume Baron, fan absolu de LCD Soundsystem.

Chaque année livre son verdict. Les rédactions spécialisées s’adonnent à l’exercice du classement, comme si dresser une liste qualitative des oeuvres distillées au cour des douze derniers mois était indispensable. C’est indispensable ! Déjà ça prouve aux lecteurs que les journalistes font leur boulot et qu’ils bouffent de la culture. Cela permet ensuite de débroussailler le paysage culturel, d’imaginer ce que l’histoire retiendra, d’éviter d’impardonnables oublis. L’humeur du rédacteur sert de prisme, et si l’on peut convier certains critères objectifs à ce travail, le top qui suit n’est ni plus ni moins que le prolongement d’une sensibilité. 10 - Planète Terreur. Deuxième volume du projet bicéphale Grindhouse, Planète Terreur est le versant Robert Rodriguez de l’édifice. Moins bavard, moins beau, moins malin que le Tarantino. Mais immédiatement culte, jouissif et rock’n’roll. Le casting regorge de vieilles faces connues de tous les amateurs de séries B à l’ancienne. L’histoire se paie un détour diabolique en Irak et le manuel du parfait adepte de John Carpenter est décliné de B comme Burton à P comme Plissken. Du neuf avec du très vieux.

modernisant ses codes tout en gardant un pied dans la tradition. Ses références européennes et américaines soutiennent et alimentent son travail sans qu’on puisse convenir d’un plagiat opportuniste. Exilé n’est pas sa première digression sur le western. S’il parvient à citer Sergio Leone et Sam Peckinpah astucieusement, on retrouve ses personnages iconiques au milieu d’une histoire de vengeance en mode mineur. Une histoire d’hommes au bout du rouleau, une horde sauvage moderne.

9 - Sunshine. Variation sur le thème de la recherche de Dieu, de la place de l’homme dans l’univers, Sunshine joue en apparence la carte du divertissement fantastique avant de glisser imperceptiblement sur le terrain plus philosophique de notre rapport à la solitude. Mis en image et en musique brillamment, Sunshine revigore une S.F de plus en plus vide avec pour principal atout une véritable vision de metteur en scène.

5 - Zodiac. Comment résumer une enquête étalée sur 30 ans, enquête qui n’a jamais dévoilée l’identité d’un tueur en série devenu un mythe populaire américain. Pas de super flic, pas de justicier aux dents blanches. Les personnages sont tous entraînés dans une psychose à forte teneur paranoïaque. David Fincher reconstitue le San Fransisco des 70’s avec cette précision maniaque qui le caractérise. La ville devient un de ces personnages perdus à la recherche d’une chimère meurtrière. Grand polar élégant, Zodiac réclame l’attention du spectateur, joue avec ses nerfs pour n’aboutir sur un chuchotement qui ne rassure personne. Le monde est contaminé par le Mal. Fincher, en auteur véritable, ne cesse d’explorer ce bel endroit, qui mérite qu’on se batte pour lui.

8 - Ratatouille. Les studios Pixar réalisent un sans faute depuis plus de dix ans. Là où les autres concepteurs de films d’animations sombrent tous dans la facilité, les hommes de John Lasseter pondent année après année des films tournant autour d’histoires géniales d’originalité. La réalisation de Ratatouille est sublime, dévoilant dix idées à la minute, et renforce le lien qui nous unis à ces personnages virtuels que Pixar sait rendre humains comme personne. 7 - Hot Fuzz. Bien plus qu’une parodie du buddy-movie, genre phare des eighties qui associe deux protagonistes, opposés au début, potes à la fin (L’Arme Fatale, Le dernier samaritain...), Hot Fuzz condense, cite, honore mais ne se rabaisse jamais à piller sans donner un sens dramatique à son histoire. Les trouvailles savoureuses se succèdent, entre dialogues ciselés et percutant, personnages loufoques mais crédibles et scènes d’action débridées. Travail minutieux d’amoureux du genre, grand bordel organisé, Hot Fuzz invente Hollywood made in England, ou Bruckheimer à l’heure du thé. 6 - Exilé. Johnny To construit depuis une dizaine d’années une oeuvre calibrée autour d’une idée fixe. Il réinvente le cinéma hong-kongais, en

4 - Persepolis. Journal intime d’une artiste aux confluences du punk, de la nouvelle-vague et de Ken Loach, Persepolis est le premier film d’animation français puissant dans son propos, ambitieux dans sa réalisation. Film décalé dans son ton, où l’absurdité des situations politiques et humaines se heurte à l’humour d’une héroïne qui vit son drame avec dignité et espoir. Un grand moment de grâce. 3 - 7h58 ce Samedi là. Deux frères tentent de résoudre les problèmes de fric qui leurs pourrissent la vie en braquant la bijouterie de leurs parents. Point de départ poisseux à souhait pour le dernier Sidney Lumet, immense cinéaste américain auteur entre autre d’ Un après midi de chien. Débarrassé du superflu, Lumet a su mettre à profit son expérience pour donner corps à un film où une apparente simplicité cache une tragédie poignante. On reconnaît la marque des grands, des

sages. Lumet va droit au but sans passer par des effets de styles indigestes. 2 - L’assassinat de Jesse James.... Depuis que le western n’est plus à la mode, les metteurs en scène décidés à l’exhumer l’attaquent sous des angles nouveaux, désarticulent le vieil ouest et démontent ses mécanismes traditionnels. Avec le temps, Jesse James est devenu une icône pop, pilier d’une époque fantasmée où les colts imposaient une réputation, scellaient les légendes. L’assassinat de Jesse James offre un portrait hautement subjectif du mythe, où le hors-la-loi garde sa sauvagerie mais apprécie un tapis d’étoiles, la vue d’un lac gelé, la mondanité. Le film adopte le ton d’une «murder ballad», lancinante puis foudroyante. Brad Pitt et Casey Affleck, le maître et l’élève, sont envoûtants. Pitt sait illustrer la dépression d’un cowboy perdu sur les chemins de la modernité. Affleck tue le père magistralement. Habité par les fantômes d’une Amérique qui s’apprête à rentrer dans le vingtième siècle, Jesse James n’est rien d’autre qu’un poème filmé. Un portrait dessiné par une caméra aérienne, qui a su capter la part mystique d’une vieille légende. 1 - La nuit nous appartient. Titre magnifique. Devise du N.Y.P.D, La nuit nous appartient est le troisième film de James Gray, après Little Odessa et The yards. La famille (et son reflet déformé, la Mafia), ses ambiguïtés, ses oppositions et les devoirs qu’elle impose. Les thèmes, le décor, le genre sont identiques aux deux précédents films de Gray. Alors pourquoi film de l’année ? Tout simplement parce que Gray, en excellent scénariste, n’attaque jamais ses histoires avec le même angle. De sa trilogie, La nuit... penche beaucoup plus directement dans le polar pur. Fusillade, poursuite, descente. Sous la direction de Gray, ces séquences renvoient plus directement à la littérature policière qu’à n’importe quel autre polar. Les acteurs et Phoenix en tête magnifient cet opéra qui s’impose comme un classique du polar, meilleur héritier de Friedkin et son Police fédérale Los Angeles. Bonne année à tous, en attendant France-Italie.

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Société* >

Merguez party étudiante

* Elle a que des problèmes

Ahmed est vendeur de merguez. Un métier pas toujours facile. Les premiers mois, rien n’était joué. «Trouver un bon emplacement, c’est pas une mince affaire», explique-t-il l’air malicieux. Le Stade de France, le Parc des Princes, le Vélodrome ? «Trop de concurrence ! Impossible de se faire une place sans subir des intimidations». Mais plusieurs études de marché ont convaincu Ahmed de la rentabilité de son affaire. Depuis quelques années, ce jeune chef d’entreprise s’appuie en effet sur une méthode de prospection de nouveaux publics qui semble faire ses preuves : mobilité, cible jeune et consommatrice, suivi de l’actualité. Depuis l’affaire du CPE, les bénéfices de cette activité saisonnière sont au rendez-vous. Chaque matin depuis la mi-octobre, Ahmed fait la tournée des universités parisiennes : «Tolbiac, Jussieu, Nanterre…». Assemblées générales (AG), discussions avec les représentants syndicaux étudiants, rassemblements sur la voie publique. Rien ne lui échappe et sa récolte est toujours autant fructueuse : tracts, menaces de blocages, appels à manifester, affiches des prochaines AG. Toute cette documentation, Ahmed la décortique ensuite chez lui, boulevard Ornano à Paris. C’est ainsi qu’il élabore son agenda pour la semaine. «Je tiens compte des durées des manifestations, des heures de sortie des assemblées générales et

ça me permet de réfléchir aux meilleurs emplacements pour mon stand». Une étude en amont de la taille des campus et un audit de la fréquentation des AG étudiantes sont également primordiaux pour la gestion des stocks : «Ben, à Tolbiac et Nanterre, c’est très rempli, alors je prends une remorque en plus pour les baguettes et les tubes de moutarde, puis faut fournir aussi les CRS qui surveillent». Ahmed s’est également mis au marketing pour faire connaître son commerce et fidéliser la clientèle étudiante. Badges, jeux de cartes, mégaphones, Keffieh : autant d’accessoires prisés par les étudiants en colère, et qui portent haut les couleurs des merguez d’Ahmed. «Je fournis aussi des chaînes et des cadenas avec mon logo dessus. Eux, ça leur permet de bloquer plus facilement les portes des facs, moi ça me fait un peu de publicité». Rien ne semble arrêter ce trentenaire réactif. Depuis quelques jours, notre vendeur de merguez a en effet conclu quelques partenariats fructueux. Un collectif étudiant a ainsi récemment proposé à Ahmed un échange de visibilité qui lui amène de nombreux clients : «Je colle des affiches pour le blocage sur ma camionnette, et eux ils mettent des affiches pour mes merguez dans les amphis des assemblées générales, comme ça tout le monde est heureux. C’est comme ça que ça doit être pour moi le capitalisme, un échange où tout le monde est gagnant !».

A contrario, certains étudiants réfractaires aux merguez pointent déjà du doigt les dérives des activités d’Ahmed. Nous avons rencontré l’un deux à Nanterre devant un stand de paninis. Nicolas S. a préféré garder l’anonymat : «Moi j’ai carrément rien contre, c’est juste que c’est trop épicé, mais bon on est en démocratie, il faut respecter les opinions religieuses de tout le monde, c’est la laïcité tu vois. Mais quand je vois jusqu’où ça peut aller, la merguez quand même…». Et ça peut aller loin ! Le matin même, lors du vote des résolutions par l’assemblée générale de l’amphi G, entre l’abolition de la peine de mort et la réhabilitation de Danton et Robespierre, les étudiants ont en effet demandé, à une large majorité, la création d’un régime spécial de retraite pour les commerçants de saucisses orientales. Ahmed se défend pourtant de faire du lobbying. «Moi j’ai jamais eu de prime de charbon, alors que pourtant, les merguez ça consomme ! Mais ça me fait plaisir que les jeunes pensent aussi à nous, c’est eux l’avenir de la société, après tout». Une chose est sûre, plus cette société à d’avenir, plus le commerce de la merguez à de beaux jours devant lui. Ahmed pense déjà à développer son activité en province. Raphael

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Second échec

L’arc de la source et de la production 1 Volume

Syndrome de la feuille blanche et de l’écran vide

Au milieu de l’ennui happé par une nuit sans décors et formules de styles nappe à carreaux et clair de lune deuxième langue, je guette le jugement dernier, mais ne reçois que des spams pour la légalisation du viagra dans les cantines du primaire ou la proposition légale d’une chaîne alimentaire pour adopter de futurs sans papiers au nom du droit d’ingérence, soit, entre ne plus être suffisamment pauvre pour souffrir sans écrire et pas assez riche pour écrire la souffrance des autres, il ne me reste qu’à… me gratter la tête, remplir un formulaire pour le don d’organe que je ne signerai jamais ou écrire que je n’arrive pas à écrire, ni à me répéter jusqu’à ce que cela ne se transforme en fond de commerce, avant la pension. Mes paupières trop neuves pour la vie de famille m’abandonnent lâchement en synchronisation horizontale au pilotage automatique des investigations pavloviennes d’usage que l’omniscience addictive de Google et le haut débit de mon opérateur de flux numérique m’autorisent, c’est à cet instant précis qu’intervient mon spectacle de ventriloquie muette sensé stimuler mon surmoi, les fils ne doivent plus si souvent se toucher pour que je trouve la lumière ; Bonsoir amie claustrophilie, leçon numéro 1 : tourner en rond oui mais avec dignité ou de quoi s’occulter.

Première tentative

Quelques téléchargements illégaux issus d’une succession de chiffres quelconque pour alimenter l’absence du dialogue binaire de son prochain, demain dans l’ascenseur, une recherche de synonymes pris à la volée dans un site sur la bouture dans le Luberon pour m’acculturer, déclencher une polémique stérile sur un forum de musicologie infantile en déclin sans oublier le cérémonial du quart société du spectacle et www.jemeprendauserieux.com sur les blogs littéraires ou poétiques, bon, une visite de courtoisie sur le fil de l’Afp pour se remémorer que l’on appartient en viager à la communauté des hommes et je coupe toute communication… secondaire.

Amorphe par conviction, sans voix par confession, portées disparues, le temps suspend ses activités, le calme devient inerte, puis je me cherche au coin d’un écran pixélisé, sur un clavier digitalisé, dans un fichier mal nommé ou erroné. Le bout des doigts sans lien sur le duo des basses manœuvres crispé et sec qui s’accordent par accoutumance à l’objet, pas à l’objecteur, l’encéphale droit n’est que le suiveur, la connexion se fait au gré des respirations de lassitude, bloqué entre la fin et le début, mon regard s’abstient de tout commentaire sur mon reflet ou l’inverse. Le crâne esseulé la main titube, trébuche, vacille, s’écrase pour finalement s’épancher.

Je devais chercher quelque chose à défaut de quelqu’un pour m’être perdu ainsi, dans ce cas de figure comment paisiblement paranoïer sans être skyzophrène ou marié, j’aurais dû avoir un chien, un voisin ou une main droite de substitution, peu importe je compte les signes depuis l’ouverture du fichier Word, pour m’affranchir de ma captivité l’esprit léger en cas de sabotage commandité par la main de substitution ci-dessus nommée, ou sont passés les bics en panne sèche, la pénurie de cartouches bleu turquoise, l’évolution c’est de passer de la culture sous cellophane et code barre à la déshumanisation pyramidale en collectif individuel, j’ai comme un arrière goût de progressisme et une gueule de bois à force de fixer l’écran pour rien.

Il y a des nuits… Il y a la nuit, sans nombre, sans parole, instrumentalisée par le silence, usée par l’absence, aimée par les souvenirs, muselée par l’instinct de survie. On s’y habitue, la cultive, la courtise, la supplie, la pleure… La nuit latente où nos insomnies parlent pour nos démons, ses erreurs sans commanditaires dictant leurs crimes, à la mélancolie, à ces pauses ininterrompues qui nous ponctuent. On s’y retrouve, dans un rétroviseur, dans le fond d’un verre, dans un cimetière…

Premiers balbutiements, quelques réflexes conditionnés, un retour à la case départ, et enfin une ligne, une succession de mots sans l’être, la ponctuation anarchique rythme la réanimation de ma tempe gauche, on attendra pour la droite, les coups de scansions argumentent pour la mise en scène, l’apnée muscle le masque du faciès et détend la matière première, la mélodie de la frappe comme bande son pour tympan d’occasion, petite mécanique préméditée orchestrant le réveil d‘une pièce se sentant seule. Le sommeil habite les lieux, des frasques sur des morceaux de feuilles abandonnées, des tickets de métro raturés, des frusques dispersées par les gueules de bois, préservées par la remise du tout à demain, antidatées par le sampling mercantile du culte de la mode, des œuvres d’arts de série manufacturées en usine, axes et actes de la géométrie du chaos, des immondices habillant ce mausolée sans visiteurs où quatre murs quelconques se disputent la paternité dans mon stand by au quotidien ; personne pour faire le ménage dans mes méninges, entre une anticipation périscopique et une rétrospective panoramique, je reste à ne rien faire, à ne rien fuir, si ce n’est les quadruplés à l’épiderme de pin à cinq centimes d’euro l’immersion. Le décor en carton-pâte se plante malgré lui par commodité, en dépit d’un objectif, en promesse d’adjectifs, l’écran me guette et me plaint, puis s’éteint et me veille, intérimaire de la comédie humaine, fonctionnaire de la fiction d’un réel sans science, navigant entre un second rôle frustrant et un protagonisme pesant, j’accepte au bout du compte, après nulles réflexions, d’être spectateur de la dramaturgie depuis la nuit des quand…

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Pourquoi traquer un alibi sachant que personne ne répond sans un peu d’amour de façade en échange, décompter les minutes déjà fait, ranger mes fichiers par ordre alphabétique déjà fait, classer mes photographies par nuances chromatiques… toute plaisanterie estudiantine a ses limites, il est trop tôt entre le départ des night clubbers leurs pour cours de dense et l’arrivée des piliers de buvards et leur tour de chance. Ma liste d’intérimaires insomniaques de la cour des miracles Bac+5 en manque d’adrénaline acquiescant à mes digressions mi-prophétiques, mi-pamphlétaires pointe aux abonnés absents, voire abscons. Un songe par omission pour un réveil par contumace, le défaut de fabrication du fantasme est de s’abstenir du chantage affectif envers tous contrevenants, c’est la mécanique de l’imparfait, ainsi parlait Zaratoustrav’ disait le ou la moral(e), on s’égare dans la production, revenons à l’inertie, je siège planté là en attendant que l’écran me parle, que le clavier me guide… Que mon discours devienne la nouvelle pensée dominante, afin d’émettre le projet de la construction d’une antithèse du livre que je n’ai jamais créé, car on le veut, le vend, mais ne le peut plus. La poule ou l’œuf, la domestication ou la capitalisation ? Rendre une copie sans l’original, voilà un bon commencement d’arrêt, éteignons l’écran avant que quelqu’un ou quelque chose ne me voie, mais au moment fatidique le masochiste en freelance appelle à l’aide en chuchotant, s’il ressentait encore quelqu’un ou quelque chose, il se shooterait bien à l’endomorphine… Souklaye Sylvain


Les instants damnés du fléau >

5 sens | 5 angles | 1 bruit Le haut pa l’aube se rleur scande « Ret ta ie finir déco ise et ne nous fa ns la nuit » le tem r, ss et de la to entends la prom e vivre au passé,ps d’un hier avant otion grés qu m De l’attent be. illante du sujet puis objet po e train-train ur chette, un e à la détente, un du bercea e br u ga ui llérie de dé t sourd, il implosion ya tona derrière jo implicite d’une dé teurs silencieux re les cachettes, la tr gâ urnaux gr es st atuits et m se guettant les ca és à quai, unanim asques qu e ta Certain sc i inhibent ractes charitables ru te . nt le sol en plus cour so uf ag s’inventen eux l’horizon en flant, les autres le ses erreur t et s’évitent ; De parlant seul, mais plafond en sifflant, la s les to de réalité à conjugaiso La major la banalit us se voûtent, pu ns ité artiste ch sans gouffre, qui s’excusent de é, il y a l’habitude is l’u da antonnan anodine t entre le ns les mêmes sage et de l’usure et qu s fa sonnante i les limitent, de derniers clochard ntasmes, s’imag . s manch s, les tréb ine s célestes ot vente de solidarité uchantes et le pouvs faisant la manch et la folie sur écran, e, il y a oir d’acha les fonction de t, s heures. de rachat, donc la

la jeunesse, voyages forment reste que nce confuse, les sse, quand il ne Dans une résona ille vie la nt fige , naux et ses sait oublié ; entre sig ectives fondent nos faibles être c’est que l’on sél son image par la fen nésies passagères des mémoires qui se lit. am lieux, les liens, ce parasites dans les -à-vis habillent les où le voisin et le vis motion e témoin muet en en captivité cherch sérieux s’abstenir, je serai Paysage bavard pas , de vous édie musicale me heure, en train sse le capture pour com me endroit à la mê cha chaque jour au mê vitesse du son pour le folklore, on étré en la lim photographier ; à r du successeur dans un récital mil peu prédécesseur par civilisation du bruit. la de e anc l’av retard sur

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, reille interne r externe à l’o Du disque du te ce que l’on entend, , ou m éc m ue des ho es le casq s des hymnes, des ondes, s armes, des ânes, de en de des âmes, organisées, au répétitions zones, de nscientisé, du big bang co t en béguem download…

Les deadlines tutoient le chapiteau pour tous, post modernisme biodégradable, la ville pousse avec perte et fracas, la forêt fuit à pas feutrés ; en reprenant l’œuvre divine, l’homme produit le 8ème jour eternel en construisant le monde meuble. (Philanthropie et onomatopées)

Portes qui cl Cloaque de aquent, sans couacs , à coups de Enfants bruyclan, sirènes et de clics, Femmes ét ant, riant, raillant, ou Grand garç ffées, étoffées, pouf fant, on, de dess des sons et ou des si, à co s, déçu, dessus, indé rps defend ant, sans dé cis, sans dessins, fi, défait, dé funt, diffus. L.E. F.L.E.A.U. http://souklaye-sylvain.blogspot.com

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> Artworks

Espace Occupé ESC

Eccedi Sottrai Crea * (ESC) est un espace occupé dans le quartier San Lorenzo à Rome (Via dei Reti, 15). Ouvert, le 30 novembre 2004 par un groupe de précaires et d’étudiants, leurs projets et initiatives s’articulent autour de la notion d’atelier autogéré. Cet espace constitue à la fois un laboratoire d’expérimentation culturelle, un lieu d’accès aux savoirs et à l’information, un lieu d’échange et de débat... Sur les murs s’accumulent des centaines d’oeuvres d’artistes du monde entier qui y ont réalisé une ESCale. L’occasion de déguster un patchwork de la création street art internationale et de constater l’effervescence de la scène locale. La double page qui suit a été réalisée par Alice Pasquini, une artiste romaine rencontrée sur place à l’occasion de performances. Plus d’infos : www.myspace.com/alicepasquini ou www.fotolog.com/alicepasquini http://www.escatelier.net/ Photo : Alexis Rieger (www.myspace.com/tekmyspace) * On peut entendre : dépasse, soustrait (subtilise), crée... mais surtout ESCape. www.last-mag.com / 20


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Salon >

Paris Photo : Big business

Vous voulez que l’on parle de photographie ? Désolée, mais ça ne va pas être possible. Contrairement à ce que son nom indique, « Paris Photo » ce n’est pas de la photographie, c’est du business. Donc si on veut parler de « Paris Photo », on va devoir parler affaires. «- Tu es photographe toi aussi ? - Euh, non pas du tout, je suis banquier. - Amateur de photo alors ? - Oui. Euh, enfin, je ne connais pas trop, mais bon, je commence à m’intéresser. (Silence) C’est vrai que ça devient vraiment un bon placement ?». Cette conversation aurait pu paraître incongrue si elle avait été menée par des amateurs de photographie ; mais elle est tout à fait appropriée au café VIP du Carrousel du Louvre où se tient le salon «Paris Photo». Et oui, si des milliers de personnes se rendent à cette manifestation, c’est bien pour avoir quelque chose en retour. Le simple bonheur de se laisser envahir par la beauté de quelques images ne suffit vraiment pas. En revanche, spéculer sur un objet d’art qui peut rapporter gros, ça, ça vaut le déplacement. Sorte de Wall Street de l’image où les galeries remplacent les traders et les photographies les valeurs du CAC 40, «Paris Photo» attire un peu plus de visiteurs chaque année. Pour preuve, cette édition réunit 83 galeries, 17 pays (Etats-Unis, Italie - pays à l’honneur, Allemagne, France, RoyaumeUni…), 21 éditeurs, une marque de voiture (BMW) et un opérateur mobile (SFR). Tous prétendent présenter un «panorama de la création photographique mondiale». Mais derrière cette charmante attention se cachent des enjeux bien plus importants. BMW, le constructeur automobile mécène, vient quand même principalement à «Paris Photo» pour faire sa pub, introduisant son dernier modèle dans l’enceinte du Carrousel du Louvre, juste à l’entrée du salon. Les photos de l’artiste récompensé par le prix «BMW - Paris Photo» sont, elles, reléguées sur un plateau fréquenté au maximum par une dizaine de personnes au plus fort de la manifestation. Ailleurs, les galeries rivalisent d’imagination pour charmer des acheteurs potentiels. Avec ses fauteuils hyper confortables en imitation peau de vache, ses bonbons aux couleurs acidulées (les roses sont plutôt bons), son champagne et ses petits fours, la galerie berlinoise Camera Work a tapé fort. Sur le stand, chemises Ralph Lauren et trench Burberry’s se bousculent pour voir ce que propose le marchand d’art. Avec plaisir, ils constatent que les œuvres présentées constituent toutes des investissements à haut potentiel de rentabilité. Et pour cause : les plus grands photographes de modes (Helmut Newton, Peter Lindberg) et top models de ces dernières années (Kate Moss, Linda Envangelista) servent de garantie. Par exemple, le Kate in Red (2003) de Steven Klein, photo de Kate Moss assise sur une chaise et déguisée en Catwoman rouge, se vend tout de même à 10.000 €. Quant à «Arielle after haircut» (1982), joli nu en noir & blanc d’Helmut Newton, il vaut pas moins de 180 000 €. Qui dit mieux ? Ailleurs, chez Hamilton, importante galerie d’art londonienne, le «Two pairs of legs in silk stocking» (1979) du même Newton s’échange contre 232 000 €.

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Une fois que vous êtes parvenus à mettre de côté l’aspect «course aux profits» de la manifestation (ça demande beaucoup de force et d’énergie mais on y arrive), vous pouvez tout de même tirer quelques satisfactions de votre passage à «Paris Photo». Se retrouver à quelques centimètres de tirages de Cartier-Bresson, Man Ray ou Brassaï en est une. Se laisser surprendre par l’originalité de clichés moins connus en est une autre. Ce peut être le cas devant la collection «War Souvenir» (2006) de Paolo Ventura qui a photographié des vrais faux souvenirs de l’année 1940, mettant en scène des poupées dans des décors

en carton-pâte. Plus loin, vous pouvez être touché par la simplicité de «Nu sur la dune», portrait noir & blanc de Shoji Ueda (1951). Vous apprécierez par exemple la tendresse de l’artiste pour son modèle, une femme de dos dont les jolies formes rappellent la douceur du décor. Sur le stand d’une autre galerie, vous êtes au contraire loin d’être charmé par une petite photo assez grise, plate, sans grand intérêt. Mais elle signée Martin Parr et ne coûte que 2400 €…. C’est peut-être le moment pour vous de songer à faire un investissement ! Textes & Photos : Lucile Pescadère


Le hip hop est une culture faite de cultures et le rap une musique faite de musiques.

Hip hop : Darwinisme artistique

Rap : Catharsis infinie

(faire évoluer son monde)

(faire ressentir aux autres ce que l’on ressent)

Au début des années 80 les Zulus du Bronx ont détourné les principes culturels tribaux pour endiguer les conflits de gangs. Ils ont catalysé les énergies des uns et des autres dans des blocks party où les esprits combatifs pouvaient exhorter leur envie de conquête. Les DJs et les MCs revisitaient les disques de leurs parents, les BBoys inventaient, autour de la danse, une nouvelle façon de bouger et les graffeurs contournaient les lois et les bases de l’art pictural. Le hip hop analysait la société. Il réinterprétait les éléments du monde en adaptant leur utilisation à ses aspirations dans une sorte de darwinisme artistique forcé...

Pour des raisons culturelles sombres, le rap a toujours aimé piocher dans les musiques noires. Certainement parce qu’il s’y sentait plus à l’aise, mais aussi pour pouvoir rendre hommage à ceux qu’il appréciait. C’était une façon de partager une appréciation, de discuter un morceau avec des gens susceptibles d’apprécier et d’exprimer par l’utilisation de ce même morceau ce que l’on avait ressenti à son écoute. Un processus cathartique infini, une boucle d’émotion, un collage de musique sur nos sensations. Le Rap aime réinterpréter. Faute de savoir le faire de manière musicale, il l’aura fait de manière émotionnelle.

Jazz : Kinesthésie musicale (toucher la musique qui nous touche) Le Jazz a été une mine d’or pour les producteurs de hip hop (et de musique en général). C’était, et c’est toujours, un filon d’idée intarissable, sa discrétion et sa confidentialité sont même bien utiles pour prendre sans trop être vu. Le caractère sensoriel et abstrait de sa nature artistique en aura fait le parfait compagnon des faiseurs de sons et le courage de ses dérives expérimentales excusant nombre de ses imperfections, en font un exemple pour les musiques jeunes. Le jazz touche nos sentiments et choque les idéaux musicaux. le rap est touché par le jazz et a choqué l’opinion artistique : la boucle se boucle...

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Crise : Cosmogonie de la boucle

Hype/Hope : Evolution élitiste

Big Ups / Shoot Out : Amour platonique

(essayer de ne pas tourner en rond)

(Discriminer pour mieux régner)

(L’Allégorie de la cave)

A bientôt 30 ans, le hip hop n’est plus une culture jeune. Il est dans la fleur de l’âge, séduisant et séduit. Il sert d’exemple, plus ou moins à bon escient et est fier de ce qu’il est en oubliant parfois de continuer à se construire. Malgré toutes ses fiertés mal placées, il aura néanmoins contribué à poser de nouvelles bases artistiques, de nouvelles fondations sur lesquelles beaucoup se basent. Un terreau créatif, une nouvelle référence culturelle. Certains musiciens issus du hip hop se mettent à faire du rap. Certains peintres contemporains utilisent les codes graphiques du graffiti pour renouveler leur peinture dans les galeries huppées. Certaines troupes de danse moderne renouent avec le public grâce à des mouvements qui ne cachent pas leur origine. Les artistes bouclent par ce biais le processus d’évolution de l’art et au lieu de faire des cercles concentriques qui se regardent le nombril, on tend vers le nombril de l’art en faisant une spirale.

Le hip hop devient un mythe (au sens philosophique) : il est une explication concrète de certains axes sociaux par un procédé de narration merveilleuse. Mais qu’en est-il de ses principaux acteurs ? Les pionniers ont plus ou moins appris ; certains de ceux qui ont suivi également. Chacun se la pète et pèse plus financièrement/artistiquement que le voisin. Mais la culture s’étouffe d’elle-même et s’auto-conditionne. Qu’en est-il de ces actes ? Certains producteurs se mettent à piocher dans leur propre musique, d’autres par facilité creusent d’autres horizons. On blanchit les musiques sales mais on se salit les mains ; on arrête de créer « bien ». Dans les spectacles de danse on n’arrive plus à faire autre chose que des coupoles. On revient à des bases classiques et on s’oriente vers la solidité. Le graffiti quitte les galeries et revient dans la rue sans avoir eu le temps d’assez évoluer. Trop jeune pour être une référence, pas assez pour n’être qu’un effet de mode. Peut-on créer indéfiniment ? L’originalité est-elle maintenable ? Enchainé au fond d’une cave par sa propre progéniture, l’art craint les ombres projetées sur le mur et a oublié ce qu’il a lui-même appris aux autres.

Backpackers, hip hopheads, Bboy, MC’s, peintres, la plupart des acteurs (actifs ou pas) ont évolué et s’en revendiquent. Nous avons évolué (actifs ou pas) et nous revendiquons notre évolution. Avec tout ce que cette culture et ses acteurs se sont mutuellement transmis et apporté, le hip hop est, et restera pour ces derniers une pierre angulaire de leur personnalité et de leur vie. Les samples ont sublimé l’amour de certain pour la Musique avec un grand M et ont ouvert leurs oreilles. Le rap a façonné une façon de lire et d’entendre un chant. Le graffiti pousse à analyser l’art et à essayer d’en identifier le dessein. Le break fait comprendre que la danse pouvait toucher l’être. Le hip hop apprend à creuser et à comprendre le pourquoi des choses ; à chercher les références artistiques et sociales inhérentes à toute création. A vivre avec les autres, ce qu’ils peuvent apporter et ceux qui peuvent donner.

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On apprend aux autres, ce que d’autres nous on apprit. Apprendre aux autres nous rappelle ce que l’on a appris. La boucle est bouclée… Ma boucle est bouclée… J’aurais du dire « JE ». Illustration :

Stéphane Krzywoglowy Hamza Djenat myspace.com/superastaman


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Musique >

La minute blonde On a découvert Les Blondes Platines presque par hasard, un jeudi soir dans un bar branché de Montpellier. On était venu pour écouter des djettes dont on nous avait parlé… et un peu pour boire des coups, voire même se mettre à l’envers, faut l’avouer. Autant dire que les trois blondes derrière les platines nous ont remis à l’endroit… Chics et délurés, éclectiques et pointus, leurs mixs / sélections apportent un souffle d’air frais à la scène montpelliéraine. Les Blondes Platines, c’est... Celine Sab Juliette Dernier coup de tête ? Celui que j’ai pris dans une danse transe déchainée au concert de Marvin à Bordeaux dans mon nez, aïe.... Dernier trip ? London with my Blondes Dernier coup de cœur musical ? Oh No – Dr. No’s experiment (Stones Throw) TUOMO des finlandais bien sympathiques Dernier people croisé ? Justine de Premiers Baisers au Starbuck Bastille Vincent Cassel, Monica Bellucci & Ludivine Sagnier à l’airport d’Ajaccio Christophe Willem Dernier concert ? Alela Diane @ Purcell Room, néo folk hippie The Teenagers et No Age @ Amersham- Arms, pop rock Cocorosie @ Rockstore Montpellier (j’ai pas aimé !) Dernier coup de fric ? Le dernier j’sais pas, mais le prochain c’est à la fin du mois ! Dernier coup de poisse ? Nos vinyles, pour Barquette EP chez Maxi Frites, avec une seule face pressée. Tous reexpédiés direct. Pour revenir encore plus mieux il y a quelques jours, ouf ! Quand j’ai accroché cette voiture appartenant à 2 grands mecs baraqués Dernier coup de chance ? Quand les 2 grands mecs m’ont pas engueulé, car en plus d’être baraqués ils étaient sympas avec une voiture déjà amochée ! Ouf ! Dernière fois où vous vous êtes dit «c’est la dernière fois» ? A Carrefour, pas plus tard que la semaine dernière. Dernier crêpage de chignon ? Pour me faire la même coiffure qu’Amy Winehouse, mais ça ne marche pas aussi bien avec mes cheveux... Pas le courage de me prendre la tête en ce moment ! ça doit être la trêve de noël, profitez-en ! Dernier mensonge ? No lies, croix de bois croix de fer celui qui ment va en enfer ! Dernière galère de mix ? Elles sont où les têtes ? C’est pas toi qui a les têtes ? Qui c’est qui a les têtes ? La cire sur les vinyles, c’est pas ma copine Dernier potin du milieu ? Pharell Williams préfère les hommes. Les Blondes Platines collaborent avec le producteur Baxterbeez sur son Barquette EP sorti chez Maxi Frite. Le maxi est dispo dans une «Blonde edition», package vinyl avec goodies : broche réalisée par la créatrice Ysé, carte postale, stickers. Le tout est en vente chez votre disquaire / fast (ears) food ou sur le myspace de maxifrites par correspondance.

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Event >

LAST Music Live

J’aime bien faire le gros nerd derrière mon ordinateur, parfois pendant des heures. Ou bouffer des céréales en matant le soleil se coucher, c’est bien aussi ça... On a tous nos petits moments de répit, où l’on touche inconsciemment ce semblant de confort un peu trop douillet pour être honnête. Germe alors l’envie de sortir le drapeau noir, de mobiliser tous les potes musiciens pour aller déchirer des clubs et faire péter les caissons de basse des salles de concerts, un peu partout. On a fait ça en 2007, on va le refaire en 2008, ça s’appelle le LAST Music Live. Dans l’équipée sauvage, on comptait les fidèles Elisa Do Brasil, Big Red & Science, Youthstar, Danakil, Enfants 2la Basse, Goloom et Mac Manus... Début Septembre 2007, on entrait dans le vif du sujet au Batofar en accueillant le brillant dj Marky. Quatre mois plus tard, c’est Aphrodite, KMI et Mama Lu qui bouclaient la tournée, au Triptyque (le 27 Décembre, avant que la salle ne devienne le Social Club). Entre temps, on avait emmené Crazy B, Pone, General Levy prendre l’air de la Montagne aux 2 Alpes, et ambiancer les folles nuits du Mondial du Snow et du Ski. Sans oublier les belles étapes bretonnes et ch’ti, là où les gens ont dans le coeur le faya qu’ils ont pas toujours comme cadeau céleste. Bref, de la motivation, de l’organisation, des rencontres et des occasions de briser ces routines qui nous saoulent plus que la vodka. En 2008, l’équipe va reprendre du service, et on compte sur vous pour préférer une bringue en notre compagnie à une éventuelle soirée DVD, même si mater des DVD, avachi dans le canap’, c’est pas mal... TruK Photos : Np, Enola, Guez-photos.fr, lesudbynight.com

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Nicolas Müller Rencontre avec un homme remarquable Glisse >

Si, comme tous les gens biens, vous lisez LAST Mag régulièrement : vous aurez remarqué que la rédaction affectionne particulièrement Nicolas Müller. Ce rider atypique promène son inspiration, sa facilité technique déconcertante et sa philosophie de vie en bandoulière. Si, comme nous, vous aimez le snowboard, les gens vrais et que la philosophie ne vous a pas été trop pénible en terminale : cette interview est pour vous. Elle nous rappelle qu’au-delà des tricks super tech, le snowboard est un état d’esprit, un mouvement de contreculture… et avant tout une sensation personnelle.

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Te souviens-tu de la 1ère fois où tu as aperçu un snowboarder ? La 1ère fois que j’ai vu un snowboarder en vrai, c’était sur la colline derrière ma maison. J’ai grandi à Aarau, au cœur de la Suisse, il n’y a pas de montagne là bas mais de temps en temps, il neigeait, on en profitait pour faire de la luge. Et puis, un jour, j’ai vu ce gars, je l’avais déjà vu skaté avant… Il est venu squatter notre bosse. Je me suis dit : « Ohhh mon dieu, c’est ouf !!! » Te rappelles-tu pourquoi tu es monté sur un snow au début ? Ca t’as procuré quelle sensation ? J’avais à peu près 10 ans, je poussais déjà sur mon skate dans le quartier, quand nous sommes allés en vacances au ski. J’ai essayé, juste par curiosité. La 1ère fois, c’était chaud, vraiment différent du skate au niveau des courbes. Mais chaque progrès, même les plus infimes, me procuraient une grande satisfaction. A la fin de la journée, j’étais accro. Comment est venue l’idée de t’investir dans le snow à 100% ? As-tu décidé d’arrêter les études pour te consacrer au snow ? Le snowboard m’obsédait. Je n’en pouvais plus d’attendre de retourner dans les montagnes, j’y pensais tout

le temps. J’ai arrêté de jouer au foot. Et puis, j’ai commencé à m’ennuyer dans le système scolaire classique. J’avais 17 ans quand j’ai arrêté l’école. A ce moment là, je n’avais pas beaucoup d’argent de mes sponsors, mais assez pour voyager un peu et me qualifier pour le world tour ISF. Quand je repense à ce que j’ai fait, j’ai simplement suivi ma propre direction. J’ai senti le bon truc et pas ce que mes parents, l’éducation ou la société ou n’importe qui d’autre aurait pensé à ma place. Je suis reconnaissant envers ma mère qui m’a laissé faire, et surtout qui y a cru. Je ne savais pas comment ça allait évoluer ou si ça allait se faire, mais j’y ai cru et les bonnes choses sont arrivées au bon moment. Ça ne peut pas marcher si tu suis le chemin le moins risqué et si tu as peur des autres, du système. Quand j’ai arrêté l’école, les gens me disaient que j’allais finir simple ouvrier dans une usine et que je ne serai jamais capable d’assumer une famille. Ce que je veux dire, c’est que chaque individu est différent sur cette planète, chacun a beaucoup de talent et chacun peut suivre sa route personnelle. Cette route, tu dois la trouver en t’écoutant…avec sincérité et confiance. Ta propre route est la seule à suivre, les autres chemins ne te rendront jamais heureux, ton âme a toutes les réponses. Mais cette route n’est pas toujours la plus facile à suivre, non ? Je te l’ai dit, je suis vraiment reconnaissant, j’ai de bons parents. Si, par exemple, j’avais eu les parents de mon ex, ça n’aurait jamais marché. Ils la mettent sous pression, ils lui font peur. Tu dois finir tes études, tu dois apprendre, tu dois devenir avocate…si tu n’as pas ton diplôme… blah, blah. Elle pense qu’elle n’a aucun talent, qu’elle ne peut pas suivre sa propre direction etc. Ses parents la contrôlent en lui faisant peur. Comme ça, il est beaucoup plus difficile de savoir qui tu es, quelle est ta route à toi et de la suivre avec succès. De mon côté, je ne me suis simplement pas laissé dominer par la peur. C’était du style : et alors !? Je veux juste faire du snow, un moment. J’ai lu que, pour toi, prendre du plaisir était la chose la plus importante en snowboard. Mais d’un autre côté et comme dans tous les sports, la progression passent parfois par repousser ses limites, et même une certaine forme de

« Chaque individu est différent sur cette planète, chacun a beaucoup de talent et chacun peut suivre sa route personnelle.»

souffrance ? Bref, ce n’est pas toujours que du plaisir. Comment trouves-tu cet équilibre entre plaisir et persévérance ? Il y a un bon moyen de trouver cet équilibre entre être soi-même et repousser ses limites pour devenir un homme ou pour un événement ou pour les sponsors. On en revient encore à la même chose. J’ai choisi le snowboard parce que ça me permet de pousser mes limites tout en étant moi-même. Chaque fois que je me suis senti obligé de faire un truc, je n’étais pas vraiment moi-même et c’est là que ça fait mal. Les gens appellent ça être équilibré ou « mon Chi est centré ». J’appelle ça être libre, être soi-même. Pas de rush, pas de stress, j’ai passé des heures et des heures à apprendre, à peaufiner des tricks dans les montagnes, dans le pipe. Parfois, avec personne autour, et je recommençais encore et encore jusqu’à ce que j’y arrive. Juste pour moi…et ça, c’est trop bon. On dit souvent que le mental est hyper important pour maîtriser les gros tricks. T’es d’accord avec ça ? Comment gères tu ta peur ? Tout est crée par ton esprit. Regardes autour de toi, tout ça a démarré dans l’esprit de quelqu’un. Quand tu penses à un trick suffisamment long et puissant, tu commences à le sentir, à y croire. Ensuite, ça va se matérialiser. Physique quantique. C’est la clé de tout ce que tu veux. La peur n’est pas bonne, la peur te ferme et quand tu es fermé, tu ne fais pas les rencontres avec les bonnes personnes, ou pas au bon moment par exemple. On ne devrait jamais rien faire par peur. D’habitude, les pro riders sont très physiques, tu es plus « fin » que la moyenne. Comment compenses-tu ? Quel est ton secret ? C’est de famille et je suis végétarien. Je ne mange jamais de viandes, c’est plein d’hormones et d’antibiotiques. Je ne me plains pas, j’ai un bon système immunitaire, des os solides et de bonnes articulations. Si tu es trop lourd en snow, tu perds en souplesse et tu te blesses plus rapidement, à cause de la lourdeur des impacts etc. Je veux rester aussi souple que possible pour tendre mes tricks, faire des tweak, hehe… Je me demande toujours les jours de poudreuse s’il vaut mieux aller rider la pow ou tailler un gros kicker dans le backcountry. Et toi, comment préfères-tu occuper les jours bénis du ciel ? Pourquoi perdre une belle journée à tailler un gros kicker alors qu’il y a pleins de reliefs à exploiter dans la montagne. Ouvre tes yeux, libère ton esprit et tu vas sentir la créativité. Il n’y a pas de mal à shaper un gros saut mais tu vois où je veux en venir, non ? Quand on regarde Optimistic? , la vidéo Absinthe de cette saison. On se dit qu’ils ont encore tapé super fort, qu’y a t’il de spécial avec les films Absinthe ? Exactement, ce que je t’ai dit, tout est question du ressenti des riders. Tous les ans, le film Absinthe est un documentaire sur « the livest snowboarding to date ». Pas de règle, pas de stress. Juste une bande de mecs qui ont trouvé ce qui les rendait heureux. Quel est ta feuille de route pour le début de saison ? En ce moment même, je ride à Laax, je ne sais pas où je serai demain. Je vais participer à quelques contests comme le Burton European Open ou l’Artic Challenge. Mais je vais essayer de garder un planning aussi souple que possible pour trouver le bon truc au bon moment ! Peace and keep it organic !

||||| www.nicolasmueller.com Propos recueillis par Akwel

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« La bonne journée de ride type se termine avec des sensations fortes plein la tête, les jambes bien lourdes et surtout, surtout, sans bobo. »

Glisse >

Longskate

Une discipline extrême méconnue, mais des sensations reconnues, le longskate est moins utilisé que le Vélib’ pour se déplacer en ville, mais il dispose d’un vrai moteur : l’adrénaline. A pratiquer de préférence dans un environnement pur, comme nous le présente Jojo, histoire d’avaler à grande vitesse un bol d’air frais !

Présentation

-----------------------------------------------------------------Nom : Martinez Jonathan dit Jojo Age : 26 Lieu : Haute-Savoie Sport : longskate ou skate de vitesse Ride : depuis 2000 et en compétition depuis 2003 Sponsors : Lush longboard, Waxx underwear, Fidel Shoes Classements 2007 : 3ème Français / 6ème Mondial / Champion d’Espagne Prochaine course : 1ère étape des championnats du Monde 2008 en Australie Ma Description : 1.92m de long pour 85kg de large, monté sur une longue planche à roulettes la majeure partie de l’année... Né à Toulouse en 1981, à l’âge de 2 ans j’arrive en Haute Savoie. A 18 ans, je rencontre Twix, c’est le pote qui me fait goutter aux joies de la glisse à roulettes. Du même coup j’intègre la D173 ; Premier club de longskate en France basé à Annecy. Ce club gère la fermeture de la route départementale 173 le dimanche en saison estivale, pour la pratique, l’initiation et l’entraînement des riders. Depuis je suis accroc et j’exploite toute l’année les belles montagnes locales : l’hiver la neige et l’été le bitume des cols.

La discipline -----------------------------------------------------------------Le longskate n’est pas seulement un sport, c’est un mode vie. Ce milieu est un peu une grande famille et ta planche est un peu comme une partie de ton corps : quand on te l’enlève ça fait maaal. Cette pratique consiste à descendre les cols de montagne, les routes en pente. L’objectif étant le plaisir du ride, la recherche de la vitesse et l’adrénaline qui en découle. C’est aussi un mode de déplacement écolo très pratique pour sortir le chien ou aller acheter le pain. De plus en plus d’événements ont lieu partout dans le monde. Ces événements se divisent en deux types : les Freerides et les compétitions. Les Freerides : Les descentes sont libres, tu ride avec tes potes pour te faire plaisir. Pas de premier ni de dernier, pas de remise des prix ni de podium.

Tu descends à ton rythme; soit tu fais du carving (des grands virages) ou tu peux aussi te tirer la bourre «Tête dedans» comme on dit. Les départs se font par petits groupes (de 4 à 10 suivant le type de route). Les freerides permettent aussi l’initiation dans de bonnes conditions. Les compétitions se déroulent de manière plus structurée. En compètes quatre catégories se distinguent: - la longboard (debout sur un longskate) - la streetluge (couché sur le dos sur une armature métallique) - la buttboard (couché sur le dos sur une simple planche) - le skullboard (couché la tête en avant). D’abord il y a les reconnaissances du tracé, puis chaque rider effectue un, voir deux temps de qualification. Ces temps de qualification servent à établir des pouls de départ de quatre concurrents. Pour chacune de ces pouls, les deux premiers arrivés sont qualifiés pour le tour d’après et ainsi de suite jusqu’à la finale. Ca s’apparente un peu au boardercross en snow. Autant dire que les contacts sont assez fréquents. Ces deux types d’événement bien distincts ont un but commun : se faire plaisir et progresser le tout dans des conditions optimales de sécurité. Bien sur on ne roule pas seulement lorsqu’il y a un événement organisé. On pratique bien souvent sur route ouverte, le but étant de ne pas perturber la circulation automobile et de garder une marge de sécurité assez importante sachant que des voitures, bus ou autres engins pollueurs montent en sens inverse.

Une journée idéale hors compét’ ? -----------------------------------------------------------------Petit camping barbecue sur place la veille avec les potes de ride, histoire de se faire réveiller par le soleil et les petits oiseaux. Un matin de début d’automne le soleil est un peu frileux et les arbres commencent à brunir. Gros petit déj et c’est parti. On saute dans la combinaison en cuir bien froide d’avoir dormi dans la tente et encore humide du

ride de la veille (il parait qu’un rider est meilleur dans son jus). Ride intensif sur un spot bien pentu, bourré d’épingles et avec 2-3 gros schuss, histoire de faire des bonnes pointes de vitesse. Le top étant que ce dit spot ait un beau panorama pour que l’on puisse s’en mettre plein les yeux en ridant. On met le GPS en marche et on essaie de surpasser la vitesse à chaque run, tout en gardant à l’esprit que cette route n’est pas fermée à la circulation et que des engins pollueurs montent en face. Des runs biens engagés avec un peu de contact dans les virages et des grosses prises d’aspiration dans les schuss. Un rider filmeur qui fait des images en embarquées. Vers 14h, pause bouffe. Pas aux horaires «normaux» histoire de profiter que la plupart des gens soit à table pour exploiter la période de faible trafic. On fait un peu traîner la pause casse croûte en se refaisant les rides du matin. Ensuite, on troque le cuir contre l’équipement léger : coudière, genouillère, dorsale, gants et casque, et on fait une session plutôt carving (donc tranquille). Des grands carves, des slides, des virages en one foot… moins de vitesse plus de freestyle c’est bon aussi. Au fur et à mesure des descentes, cette session carving se transforme forcément en speed carving ; normal pour des accros de vitesse. Un contact un peu plus appuyé et tout le monde se souvient qu’il est en short et qu’il est bien fatigué d’avoir beaucoup ridé... Et qu’il est temps d’aller boire un godet ! Un truc à manger et surtout à boire et on s’organise une session slide, ou alors on va rider un «schtroumpf spot» (chemin étroit et sinueux dans les parcs ou autres endroits sans circulation) à la lumière des lampadaires. Bien claqués, on va finir cette journée dans un pub, en soirée ou alors on va visionner les images filmées durant le ride de la journée. La bonne journée de ride type se termine avec des sensations fortes plein la tête, les jambes bien lourdes et surtout, surtout, sans bobo. >>

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Quels conseils tu apporterais à un lecteur qui veut se lancer en Longsk8 ?

---------------------------------------------------------------------------Pour ceux qui veulent débuter en longskate le plus important est d’utiliser des protections : casques, genouillère, coudières et gants. C’est le minimum. Dorsale très vivement conseillée. Mieux vaut acheter un bon casque qu’une bonne planche de toute façon elle va être poncée par le bitume ! Ensuite il faut apprendre à freiner. Le longboard, c’est l’art de savoir gérer sa vitesse. Tout le monde peut monter sur une planche et prendre de la vitesse, le tout est de savoir s’arrêter. Plusieurs techniques : le carve, le slide ou le freinage au pied. Et puis il faut choisir un spot approprié à son niveau de ride. Pour un début plus facile, c’est bien de contacter les riders qui habitent près de chez soi, ils seront forcément de bon conseil. A ne pas faire : - Rider sans casque - Surestimer son ride - Rider en gênant la circulation (c’est comme ça que les flics se pointent) - Rider en oubliant qu’il y a peut être un semi remorque qui double un scooter en sens inverse et que du coup il prend toute la route... Je vous laisse imaginer la fin de l’histoire. - Rider en pensant que c’est un spot facile. - Oublier que la route est un élément à part entière. Elle subit des transformations à chaque instant : une tache d’huile, une branche, des gravillons ou même une bouse de vache et tu te retrouves le menton sur le béton (tout ces exemples sont du vécu). Si on suit ces quelques règles ça devrait bien se passer.

LAST word ? ---------------------------------------------------------------------------Pour le mot de la fin, je voudrais remercier : LAST Mag pour cet article, Twix et No-comp qui m’on appris à freiner… Plus particulièrement mes sponsors qui me permettent de rider avec du matos de qualité et de suivre le circuit mondial des compétitions : www.lushlongboards.com, waxxunderwear.com et www.fidel-shoes.com Infos scène mondiale : www.gravity-sports.com Infos scène française : www.d173.net ou www.riderz.net Propos recueillis par Np photo : Richard Auden / Lush Longboards

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Designer >

Tizieu

Après avoir customisé de nombreux Qees et participé à des expos collectives avec son crew, le HGF, Tizieu entre dans la scène toy avec ses premiers personnages édités sur le jouet standard Dunny par Kidrobot, à l’occasion d’une french série qui est prévue pour début 2008. Il nous explique son parcours. Tizieu, pourquoi ce blaze ? Salut, mon pseudo : Tizieu Hum... Longue histoire, ça date de 1997 environ. Kazby, un gars de mon bahut (qui a été très important dans mon parcours) me l’a donné, car il trouvait que lorsque je souriais j’avais des petits yeux ! Et puis ça a vite pris de l’ampleur. Quel a été ton parcours jusqu’à l’arrivée de tes premiers personnages accolés sur des dunny ? La découverte du toy design m’a très vite donné l’envie de m’y mettre. Je me souviens de ma 1ere confrontation au site artoyz, je me suis empressé d’acheter de quoi modeler/sculpter mes propres persos… vite, voir trop vite ! C’est vraiment un metier ! Je m’y suis attardé un peu plus tard pour la réalisation des personnages de mon univers Snap-Shot. Mon premier custom à été réalisé pour le tour « 10 years » de Toy2R et l’expo sur Paris. Une perche de lancée par Artoyz que je remercie. Puis le « Teddy Troup tour » et divers customs virtuels et réels. Toi et les toys c’est une histoire d’amour ? Oui on va dire ça… déjà tout

petit je collectionnais un tas de trucs (jouets mcdo, cartes crados, etc). Et puis il y a quelques années j’ai découvert Artoyz sur un forum. Je m’y suis intéressé très vite, j’ai dû faire ma petite éducation, tout ça. De quoi est composée ta collection personnelle ? De quelques pieces qui me tiennent vraiment à cœur : du Lau, du Mist, du Tado, des Be@rs, quelques 8inch DIY, du Rolito, du Horvath of course ! J’accroche vraiment sur Lau, le NYfat ou le monkey Maha sont des pièces que j’aime énormément. J’ai également succombé au Bossy Bear et dernièrement aux lucha de mutpop, il me reste le pas des Kaïjus à passer. Le Rangeas ou certains secret base m’attirent vraiment et je possède aussi des petites choses de Dragon Ball… Toriyama lover ! Tu collectionnes que des toys ? Oui, même si Soap me transmet doucement sa folie des sneakers ! >> www.last-mag.com / 36



demandé si j’étais au courant d’un appel aux graphistes de l’hexagone afin de réaliser une série française de Dunnys. Dans la foulée il m’a forward le mail et je me suis lancé…

Que vont représenter tes Dunny édités par Kidrobot ? Et bien le premier sera un Chasseur et le second un Afro. Il y aura aussi une surprise, mais je ne peux pas en dire plus pour le moment ! Tes persos ont toute une histoire qui les accompagne, peux tu nous la présenter ? L’afro est une manière de représenter ce que j’aime et de matérialiser mon univers dans lequel co-existe Bboy, hip-hop tout ça... Petit clin d’œil au numéro de son Tshirt et a sa nameplate ! Le chasseur quant à lui provient d’une passe que j’ai par moment à ne vouloir dessiner que des chasseurs ! Mais il provient également de Snap-Shot. Dans cet univers, le lapin/chasseur fait partie d’une tribu que rencontre mes héros… Le site www. snapshot-project.com devrait bientôt ré-ouvrir ses portes pour les gens que ça intrigue ! Comment s’est organisée ta rencontre avec Kidrobot pour participer à cette french série ? Et bien ça s’est déroulé tout bêtement… Un jour, Josh (Delkographik) est venu dialoguer sur MSN (comme ça peut arriver souvent en semaine notamment lorsque l’on parle de Zelda sur DS) . Il m’a gentiment

Quel a été l’accueil ? Visiblement très bon, puisque j’ai la chance d’avoir 2 designs de produit avec quelques petites surprises pour les dunnys ! Cependant le contact ne se tient qu’à l’avancement de ces produits, à mon grand regret. Mais bon je ne lâche pas l’affaire ! D’autres projets sont en cours suite à cette première sortie ? Et pourquoi pas une autre plateforme toy qui sait ? Sinon j’ai été contacté par Le Lab avec qui je travaille également sur d’autres projets. LAST word ? Bah ça va paraître commun… « stay real »

||||| www.tizieu.com

Propos recueillis par LeMush Photos : Bonfil pour Artoyz

Dunny x Tizieu contest

Pour partager la sortie de ses Dunnys, Tizieu vous propose de gagner 1 toile 20x20cm faites par ses petites mains ! Comment ? Tout simplement en mettant en scène, sur photo, votre dunny Tizieu (Afro ou Hunter) Il vous suffira d’envoyer vos photos par mail à : tizieucontest@gmail.com pour participer. Bonne chance !

Dunny French Serie

Cette série 3 pouces affiche une présence appuyée de Tizieu qui arrive en force avec ses premiers jouets édités (d’autres suivront). Vous remarquerez également la présence de Superdeux, Genevieve Gauckler, 123Klan, SupaKitch, Easy Hey, Tilt, Mist, Der, Doze x Secretlab, Ajee, Jack Usine, Nasty, Onde x Trbdsgn, Koa, Skwak, Oktus the Woodboy, Koralie et deux secrets. A découvrir en blind box chez Artoyz | Sortie le 21 Fevrier 08.

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Designer >

Ajee

Cocktail de sensualité et de glamour, avec un petit pendant warrior, le personnage fétiche d’Ajee, risque d’engendrer des fetichismes. Elle nous présente sa démarche et son approche pour passer de la 2D à la 3D. Ce projet prend formes, et pas n’importe lesquelles. On a été séduits et on aime partager, bonne découverte…

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Qui est Ajee ? Je ne sais pas répondre à cette question. Je suis une fille, je dessine je peins je sculpte, je suis designer graphique, artiste... à vous de me dire. Sur quels supports t’exprimes-tu ? Quel est ton support de prédilection ? Je peins des toiles, des aquarelles, des cartons grand formats. Je dessine, je fais des collages : je pars d’un dessin, je le scanne, le complète sous illustrator et quand j’ai trouvé le truc je retourne vers la matière en découpant des beaux papiers fluos, brillants ou autres et je colle. c’est aussi propre qu’un illustrator mais c’est du low-fi. Je fais aussi des pièces hi-fi digitales (illustrator/photoshop). Je sculpte depuis peu puisque j’ai commencé avec SkullSkin. J’avais besoin de modeler moi même ma création pour qu’elle prenne vie. Ca m’a aidé à donner de la nervosité aux lignes et maintenant le perso a plus de caractère qu’il en avait sur les 1ers dessins. J’ai fait aussi des micro collections de vêtements, dont une en collab avec Mist. Des customs de toys (All City Train pour TagTheSystem Paris, Trexi pour WastedTalent, Munny) Je n’ai pas de supports de prédilection mais j’aime le crayon les pinceaux et la peinture. On remarque souvent dans tes créations, un téton à l’air, c’est ta signature ? Non c’est pas ma signature, c’est un sujet que je traite en ce moment et qui ne va pas me lacher de si tôt. C’est pas la même fille mais elles ont toutes le même genre de personnalité. Je ne peux pas m’empêcher de faire déborder leur sexualité. A ce sujet, que penses-tu de Sophie Marceau et de sa fameuse montée des marches à Cannes ? Je penses qu’elle ne l’a sincèrement pas fait exprès, c’est juste que chez elle aussi c’est débordant mais toujours avec classe. Qui sont ces personnages que tu dessines ? Et en particulier SkullSkin ? Des lazy girlz qui posent un peu pour vous aguicher. Des filles douces mais qui en veulent. SkullSkin je pense que c’est ça, elle cache son doux visage derrière son casque tête de mort. Elle compte pas se laisser faire. En même temps elle affiche sa féminité cash avec son téton à l’air. C’est ce contraste qui me plait. Un peu warrior avec son crâne, un peu glamour avec sa fourrure sur l’épaule, enfin au départ c’était une fourrure, c’est devenu un objet abstrait. Pour quand est prévue la sortie ? En combien d’exemplaire et de versions ? Ca sort en 2008. Il y aura 500 pièces en tout et 2 versions. Tu édites pour la première fois ton personnage en volume SkullSkin, avec BonustoyZ, comment s’est passée cette rencontre avec Bonus jusqu’à l’édition de ton jouet ? Je voulais le faire quoi qu’il arrive, toute seule en auto prod, j’avais pas réfléchi mais fallait que je le fasse. J’ai commencé à sculpter mon perso c’était pas terrible mais ça a quand même été publié dans DotDotDash. J’ai mis ce 1er proto au placard et j’ai resculpté, et ça l’a fait. Là, Reeno de BonustoyZ a décidé de me produire mais sous un label parrallele parce qu’ils ne produisent que des artistes issus du graffiti. C’est le premier jouet d’une longue série ? Longue je ne sais pas, mais il y en aura plusieurs, je bosse sur le deuxième. Es-tu toi-même collectionneuse de jouet ? Comment es-tu tombée dedans ? Oui j’achète des jouets mais pas pour les collectionner, juste

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parce que je les aime mais ils ne sont pas vraiment exposés chez moi. Il y a certains artistes que j’adore et dont les 3D sont parfaitement réussies alors là je vénère carrément ces objets. Genre Jamie Hewlett dessinateur de Tank Girl et de Gorillaz, mon gouru, quand les 1ères figurines Gorillaz sont sorties il me les fallait absolument, je les ai toutes. La seule chose que j’ai vraiment collectionné c’est les Barbies anciennes, je les exposais comme des reliques fragiles. C’était il y a longtemps mais ça a du vraiment m’influencer. De quoi est composée ta collection, et quelles sont les pièces que tu affectionnes le plus ? Donc tous les Gorillaz, quelques Sam Flores grand kiff aussi. Kaws parce que les matières de Medicom sont trop belles et j’adore ses formes rondes et ses gammes de couleurs. Le King Ken en marron pour son flockage tout doux. La Twiggy de Medicom. La 1ère 12 inch de Futura. Monterism de Pete Fowler. Les Time Capsules de Fafi kacedédis. Tous les Mist et tous les Steph COP parce que je les connais mais aussi parce que je les kiffe. Je voudrais aussi tous les Tara McPherson et des Camille Rose Garcia.

Où peut-on admirer ton travail en 2008 ? SkullSkin, la French Serie Dunny de Kid Robot, l’expo 71_project, dans un livre sur le thème de la Pink Attitude chez Happybooks/Ginko Press, et dans la série femme de Behind the Green de Steph COP. LAST word ? Je suis super contente de l’accueil de ma figurine, je ne m’y attendais pas, ça me galvanise. J’ai commencé à travailler avec d’autres artistes dont j’aime le trait, je les pousse pour qu’ils passent à la 3D. J’ai envie de faire plein de collabs, de produire des gens, je sais pas. Je rêverai de travailler avec Miss Van et Audrey Kawasaki.

||||| www.ajee.fr propos recueillis par LeMush


Internet >

Altertoys

Fini de jouer, fini de blaguer... Quand la maladie de la collection de designer toys dépasse les bornes, on se doit d’en parler a ses proches, mais quand ces derniers ne vous comprennent pas, il ne vous reste plus qu’a partager votre passion maladive avec d’autres malades ou collectionneurs. Pour cela, le meilleur moyen reste le forum. TacTac, qui nous dévoile sa collection ci-dessous, est touché gravement par cette maladie. Il a décidé de prendre les devant et de créer Altertoys.com pour partager sur le sujet. Il nous explique sa démarche.

Comment as-tu défini les sujets du forum à son lancement ? Ont-ils évolué ? Au lancement d’Altertoys, nous n’étions que 3 jeunes fous de jouets complètements différents : Nicododo, passionné par les jouets venus d’Asie, Pointfiz, totalement be@rbrickophile et moi-même, Tactac, collectionneur complètement accro aux Qee’s et grand amateur de designers européens et américains. Du coup, par la force des choses, de nos envies personnelles, et de nos réseaux d’informations 2 grands axes se sont imposés par eux-mêmes : La section «asia» et la section «western» dans lesquelles nous essayons de ranger la pluie d’informations sur les sorties, les évents, les buzz que nous créons ou que nous faisons vivre. Ensuite mettre en place une partie réservée aux ventes et échanges nous semblait primordiale : comment faire quand les producteurs ne nous proposent que des Blind-box (ces fameuses boites où l’on ne sait pas ce que l’on achète) et que l’on se retrouve avec plusieurs fois le même jouet ? Une fois qu’on en a offert aux amis il nous reste toujours au moins un double sur les bras. D’un autre côté comment faire quand on cherche désespérément une pièce particulière qui n’est plus dans le commerce ? Plutôt que de passer par les sites d’enchères où l’on doit se battre a coup de dollars pour acheter une pièce à des cours souvent un peu fous ou encore essayer de vendre une pièce en n’en tirant qu’un prix dérisoire parce que l’enchère n’a pas bien fonctionné, il nous est apparu évident que de mettre en place un système de vente et d’échange au sein d’une communauté serait le compromis parfait. «Chassez le naturel, il revient au galop», au bout de quelques jours d utilisation nous avons réalisé que dans nos discussions nous disions aussi beaucoup de choses qui n’avaient aucun rapport avec les jouets, des choses drôles, des choses plus sérieuses alors, au lieu de devenir un forum a la con où l’on peut pas dériver sous peine de se faire remettre à l’ordre par un modérateur enivré de pouvoirs virtuels, nous avons installé un système de chat et une section réservée aux discussions sans rapport avec les jouets… Alter c’est un peu comme le café du quartier où tout le monde aime à se réunir pour parler de sa passion mais aussi du reste. Quelles sont les règles de base Altertoys ? Les seules règles imposées se trouvent au niveau des ventes et échanges. Il parait logique que la notion d’argent, d’objets de valeurs entraine une certaine rigueur et nous sommes très à cheval quand au respect de ces règles. Et sur l’ensemble du forum il n’y a pas de règles précises, tant que l’on respecte les autres et soi-même tout se passe bien. Peux tu nous présenter tes 3 topics préférés ? Alors je dirai que la section «meetic», partie d’un délire comme la plupart des topics, est franchement incroyable. C’est la section où les nouveaux membres peuvent se présenter, et on y rigole beaucoup. Ensuite je dirai la section «toy2r» parce que j’y trouve la plupart des news et infos concernant mes Qee’s chéris. Enfin la section «Showroom» où tous les membres exposent leurs collections, en les mettant en scène ou pas, on peut y voir des photos magnifiques. Peux tu nous présenter l’évolution en terme de membres en l’espace d’un an et demi ? Sur les trois premiers mois les inscriptions était plutôt faibles, voire nulles dans le sens où ne sachant pas encore exactement si le fond et la forme pouvaient intéresser nous n’avons pas du tout fait part de l’existence du forum si ce n’est à nos amis passionnés. Puis nous avons observé une explosion des inscriptions liée au fait que les blogs spécialisés nous ont découvert et se sont mis à parler de nous en nous présentant comme la nouvelle source d’informations. Aujourd’hui Altertoys c’est en moyenne de 60 nouveaux inscrits par mois et nous ne communiquons toujours pas puisque les autres se chargent de communiquer pour nous. En ce moment il y a plus de 800 inscrits actifs et nous sommes tres fiers du succès d’Alter. Quelle rubrique est la plus fréquentée ? La rubrique la plus fréquentée est celle qui concerne les jouets de Kaws. Le succès de cet artiste m’impressionne. Il intéresse, intrigue, passionne et entraîne des discussions très intéressantes. Comment expliques-tu le succès du forum ? Est-ce le topic Vente / échange qui a permis de lancer le forum ? Quand on regarde les statistiques pures, le topic ventes/échanges n’est pas celui qui intéresse le plus les membres. Je crois juste que le succès d’Alter est lié au traitement des informations et à la modération. Je m’explique : La politique d’Altertoys c’est de diffuser des informations de toute fraicheur, dès que nous recevons des visuels, ou des infos nous les postons sur le forum immédiatement. De plus chacun est libre de poster de l’information. Les artistes, les producteurs en profitent donc aussi pour poster des news, du coup tout les membres sont acteurs de la vie d’Altertoys ce qui entraine, je pense, une implication différente que celle que l’on peut avoir face à un blog ou à un site classique ce qui ajoute une plus value qualitative des informations diffusées, ce qui entraîne une participation encore plus forte des membres. En fait, sans le faire exprès on a créé un cercle vertueux des plus intéressants. www.last-mag.com / 42


Ensuite au niveau de la modération, chacun est totalement libre de dire ce qu’il veut : la seule limite que nous fixons c’est la loi. Le fait de ne pas intervenir sur le fond ou la forme de ce qu’il se dit permet aux membres de pouvoir s’exprimer en toute liberté et cette légèreté de ton fait que nous observons de plus en plus d’échanges humains, de débats, de topics entièrement basés sur des délires et cette ambiance auto-générée s’autorégule. En fait ce n’est pas le site Altertoys qui connait un succès fou mais la communauté qui en est née. Quelles ont été les plus belles pièces échangées ou vendues via ce forum ? Les pièces de ma collection (rires). Il me semble que toutes les pièces produites par Kaws ont été vendues et achetées via Altertoys. Sinon il y a eu des prototypes, des pièces non commercialisée comme le Knuckle Bear GID Qee de Toy2r, des customs d’artistes comme Koa, Codel et Tizieu, il y a eu des toiles de John Burgerman et Tim Biskup puis bien sûr des pièces «classiques» mais introuvables ailleurs comme le pollard clear de Biskup ou encore les Masked Rangers de Secret Base. Quel a été le plus gros dérapage ? A-t-il été controlé ? Je crois que le plus gros dérapage est la création d’Altertoys et on a pas mal géré. Quelle a été la plus grosse exclu toys dévoilée sur Altertoys ? Il y en a régulièrement mais les deux plus grosses exclus ont été le companion black dissected de Kaws annoncé avant même le blog de l’artiste qui nous a valu le plaisir d’être cités comme source par la moitié des blogs de la terre des toys, nous étions très fiers de nous. La seconde est l’annonce de la première création éditée de Codel et Higone : le Combo. Nous avons été très touchés d’être choisis par les artistes pour l’annonce de la naissance de leur bébé en vinyle. On ne parle pas que de toys sur Alter, de quels autres sujets pouvons nous échanger ? On parle beaucoup de musique, on s’échange pleins de vidéos débiles, touchantes, ou marquantes, on aborde aussi beaucoup le sujet des expos qui se déroulent un peu partout en France et ailleurs, de jolies filles et de beaux garçons, on parle de fringues, de sneakers aussi. Les artistes ont une section à eux où ils peuvent montrer leurs travaux en cours ou leurs réalisations. De manière générale ce forum est un carrefour où tout ceux qui s’y sentent bien peuvent y mettre en place un sujet de discussion, exposer un point de vue, un coup de cœur, une découverte. Comme il n’y a aucun tabou sur Alter, tout les sujets sont abordables. Les membres dialoguent en ligne, le passage du virtuel au réel s’opère ? Oh que oui ! Surement la plus belle réalisation d’Alter : avoir cassé la dynamique habituelle des forums où les gens communiquent via leurs ordinateurs sans jamais se rencontrer. Avant Alter j’ai toujours dit que les rencontres par Internet c’était nul, que ca servait à rien et que de toute manière les gens qui sont sur Internet sont tous des psychopathes sauf moi. A l’occasion d’un vernissage on a tenté l’expérience sur Montpellier et le succès était aussi au rendez-vous : aucun membre de Montpellier n’était absent et de là sont nées de réelles nouvelles amitiés, une nouvelle dimension était à portée de main. Les membres des autres villes se sont organisé et ont aussi trouvé le moyen de se réunir autours d’un verre, d’une expo, d’une partie de poker ou autre. Je pense que les sites de rencontres vont bientôt nous contacter pour nous racheter. As-tu d’autres projets pour faire évoluer le forum ? Bien sûr. Nous sommes en train de travailler avec quelques artistes sur l’élaboration d’un laboratoire où les clients potentiels et les producteurs pourraient travailler ensemble pour obtenir des jouets parfaitement équilibrés. Cela valorisera les clients qui pensent parfois n’être que des vaches à lait et poussera les artistes et producteurs à prendre en compte des avis différents… Évidemment ça demande de pouvoir travailler en ligne mais en respectant des clauses de confidentialité et cela demande aussi de convaincre les producteurs à passer le cap de la gratuité pour les «testeurs» de toys… Comment vois-tu Altertoys dans 10 ans ? Je vois un énorme building en verre, où grouilleraient des centaines d’employés tous passionnés d’art, de design et de jouets qui feraient d’Altertoys la référence mondiale. Aux étages supérieurs un laboratoire collaboratif in vivo pour aider les artistes, une usine qui produirait les plus beaux toys du monde, une fondation où les artistes pourraient vivre de leur art et au dernier étage nos bureaux où on passerait notre temps à siroter du punch dans un jacuzzi tout en montant la collection parfaite. Plus sérieusement je n’en ai aucune idée. J’ai simplement l’espoir que l’aventure continue à plaire et que nous prenions toujours autant de plaisir à faire ce que l’on fait. Un jouet aux couleurs Altertoys ? Quel jouet ? Quand ? Avec une collab ? C’est notre rêve… Ce n’est malheureusement encore qu’au stade de l’envie mais nous imaginons très bien une pièce magnifique qui ferait le plus gros buzz que l’on ait jamais vu dans la toysphère. Une pièce plutôt grande, designée par Steph Cop, mise en couleur par Tim Biskup avec un décor de Kaws pour exposer le jouet. Avec le toy il y aurait un book de photos de Brian McCarty, et le dvd du making-of du toy réalisé par Gondry. Évidemment tout cela dans un packaging révolutionnaire créé par Secret Base…

||||| www.altertoys.com Propos recueillis par LeMush

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Expo >

[zwe]

C’est quoi [zwe] ? [zwe] c’est une exposition itinérante et un catalogue, et c’est la première réalisation de l’association lilloise MEGAFON. Concrètement, l’exposition rassemble 35 Bunee Qee 8 pouces (jouet standard produit par Toy2r) personnalisés par 35 artistes ainsi que 35 artworks (au format 300/300) réalisés par ces mêmes artistes. L’idée de présenter, pour chaque artiste, un jouet et un travail 2D nous a paru intéressante afin de permettre au visiteur de mesurer l’effort consenti par chaque artiste pour appliquer son propre style à un support 3D. En ce qui concerne le catalogue, tiré à 800 exemplaires, il présente l’ensemble de ces travaux en pleine page. Il débute par une préface assez substantielle proposant une présentation du mouvement «designer toys». Si bien que ce book n’est pas juste un catalogue d’expo mais constitue pour ainsi dire la première publication hexagonale traitant réellement du sujet. Et pourquoi ce nom ? [zwe], entre crochets, c’est tout simplement «jouet» ou encore «jouer» en phonétique. Ce nom avait donc à nos yeux plusieurs mérites : d’abord il étonne et donc attire l’attention. Ensuite, une fois décrypté, il renvoie tout aussi bien à l’idée du jouet comme objet fini (jouet) qu’à celle d’une pratique ludique (jouer) comme l’est, par exemple, le fait de personnaliser un jouet vierge. Enfin, ce titre va à l’essentiel : cette exposition et son catalogue ont pour thème le jouet d’artiste ! Pourquoi avoir choisi ce support pour laisser s’exprimer les artistes ? D’abord parce qu’on a créé l’asso pour faire connaître ce qu’on aime en matière d’art. Et que le jouet en fait partie. Et puis tout est parti d’un simple constat. Lille jouit de la présence sur son territoire de quelques-uns des plus importants artistes français évoluant dans la

Quand une association décide d’exposer les artistes de sa région et de les faire voyager ça donne Zwe, un nom bizarre au premier abord mais qui prend tout son sens quand on creuse un peu. Une belle initiative qui nous immerge dans une scène artistique nordique qui ne manque pas de ressources. Fœtus, à l’initiative du projet, réponds à nos questions :

mouvance «designer toys» : Rolito, Superdeux, 123Klan, Run, Skwak, Koa... Pourtant, depuis le Festival de la culture digitale et de la création numérique «PIX» (en 2002), à l’occasion duquel les Qee firent leur première apparition en France, la ville n’avait plus connu aucun événement rendant compte de cette richesse locale. On a donc décidé de remédier à cette carence et de profiter de l’occasion pour faire découvrir ce support au plus large public possible. Comment avez vous procédé au choix des artistes ? D’un point de vue géographique, les artistes proviennent presque exclusivement de Lille et de la région Nord, non pas par régionalisme exacerbé mais parce que, comme je l’ai déjà dit, Lille a à mon sens un statut particulier dans le scène «designer toys» française et puis aussi et surtout parce que quand on a tout ce qu’il faut en matière de talents sous la main, pourquoi aller voir ailleurs ? D’un point de vue artistique, les participants à [zwe] ont volontairement été choisis dans trois «sphères» généralement considérées comme distinctes : celle du designer toys, celle du street art en général, celle enfin de l’art contemporain entendu au sens large. Notre idée était précisément de démontrer que les frontières distinguant le street art de l’art contemporain en général comme celles donnant une place à part au jouet d’artiste au sein de la street culture sont complètement arbitraires et ne reposent sur rien d’essentiel. Que l’on travaille sur toile, sur mur ou sur jouet, que l’on montre son boulot en galerie ou dans la rue, au bout du compte n’importent que le style, le talent, l’envie... Parmi les 35 artistes participants on trouve donc tout aussi bien des adeptes du graff, de l’infographie, de la peinture sur toile, du jouet, de l’illustration pour enfant, de la sculpture, de la BD...

Où peut on découvrir ces customs en 2008 ? L’exposition a été visible en juillet à Lille (Maison Folie Wazemmes) où elle a remporté un franc succès puisqu’elle a accueillie autour de 2400 visiteurs. Elle a ensuite été visible en novembre dernier à Montpelllier (Vibes). Pour les dates à venir on parle déjà de Dieppe et de Marseille. En la matière nos exigences sont simples : on veut premièrement des conditions d’expo décentes et, deuxièmement, le simple remboursement des frais relatifs à la venue et au montage de l’expo. Et puis aussi un accueil sympa parce qu’on fait ça juste pour prendre du plaisir... Partant de là, d’autres lieux peuvent encore se faire connaître ! Une suite de cette expo est-elle prévue ? Quel en serait le concept ? Une suite, ce n’est pas le mot que j’emploierai. Mais disons que nous avons effectivement en tête une autre expo que nous comptons organiser quand on en aura fini avec [zwe]. Mais tu sais, on vit dans un monde où tout va très vite et, quant à nous, on préfère prendre notre temps pour monter ce genre de projet. Alors tu comprendras qu’on ne veuille pas en dire trop sur ce projet pour le moment... Disons simplement qu’il s’agira à nouveau d’une expo collective, qu’il y aura à nouveau un support imposé à chaque artiste et qu’une fois de plus ça nous donnera l’occasion d’éditer quelque chose. Mais je n’ai pas dit que ce sera forcément un livre de même que rien n’oblige à penser qu’une exposition doive nécessairement se tenir dans une salle ou un shop. Propos recueillis par LeMush

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« Dans chaque enfant il y a un artiste. Le problème est de savoir comment rester un artiste en grandissant. » P.Picasso Les grands enfants ne sont pas tous de grands artistes. Ils s’illustrent parfois en se découvrant d’insoupçonnées aptitudes à gagner des concours de flatulences ; ou en s’énervant pour être assis à cette place-ci plutôt qu’à celle-là, parce que c’est comme ça. Et bien souvent ça fait chier un autre grand enfant... ce qui s’avère être assez cool ; en plaçant un petit « on mange koaaaaaa ce soir ? » au moment où son élu(e) lui parle d’avenir (le môme, le chien, la maison, ce genre de trucs) ; ... ; et parfois ils se détendant en customisant des Bubbles. Pour (re)découvrir le Bubble et ses 6 nouvelles formes prochainement disponibles, rendez vous sur le site www.last-bubble.com.

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