Larsen #44

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# rĂȘveur

# rebelle

© SIMON VANRIE

Saule TEXTE : NICOLAS ALSTEEN

RelocalisĂ© dans les campagnes gaumaises, le chanteur montois met le cap sur un disque aux charmes illimitĂ©s. Avec Dare-Dare, Saule savoure l’instant avec de bonnes chansons et une empathie retrouvĂ©e pour les gens. Portraitiste du quotidien, mec bien, l’artiste dĂ©voile ses choix de vie et les secrets de fabrication d’un disque bondĂ© d’idĂ©es et d’amis.

Q Saule Dare-Dare [PIAS]

Larsen

uinze ans aprĂšs son premier essai, Saule signe un cinquiĂšme album ultra-frais : Dare-Dare est une solide performance mais aussi une belle revanche. Car avant de lever les bras sur la ligne d’arrivĂ©e, l’artiste a dĂ» s’avouer vaincu. « Juste avant le dĂ©but de la pandĂ©mie, j’étais Ă  La Frette », retrace le chanteur. De passage dans ce studio qui a vu naĂźtre son duo avec Charlie Winston, le grand Baptiste Lalieu pose les bases d’un nouveau disque. « Le problĂšme, c’est que les compos sonnaient comme d’anciens morceaux
 en moins bien. J’ai donc pris mon courage Ă  deux mains et je suis allĂ© trouver mon label qui, pour rappel, venait de financer ces sessions. J’ai exposĂ© et assumĂ© ma position : j’ai jetĂ© toutes les bandes Ă  la poubelle. » Douloureux, l’épisode donne toutefois un sĂ©rieux coup de fouet Ă  sa carriĂšre.

Septembre, octobre 2021

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Pris en charge par Cyril Prieur, le manager d’Arno, l’artiste donne cette fois le meilleur de lui-mĂȘme sur un disque qui, Ă  l’origine, devait s’appeler Rebelle RĂȘveur. « C’est le titre d’une nouvelle chanson. Elle dĂ©coule d’un questionnaire Ă  choix multiples mis Ă  disposition des gens qui se rĂ©orientent sur le plan professionnel. Je l’ai fait pour le fun et je suis tombĂ© sur un double profil : rĂȘveur et rebelle. Cet antagonisme me correspondait bien : le titre Ă©tait tout trouvĂ©. Mais Ă  la derniĂšre minute, mon manager m’a fait remarquer qu’un des FrĂ©ro Delavega venait justement de sortir un album intitulĂ© «RĂȘveur ForĂȘveur». Partant de lĂ , je suis parti sur Dare-Dare. » Dans les crĂ©dits du disque, Saule insiste sur l’importance de La Magie, un livre consacrĂ© au dĂ©veloppement personnel. « Ce bouquin explore le thĂšme de la gratitude. AprĂšs l’avoir lu, j’ai dĂ©veloppĂ© un petit rituel qui, en gros, consiste Ă  dire merci Ă  la vie. Cette habitude a changĂ© mon quotidien. DĂ©sormais, je vois toujours le verre Ă  moitiĂ© plein. Je suis bien plus positif qu’autrefois. » Cet Ă©tat d’esprit s’ancre d’ailleurs dans Regarde Autour de Toi. « Ce morceau 100 % Bisounours rĂ©sulte de ma collaboration avec Alice on the Roof. Pendant le confinement, nous avons enregistrĂ© la chanson Mourir, plutĂŽt crever que certaines radios ont refusĂ© sous prĂ©texte qu’elle enfermait les mots mourir et crever. Alors que, dans les faits, c’était un hymne Ă  la vie
 En rĂ©action Ă  cette histoire, j’ai composĂ© cet air lĂ©ger avec des arcs-en-ciel et des licornes dedans. Le plus cocasse, c’est que tout part d’un certain cynisme sur le fonctionnement de nos sociĂ©tĂ©s  » Dare-Dare est, Ă  bien des Ă©gards, l’album le plus abouti de Saule. VĂ©ritable condensĂ© d’un savoir-faire acquis au fil du temps, le disque optimise les recettes du passĂ© et se projette dans l’avenir avec d’excellentes intentions. « J’ai retrouvĂ© mon ADN, mais aussi pris davantage de risques », dit-il. En tĂ©moigne sa reprise des DĂ©mons de Minuit. OĂč le chanteur secoue le cocotier de la variĂ©tĂ© d’un souffle grave et solennel. « Oser ce genre de trucs, ça me permet d’explorer d’autres sensibilitĂ©s. Tout comme les collaborations un peu inattendues. LĂ , je pense notamment Ă  Jasper Maekelberg du groupe Faces on TV. » Producteur des albums de Balthazar, le multi-instrumentiste flamand donne ici le change sur un titre classieux et cinĂ©matographique Ă  souhait (Demande Pas La Lune). Avec le beau Je Suppose, Saule allume aussi une petite bougie Ă  la mĂ©moire de Joe Dassin. Sur 24 heures et des poussiĂšres, le Belge Ă©change quelques mots avec le fils d’Alain Souchon (Ours) pour un hommage XXL et totalement assumĂ© au papounet. Ailleurs, le morceau Tu Boudes lustre l’hĂ©ritage d’Alain Bashung, alors qu’une chanson avec Cali ravive le feu sacrĂ© d’Arcade Fire via une cavalcade rythmique ponctuĂ©e d’un refrain Ă©pique. Au-delĂ  des voix invitĂ©es Ă  chanter, un dĂ©tour dans les coulisses du disque s’impose. C’est lĂ  que s’activent les claviers d’Albin de la Simone, le piano de Babx, la guitare de Seb Martel ou la basse de Simon Casier (Balthazar). « Leur prĂ©sence n’était pas calculĂ©e, certifie le grand Saule. Lors d’une pause-cafĂ©, j’ai d’ailleurs eu la maladresse de demander aux musiciens qui m’accompagnaient ce qu’ils comptaient faire aprĂšs notre collaboration. LĂ -dessus, ils me parlent d’une tournĂ©e en AmĂ©rique du Sud. InterloquĂ©, je leur demande le nom de leur groupe
 Je n’avais pas captĂ© que je jouais avec les mecs de Balthazar. Cette anecdote rĂ©sume bien la mise en Ɠuvre du disque : un truc super naturel et spontanĂ©. »

# rencontres


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