Avril 2018

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LE JASEUR

BORÉAL

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COMITÉ C O O R D O N N AT R I C E

Anne Voyer C O L L A B O R AT R I C E S

Emma Côté Helin Dura Nadia Larocque Lemay Marimay Loubier Samuel Jalbert Sébastien Dumont Marc-Élie Adaimé P H O T O D E L A PA G E C O U V E RT U R E

Vicky Tremblay TIRAGE

90 exemplaires DISTRIBUTION

Pavillons Abitibi-Price et Gene-H.-Kruger La réalisation du journal est rendue possible grâce à la contribution financière du Fonds d’investissement étudiant et de vos associations étudiantes. Merci ! LE JAS EURB OREA L@ F F GG. UL AVAL . CA

lejaseurboreal.ffgg.ulaval.ca

Imprimé sur du papier Rolland Enviro100


LE MOT DU COMITÉ Chers lecteurs et lectrices, C’est avec plaisir que nous vous présentons ce dernier numéro de l’année. Nous espérons que vous saurez trouver quelques minutes, dans la frénésie de votre fin de session, pour vous intéresser aux articles de vos collègues et ami.e.s. Si vous hésitiez à entreprendre cette lecture, sachez que Voyer (2018) a démontré que prendre une pause d’études, à l’extérieur, en compagnie de votre Jaseur Boréal, sous les rayons revigorants du soleil printanier, a un effet bénéfique sur votre santé et vos capacités de concentration. Alors, n’hésitez plus; c’est bon pour vous ! Enfin, plus sérieusement, nous tenons à souligner que la parution de ce journal n’aurait pas été possible sans la contribution financière de nos associations étudiantes, et sans le travail bénévole de nombreux collaborateurs à la rédaction, à la correction et au graphisme. Merci ! En passant, vous passerez voir notre nouvelle fresque, dans les souterrains.

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TABLE DES MATIÈRES COUP D’ŒIL SUR LA RECHERCHE AU QUÉBEC Sébastien Dumont

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DES NOUVELLES DU P’TIT CAAF Chantal Giroux

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CHAIRE EN FORESTERIE AUTOCHTONE Helin Dura

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LES FJORDS DU NORD-EST DE L’AMÉRIQUE : ARCHIVES PALÉOCLIMATIQUES Annie-Pier Trottier

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UNE FORESTERIE PLUS SOCIALE Helin Dura

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LA VILLE NOURRICIÈRE OU LA RÉAPPROPRIATION DE L’ESPACE URBAIN India-Jane Tremblay Samuel Jalbert

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PARLONS FORÊTS Mathilde Routhier

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QU’EST-CE QUE L’AMITIÉ ? Julien Villettaz Robichaud

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LE CALME DE TA VOIX

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Coup d’œil sur la recherche au Québec SÉBASTIEN DUMONT Étudiant en aménagement et environnement forestiers

Je ne vous apprends rien en vous disant l’Université Laval est la seule université québécoise à offrir le programme de baccalauréat en génie forestier. On a toutefois tendance à oublier que plusieurs autres universités à travers la province contribuent activement à la foresterie. En effet, plusieurs établissements proposent des programmes de deuxième et troisième cycle et mènent de la recherche en sciences forestières. On retrouve notamment plusieurs spécialistes du domaine forestier à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) et à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR). J’ai trouvé qu’il serait intéressant de voir ce qui se fait dans les autres universités en termes de foresterie et c’est pourquoi je vous propose cette nouvelle rubrique ! Celle-ci vise à donner l’opportunité aux chercheuses et chercheurs des universités québécoises de nous présenter leur domaine d’intérêt. Au cours des dernières semaines, j’ai donc contacté Mme Cornelia Krause, professeure au département des sciences fondamentales de l’Université du Québec à Chicoutimi pour qu’elle nous parle de ses travaux. Mme Krause est associée au Laboratoire d’écologie végétale et animale et s’intéresse notamment à la dendroécologie, à l’écologie forestière et à la qualité du bois. Je vous laisse lire le texte qu’elle nous a préparé ci-dessous !

LA CROISSANCE ET LA QUALITÉ DU BOIS DES CONIFÈRES DE LA FORÊT BORÉALE Cornelia Krause, Professeure-chercheure Département des sciences fondamentales Université du Québec à Chicoutimi Mes axes de recherche peuvent se regrouper en quatre thèmes, plus ou moins imbriqués, un dans l’autre.

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CROISSANCE RADIALE AU NIVEAU DU SYSTÈME RACINAIRE

ACTIVITÉ CAMBIALE DES TIGES ET DES RACINES

La compréhension du développement du système racinaire est au cœur de ce champ d’activités. Bien que le système racinaire soit reconnu pour exercer un rôle déterminant chez les arbres, peu de recherche s’intéresse à cette partie. Il est maintenant bien clair que les systèmes racinaires s’adaptent en permanence aux facteurs exogènes. Le développement des racines adventives après une perturbation comme la tordeuse des bourgeons de l’épinette est un bel exemple. Le système racinaire présente également une grande sensibilité aux traitements sylvicoles. Les connaissances au niveau du système racinaire sont importantes dans la perspective d’améliorer notre compréhension des conifères face aux stress environnementaux.

La division du cambium vasculaire lors de la période de végétation fait l’objet d’un suivi hebdomadaire, à l’aide de prélèvement de micro-carottes. Selon nos résultats, l’activité cambiale débute en même temps dans les tiges et les racines. La production maximale de cellules se produit un peu plus tard dans les racines, mais durant un court laps de temps. La température et les précipitations exercent un rôle important, même durant les périodes sans activité cambiale (printemps, automne et hiver). Un suivi à long terme s’impose pour confirmer les résultats obtenus et modéliser l’influence des changements climatiques, non seulement au niveau des tiges, mais également au niveau du système racinaire.


PRODUCTIVITÉ DES CONIFÈRES SUITE À DIVERS TRAITEMENTS SYLVICOLES La stabilité des tiges dans les plantations est fortement dépendante du système racinaire. Dans les coupes partielles, la grande variabilité enregistrée dans le gain en croissance radiale à l’intérieur d’un peuplement traité s’est avérée un résultat remarquable. L’accélération de la croissance est observée spécialement chez les individus qui présentaient une faible croissance avant le traitement. De plus, la croissance s’accélère particulièrement dans les racines horizontales pour augmenter la stabilité des tiges suite à l’augmentation de la vitesse du vent dans les peuplements éduqués.

ATTRIBUTS DE LA QUALITÉ DU BOIS Plusieurs projets d’étude examinent la qualité du bois chez l’épinette noire et le sapin baumier par l’intermédiaire d’analyses diverses comme des tests mécaniques, des mesures de densitométrie, des mesures anatomiques de longueur des trachéides. Nous avons caractérisé l’anatomie du bois de l’épinette noire et du sapin baumier selon un gradient latitudinal en forêt boréale. Les résultats ont révélé que le bois de l’épinette noire, qui croît au nord, est de plus faible qualité. Nous avons également fait la comparaison anatomique entre les tiges et les racines. La meilleure qualité du bois vers la moindre se décline dans l’ordre suivant: tige et racines de l’épinette noire, tige et racines du sapin baumier. Les résultats à venir représentent des intrants essentiels dans les efforts de modélisation de la croissance et de la stabilité des arbres.

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Des nouvelles du P’tit CAAF

CHANTAL GIROUX Étudiante en environnements naturels et aménagés

Depuis la session dernière, les gérants du P’tit CAAF essaient d’améliorer l’empreinte écologique de notre café étudiant. Nous considérons que notre faculté devrait donner l’exemple en termes de développement durable. C’est ainsi que nous avons réfléchi à des changements réalisables et profitables pour tous les occupants du pavillon. Vous avez sûrement remarqué nos nouveaux présentoirs à pâtisseries qui visent à réduire les emballages de plastique. On pense aussi à favoriser les produits locaux, offrir davantage de choix végétariens, diminuer l’huile de palme et utiliser des produits nettoyants biodégradables. Dans le même ordre d’idées, nous avons rédigé une Politique verte du P’tit CAAF que nous voulons inclure à nos règlements généraux. Restez à l’affût !


Chaire en foresterie autochtone HELIN DURA MAÎTRISE EN SCIENCES FORESTIÈRES

Ceux qui suivent le cours Introduction à la foresterie autochtone, avec le professeur Beaudoin, ont déjà eu leur premier contact avec la nouvelle chaire de la faculté. Depuis septembre 2017, la chaire est officiellement en place au pavillon Abitibi-Price. D’ailleurs, j’y fais moimême une maîtrise, une décision que je ne regrette aucunement (non non, cet article n’est pas commandité). La chaire offre un nouveau lien avec les communautés autochtones. Il prend forme à travers les nombreuses conférences présentées, mais aussi par la mise en place de stages au sein de ces communautés. Cette expérience de travail est très significative puisqu’elle reflète de manière importante la réalité du milieu. Il est à noter que plus de 80 % des Premières Nations vivent en région forestière. Leur présence est de plus en plus grande et de plus en plus affirmée. Votre implication dans la chaire permettrait, sans aucun doute, de mieux vous préparer à votre rôle dans le milieu forestier. Vous pourrez ainsi, mieux veiller à assurer la participation des personnes autochtones dans la mise en valeur de la forêt. Une maîtrise dans ce domaine vous intéresse ? Plusieurs projets sont déjà en cours et d’autres se préparent. Il ne vous reste qu’à faire le saut. La mise en place de la chaire en foresterie autochtone vient également confirmer l’importance des sciences sociales dans la multidisciplinarité de la faculté. Qu’on le veuille ou non, il serait difficile de nommer qu’une seule science pour parler de l’ensemble des travaux qui se font derrière les lourdes portes en bois. Biologie ? Géomatique ? Économie ? Politique ? Il serait simpliste de réduire la richesse de notre diversité en un seul sujet. Chaque science possède ses propres critères de rigueur et permet de répondre à des enjeux spécifiques. Il est donc peu convenable d’ignorer l’importance des thèmes sociaux. Parce qu’honnêtement, sans le social, à quoi sert la foresterie ? Et si je vous dis que notre travail sert surtout à combler les besoins de notre société ? Pour le reste, je crois que tout fonctionne très bien sans nous.

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Les fjords du Nord-Est de l’Amérique : archives paléoclimatiques ANNIE-PIER TROTTIER Candidate au octorat en sciences géographiques

Les fjords sont des estuaires profonds constitués de vallées structurales ennoyées qui ont été modelées par l’érosion fluviale et glaciaire exercée au fil des ères glaciaires et interglaciaires. Ces structures côtières sont prédominantes en régions montagneuses au-delà des latitudes 43°N et 42°S et sont le produit direct des variations passées du niveau marin relatif et des marges glaciaires. Les fjords constituent une zone de transition où la sédimentation est caractérisée autant par des processus fluviaux et côtiers, que marins profonds, vu leur positionnement à la confluence du domaine continental et marin. À la suite d’un retrait glaciaire, un fjord côtier peut être transformé en milieu lacustre lors d’une baisse eustatique et d’un soulèvement glacio-isostatique. L’émersion du fjord entraîne une transition progressive d’un milieu marin vers un milieu saumâtre, puis d’eau douce. Ainsi, il existe une très grande diversité de fjords et plusieurs termes sont utilisés dans la littérature pour leur faire référence, tel lac (ex : Lac Melville), rivière (ex : Rivière Saguenay), bras de mer (ex : Scott inlet), baie (ex : Merchant’s Bay), etc. Malgré la grande diversité d’environnements où sont observés les fjords, ils possèdent tous une configuration générale semblable caractérisée par des bassins longs, étroits et profonds avec des parois abruptes et un seuil morainique ou structural à leur exutoire. La sédimentation des fjords peut être dominée par des apports glaciaires, fluviaux, éoliens, ainsi que par la remobilisation de versants. En effet, les pentes latérales abruptes, les hauts taux de sédimentation et les rebonds glacio-isostatique exceptionnellement élevés des fjords les rendent susceptibles aux mouvements de masse subaquatiques, et ce, de façon récurrente. Il ne s’agit toutefois pas de systèmes statiques puisque les processus dominant la sédimentation peuvent varier autant sur une échelle saisonnière, annuelle, décennale et centenaire, que pluri-milléniale. De plus, dans ces estuaires profonds, les taux de sédimentation sont


très variables; non seulement ils varient selon le milieu (glaciaire, périglaciaire, postglaciaire) et le climat (arctique, subarctique, tempéré), mais un gradient est aussi observé à l’intérieur même d’un fjord, avec une diminution quasi exponentielle suivant l’axe du fjord. Ces bassins profonds possèdent donc un haut potentiel de reconstitutions paléoclimatiques autant terrestres que marines, puisque leur morphologie typique constitue de véritables trappes à sédiments et leurs taux de sédimentation élevés offrent une haute résolution temporelle. Les fjords des hautes latitudes sont présentement des analogues du dernier contexte glaciaire et ces environnements sensibles aux oscillations climatiques peuvent servir de laboratoires d’étude pour comprendre ce qui s’est produit par le passé. L’essor de technologies hydroacoustiques survenu dans les dernières décennies a mis en place une nouvelle approche pour les études quaternaires, fournissant des données exhaustives sur la morphologie marine et les séquences stratigraphiques. L’analyse de la bathymétrie haute-résolution, de profils sismo-stratigraphiques et de carottes sédimentaires provenant de fjords répartis dans divers domaines climatiques et physiographiques dans le Nord-Est de l’Amérique a donc le potentiel de 1) identifier les faciès sédimentaires associés aux différents environnements de déposition; 2) analyser les processus postglaciaires modelant l’architecture stratigraphique des fjords; 3) étu-

dier l’impact des mouvements de masse sur leur morphologie; 4) identifier les variables influençant l’évolution géomorphologique postglaciaire des fjords (ex: limite marine, zones sismiques, moraines majeures); et 5) observer les différents stades d’évolution des fjords d’un milieu glaciaire à un milieu lacustre. Mon projet de recherche porte donc sur l’évolution et la dynamique sédimentaire tardi-quaternaire subaquatique de 12 fjords et fjords lacustres répartis sur le territoire couvrant le sud du Québec (Mékinac, Batiscan, Jacques-Cartier, Témiscouata, Pasteur, Pentecôte et Walker), la côte est du Labrador (Grand, Hebron, Nachvak et Saglek) et le Haut-Arctique canadien (Trinity sur l’île d’Ellesmere). Des campagnes de terrain à bord du NGCC Amundsen, du R/V Louis-Emond-Hamelin et d’autres embarcations de taille modeste (i.e. ponton et zodiac) ont été effectuées de 2014 à 2017 afin de collecter des données hydroacoustiques et sédimentologiques dans les fjords à l’étude. Ainsi, l’évolution temporelle des fjords à la suite d’un retrait glaciaire sera analysée via le gradient latitudinal du territoire à l’étude, alors que la grande étendue de la zone d’étude permettra d’observer l’influence de différents paramètres sur l’évolution géomorphologique des fjords, telle que l’histoire glaciaire, l’apport en sédiments, les fluctuations du niveau marin relatif, les processus côtiers et la proximité d’une zone sismique. VOL.7 | NO.4

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Une foresterie plus sociale Les 15 et 16 mars derniers avait lieu le tout premier séminaire sur les sciences sociales et la foresterie. À travers les branches de la forêt Montmorency circulait le murmure des participants, prêts à changer le monde. HELIN DURA MAÎTRISE EN SCIENCES FORESTIÈRES

À maintes reprises, l’importance de mieux définir les concepts utilisés en foresterie a été soulevée. De quelle façon veut-on développer la foresterie ? C’est quoi au juste la gestion intégrée des ressources ? D’ailleurs, Madame Solange Nadeau a soulevé un point très intéressant en ce qui concerne le développement durable. La sociologue en foresterie s’est inquiétée de la perte de valeur associée à la surutilisation du terme, sans qu’il ait toujours une réelle signification. En termes de conservation, certains autres participants du séminaire ont soulevé qu’une appropriation du concept se fait de plus en plus. Différents groupes sociaux interprètent le concept selon leurs propres perceptions. Alors, comment fait-on pour trouver un langage commun ? Je crois qu’on se le demande tous encore. La présence des Premières Nations a également fait surface dans le développement des concepts forestiers. Il s’agit d’un retour en force pour un acteur forestier longtemps oublié et marginalisé. Aujourd’hui, on parlera plutôt de partenariat avec l’industrie forestière. Qui sait, peut-être arriverons-nous bientôt à une foresterie qui sera plus en harmonie avec les valeurs traditionnelles autochtones. Isabelle Paré, professeure en communication, est venue nous parler des échanges entre les acteurs du milieu forestier. C’est avec un brillant humour qu’elle a amené son point sur l’efficacité des communications. Est-ce ce qu’on s’exprime mal en foresterie ? Comment les enjeux sont-ils discutés ? Plusieurs ont été d’accord avec l’idée qu’en foresterie, nous avons la responsabilité d’une autovulgarisation dans ce que l’on dit et ce que l’on fait.


UNE FORÊT POUR QUI ? La question du patrimoine m’a également travaillé les méninges. Le sujet a très souvent été mentionné, mais aucune définition ne semblait me satisfaire. C’est quoi au juste le patrimoine forestier ? C’est pour qui au juste ? Ce questionnement peut facilement nous amener à tourner en rond. Il est indéniable que, pour que la foresterie continue d’être, elle doit créer un sentiment d’appartenance dans la population. Seulement, j’ai l’impression que l’idée dominante demeure une foresterie très exclusive à ceux qui savent déjà la comprendre. Qu’en est-il des gens qui vivent en ville ? Des nouveaux immigrants ? Des personnes dont le seul contact forestier a été la diffusion de L’erreur boréale dans leur cours d’éthique, en secondaire 3 ? Comment fait-on pour les convaincre de nous écouter, si on ne les inclut pas dans notre conception du patrimoine forestier. Ça mijote toujours dans ma tête… Un grand merci à Étienne Berthold et à tous les autres organisateurs, d’avoir fait de cette première édition de séminaire social en foresterie, un brillant succès. Je tiens également à rappeler que tous les étudiants étaient invités à participer à cet événement. Il s’agissait d’une belle occasion pour échanger avec des individus qui travaillent fort pour que la foresterie de demain, puisse répondre à ses nombreux enjeux actuels.

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La ville nourricière ou la réappropriation de l’espace urbain INDIA-JANE TREMBLAY Étudiante en agronomie

SAMUEL JALBERT Étudiante en aménagement et environnement forestiers

On a souvent l’impression que les gens sont un peu déconnectés de ce qu’ils consomment. Ainsi, une majorité d’enfants n’ont aucune idée de la façon dont poussent les légumes parce qu’ils ne sont en contact avec aucune forme d’agriculture. De plus, on créa, à une certaine époque, une barrière entre le monde agricole et la ville. Cet éloignement par rapport à quelque chose d’aussi essentiel occasionne une perte de sens face à notre alimentation. On se nourrit souvent à la course, sans se préoccuper de la façon dont notre nourriture a été produite et sur combien de kilomètres elle a été transportée. Pierre Rabhi raconte, dans son Manifeste pour la terre et l’humanisme, que dans les années 1980 un camion de tomates aurait quitté la Hollande pour livrer l’Espagne et qu’un autre aurait quitté l’Espagne pour livrer la Hollande. Les deux camions se seraient ensuite percutés sur une route française ! Cette anecdote illustre bien l’absurdité de nos systèmes de production actuels. Malgré tout, on sent une prise de conscience face aux différents problèmes agroalimentaires. Plusieurs citoyens se tiennent informés, en écoutant la semaine verte par exemple (« aweille ! », on sait bien que tu l’écoutes aussi !). Les communautés urbaines comprennent de plus en plus qu’un aliment produit localement sera généralement plus frais, meilleur pour la santé et plus écoresponsable. C’est ainsi qu’a explosé la participation citoyenne à des activités de permaculture et à l’entretien, dans leurs temps libres, de leur potager personnel. Le problème qui s’impose à une partie des habitants de la ville, c’est l’impossibilité de cultiver, occasionnée par l’absence d’espaces disponibles. Cette demande constante s’est traduite par la formation de trois nouveaux jardins collectifs cet hiver par la ville de Québec, sans toutefois combler la demande. Ce serait près de 700 personnes dans l’attente d’une parcelle. La beauté de ces jardins, en plus de permettre à la collectivité de produire une partie de leur nourriture et d’avoir accès à des aliments frais, c’est justement la communauté ! En effet, le citoyen sent qu’il fait partie de la ville et que


Jardin communautaire, Université Laval (crédit: Simon Pierre Barrette)

la ville lui appartient. Il s’approprie l’espace tout en faisant des rencontres avec des gens de différents âges, cultures et horizons. L’apprenti côtoie ainsi son ainé qui a travaillé dans un jardin de la victoire (et oui ! ça fait déjà douze fois qu’il te raconte l’histoire). Les jeunes accompagnent, comprennent et se développent, tout en profitant de l’occasion pour passer du temps à l’extérieur en contact avec la nature. La forêt, une piste de solutionSelon nous, il y a un réel intérêt à aménager des lieux accessibles au public pour favoriser l’alimentation locale et il y a plusieurs petits espaces qui valent la peine d’être mis en valeur pour produire, en commençant par notre campus ! C’est dans ce sens qu’un petit groupe d’étudiantes et d’étudiants en foresterie et en agronomie souhaite établir une forêt nourricière sur le campus de l’Université Laval. Notre objectif est d’aménager le boisé près du grand axe pour y faire de l’agroforesterie sous couvert forestier. Ce type de culture est de loin le moins documenté, ce qui ne veut pas dire qu’il est moins pertinent pour autant ! La forêt servirait à la fois de milieu de vie universitaire et de laboratoire vivant, devenant un lieu d’apprentissage en plein air qui favorise l’acquisition de nouvelles

connaissances. Elle aurait aussi l’avantage d’être accessible à toute la communauté avec des affiches éducatives au sujet des cultures en place et des manières de les récolter durablement. Également, l’un des grands intérêts de ce projet est de rassembler deux facultés pour travailler ensemble à atteindre un objectif commun.. En effet, le développement d’une agroforesterie innovante au Québec nécessitera une étroite collaboration entre forestiers et agronomes dans les décennies à venir. La création d’une forêt nourricière sur le campus serait donc une occasion idéale de stimuler la collaboration interfacultaire entre la FFGG et la FSAA et ainsi de tisser des liens entre ces deux univers connexes. En bref, la possibilité de faire de l’agriculture urbaine et de participer à la création d’un campus nourricier est réelle. Nous avons le privilège d’avoir des boisés urbains sur le campus, alors pourquoi ne pas les mettre en valeur à leur plein potentiel ? Si notre projet t’intéresse, n’hésite pas à venir en discuter. Bon été à toutes et à tous ! India-Jane Tremblay, étudiante au baccalauréat en agronomie - production végétale Samuel Jalbert, étudiant au baccalauréat en aménagement et environnement forestiers. VOL.7 | NO.4

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Parlons forêts Peut-être l’avez-vous vu passer sur Facebook, d’une fin de semaine entre forestières est née l’idée d’une page éphémère en l’occasion du mois de l’arbre et des forêts. QUI SONT CES FORESTIÈRES ?

MATHILDE ROUTHIER ing.f. pour Femmes des bois

Camille, diplômée du Bacc. en aménagement et environnements forestiers, était particulièrement impliquée dans le volet autochtone du temps de ses études. Elle travaille maintenant à son compte en foresterie et comme professeure de yoga. Mathilde, ingénieure forestière et diplômé du même Bacc. que Camille, est plutôt attirée par tout ce qui touche l’éducation, la vulgarisation et les échanges avec la communauté. Cet intérêt s’est vu tant lors de son parcours à la FFGG qu’au MFFP. Maintenant à l’embauche de ce dernier depuis presque un an, elle s’entête à y refaire le monde, un pas à la fois.

Mathilde et Camille


POURQUOI EST-CE QU’ON FAIT ÇA ? Parce qu’on veut montrer Ă qui veut bien regarder c’est beau et pertinent la foresterie. C’est un domaine qui reste encore mĂŠconnu et qui regroupe des enjeux tellement complexes qu’il peut facilement devenir le sujet de dĂŠbats chauds ! L’Êcosystème forestier est plein de richesses. C’est un milieu prĂŠcieux tant du point de vue social, environnemental, qu’Êconomique. Pour amĂŠnager la forĂŞt, ça prend donc un bon bagage de connaissances. On veut que les gens comprennent que les ingĂŠnieurs forestiers (entre autres) sont des spĂŠcialistes de la forĂŞt qui font et savent beaucoup plus que couper des arbres. QUELLES SERONT LES THÉMATIQUES ABORDÉES ?

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La forêt comme Êcosystème;

� Les bienfaits de la forêt et des arbres; Les enjeux forestiers de l’heure;

đ&#x;“‚ Le mĂŠtier d’ingĂŠnieur forestier. Suivez-nous et partagez-nous vos rĂŠactions ! Vous ĂŞtes tous, hommes et femmes, forestiers ou non, invitĂŠs Ă partager vos rĂŠactions sur la page Femmes des bois. On veut faire circuler les rĂŠflexions dans un esprit ouvert et respectueux. @FemmesDesBois

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Qu’est-ce que l’amitié ? Bien qu’au final l’amitié ne se définit pas par des critères, mais par un sentiment global de bien-être, il peut être utile de bien définir cette relation interpersonnelle avant de la considérer comme acquise. Il en irait de même pour une réponse positive à la question : « Comment ça va ? ». L’objectif ici est donc d’énumérer et de décrire des critères relevant d’une amitié profonde et désintéressée, différente d’une « amitié » circonstancielle et pratique.

JULIEN VILLETTAZ ROBICHAUD Étudiant en Aménagement et environnement forestiers

Avant tout, l’amitié c’est l’amour inconditionnel et sans retour attendu de l’autre, un amour durable par le fait même qu’il ne demande pas de justification ou de réciprocité. Cet amour dérive, entre autres, de la foi en la personne et en les moyens qu’elle utilise afin d’atteindre la fin, bien qu’ils soient parfois incompréhensibles. Dans le même ordre d’idées, cette relation implique aussi des conseils et des jugements sincères, sans toutefois altérer leur libre arbitre. Cette sincérité doit se limiter à blesser seulement l’égo de nos amis et non leurs cœurs, car l’intérêt de la rancœur est beaucoup trop élevé pour la laisser courir librement. L’amitié c’est également d’apporter l’aide que l’on peut fournir lorsqu’elle est vraiment nécessaire. C’est l’étincelle d’inspiration ou la dose de stimulants créée par des interactions spontanées et véritables qui illuminent la journée. Les silences confortables et la présence apaisante en font tout autant partie. Sans la tolérance des échecs et des défauts, elle ne saurait tenir. Certains critères régulièrement utilisés pour décrire une relation amicale sont plutôt des retombées d’une amitié qui a perduré, mais également les bases d’un bon voisinage (good neighboring). Un respect mutuel trop présent et figé peut parfois empêcher la floraison d’une amitié flamboyante et décoincée. Le temps depuis lequel on connait une personne n’en fait pas nécessairement une amie et de la même façon, les souvenirs du « bon vieux temps » ne devraient pas forcer une relation qui n’a plus lieu d’être. Les activités et les intérêts communs, bien que favorisant l’amicalité, n’en sont pas nécessairement les facteurs de réussite; l’intention de différentes personnes derrière une même action pouvant être totalement opposée. Les attitudes qui suivent sont convenables à petites doses, mais elles deviennent rapidement néfastes à force d’usage. L’angoisse pour des événements qui ne nous touchent pas vraiment et sur lequel on a aucun pouvoir se transforme facilement en alter-égoïsme, soit l’agrandissement de notre propre égo par l’assimilation d’autres personnes. L’accaparement total et constant de l’attention empiète aussi sur l’amitié en sombrant dans l’alter-égoïsme et en occultant la spontanéité. Finalement, les amis ne sont pas des invités; tout comme le vouvoiement distance les gens, traiter un ami avec plus d’égards qu’il n’en désire ne fait que créer des malaises. Je résumerais ici les idées présentées dans ce texte, avec une phrase dans la langue de Shakespeare. Friendship is people helping each other with hands, heart and mind without expecting any return or gratefulness, but only because they feel that the path they follow is right.


La calme de ta voix Le printemps est la saison des changements, des déménagements et de l’éloignement pour plusieurs d’entre nous. Lors de ces transitions, il y a des choses que l’on n’ose pas dire à certaines personnes par peur d’être rejetés, ou bien par peur de briser des liens qui sont encore fragiles. Voici une tentative d’exprimer ce genre d’émotion silencieuse: ANONYME

Le calme foudroyant de ta voix m’apaise, comme un écho du temps qui se propage à la surface d’un lac en huile. La douceur de ton regard bienveillant me transperce l’épiderme jusqu’à la moelle. Ton visage millénaire dégage la patience d’une montagne parsemée de pins vétérans. Je veux toucher ton cœur, belette aventurière, avant que nous retournions à la terre. Je veux voir la beauté de la mère bleutée à travers tes yeux d’azur. Je veux te rencontrer là où les âmes sauvages se rencontrent, dans la pâle lumière d’une lune d’automne. À travers les méandres infinis de l’Être immanent. Je veux t’envelopper dans l’étoffe de mon amour incandescent. J’espère que ce n’est qu’un au revoir. Cette envolée lyrique n’identifie aucun auteur ni destinataire dans le but d’offrir à tous et chacune la possibilité de s’y reconnaitre librement à travers son propre imaginaire.

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KILLER SUDOKU LA RÈGLE Chaque chiffre de 1 à 9 doit être présent une et une seule fois sur les lignes, les colonnes et les régions. Et la somme des chiffres présents dans les zones délimitées par des pointillés doit être égale respectivement aux nombres indiqués dans ces zones. Un chiffre ne peut pas se répéter au sein d’une zone.

Source: www.e-sudoku.fr


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