Larsen #44

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On Ă©lague, on cherche jusqu’à ce que ce soit vraiment bon. Cela prend du temps. M.M. : Ça doit ĂȘtre Ă©panouissant tout le temps. On veut tout amĂ©liorer tout le temps. HonnĂȘtement, ce disque est lĂ  pour durer. Il a Ă©tĂ© pensĂ© et travaillĂ© sans concessions, il fallait qu’il nous plaise et que l’on puisse vivre avec longtemps. Cela donne aussi une direction dans notre maniĂšre de travailler pour la suite. On s’est posĂ© beaucoup de questions au niveau de la production. Parfois, on s’éloignait de l’idĂ©e de base mais cela servait la musique. On a testĂ© des choses. Et Rowan Van Hoef, notre ingĂ©-son au Jet Studio, a eu un rĂŽle hyper important aussi. Combien de temps ĂȘtes-vous restĂ©s en studio ? M.M. : Cinq jours. Mais on avait beaucoup travaillĂ© en amont, la matiĂšre premiĂšre Ă©tait trĂšs Ă©laborĂ©e. En studio, c’était enfin le moment d’entendre la musique avec un vrai son. F.J. : Le studio a permis aussi d’utiliser encore autrement l’acoustique. Il y avait un vrai piano, un vibraphone, un marimba. J’avais amenĂ© d’autres guitares. On a enregistrĂ© tout ça, on a finalement gardĂ© peu de choses, ou des petites touches, mais c’était important. F.P. : Moi, j’ai pu jouer avec des vieux Roland Space Echo. Des delays sur une machine analogique, avec des bandes ! C’était dingue. On Ă©tait lĂ  pendant cinq jours, pas pour boire des coups, mais pour bosser (rires)! Les titres sont souvent empreints d’humour. Que se cache-t-il derriĂšre 500 Gr, par exemple ? F.J. : Ha
 on y est (rires) ! C’est pour faire travailler l’imagination des auditeurs. M.M. : C’est comme la valise de Tarantino, ça s’ouvre, tu ne vois pas ce qu’il y a dedans et tu ne le sauras jamais. Charlier, c’est plus clair. C’est inspirĂ© du dĂ©but d’un thĂšme de la mĂ©thode Charlier pour trompette. C’est un nom de travail qui est restĂ© longtemps et qu’on a gardĂ©. MĂȘme si le morceau a beaucoup Ă©voluĂ©.

© BAUDOIN WILLEMART

# EP

Tukan TEXTE : NICOLAS ALSTEEN

TombĂ© du nid juste avant l’étĂ©, le premier essai de Tukan explose les codes de la musique Ă©lectronique grĂące Ă  de vĂ©ritables instruments et un groove dĂ©ment. De quoi s’envoler vers les sommets.

R

Ă©vĂ©lĂ© Ă  la faveur d’une victoire en finale du Concours Circuit, Tukan est aujourd’hui un spĂ©cimen protĂ©gé : un oiseau rare pour celles et ceux qui recherchent l’ivresse sous la boule Ă  facettes. Si l’électro dĂ©bridĂ©e du quatuor bruxellois imprime dĂ©sormais ses rythmes syncopĂ©s dans la jungle urbaine, il a pourtant fallu un moment avant d’apercevoir le bout du bec de Tukan. « Nous sommes longtemps restĂ©s dans l’ombre, confirme le bassiste Nathan Van Brande. Avant de sortir au grand jour, nous avons pris le temps de peaufiner notre identitĂ©, de comprendre notre son pour prendre la bonne direction. » Il est vrai que l’itinĂ©raire empruntĂ© par le collectif dĂ©borde largement des options de base proposĂ©es par la plupart des systĂšmes de radioguidage. Difficile Ă  gĂ©olocaliser, quasi inclassable, la proposition instrumentale du groupe belge fusionne les prĂ©ceptes du jazz avec des idĂ©es piochĂ©es dans le grand grimoire des musiques Ă©lectroniques. TrĂšs britannique dans sa façon de brouiller les pistes, Tukan entretient ainsi des affinitĂ©s avec des enseignes comme Warp

Quant Ă  Champi ? F.J. : Champi Ă©tait un sans-abri de Mons, connu de tout le monde. Il Ă©tait complĂštement allumĂ©. Tout le monde l’appelait Champi, alors que son nom Ă©tait RenĂ©. Il hurlait partout « Champi ! Champi ! » et chantait Take me to the next whisky bar de Bertolt Brecht et Kurt Weill
 On voulait lui rendre hommage, car c’était un personnage hors du commun et trĂšs attachant. M.M. : Il y a une vidĂ©o sur YouTube qui est touchante car on y voit le cĂŽtĂ© drĂŽle et dĂ©glinguĂ© du personnage et aussi le cĂŽtĂ© rĂ©el et terrible de sa situation de SDF. F.P. : J’avais enregistrĂ© des extraits avec mon tĂ©lĂ©phone quand il hurle « Je ne m’appelle pas Champi ! » ou « L’arrache totale ! ». Je les ai placĂ©s dans le loop, pour la blague, mais lors de la prod finale, on les a gardĂ©s et c’est puissant. Et aprĂšs la sortie de l’album ? F.J. : On a une release en octobre au Beurs et puis
 On ne peut pas rejouer dans des clubs habituels. Il faut une certaine infrastructure, un minimum d’espace. On travaille sur la lumiĂšre et la mise en scĂšne. On sait qu’il faudra s’adapter aussi aux endroits plus petits, mais cela doit ĂȘtre un spectacle total.

ECHT! Inwane Sdban Records

Larsen

Septembre, octobre 2021

# no·code

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(LFO, Flying Lotus), Ninja Tune (The Herbaliser, Actress) ou Brownswood Recordings (Yussef Kamaal). EnregistrĂ© Ă  la campagne, dans le cadre verdoyant du greenHouse Studio, le premier EP du quatuor est passĂ© entre les mains de Jean Vanesse, ingĂ©-son connu pour ses collaborations avec MĂ©lanie De Biasio ou Le Motel. MixĂ© par Rowan Van Hoef (ECHT!) et finalisĂ© aux cĂŽtĂ©s de Frederik Dejongh (STUFF.), le disque enferme quatre morceaux, dont le single Imago. « Il s’agit du dernier stade de l’évolution d’un insecte, indique le claviĂ©riste Sam Marie. Du cocon Ă  l’état larvaire en passant par l’envol final, ce processus rĂ©sume bien la dimension Ă©volutive de notre musique. » Directement connectĂ©s Ă  la vie sauvage, des titres comme La Brousse ou BorĂ©al soulignent par ailleurs la vraie nature du projet. Sous ses atours Ă©lectroniques, la formule imaginĂ©e par Tukan tient en effet Ă  la coexistence de vĂ©ritables instruments : une symbiose guitare-basse-batterie-claviers qui s’invite sur le dancefloor sans dĂ©tours informatiques ni sĂ©quenceurs analogiques. C’est beau le progrĂšs !

# rencontres


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