In Situ
La Verrerie
TEXTE ET IMAGESâ: NICOLAS ALSTEEN
Vestige dâune industrie wallonne florissante, La Verrerie de Braine-le-Comte se tourne vers lâavenir avec de nouvelles intentionsâ: concerts, expos et autres
performances artistiques offrent en effet matiĂšres Ă repenser les lieux. Avec lâart et la maniĂšre.
La Verrerie, un ancien site industriel brainois qui produisait des verres Ă boire.
La salle du rez peut accueillir (en temps normal) 250 personnes et le théùtre Ă lâĂ©tage entre 40 et 200.
«Ă
exposâ», indique Olivier Bette. Ă lâintĂ©rieur de la bĂątisse en briques rouges, les styles et les Ă©poques se croisentâ: gradins sixties avec siĂšges orange assortis, poĂȘle Ă bois, lustres en cristal pĂ©riode Empire, chaises de cafĂ© ou canapĂ©s Ă©limĂ©s habillent les lieux. «âCe sont des objets chinĂ©s ou rĂ©cupĂ©rĂ©s Ă gauche et Ă droite.â» Au-delĂ de sa dĂ©coration atypique, le bĂątiment se dĂ©coupe en deux espaces spĂ©cifiques. «âAu rez-de-chaussĂ©e, la salle de 250 personnes se prĂȘte bien aux performances Ă©lectrifiĂ©es. Ă lâĂ©tage, lâambiance se veut plus feutrĂ©e.â» Tapisseries et abat-jours esquissent en effet une atmosphĂšre tamisĂ©e, parfaitement adaptĂ©e aux prestations acoustiques. Dehors, un jardin offre un Ă©crin de verdure Ă lâancien site industriel. «âPendant le confinement, câĂ©tait lâemplacement idĂ©al pour accueillir les gens dans le respect des rĂšgles sanitaires.â» La polyvalence des lieux est mĂȘme Ă lâorigine dâun rapprochement avec le Centre Culturel de Braine-le-Comte et son directeur Joris Oster. «âNous affichons complet avec des groupes comme Hooverphonic ou Girls in Hawaii, confie ce dernier. Mais avec des artistes Ă©mergents, il nous arrive dâĂȘtre Ă 70 dans une salle de 700 places. Câest moche. En revanche, Ă La Verrerie, la mĂȘme jauge a fiĂšre allure. Nous avons donc dĂ©cidĂ© de travailler ensemble.â» Une Ă©troite collaboration qui nâĂ©carte par ailleurs aucun style musical. «âNous sommes aussi Ă lâaise avec un concert de rock indĂ©pendant quâavec une performance de viole de gambe, assure Olivier Bette. Tous les projets sont les bienvenus Ă lâexception des groupes de reprise. Câest le seul crĂ©neau que nous refusons dâappuyer. Parce que notre objectif premier est de soutenir la crĂ©ation artistique.â» Bonne attitudeâ!
une Ă©poque, câĂ©tait une sociĂ©tĂ© prospĂšre. Dans les annĂ©es 1930, il y avait plus de 400 ouvriers sur ce siteâ», raconte Olivier Bette. Lâactuel propriĂ©taire connaĂźt bien lâhistoire des lieux. «âLes affaires ont commencĂ© en 1905 avec la production de verres et de gobelets, puis il y a eu des vases, des cendriers et des flĂ»tes Ă champagne. Lâentreprise collaborait mĂȘme avec la Cristallerie du Val-SaintLambert. Mais au sortir de la DeuxiĂšme Guerre mondiale, les activitĂ©s ont dĂ©clinĂ©. En 1975, La Verrerie de Braine-le-Comte a dĂ©posĂ© son bilan. Moi, jâavais 10 ans.â» Le petit garçon dâalors est aujourdâhui le principal occupant des bĂątiments. «âĂ lâorigine, je les ai achetĂ©s avec lâintention dâouvrir un garage pour voitures de collection. Jâai toujours bossĂ© dans lâautomobile. Câest ma passion. Jâavais une sociĂ©tĂ© spĂ©cialisĂ©e dans les petites rĂ©parations que jâai vendue en 2013. Avec les bĂ©nĂ©fices, jâai acquis cet endroit. Avant dâentamer les travaux de rĂ©novation, jâai organisĂ© une fĂȘte en vue de casser les murs dans la joie et la bonne humeur.â» Initialement prĂ©vue le temps dâune soirĂ©e, la bamboche sâĂ©tale finalement sur plusieurs jours. «âCâĂ©tait une bringue incroyable, assure Olivier Bette avec des Ă©toiles dans les yeux. Cet Ă©pisode a totalement changĂ© mon rapport Ă La Verrerie et Ă sa future affectation.âJây ai vu lâoccasion dâorganiser des manifestations culturelles.â»âšSituĂ©e Ă 35 mĂštres de la gare de Braine-le-Comte et Ă 35 kilomĂštres de Bruxelles, Mons ou Charleroi, La Verrerie est dĂ©sormais le rendez-vous de mĂ©lomanes curieux et dâun public en quĂȘte dâexpĂ©riences artistiques. «âNous avons créé une asbl pour prĂ©senter des concerts mais aussi des piĂšces de théùtre, du stand-up et des
Larsen
Septembre, octobre 2021
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