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des Records"...

L’adjectif le plus employé pour qualifier le 6ème mandat du Maire de Monaco – à l’issue des élections communales du mois dernier –était (à tort ou à raison) quasi unanimement celui de « historique ». Ce qui semble au contraire, si l’on peut dire – pour le moinsinapproprié. Car l’Histoire, celle avec un grand « H » est faite d’événements de bien autre nature et jamais avérés auparavant, qui aient marqué une époque, et notamment des changements capables de transformer et de faire évoluer – en bien ou en mal - toute société civile. Paradoxalement, dans le cas de cette élection, il s’agit du même événement qui s’est répété périodiquement pour 6 fois consécutives sans apporter aucune nouveauté. On risque autrement de réduire l’Histoire à une sorte de « Guinness des records » où le résultat est apprécié seulement sur un plan purement numérique, sans aucune implication ultérieure. D’autant plus que - par exemple - dans tous les sports les records sont homologués exclusivement à l’occasion de compétitions auxquelles participent au moins un ou (plus souvent) plusieurs compétiteurs. Ce n’était pas le cas, car à cette occasion s’est reproduite – de façon quais égale – la situation qu’on a déjà récemment connue lors des élections nationales : une absence de liste concurrente et - comme conséquence naturelle - une forte baisse de participation. Or, historique ou pas, cet énième mandat représente indubitablement une sonnette d’alarme pour un système de ce pays qui se veut démocratique : ce qui – précisons-le - n’implique en rien le Maire et ses différentes équipes qui - pendant leurs mandats précédents - ont objectivement bien travaillé et ont été largement appréciées par la population, jusqu'à preuve du contraire. Mais, en l’état, reste le fait qu’aujourd’hui si les Monégasques, - bien sûr - ne peuvent (et sans doute ne le demandent pas) choisir le Chef d’Etat ni les membres du Gouvernement, ils ne peuvent non plus choisir - sinon de façon strictement formelle – ni leurs élus, ni le Président du Parlement, ni le Maire, ni les membres du Conseil communal… La baisse de participation déjà enregistrée lors des élections nationales est un phénomène commun aux démocraties occidentales, auquel contribue sans doute cette impossibilité des citoyens d’avoir une quelconque incidence sur les choix de politique générale exprimé à travers leur suffrage. Personne ne peut ignorer que les risques – objectifs, même si éventuels – d’immobilisme et d’auto-référentialité de la politique monégasque - à priori - ne peuvent être exclus...

On peut bien entendu choisir de continuer à applaudir les records et l’enviable stabilité qui en découle et ignorer le problème, si on reconnaît qu’il existe, ou au contraire envisager de faire bouger les choses avant que la situation ne puisse se compliquer ultérieurement, à travers des réformes visant - d’un côté – par exemple, en ce qui concerne les élections communales, à élargir la base électorale. Comme reconnaître – plus que concéder – le droit de vote aussi aux Enfants du pays et aux résidents de longue durée, pour faire en sorte de les impliquer concrètement dans la vie sociale et politique de la communauté, au-delà des déclarations de bonnes intentions. Ou aussi animer de plus en plus le débat public avec les citoyens sur les principaux dossiers sur la table, et réduire les cas d’incompatibilité et d’inéligibilité, pour les encourager à prendre part activement à la vie politique du pays et donner plus de visibilité aux opinions différentes et aux idées innovantes. Car la confrontation d’idées et de différents points de vue ne se traduit pas forcément en litiges ou clivages insolubles, mais au contraire, en richesse civile et culturelle. A condition de savoir les recomposer, bien sûr, à travers le dialogue réciproque et ainsi reconquérir le droit de choisir.

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