LAST Mag # 20

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FIRST games

Je ne crois plus au hasard...

Vous connaissez tous ce héros ultime, celui qui est intensément adulé dans la trilogie Matrix… Imaginez qu’il ait des petits avec ce fameux inventeur prolifique issu de l’univers des canards de Disney, ce maître absolu de l’innovation et de l’imaginaire scientifique. Neo / Geo (Trouvetou). Tiré par les cheveux, ok... Mais voici quoiqu’il en soit un duo de personnages affublés de caractères que l’on retrouve dans la relation entre la machine de SNK (véritable bijou technologique) et son détenteur (l’élu). Car la Neo Geo, à l’ère des consoles 16 bit, c’est un peu comme si on accédait à la réalité virtuelle en notre ère PS3… Un bond numérique et une qualité qui se payaient au prix fort. Du coup, une rareté sur le marché et dans les salons, qui transformait les possesseurs de la console en vertueux représentant de la surpuissance amicale.

Histoire

Juillet 1978, Osaka, la société SNK (Shin Nihon Kikaku : littéralement «Nouveau Projet Japonais») voit le jour. Son premier métier tourne autour de l’édition de jeux vidéo d’arcade, en plein balbutiement de cette facette ludique de la société de l’entertainment. 1986, les premiers succès déclinés sur console (Famicom / Nes, Atari ST, Amiga…) émergent : Ikari warriors et Victory Road. SNK va boucler les eighties en produisant des jeux de qualité lui conférant une belle réputation de hit maker. Le plus gros virage est négocié en 1990, avec la sortie de matériel hardware, baptisé Neo Geo et produit pour deux applications : Tout d’abord, en salle d’arcade, le MVS (Multi Vidéo System), à la technologie déroutante pour l’époque, offrant la possibilité de mettre jusqu’à 6 jeux dans la même borne d’arcade. Ensuite, le truc de fou : la « Neo Geo Advanced Entertainment System » (Neo Geo AES) c’est exactement le même hardware mais en version console de salon ! En 1990, le palier qualitatif est colossal entre jeux d’arcade version « insert coins » et consoles de salon. Le marché est dominé par Sega et Nintendo, et SNK se positionne bien au dessus de ses concurrents, technologiquement et en matière de prix pour le grand public. Guillemot s’occupe de la distribution de la console en France dès 1991, elle sera proposée à 3000 francs (avec une manette et un jeu) et les cartouches entre 1500 et 2000 francs ! Le pari est osé, la console est excessivement chère, mais va rencontrer un public de passionnés prêts à tout pour avoir leur baraque à jeu sur l’écran du salon.

Accessoires

Mis à part une petite memory card, et la légendaire manette ultra résistante à quatre boutons, les accessoires n’ont pas été l’apanage de cette console dont l’excellence intrinsèque se suffisait à elle même. A quoi bon proposer bazookas ou autres gadgets quand le simple fait d’enclencher une lourde cartouche ouvre déjà les portes de l’adrénaline divine ? SNK s’est donc concentré sur les...

Jeux

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler des jeux sur lesquels il m’a été personnellement donné de passer des nuits blanches. Et il est temps de vous avouer que j’ai eu la chance de goûter à cet intérêt (vite ressenti) que l’on suscite lorsqu’on dispose d’une telle machine de guerre à la maison. J’ai été possesseur d’une Neo Geo, puis possédé par elle... Mais permettez-moi de commencer par le commencement : Mon voisin, la trentaine (tiens, le temps passe vite, j’en serai bientôt !?!) vivait dans une caravane déglinguée, puait grave la clope et possédait l’objet de cette chronique, cet objet de convoitises nous échappant à l’époque, manque de référent oblige, et noyés que nous étions dans nos convictions : « Sega c’est plus fort que toi » et « Nintendo c’est les meilleurs », ils avaient mis au monde Zelda. Du haut de nos misérables 13 piges, nous connaissions tous les jeux d’arcade et bandions furieusement sur le superbe Fatal Fury. Nous avions tout juste écho de l’existence de la mythique Neo Geo, la console parfaite qui restituait des jeux de cette qualité à domicile. Vincent,

mon voisin, me dévoila un jour qu’il en avait une dans sa caravane. Avec du recul, c’eût été un moyen efficace pour un mec aux idées douteuses de ramener de la chair fraîche dans sa tanière. Non, j’étais juste transi, en train de faire tourner Fatal Fury dans sa caravane glauque, avec le sentiment que quelque chose s’était brisé en moi... Une palpation infantile du bonheur, simple, fondamentalement inutile mais... orgasmique. a- Le jour où il me l’a prêtée pour 2 semaines, je commençais ma pratique addictive et développait l’envie d’en avoir une rien qu’à moi, quitte à tuer quelqu’un ou à avoir des bonnes notes à l’école. b- Le jour où il me l’a vendue avec quelques cartouches, j’étais amené à devenir le meilleur pote de plein de potes. Et puis, plus on est de fous... plus on est de fous. Un autre gars s’en est démerdé une, puis un autre... les cartouches s’échangeait, nous vivions un putain d’âge d’or. Au programme, des parties mémorables de Baseball 2020 et de Soccer Brawl, avec tous ces droïdes qui envoyaient des patates atomiques jusqu’à s’en faire exploser la mécanique... Des crises de nerf sur Magician Lord, l’un des plus difficiles à terminer de ma carrière de joueur. Du tir à gogo avec les non moins difficiles shoot’ em up cultes, Last Resort et Viewpoint. Et évidemment, de la grosse baston. MiD le souligne dans cette illustration, la Neo geo, c’est avant tout le paradis de la branlée en tous genre. Avec des beat’em up énervés tels que Robo Army, Mutation Nation ou Buning Fight. Bienvenue dans l’ambiance Final Fight, le jeu de Capcom qui aura toujours fait défaut sur cette console. On se sera rattrapés sur ces deux titres bien foutus mais aux durées de vie relativement faibles. Me revient à l’esprit un vieux 3 Count Bout (malhabilement nommé Fri Counte Boot, on commençait à peine les cours d’anglais hein !) le jeu de catch qui nous a offert de belles tranches de pains. Enfin, les jeux de baston un contre un. Du coup, retour sur Fatal Fury, avec ses multiples épisodes et la présence de nos personnages fétiches : les frères Bogard et Joe Higashi. J’entend encore résonner les « One Three » de Terry Bogard, cri accompagnant les rangées de flamme qu’il envoyait pour bien éclater ses adversaires... On a eu notre période Art of Fighting 2, jeu innovant de par le fait que le plan se resserre quand les personnages s’affrontent au corps à corps (cette technique était apparue avec Samurai Shodown). Les personnages étaient marqués par leurs combats et disposaient de super attaques plus fraîches que de l’ultrabrite congelé. Entre les séries de King of Fighters et de World Heroes, la Neo Geo était bel et bien la reine de la giclée d’hémoglobine... Epilogue : Quelques années plus tard, je l’ai revendue une bouchée de pain à un copain, Mansour. Aujourd’hui, je suis toxico à la clope, nomade... et je ne crois définitivement plus au hasard. TruK / Illustration : MiD (www.latong.net)

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