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Le plastique , danger majeur

par Pierre-Alain Martini

Pour la première fois, des chercheurs de renommée mondiale (plus d’une cinquantaine) dans les domaines de la santé, de l’océan, de l’environnement et de l’économie, ont collaboré pour quantifier les risques considérables que fait courir le plastique, tout au long de son cycle de vie, à toute forme de biodiversité. Le rapport de la Commission Minderoo-Monaco, formée par le Centre Scientifique de Monaco (CSM), le Boston College (USA) et la Fondation Minderoo (Australie), a présenté une analyse inédite, transversale, multidisciplinaire et sans équivoque, basée sur des données internationales robustes. Ce rapport montre que les plastiques sont la source de deux crises majeures, environnementale et sanitaire. Et la situation va s’aggraver si des mesures radicales ne sont pas prises : aujourd’hui, 450 millions de tonnes de plastique sont produites annuellement. Les projections indiquent qu’en 2030, ce volume atteindra 600 millions de tonnes. Un million de bouteilles en plastique sont vendues chaque minute dans le monde. Mais, bien que les matières plastiques soient omniprésentes dans notre quotidien, nous ne les connaissons pas explique le rapport.

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par Roberto Volponi dernier

g Une aire géographique a été rebaptisée : "Cancer Alley" g Un coût astronomique !

La Commission a ainsi constaté que l’exploitation du plastique pèse pour 4 à 5 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre pour sa production, sa transformation manufacturée, son exploitation et sa (tentative) de destruction. Le plastique est de fait un contributeur particulièrement significatif au changement climatique. Produit totalement artificiel, les propriétés du plastique (couleurs, densités, résistance, malléabilité, élasticité, dureté) sont obtenues grâce à des adjuvants chimiques. Plus de 10 000 composés sont utilisés en fonction des effets recherchés. "Très peu de détails sur l'identité, la composition et la toxicité potentielle des produits chimiques plastiques sont divulgués par les producteurs et, dans la plupart des pays, ils n'ont aucune obligation légale de le faire. » explique le Dr Philip Landrigan, directeur de l'Observatoire mondial de la santé au Boston College, co-auteur de l’étude. Il précise, « S'il y avait des avertissements sur les produits en plastique indiquant que leur utilisation peut entraîner des troubles de l'attention et une perte de quotient intellectuel, la plupart des consommateurs réfléchiraient à deux fois avant d'exposer leurs enfants». Ces produits chimiques toxiques ajoutés aux matières plastiques sont régulièrement détectés dans le corps humain. Ils sont aussi connus pour augmenter le risque de fausse couche, d'obésité, de cancers et de maladies cardiovasculaires. Les travailleurs de l’industrie du plastique sont particulièrement exposés. Et le docteur Landrigan de citer la zone géographique située entre Baton Rouge et la Nouvelle-Orléans en Louisiane aux USA. Il s’agit d’un couloir de 137 kilomètres où se succèdent les usines de transformation chimique. Cette aire géographique a été rebaptisée « Cancer Alley ». Le tôt d’incidence y est jusqu’à 66 fois supérieur à la moyenne nationale.

L'étude a aussi calculé le coût astronomique du plastique au regard des frais de santé qu’il génère. Elle se limite à l’année 2015 et aux USA : 920 milliards de dollars. Autre réalité bien établie par ce rapport, l’utopie du recyclage. À peine 9% de la production est traitée. La présence des produits chimiques rend le plastique inéligible à cette activité. Conséquence, les déchets plastiques sont omniprésents. Enterrés ou entreposés dans des décharges à ciel ouvert, ils terminent leur course dans les cours d’eau et les rivières et au final dans l'océan, dont nous dépendons pour l’oxygène, la nourriture et qui constitue l’unique moyen de subsistance de nombreuses populations côtières.

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