L'âge de faire n°76

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Quand notre cœur

fait

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SCOP Le journal - L’ âge de faire . La Treille . 04290 Salignac . Tél. 04 92 61 24 97 redaction @ lagedefaire-lejournal.fr - www.lagedefaire-lejournal.fr

« Quand le couvain éclate au printemps, c’est des odeurs, ça me donne du bonheur. Les larves baignent dans la gelée royale. C’est érotique. On sent la vie. J’aime ces grands moments. C’est un bonheur inouï ». Michel Habert (à lire page 12)

© L’ÂGEDEFAIRE

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Numéro 76 . Juin 2013


NumĂŠro 76 Juin 2013

lagedefaire-lejournal.fr

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Un rucher partagĂŠ contre le dĂŠsert vert

Des habitants d’un village de Loire ont mis en place un rucher mutualisÊ : les abeilles appartiennent au groupe, qui doit s’organiser pour en prendre soin. RÊcit d’une aventure prometteuse.

Fabien Ginisty Tasse bien ! Si la fumĂŠe est trop chaude, ça peut les brĂťler, et ça, elles aiment pas. Âť Sur les conseils de Gilles, Nelly ajoute une poignĂŠe de mĂŠlange de lavande et de foin dans l’enfumoir. Elle compresse le tout avec sa main gantĂŠe, ferme le couvercle, et pompe VXU OH VRXIĂ€HW 5DSLGHPHQW OÂśDSSDUHLO dĂŠgage une ĂŠpaisse fumĂŠe Ă l’agrĂŠable parfum. A quelques mètres de lĂ , le long du sentier qui mène au rucher, Jean-Louis et JĂŠrĂ´me paillent la plantation des arbres qui constitueront la future haie. A l’arrière de la camionnette, Michèle prend le soleil et contemple le bocage de la plaine du Forez, en contrebas. On y devine SaintEtienne, Ă l’horizon, dans la brume. Sur les hauteurs du village de Boisset-SaintPriest, ils sont sept en ce dimanche de printemps, aux petits soins de quelques 300 000 abeilles. Sept amateurs parmi un groupe comptant au total une dizaine de passionnĂŠs d’apiculture, la plupart dĂŠbutants, qui ont dĂŠcidĂŠ de se rĂŠunir pour assouvir leur passion en crĂŠant ce rucher. A l’image des lĂŠgumes d’un jardin partagĂŠ, ici, les abeilles sont collectives. ÂŤ Je voulais m’inscrire dans un rucherĂŠcole pour apprendre l’apiculture et me lancer seul, en amateur. Mais c’est plus facile et plus motivant de se retrouver Ă plusieurs. Et puis c’est une initiative locale, cela nous permet de rencontrer du monde, tout simplement. Âť Fabien est le compagnon de Nelly. Le jeune couple s’est installĂŠ rĂŠcemment Ă Boisset-Saint-Priest. DĂŠbut 2012, ils font partie des premiers Ă rĂŠpondre Ă l’annonce, publiĂŠe dans le bulletin communal. CHACUN APPORTE UN ÂŤÂ BOIS  A l’origine de l’aventure, il y a la rencontre entre JĂŠrĂ´me et Gilles. Le premier, jeune ĂŠlu au conseil municipal du village, cherche un moyen de valoriser l’ancienne carrière, alors utilisĂŠe par certains habitants comme

avec des essaims achetĂŠs aux apiculteurs locaux. Ainsi, ÂŤ les abeilles appartiennent au groupe, et chaque adhĂŠrent apporte un ÂŤ bois Âť (ruche sans essaim), de manière Ă ce qu’il y ait, au dĂŠbut, autant de ruches que d’adhĂŠrents Âť prĂŠcise Fabien, prĂŠsident de l’association. Pour l’avenir, il envisage un cheptel d’une vingtaine de ruches. La vente du miel supplĂŠmentaire permettrait ainsi de couvrir les frais liĂŠs Ă l’activitĂŠ. Mais pour l’heure, ÂŤ le but, c’est de mieux structurer l’association, d’amĂŠliorer nos mĂŠthodes d’organisation Âť explique-t-il. DE LA TISANE DE CONSOUDE DĂŠsorganisĂŠ, le groupe ? Ce n’est pourtant pas l’impression qui s’en dĂŠgage en ce dimanche après-midi. Attentifs aux conseils de Gilles, Nelly, Fabien et Yohann s’activent calmement Ă ÂŤ dĂŠdoubler Âť une ruche, malgrĂŠ le nuage impressionnant d’abeilles qui tente de les en dissuader. Un cadre sur deux est disposĂŠ dans un autre ÂŤ bois Âť, pour provoquer l’Êlevage par les nourrices, grâce Ă la gelĂŠe royale, d’une nouvelle reine, et, Ă terme, la formation d’un nouvel essaim. Gilles montre Ă Yohann, pour sa première "sortie". comment nourrir une ruche Š LĂ‚GEDEFAIRE

dĂŠcharge publique. Le second, instituteur UHWUDLWp HW DSLFXOWHXU FRQÂżUPp YHXW WUDQVmettre sa passion autrement qu’en donnant des cours - de manière plus conviviale. L’idĂŠe d’un rucher partagĂŠ prend forme, l’annonce est publiĂŠe, et un groupe d’une dizaine de personnes se constitue. ÂŤ Des gens qui, comme nous, sont intĂŠressĂŠs par l’apiculture, mais ne se seraient jamais lancĂŠs tout seuls Âť, assure Nelly. En juillet dernier, les membres du rucher ont partagĂŠ leurs premiers kilos de miel. Avant, il a fallu nettoyer et amĂŠnager la parcelle, avec l’aide des agents municipaux. Le groupe a formĂŠ une association, et a achetĂŠ le matĂŠriel adĂŠquat. En relation avec les pompiers, il s’est fourni de quelques colonies ÂŤ sauvages Âť, et a complĂŠtĂŠ le rucher

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Ă suivre page

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Une abeille, plusieurs vies On sait que la sociĂŠtĂŠ des abeilles est très organisĂŠe, que chaque membre de la colonie ÂŤÂ se dĂŠvoue  Ă une tâche particulière. Mais on sait moins que chaque abeille (Ă l’exception de la reine et des faux-bourdons) remplira ces diffĂŠrentes tâches au cours de sa vie. Dès sa naissance, l’ouvrière nettoie les cellules de l’essaim. Au 3e jour de sa courte vie (6 semaines), la voilĂ nourrice pour les larves. Elle met ensuite en route, pour une semaine, ses glandes cirières, et se fait bâtisseuse. Du 13e au 16e jour, l’ouvrière stocke dans les rayons les provisions de pollen et de nectar remises en ÂŤÂ langue propre  par les butineuses. Ensuite, elle se rapproche doucement de la sortie pour devenir gardienne et ventileuse les 3 jours suivants. Enfin, les 3 dernières semaines, elle est butineuse. Elle rĂŠcupère le nectar des fleurs, qui, malaxĂŠ et mĂŠlangĂŠ Ă d’autres substances auto-produites, deviendra du miel. Les fleurs lui fournissent

ĂŠgalement le pollen, riche en protĂŠines, qui permet de nourrir les larves. Le pollen est aussi l’ingrĂŠdient central de la gelĂŠe royale, une ÂŤÂ potion magique  dont la composition prĂŠcise demeure une ĂŠnigme pour les chercheurs. La gelĂŠe royale est utilisĂŠe par la colonie pour ÂŤÂ fabriquer  une reine Ă partir d’une larve ÂŤÂ quelconque , puis pour la nourrir. Enfin, les butineuses font le plein d’eau, qui, une fois rĂŠgurgitĂŠe dans la ruche, sera ventilĂŠe par les collègues et assurera la climatisation. Selon les besoins de la colonie, les agendas s’adaptent : il faut plus de nourrices au printemps, quand la reine est la plus fĂŠconde ( jusqu’à 2 000 Ĺ“ufs par jour). L’ÊtĂŠ, pour assurer le stockage du nectar sous forme de miel, les butineuses sont Ă l’honneur. Enfin, les abeilles qui naissent Ă l’automne ont un destin particulier : elles vivront 6 mois, et assureront l’hivernage.

s o m m a i re n ¸ 76 - juin 2013 Savoir

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Dossier

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BANGLADESH : APRĂˆS L'ACCIDENT

QUAND NOTRE COEUR FAIT BZZZ

Dans le pays à la main d'oeuvre la moins chère du monde, les journÊes sont à rallonge, la libertÊ syndicale bafouÊe, et le salaire minimum lÊgal est de 30 euros.

Actrices incontournables de la pollinisation, les abeilles sauvages et domestiques dĂŠclinent. Rencontres avec ceux qui les aiment.

Comprendre

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Agir

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COMMERCE ÉQUITABLE

LA DOYENNE DE KOKOPELLI

Gros plan sur Artisans du monde et la coopĂŠrative Andines, deux pionniers H[LJHDQWV PLV HQ GLIÂżFXOWp SDU OD grande distribution.

Ancienne grainetière, Marie-Madeleine Gripouilleau, 87 ans, dÊfend bec et ongles l'association Kokopelli. RÊcit d'une vie dans le commerce des plantes.

2 ¸ Insecticides : le verre à moitiÊ vidÊ / Transhumance anti-puces 3 ¸ Transition Êcologique : une chance pour l'emploi des jeunes 4 ¸ PÊnurie d'abeilles en Chine / Bangladesh : le casse-tête de l'eau 5 ¸ Et si on passait aux 30 heures ? / Bure : le dÊbat truquÊ 7 ¸ Quand les avions fabriquent des nuages 10 ¸ Lire, Êcouter, voir / Vivre sans huile de palme, c'est possible ! 16 ¸ Bretagne : un parc Êolien citoyen / Le pesto de plantain 17 ¸ La santÊ par le miel / Une seconde vie pour les huiles de friture 18 ¸ TrÊmargat, le village des possibles / L'Êlevage bovin à Parthenay 19 ¸ Abeilles : les identifier et les hÊberger 20 ¸ Apiculture, pourquoi pas moi ? 21 ¸ 22 ¸ 23 ¸ Courrier / Agenda / Annonces / Coin des diffuseurs 1



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ĂŠdito

L’âge de faire n° 76 t juin 2013

surlegril Lisa Giachino

La date d'entrĂŠe en vigueur de la suspension des molĂŠcules a ĂŠtĂŠ repoussĂŠe du 1er juillet au 1er GpFHPEUH FH TXL ODLVVH GX WHPSV DX[ ÂżUPHV TXL FRPPHUFLDlisent les pesticides, notamment Syngenta et Bayer, pour produire des ĂŠtudes la remettant en cause Âť, regrette Olivier Belval, prĂŠsident de l'Union nationale de l'apiculture française (Unaf). Mais pour le syndicat apicole, il n’en demeure pas moins que le 29 avril 2013 est ÂŤ un grand jour Âť : la Commission europĂŠenne a annoncĂŠ qu’elle suspendrait, au 1er dĂŠcembre, l’autorisation de mise sur le marchĂŠ des insecticides nĂŠonicotinoĂŻdes, dont les effets sont ravageurs pour les abeilles. Des dizaines de pesticides seront donc interdits Ă la vente dans toute l’Union europĂŠenne. Parmi eux, le Gaucho, le Cruiser et le Poncho, aujourd’hui encore massivement utilisĂŠs en enrobage de semences dans quatre grandes cultures : le maĂŻs, le colza, le tournesol et le coton. La Commission interdira aussi l'emploi de ces molĂŠcules en traitement du VRO JUDQXOpV HW HQ SXOYpULVDWLRQ GDQV XQH FLQTXDQWDLQH G DXWUHV FXOWXUHV 'ÂśXQH HIÂżFDcitĂŠ redoutable, les nĂŠonicotinoĂŻdes agissent sur le système nerveux des insectes, provoquant la paralysie et la mort. Leur mise sur le marchĂŠ, au milieu des annĂŠes 90 en France, a correspondu Ă une forte accĂŠlĂŠration du dĂŠclin des insectes pollinisateurs, dont les abeilles : selon l'Unaf, le nombre de ruches est passĂŠ de 1,45 million en 1996 Ă 1 million en 2003. Et entre 1995 et 2001, la production moyenne de miel s'est effondrĂŠe, passant de 40 000 tonnes Ă 25 000 par an. Car les abeilles, confrontĂŠes aux rĂŠsidus, mĂŞme LQÂżQLWpVLPDX[ GHV QHXURWR[LTXHV SHUGHQW OH QRUG VH UHIURLGLVVHQW HW QH UHWURXYHQW SOXV leurs ruches. Leur système immunitaire ĂŠtant affaibli, elles peuvent aussi dĂŠvelopper des maladies neurodĂŠgĂŠnĂŠratives qui entraĂŽnent la mort en quelques jours.

L

’effondrement d’un immeuble au Bangladesh, qui a fait le 24 avril plus de 1 100 morts parmi les ouvriers du textile, a (brièvement) attirĂŠ l’attention sur les conditions de travail dans les usines qui fournissent les marques occidentales de vĂŞtements. InsĂŠcuritĂŠ des bâtiments mais aussi journĂŠes de travail Ă rallonge, salaires dĂŠrisoires, absence de libertĂŠ syndicale‌ L’ironie de l’histoire est parfois cruelle : le Bangladesh, pays Ă la main d’œuvre la moins chère du monde, est aussi celui auquel ont ĂŠtĂŠ destinĂŠes, dans les annĂŠes 70, les premières actions de ÂŤ commerce ĂŠquitable Âť. Les ÂŤ comitĂŠs communaux Âť solidaires du Bangladesh ont donnĂŠ naissance au mouvement Artisans du monde, qui a mis sur pied 150 boutiques gĂŠrĂŠes par des associations locales, et mène depuis trente ans un travail d’information sur les ĂŠchanges commerciaux internationaux. Que peuvent cependant ces bĂŠnĂŠvoles, aussi motivĂŠs soient-ils, face aux puissantes marques de prĂŞt-Ă -porter ? Et par quel bout prendre le problème quand, de l’autre cĂ´tĂŠ de la planète, des milliers d’emplois dĂŠpendent de cette industrie ? Un accident comme celui du Rana Plaza suscite un certain dĂŠcouragement. Le premier rĂŠflexe serait de boycotter les marques concernĂŠes, mais le collectif Ethique sur l’Etiquette, qui rĂŠalise un travail de fond en lien avec les syndicats des pays concernĂŠs, rappelle que ÂŤ les travailleurs ont besoin d’un revenu et risqueraient de perdre leur emploi Âť. Les associations du collectif misent plutĂ´t sur un renforcement des syndicats locaux. Fortes du soutien d’un million de personnes, elles ont obtenu d’une trentaine de marques internationales qu’elles signent un accord les engageant Ă amĂŠliorer les conditions de sĂŠcuritĂŠ dans les usines de leurs fournisseurs. Une avancĂŠe importante pour les ouvriers du Bangladesh, mais qui ne remet pas en cause l’organisation globale de l’industrie du prĂŞt-Ă -porter, basĂŠe sur l’exploitation la moins coĂťteuse possible des travailleurs les plus vulnĂŠrables de la planète. Autre piste d’action: le rĂŠseau Minga, qui cherche Ă construire des filières ĂŠconomiques transparentes et ĂŠquitables, est ouvert aux citoyens et aux professionnels. Producteurs, commerçants ou usagers, ses membres se rĂŠunissent pour dĂŠcortiquer leurs coĂťts, leurs rĂŠmunĂŠrations, leur fonctionnement et leurs relations avec leurs partenaires. Une dĂŠmarche intĂŠressante pour mieux saisir les enjeux de l’Êconomie, qui questionne en profondeur la division internationale du travail : peut-on sortir d’un système oĂš les pays les plus pauvres produisent pour les plus riches ? En Normandie et en Bretagne, une dizaine de producteurs de lin textile bio, des teilleurs (qui extraient la fibre) et un fabriquant de tissus bio vont tenter de dĂŠmontrer que c’est possible. Ils sont en train de monter une filière dans laquelle seule l’Êtape du filage sera effectuĂŠe en Hongrie, faute d’usine dans l’Hexagone. L’enjeu n’est pas tant de dĂŠfendre le ÂŤ made in France Âť, en passe de devenir un slogan politique. Mais de s’intĂŠresser Ă ceux qui nous habillent, quels qu’ils soient et oĂš qu’ils travaillent, quitte Ă refaire de l’achat du vĂŞtement un acte rare, rĂŠflĂŠchi et souvent onĂŠreux.

lesmots L

L’INTERDICTION N’EST PAS TOTALE

.Š LAGEDEFAIRE

Puces ĂŠlectroniques

es ĂŠleveurs du Collectif pour la libertĂŠ de l’Êlevage de Provence-Alpes-CĂ´te d'Azur ont marchĂŠ de Forcalquier Ă Digne-lesBains, dans les Alpes-de-Haute-Provence, Ă la tĂŞte d’un troupeau de 350 brebis. Ils protestaient contre l’obligation d'ĂŠquiper leurs animaux de puces ĂŠlectroniques leurs troupeaux et contre la FHUWLÂżFDWLRQ REOLJDWRLUH GHV PkOHV UHSURGXFWHXUV Ă partir du 1er janvier 2015. Ils entendaient aussi exprimer leur solidaritĂŠ envers les ĂŠleveurs sanctionnĂŠs pour avoir refusĂŠ de pucer leurs bĂŞtes. Cette action de ÂŤ RĂŠsistranshumance Âť, organisĂŠe du 24 au 29 mai, s’inscrit dans la continuitĂŠ de la Transhumance festive organisĂŠe en fĂŠvrier dernier dans la DrĂ´me. Mais cette fois, c’est Ă la prĂŠfecture de Digne-les-Bains que les ĂŠleveurs des Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes ont portĂŠ leurs revendications. La dĂŠcision de StĂŠphane Le Foll, le 2 ministre de l’Agriculture, de reporter Ă

Abeilles : le verre d’insecticides à moitiÊ vidÊ

ÂżQ DX OLHX GX er juillet 2013 l’obligation de pucer brebis et chèvres, ne change rien aux yeux des ĂŠleveurs : ils rĂŠclament la suppression d’une obligation qu’ils jugent inutile. ÂŤ Sur des troupeaux de petite taille, comme les nĂ´tres, l’argument de pucer pour la traçabilitĂŠ n’a aucun sens Âť, explique Laurence, ĂŠleveuse de brebis pour la viande Ă Forcalquier. ÂŤ Mais ce qui est plus important, c’est notre opposition Ă l’obliJDWLRQ GÂśDYRLU GHV PkOHV FHUWLÂżpV /j FÂśHVW XQH SHUWH GH QRWUH DXWRQRPLH $FWXHOOHPHQW FKDTXH ĂŠleveur sĂŠlectionne comme il l'entend, sur ses propres critères, ce qui apporte une variĂŠtĂŠ gĂŠnĂŠWLTXH DX[ WURXSHDX[ Âť Les ĂŠleveurs estiment que le travail de sĂŠlection rĂŠalisĂŠ depuis des siècles HVW PLV HQ GDQJHU SDU OD FHUWLÂżFDWLRQ TXL UHSRVH pour le moment sur un argument sanitaire (rĂŠsistance Ă une maladie, la tremblante du mouton) et sur la productivitĂŠ. NG

Mais la dĂŠcision de la Commission europĂŠenne est le fruit d’un compromis : quinze pays, dont la France et l’Allemagne, ont votĂŠ en faveur de cette interdiction. Huit, dont le Royaume-Uni, l’Italie et la Hongrie, ont votĂŠ contre, et quatre se sont abstenus. Cette division n’a pas permis de recueillir une majoritĂŠ pour ou contre l’interdiction des nĂŠonicotinoĂŻdes. La Commission a donc gardĂŠ le pouvoir pour en interdire leur usage, mais de manière limitĂŠe. L’Allemagne a ainsi obtenu que l’interdiction prenne effet au 1er dĂŠcembre, et non au 1er juillet, comme la proposition initiale le prĂŠvoyait. De quoi donner du temps Ă %D\HU OD ÂżUPH DOOHPDQGH TXL FRPPHUFLDOLVH QRWDPPHQW OH *DXFKR HW OH 3RQFKR GH prĂŠparer la contre-offensive ? Par ailleurs, l’interdiction n’est pas totale : par exemple, les cĂŠrĂŠales Ă paille, semĂŠes en hiver (blĂŠ et orge), qui reprĂŠsentent en France un million d’hectares dont un tiers sont traitĂŠs aux nĂŠonicotinoĂŻdes, ne sont pas concernĂŠes par l’interdiction. Ces cultures sont pourtant souvent utilisĂŠes en rotation avec le tournesol, très attractif pour les abeilles. Et les nĂŠonicotinoĂŻdes prĂŠsentent une très grande persistance dans le sol, les rendant capables de contaminer les cultures suivantes ou les plantes adventices. Par exemple, la substance active du Gaucho, l'imidaclopride, peut ĂŞtre absorbĂŠe par des cultures non traitĂŠes, jusqu'Ă deux ans après la première utilisation. ÂŤ Ces cultures constituent un risque pour les abeilles en raison de l'accumulation des pesticides dans le sol qu'elles entraĂŽnent Âť, souligne Olivier Belval. Cette accumulation s’arrĂŞtera donc partiellement au 1er dĂŠcembre, mais pour combien de temps ? Si elle n’est pas renouvelĂŠe en 2015, l’interdiction de la Commission ne vaudra que pour deux ans. Pas assez pour percevoir une amĂŠlioration de la santĂŠ des abeilles, estime Dave Goulson, professeur Ă l'universitĂŠ de Stirling, au Royaume-Uni. La mesure a cependant un avantage Ă ses yeux : elle donnera l'opportunitĂŠ de mesurer le rĂ´le rĂŠel de ces insecticides dans l'augmentation des rendements agricoles – ce rĂ´le est selon lui loin d'ĂŞtre prouvĂŠ. Fabien Ginisty avec Le Monde Lire aussi notre dossier sur les abeilles pages 10 Ă 14

lechiffre C

’est le nombre de kilomètres de la chaĂŽne humaine contre le projet d'aĂŠroport de NotreDame-des-Landes lors de la grande manifestation du 11 mai, en se tenant la main. Preuve que la mobilisation ne faiblit pas depuis cet automne, oĂš dĂŠjĂ 40 000 personnes, selon les organisateurs, s’Êtaient retrouvĂŠes. Il s’agissait alors de rĂŠoccuper la ÂŤ Zone d’amĂŠnagement diffĂŠrĂŠ Âť, suite aux expulsions musclĂŠes qui avaient eu lieu quelques jours auparavant. Le 11 mai, ÂŤ nous ĂŠtions toujours aussi nombreux, alors que la tension sur le terrain est un peu retombĂŠe Âť indique l’Acipa, l’Association citoyenne intercommunale des populations concernĂŠes par le projet d'aĂŠroport. Depuis, le rapport remis dĂŠbut avril par la commission du dialogue a donnĂŠ un peu d’air aux opposants au projet. Celle-ci recommande dans ses conclusions la rĂŠalisation d’une sĂŠrie de nouvelles ĂŠtudes, qui, de facto, rendent impossible l’ouverture de l’aĂŠroSRUW SRXU ÂżQ FRPPH LQLWLDOHPHQW SUpYX 'HV

25 conclusions qui ÂŤ permettent de gagner du temps et de dĂŠsamorcer en partie la grogne des opposants Âť, commente le &DQDUG HQFKDvQp. Au vu du succès de la manifestation du 11 mai, il semble au contraire que la mobilisation perdure face au projet, pour l’instant simplement dĂŠcalĂŠ de quelques mois. Il semble aussi que le slogan ÂŤ Non Ă l’aĂŠroport et Ă son monde Âť fasse des ĂŠmules. Les projets de ÂŤ Zones Ă dĂŠfendre Âť contre la bĂŠtonisation des terres se multiplient. A Avignon par exemple, l’association LEOpart, qui combat un projet de FRQWRXUQHPHQW DXWRURXWLHU /(2 VDFULÂżDQW GHV terres agricoles, annonce l’inauguration de la ÂŤ Maison des luttes Âť pour le 1er juin. Autre mĂŠthode : Ă Grenoble, le collectif contre l’autoroute A51 dans le Trièves organise une grande ÂŤ vĂŠlorution historique Âť le 15 juin. Tandis qu’à NotreDame-des-Landes, les bĂŠnĂŠvoles s’activent dĂŠjĂ pour le grand rassemblement des 3 et 4 aoĂťt. FG


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L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Un rucher partagÊ contre le ‡ ‡ ‡

suite du reportage

Tandis que Nelly enfume l’atmosphère pour apaiser les insectes, Yohann savoure sa première ÂŤ sortie Âť, fascinĂŠ par l’univers qu’il dĂŠcouvre dans le corps de la ruche : ÂŤ On n’a pas l’impression qu’elles sont 20 000. Âť ÂŤ 50 000 ! Âť corrige Gilles passionnĂŠment, qui scrute chaque cellule de cadre avec ardeur, indiquant aux novices lĂ le couvain, lĂ la propolis. Gilles parlerait des heures entières de ce monde qu’il aime tant. ÂŤ Ce qui m’intĂŠresse, c’est le vivant Âť, rĂŠpond-il quand on lui demande d’oĂš lui vient ce goĂťt immodĂŠrĂŠ de l’apiculture. Alors, pour lui, naturellement, passion et militantisme se confondent. Le rucher partagĂŠ est l’occasion de transmettre des savoir-faire, mais le rĂŠsultat, très concret, compte aussi : la multiplication du vivant, animal et vĂŠgĂŠtal. ÂŤ Dans notre rĂŠgion, on ne s’en aperçoit pas, mais on vit dans un dĂŠsert apicole. Les SUpV VRQW WRXW YHUWV LO QÂś\ D SDV XQH Ă€HXU $ WHUPH s’il n’y a plus de pollinisateurs, toutes les petites plantes sauvages disparaĂŽtront. Et ce processus a dĂŠjĂ commencĂŠ Âť assure-t-il. Ainsi, pour le jeune retraitĂŠ, chaque abeille qui dĂŠcolle du rucher pour

dĂŠsert vert

aller butiner est un acte de rĂŠsistance Ă l’appauvrisVHPHQW GH OD ELRGLYHUVLWp HW DX GHOj OÂśDIÂżUPDWLRQ d’un choix de sociĂŠtĂŠ. Ce sentiment est partagĂŠ par tous les membres du groupe, de 25 Ă 65 ans. Si l’on y trouve notamment des retraitĂŠs, une journaliste, un technicien de laboratoire, une conseillère de clientèle, ou encore un ĂŠlectronicien, ÂŤ en plus de l’apiculture, ce qui nous rassemble, c’est la conscience environnementale Âť, assure Nelly. Par exemple, la question du choix des traitements anti-varroa ne s’est pas posĂŠe : la lutte contre le parasite ravageur se fait au moyen d’huiles essentielles, mĂŞme si cela demande plus de travail et d’argent. Pareillement, pour renforcer les abeilles et permettre, pourquoi pas, le dĂŠdoublement des ruches au printemps, Gilles remplace la traditionnelle eau sucrĂŠe par de la tisane de consoude sucrĂŠe, ÂŤ un rĂŠgĂŠnĂŠrant cellulaire Âť, prĂŠcise-t-il.

 PLUS DE CHANCES D’ASSURER LA PÉRENNITÉ DES RUCHES  Si le groupe partage ainsi la même vision de l'apiculture, les questions qui ne sont pas directement liÊes au domaine apicole font parfois dÊbat au sein

de l’association : ÂŤ Nous avons plantĂŠ un arbre au centre du rucher pour procurer de l’ombre aux colonies. J’aurais souhaitĂŠ planter un acacia, car il donne une ombre lĂŠgère, et prĂŠsente un intĂŠrĂŞt pour le miel. Mais le groupe a soulignĂŠ l’aspect invasif de l’espèce, et prĂŠfĂŠrĂŠ planter un frĂŞne trouvĂŠ dans le coin, qui a l’avantage de ne pas craindre l’Êlagage Âť concède-t-il. La demande et l’acceptation des subventions communales fait aussi l’objet de discussions : faut-il DYRLU GHV OLHQV ÂżQDQFLHUV DYHF OD FROOHFWLYLWp Š DX ULVTXH ÂŞ GH YRLU OÂśDVVRFLDWLRQ HQGRVVHU XQ U{OH RIÂżciel d' ÂŤ animateur communal Âť, ou rester autonome ÂżQDQFLqUHPHQW TXLWWH j QH SDV DYRLU VXIÂżVDPPHQW de fonds pour agrandir le rucher ? Une autre question très ÂŤ politique Âť, a ĂŠtĂŠ rĂŠsolue : ÂŤ Le partage du miel restera ĂŠgalitaire, sans tenir compte de l'implication de chaque adhĂŠrent Âť, assure Fabien, qui poursuit, plus pragmatique : ÂŤ Pour l’instant, la prioritĂŠ, c’est d’avoir des abeilles ÂŞ FRQÂżUPH )DELHQ satisfait de l’hivernage : sept des huit ruches de la saison prĂŠcĂŠdente ont survĂŠcu, et trois d’entre elles sont VXIÂżVDPPHQW SHXSOpHV SRXU rWUH GLYLVpHV Š Entre les pertes de colonies malgrĂŠ tous les soins apportĂŠs et

la nĂŠcessitĂŠ d'en crĂŠer de nouvelles pour renouveler les reines vieillissantes, deux Ă quatre ruches au fond du jardin, c’est très compliquĂŠ Âť, souligne Gilles. ÂŤ Mettre en commun les ruches, c’est aussi se donner plus de chances d’assurer leur pĂŠrennitĂŠ. Âť

DES PETITS BĂ‚TONS L’après-midi a ĂŠtĂŠ bien rempli : de nouveaux ÂŤ bois Âť peuplent le rucher, au cas oĂš un essaim sauvage chercherait un gĂŽte. Les haies bordant le sentier sont paillĂŠes, certaines ruches ont ĂŠtĂŠ nourries de sirop de consoude, l’une d’entre elles dĂŠdoublĂŠe... Le groupe se rĂŠunit Ă quelques mètres des abeilles, autour d’un pichet de thĂŠ d’Aubrac et d’un clafoutis aux fruits rouges. ÂŤ La Une a 8 ruelles occupĂŠes Âť glisse Fabien Ă Michèle, qui tient le carnet de bord. Les soins prodiguĂŠs Ă chaque colonie, ainsi que les observations de chacun y sont notĂŠes. Le cahier permettra aux autres membres du rucher, qui ne sont pas prĂŠsents aujourd’hui, de se tenir informĂŠs. Et pour ceux qui voudraient passer Ă l’improviste, des bâtons posĂŠs sur le toit des ruches signalent celles qui ont ĂŠtĂŠ nourries. Comme les tĂŠmoins d’un printemps moins silencieux.

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La transition ĂŠcologique : une chance pour les jeunes et l’emploi Par Mireille Bruyère, Economiste atterrĂŠe

onn'estpasdesconcombres! Les actionnaires reconnaissants Arbre Ă billets ÂŤ La rĂŠmunĂŠration variable annuelle brute de M. FrĂŠdĂŠric OudĂŠa au titre de 2011 s’Êlève Ă 682 770 euros. Elle est en baisse de 43 % par rapport Ă l’exercice prĂŠcĂŠdent Âť, annonce le document transmis en mars par la SociĂŠtĂŠ gĂŠnĂŠrale j OÂś$XWRULWp GHV PDUFKpV ÂżQDQFLHUV (Q mai, la banque actualise le document et indique les revenus du PDG de la multinationale pour 2012 : la part variable s’envole de 75% par rapport Ă 2011, passant Ă 1 194 000 euros. Si on ajoute Ă cette part variable le million d’euros GH UpPXQpUDWLRQ Âż[H HW GLYHUVHV Š FRPpensations Âť, les ĂŠmoluments de M Ou-

dĂŠa avoisinent les 2,5 millions d’euros pour 2012. Mais attention : ÂŤ Le montant GpÂżQLWLI GH FH ERQXV UHVWH FRQGLWLRQQp Ă la rĂŠalisation de certains objectifs ÂżQDQFLHUV FRPPH OH UHQIRUFHPHQW GH OD VROYDELOLWp ÂżQDQFLqUH HW OD SHUIRUPDQFH boursière de l’action de la banque Âť, prĂŠcise la SociĂŠtĂŠ gĂŠnĂŠrale... Y auraitil un lien entre l’augmentation de la rĂŠmunĂŠration de Monsieur OudĂŠa et la dĂŠcision prise par la banque de supprimer un millier d’emplois, dont 500 en France, comme annoncĂŠ rĂŠcemment, et qui assurera ÂŤ la performance boursière de l’action de la banque Âť ?

Horaire choisi Le lundi 13 mai, de 13h45 Ă 16 heures Ă Rennes, dans le cadre de la ConfĂŠrence bretonne de l’Ênergie, s’est dĂŠroulĂŠe une sĂŠance plĂŠnière extraordinaire, en prĂŠsence de la ministre de l’Ecologie Delphine Batho, pour ĂŠchanger sur le Pacte ĂŠlectrique breton. ÂŤ Cette rencontre se situe dans la droite ligne du DĂŠbat national

de la transition ÊnergÊtique qui, rappelons-le, doit donner à la population l’opportunitÊ de s’informer et de s’exprimer. On ne peut qu’ironiser sur cet horaire  parfaitement  compatible avec les activitÊs professionnelles des citoyens , remarque le collectif Gaspare, opposÊ au projet de centrale à gaz de Landivisiau.

Et si l’argent poussait sur les arbres ? Tel est le titre accrocheur d’une publicitĂŠ pour l’antenne française de la sociĂŠtĂŠ allemande Forest Finance, qui s’est ouverte en janvier dernier. AutoproclamĂŠe ÂŤ crĂŠateur de forĂŞts Âť, elle propose des ÂŤ produits d'ĂŠpargne ĂŠcologique, sociale et surtout rentable , aux rendements ÂŤ ĂŠlevĂŠs , qui permettront la plantation de forĂŞts au Panama, en Colombie, au PĂŠrou et au Vietnam. Sur son site internet, Forest Finance prĂŠsente sa dĂŠmarche : promouvoir des forĂŞts mixtes et non des plantations en monoculture, crĂŠer des emplois stables et rĂŠmunĂŠrateurs dans les pays concernĂŠs, associer les populations locales‌ Alors, d’oĂš vient ce sentiment de malaise ? Peut-ĂŞtre de la virtuositĂŠ avec laquelle les promoteurs du capitalisme vert parviennent Ă faire passer une opĂŠration de spĂŠculation et d’accaparement des terres pour une action d’intĂŠrĂŞt gĂŠnĂŠral‌

A

l’heure oĂš le chĂ´mage des jeunes bat des records en Europe (24 % des moins de 25 ans), les dirigeants annoncent vouloir faire de l’emSORL GHV MHXQHV XQ Š GpÂż HXURSpHQ ÂŞ Le conseil europĂŠen de fĂŠvrier dernier avait dĂŠjĂ proposĂŠ de mettre en place une ÂŤ garantie pour l’emploi Âť. Il s’agit GÂśXQH DLGH DX[ UpJLRQV DÂżQ TXÂśHOOHV puissent proposer Ă chaque jeune europĂŠen sans travail ni formation depuis quatre mois une offre d'emploi, de formation ou de stage de qualitĂŠ. Plus rĂŠcemment, les ministres allemands et français du travail ont lancĂŠ une initiative visant Ă orienter les crĂŠdits de la Banque europĂŠenne d’investissement vers des entreprises s’engageant Ă embaucher des jeunes. Mais l’outil principal de la Commission europĂŠenne et de nombreux pays europĂŠens reste une politique gĂŠnĂŠrale de lutte contre le chĂ´mage, qui vise surtout le dĂŠveloppePHQW GH OD Ă€H[LELOLWp GH OÂśHPSORL HW GHV VDODLUHV 2U QRXV VDYRQV TXH FHWWH Ă€H[LbilitĂŠ ne rĂŠduit pas le taux de chĂ´mage : elle prĂŠcarise les populations les plus fragiles comme les jeunes, les femmes HW OHV QRQ TXDOLÂżpV L’alternative est de mettre en place des politiques dites de relance. Elles agissent au niveau macroĂŠconomique et non au niveau du seul marchĂŠ de l’emploi, et cherchent Ă augmenter la demande adressĂŠe aux entreprises en faisant croĂŽtre les salaires et la dĂŠpense publique. On ne peut cependant se

contenter d’une relance quantitative. La crise est aussi climatique, et les solutions pour en sortir doivent initier la transition ĂŠcologique. Cela n’est pas une contrainte coĂťteuse, mais bien une chance, en particulier pour l’emploi des jeunes. L’association NĂŠgaWatt1 vient d’estimer l’impact sur l’emploi de son scĂŠnario 2011-2050 de transition ĂŠcologique alliant la sobriĂŠtĂŠ ĂŠnergĂŠWLTXH OÂśHIÂżFDFLWp HW OH GpYHORSSHPHQW des ĂŠnergies renouvelables. Au total, ce scĂŠnario gĂŠnĂŠrerait 235 500 emplois de plus en 2020 par rapport Ă la poursuite des tendances actuelles, et 632 000 emplois en plus en 2050. Ces emplois seront une opportunitĂŠ pour les jeunes qui sont pourvus, au contraire des salariĂŠs plus âgĂŠs et expĂŠrimentĂŠs, de compĂŠtences principalement gĂŠnĂŠrales, et donc transfĂŠrables. Le solde positif de ce scĂŠnario est remarquable car il est obtenu non pas en cherchant des politiques de croissance ĂŠconomique, mais seulement en engageant la transition ĂŠcologique. Cela rompt avec l’idĂŠe que la sortie de crise passera nĂŠcessairement par la croissance ĂŠconomique. La sortie de crise passera SDU OD GpÂżQLWLRQ GÂśXQ QRXYHDX SURMHW GH sociĂŠtĂŠ alliant une meilleure rĂŠpartition des richesses, une transition ĂŠcologique et un renouveau dĂŠmocratique, et dans ce projet les jeunes auront un rĂ´le central. Peu importe si la mise en Ĺ“uvre de ce projet conduit Ă la croissance 3 ĂŠconomique ou pas.


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L’âge de faire n° 76 t juin 2013

baromètre > Le BrÊsil annule les dettes

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Dilma Rousseff, prĂŠsidente du BrĂŠsil, a annoncĂŠ la renĂŠgociation ou l’annulation par le gouvernement brĂŠsilien de la dette bilatĂŠrale de 12 pays africains, un geste qui engage une somme de 900 millions de dollars. Cette mesure va profiter principalement Ă la RĂŠpublique dĂŠmocratique du Congo, qui doit 352,6 millions de dollars au BrĂŠsil, et Ă la Tanzanie, dont la dette s’Êlève Ă 237 millions de dollars. Leurs dettes vont ĂŞtre renĂŠgociĂŠes tout comme celle de la Zambie (113,4 millions de dollars).

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> Les nanomatĂŠriaux toxiques Une administration indĂŠpendante amĂŠricaine (National Institute for Occupational Safety and Health) vient de mettre en ĂŠvidence dans le cadre d’une grande ĂŠtude menĂŠe sur des rongeurs que les nanomatĂŠriaux ĂŠtaient toxiques pour les voies respiratoires. En France, les industriels sont tenus, depuis janvier, de prĂŠciser si leurs produits contiennent des nanoparticules. On retrouve celles-ci dans des produits de grande consommation, comme les crèmes solaires. Leur nombre est en pleine expansion.

> Trafic de radioactivitÊ Des dÊchets radioactifs sous forme de roches ont ÊtÊ dÊcouverts le 9 avril par les douaniers du port d'Alger. Ils Êtaient stockÊs dans des conteneurs en provenance de Chine, ayant fait escale à Malte, et dont le navire battait pavillon antiguais. Les enquêteurs travailleraient sur la piste d’un rÊseau international, qui transporterait puis disperserait sur le continent africain des substances radioactives produites dans des pays dÊveloppÊs, a indiquÊ 4 le Soir d’AlgÊrie.

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Pratiques EthnovĂŠtĂŠrinaires: soigner par les plantes

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UN LAIT PLUS SAIN POUR UN FAIBLE COÛT $LQVL OHV pOHYHXUV GH YDFKHV ODLWLqUHV TXL XWLOLVHQW GHV UHPqGHV WUDGLWLRQQHOV SRXU VRLJQHU OHXUV YDFKHV HW REWHQLU XQ ODLW SOXV VDLQ REWLHQQHQW GH ERQV UpVXOWDWV SRXU XQ FR€W WUqV IDLEOH (Q HIIHW OHV SODQWHV PpGLFLQDOHV VH UHQFRQWUHQW GDQV OœHQWRXUDJH GLUHFW GHV PDLVRQV GDQV OHV MDUGLQV HW OHV KDLHV (OOHV VRQW GLVSRQLEOHV JUDWXLWHV HW QH FR€WHQW TXH OH WHPSV QpFHVVDLUH j OHXU UpFROWH HW j OD SUpSDUDWLRQ GHV UHPqGHV /D FDPRPLOOH HVW XWLOLVpH HQ DQWL LQÀDPPDWRLUH HW DQWLPLFURELHQ OœDORH YHUD D GHV YHUWXV FLFDWULVDQWHV OHV FORXV GH JLURÀHV VRQW DQWL LQÀDPPDWRLUHV DQWLPLFURELHQV DQDOJpVLTXHV /œHXFDO\SWXV OH SLVVHQOLW HW OœDLO VRQW DXVVL FRQQXV UHVSHFWLYHPHQW SRXU OHXUV FDUDFWpULVWLTXHV DQWLELRWLTXHV GLXUpWLTXHV HW DQWLPLFURELHQQHV /D PpGHFLQH HWKQRYpWpULQDLUH HVW SRXU FHUWDLQV SHXSOHV OD VHXOH RSWLRQ SRXU PDLQWHQLU OHXUV DQLPDX[ HQ ERQQH VDQWp TXDQG LOV QœRQW SDV RX SHX DFFqV j OD PpGHFLQH YpWpULQDLUH FRQYHQWLRQQHOOH 'DQV XQ FRQWH[WH GDQV OHTXHO LO QœHVW SDV GHPDQGp DX[ DQLPDX[ OHV PrPHV SHUIRUPDQFHV SURGXFWLYHV TXH GDQV XQ V\VWqPH GH SURGXFWLRQ LQWHQVLI OD PpGHFLQH WUDGLWLRQQHOOH SHXW SDUIDLWHPHQW UpSRQGUH DX[ EHVRLQV GH OœpOHYDJH ,O QœHVW SDV TXHVWLRQ GH UHMHWHU XQH PpGHFLQH SRXU XQH DXWUH GDQV OD PHVXUH R HOOHV VRQW VRXYHQW FRPSOpPHQWDLUHV (Q RXWUH OHV SODQWHV PpGLFLQDOHV UHSUpVHQWHQW XQH VROXWLRQ LQWpUHVVDQWH IDFH DX[ pYHQWXHOV ULVTXHV GH SpQXULH GHV PpGLFDPHQWV GH V\QWKqVH TXH FH VRLW SRXU GHV SUREOqPHV GH WUDQVSRUW GH EORFDJHV FRPPHUFLDX[ YRLUH j SOXV ORQJ WHUPH GH FR€W GX SpWUROH

AVSF, extrait d'Habbanae n°107, mars 2013

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Bangladesh : le casse-tête de l’eau potable

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A la demande des Amis de la Terre, plusieurs chaines de supermarchÊs Êtasuniennes, reprÊsentant environ 2 000 points de vente, se sont engagÊes à ne pas vendre de saumon gÊnÊtiquement modifiÊ, si celui-ci est autorisÊ à la vente. La Food and Drug Administration devrait prendre sa dÊcision  dans les tous prochains mois   a dÊclarÊ la sociÊtÊ AquaBounty,  fabricante  du saumon en question.

A partir du reportage de FrĂŠdĂŠrique Zingaro, Li Jing Jing, et BenoĂŽt Guivellic, 2010, Ă voir sur chine.aujourdhuilemonde.com

Š LES REPORTERS SOLIDAI

> USA : les saumons mutants

En Chine, on tente de remplacer les abeilles

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> Un colosse de bois et de paille Le plus haut immeuble en bois et paille d’Europe est en construction à Saint-DiÊ-des-Vosges, en Lorraine. Pour construire ses 8 niveaux et ses 26 logements, il a fallu 950 m3 de bois et 500 m3 de paille. A l’origine du projet, la sociÊtÊ Le toit vosgien s'est fait une spÊcialitÊ de la construction d'immeubles passifs ou basse consommation. Le coÝt annuel pour le chauffage, la fourniture d'eau chaude et les ventilations devrait s'Êtablir, hors maintenance, à 90 euros par appartement.

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Thibault Simonet et Fabienne Thiry www.lesreporterssolidaires.org


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L’âge de faire n° 76 t juin 2013

dugrainĂ moudre En Allemagne, des ĂŠconomistes relancent le dĂŠbat sur la semaine de 30 heures

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es ĂŠconomistes allemands ont lancĂŠ un appel en fĂŠvrier dernier, dans lequel ils prĂŠconisent la semaine de 30 heures sans diminution de salaire pour retrouver le plein emploi. Š /H FK{PDJH D DWWHLQW HQ (XURSH XQ QLYHDX LQVXSSRUWDEOH ÂŞ ĂŠcrivent-ils dans une lettre ouverte adressĂŠe aux directions des V\QGLFDWV GHV SDUWLV HW GHV pJOLVHV Š /H FK{PDJH GHV MHXQHV TXL dans certains pays dĂŠpasse 50 % est particulièrement effrayant. Aujourd’hui en Allemagne, si nous incluons les employĂŠs travaillant Ă temps partiel de manière contrainte, environ six milOLRQV GH SHUVRQQHV VRQW DX FK{PDJH RX VRQW VRXV HPSOR\pHV ÂŞ poursuivent les ĂŠconomistes. 'ÂśXQ DXWUH F{Wp LOV IRQW YDORLU TXH Š OHV VDODULpV GRLYHQW DVVXPHU un surcroĂŽt de travail‌près d’un million de travailleurs pauvres font aujourd’hui des semaines de 50 heures et plus pour gagner XQ UHYHQX LQVXIÂżVDQW SRXU YLYUH ÂŞ Face Ă ce constat, les signataires de l’appel sont convaincus qu’ une rĂŠduction du temps de travail Ă 30 heures par semaine est nĂŠcessaire et urgente. Le temps de travail moyen en Allemagne est de toute façon aujourd’hui dĂŠjĂ en moyenne de 30 heures par semaine, mais le travail est rĂŠparti de manière inĂŠgale. L’exigence d’une semaine Ă 30 heures prend en compte toutes

les formes de rĂŠduction envisageables (allongement des congĂŠs payĂŠs, sortie plus prĂŠcoce de la vie active, annĂŠes sabbatiques). Cette revendication est Ă poser pour tous les ĂŠtats europĂŠens car OH FK{PDJH GH PDVVH HVW SDUWRXW SUpVHQW ÂŞ Pour les ĂŠconomistes, seule une rĂŠduction collective du temps de travail Ă 30 heures, Ă un niveau macroĂŠconomique, constitue ÂŤ une clĂŠ dĂŠcisive, si ce n’est la plus importante, pour la perspective d’un plein emploi. Âť InvitĂŠ Ă s’exprimer sur la proposition des ĂŠconomistes allemands, Didier Porte, secrĂŠtaire confĂŠdĂŠral Ă Force Ouvrière, estime que ÂŤ l’approche du temps de travail n’est pas mĂŠcanique. On a toujours dit que 1+1 ne fait pas deux. Si par exemple une entreprise a besoin d’un temps plein, on s’aperçoit que si on divise ce temps plein par deux, on ne va pas forcĂŠment retrouver mathĂŠmatiquement dans les deux mi temps, l’Êquivalent du temps plein. Pour nous le partage du travail est le partage de la misère Âť.

UN DÉSASTRE EN PRÉPARATION En prĂŠsentant le projet CigĂŠo comme sĂťr, l’Andra (Agence nationale pour la gestion des dĂŠchets radioactifs) occulte les ĂŠtudes indĂŠpendantes qui montrent que tous les enjeux de sĂťretĂŠ n’ont pas ĂŠtĂŠ pris en compte. Le projet CigĂŠo (Centre industriel de stockage gĂŠologique) est destinĂŠ Ă accueillir les dĂŠchets les plus radioactifs, qui pour certains resteront radioactifs pendant plusieurs millions d’annĂŠes. Mais sur de si longues pĂŠriodes, qui peut avoir la prĂŠtention de garantir la stabilitĂŠ du sous-sol ? 4XL SRXUUD SUpYHQLU GÂśpYHQWXHOOHV LQÂżOtrations d’eau comme cela s’est produit sur le site d’Asse, en Allemagne, pourtant prĂŠsupposĂŠ stable et ĂŠtanche et dĂŠjĂ envahi par des mètres cubes d’eau, conduisant Ă la remontĂŠe en surface de la radioactivitĂŠ ? La soi-disant ÂŤ rĂŠversibilitĂŠ Âť est un leurre : si un problème survient d’ici quelques siècles, il sera tout simplement impossible de rĂŠcupĂŠrer les dĂŠchets et de contenir la radioactivitĂŠ. Le dĂŠbat public qui a commencĂŠ mi-mai n’est pas destinĂŠ Ă remettre en question le projet. Cette procĂŠdure

DP : La solution, c’est la relance de l’activitÊ Êconomique par l’augmentation du pouvoir d’achat. Si on ne consomme pas, on QH SURGXLW SDV ,O IDXW UHFRQVWUXLUH XQH ¿OLqUH LQGXVWULHOOH HW UHODQcer les grands travaux, comme les lignes TGV. En France, on crÊÊ des emplois quand on dÊpasse 1,5 point de croissance.

Vous prônez la croissance alors que le modèle Êconomique actuel nous conduit dans le mur.

DP : De toute façon on va continuer Ă construire des voitures et des machines Ă laver mais en tenant compte du dĂŠveloppement durable Didier Porte : Quand on est passĂŠs des 39 aux 35 heures, l’augmenta- et des recherches menĂŠes dans ce domaine. Il faut se donner les tion du salaire horaire a ĂŠtĂŠ de 12,7 %. Elle a ĂŠtĂŠ compensĂŠe pour moyens dans la production industrielle de respecter les normes Propos recueillis par Nicole Gellot OHV VDODULpV SDU GDYDQWDJH GH Ă€H[LELOLWp GHV SDXVHV VXSSULPpHV XQH environnementales.

Le dÊbat truquÊ sur l’enfouissement des dÊchets

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Quelles solutions pour crÊer de l’emploi ?

Quel bilan du passage aux 35 heures en France ?

NuclÊaire :

e dĂŠbat public sur CigĂŠo, le projet d’installation destinĂŠe Ă l’enfouissement des dĂŠchets nuclĂŠaires Ă 500 mètres sous terre, a commencĂŠ le 15 mai et se terminera le 15 octobre Ă Bure, dans la Meuse. Pour le RĂŠseau Sortir du nuclĂŠaire, ce n’est qu’une mascarade et une vaste entreprise de communication destinĂŠe Ă mieux imposer l’enfouissement des dĂŠchets pour permettre la poursuite du nuclĂŠaire. Aux F{WpV GH QRPEUHXVHV DVVRFLDWLRQV ORcales, le RĂŠseau Sortir du nuclĂŠaire appelle au boycott de ce dĂŠbat.

polyvalence demandÊe, un blocage des salaires. Ce sont les salariÊs qui se sont payÊs leurs 35 heures et revenir dessus, ce serait la  double peine . Aujourd’hui, l’opposition remet en cause les 35 heures. Pourtant ils les ont amÊnagÊes avec des dÊrogations, des accords d’entreprises qui permettent de travailler de 39 à 40 heures, du fait des heures supplÊmentaires.

Colo sans textos ?

constitue avant tout une opĂŠration de communication destinĂŠe Ă marteler que l’enfouissement est ÂŤ LA Âť solution au problème des dĂŠchets et que l’Andra maĂŽtrise tous les risques !

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UNE VASTE OPÉRATION DE COMMUNICATION Il n’y a qu’à lire le dossier de presse de l’Andra sur le dÊbat pour s’en apercevoir. Elle n’est pas non plus destinÊe à poser la question majeure, celle de la production des dÊchets. Imposer cette poubelle nuclÊaire est avant tout un moyen pour l’État et l’industrie nuclÊaire de faire croire à la maÎtrise des dÊchets, D¿Q GH SRXYRLU SRXUVXLYUH OD SURGXFWLRQ d’ÊlectricitÊ nuclÊaire le plus longtemps possible.

SIMULACRE DE DÉMOCRATIE Le nuclĂŠaire s’est toujours imposĂŠ par la force et les dĂŠbats publics sur le sujet ne sont qu’un leurre. En 2005, les conclusions d’un prĂŠcĂŠdent dĂŠbat prĂŠconisaient de ne pas enfouir les dĂŠchets. Un an après, la loi votĂŠe est allĂŠe Ă l’encontre de ces prĂŠconisations, prĂŠsentant cette option comme la seule solution ! En 2013, tout laisse penser que notre parole ne sera pas mieux entendue. Dernière ĂŠtape avant la phase industrielle du projet, ce nouveau dĂŠbat n’est qu’un simulacre de dĂŠmocratie pour faire croire que les citoyens ont ĂŠtĂŠ consultĂŠs. $X[ F{WpV GH QRPEUHXVHV DVVRFLDWLRQV locales, le RĂŠseau Sortir du nuclĂŠaire dĂŠnonce cette imposture oĂš ÂŤ l’important, c’est de participer Âť. Il n’existe qu’une solution au problème des dĂŠchets : arrĂŞter d’en produire au plus vite. NuclĂŠaire : de la mine aux dĂŠchets, nous sommes tous concernĂŠs !

bonnesfeuilles... dechoux luJoduarnnasllede la CCAS

La parole au RĂŠseau

Sortir du nuclĂŠaire

A propos du dĂŠbat public autour du projet CigĂŠo prĂŠvu Ă Bure, Ă la limite de la Meuse et la Haute-Marne. Y seraient stockĂŠs Ă terme, sur 15  km2, Ă 500 mètres de profondeur, 80 000 m3 de dĂŠchets radioactifs, dont 10 000 m3 de dĂŠchets dits ÂŤÂ Ă haute activitĂŠÂ Âť. Certains d’entre eux, tels que le neptunium 237, ont des durĂŠes de vie très longues (environ 2 millions d'annĂŠes).

C’est, selon une rĂŠcente ĂŠtude menĂŠe par l’Arcep (AutoritĂŠ de rĂŠgulation des communications ĂŠlectroniques et des postes), le nombre de SMS qu’envoie un adolescent par jour. Soit‌ 2 500 par mois ! Quand on sait que les 16-17 ans sont ĂŠquipĂŠs Ă 95 % (49 % pour les 12-13 ans), on prend la mesure de la forte utilisation que font les jeunes des nouveaux modes de communication. Et des mutations que cela implique quand ils quittent leur famille pour trois semaines, le temps d’un sĂŠjour en colo. [‌] ÂŤ Les parents sont souvent les premiers acteurs de l’achat de tĂŠlĂŠphone mobile : c’est un moyen de contrĂ´ler, de sĂŠcuriser l’enfant, quand ce dernier en a besoin Âť, assure Fabienne FrĂŠmeaux, psychologue sociale. Quand il ne s’agit pas de rassurer en premier lieu des adultes angoissĂŠs : ÂŤ Il y a une vraie inquiĂŠtude qui pourrait s’expliquer sociologiquement. J’ai très nettement vu un pic lors de ÂŤ l’affaire Dutroux Âť par exemple. Comme si le tĂŠlĂŠphone mobile permettait de dĂŠceler un problème Âť, expose Armand de Soto, thĂŠrapeute et mĂŠdiateur familial qui encadre ĂŠgalement pour la CCAS [Caisse centrale d’activitĂŠs sociales, Ndlr] des sĂŠjours de vacances pour enfants. ÂŤ Les enfants partagent le moindre petit coup de blues avec leurs parents qui ne voient plus que ça. ConsĂŠquence : ces derniers veulent

venir les chercher. C’est très ÂŤ polluant Âť lors de sĂŠjours Âť analyse Dina Bogos-Helfer, mĂŠdecinconseil au service de santĂŠ de la CCAS. Le lien, la retenue qu’instaurent le tĂŠlĂŠphone mobile et les rĂŠseaux sociaux ne peuvent constituer qu’un ÂŤ frein Âť Ă cette libertĂŠ de grandir en dehors de la cellule familiale. [‌]

ÂŤUNE FENĂŠTRE DE COMMUNICATIONÂť Pareillement confrontĂŠ Ă ce phĂŠnomène, FrĂŠdĂŠric Rosmini, prĂŠsident des Vacances LĂŠo-Lagrange, anticipe : ÂŤ On peut imaginer des sĂŠjours Ă thème ÂŤ sans portable Âť ! Âť Avec dans l’idĂŠe de contrer ce qui s’apparente Ă une vĂŠritable ÂŤ addiction Âť. Pour transmettre de bonnes pratiques, encore faut-il que les jeunes animateurs ne soient pas eux-mĂŞmes ÂŤ accros Âť de ces moyens de communication. Armand de Soto, lui, a pris le parti lors de sĂŠjours de bannir les tĂŠlĂŠSKRQHV PRELOHV DX SURÂżW GÂśXQH ÂŤ fenĂŞtre de communication Âť ouverte quotidiennement. Le prinFLSH j KHXUH Âż[H HW j WRXU GH U{OH les enfants ont la possibilitĂŠ d’appeler leurs parents depuis le tĂŠlĂŠphone du centre. Toute une organisation, concertĂŠe avec les principaux intĂŠressĂŠs, qui a le mĂŠrite de satisfaire la majoritĂŠ. Anne-AurĂŠlie Morell, Journal de la CCAS (Caisse centrale d’activitĂŠs sociales des salariĂŠs des industries ĂŠlectriques 5 et gazières), n°341


s avo i r ‡ En Bref ¸ RĂŠpit pour les forĂŞts

indonĂŠsiennes ?

Le prĂŠsident indonĂŠsien, Susilo Bambang Yudhoyono, a annoncĂŠ, le 15 mai, la reconduction pour deux ans du moratoire pris en 2011 sur l'exploitation des forĂŞts primaires et des tourbières. 43 millions d’hectares sont concernĂŠs. Un revers pour les industries de l’huile de palme, dont l’IndonĂŠsie est le premier producteur. Les associations environnementales et les Nations Unies dĂŠnoncent cependant les nombreuses dĂŠrogations qui ont ĂŠtĂŠ accordĂŠes depuis 2011.

¸ La bière sans gaz‌ de schiste ! Dans une lettre envoyĂŠe aux ministres d’Angela Merkel, la fĂŠdĂŠration "BrauerBund", qui regroupe la majoritĂŠ des brasseurs allemands, demande que le projet de loi prĂŠsentĂŠ en fĂŠvrier, et destinĂŠ Ă rĂŠguler l'usage de la fracturation hydraulique, soit repoussĂŠ. Les brasseurs estiment que cette mĂŠthode d'extraction – susceptible de polluer les nappes phrĂŠatiques – pourrait menacer leurs ressources en eau et, en bout de chaĂŽne, la qualitĂŠ de la bière.

lesaviezvous ? &P†AC ?S AGCJ AMSTCPR

en ce printemps 2013, près de

9 nappes phrĂŠatiques sur 10 affichent des taux de PCKNJGQQ?EC Â?E?SV TMGPC supĂŠrieurs Ă la normale.

L’an dernier, à la même pÊriode, moins de la moitiÊ des nappes atteignait la normale.

¸ ,?J?BC BCQ NCQRGAGBCQ

La Russie va Êvacuer d'urgence les 16 personnes occupant sa station polaire installÊe sur la banquise du Pôle Nord, en raison de la fonte anormale des glaces, a annoncÊ fin mai le ministère russe des Ressources naturelles et de l'Ecologie. Cette dÊcision s'explique par  un dÊveloppement anormal de processus naturels dans le bassin Arctique qui a abouti à la destruction des champs de glace autour de la station  a-t-il indiquÊ. Naturel, le 6 rÊchauffement climatique ?

Suite à l’effondrement du Rana Plaza, au Bangladesh, une trentaine de marques ont signÊ un accord sur la sÊcuritÊ dans les usines textiles. Le point avec DorothÊe Kellou, du collectif Ethique sur l’Etiquette. Recueilli par Nicole Gellot

Q

uand nous achetons un tee-shirt Ă quelques euros, une robe chic et (pas) chère, ou un jean, que savons-nous des conditions imposĂŠes aux ouvriers par les fournisseurs locaux des marques de prĂŞt-Ă -porter ? Depuis l’effondrement du Rana Plaza, qui a fait plus de 1 100 morts le 24 avril Ă Dacca, au Bangladesh, il n’est plus possible d’ignorer les graves violations des droits des travailleurs pratiquĂŠes dans ce pays et quelques autres. Entretien avec DorothĂŠe Kellou, de l’association Peuples Solidaires, pour le collectif Ethique sur l’Etiquette.

Comment expliquer qu’un drame comme celui du Rana Plaza, au Bangladesh, qui a fait plus d’un KGJJGCP BC KMPRQ N?PKG JCQ MSTPGÂŒPCQ BS RCVRGJC puisse se produire ? DorothĂŠe Kellou : Il y a un vĂŠritable boum de l’industrie textile au Bangladesh. Les usines se sont construites très rapidement et ne rĂŠpondent pas aux normes. Les mesures de sĂŠcuritĂŠ n’ont pas ĂŠtĂŠ mises en place. Le Bangladesh a 20 inspecteurs pour 5 000 usines... Face aux incendies Ă rĂŠpĂŠtition, des organisations (1) ont dĂŠveloppĂŠ depuis 2008 un Accord sur la prĂŠvention des incendies et la sĂŠcuritĂŠ au Bangladesh. On demande que des inspections indĂŠpendantes soient menĂŠes dans les usines qui fournissent les multinationales, et qu’elles fassent l’objet de rapports publics. L’accord exige qu’en fonction de ces rapports, les entreprises rompent leur contrat, imposent des rĂŠparations et maintiennent les salaires pendant les travaux. Ce sont essentiellement les multinatioQDOHV TXL FRQWULEXHURQW ÂżQDQFLqUHPHQW DX[ rĂŠparations dans les usines.

La veille du drame du Rana Plaza, les ouvriers avaient quittÊ les ateliers en raison de fissures apparues dans les piliers du bâtiment, mais ils ont ÊtÊ contraints de regagner leur poste de travail.

La situation dĂŠcrite en 1989 par Amirul Haque KGL QWLBGA?JGQRC @?LEJ?BCQFG ? R CJJC Â?TMJSÂ? #?LQ JÂłMSTP?EC $AF?LECMLQ Â?OSGR?@JCKCLR PRG-

le salaire qui est passĂŠ de 17 Ă 30 euros, ce qui est le salaire minimum lĂŠgal au Bangladesh. Mais le salaire minimum ÂŤ vital Âť est de 50 euros.

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Quels sont les degrĂŠs de responsabilitĂŠ ? DK : Les marques exercent une pression

A ce jour, 31 marques ont signĂŠ l’accord. Est-ce dĂť „ TMQ ?NNCJQ CR NÂ?RGRGMLQ DK : Suite aux nĂŠgociations que nous avions menĂŠes avec diffĂŠrentes marques, Tchibo et 39+ &DOYLQ .OHLQ HW 7RPP\ +LOÂżJHU avaient acceptĂŠ de signer l’accord. Mais pour nous, il fallait davantage d’entreprises signataires, pour que cela couvre le parc de sous-traitants au Bangladesh. Ensuite, H&M HW ,QGLWH[ =DUD RQW ÂżQL SDU VLJQHU SRXU SUpserver leur image. C’est le rĂŠsultat des appels urgents et des pĂŠtitions que nous avons lancĂŠs suite Ă l’incendie du Rana Plaza - on a obtenu en tout un million de signatures. D’autres marques ont alors suivi (C&A, Tesco, Marks & Spencer, Primark, El Corte InglĂŠs, Hess Natur, jbc, Mango, Carrefour, KiK, Helly Hansen, G-Star, Aldi, New Look, Next, Mothercare, Loblaws, Sainsbury’s, Benetton, N Brown Group, Stockmann, WE Group, Esprit, Rewe, Lidl, Switcher et Abercrombie&Fitch), ce qui permet Ă l’accord de s’appliquer dans plus de 1 000 usines au Bangladesh. Carrefour est Ă ce jour la seule marque française Ă s’être engagĂŠe. On regrette que Gap et Walmart n’aient pas encore signĂŠ. Tout comme le français Auchan, sollicitĂŠ après que des ĂŠtiquettes de sa marque ÂŤ In Extenso Âť ont ĂŠtĂŠ retrouvĂŠes dans les dĂŠcombres du Rana Plaza.

Q?LQ BS KMLBC GJ �TMOS?GR J³GLQ?JS@PGR� BC l’usine, ses portes fermÊes, l’absence de contrat BC RP?T?GJ DK : Non, la situation n’a pas ÊvoluÊ, à part

‡ 1 - Peuples Solidaires, le Collectif Ethique sur l’Êtiquette, leurs partenaires europÊens de la Clean Clothes Campaign, l’ONG amÊricaine Workers Rights Consortium et les syndicats internationaux IndustriALL et UNI.

constante sur les fournisseurs et leur imposent des dĂŠlais courts de fabrication, des prix très bas, et donc des salaires indĂŠcents qui maintiennent la population dans une grande prĂŠcaritĂŠ. Le gouvernement a sa part de responsabilitĂŠ car il est prĂŞt Ă toutes les concessions. Les lois qui protègent les droits des travailleurs au Bangladesh existent, mais elles sont bafouĂŠes. Il n’y a pas de libertĂŠ syndicale et la durĂŠe de la journĂŠe de travail n’est pas respectĂŠe.

Qu’en est-il de la responsabilitĂŠ du consommateur ? Vous n’appelez pas au boycott des marques  ? DK : On appelle le consommateur Ă faire

E

pression en signant des appels urgents et des pĂŠtitions. On a lancĂŠ une campagne au Cambodge pour que les ouvrières aient droit Ă un salaire vital. Les travailleuses s’Êvanouissaient car elles ĂŠtaient sous-alimentĂŠes, n’ayant pas les moyens de se nourrir convenablement. On n’appelle pas au boycott d’une marque, car les travailleurs ont besoin d’un revenu. Ils risqueraient de perdre leur emploi et de se trouver dans une situation encore plus prĂŠcaire. La seule ĂŠventualitĂŠ serait un appel au boycott souhaitĂŠ par les travailleurs. C’est arrivĂŠ une fois en Birmanie, il y a plusieurs annĂŠes, pour la marque de sousvĂŞtements Triomphe.

0SCJQ QMLR JCQ N?WQ MÂœ JCQ BPMGRQ BCQ MSTPGCPQ CR BCQ MSTPGÂŒPCQ QMLR N?PRGASJGÂŒPCKCLR @?DMSÂ?Q DK : Le Bangladesh est le pays qui a la main d’œuvre la moins chère du monde. On peut dire que c’est le pire pour les conditions de travail et de sĂŠcuritĂŠ. Il y aussi le Pakistan, oĂš un incendie dans une usine en septembre 2012 a fait 300 morts. Dans d'autres pays, comme l'IndonĂŠsie et le Sri Lanka, on rencontre aussi de graves abus.

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‡ L’appel ÂŤ Drame de Dacca, trop c’est trop Âť s’adresse aux marques qui s’approvisionnaient auprès d’une des usines du Rana Plaza, pour leur demander de prendre des mesures instaurant des conditions de travail dĂŠcentes, et de financer un fonds d’indemnisation des victimes et de leurs familles. L’appel ÂŤ Cambodge, pour un salaire vital Âť demande Ă H&M, Gap, Levi’s, et Zara d’adopter un plan d’action visant Ă verser un salaire vital et Ă amĂŠliorer les conditions de travail dans leur chaĂŽne d’approvisionnement. A signer sur peuples-solidaires.org ‡ Aucune marque de prĂŞt-Ă -porter n’a les mains propres, alors que faire  ? Lisez les ĂŠtiquettes, c’est le premier conseil que donne le collectif Ethique sur l’Êtiquette. Vous pouvez aussi interroger le personnel et les directeurs des magasins sur les conditions de fabrication des produits. Le collectif a rĂŠdigĂŠ un petit mĂŠmo et trois guides pour des achats collectifs ĂŠthiques Ă l’intention des collectivitĂŠs locales, entreprises, associations‌ A dĂŠcouvrir sur ethique-sur-etiquette.org

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Après dix ans de bataille judiciaire, le Tribunal des affaires sociales du Vaucluse a reconnu que le cancer du sang dĂŠveloppĂŠ par Jean-Marie Bony, ancien salariĂŠ d’une coopĂŠrative agricole, ĂŠtait dĂť aux manipulations de pesticides qu’il appliquait dans le cadre de son travail, de 1969 Ă 2002. La dĂŠcision du tribunal prouve le caractère professionnel de la maladie du plaignant, et condamne par consĂŠquence la MutualitĂŠ sociale agricole Ă le prendre en charge, indique l’association GĂŠnĂŠrations futures.

L’âge de faire n° 76 t juin 2013


‡ s avo i r

L’âge de faire n° 76 t juin 2013

0S?LB JCQ ?TGMLQ NPMTMOSCLR JCQ LS?ECQ Certains sont surpris par le nombre et la persistance des traĂŽnĂŠes occasionnĂŠes par les avions. Face Ă la rumeur conspirationniste, le climatologue Olivier Boucher donne des explications.

En Bref ¸ 4LC @CRRCP?TC *CX?AM Nommer les fruits et lĂŠgumes est un vrai casse-tĂŞte pour de nombreux enfants ! C’est ce que rĂŠvèle une enquĂŞte de l’Association santĂŠ environnement France (Asef). AgĂŠs de 8 Ă 12 ans, 87 % des 910 ĂŠlèves interrogĂŠs ignorent ce qu’est une betterave, et un tiers d’entre eux a ĂŠtĂŠ incapable de dĂŠsigner un poireau, une courgette, une figue ou un artichaut. L’enquĂŞte dĂŠmontre ĂŠgalement que les enfants mĂŠconnaissent l’origine des chips, du jambon et autres nuggets qui garnissent leurs assiettes.

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ÂŤ L'homme descend du songe Âť

&CMPECQ ,MSQR?IG AF?LRCSP AMKNMQGRCSP BÂ?AÂ?BÂ? CL K?G

¸ +CQ QSNCPK?PAF�Q Q³W KCRRCLR

Fabien Ginisty

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Ă oĂš enfant, on contemplait, ravi, les traĂŽnĂŠes ĂŠphĂŠmères des avions Ă rĂŠaction (pirouette, cacahuète !), aujourd’hui, de plus en plus de personnes scrutent ces traĂŽnĂŠes avec inquiĂŠtude. A l’image de Sylvie Rulekowski. Comme elle, n’avez-vous jamais constatĂŠ, en regardant le ciel, que des traĂŽnĂŠes d’avions persistaient ? Que certains jours, ces traĂŽnĂŠes s’Êtalaient jusqu’à former un ÂŤ voile Âť dans le ciel ? Aujourd’hui, au sein de l’association Ciel voilĂŠ, qu’elle a crĂŠĂŠe en 2011, elle veut ÂŤ interpeller le public Âť sur ce phĂŠnomène et ÂŤ avoir des rĂŠponses Âť. Mais les tracts et le site internet de l’association, sans jamais l’afÂżUPHU GRQQHQW GpMj HQWUH OHV OLJQHV XQH explication.

"'$,31 (+2 Les traĂŽnĂŠes persistantes ne seraient pas des traĂŽnĂŠes de condensation (contrails en anglais) ÂŤ normales Âť. De nombreuses vidĂŠos prouveraient, selon Ciel voilĂŠ, qu’il s’agit de traĂŽnĂŠes chimiques (chemtrails), dont ÂŤ l’Êpandage Âť volontaire serait rĂŠalisĂŠ Ă l’Êchelle planĂŠtaire. L’organisation en charge de ce projet n’est pas clairePHQW LGHQWLÂżpH PDLV GHV GRFXPHQWV HQ ligne font le lien avec des projets militaires amĂŠricains (bien rĂŠels). Idem pour les motivations de ces ÂŤ ĂŠpandages Âť : encore une fois, rien n’est dĂŠmontrĂŠ, mais les tracts de Ciel voilĂŠ ĂŠvoquent frĂŠquemment la gĂŠo-ingĂŠnierie, c'est-Ă -dire un ensemble de techniques visant Ă manipuler le climat Ă grande ĂŠchelle, dont certaines consistent Ă projeter des particules dans la VWUDWRVSKqUH DÂżQ GÂśDXJPHQWHU OD UpĂ€H[LRQ solaire‌ Des techniques elles aussi bien rĂŠelles sur le papier, mais qui n’ont jamais ĂŠtĂŠ mises en Ĺ“uvre Ă grande ĂŠchelle (lire l’AdF n°73). Apparue dans les annĂŠes 2000 aux EtatsUnis, la thèse conspirationniste des FKHPWUDLOV D WUDYHUVp OÂś$WODQWLTXH j OD ÂżQ des annĂŠes 2000, et fait aujourd’hui de

nombreux ĂŠmules en Europe. A tel point Comment expliquer la persistance que sur internet, quand on tape ÂŤ gĂŠoingĂŠ- de certaines traĂŽnĂŠes laissĂŠes par nierie Âť dans la barre de recherche google, les avions ? Š CC IKEWINSKI le site ÂŤ chemtrails France Âť arrive en 6e position. Mais si la thèse des traĂŽnĂŠes chimiques ne semble pas crĂŠdible, il n’en demeure pas moins que la question reste posĂŠe : ÂŤ ,O VXIÂżW GH OHYHU OHV \HX[ SRXU VÂśDSHUFHYRLU TXÂśLO \ D XQ SUREOqPH Âť, insiste Sylvie Rulekowski. Olivier Boucher, climatologue dans un laboratoire du Centre national de la recherche scientiÂżTXH &156 FRQGXLW GHV WUDYDX[ DX VXjet de l’impact de l’aviation sur le rĂŠchauffement climatique. Il connaĂŽt bien le phĂŠnomène des traĂŽnĂŠes de condensation .

9.-$2 241 2 341o$2 ÂŤ 8Q PRWHXU G DYLRQ UHMHWWH GX &22, de la vapeur d’eau, et des particules. Quand les conditions sont favorables, la vapeur G HDX pPLVH SHXW VH FRQGHQVHU HW IRUPHU XQ QXDJH GH JODFH 6L OÂśDWPRVSKqUH HVW VqFKH OHV DYLRQV QH IRQW SDV GH WUDvQpHV GH FRQGHQVDWLRQ RX DORUV OD WUDvQpH VÂśHIIDFH UDSLGHPHQW FDU OD JODFH TXL V HVW IRUPpH GHUULqUH O DYLRQ V pYDSRUH Âť, explique le climatologue, qui poursuit : ÂŤ 3DU FRQWUH TXDQG OÂśDWPRVSKqUH HVW KXPLGH OHV WUDvQpHV GHV DYLRQV YRQW SHUVLVter. Âť VoilĂ pour l’explication des traĂŽnĂŠes persistantes. Mais qu’en est-il des ÂŤ ciels voilĂŠs Âť, qui semblent ĂŞtre provoquĂŠs par le passage des avions ? ÂŤ 'DQV OD KDXWH DWPRVSKqUH HQWUH HW NLORPqWUHV GÂśDOWLWXGH Oj R SDVVHQW OHV DYLRQV OÂśDWPRVSKqUH HVW SDUIRLV VXU VDWXUpH HQ KXPLGLWp &H VRQW GHV ]RQHV R PDOJUp OD YDSHXU GÂśHDX WUqV DERQGDQWH OH QXDJH QH VH IRUPH SDV IDXWH GH Š QR\DX ÂŞ GH FRQGHQsation Âť, explique Olivier Boucher. ÂŤ 1RXV FRQQDLVVRQV PDO OHV PpFDQLVPHV TXL FRQGXLVHQW j OD IRUPDWLRQ GH FHV ]RQHV SDUIRLV WUqV pWHQGXHV 3DU FRQWUH QRXV FRPSUHQRQV ELHQ OD UpDFWLRQ SURYRquĂŠe par le passage d’un avion : la vaSHXU GÂśHDX TXÂśLO GpJDJH YD SHUPHWWUH G DFWLYHU OHV QR\DX[ H[LVWDQWV HW SURYRTXHU XQH UpDFWLRQ HQ FKDvQH VXU OD YDSHXU

‡ 1 - /?P CVCKNJC BÂł?NPÂŒQ JCQ AFGDDPCQ BMLLÂ?Q N?P J? #GPCARGML EÂ?LÂ?P?JC BC JÂł?TG?RGML AGTGJC JC LMK@PC BC TMJQ CR QSPTMJQ BC JÂłCQN?AC ?Â?PGCL DP?L‹?GQ ? BGKGLSÂ? BC CLRPC K?PQ CR K?PQ (J ?T?GR BÂ?H„ BGKGLSÂ? BC QSP JÂł?LLÂ?C NPÂ?AÂ?BCLRC

GœHDX DWPRVSKpULTXH $LQVL OH SDVVDJH d’un avion peut être à l’origine d’un voile de cirrus. 

#$2 "($+2 5.(+o2 /+42 %1o04$-32Ăľ Mais pourquoi les ciels voilĂŠs en altitude semblent-ils se multiplier ? ÂŤ ,O Q \ D SDV G REVHUYDWLRQV QL YUDLPHQW GH UDLVRQ GH SHQVHU TXH O RFFXUUHQFH GHV FLHOV YRLOpV RX GHV WUDvQpHV SHUVLVWDQWHV DXJPHQWH RX GLPLQXH ÂŞ FRPPHQWH OH VFLHQWLÂżTXH $XWUHPHQW GLW DXFXQH pWXGH QH FRQÂżUPH QL QÂśLQÂżUPH OD PXOWLSOLFDWLRQ GHV Š FLHOV YRLlĂŠs Âť. Et si cette impression venait tout simplement du fait que l’on y prĂŞte plus d’attention aujourd’hui qu’auparavant ? C’est ce que sous-entend un autre ÂŤ connaisseur Âť du ciel : Thierry Masson est pilote de ligne (lire encadrĂŠ). Depuis 25 ans qu’il parcourt le ciel europĂŠen, il n’a jamais remarquĂŠ la moindre ĂŠvolution allant dans le sens d’une augmentation des nuages ou traĂŽnĂŠes causĂŠes par les avions. Lui pense mĂŞme le contraire, et ĂŠvoque une baisse du nombre des traĂŽnĂŠes persistantes. Une diminution qui serait logique selon lui, SXLVTXH OÂśpYROXWLRQ GX WUDÂżF DpULHQ DX GHVsus de la France est Ă la baisse depuis une dizaine d’annĂŠes (1). Conclusion : qu’en est-il de l’Êvolution des traĂŽnĂŠes persistantes ? Contrairement Ă ce que l’on peut SHQVHU LO QH VXIÂżW SDV GH OHYHU OHV \HX[ RQ n’en sait rien !

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_Ăľ 0S?LB ML RP?TCPQC SLC RP?Â’LÂ?C BC AMLBCLQ?RGML J?GQQÂ?C N?P SL AMJJÂŒESC AÂłCQR CV?ARCKCLR AMKKC QG ML RP?TCPQ?GR SL LS?EC Ăľd 3FGCPPW ,?QQML CQR NGJMRC BC JGELC B?LQ SLC EP?LBC AMKN?ELGC ?Â?PGCLLC NPÂŒQ ?LQ BC A?PPGÂŒPC QMGR Ăľ FCSPCQ N?QQÂ?CQ „ IGJMKÂŒRPCQ ?S BCQQSQ BC JÂł$SPMNC JCQ RP?Â’LÂ?CQ BC AMLBCLQ?RGML DMLR N?PRGC BC Q? PMSRGLC _Ăľ#?LQ BCQ A?Q ACQ RP?Â’LÂ?CQ QMLR GLTGQG@JCQ A?P JÂł?RKMQNFÂŒPC CQR RPMN QÂŒAFC NMSP OSC JÂłC?S Â?KGQC N?P JCQ PÂ??ARCSPQ QC AMLBCLQC ,?GQ KÂŽKC GLTGQG@JCQ JCSP RP?TCPQÂ?C OSG BSPC CL EÂ?LÂ?P?J „ QCAMLBCQ CLRP?Â’LC BC RPÂŒQ JÂ?EÂŒPCQ RSP@SJCLACQ SL KMSTCKCLR BC PMSJC?S "C BCPLGCP CQR JGÂ? ?S BÂ?NJ?ACKCLR BCQ K?QQCQ BÂł?GP A?SQÂ?CQ N?P JÂł?TGML „ JÂłMPGEGLC BC J? RP?Â’LÂ?C 0S?LB ML KMLRC „ Ăľ KÂŒRPCQ J? T?NCSP BÂłC?S OSG QMPR „ Ă " QC RP?LQDMPKC CL APGQR?SV BC EJ?AC ?S AMLR?AR BC JÂł?GP OSG ?RRCGLR JCQ Ă " d

L’ enseigne Franprix livre quotidiennement par voie fluviale, des produits alimentaires dans une centaine de magasins, Ă Paris et Boulogne-Billancourt. Chaque jour, ce sont 20 km parcourus du Port de Bonneuil-sur-Marne (94) au Port de la Bourdonnais (Paris 7ème), 450 palettes de marchandises acheminĂŠes ainsi que 26 conteneurs. Le transport fluvial occasionne une consommation ĂŠnergĂŠtique trois fois moindre que celle d’un poids lourd sur une mĂŞme distance.

¸ +CQ NÂ?RPMJGCPQ B?LQ J? EJ?GQC Shell, BP, et le norvĂŠgien Statoil se sontils rendus coupables de manipulation des prix, au dĂŠtriment des consommateurs? C’est ce que tente de dĂŠterminer la Commission europĂŠenne, qui a procĂŠdĂŠ le 15 mai Ă des perquisitions dans les bureaux des gĂŠants pĂŠtroliers.

¸ _ (LAGBCLR d LSAJÂ??GPC ?S )?NML Laboratoire de physique nuclĂŠaire de Tokaimura, Ă 120 km au nord de Tokyo, sur la cĂ´te Pacifique. Jeudi 23 mai, 30 chercheurs ont ĂŠtĂŠ exposĂŠs Ă des radiations ÂŤ lors d'un incident dans un laboratoire nuclĂŠaire Âť a annoncĂŠ l’agence japonaise de l’ Ênergie atomique (JAEA), 4 jours après les faits. L 'exposition aux radiations s'est produite pendant une expĂŠrience, ÂŤ Ă cause d'une surchauffe provoquĂŠe apparemment par des problèmes techniques Âť a expliquĂŠ la JAEA. Toujours selon les fonctionnaires, les doses reçues reprĂŠsentent ÂŤ un peu plus que l'ĂŠquivalent d'un examen radiologique Âť.

¸ +C JMSN _ PÂ?ESJÂ? d 24 loups maximum pourront ĂŞtre abattus l'an prochain, selon un arrĂŞtĂŠ signĂŠ mi-mai. Associations ĂŠcologistes et ĂŠleveurs de moutons s’Êtaient entendus en mars sur ce chiffre, qui est plus du double du plafond actuel (11 pour 2012-13). Depuis son retour dans les annĂŠes 90, le nombre de loups (250 aujourd’hui) est en croissance constante, ce qui explique la multiplication des attaques de troupeaux (5 848 bĂŞtes tuĂŠes en 2012, 7 contre 2 680 en 2008).


co m p re n d re

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L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Aux sources du commerce ĂŠquitable

En France, le mouvement doit ses origines au rĂŠseau Artisans du monde, nĂŠ d’actions de solidaritĂŠ avec le Bangladesh, et Ă la coopĂŠrative Andines, qui veut rĂŠhabiliter le mĂŠtier de commerçant. Deux acteurs mis en difficultĂŠ par la grande distribution. Lisa Giachino

1971

RavagĂŠ par les inondations et la guerre civile, le Pakistan oriental accède Ă l’indĂŠpendance et devient le Bangladesh. En France, suite Ă un appel de l’abbĂŠ Pierre, une cinquantaine de comitĂŠs communaux se forment pour soutenir les habitants du nouveau pays. Ils VRQW ÂżQDQFpV SDU XQ LPS{W YRORQWDLUH SDU OD rĂŠcup’ d’objets mis au rebut, par la vente de produits du ÂŤ tiers-monde ‌ L’artisanat ÂŤ exotique Âť permettant de sensibiliser un public plus large, des relations se nouent avec des producteurs d’Asie, d’Afrique ou d’AmĂŠrique latine : c’est la naissance, en France, de ce que l’on nommera plus tard ÂŤ commerce ĂŠquitable Âť. L’Ucojuco (Union des comitĂŠs jumelage coopĂŠration) fĂŠdère le mouvement et ouvre en 1974, Ă Paris, la première boutique Artisans du monde. PortĂŠ par une nouvelle gĂŠnĂŠration de militants, dont la vision politique se dĂŠmarque de l’approche plus caritative des fondateurs, Artisans du monde devient indĂŠpendant en 1975. Près de trente ans plus tard, la fĂŠdĂŠration compte 150 boutiques gĂŠrĂŠes par des associations locales et a fondĂŠ sa propre centrale d’achats (1), mais son activitĂŠ ĂŠconomique connaĂŽt ÂŤ un recul important Âť selon Jean Huet, coprĂŠsident. ÂŤ Il y a eu un gros pic de dĂŠcouverte du commerce ĂŠquitable par le public depuis 2000, mais aussi un VHQWLPHQW GH GpÂżDQFH TXL VÂśHVW GpYHORSSp ces dernières annĂŠes Âť, dit-il. Une situation paradoxale liĂŠe Ă la rĂŠcupĂŠration du concept par des multinationales qui redorent leur image, vendant plus cher leurs produits Š pTXLWDEOHV ÂŞ VDQV TXH OH EpQpÂżFH UpHO SRXU OHV SURGXFWHXUV QH SXLVVH rWUH YpULÂżp Š Des FLWR\HQV RQW HVVD\p GH UHPRQWHU OHV ÂżOLqUHV ÂŤ ĂŠquitables Âť de grandes marques Âť, tĂŠmoigne Michel Besson, cofondateur de la coopĂŠrative Andines et du rĂŠseau Minga.

 On peut obtenir le prix des matières prePLqUHV j OœH[SRUW PDLV MDPDLV OD UpPXQpration des producteurs. 

 PARTOUT ET POUR TOUS  NÊe en 1987 en Colombie, le coopÊrative Andines estime que le sens de l’expression  commerce Êquitable  a ÊtÊ dÊtournÊ par les gÊants de l’Êconomie, à tel point qu’elle a choisi de ne plus l’utiliser. Ironie du sort, c’est elle qui a commencÊ, en 1989, à associer les deux mots - elle les a même dÊposÊs en 2000 à l’Institut national de la propriÊtÊ intellectuelle‌  Nous nous sommes inspiUpV GœXQ OLYUH Gœ$ULVWRWH /œ(WKLTXH j 1LFRPDTXH TXL LO \ D VLqFOHV SDUODLW GpMj GH

Ci-dessus et page de droite : semis et rÊcolte du quinoa, en Equateur, par des partenaires de la coopÊrative Andines. Š ANDINES

‡ 1-Solidar’Monde, dÊtenue à 51 % par Artisans du monde.

MXVWLFH HW GÂśpJDOLWp GDQV OHV pFKDQJHV Âť, explique Michel Besson. ÂŤ Pour nous, OÂśpTXLWp GDQV OH FRPPHUFH GRLW rWUH SDUWRXW HW SRXU WRXV OHV RSpUDWHXUV &ÂśHVW TXHOTXH FKRVH GÂśXQLYHUVHO TXL H[LVWDLW ELHQ DYDQW TXH OÂśRQ FRPPHQFH j SDUOHU GH commerce ĂŠquitable, et que de nombreuses entreprises pratiquent sans le dire. Âť La FRRSpUDWLYH $QGLQHV MRXH XQ U{OH GH JURVsiste pour des magasins, associations, collectivitĂŠs locales ou encore des groupements d’achats. MalgrĂŠ des problèmes de trĂŠsorerie rĂŠcurrents, elle travaille aujourd’hui avec une dizaine de pays, tout en dĂŠveloppant ses relations avec les producteurs français et en s’interdisant d’importer

des denrĂŠes qui pourraient leur faire concurrence. Elle est Ă l’origine du rĂŠseau Minga, qui rĂŠunit des professionnels et des citoyens autour d’un objectif de ÂŤ transformation sociale Âť. MalgrĂŠ leurs approches très diffĂŠrentes, Andines et Artisans du monde partagent un mĂŞme refus de monter dans le train de la grande distribution ; une volontĂŠ GH SUHQGUH HQ FRPSWH OHV ÂżOLqUHV GDQV leur ensemble ; et une dĂŠmarche d’information citoyenne sur les rouages de l’Êconomie. Nous leur avons donnĂŠ la SDUROH DÂżQ GH PLHX[ FRPSUHQGUH OHV enjeux posĂŠs par la dĂŠmarche de commerce ĂŠquitable.

Au-delĂ du slogan, une dĂŠmarche exigeante A l’Êcart des supermarchĂŠs, des entreprises et des associations cherchent, non sans dĂŠbats et questionnements, Ă construire une ĂŠconomie plus juste. Tour d’horizon avec Michel Besson, cofondateur de la coopĂŠrative Andines et du rĂŠseau Minga, et Jean Huet, coprĂŠsident de la fĂŠdĂŠration Artisans du monde. QUEL COMMERCE ÉQUITABLE ? Contrairement Ă l’agriculture biologique, le commerce ĂŠquitable ne fait pas l’objet d’une rĂŠglementaWLRQ VSpFLÂżTXH /HV VWUXFWXUHV TXL VÂśHQ UpFODPHQW Âż[HQW HOOHV PrPHV OHV FULWqUHV TXÂśHOOHV VRXKDLWHQW respecter. Pour Jean Huet, d’Artisans du monde, cela consiste avant tout Ă proposer aux producteurs ÂŤ un SUL[ MXVWH XQ SDUWHQDULDW GXUDEOH HW XQ SUpÂżQDQFHment de leur production Âť. Pour Michel Besson, de la coopĂŠrative Andines, ÂŤ OH SULQFLSDO FULWqUH FÂśHVW OD transparence. Tous les ans, avec nos partenaires, on VÂśpFKDQJH QRV FRPSWDELOLWpV FH TXL SHUPHW GH YRLU TXHOOHV VWUXFWXUHV VRQW HQ GLIÂżFXOWp /HV SUL[ VRQW pODborĂŠs par la rencontre. Âť La transparence et le dialogue permettent d’amĂŠliorer pas Ă pas le 8 IRQFWLRQQHPHQW GÂśXQH ÂżOLqUH &DU Š le com-

PHUFH WRWDOHPHQW pTXLWDEOH QÂśH[LVWH SDV FÂśHVW XQH GpPDUFKH Âť, souligne Michel Besson.

EQUITABLE SUR TOUTE LA FILIĂˆRE ? Dans le petit monde du commerce ĂŠquitable, on parle GÂśDSSURFKH SDU ÂżOLqUH LQWpJUpH RX SDU SURGXLW QRQ intĂŠgrĂŠe). Andines et Artisans du monde s’intĂŠressent j FKDTXH ÂżOLqUH GDQV VRQ HQVHPEOH GHSXLV OD SURGXFtion jusqu’à la commercialisation - c’est ce qui explique leur refus d’utiliser la grande distribution. Chez Artisans du monde, ce choix a fait l’objet d’un ÂŤ GpEDW ULFKH HW KRXOHX[ Âť en 2005. ÂŤ /HV VXSHUPDUFKpV FRQVWLWXHQW XQ pQRUPH GpERXFKp FDU GHV Français y vont Âť, admet Jean Huet. ÂŤ Mais cette dĂŠFLVLRQ HVW OÂśDIÂżUPDWLRQ GÂśXQH YLVLRQ SROLWLTXH GX FRPmerce ĂŠquitable. Ce serait compliquer de lutter

contre les pratiques de la grande distribution tout en y ĂŠtant. Âť Le transport des marchandises, qui se fait essentiellement par bateau, est l’un des gros points faibles. ÂŤ GH OD PDULQH PDUFKDQGH QDYLJXH VRXV GHV pavillons de complaisance, souvent sans contrat de travail Âť, indique Michel Besson. ÂŤ Ces gens sans FRQWUDW V LOV PHXUHQW j ERUG LOV VRQW MHWpV j OD PHU FÂśHVW FH TXH QRXV DYRQV DSSULV JUkFH DX[ V\QGLFDWV GH PDULQV 0DLV RQ QÂśDUULYH SDV j IDLUH FKDQJHU OHV FKRVHV 7RXW FH TXH OÂśRQ SHXW IDLUH FÂśHVW FKRLVLU GHV compagnies - souvent allemandes ou françaises - qui respectent les droits des travailleurs. Âť Jean Huet fait la mĂŞme analyse : ÂŤ Nous pesons trop peu pour faire bouger les lignes. Nous serons certainement amenĂŠs Ă solliciter les gouvernements sur ce point. Âť

DU COMMERCE ÉQUITABLE NORD/NORD ? Pour Andines, qui dĂŠfend une conception universelle de l’Êconomie ĂŠconomie, rĂŠserver cette forme de commerce aux seuls producteurs du Sud n’a pas de sens - c’est ce qui a poussĂŠ la coopĂŠrative Ă quitter la Plateforme française pour le commerce ĂŠquitable. Grossiste en artisanat et en alimentation, l’entreprise noue des relations avec des producteurs français et europĂŠens, tout comme elle travaille avec des Latino-AmĂŠricains et des Africains. ÂŤ &ÂśHVW H[DFWHPHQW OD PrPH GpPDUFKH Âť, souligne Michel Besson. Quant aux boutiques Artisans du monde, elles mettent souvent en place des partenariats avec des associations locales (Jardins de Cocagne et Amap). ÂŤ Mais dans un souci de pĂŠdagogie, nous parlons alors de commerce Nord/Nord et non de


‡ co m p re n d re

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commerce ĂŠquitable Âť, prĂŠcise Jean Huet.

BÉNÉVOLES OU PROFESSIONNELS ? Les fondateurs d’Andines revendiquent leur statut de commerçants indĂŠpendants et veulent rĂŠhabiliter leur mĂŠtier. ÂŤ Il y a un mĂŠpris entre les diffĂŠrents secteurs professionnels Âť, regrette Michel Besson. ÂŤ Les petits commerçants sont souvent considĂŠrĂŠs FRPPH GHV SURÂżWHXUV DORUV TXH OD SOXSDUW VRQW GHV travailleurs comme les autres. Ce mĂŠtier est très LPSRUWDQW PDLV LO IDXW TXÂśLO DGRSWH GHV UqJOHV GH transparence. Âť DĂŠsireux de ÂŤ dĂŠpasser le petit monde du commerce ĂŠquitable Âť, Michel Besson n’est pas favorable aux modèles ĂŠconomiques qui reposent sur le bĂŠnĂŠvolat pour assumer les tâches commerciales. ÂŤ NRXV VDYRQV FRPELHQ LO HVW GLIÂżcile de monter une boutique et de salarier TXHOTXÂśXQ Âť, reconnaĂŽt-il. ÂŤ 0DLV OÂśpTXLWp FÂśHVW DXVVL HPEDXFKHU GHV MHXQHV HW FUpHU GH OÂśHPSORL Âť Chez Artisans du monde, qui salarie 70 personnes pour son siège et ses 150 boutiques, on rĂŠpond que ÂŤ FÂśHVW SDUFH TXÂśLO \ D XQ IRUW HQJDJHPHQW EpQpYROH que nous pouvons employer des personnes. Nous sommes avant tout un rĂŠseau militant Âť.

solidaritÊ fonctionne dans les deux sens :  /œDQ GHUQLHU OHV SURGXFWHXUV FRORPELHQV RQW YX TXH QRXV pWLRQV HQ GLI¿FXOWp HW QRXV RQW DLGpV HQ VROOLFLWDQW OHXUV UpVHDX[ , tÊmoigne Michel Besson.  Et en QRV SDUWHQDLUHV Gœ(TXDWHXU RQW SUp¿QDQFp notre première commande de cafÊ. 

LA DIVISION INTERNATIONALE DU TRAVAIL CafĂŠ en Afrique et en AmĂŠrique latine, sucre en Guadeloupe, cacao en CĂ´te d’Ivoire‌ Pour le rĂŠseau Minga, dont est membre Andines, le commerce ĂŠquitable doit remettre en cause la division internationale du travail, en encourageant la souverainetĂŠ alimentaire des pays. Autrement dit : cesser de favoriser la monoculture en demandant de gros volumes aux producteurs pour remplir les rayons. ÂŤ 2Q SUpIqUH LPSRUWHU GH SHWLWHV TXDQWLWpV GH FDIp et travailler avec des producteurs qui ont conscience TXH OD SUHPLqUH IRQFWLRQ GH OÂśDJULFXOWXUH FÂśHVW GH nourrir la population locale Âť, explique M. Besson. ÂŤ 2Q VÂśHQJDJH DXVVL j LPSRUWHU GHV SURGXLWV WUDQVIRUPpV DÂżQ TXH OD YDOHXU DMRXWpH UHVWH VXU SODFH 7URS VRXYHQW GDQV OH FRPPHUFH pTXLWDEOH RQ LPporte des matières premières qui comptent seulePHQW SRXU j GDQV OH SUL[ GH YHQWH Âť

QUELLES RELATIONS AVEC LES PRODUCTEURS DU SUD ? Pour admettre des producteurs du Sud dans le circuit ÂŤ ĂŠquitable Âť, les acteurs occidentaux exigent souvent qu’ils soient reprĂŠsentĂŠs par une organisation collective dĂŠmocratique. Cette exigence est rĂŠgulièrement critiquĂŠe comme une nouvelle forme de relation inĂŠgale, dans laquelle l’un des partenaires vient dicter Ă l’autre ce qui est bon pour lui. Pour construire des ĂŠchanges sur un pied d’ÊgalitĂŠ, la question du contrĂ´le est cruciale‌ et sensible. Artisans du monde fait partie de l’Organisation mondiale du commerce ĂŠquitable, qui rĂŠunit des producteurs du Sud, des organisations du Nord, et prĂŠvoit des ĂŠvaluations croisĂŠes entre ses membres. ÂŤ /ÂśDQ GHUQLHU QRXV DYRQV pYDOXp GHX[ JURXSHPHQWV GH SURGXFWHXUV HQ &{WH GÂś,YRLUH HW DX &DPHroun Âť, indique Jean Huet. ÂŤ 0DLV LO QÂś\ D SDV HQcore de producteurs du Sud qui viennent ĂŠvaluer les RUJDQLVDWLRQV GX 1RUGÂŤ /H V\VWqPH HVW ORQJ j mettre en Ĺ“uvre. Âť De son cĂ´tĂŠ, Andines se refuse Ă pratiquer toute forme de contrĂ´le unilatĂŠral. Entre la coopĂŠrative française et ses partenaires d’AmĂŠrique latine, la

QUELLES GARANTIES ? /ÂśRUJDQLVPH GH FHUWLÂżFDWLRQ (FRFHUW OD PDUTXH Max Havelaar et la fĂŠdĂŠration Artisans du monde sont en attente d’une reconnaissance par l’Etat de leurs systèmes de garantie pour le commerce ĂŠquitable. Le rĂŠseau Minga a quant Ă lui travaillĂŠ sur un système de garantie participatif inspirĂŠ de Nature & Progrès (lire notre prĂŠcĂŠdent numĂŠro). ÂŤ Des comPLVVLRQV FLWR\HQQHV FRQWU{ODLHQW HW MXJHDLHQW OHV pratiques Âť, explique Michel Besson. ÂŤ Mais ça ne QRXV D SDV SOX GH FRQWU{OHU HW GH MXJHU $ORUV QRXV DYRQV FUpp XQH PpWKRGRORJLH DSSHOpH 6\VWqPH GÂśDQDO\VH GHV ÂżOLqUHV ÂŞ &KDTXH HQWUHSULVH G XQH Âżlière doit rĂŠpondre Ă 280 questions, qui permettent de rĂŠdiger un document de synthèse. Une rĂŠunion HVW HQVXLWH RUJDQLVpH HQWUH OHV LQWHUYHQDQWV GH OD Âżlière (producteur, transformateur, usager‌) pour avancer sur des sujets comme le respect de l'environnement, la rĂŠmunĂŠration du travail... ÂŤ Le but est GÂśDPpOLRUHU QRV SUDWLTXHV WRXW HQ SHUPHWWDQW DX[ FLWR\HQV GH FRPSUHQGUH FRPPHQW IRQFWLRQQH OÂśpFRnomie. ÂŞ 'L[ ÂżOLqUHV RQW GpMj pWp DQDO\VpHV LG

En savoir + > La prochaine assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale d’Artisans du monde est organisĂŠe le 14 juin Ă Strasbourg. > Les ĂŠtudes de filière d’Artisans du monde : artisansdumonde.org (rubrique rĂŠsultats et impact) Contact : 01 83 62 83 93 Carte des boutiques : artisansdumonde.org > Les ĂŠtudes de filière de Minga : analysedesfilieres.net > CoopĂŠrative Andines : andines.com - 5, rue de la Poterie, 93200 Saint-Denis - 01 48 20 48 60 Une Porte ouverte est prĂŠvue le 22 Juin. > Le texte critique d’un ĂŠconomiste sĂŠnĂŠgalais, Ndongo Samba Sylla, sur le site Mediapart : ÂŤÂ Le commerce ĂŠquitable: beaucoup de bruit au Nord, peu d’impact au Sud , 14 mai 2013 > Une enquĂŞte très documentĂŠe : ÂŤÂ Les coulisses du commerce ĂŠquitable , Christian Jacquiau, Mille et une nuits, 2006

Š ANDINES

Le cas Max Havelaar Un cafĂŠ pour dormir tranquille.  LancĂŠ au dĂŠbut des annĂŠes 2000 par Max Havelaar, ce slogan trahissait les rĂŠalitĂŠs d’un certain commerce ĂŠquitable : des produits plus chers, vendus par des multinationales qui amadouent les consciences sans rien changer (ou si peu !) Ă leurs pratiques inĂŠquitables. La marque Max Havelaar, nĂŠe vers 1990 Ă l’initiative de deux Hollandais, met en relation des producteurs du Sud et des entreprises du Nord qui, en contrepartie du respect des standards qu’elle a ĂŠlaborĂŠs et du paiement d’une redevance, peuvent apposer son logo sur leurs produits. Chez Artisans du monde, qui commercialise des produits de la marque, ses partenariats avec des multinationales comme NestlĂŠ, McDonald’s, Starbucks ou le groupe hĂ´telier Accor ÂŤÂ provoquent des dĂŠbats entre les bĂŠnĂŠvoles , indique Jean Huet. ÂŤÂ On sera amenĂŠs Ă discuter de nos relations avec Max Havelaar Âť, poursuit-il. Michel Besson, de la coopĂŠrative Andines, reproche Ă cette marque privĂŠe de se prĂŠsenter comme un label. ÂŤÂ C’est grave, car selon la loi il n’y a qu’un seul label par domaine. Du coup, les nombreuses entreprises qui ont une dĂŠmarche d’ÊquitĂŠ mais qui n’adhèrent pas Ă Max Havelaar, ne sont pas considĂŠrĂŠes comme conformes aux critères du commerce ĂŠquitable. Cette confusion nous a fait perdre deux gros clients associatifs en 2007, ce qui nous a obligĂŠs Ă licencier. 

Comment vivre en temps de crise ?

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Le philosophe Patrick Viveret nous aide à comprendre les mutations de notre monde et à agir pour relever les dÊfis qu’elles impliquent. Dans cet Êpisode, il est question de sagesse interhumaine, de barbarie intÊrieure et de dÊmocratie.

N

ous disposons de toutes les potentialitĂŠs grâce auxquelles des rĂŠponses positives peuvent ĂŞtre apportĂŠes aux trois questions radicales : qu’allons-nous faire de notre planète, de notre espèce et de notre vie ? Ces rĂŠponses peuvent se dĂŠployer du cĂ´tĂŠ de l’essentiel, c’est-Ă -dire du cĂ´tĂŠ d’un dĂŠveloppement dans l’ordre de l’être plutĂ´t que d’une croissance dans l’ordre de l’avoir. Cette question de la sagesse devient une question politique massive. Cette question ne demande pas simplement si le mammifère rationnel que l’on appelle espèce humaine est capable d’assurer sa survie biologique, mais si l’humanitĂŠ peut vivre pleinement sa propre humanitĂŠ. Une humanitĂŠ debout, une humanitĂŠ consciente et qui, selon la belle phrase de Martin Luther King, lie la question de l’amour Ă celle de l’intelligence : ÂŤ Nous devons apprendre Ă nous aimer comme des frères et sĹ“urs, ou nous prĂŠparer Ă pĂŠrir comme des imbĂŠciles. Âť

LE MAL, C’ EST L’ AUTRE ? Comment accÊder à un degrÊ d’humanitÊ qualitativement supÊrieur ? Nous ne pouvons y parvenir que si nous affrontons la question de la barbarie intÊrieure. Le politique s’est construit sur son cœur de mÊtier, le traitement de la violence interhumaine, en extÊriorisant cette question de la violence. Qu’est-ce qui caractÊrisait la construction d’une tribu, d’une citÊ au sens d’une citÊ grecque, d’un Etat ou d’un empire ?  FKDTXH IRLV OH SURFHVVXV GH SDFL¿FDWLRQ GH civilisation, utilisait le danger que reprÊsentaient OHV EDUEDUHV OHV pWUDQJHUV HW OHV LQ¿GqOHV &HV trois grandes formes d’ÊtrangetÊ permettaient de constituer la paix et la civilitÊ à l’intÊrieur d’un espace restreint. Quand vous vous situez à l’Êchelle de la mondialitÊ elle-même, en dehors des chutes d’astÊroïdes qui ne reprÊsentent tout de même pas un risque majeur pour l’humanitÊ, les risques qui menacent l’humanitÊ de disparition ne sont pas extÊrieurs, mais intÊ-

rieurs. L’idĂŠe que le mal ce sont les autres est une reprĂŠsentation qui empĂŞche l’humanitĂŠ de traiter sa propre barbarie intĂŠrieure. L’auto-gouvernance de l’humanitĂŠ n’est possible que pour autant que l’humanitĂŠ accepte de considĂŠrer que le problème rĂŠside dans sa propre inhumanitĂŠ.

CONSTRUIRE LES DÉSACCORDS La dĂŠmocratie devient alors un enjeu majeur car elle est l’espace oĂš l’on travaille sur sa propre division intĂŠrieure. C’est un espace privilĂŠgiĂŠ de travail des communautĂŠs sur elles-mĂŞmes. La dĂŠmocratie qualitative peut ĂŞtre l’Êquivalent du travail sur soi d’un individu en quĂŞte de sagesse. Dans sa dimension quantitative, le suffrage universel, la dĂŠmocratie reprĂŠsente un progrès historique incontestable dans la mesure oĂš elle permet de sortir des logiques de pouvoir tyrannique ou ROLJDUFKLTXH PDLV OD ORL GX QRPEUH QH VXIÂżW SDV Hitler est arrivĂŠ au pouvoir dans des conditions lĂŠgales, il n’a fait son coup d’Etat qu’après, tout

comme Louis NapolĂŠon Bonaparte. L’Êvolution des rapports au pouvoir nous oblige Ă penser la mutation qualitative de la dĂŠmocratie, c’est-Ă -dire la citoyennetĂŠ qui se caractĂŠrise par la qualitĂŠ de la formation du jugement, car on ne se contente pas d’agrĂŠger des opinions, des humeurs, et des passions. Comment un citoyen, parce qu’il forme son jugement, est-il amenĂŠ Ă entrer en rapport avec autrui ? C’est lĂ que la dĂŠmocratie se nourrit ontologiquement, dans son ĂŞtre mĂŞme, de la difIpUHQFH YRLUH GH OD GLYHUJHQFH /H FRQĂ€LW GHYLHQW une alternative Ă la violence, la construction des dĂŠsaccords devient un ĂŠlĂŠment dĂŠcisif du progrès de la connaissance dans une collectivitĂŠ.

Patrick Viveret Le texte intÊgral est publiÊ chez Bayard sous le titre :  Comment vivre en temps de crise ? , 1ère partie signÊe E. Morin. P. Viveret a poursuivi sa rÊflexion dans son dernier ouvrage :  La cause humaine , Êd. LLL

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lire, ecouter, voir En Bref Pour rire et rĂŠflĂŠchir ÂŤÂ Ce que tu fais Ă la nature, la nature te le rendra.  C’est la conclusion de ces petits albums pour enfants, grinçants et facĂŠtieux, qui tournent en dĂŠrision l’absurditĂŠ de nos relations aux animaux.

> J’ai adoptÊ un crocodile et Un mur sur une poule, Baum et Dedieu, Gulf Stream, 2013, 18 p., 11 euros chacun

Compost et paillis Vous croyez tout savoir sur le compost ? DĂŠtrompez-vous ! IngĂŠnieur ĂŠcologue et agronome, Denis PĂŠpin publie une ĂŠdition revue et augmentĂŠe de son ouvrage ÂŤÂ Composts et paillis . Une vĂŠritable bible avec un ÂŤÂ dictionnaire des dĂŠchets compostables , des conseils d’utilisation prĂŠcis, des indications en fonction de l’odeur du compost‌ > Composts et paillis, Pour un jardin sain, facile et productif, Denis PĂŠpin, Terre vivante, 2013, 311 p. 25 euros

Enfer vert ÂŤÂ Tandis que la technocratie verdit, la verdure se technocratise.  Tomjo est rĂŠdacteur Ă La Brique, journal ÂŤÂ impitoyable  et bĂŠnĂŠvole de Lille. Il anime aussi Horssol, un site ÂŤÂ contre les RFID et le meilleur des mondes . Dans ÂŤÂ L’enfer vert , il s’appuie sur l’exemple de Lille MĂŠtropole pour montrer comment l’Êcologisme politique peut dĂŠboucher sur une vision normative, intrusive et sĂŠcuritaire de la sociĂŠtĂŠ, sous couvert d’optimiser la gestion des dĂŠplacements et de simplifier la vie des habitants. Un texte qui dĂŠcoiffe, suivi d’une critique de la ÂŤÂ Planification ĂŠcologique  du Front de Gauche. > L’enfer vert, Tomjo, Un projet pavĂŠ de bonnes intentions, L’ÊchappĂŠe, 2013, 125 pages, 9 euros

Cynisme et nuclĂŠaire Alors que la population japonaise a ĂŠtĂŠ victime des bombes atomiques amĂŠricaines lancĂŠes sur Hiroshima et Nagasaki en 1945, le rĂŠgime d’après-guerre promeut, Ă la suite des Etats-Unis, la politique dite ÂŤÂ Atoms for Peace  qui fait du Japon un pays largement nuclĂŠarisĂŠ. Après Fukushima, le gouvernement gère la catastrophe avec un rare cynisme, autorisant des seuils de radiation rĂŠservĂŠs auparavant aux travailleurs nuclĂŠaires : ÂŤÂ Ce que les ĂŠtats-majors des armĂŠes avaient honte de faire au grand jour sur des soldats et classaient secret dĂŠfense, le gouvernement japonais l’impose aujourd’hui sans mauvaise conscience Ă des enfants.  >Jean-Marc SĂŠrĂŠkian, Pourquoi Fukushima après Hiroshima ? (Une ĂŠthique pour sortir du nuclĂŠaire), Sang de la Terre/MĂŠdial, 10 2012, 154 p., 14,50 euros

L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Un an sans huile de palme, c’est possible ? En juillet 2011, Adrien Gontier, un strasbourgeois de 25 ans, se lance dans une idĂŠe folle : passer les 12 prochains mois sans consommer ni utiliser de produits contenant de l’huile de palme. Pari tenu ! S'interroger sur ma propre consommation ÂŞ YRLFL OH point de dĂŠpart de l'expĂŠrience G $GULHQ GRFWRUDQW HQ JpRFKLPLH ,QVFULW GDQV GLIIpUHQWHV $PDS DVVRFLDWLRQV SRXU OH PDLQWLHQ GÂśXQH DJULFXOWXUH SD\VDQQH OH MHXQH KRPPH SRVH GHSXLV ORQJWHPSV XQ UHJDUG DWWHQWLI VXU O RULgine de ses achats : ÂŤ J'aime les produits locaux et je les savoure d'autant plus quand je connais leur histoire ! Âť 8Q MRXU HQ GLVFXWDQW DYHF GHV DPLV VXU les dĂŠsastres environnementaux causĂŠs SDU O KXLOH GH SDOPH $GULHQ GpFLGH GH OD supprimer de son quotidien pour saisir O DPSOHXU GX SKpQRPqQH Š Au dĂŠbut, je pensais vivre des galères et que cela allait ĂŞtre croustillant Ă raconter, mais j'ai vite remarquĂŠ que la vie sans huile de palme n'ĂŠtait pas seulement une succession d’anecdotes. ÂŞ ,O GpFLGH DORUV de partager ses dĂŠcouvertes dans un EORJ Š qui ne prĂŠtend en aucun cas publier la vĂŠritĂŠ absolue ÂŞ &DU ORLQ GH VH FRQVLGpUHU FRPPH XQ PLOLWDQW DFWLI $GULHQ SUpIqUH VD SRVLWLRQ GH Š citoyen lambda Âť communiquant sur son expĂŠULHQFH SRXU HQ IDLUH SURÂżWHU OHV DXWUHV ÂŤ Je me vois plutĂ´t comme un partageur ÂŞ FRQÂżH W LO HQ VRXULDQW Š $u quotidien, je constate des choses en me renseignant et je tente de les expliquer

pour que les gens puissent se faire leur propre opinion ª & HVW SRXUTXRL VRQ blog est principalement composÊ d'arWLFOHV G DFWXDOLWp GH OLYUHV EODQFV j WpOpFKDUJHU GH VRXUFHV j FRQVXOWHU HW GH VWDWLVWLTXHV HQ WRXW JHQUH SODQWDWLRQV GpIRUHVWDWLRQ SURGXFWLRQV SDU SD\V VXVFHSWLEOHV G DLJXLOOHU OHV LQWHUQDXWHV L'HUILE DE PALME SE CACHE PARTOUT 3RXU $GULHQ OHV SUREOpPDWLTXHV OLpHV j O KXLOH GH SDOPH VRQW XQH IDoRQ SDUPL WDQW G DXWUHV GH FRPPHQFHU j VH SRVHU GHV TXHVWLRQV VXU OD WUDoDELOLWp O pWLTXHtage et le marketing des produits agroalimentaires :  Au delà des mÊfaits de l'huile de palme et de la culture du soja, c'est le blanchiment que subissent ces substances qui est le plus grave. Les discours des lobbies et des publicitaires, essayent de dÊmontrer  scienti¿TXHPHQW ª OH ELHQIDLW GH OHXUV SURduits. On ne sait pas ce qu'on achète et l'impact que ça a. Le repÊrage est d'autant plus pÊrilleux que l'huile de palme et l'huile palPLVWH SURYHQDQW GH OD FKDLU GX IUXLW HW GH O DPDQGH sont utilisÊes et WUDQVIRUPpHV SRXU GRQQHU G DXWUHV SURGXLWV OH ( TXL SHXW DXVVL rWUH LVVX G KXLOH GH WRXUQHVRO OH VRGLXP ODXU\O VXOIDWH La mention  huile

Celui qui continue de vivre sans huile GH SDOPH QH FDFKH SDV TX DX TXRWLGLHQ la tâche est complexe car  l'huile se retrouve partout ª GDQV OHV UD\RQV DOLPHQWDLUHV SODWV SUpSDUpV JkWHDX[ PDUJDULQH FKLSV ODLW LQIDQWLOH PDLV DXVVL GDQV OHV UD\RQV FRVPpWLTXHV HW G HQWUHWLHQ $ FHX[ TXL VRXKDLWHQW WHQWHU O DYHQWXUH $GULHQ ODQFH XQH LQYLWDWLRQ j bien se documenter et à s'armer de patience  pour dÊchiffrer les Êtiquettes de composition des produits  OphÊlie Zaegel

grâce aux

d’amour

plantes

et de

vigilance Calanques. Un siècle d’amour et de vigilance (Comment un territoire de passions devient parc national), Jacky Plauchud Vaucher & Barney Vaucher, Parole, 2012, 216 p., 15 euros O \ D XQ SHX SOXV GÂśXQ DQ OH 3DUF QDWLRQDO GHV &DODQTXHV pWDLW RIÂżFLHOOHPHQW FUpp DSUqV XQ VLqFOH GH FRPEDWV 0HPEUHV GX &OXE DOSLQ IUDQoDLV 0DUVHLOOH 3URYHQFH HW GHV ([FXUVLRQQLVWHV PDUVHLOODLV -DFN\ HW %DUQH\ 9DXFKHU participent depuis quarante ans Ă la GpIHQVH GH OD VHXOH F{WH VDXYDJH HQWUH OÂś(VSDJQH HW OÂś,WDOLH ,OV HQ RQW WLUp XQ livre qui permet de comprendre comPHQW DX[ SRUWHV GÂśXQH YLOOH TXH OÂśRQ GLW SHX VHQVLEOH DX[ TXHVWLRQV GÂśHQYLURQQHPHQW HVW Qp OH SUHPLHU SDUF QDWLRQDO SpUL XUEDLQ GÂś(XURSH 'qV XQH PRELOLVDWLRQ PDVVLYH VÂśRUJDQLVDLW FRQWUH OÂśH[WHQVLRQ GH OD FDUULqUH GH 3RUW 0LRX Š 3DU OD VXLWH GHV DQQpHV DX[ DQQpHV OD menace rĂŠcurrente a ĂŠtĂŠ le projet de Š URXWH GHV &DODQTXHV ÂŞ NP GH URXWH DX F°XU GX PDVVLI ÂŞ QRXV RQW H[SOLTXp OHV DXWHXUV ORUV GÂśXQ HQWUHWLHQ ,O \ D HX HQVXLWH Š GHV SURMHWV GH

vĂŠgĂŠtale Âť dissimule aussi souvent de O KXLOH GH SDOPH Š J’ai dĂť trouver des crèmes au beurre de karitĂŠ et j’ai toujours un savon naturel, Ă base d’huile GÂśROLYH VXU PRL DÂżQ GH OÂśXWLOLVHU GDQV les lieux publics Ă la place des poussemousse traditionnels ÂŞ DMRXWH $GULHQ 3DUDOOqOHPHQW O H[SORLWDWLRQ GH FHWWH matière grasse pose ĂŠgalement des problèmes ĂŠcologiques et sociologiques GpIRUHVWDWLRQ VSROLDWLRQ GH WHUUHV qui soulèvent de nouvelles interrogaWLRQV TXH O pWXGLDQW WUDLWH VXU VRQ EORJ

En forme toute l’annÊe

Calanques : un siècle

I

vivresanshuiledepalme.blogspot.fr

WpOpSKpULTXH j 0DUVHLOOHYH\UH GDQV OHV DQQpHV PDLV OD PHQDFH OD SOXV VpULHXVH D pWp OH 3ODQ GœRFFXSDWLRQ GHV VROV GH TXL UHQGDLW WRXWH OD IUDQJH littorale constructible !  CrÊer un parc national aux portes de la deuxième ville de France paraÎt novaWHXU 6L OœLGpH HVW DQFLHQQH Š OH FRQVHQsus est plus rÊcent et a mis du temps à VœLPSRVHU ª 7RXWHIRLV OHV PR\HQV KXPDLQV HW ¿QDQFLHUV GX SDUF VRQW IDLEOHV HW VD SUpVHQFH QH UpVRXW SDV WRXW /HV calanques restent menacÊes par  la VXU IUpTXHQWDWLRQ OHV LQFHQGLHV HW VXUWRXW XQ SUREOqPH PDMHXU GH SROOXWLRQ marine : Cortiou et les boues rouges GpYHUVpHV GDQV OD IRVVH GH &DVVLGDLJQH DX ODUJH GH &DVVLV SDU OœXVLQH GœDOXPLQH GH *DUGDQQH (Q SULQFLSH HOOH FHVVHUD VHV UHMHWV HQ MDQYLHU PDLV OD YLJLODQFH HVW GH PLVH ª FRQFOXHQW -DFN\ HW %DUQH\ 9DXFKHU Simon Charlier

En forme toute l’annĂŠe grâce aux plantes - A chaque saison ses remèdes naturels, Jacques Labescat, Ulmer, 159 pages, 2012, 16 euros

C

e livre est dĂŠcoupĂŠ en quatre grands chapitres comme autant de saisons qui apportent leur lot de proEOqPHV VSpFLÂżTXHV $X SULQWHPSV cela peut ĂŞtre les allergies ou les kilos j SHUGUH HQ pWp OHV FRXSV GH VROHLO RX OHV SLT€UHV G LQVHFWHV HQ DXWRPQH OHV UKXPHV OHV PDODGLHV LQIDQWLOHV HW OHV SRX[ HW HQÂżQ HQ KLYHU OD JULSSH HW DXWUHV YLUXV OD GpSUHVVLRQ VDLVRQQLqUH OHV UKXPDWLVPHV TXL YLHQQHQW DVVDLOOLU XQ RUJDQLVPH IDWLJXp &RQWUH WRXV FHV SHWLWV WUDFDV GHV VROXWLRQV QDWXUHOOHV HW HIÂżFDFHV H[LVWHQW 0DLV DYDQW PrPH TX LOV DSSDUDLVVHQW QRXV SRXYRQV QRXV HQ prĂŠmunir grâce Ă quelques mesures simples que Jacques Labescat nous SUpVHQWH GDQV FH OLYUH ,O QRXV JXLGH

vers des  plantes ressources  adapWpHV j OD VDLVRQ SRXU VH VHQWLU ELHQ et contre chacun des maux saisonQLHUV XQH RUGRQQDQFH Š YHUWH ª j EDVH GH SODQWHV PpGLFLQDOHV HQ YUDF HQ JpOXOHV RX VRXV IRUPH GH WHLQWXUHV PqUHV 'HV SUpSDUDWLRQV DERUGDEOHV GLVSRQLEOHV IDFLOHPHQW GDQV OH FRPPHUFH HW PrPH SDUIRLV GDQV OD QDWXUH 8Q OLYUH VLPSOH SUDWLTXH HW XWLOH DX TXRWLGLHQ 0pGHFLQ SK\WRWKpUDSHXWH HW RVWpRSDWKH -DFTXHV /DEHVFDW VH SDVsionne pour le  mieux-être  de O KRPPH GDQV VD JOREDOLWp ,O LQWHUvient dans la presse Êcrite (Notre WHPSV 9LYUH SOXV %UXQH HW j OD UDGLR )UDQFH %OHX FrÊdÊrique Motel


L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Quand vient le printemps, Apis mellifera, l'une des 1 000 espèces d'abeilles de France, va quérir du pollen pour nourrir les larves de la ruche, et du nectar pour reconstituer ses réserves de miel.

les dossiers de

Elle aspire le nectar et accroche des pelotes de pollen à ses pattes. Son corps se couvre de pollen et, butinant de fleur en fleur, elle assure leur pollinisation.

Transmis d'abeille en abeille qui l'enrichissent de leurs sécrétions, le nectar devient miel. Le pollen sert à fabriquer la gelée royale, la "potion magique" qui permettra à l’une des larves de devenir reine.

t i a f r u e o c e r t o n Quand

BZZZ !

Mais la tâche se complique pour les butineuses : certains insecticides leur font perdre le nord et le chemin de la ruche.

Les apiculteurs perdent en moyenne, chaque année, 30 % de leurs colonies. Entre 2004 et 2010, 40 % d'entre eux ont jeté l'éponge.

Mal nourrie, la reine ralentit son rythme de ponte. La ruche ne parvient plus à fabriquer de jeunes reines. Elle cesse d'essaimer, décline, et parfois meurt.

80 % des plantes cultivées en europe dépendent des insectes pollinisateurs - essentiellement les abeilles, qu'elles soient sauvages ou mellifères.

Le bétonnage et la monoculture réduisent la nourriture des abeilles en quantité et en diversité. Le parasite varroa et le frelon asiatique font aussi des ravages.

Leurs poils branchus, leur alimentation à base exclusive de pollen et de nectar, et le fait qu'elles butinent une espèce de plante par voyage, font des abeilles les insectes pollinisateurs les plus efficaces.

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L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Il n’y a pas de routine, sinon on va au fiasco Michel Habert a rĂŠalisĂŠ son rĂŞve en devenant apiculteur en Haute-Provence. A l’heure de la retraite, il ĂŠvoque les hauts et les bas d’un mĂŠtier riche en rebondissements, qui lui a procurĂŠ de vrais moments de bonheur. En 2003, j’Êtais au volant de notre FDPLRQ DYHF PRQ ÂżOV 6DPXHO 1RV DEHLOOHV DYDLHQW SDVVp OÂśpWp VXU OHV ODYDQGHV On transportait nos ruches pour les mettre VXU OD VDUULHWWH &ÂśpWDLW OD GHX[LqPH DQQpH FRQVpFXWLYH GH VpFKHUHVVH /HV DEHLOOHV pWDLHQW GDQV XQ pWDW /HV Ă€HXUV pWDLHQW UDUHV OD UpFROWH GH SROOHQ HW GH QHFWDU GLIÂżFLOH 6DPXHO D GLW Š 2Q DUUrWH WRXW ÂŞ Âť Michel Habert, qui a pratiquĂŠ l’apiculture pendant DQV DYDQW GH SDVVHU OD PDLQ j VRQ ÂżOV raconte que ce jour-lĂ , il a arrĂŞtĂŠ le camion sur la route. ÂŤ Il faut repartir Âť, a-t-il tranchĂŠ. ÂŤ /ÂśDQQpH SURFKDLQH FH VHUD PHLOOHXU Âť Une vie construite autour de l’abeille, ça ne s’arrĂŞte pas comme ça. Surtout quand c’est la concrĂŠtisation d’un rĂŞve ‌

DU MIEL DE CARACTĂˆRE Michel Habert et sa femme Elisabeth se sont installĂŠs en 1976 au hameau de La Bonne Chère, près de Forcalquier, dans les Alpesde-Haute-Provence. Ils avaient fait le choix de quitter Paris pour vivre de l’apiculture, au contact de la nature. ÂŤ On se sentait bien dans ce pays de Forcalquier, on ĂŠtait sĂťrs GH SURGXLUH GX PLHO GH FU€ GH FDUDFWqUH (W V€UV GÂśHQ YLYUH Âť Le couple bâtit sa maison et commence avec 50 ruches. Aujourd’hui, il en a 280. ÂŤ &ÂśpWDLW GLIÂżFLOH 2Q D UDPp 2Q pWDLW GHV LPSODQWpV 2Q IDLVDLW ÂżJXUH GÂśRULJLQDX[ Âť Le couple vit chichement et cultive son jardin. Elisabeth se lance dans la poterie. Quand Ă Michel, il fait ses premiers pas d’apiculteur auprès d’un voisin, Monsieur Joseph. ÂŤ 2Q D JDJQp OD FRQÂżDQFH SXLV OÂśDPLWLp &ÂśHVW TXHOTXH FKRVH OÂśDPLWLp HQWUH OHV KRPPHV ,O PÂśD EHDXFRXS WUDQVPLV Âť Michel Habert ne connaissait l’apiculture qu’au travers des ouvrages dans lesquels il s’Êtait jetĂŠ, une fois prise sa dĂŠcision de quitter son mĂŠtier de cadre en entreprise. ÂŤ Je lisais beaucoup GDQV OHV WUDQVSRUWV Âť Michel Habert marche dans l’herbe mouillĂŠe, parmi les touffes mauves de thym en Ă€HXU Š 5HJDUGH] FRPPH FÂśHVW EHDX Âť Celui qui ne rĂŞvait que de jardins est comblĂŠ, mais l’apiculteur est soucieux. Ce printemps frais QÂśHVW SDV ERQ SRXU OHV Ă€HXUV TXL RQW EHVRLQ de chaleur pour donner leur nectar. ÂŤ Et le pire ici, c’est le vent marin Âť, poursuit-il. ÂŤ /HV abeilles sont amorphes, elles n’ont pas la SrFKH Âť Un apiculteur ne peut intervenir sur la ruche que par temps ensoleillĂŠ, lorsque les tempĂŠratures sont supĂŠrieures Ă 18 ou 20 degrĂŠs, et en l’absence de vent. Lorsque ces deux conditions sont rĂŠunies, les abeilles sont j OÂśH[WpULHXU SRXU EXWLQHU OHV Ă€HXUV Š Il y a des MRXUV R OH WHPSV GÂśLQWHUYHQWLRQ HVW WUqV FRXUW FH TXL HVW DQJRLVVDQW SRXU OÂśDSLFXOWHXU Âť A d’autres moments, l’apiculteur rĂŠclame la pluie. Les orages du 15 aoĂťt en Provence sont attendus comme le messie, pour faire repartir les sarriettes sur les landes dessĂŠchĂŠes et offrir de nouvelles corolles appĂŠtissantes. Ainsi, les abeilles pourront nourrir des larves, permettant la rĂŠgĂŠnĂŠration de la ruche avant l’hiver.

ÂŤÂ UNE ABEILLE NE DORT PAS  ÂŤ Il ne faut pas oublier qu’une abeille ne s’arUrWH MDPDLV (OOH QH GRUW SDV Âť, prĂŠcise Michel Habert. L’apiculteur se serait-il inspirĂŠ de la butineuse, ouvrière infatigable dĂŠvouĂŠe Ă la ruche, pour construire son propre parcours ? On peut le croire car l’homme avide, 12 curieux, insatiable, a ĂŠtĂŠ continuelle-

"En apiculture, on a une grande autonomie. C'est beaucoup de travail mais quelle chance".Š LAGEDEFAIRE

ment animÊ par l’envie de glaner du savoir et de s’enrichir d’expÊriences - comme celle de Marc Gatineau, apiculteur dans les HautesAlpes.  (Q DSLFXOWXUH RQ HVW REOLJp GœDOOHU GH l’avant, il n’y a pas de routine, sinon on va au ¿DVFR ª DI¿UPH W LO (Q LO HVW LPPRELOLVp suite à une hernie discale, un accident professionnel frÊquent chez les apiculteurs amenÊs à porter les ruches :  Quand on porte un sac de patates, on fait corps avec le sac, mais DYHF XQH UXFKH FœHVW LPSRVVLEOH  L’apiculteur en tire deux enseignements : il dÊcide de mÊcaniser le transport des ruches par camion HW SDOHWWHV HW SUR¿WH GH FH WHPSV OLEUH LPSRVp pour lire l’ouvrage de Raymond Zimmer. Cet apiculteur alsacien est un grand connaisseur de l’abeille Buckfast, qui porte le nom de l’abbaye anglaise, oÚ cette race fut crÊÊe par hybridation (lire l’encadrÊ).  $YHF 6DPXHO RQ D IDLW OH YR\DJH j &ROPDU SRXU UHQFRQWUHU 5D\PRQG =LPPHU 2Q HVW UHQWUpV FRQYDLQFXV 2Q D DFKHtÊ des abeilles Buckfast, et on a commencÊ les FURLVHPHQWV SRXU UHQRXYHOHU QRWUH FKHSWHO 

PAS FACILE, L' ABEILLE NOIRE ÂŤ Au dĂŠbut, les abeilles noires tuaient les UHLQHV %XFNIDVW 0DLV RQ DUULYDLW j HQ VDXver, et quand le croisement marchait, c’Êtait IDEXOHX[ (QVXLWH RQ D IDLW YHQLU GHV DEHLOOHV GH 6ORYpQLH (OOHV VH IDLVDLHQW Š SDWDWHU ÂŞ SDU OHV DEHLOOHV QRLUHV ORFDOHV 2Q D VDXYp WURLV UHLQHV VXU OHV GL[ HW OHV FRORQLHV FÂśpWDLHQW GHV PHUYHLOOHV 8QH UHLQH RQ OÂśD JDUGpH FLQT DQV FÂśHVW H[FHSWLRQQHO HOOH VH WUDvQDLW PDLV HOOH pondait encore. Âť /ÂśDSLFXOWHXU GpFULW OD %XFNIDVW WUqV SUROLÂżTXH mais gourmande en miel. La Caucasienne, originaire de Marseille, a migrĂŠ vers la Russie ; très organisĂŠe, elle garde ses provisions pour l'hiver. Quant Ă la Carniolienne, c'est une excellente ĂŠleveuse qui donne les meilleurs UHQGHPHQWV (W FÂśHVW HQ ÂżQ FRQQDLVVHXU GH

FH SHWLW PRQGH TXH 0LFKHO DIÂżUPH Š Dans l'ĂŠvolution, les abeilles c’est le prĂŠalable de OÂśLQWHOOLJHQFH KXPDLQH Âť A 75 ans, Michel Habert n’a rien perdu de l’enthousiasme de ses dĂŠbuts, mĂŞme s’il a ÂŤ tout connu Âť. En 1980, il venait d’investir quand est arrivĂŠe la crise de la lavande. Les prix faisaient le yoyo, les lavandiculteurs hĂŠsitaient Ă planter. Et sans lavande, c’est la meilleure partie de la production de miel qui s’en va. La crise passĂŠe, d’autres problèmes subsistent : l’apiculteur est un ÂŤ sans terres Âť, qui recherche en permanence des emplacements pour poser ses ruches. ÂŤ On a toujours peur de se faire virer Âť, si un lavandiculteur arrĂŞte sa production ou s’il cède Ă la demande d’un riverain qui ne veut pas de ruches Ă proximitĂŠ de sa maison, malgrĂŠ le respect des distances rĂŠglementaires.

 DES REINES EN GRANDE QUANTITÉ  Quand on le questionne sur le varroa, cet acarien parasite qui s’attaque aux abeilles adultes, aux larves et aux nymphes, il rÊpond tranquillement qu’il est prÊsent dans ses ruches :  /HV DEHLOOHV QœRQW SDV WURXYp la parade pour s’en dÊbarrasser, alors notre VROXWLRQ FœHVW GH IDLUH GH OœpOHYDJH 2Q IDLW QDvWUH GHV UHLQHV HQ JUDQGH TXDQWLWp  pour compenser les pertes. C’est le destin de l’apiculteur de ne jamais dormir sur ses deux oreilles. Pourtant, MiFKHO +DEHUW DI¿UPH TXH VL FœpWDLW j UHIDLUH il ne changerait rien : chaque printemps lui apporte le même Êmerveillement.  Quand le couvain Êclate au printemps, c’est des RGHXUV oD PH GRQQH GX ERQKHXU /HV ODUYHV EDLJQHQW GDQV OD JHOpH UR\DOH &œHVW pURWLTXH 2Q VHQW OD YLH -œDLPH FHV JUDQGV PRPHQWV &œHVW XQ ERQKHXU LQRXw  Nicole Gellot

Quand le couvain ĂŠclate au printemps, c’est des odeurs, ça me donne du bonheur. Les larves baignent dans la gelĂŠe royale. C’est ĂŠrotique. On sent la vie. J’aime ces grands moments. C’est un bonheur inouĂŻ. Michel Habert

Comment l’abeille Buckfast fut crĂŠĂŠe par un moine bĂŠnĂŠdictin Le frère Adam, nĂŠ en 1898 en Allemagne, est entrĂŠ Ă l’âge de 12 ans Ă l’abbaye bĂŠnĂŠdictine de Buckfast, dans le Devon, au sud de l’Angleterre, pour devenir moine. A l’âge de 17 ans, il prend la direction des ruchers de l’abbaye, dont les abeilles noires natives sont dĂŠcimĂŠes par la maladie. Le moine constate que l’Île de Wight a en revanche gardĂŠ ses abeilles, des insectes jaunes d’origine italienne. A Buckfast, les mĂŞmes abeilles ont survĂŠcu, ainsi que celles qui s’Êtaient hybridĂŠes avec les noires. Le frère Adam fait donc travailler les 350 moines de l’abbaye sur les hybridations, de manière Ă combiner les meilleures qualitĂŠs des diffĂŠrentes races en une nouvelle ÂŤÂ super abeille , permettant d’obtenir des rĂŠcoltes maximales avec de fortes colonies. Pendant plus de 70 ans, il a multipliĂŠ les croisements Ă partir d’espèces du monde entier et est parvenu Ă fixer les caractères d’une nouvelle race, la Buckfast.


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A Montreuil, les habitants hĂŠbergent des ruches

Comme Hildegarde, une quinzaine de citoyens de cette ville de banlieue parisienne ont ouvert leur jardin à un apiculteur, et les habitants sont de plus en plus nombreux sur la liste d’attente. La commune compte en tout, plus de cent ruches.

D

epuis 2009, les ruches se multiplient Ă Montreuil, dans la banlieue Est de Paris. A l’origine du phĂŠnomène, un apiculteur, en recherche d’un terrain proche de son lieu de vie, a obtenu l’accord de la mairie pour installer ses butineuses dans le parc des Beaumont, au nord de la ville. Ayant eu vent de l’afIDLUH GHV FROOqJXHV OÂśRQW LPLWp 'H ÂżO HQ aiguille, la commune compte aujourd’hui 15 apiculteurs, dont les 80 ruches sont hĂŠbergĂŠes sur des terrains prĂŞtĂŠs par la ville en ĂŠchange d’animations pĂŠdagogiques. Après avoir mis Ă disposition ses parcs, ses terrasses et une ĂŠcole, la commune s’est tournĂŠe vers les particuliers en 2011. ÂŤ L’originalitĂŠ Ă Montreuil, c’est l’appel lancĂŠ aux habitants pour accueillir des ruches chez eux Âť, explique Pierre-Luc Vacher, chargĂŠ de mission environnement et biodiversitĂŠ de la municipalitĂŠ. C’est en rĂŠpondant Ă cet appel qu’Hildegarde Ă rencontrĂŠ HervĂŠ PĂŠon, l’un des apiculteurs de Montreuil. ÂŤ Il est venu voir sur place, mon jardin convenait, et me voilĂ avec une ruche depuis plus d’un an ! Âť Le terrain d’Hildegarde, plein de recoins et parsemĂŠ d’herbes folles, fait partie de la quinzaine ÂŤ d’heureux ĂŠlus Âť, rĂŠpondant au besoin de bien-ĂŞtre des butineuses.

Aujourd’hui, 40 personnes attendent le verdict des apiculteurs.

AU FOND DU JARDIN ÂŤ La plupart des participants sont dans une dĂŠmarche d’apprentissage, c’est un moyen pour eux de faire un premier pas Âť, souligne Pierre-Luc Vacher. ÂŤ Et recevoir en ĂŠchange des pots de miel de sa propre rĂŠcolte n’est pas dĂŠsagrĂŠable ! Âť Mais pour Hildegarde, la motivation ĂŠtait diffĂŠrente : ÂŤ J’Êtais curieuse d’en apprendre plus sur l’apiculture mais sans l’envie particulière de connaĂŽtre le mĂŠtier, ni d’avoir du miel : je ne suis pas très sucre‌ Âť Cette Hollandaise Ă la retraite, amoureuse de la rĂŠgion parisienne oĂš elle rĂŠside depuis ses 22 ans, s’inquiĂŠtait de la disparition des abeilles. ÂŤ J’Êtais sensible Ă cette question, et en ayant une ruche chez moi je pensais faire du bien. Âť Tel est l’objectif visĂŠ par la ville : ÂŤ En plus de dĂŠvelopper la biodiversitĂŠ, le but est de sensibiliser les habitants aux questions environnementales, et notamment Ă l’arrĂŞt des pesticides Âť, explique Pierre-Luc Vacher. Derrière le bon goĂťt rĂŠputĂŠ du miel de Montreuil, se cache l’intention de repenser l’alimentation locale et urbaine. Le lien crĂŠĂŠ entre le citoyen et l’apiculteur y participe : Hildegarde, en

rencontrant ce monde qu’elle ne connaissait que par les livres et les revues, a pris conscience de participer au dĂŠveloppement d’une consommation plus locale. ÂŤ HervĂŠ est ravi de pouvoir poser une ruche ici, et je suis ravie de pouvoir lui offrir cet espace. De temps en temps, il tĂŠlĂŠphone pour voir si tout va bien, et pour diverses tâches. Il prĂŠvoit d’Êlaguer pour laisser respirer les abeilles, et qu’elles aient l’exposition qu’il faut. Âť Hildegarde assiste avec plaisir HervĂŠ, dans ses travaux : ÂŤ Pour moi ce n’est pas contraignant du tout, puisque ce n’est pas moi qui m’en occupe. J’oublie par-

Pour le plaisir, Hildegarde assiste HervĂŠ, l'apiculteur, dans ses travaux. Š FLORE VIÉNOT

fois mĂŞme que j’ai une ruche au fond de mon jardin ! Âť L’idĂŠe fait des ĂŠmules Ă Montreuil : ÂŤ Les ruches se sont multipliĂŠes. Si on compte celles des particuliers et des lieux prĂŞtĂŠs par la ville, il y en a plus de 100 aujourd’hui ! Plus celles qui ne sont pas comptabilisĂŠes et qu’on dĂŠcouvre au compte-goutte Âť, se fĂŠlicite Pierre-Luc Vacher. Les abeilles ont donc un bel avenir devant elles Ă Montreuil, mĂŞme si elles n’empĂŞchent pas les cambrioleurs de faire leur travail ponctuel chez Hildegarde – qui avait ÂŤ secrètement osĂŠ l’espĂŠrer ‌ Flore ViĂŠnot

Des butineuses plus près des hommes ÂŤÂ Abeille sentinelle de l’environnement  est une initiative lancĂŠe par un syndicat d’apiculteurs pour nous alerter sur les dangers qui menacent les abeilles, et nous inviter Ă les protĂŠger. Pernes-les-Fontaines, petite ville du Vaucluse, s' est lancĂŠe.

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ernes-les-Fontaines, petite ville situĂŠe au pied des monts du Vaucluse, a fait sienne la cause des abeilles. Depuis 2010, elle s’est engagĂŠe dans le programme ÂŤ Abeille sentinelle de l’environnement Âť, lancĂŠ par l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). ÂŤ En tant que petit apiculteur, je n’ai pas eu de mal Ă convaincre le maire Âť explique François Vachet, chargĂŠ de communication de la municipalitĂŠ. Ce partenariat a permis l’installation de six ruches bien visibles, en sortie de ville, sur le bord de route. Un apiculteur rĂŠfĂŠrent en assure le suivi et l’entretien.

DES FLEURS MELLIFĂˆRES, PAS DES PELOUSES

Les enfants assistent Ă la rĂŠcolte du miel, Ă Pernes-les-Fontaines, dans le cadre du programme Abeille sentinelle de l’environnement et des journĂŠes nationales de sensibilisation ÂŤÂ Apidays . Š F.VACHET.

 On se sert des ruches comme support de sensibilisation et d’information sur les enjeux liÊs à la pollinisation , explique Henri ClÊment, porte-parole de l’Unaf.  Il ne faut pas oublier que 35 % de nos ressources alimentaires dÊpendent des abeilles.  En mettant les ruches au cœur des villes, l’idÊe du syndicat apicole Êtait de rapprocher le public de l’abeille pour mieux la dÊfendre.  En 1995, un changement s’est produit dans l’apiculture , poursuit Henri ClÊment.  Avant, le taux de mortalitÊ des abeilles Êtait de 5 % mais avec les insecticides nÊonicotinoïdes, on est passÊs à 30 % par an.  L’Europe a interdit, en avril dernier, trois insecticides de cette famille, mais pour le porte-parole de l’Unaf, il ne faut pas s’arrêter là :  Il faut davantage de diversitÊ et de rotation dans nos cultures, et une remise en cause de l’agriculture productiviste.  A Pernes-les-Fontaines, une nouvelle dÊmarche a ÊtÊ mise en place :  Depuis que

nous sommes partenaires du programme ÂŤ Abeille, sentinelle de l’environnement Âť, nous avons supprimĂŠ tous les traitements phytosanitaires dans l’espace public, et chaque fois qu’on crĂŠe un espace vert, on pense aux insectes pollinisateurs Âť, tĂŠmoigne François Vachet. Fini les pelouses, place aux SUDLULHV Ă€HXULHV $ OÂśDUULqUH GX UXFKHU XQ MDUdin public a ĂŠtĂŠ amĂŠnagĂŠ Ă partir d’espèces locales mellifères et pollinifères. ÂŤ On fait passer le message aux habitants de planter du tilleul riche en pollen, plutĂ´t que du mĂťrier platane, qui en est pauvre Âť, ajoute le chargĂŠ de communication. &KDTXH DQQpH j OD ÂżQ GX PRLV GH MXLQ OD rĂŠcolte du miel fait l’objet d’une manifesta-

tion nationale sur deux jours, les ÂŤ Apidays Âť, organisĂŠe localement par chaque partenaire. ÂŤ Il faut voir les enfants, observer un faux bourdon Ă la loupe ou assister Ă l’extraction du miel qui sera offert ! Âť s’Êmeut Henri ClĂŠment. Aujourd’hui, le programme qui a dĂŠbutĂŠ en 2005 rassemble 60 participants, dont les deux tiers sont des collectivitĂŠs locales et OH UHVWH GHV HQWUHSULVHV /D SDUWLFLSDWLRQ ÂżQDQcière annuelle va de 8 000 Ă 16 000 euros. Cette somme consĂŠquente peut ĂŞtre dissuasive, mais Ă l’Unaf, on explique que l’argent UpFROWp SDUWLFLSH DX ÂżQDQFHPHQW GHV QRPbreux combats que le syndicat mène en justice contre les grosses pointures de la chimie et des produits phytosanitaires. NG

CrĂŠer un rucher collectif ou parrainer des ruches Vous voulez contribuer Ă la sauvegarde des abeilles ? Vous pouvez proposer la crĂŠation d’un rucher collectif, sur un terrain prĂŞtĂŠ par la mairie ou par un habitant sensibilisĂŠ Ă leur disparition. Les membres du groupe - souvent organisĂŠs en association - entretiennent les ruches, partagent les frais et le miel – l’objectif est la protection des abeilles et non l’activitĂŠ mercantile. Il est prĂŠfĂŠrable que certains membres du groupe aient des connaissances en apiculture et puissent transmettre aux autres ce savoir-faire. Une autre façon de participer Ă la prĂŠservation des abeilles est le parrainage. Avec l’association ÂŤÂ Un toit pour les abeilles , vous choisissez le nombre d’abeilles que vous souhaitez parrainer. L’association installe votre ruche chez un de ses apiculteurs partenaires, et vous recevez en ĂŠchange le miel produit par ÂŤÂ vos abeilles . Si vous parrainez 4 000 abeilles (une tranche de parrainage dans une ruche qui compte une colonie de 40 000 insectes environ), vous recevrez six pots de miel de 250 g pour 8 euros par mois, soit 96 euros sur une annĂŠe. L’Unaf recommande d’être vigilant : certains parrainages proposeraient des tarifs annuels allant de 500 Ă 13 1000 euros !


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L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Il faut aussi des abeilles sauvages Bernard Vaissière est responsable du laboratoire ÂŤ Pollinisation et ĂŠcologie des abeilles Âť Ă l'Inra. Le chercheur nous explique en quoi les abeilles sauvages sont tout aussi utiles et menacĂŠes que leurs cousines domestiques. L'abeille mellifère, ou domestique, est gĂŠnĂŠralement considĂŠrĂŠe comme le principal insecte pollinisateur. Est-ce justifiĂŠ ? Bernard Vaissière : L'abeille mellifère est traditionnellement utilisĂŠe en agriculture car c'est une abeille sociale qu'il est facile, grâce aux apiculteurs, de dĂŠplacer sur les cultures lĂ oĂš on en a besoin. En outre, elle pollinise un très grand nombre de plantes diffĂŠrentes. On connaĂŽt moins bien les mille espèces d'abeilles sauvages qui vivent en France, dont seule une autre espèce – le bourdon terrestre Bombus terrestris – est aujourd’hui ĂŠlevĂŠe Ă grande ĂŠchelle. Mais il \ D DXMRXUG KXL j OD VXLWH GH WUDYDX[ VFLHQWLÂżTXHV XQH prise de conscience forte sur le fait qu'on ne peut pas tout rĂŠsoudre avec les seules abeilles domestiques : il faut aussi des abeilles sauvages pour optimiser la pollinisation.

Quel rôle jouent ces abeilles sauvages par rapport à l'abeille domestique ? BV : Il existe deux visions. D'un côtÊ, plusieurs publications VFLHQWL¿TXHV RQW FRQFOX TX HQ SUpVHQFH G DEHLOOHV VDXYDJHV O HI¿FDFLWp SROOLQLVDWULFH GHV DEHLOOHV GRPHVWLTXHV DXJmente : il y aurait une interaction entre les unes et les autres, liÊe notamment aux diffÊrences de comportement. Ces trois Êtudes ont ÊtÊ menÊes respectivement sur la production de semences hybrides de tournesol aux Etats-Unis et en Afrique du Sud, et sur amandiers en Californie. D'un autre côtÊ, un travail global sur les donnÊes de 41 Êtudes menÊes à travers le monde, est arrivÊ à la conclusion qu'il n'y a pas d'interaction : abeilles sauvages et domestiques seraient juste complÊmentaires.

En quoi leur rĂ´le dans la pollinisation est-il diffĂŠrent ? BV : La plupart des abeilles sauvages, Ă la diffĂŠrence des abeilles mellifères et des bourdons, n’agrègent pas le pollen avec du nectar pour le transporter : elles le rĂŠcoltent sec GDQV GHV SRLOV &H SROOHQ QRQ KXPLGLÂżp HVW HQFRUH GLVSRnible pour la pollinisation lorsque les abeilles sauvages viVLWHQW OHV Ă€HXUV ' DXWUH SDUW GH QRPEUHXVHV DEHLOOHV VDXvages se sont adaptĂŠes Ă des plantes prĂŠcises avec des poils, XQH ODQJXH RX XQH VWUDWpJLH GH EXWLQDJH VSpFLÂżTXHV (Q FRQVpTXHQFH O HIÂżFDFLWp SROOLQLVDWULFH LQGLYLGXHOOH GHV abeilles sauvages est souvent supĂŠrieure Ă celle des abeilles domestiques. Mais les abeilles domestiques ont le nombre pour elles ! On devrait donc aborder la pollinisation des cultures sous deux angles : d'un cĂ´tĂŠ, maintenir la prĂŠsence ou introduire des colonies d'abeilles domestiques, et de l'autre, favoriser la faune sauvage.

L'abeille domestique est-elle la seule Ă faire du miel ? BV : Au sens lĂŠgal, oui : seul le produit d'Apis mellifera peut

être vendu comme du miel. Mais le bourdon fait lui aussi un "miel" - au goÝt pas très agrÊable - et en AmÊrique du Sud, on rÊcolte le "miel" des abeilles sans dard (mÊlipones et trigones). Pour nourrir leurs larves, la plupart des abeilles sauvages confectionnent une boule avec un mÊlange de nectar et de pollen dans une cellule oÚ elles pondent un oeuf, avant de fermer le tout. Plus de 80 % d'entre elles sont solitaires. Quelques espèces ont des habitudes sociales, mais elles pondent tout de même dans des cellules individualisÊes.

Dans quelle mesure le dÊclin des pollinisateurs menace-t-il les cultures ? BV : Plus de 80 % des espèces cultivÊes en Europe dÊpendent des insectes pollinisateurs, mais l'estimation du degrÊ de dÊpendance des diffÊrentes espèces reste grossière. Par exemple, pour le pêcher que nous pensions dÊpendant, les mesures effectuÊes en 2012 sur deux variÊtÊs n'ont montrÊ aucun impact des insectes pollinisateurs sur le rendement et la qualitÊ des fruits. Il faut travailler pour obtenir des donnÊes plus prÊcises. Ce qui est certain, c'est que plus la taille des parcelles cultivÊes est importante, plus il est nÊcessaire de s'assurer de la prÊsence d'insectes pollinisateurs.

Au niveau international, l'inquiĂŠtude est de plus en plus forte. La FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l’agriculture) s'intĂŠresse dĂŠsormais au rĂ´le des insectes. dans la pollinisation. Mais quels sont les moyens allouĂŠs Ă la recherche publique dans ce domaine ? BV : Nous sommes très peu nombreux dans le monde Ă travailler sur le sujet. En France, nous sommes deux chercheurs dans le laboratoire Pollinisation et ĂŠcologie des abeilles, qui fait partie du dĂŠpartement Abeilles et environnement de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique). Des ĂŠcologues publient de nombreux travaux, mais le problème est que les chercheurs publient chacun dans leurs revues spĂŠcialisĂŠes. Actuellement, rares sont les agronomes qui prennent le sujet de la pollinisation des cultures par les abeilles au sĂŠrieux.

Toutes les abeilles sont-elles touchĂŠes de la mĂŞme façon par ce phĂŠnomène de dĂŠclin ? BV : Les abeilles domestiques sont mieux armĂŠes pour rĂŠsister. Elles vivent en colonies populeuses avec une reine qui assure la reproduction, et leur alimentation est très diversiÂżpH (W TXDQG HOOHV VRQW LQWR[LTXpHV SDU GHV SHVWLFLGHV VH sont souvent d’abord les ouvrières butineuses qui trinquent tandis que la reine peut survivre et continuer Ă pondre. Leur

Plus efficace sur une visite que l'abeille domestique pour polliniser les vergers, l'osmie rousse est souvent prĂŠsente parmi les pommiers. Š CC FRÉDÉRIC BRIDOUX

point faible, c'est qu'elles ont des besoins importants : une colonie, c'est 30 kg de pollen par an ! Les abeilles sauvages sont plus fragiles car leur alimentation est souvent restreinte à quelques plantes, voire à une seule. Elles sont aussi plus vulnÊrables aux pesticides car elle sont solitaires et c’est le même individu qui assure butinage et reproduction, de sorte que les individus contaminÊs n'auront pas de descendance.

L'extinction d'une abeille peut-elle conduire à la disparition de la plante qui lui est associÊe ? BV : Il n'y a pas de cas avÊrÊ. Une abeille peut être très dÊpendante d'une plante, mais la plante, elle, est le plus souvent pollinisÊe par plusieurs insectes diffÊrents. Mais il est vrai TXH SOXV OH UpVHDX GH SROOLQLVDWLRQ HVW GLYHUVL¿p SOXV LO HVW souple et solide. Or, la diversitÊ des pollinisateurs a considÊrablement diminuÊ ces dernières annÊes. Propos recueillis par LG

Accueillir des abeilles dans son jardin

Quelques exemples de plantes sauvages Ă laisser vivre dans un coin ¸ +C RSQQGJ?EC 3SQQGJ?EM D?PD?P? L ĂľCQR N?Q B SLC RPÂŒQ EP?LBC PGAFCQQC K?GQ GJ DJCSPGR BÂŒQ DÂ?TPGCP CR HSQOS CL ?TPGJ ¸ +CQ DJCSPQ B Â?NGJM@C CL Â?NG HSGJJCR „ ?MžR CR J? KMJÂŒLC D?SV @MSGJJML @J?LA HSGL „ ?MžR offrent en abondance nectar et pollen. ¸ +C LCAR?P BS NGQQCLJGR ?TPGJ „ HSGJJCR CQR RPÂŒQ ?NNPÂ?AGÂ? BCQ ?@CGJJCQ ¸ +? PMQC RPÂ?KGÂŒPC HSGJJCR „ QCNRCK@PC CQR ?QQCX PGAFC ¸ +? QA?@GCSQC BS "?SA?QC ? SLC JMLESC DJMP?GQML HSGL „ MARM@PC RMSR AMKKC JC RPÂŒDJC blanc qui fleurit de juin Ă novembre.

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Source : RÊmi Bacher, L’ABC du rucher bio, Terre vivante, 2011 Lire aussi notre fiche pratique sur les abeilles domestiques et sauvages, p.19

En savoir +

Š LAGE DEFAIRE

Dans un jardin ou mĂŞme un balcon, vous pouvez Ă votre ĂŠchelle faire beaucoup pour les abeilles en leur fournissant le gĂŽte avec des nichoirs (urbanbees.eu), et le couvert en semant des plantes nectarifères, en rĂŠservant des coins aux herbes folles et en ĂŠvitant les traitements insecticides. Les plantes riches en nectar et/ou en pollen se comptent par centaines. PrĂŠfĂŠrez les vivaces rustiques, adaptĂŠes Ă votre sol et au climat de votre rĂŠgion. Pour fournir de la nourriture aux insectes pollinisateurs toute l’annĂŠe, organisez vos semis afin d’avoir des fleurs Ă la sortie de l’hiver pour stimuler la ponte et nourrir les jeunes larves ; Ă partir de la fin juillet lorsque les fleurs de printemps sont moins nombreuses ; et en automne pour permettre aux abeilles domestiques de faire des provisions pour l’hiver. Soyez patients, car les fleurs vivaces ont besoin de temps pour s’installer.

¸ Union nationale de l’apiculture française (Unaf ), 26 rue des Tournelles, 75004 Paris TĂŠl.  01 48 87 47 15 www.unaf-apiculture.info/ www.unaf-apiculture.info/


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Le bel âge

gros plan

‡ agir

desgraines Marie-Madeleine a 87 ans, de l’ardeur et de la malice. Ancienne grainetière, elle est un fervent soutien de l’association Kokopelli. Lisa Giachino 0RQ ÂżOV YRXV D GLW TXHO HVW PRQ kJH " Âť Marie-Madeleine Gripouilleau est ÂŤ OD GR\HQQH GH .RNRSHOOL Âť, l'association de ÂŤ libĂŠration des semences et de l'humus Âť, qui cultive grâce Ă ses adhĂŠrents un patrimoine de 5 000 variĂŠtĂŠs potagères anciennes. A 87 ans, elle n’a rien perdu de son ardeur : ÂŤ -H GpIHQGV .RNRSHOOL EHF HW RQJOHV ÂŞ V HQĂ€DPPH W HOOH DX tĂŠlĂŠphone. ÂŤ 4XDQG M DL DSSULV TXH OD &RXU HXURSpHQQH QH OXL D SDV GRQQp UDLVRQ GDQV VRQ SURFqV FRQWUH OH VHPHQFLHU %DXPDX[ MH VXLV HQWUpH GDQV XQH UDJH IROOH &HWWH &RXU F HVW GH OD JQRJQRWWH Âť Si la dame est aussi combative, ce n'est pas seulement parce que l'un de ses enfants, Jocelyn Moulin, est l'un des fondateurs de Kokopelli. ÂŤ /HV JUDLQHV F HVW WRXWH XQH SDUWLH GH PD YLH Âť, explique-t-elle. ÂŤ (W OD YLH FRPPHQFH DYHF OHV JUDLQHV 6 LO Q \ D SOXV GH JUDLQHV LO Q \ D SOXV GH YLH Âť Les milliers de semences qu'elle met en sachets, en tant que bĂŠnĂŠvole de l'association, sont un joli pied de nez Ă son histoire personnelle - toute une existence, ou presque, passĂŠe dans le commerce des plantes et des semences.

LES LÉGUMES SUR UNE CHARRETTE Fille d'agriculteurs en Touraine, la petite Marie-Madeleine a huit ans lorsqu'elle accompagne sa grand-mère paternelle, qui vend ses lĂŠgumes en porte-Ă -porte. ÂŤ ,O Q \ DYDLW SDV GH PDUFKp Âť, se souvient-elle. ÂŤ /HV OpJXPHV pWDLHQW VXU XQH SHWLWH FKDUUHWWH WLUpH SDU XQ SRQH\ 4XDQG MH VRQQDLV DX[ SRUWHV OHV GDPHV PH GRQQDLHQW GHV ERQERQV ÂŞ /D ÂżOOHWWH REWLHQW VRQ &HUWLÂżFDW G pWXGHV j DQV HW UHVWH TXHOTXHV annĂŠes de plus sur les bancs de l’Êcole. ÂŤ 0DLV OHV pWXGHV FH Q pWDLW SDV PRQ WUXF DORUV PD PqUH P D GLW Š $OOH] DX ERXORW ÂŞ $ DQV 0DULH 0DGHOHLQH GHYLHQW GRQF PDUDvFKqUH FRPPH VD JUDQG PqUH HW QH V HQ SODLQW SDV ÂŤ 2Q JDJQDLW ELHQ VD YLH RQ pWDLW j O DLVH 0RQ SDSD IDLVDLW XQ SHX GH EOp G DYRLQH GH FpUpDOHV HW VXUWRXW EHDXFRXS G DVSHUJHV 0D PDPDQ DYDLW WURLV YDFKHV GHX[ FKqYUHV LO \ DYDLW XQ SHX GH EHWWHUDYHV 2Q WUDYDLOODLW DYHF GHV FKHYDX[ Âť $ DQV OD MHXQH IHPPH pSRXVH XQ grainetier. Auprès de son mari et de ses beaux-parents, qui ont une petite boutique au nord de Tours, elle apprend son nouveau mĂŠtier. ÂŤ -H FRQQDLVVDLV GpMj ELHQ OHV JUDLQHV 2Q OHV YHQGDLW HQ YUDF DYHF XQH EDODQFH HW XQ SHWLW Ă€pDX 2Q SURSRVDLW OHV JUDLQHV GHV JUDQGHV PDUTXHV GRQW OHV UH-

SUpVHQWDQWV YHQDLHQW QRXV YRLU Âą FHV JURV VHPHQFLHUV TXL PDLQWHQDQW VRQW FRQWUH .RNRSHOOL $ OÂśpSRTXH RQ FRPSWDLW TXDWUH JUDLQHWHULHV VXU 7RXUV Âą DXMRXUGÂśKXL LO QÂś\ HQ D SOXV XQH VHXOH Âť Le couple fait les marchĂŠs avec son camion, ouvre une boutique, puis se sĂŠpare alors que les trois enfants sont encore petits. Marie-Madeleine laisse le commerce Ă son mari et se consacre Ă leur ĂŠducation. &ÂśHVW ELHQ SOXV WDUG GDQV OHV DQQpHV que les graines font leur retour dans sa vie. Jocelyn, qui autrefois l’accompagnait sur les marchĂŠs, est devenu adulte. ÂŤ $SUqV DYRLU ERXUOLQJXp LO D FUpp XQ PDJDVLQ GLpWpWLTXH j 0RXOLQV GDQV OÂś$OOLHU -H PH VXLV WURXYp XQ SHWLW DSSDUWHPHQW SRXU PH UDSSURFKHU GH OXL Âť Quand Jocelyn fait la connaissance de Dominique Gillet, l’actuel prĂŠsident de Kokopelli, qui vend alors des semences biologiques dans le cadre de son entreprise Terre de semences, la mère HW OH ÂżOV VH SUHQQHQW GH SDVVLRQ SRXU OD sauvegarde des variĂŠtĂŠs vĂŠgĂŠtales locales et anciennes. MenacĂŠ par la RĂŠpression des fraudes parce qu’il commercialise GHV VHPHQFHV QRQ LQVFULWHV DX &DWDORJXH RIÂżFLHO HW UHIXVDQW GH VRXPHWWUH VHV plantes aux critères lĂŠgaux de stabilitĂŠ et d’homogĂŠnĂŠitĂŠ, Dominique Gillet dĂŠcide de relancer son projet dans un cadre associatif. Jocelyn participe Ă la naissance de .RNRSHOOL HQ

Marie-Madeleine sur le marchĂŠ de Tours, vers 1960.

On rencontrait beaucoup de gens qui n’avaient jamais semÊ une graine. Ils ne savaient pas, par exemple, que la graine de courge a un côtÊ pointu et que le germe sort de l’autre côtÊ. Ma rÊcompense, c’Êtait quand ils revenaient l’annÊe suivante et qu’ils me remerciaient car ils avaient bien rÊussi leur semis !

Š DR

Marie-Madeleine

ÂŤ JE ME PAYE DU CULOT Âť ÂŤ 3HQGDQW DQV MÂśDL SDUFRXUX OD )UDQFH DYHF OXL SRXU WHQLU GHV VWDQGV GH 7HUUH GH VHPHQFHV SXLV GH .RNRSHOOL Âť, raconte sa mère. ÂŤ 2Q SDUWDLW OH YHQGUHGL VRLU HW RQ UHQWUDLW GDQV OD QXLW GX GLPDQFKH FDU PRQ ÂżOV GHYDLW rWUH OH OXQGL j VRQ PDJDVLQ 2Q UHVWDLW WRXWH OD MRXUQpH GHERXW j SDUOHU PDLV MÂśDGRUDLV oD 2Q UHQFRQWUDLW EHDXFRXS GH JHQV TXL QÂśDYDLHQW MDPDLV VHPp XQH JUDLQH ,OV QH VDYDLHQW SDV SDU H[HPSOH TXH OD JUDLQH GH FRXUJH D XQ F{Wp SRLQWX HW TXH OH JHUPH VRUW GH OÂśDXWUH F{Wp 0D UpFRPSHQVH FÂśpWDLW TXDQG LOV UHYHQDLHQW OÂśDQQpH VXLYDQWH HW TXÂśLOV PH UHPHUFLDLHQW FDU LOV DYDLHQW ELHQ UpXVVL OHXU VHPLV Âť Aujourd’hui, Marie-Madeleine prend plus rarement la route, mais elle ne dĂŠsarme pas pour autant. En vieille professionnelle, elle n’aime rien tant que taquiner les vendeurs des jardineries, qui ont remplacĂŠ les grainetiers. ÂŤ -H PH SD\H GX FXORW HW MH OHXU GHPDQGH GHV H[SOLFDWLRQV ,OV QH VDYHQW SDV PH UpSRQGUH FH QÂśHVW SDV OHXU PpWLHU $ORUV MH OHXU GLV FH TXH MH IDLV DYHF .RNRSHOOL HW LOV PH UHJDUGHQW DYHF GHV \HX[ URQGV dD PÂśDPXVH Âť, avoue-t-elle dans un petit rire. ÂŤ -H VXLV PRTXHXVH Âť

Huit ans de procès

Š KOKOPELLI

BasĂŠe Ă Alès, dans le Gard, l’association Kokopelli compte près de 8 000 adhĂŠrents. Elle est en procès depuis 2005 avec la sociĂŠtĂŠ Graines Baumaux, qui l’a poursuivie devant le Tribunal de Grande instance de Nancy pour concurrence dĂŠloyale, lui reprochant notamment de vendre des semences non inscrites au Catalogue officiel. Le tribunal a condamnĂŠ Kokopelli au paiement de 10 000 euros de dommages-intĂŠrĂŞts. L’association a fait appel de ce jugement et demandĂŠ Ă ce que la Cour de justice de l’Union europĂŠenne soit saisie sur la validitĂŠ de la lĂŠgislation europĂŠenne sur le commerce des semences. En janvier 2012, l’avocat gĂŠnĂŠral de la Cour europĂŠenne a rendu un avis favorable Ă Kokopelli, conseillant Ă la Cour d’invalider certaines dispositions de la lĂŠgislation europĂŠenne, en particulier celles qui rendent obligatoire l’inscription de toutes les semences au Catalogue officiel. Mais la Cour n’a pas suivi l’avocat gĂŠnĂŠral, et a jugĂŠ que la lĂŠgislation ne prĂŠsentait aucun ĂŠlĂŠment de nature Ă affecter sa validitĂŠ. La procĂŠdure devant la Cour d’appel de Nancy a donc repris, et l’audience de plaidoirie est prĂŠvue le 21 octobre prochain.

Pour connaĂŽtre les arguments prĂŠsentĂŠs par Kokopelli dans ce procès : kokopelli-semences.fr/juridique/kokopelli_vs_baumaux Sur les semences paysannes, lire aussi notre dossier dans le n°73 de l’ADF (mars 2013)

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agir ‡

ça donne la pêche !

larecette maligne

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Š LAGE DEFAIRE

Bretagne : un parc Êolien 100 % citoyen

LE PESTO DE PLANTAIN

Le plantain est une plante très courante que vous avez sĂťrement rencontrĂŠe dans les prĂŠs ou le long des chemins. Elle comporte de très nombreuses variĂŠtĂŠs dont le plantain lancĂŠolĂŠ, appelĂŠ aussi herbe Ă cinq coutures, car si on tire sur une feuille on voit comme cinq fils ĂŠlastiques qui rĂŠsistent. Les feuilles de plantain hachĂŠes procureront un très bon pesto. Pour cela, il vous faut une vingtaine de jeunes feuilles, une gousse d’ail, 1c.Ă soupe de poudre de noisette (ou d’amande), de l’huile d’olive, 1c.Ă soupe de parmesan moulinĂŠ, du sel et du poivre. Hachez tous les ingrĂŠdients, mĂŠlangez et dĂŠgustez sur des tartines ou avec des pâtes. Les feuilles de plantain, prĂŠparĂŠes en tisane soignent les maladies respiratoires et frottĂŠes sur la peau elles calment les piqĂťres d’orties.

L'a ssociation Energie des fĂŠes a rĂŠuni 200 000 euros de fond citoyens. Š ENERGIE DES FÉES

L

'idĂŠe de crĂŠer la sociĂŠtĂŠ FĂŠĂŠole, dans le pays de la Roche aux FĂŠes, en Bretagne, a ĂŠmergĂŠ en 2010, sous l'impulsion d'une quinzaine d'habitants qui souhaitaient garder la maĂŽtrise de l’Ênergie locale : ÂŤ Si nous ne le faisions pas, des investisseurs nationaux, voire ĂŠtrangers, l'auraient fait Âť, explique Annick Lemonnier, prĂŠsidente de l'association Energie des fĂŠes. Celle-ci a commencĂŠ par matĂŠrialiser le projet sous forme de vĂŠritable cahier des charges, Ă savoir l'installation de cinq ou six ĂŠoliennes de 3 mĂŠgawatts chacune. ÂŤ Nous partions de zĂŠro. Il y avait tellement de paramètres Ă prendre HQ FRPSWH SRXU GpÂżQLU OD PHLOOHXUH ]RQH gĂŠographique sur laquelle travailler Âť, se souvient-elle. Les principaux obstacles ĂŠtaient d'ordre naturel (espaces protĂŠgĂŠs GH IDXQH HW GH Ă€RUH VLWHV SHX YHQWpV HW humain : ÂŤ Certains opposants pensent TX RQ YD GpÂżJXUHU OH SD\VDJH DYHF OHV ĂŠoliennes Âť, regrette Annick. La petite ĂŠquipe continue malgrĂŠ tout Ă sillonner les villages pour prĂŠsenter son

Pour sauver La Cathode Le mois dernier, nous vous parlions de La Cathode, cette association de Seine-Saint-Denis qui anime notamment des ateliers de rĂŠalisation de films et la webTV Regards2banlieue. Mise en cessation de paiement, elle passera devant le Tribunal de Grande instance de Bobigny le 20 Juin. Pour pouvoir signer un moratoire avec les organismes sociaux et entrer en redressement, il lui faut trouver 50 000  euros  d’ici le 20 juin.  Un appel Ă souscriptions est lancĂŠ. ÂŤÂ Chaque souscripteur aura un reçu fiscal, sera tenu au courant de la situation et sera associĂŠ Ă la Web TV du territoire.  Contact : 01 48 30 81 60 - contact@lacathode.org

Juste tourisme L’actualitĂŠ au Nord-Mali et au Cameroun a provoquĂŠ une baisse drastique du tourisme en Afrique de l’Ouest, affirme l’association Sakado. ÂŤÂ Cet ĂŠtĂŠ, la baisse devrait se situer autour de 50 %. La crise ne s’arrĂŞte pas aux pays touchĂŠs par les troubles, mais s’Êtend Ă des destinations sĂťres comme le Ghana, le Togo ou le BĂŠnin. Restaurateurs, artisans, hĂŠbergeurs‌ De nombreuses structures liĂŠes au tourisme pĂŠriclitent.  Depuis dĂŠbut 2012, Sakado propose des circuits touristiques ÂŤÂ responsables, justes et ĂŠducatifs  en lien avec les communautĂŠs locales. En difficultĂŠ elle aussi, elle lance un appel : ÂŤÂ Si nos projets vous plaisent, dĂŠcidez-vous et parlez-en autour de vous !  voyagessakado.com – 06 62 62 25 57

Une ĂŠpicerie associative Ă Digne Une ĂŠpicerie associative vient d’ouvrir Ă Digne-les-Bains, prĂŠfecture des Alpes-de-Haute-Provence. ApprovisionnĂŠe en circuits courts auprès de producteurs locaux, elle prĂŠvoit une double tarification en fonction des revenus, et ÂŤÂ un espace de mixitĂŠ sociale et de rencontre autour d'ateliers et d'animations . Episol Digna, 3, rue du Docteur Honnorat, Digne-les-Bains - 04 86 49 66 42 16 episoldigna.e-monsite.com

projet aux ĂŠlus et aux habitants. ÂŤ Nous avons rapidement obtenu la validation symbolique de la communautĂŠ de communes, qui soutient rĂŠgulièrement des initiatives locales Âť, se souvient Annick. L'enjeu est grand pour les collectivitĂŠs locales : ce type de projet pourrait rĂŠduire la dĂŠpendance ĂŠnergĂŠtique de la Bretagne, qui produit Ă peine 12 % de l’ÊlectricitĂŠ qu’elle consomme. La sociĂŠtĂŠ FĂŠĂŠole est crĂŠĂŠe pour porter le projet ĂŠconomique.

200 000 EUROS D 'AIDE CITOYENNE Après avoir passĂŠ des contrats avec une vingtaine de propriĂŠtaires terriens installĂŠs sur la zone de travail considĂŠrĂŠe, FĂŠĂŠole dĂŠcide d'ouvrir le projet Ă tous les citoyens du territoire : ÂŤ L'objectif est de crĂŠer une dĂŠmarche collective vers une autre façon de consommer, de produire et de vivre Âť, assure Annick, qui souhaite ÂŤ anticiper collectivement les mesures Ă mener pour l’avenir. Âť Au terme de trois rĂŠunions publiques, près d'une centaine de citoyens ont dĂŠcidĂŠ de participer Ă l'aventure en fonction de leurs

moyens. Pour valoriser leur action, dix Cigales (Clubs d’investissement pour une gestion alternative et locale de l’Êpargne VROLGDLUH VH VRQW FRQVWLWXpV Š En l'espace de quelques mois, nous avons dĂŠbloquĂŠ 200 000 euros de fonds citoyens pour ÂżQDQFHU OHV pWXGHV QpFHVVDLUHV DX GpS{W du permis de construire, qui se fera dĂŠbut 2014 Âť, se fĂŠlicite Annick, en remerciant au passage les ÂŤ 167 personnes Ĺ“uvrant Ă la rĂŠussite de ce projet Âť. En attendant, les rĂŠunions mensuelles FRQWLQXHQW DÂżQ GH EDOD\HU WRXWHV OHV problĂŠmatiques en cours et d’envisager celles Ă venir : ÂŤ Quels investissements, quels plannings... Âť Dans le cadre du partenariat mis en place avec un dĂŠveloppeur de parcs ĂŠoliens, P&T Technologie, la sociĂŠtĂŠ FĂŠeole ÂŤ reste maĂŽtre d’œuvre du projet et P&T apporte son savoir-faire Âť. En parallèle, l'association Energie des FĂŠes poursuit ses actions pour sensibiliser les habitants aux ĂŠconomies d’Ênergie, et autres petits gestes ĂŠcologiques de la vie quotidienne. OphĂŠlie Zaegel

La chronique d’Alain Duez

C

e dernier week-end de mai, un ĂŠvènement important a animĂŠ Cluny, en SaĂ´ne-etLoire. Douze structures de l’Êconomie sociale, solidaire et ĂŠcologique (1) (Esse) se sont constituĂŠes en Collectif pour une transition citoyenne. Un Forum ĂŠtalĂŠ accompagnait cette crĂŠation durant lesquels 4 grands acteurs tenaient leurs AssemblĂŠes gĂŠnĂŠrales. La Nef, Terre de liens, Enercoop et Energie partagĂŠe ont en commun de collecter de l’Êpargne citoyenne afin de financer des projets ĂŠcologiques, sociaux et/ou culturels peu prisĂŠs par les banques traditionnelles. La montĂŠe en puissance de ces structures, rĂŠcentes pour les 3 dernières, tĂŠmoigne d’une rĂŠelle attente, mais force est de constater qu’elles opèrent essentiellement dans les cercles militants. Les Français sont parmi les plus ĂŠpargnants du monde ! Et, bonne nouvelle, en majoritĂŠ, ils n’en attendent pas de revenus supplĂŠmentaires mais plutĂ´t de la sĂŠcuritĂŠ. Ce qui correspond bien au profil de l’Êpargne solidaire, avec en prime le sentiment de compter au sein d’une communautĂŠ d’idĂŠal et surtout, d’avoir l’assurance que son argent servira l’intĂŠrĂŞt gĂŠnĂŠral. Il doit donc y avoir lĂ en rĂŠserve un vivier important qui, sensibilisĂŠ, viendrait grossir les rangs des adeptes d’une ĂŠconomie juste. L’association l’âge de faire compte parmi les douze fondateurs du Collectif pour une transition citoyenne. Notre pierre Ă l’Êdifice sera naturellement de porter le message au-delĂ des cercles de convaincus, c’est notre crĂŠdo. Il est devenu ĂŠvident que, d’un cĂ´tĂŠ, la dĂŠshĂŠrence des pouvoirs publics face Ă une conjoncture ĂŠconomique qu’ils ont abandonnĂŠs aux marchĂŠs financiers et la prise de conscience des rĂŠalitĂŠs ĂŠcologiques laissent de moins

en moins de gens vraiment indiffĂŠrents. Et d’un autre cĂ´tĂŠ, comme ils en tĂŠmoignaient Ă Cluny, les acteurs de l’Esse sont en mesure de prĂŠsenter des solutions. Ce sont certes des modèles rĂŠduits quant au volume mais largement suffisants pour dĂŠmontrer que ce sont de vĂŠritables alternatives. Interconnecter ces deux mondes dans un dĂŠlai assez court ĂŠtant donnĂŠ les urgences est un problème non rĂŠsolu et pour cause ! Nous l’avons dĂŠjĂ dit, c’est un chantier d’une telle ampleur que nos ÂŤ prisons mentalesÂť ont beaucoup de mal Ă l’envisager. Pourtant, portĂŠ collectivement, toutes tâches bien partagĂŠes, il est tout Ă fait Ă notre portĂŠe, telle qu’en tĂŠmoigne l’offre du Plan Esse. Face aux puissances financières et aux lobbies, nous avons le nombre mais nous ne savons pas en user. C’est le moment de tenter le coup, innovons ! ¸ Attac, Bio Consom’acteurs, Compagnie financière ĂŠthique (CfĂŠ), Mouvement Colibris, Enercoop, Energie partagĂŠe, Jardins de Cocagne, l’âge de faire association, Miramap, la Nef, Ville en Transition, Terre de liens.

INVITATION : ThÊo Fixary se propose d’accueillir notre AssemblÊe gÊnÊrale dans son village de Valay en Haute-Saône. Ce sera le samedi juillet 27 juillet. Mais l’accueil sera organisÊ depuis le vendredi jusqu’au dimanche pour avoir du temps pour l’Êchange. Venez nombreux même sans être adhÊrents ! Covoiturage sur notre site internet. C’est mieux de vous annoncer. le-plan-esse.org - 04 92 61 60 28


agir

L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Ce mois-ci, la santé par le miel Le miel est un « sucre » qui a sa place dans une cuisine variée et gourmande. Certains miels ont même des propriétés santé. Mais comme tout « sucre », il faut savoir raison garder ! Le miel est un édulcorant naturel, riche en minéraux et vitamines, qui est bien sûr préférable au sucre raffiné du fait de sa richesse en nutriments. Avec 300 calories pour 100 grammes, il est moins calorique que le sucre de canne complet (350 cal, et 400 pour le sucre blanc). Toutefois, il conserve un index glycémique élevé (environ 60), ce qui n’en fait pas un ami pour les régimes. Préférez dans cette optique le sucre de coco ou le sirop d'agave (entre 15 et 30). Enfin, comme tous les sucres concentrés, il favorise le développement des caries, n' oubliez pas de vous brosser les dents après une petite douceur !

Anti-tumoral ? Hippocrate recommandait le miel comme remède de longévité et le prescrivait en cas de fièvre, d’ulcères et de plaies. Les études scientifiques confirment aujourd’hui ces propriétés. Le miel est reconnu pour renforcer le système immunitaire : grâce à ces antioxydants, il atténue les maux comme le rhume et la grippe. Il aurait même des propriétés anti-tumorales, des recherches scientifiques sont en cours à ce sujet. En cas de rhume accompagné de toux, le miel est un adoucissant idéal pour la gorge. Il fait également fonction d’antitussif. Par ailleurs, les propriétés antibactériennes et antifongiques du miel inhibent la

mapetiteentreprise

croissance bactérienne. Plusieurs études ont montré que l'application de miel de thym sur les brûlures et les plaies ouvertes prévenait l'infection et favorisait la cicatrisation. Il est utilisé dans certains hôpitaux pour cela. Le miel (et surtout le fructose qu’il contient) accélère l'oxydation de l'alcool dans le foie…. Ce qui en fait un excellent traitement anti « gueule de bois ».

Plusieurs miels, plusieurs propriétés Le miel de Manuka, originaire de Nouvelle-Zélande, est très en vogue actuellement. De nombreuses études (néo-zélandaises) démontrent en effet ses propriétés cicatrisantes et antimicrobiennes… ce qui justifie un surcoût astronomique ! Pourtant, nous avons en France des miels très efficaces (mais moins documentés scientifiquement). Le miel de thym pour la cicatrisation, mais aussi celui d’eucalyptus contre les maladies respiratoires, de bruyère contre les infections urinaires, de lavande contre les irritations de la gorge ou pour préparer au sommeil dans une tasse de lait chaud…

Stéphane Tetart, naturopathe, a étudié la nutrithérapie, la diététique et la médecine chinoise. Il accompagne particulièrement les intolérances alimentaires, les problèmes de cholestérol, de baisse d’énergie (physique et mentale) et de surpoids.Il organise des ateliers de cuisine bio-végétarienne, d'huiles essentielles et des conférences sur Paris. www.tetart.com

L

e potager conservatoire de Beaumesnil, en Normandie, a rouvert ses portes au public, après une interruption hivernale. Installé sur quelques 6 hectares du parc du Château de Beaumesnil, dans l’Eure, ce potager, géré par l’association 1001 Légumes, cultive près de 500 variétés de légumes, dont quelques 125 tomates différentes, plus de 90 variétés de courges et « seulement » 7 à 8 variétés de carottes. « Nous faisons beaucoup de légumes feuilles, car ils sont plus visuels, et donc plus accessibles pour le public », explique Frédéric Lamblin, initiateur du projet, initié en 2008. Membre de l’association Kokopelli, qui défend la diversité des semences, le potager de Beaumesnil n’œuvre pas seulement à la conservation des légumes anciens : il est aussi devenu un lieu incontournable de la vie du canton. Situé au cœur de l’une des deux seules Zones de revitalisation rurale de l’Eure, à l’écart des axes de communication importants, doté d’un taux de chômage important, le canton de Beaumesnil offre peu d’activités culturelles ou de loisirs à ses habitants. Les projets qui se sont montés ces dernières années autour du potager n’en prennent que plus d’importance...

Clowns à l’hôpital Sans financement public, l’association Clowns Z’hôpitaux s’appuie sur les dons de particuliers et d’entreprises. L’année dernière, ceux-ci lui ont permis de visiter plus de 20 000 enfants, personnes âgées et handicapées hospitalisées, et d’assurer la formation continue de 40 clowns à l’hôpital. Pour soutenir l’association : Clowns Z’hôpitaux, Hôpital St Jean, 20 avenue du Languedoc BP 49954, 66046 Perpignan Cedex 9 ou clown-hopital.com

les huiles

de friture

onner une seconde vie aux huiles de friture : dans le Nord-Pas-de-Calais, où la frite est reine, l’idée semble promise à un bel avenir. La société Gecco collecte les huiles usagées dans les différents restaurants de Lille et de sa région en vue de les transformer en bio diesel. « L’idée nous est venue de la question du dérèglement climatique, et on a pu constater qu’on pouvait rouler à l’huile de friture », explique Julien Pilette, 33 ans, gérant et fondateur de l’entreSULVH TXL D EpQp¿FLp GX VRXWLHQ G¶XQ &LJDOH &OXE G¶LQYHVtisseurs pour une gestion alternative et locale de l’épargne solidaire). Le liquide gras est collecté à l’aide « d’un vélo triporteur, ou en partenariat avec des entreprises d’insertion », souligne le gérant. Julien Pilette a conçu un logiciel à partir GXTXHO WRXV OHV UHVWDXUDQWV VRQW JpRORFDOLVpV HW SHXYHQW ¿[HU le jour de la collecte. Plus de 200 tonnes d’huiles de friture et autres graisses alimentaires sont ainsi récupérées chaque année par l’entreprise. Les produits rassemblés sont ensuite acheminés vers les industries spécialisées dans le biocarburant, pour y être transformés. « Nous sommes dans le bio diesel classique. Nous développons aussi de l’huile pour les chaînes de tronçonneuse », précise le gérant. Avec ses cinq salariés et son budget de 300 000 euros, la petite entreprise souhaite s’installer dans d’autres régions pour développer ses activités. « Nous sommes en train de changer notre modèle économique pour pouvoir fabriquer localement, faire en sorte que les huiles ne voyagent pas trop. Bref, nous voulons faire de l’essaimage », conclut Julien Pilette.

Le potager travaille avec les écoles de la région et la Caf de l’Eure.

Faïssoili Abdou

© POTAGER CONSERVATOIRE DE BEAUMESNIL

laires. Le potager attire près de 4 500 visiteurs par an, dont près de 800 scolaires, et a boosté la fréquentation du château de Beaumesnil voisin. « Nombreuses sont les personnes qui « font » les deux visites dans la journée », remarque Frédéric Lamblin. Au mois d’août, une exposition de photos de Joële Dollé, Des Légumes et des hommes, devrait s’installer pour quelque temps dans les allées du potager. Juliette Lakits www.1001legumes.com

Blaireaux en détresse

© ASPAS NATURE

DE TOUS HORIZONS

pour

D

A Beaumesnil, un potager qui fait bouger le canton

Des ateliers de jardinage ouverts à tous ont ainsi été mis en place. Un samedi par mois, ils réunissent 25 adultes venus de tous les horizons : « On y trouve aussi bien des ouvriers que des cadres, des jeunes et des moins jeunes », se félicite Frédéric Lamblin. La Caisse d’allocations familiales de l’Eure a signé une convention avec l’association, et ces ateliers font désormais partie des activités qu’elle propose en animation locale. Les enfants ne sont pas en reste, qui peuvent participer le mercredi après-midi à un club de Jardiniers en herbe. Tous les enfants de la région ou presque s’y rendent par ailleurs régulièrement dans le cadre de sorties sco-

Une seconde vie

L’ Association pour la protection des animaux sauvages demande la suppression de la période complémentaire de chasse au blaireau qui a démarré le 15 mai, « en pleine période de reproduction », dans 74 départements. Elle plaide aussi pour l’interdiction de la vènerie sous terre, le « mode de chasse le plus violent d’Europe » qui consiste à faire entrer les chiens dans le terrier, à creuser puis à attraper l’animal avec de longues pinces métalliques. Alors que le blaireau d’Eurasie est une espèce protégée dans la plupart des pays voisins, on recensait en France, en 2006, 1 500 équipages (soit 40 000 personnes) de vènerie sous terre. Pétition sur aspas-nature.org

u o m

ban public u a x re u

Amoureux depuis 2009, Clotilde, de nationalité française, et Abdou, étudiant de nationalité tunisienne, ont décidé de se marier et se sont rendus en 2013 à la mairie de Toulouse. Mais une personne de l'entourage de Clotilde, estimant que cette union ne devait pas avoir lieu, l’a dénoncée au Procureur de la République. Depuis, le couple est entraîné dans les rouages de l'administration et a été séparé : Abdou a été placé en centre de rétention, en vue d’une expulsion. C’est ce genre d’histoire absurde que dénonce et cherche à résoudre le mouvement Les amoureux au ban public, créé par la Cimade pour répondre aux « difficultés croissantes auxquelles sont confrontés les couples mixtes dans un contexte de durcissement des politiques et des lois migratoires ».

Les a

faire... de vieux os !

s conseils Chaque mois, retrouvez le tart Té du naturopathe Stéphane pour devenir centenaire.

Pour en savoir plus et signer la pétition contre l’expulsion d’Abdou : amoureuxauban.net

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agir ‡

collectivitĂŠs

L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Dans l’avenir, les Français mangeront moins de viande mais ceux qui en mangeront exigeront de la qualitĂŠ et seront prĂŞts Ă payer plus cher pour cette qualitĂŠ.

lemairedumois Parthenay prend à cœur son Êlevage bovin

Le maire Xavier Argenton Š MAIRIE DE PARTHENAY

A 40 kilomètres autour de Parthenay, nous avons au moins 2 000 familles qui vivent de l’Êlevage. Ces gens veulent continuer Ă vivre de leur activitĂŠ. Le rĂ´le de la collectivitĂŠ locale est de les accompagner. On ne peut se contenter de leur donner des primes comme cela se passe ailleurs. Âť Pierre Dessons dirige le service DĂŠveloppement ĂŠconomique et prospective de la communautĂŠ de communes de Parthenay, dans les Deux-Sèvres, en Poitou-Charentes. Filière ÂŤ de tradition et d’excellence Âť selon les mots du maire (UDI) de Parthenay, la viande bovine constitue la principale ressource agricole de cette commune. DominĂŠe jusqu’au milieu des annĂŠes 1990 par de grands groupes DJURDOLPHQWDLUHV HOOH QH EpQpÂżFLDLW FHSHQGDQW SDV UpHOOHPHQW j OÂśpFR-

Pierre Dessous service DÊveloppement Êconomique et prospective de la communautÊ de communes de Parthenay, dans les Deux-Sèvres, en Poitou-Charentes.

Parthenaises, race bovine locale.Š MAIRIE DE PARTHENAY

nomie de la rĂŠgion. ÂŤ Les animaux partaient pour ĂŞtre tuĂŠs et vendus DLOOHXUV 7RXWH OD YDOHXU DMRXWpH QH SURÂżWDLW SDV DX[ pOHYHXUV Âť, raconte Pierre Dessons. A partir de 2001, la communautĂŠ de communes a donc dĂŠcidĂŠ de sensibiliser les ĂŠleveurs, et de leur proposer son soutien pour redynamiser le secteur. ÂŤ Le but est que nous arrivions Ă dimensionner un modèle ĂŠconomique durable oĂš tout le monde investit : privĂŠ et public Âť, poursuit le chef de service. Un partenariat entre la communautĂŠ de communes et les groupements et coopĂŠratives d’Êleveurs a ainsi permis de moderniser le marchĂŠ aux bestiaux de Parthenay, de mettre en place un abattoir privĂŠ et un atelier de dĂŠcoupe Ă l’Êchelle du territoire. L’une des nouveautĂŠs introduites dans le cadre de ce projet est aussi la procĂŠdure de vente au cadran (un

système d’enchères ĂŠlectroniques qui se tient tous les 15 jours), jugĂŠe SOXV HIÂżFDFH TXH FHOOH GX JUp j JUp HQ FRXUV MXVTXÂśLFL ÂŤ Tous nos outils participent aux activitĂŠs de la vente directe, c'estĂ -dire avec le moins d’intermĂŠdiaires possibles Âť, soutiennent les autoritĂŠs locales. Cette initiative a permis la crĂŠation de ÂŤ 80 emplois directs supplĂŠmentaires Âť, indique Pierre Dessons qui prĂŠvoit que ÂŤ dans l’avenir, les Français mangeront moins de viande mais ceux qui en mangeront exigeront de la qualitĂŠ et seront prĂŞts Ă payer plus cher pour cette qualitĂŠ Âť. En attendant, les ĂŠlus gardent un Ĺ“il sur les gros cĂŠrĂŠaliers qui fragilisent les zones d’Êlevage en proposant de les acheter Ă prix d’or (6 Ă 8 000 euros par hectare au lieu de 3 000 euros) DÂżQ GÂś\ GpYHORSSHU OHXUV DFWLYLWpV FaĂŻssoili Abdou

TrĂŠmargat, le village des possibles Dans les CĂ´tes d'A rmor, cette commune de 170 habitants multiplie les projets grâce Ă l'implication de ses habitants : chantiers communaux collectifs, assainissement par phytoĂŠpuration, crĂŠation d’une ĂŠpicerie locale‌ Reportage. Marie-Emmanuelle Grignon - Bretagne Durable

E

n plein cĹ“ur du Kreiz-Breizh (Centre Bretagne), entourĂŠ de forĂŞts, de champs, de collines et d’un chaos rocheux, se situe TrĂŠmargat, petit village de 170 habitants. Sur la place centrale, de rares voitures. 7RXW HVW FDOPH SDLVLEOH XQ SHLQWUH HQ SURÂżWH SRXU LPPRUWDOLVHU OD SHWLWH pJOLVH 0DLV QH SDV VH ÂżHU DX[ apparences : ici, la commune et les habitants s'activent ! ÂŤ Nous lançons un chantier de rĂŠfection du parking central Âť, annonce le maire Eric BrĂŠhin, la quarantaine, professeur de Sciences ĂŠconomiques et sociales au lycĂŠe, qui vient Ă notre rencontre. Le chantier n’est pas tout Ă fait comme les autres, puisqu'il s'agit de remplacer le goudron par du gazon et des arbres, et que ÂŤ les habitants sont invitĂŠs Ă participer Ă l'opĂŠration, lors de chantiers coopĂŠratifs qui ont lieu le samedi Âť, prĂŠcise l’Êlu. Une dĂŠmarche d’implication des habitants qui ne date pas d’hier‌ ÂŤ Dans les annĂŠes 70, la population dĂŠclinait et beaucoup de terres ĂŠtaient Ă vendre. Des nĂŠo-ruraux sont venus s'installer, attirĂŠs par le faible prix des terrains et l'envie de monter des projets, souvent en lien avec l'agriculture Âť, relate Eric BrĂŠhin. ÂŤ Beaucoup souhaitaient dĂŠvelopper un certain style de vie, qui s'apparentait dĂŠjĂ , Ă l'ĂŠpoque, Ă l'ĂŠcologie. Âť Les annĂŠes ont passĂŠ, le nombre d'habitants s'est stabilisĂŠ, et la dĂŠmarche s'est renforcĂŠe. ÂŤ Aujourd'hui, parmi nos principales actions, on peut citer la mise en place d'un système d'assainissement communal Ă base de plantes, l'ĂŠlaboration d'un Plan local d'urbanisme inscrit dans une dĂŠmarche de dĂŠveloppement durable, et plus rĂŠcemment, le contrat passĂŠ avec Enercoop pour la fourniture d'ĂŠlectricitĂŠ Âť, dĂŠtaille le maire. Toute l'ĂŠlectricitĂŠ utilisĂŠe par les services municipaux est donc dĂŠsormais d'origine renouvelable, et fournie par la coopĂŠrative – TrĂŠmargat est la première commune bretonne Ă se fournir chez Enercoop.

RESTAURANT BIO ET CAFÉ ASSOCIATIF Ce n'est pas Nathalie qui dira le contraire. La jeune femme a lancĂŠ il y a deux ans, en complĂŠment de son activitĂŠ de traiteur, le restaurant bio Coriandre. ÂŤ Ici, tout le monde va de l'avant, dans le mĂŞme sens Âť, 18 lance-t-elle après avoir terminĂŠ son service. Elle

explique avoir trouvĂŠ Ă TrĂŠmargat un lieu idĂŠal pour proposer, dans un bâtiment construit en matĂŠriaux ĂŠcologiques, son activitĂŠ de restauration Ă base de produits bios et locaux : ÂŤ Il y a beaucoup de producteurs en circuit court, ce qui facilite l’'approvisionnement de proximitĂŠ. Âť Dans la grande salle chauffĂŠe par un poĂŞle Ă granulĂŠs, elle souhaite faire de ses tables un lieu de convivialitĂŠ pour la population du village. Autre lieu de rencontres, un peu plus loin en revenant vers le bourg : le TrĂŠmargad KafĂŠ. Aujourd'hui, c'est Claire, l'une des salariĂŠs de l'association, qui gère le lieu. Elle s'affaire derrière le bar. PlutĂ´t tranquille en journĂŠe, le cafĂŠ s'anime lors des nombreux concerts, pièces de thÊâtres et autres animations qui y sont organisĂŠs. ÂŤ Des bĂŠnĂŠvoles sont appelĂŠs en renfort quand il y a besoin, surtout le week-end Âť, explique-t-elle, alors que des bruits de travaux se font entendre derrière elle. ÂŤ Ce sont les amĂŠnagements de la future ĂŠpicerie qui se tiendra dans un bâtiment mitoyen au bar Âť, poursuit-elle. Car la mairie a dĂŠcidĂŠ de crĂŠer une nouvelle ĂŠpicerie au village. Elle sera gĂŠrĂŠe par une association et proposera des produits locaux, voire bio, et issus de circuits courts.

La commune procède actuellement à la rÊnovation du bâtiment destinÊ à la future Êpicerie, gÊrÊe par une association, et qui vendra des produits bio et locaux. Š MEG-BD

Ici, tout le monde va de l'avant, dans le mĂŞme sens.

Retrouvez sur www.bretagne-durable.info des interviews vidĂŠo et audio rĂŠalisĂŠe Ă TrĂŠmargat.

Nathalie, gĂŠrante du restaurant bio Coriandre, Ă TrĂŠmargat (22)

Eric BrÊhin, maire de TrÊmarget, explique que les habitants participent aux chantiers en cours dans la commune, comme celui de rÊfection de la place centrale.Š GJ-BD

ÂŤÂ UN CERTAIN STYLE DE VIE  Du local en circuit court, c'est ce que proposent, dans un autre registre, Pierre-Yves Morvan et sa femme, tous deux artisans-potiers sur la commune. A quelques HQFDEOXUHV GX YLOODJH LOV VH VRQW LQVWDOOpV j OD ÂżQ GHV annĂŠes 70 dans un ancien moulin Ă eau, qu'ils ont rĂŠnovĂŠ eux-mĂŞmes. Cuisson au feu de bois, fabrication des ĂŠmaux grâce Ă des cendres vĂŠgĂŠtales locales et vente directe sont les piliers de leur dĂŠmarche, qu'ils veulent la plus intĂŠgrĂŠe possible au tissu ĂŠconomique local. ÂŤ Ici, il y a un certain style de vie qu'on ne retrouve pas ailleurs ÂŞ DIÂżUPHQW LOV TXDQG RQ OHV LQWHUURJH VXU OHXU LQVtallation dans la commune. Une bourgade oĂš les nombreux projets ont ĂŠtĂŠ rendus selon eux ÂŤ possibles, par la volontĂŠ des habitants Âť. Un propos que semble ĂŠgalement partager Emmanuel Blouin, le peintre que nous retrouvons sur la place, venu en voisin de MaĂŤl-Carhaix. Il s'apprĂŞte Ă ranger ses pinceaux après une journĂŠe sur le terrain. ÂŤ Un lieu comme TrĂŠmargat vit grâce Ă sa population très active. Ça vaut vraiment le coup de les mettre en valeur ! Âť conclut-il dans un sourire.

Pour son assainissement, la commune de Tremargat utilise les plantes. Š MEG-BD

DÊnoncez votre maire !

Votre commune mène une politique intĂŠressante en matière de relocalisation de l’Êconomie, de solidaritĂŠ entre les habitants, d’Ênergie, d’Êcologie, d’Êducation, de culture‌ Vous pouvez cafter en ĂŠcrivant Ă redaction@lagedefaire-lejournal.fr – L’âge de faire, La Treille, 04 290 Salignac – 04 92 61 24 97


fiche pratique

L’âge de faire n° 76 t juin 2013

agir

Abeilles :

Outre l’abeille domestique, plusieurs centaines d’espèces sauvages fréquentent la France. En voici quelques unes parmi les plus communes. Cette fiche présente surtout des abeilles femelles, car on les identifie mieux grâce aux fleurs qu’elles visitent. Les femelles seules transportent le pollen. Le mode de collecte varie selon l’espèce : sur le ventre ou sur les pattes arrière. Ces abeilles recherchent les galeries du bois mort ou les tiges creuses des végétaux afin d’y construire leurs cellules de ponte. Elles adoptent facilement les nichoirs.

Chélostome des renoncules* Chelostoma florisomne

Hériade des troncs* Heriades truncorum

Corps svelte, élancé. Il existe une espèce, très proche, la chélostome des campanules, C. rapunculi, visible sur les campanules et en été. Fleurs visitées : renoncules. Ponte : Dans les nichoirs, les roseaux, les galeries creusées par des coléoptères dans le bois mort ; Ø galerie 3-5 mm. Nid fermé par un bouchon de mortier contenant du gravier. Taille : 8-12 mm - 2 cellules cubitales

Ressemble aux chélostomes : corps élancé, bandes blanches sur l’abdomen. Fleurs visitées : astéracées dont buphthalme, tanaisie, marguerite et pâquerette. Ponte dans les nichoirs, les galeries du bois mort, les tiges creuses ; Ø 3-4. Cloisons en résine pure, bouchon en résine avec du gravier. Taille : 8-10 mm - 2 c. cubitales

Longues mandibules

AUTRES ABEILLES

ABEILLES DES NICHOIRS

La plupart des abeilles sauvages n’ont pas de nom français. Une astérisque (*) signale les noms « officieux » tirés directement de l’appellation latine ou de leur écologie.

2 épines latérales à l’arrière du thorax

brosse ventrale jaune

brosse ventrale crème

Anthidie à manchettes* Anthidium manicatum

Noire, pilosité blanche

Grosse abeille poilue et trapue. Diverses fleurs, arbres fruitiers, érables. Ponte dans les cavités : bois mort, fissures. Bouchon et cloisons en boue ; Ø 7-9. Taille : 12-15 mm - 2 cellules cubitales Abdomen à longue pilosité rousse

Thorax et tête noirs

brosse ventrale rousse

Deux cornes à l’avant de la tête

Osmie bleuissante* Osmia caerulescens Petite taille. Fleurs visitées : surtout fabacées et lamiacées. Ponte dans les nichoirs, les galeries de bois mort, les cavités ; Ø 4-5. Bouchon et cloison en mortier végétal . (feuilles mâchées). Taille : 8-10 mm 2 c. cubitales

Brosses sur les tibias et les métatarses

Avec leurs fortes mandibules, les femellesdécoupent dans les feuilles des plantes (par ex. des rosiers) des demi-cercles qu’elles roulent en cigares pour garnir leur nid. Fleurs vistées : principalement fabacées, campanules. Dans les cavités, les galeries du bois mort. Parfois en nichoirs ; Ø 6. Taille : 12-16 mm - 2 c. cubitales

Cératine bleue* Ceratina cyanea

Abdomen noir avec bandes étroites claires

Petites abeilles élancées. Les adultes apparaissent en été, puis hivernent de façon isolée ou en groupe (jusqu’à 30 insectes) dans des tiges creusées. Accouplement au printemps. Fleurs visitées : variées. Ponte dans les tiges avec moelle (ronce, sureau, chardon) creusées par l’abeille. 6-7 mm - 3 c. cubitales

brosse ventrale rousse

Hylaé ponctué* Hylaeus punctulatissimus

Petite et peu velue, corps allongé. Les femelles transportent le pollen dans leur jabot. Fleurs visitées : ails et oignons. Ponte : dans les nichoirs, les galeries du bois mort et les cavités du sol ; les femelles sécrètent une substance ressemblant à la cellophane pour construire les cellules, le bouchon et un seuil Reflets bleu à l’entrée du nid. métallisé Taille : 6-9 mm - 2 c. cubitales

Brosses sur les tibias et les métatarses

Corps noir brillant avec des taches jaunâtres sous le front

Pilosité blanc-gris brosse ventrale noire

Andrène vagabonde* Andrena vaga

Halicte rubicond* Halictus rubicundus

Les femelles transportent le pollen sur les tibias et les fémurs de leurs pattes postérieures. Fleurs visitées : uniquement les saules, au premier printemps. Ponte dans le sol sableux. Taille : 11-15 mm - 3 c. cubitales

Chez les halictes, on trouve des espèces solitaires et d’autres sociales. L’halicte rubicond vit en petite colonie annuelle fondée par une reine. Piqûres douloureuses. Tête et thorax à Fleurs visitées : plantes variées. poils gris-blanc Ponte dans le sol sableux. Taille : 8-11 mm - 3 c. cubitales

Abdomen noir brillant

Corps noir à reflets métalliques bleutés, sans poils ; abdomen élargi vers son extrémité ; tache jaunâtre sous le front

Bourdon des champs Bombus pascuorum

Ce groupe d’abeilles creuse des galeries dans le sol pour y pondre.

ABEILLES DES SOLS

L’une des plus grosses abeilles d’Europe. Les adultes apparaissent à la fin de l’été, hivernent, puis s’accouplent au printemps. Fleurs visitées : variées. Ponte dans une galerie creusée dans le bois mort ; cellules en sciure de bois mâchée et agglutinée avec de la salive. 20-28 mm - 3 c. cubitales

Mégachile de Willughbiella* Megachile willughbiella

Osmie cornue Osmia cornuta

Anthophore à pattes plumeuses* Anthophora plumipes

Bandes de poils clairs sur le bord arrière des segments abdominaux (≠ lasioglosses)

Comme l’abeille domestique, les bourdons (35 espèces en France) sécrètent de la cire pour construire leurs cellules et transportent le pollen dans une «corbeille», à l’extérieur des tibias postérieurs. Ils vivent en société avec une reine, des ouvrières et des mâles. La colonie est fondée en avril par une jeune reine ayant hiverné dans le sol. En août, le goupe peut compter 150 individus. Il disparaît à l’automne. Fleurs visitées : plantes variées. Ponte dans les cavités du sol, sous du bois mort ou de grosses touffes d’herbe. 9-18 mm - 3 c. cubitales

Brosses à pollen sur les pattes postérieures, en partie aussi sous l’abdomen

Lasioglosse à ceinture1- blanche*

Ressemble à un bourdon. La femelle transporte le pollen sur les tibias et les tarses de ses pattes postérieures. Ponte dans les galeries creusées dans le sol sableux . Les parois des cellules sont revêtues d’une sécrétion blanche. Taille : 14-16 mm - 3c. cubitales

Lasioglossum leucozonium

Très proches des halictes par l’allure et les mœurs. 8-10 mm - 3 c. cubitales

Abeille mellifère, abeille domestique Parfois bandes de poils sur le bord antérieur des segments abdominaux

Apis mellifera

L’espèce la plus évoluée de toutes les abeilles. Forme des colonies comptant jusqu’à 80 000 individus. Fleurs visitées : variées. Pond dans des rayons de cire accrochés dans des cavités : arbres creux, anfractuosités de rochers, ruches. 3 c. cubitales

Collète commun* Colletes daviesanus

www.catalogue.salamandre.net

Xylocopa violacea

brosse ventrale jaunâtre

brosse ventrale blanche

Transporte le pollen sur les tibias et fémurs de ses pattes postérieures. Fleurs visitées : tanaisie commune, achillée millefeuille. Ponte dans des galeries creusées dans le sol, de préférence sableux. Jusqu’à un millier, d’abeilles peuvent nicher sur un espace restreint. Taille : 8-9 mm - 3 c. cubitales

Xylocope violette, abeille charpentière

Grosse abeille trapue avec des marques jaunes faisant penser à une guêpe. Les mâles montent la garde en volant près des plantes nourricières des femelles, repoussant les autres insectes. Fleurs visitées : amiacées, fabacées, scrophulariacées. Ponte dans les cavités, les galeries du bois mort, plus rarement les nichoirs ; cellules faites de poils végétaux. 11-16 mm - 2 c. cubitales

Osmie crochue Osmia adunca Mode de vie proche de celui des chélostomes. Fleurs visitées : Vipérine. Le mortier du bouchon fermant le nid ne contient pas de gravier; galerie Ø 5-7 mm. Taille : 11-13 mm - 2 c. cubitales

Les abeilles suivantes n’utilisent pas les nichoirs et ne creusent pas de galeries dans le sol.

Macropis européenne* Macropis europea

Abdomen pointu et à bandes de poils clairs

Textes : Marc Tourette - Conseil scientifique : Christophe Praz - Dessins : Jérôme Gremaud Extrait du Miniguide « Abeilles sauvages » de La Salamandre, 2008

La Salamandre se penche tous les deux mois sur la nature de proximité, alliant la précision des textes et des photos à la poésie des dessins. Dans chaque numéro, un dossier complet ainsi qu’un Miniguide sur le même thème, mais aussi des escapades, des enquêtes de terrain, des interviews, des conseils de lecture... Diffusée par abonnement. La Salamandre, BP 275, 25304 Pontarlier Cedex - 03 81 39 24 24

Solitaire, fréquente surtout les terrains humides, au bord des fossés et des étangs. Fleurs visitées : lysimaque commune. Ponte dans le sol. Imperméabilise le nid avec une huile récoltée sur la lysimaque. 8-9 mm - 2 c. cubitales Brosses blanches sur les tibias et noires sur les métatarses

Cellule radiale allongée sur l’aile avant (≠ avec toutes les autres espèces) Mâle ou faux bourdon : 13-16 mm ; gros yeux contigus

Eucère noircissante* Eucera nigrescens Les mâles se reconnaissent à leurs antennes plus longues que le corps. Ils ont souvent une tache jaune sous le front. On les voit voler plusieurs semaines avant les femelles. Ils patrouillent autour des plantes hôtes. Les femelles ont un abdomen ovale, aplati, avec des bandes de poils clairs. Fleurs visitées : fabacées, surtout vesce des haies. Ponte dans une galerie creusée au sol. 13-15 mm - 2 c. cubitales

mâle

Ouvrière : 11-13 mm ; corbeille

femelle

Reine : 15-18 mm ; abdomen très allongé

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fiche pratique

L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Apiculture : pourquoi pas moi

Apiculture : pourquoi pas moi ? ©LÂGEDEFAIRE

L’apiculture amateur est à la portée de tous. C’est ce qu’explique, en substance, Gilles Legat (photo ci-dessous), animateur au rucher-école de L'Etrat, dans la Loire. Mais avant de courir acheter un essaim, autant prendre le temps de lire cette fiche pratique qui permettra aux novices de partir du bon pied, grâce à ses bons conseils. Aimer s'occuper du vivant

Apprendre les savoir-faire de base Il est tout à fait possible de se former à partir des livres (voir la boîte à outils en bas de cette page). D’autres préfèrent voir et toucher : ils se rapprocheront alors de leur voisin apiculteur ou du syndicat apicole le plus proche de chez eux.

Est-ce dangereux ? Pour l’apiculteur et ses proches, à moins d’embêter l’abeille durant son envol ou son atterrissage, il n’y a, théoriquement, aucun problème : contrairement à la guêpe, l’abeille ne viendra pas siroter votre jus de fruit, même si vous êtes situés à 5 mètres de la ruche. Pour éviter de croiser une abeille en phase d’atterrissage, des apiculteurs en milieu urbain tendent un filet vertical devant l’entrée de la ruche, de manière à habituer les abeilles à décoller et à atterrir verticalement.

© CHRISTEL BONNAFOUX

© DR

L’apiculture, c’est comme le maraîchage ou l’élevage : il faut aimer s’occuper du vivant, ce qui requiert un peu de patience et de curiosité. De même, l’apiculture n’est pas une chose complexe, mais il existe quelques règles à suivre, et il faut maitriser les savoirs de base pour éviter les erreurs grossières. Comprendre par exemple quel est le rythme saisonnier de la ruche, pour apporter le plus grand soin aux abeilles qui assureront l’hivernage.

Seul ? Oui, mais… On peut trouver un certain plaisir à commencer seul, à ne s’appuyer que sur les livres. Mais on s’enferme vite dans ses certitudes. En comparant les pratiques, on progresse beaucoup plus vite, mais surtout, commencer avec une ruche isolée augmente le risque : aujourd’hui, même une ruche bien entretenue a pratiquement 30% de « chances » de mourir. Et si l’on perd l’essaim, il faut en racheter un ! A plusieurs, même si chacun dispose de sa ruche au fond du jardin, si un membre du groupe perd sa ruche, d’autres pourront diviser la leur pour lui permettre de la repeupler. L’union des pratiques apicoles fait donc la force des abeilles !

Quel emplacement choisir ?

DOMAINE PUBL

IC

Le terrain idéal n’est ni toujours à l’ombre, ni toujours au soleil, et protégé des vents froids. Les abeilles craignent l’humidité, il faudra donc surélever la ruche d’au moins 20 cm, et disposer son entrée plutôt au sud-est. Légalement, il y a des distances avec les habitations voisines (en général 15 mètres) et la voie publique à respecter, à moins d’avoir une bonne haie ! Ces règles peuvent varier en fonction des départements, il faut donc se renseigner auprès de sa mairie par exemple.

© CC SOPHIE MICHEL

Des livres...

Il existe plusieurs modèles de ruches qui ont tous leurs avantages. On peut très bien, si l’on est bricoleur, © CC POKRAJAC fabriquer sa propre ruche à partir de © CC TAMORLAN plans disponibles sur internet. Sinon, il faut compter 100 euros pour un « bois » complet. Quant aux abeilles, il faut savoir que le marché des essaims est devenu un tel business que l’on peut acheter des abeilles, qui viennent souvent de l’hémisphère sud, par paquets, au kilo ! Je conseille de faire plutôt appel à un apiculteur voisin. Selon les pertes qu’ils ont subies durant l’hiver, les professionnels seront prêts à céder un essaim au printemps. Il faut donc prendre contact dès l’automne. Le professionnel local aura à cœur de vendre un essaim résistant, et l’abeille sera déjà acclimatée au milieu. Il faut compter 130 euros. Vous pouvez aussi vous lancer dans la chasse aux essaims sauvages ! C’est gratuit et très agréable, encore faut-il oser le faire !

Considérée par beaucoup comme « la bible » de l’apiculture : > Le traité Rustica de l’apiculture, éd. Rustica, 528p, 46 euros.

Combien ça coûte ?

2 livres moins épais : > L’apiculture mois par mois, de Jean Riondet, éd Ulmer, 160p, 20 euros. > L’ABC du rucher bio, de Rémy Bacher, éd Terre vivante, 140p, 20 euros.

Des contacts...

20

Il existe de nombreuses associations d’apiculteurs amateurs, souvent regroupés sous forme de syndicats départementaux. L’occasion de se former, d’échanger, de participer à des commandes groupées, pourquoi pas se faire prêter des livres, du matériel. Pour trouver l’association la plus proche de chez vous, le mieux reste l’annuaire téléphonique, ou le voisin apiculteur. DOMAINE PUBLIC

Pour se protéger, il faut compter 100 euros pour une combinaison de « pro » . Une simple « vareuse » avec un voile (40 euros), des gants Mapa, un pantalon en tissus épais et 2 épaisseurs de tissus, de couleur claire, font aussi l’affaire. Pour le petit outillage indispensable (enfumoir, brosse, lève-cadre…), il faut prévoir une centaine d’euros supplémentaires. Compter environ 20 euros pour les frais d’entretien d’une ruche sur une saison (traitements anti-varroa, renouvellement des cadres…). Les premières années, il vaut mieux se faire prêter le gros outillage comme le maturateur et l’extracteur. Là encore, l’union permet de réduire les frais.

DOMAINE PUBLIC

Boîte à outils

Et la ruche ?


Nos comptes en prose

En partenariat avec Via Brachy, L’âge de faire ouvre ses pages au partage d’expériences : vous expérimentez, ou fréquentez au quotidien une hétérotopie ? Vous souhaitez faire connaître le lieu, et expliquer les motivations et la démarche ?

P

arce que beaucoup d’entre vous ont un attachement particulier à L’âge de faire, et parce que nous trouvons la démarche cohérente avec les valeurs que nous défendons, nous souhaitons vous tenir au courant de notre « santé » économique. Mais comment présenter une activité économique autrement que par des tableaux rébarbatifs ? En voici une tentative, à partir des documents comptables retraçant la première année d’activité de la Scop, de novembre 2011 à septembre 2012. Pour simplifier, nous dirons qu’il s’agit de l’année 2012 (1). L’an dernier, donc, la Scop a encaissé 247 000 euros, et en a dépensé 255 000… Elle a donc perdu 8 000 euros. Concernant les recettes de l’année, elles proviennent uniquement de la vente des journaux - à l’exception notable de 71.06 euros, encaissés pour la publication des petites annonces ! Concernant les dépenses, le poste le plus important (152 000 euros) concerne la rémunération des six salariés/associés à temps plein. Le plus bas salaire est de 1 298 euros nets par mois, le plus élevé de 1 500 euros. Nous avons également indemnisé deux stagiaires journalistes pendant quatre mois, acheté des « piges » (articles de journalistes indépendants), des dessins, des photos… Après la masse salariale viennent logiquement les frais postaux (41 000 euros) et l’impression des journaux (39 000 euros). Suivent les frais de déplacement pour les foires et salons ainsi que pour la rédaction, les factures d’électricité, les frais bancaires, les logiciels informatiques… Qu’en conclure ? Nous disposons d’un petit « matelas », notamment constitué des 23 000 euros apportés par les associés/salariés. Le déficit ne remet donc pas en question l’existence du journal, d’autant plus que 2012 constitue la première année d’activité de la coopérative, ce qui a engendré des frais exceptionnels. Rien de grave, donc, même si ce déficit illustre la diminution, faible (2 à 3 % par an) mais régulière, depuis quelques années, du nombre de nos abonnés (début 2013, nous comptons 9 300 abonnés individuels et 750 abonnés multiples) et des journaux que nous vendons (en moyenne, 25 000 par mois.) Parallèlement, les frais liés à l’activité, en particulier les frais postaux, ont augmenté. Nous travaillons donc activement à inverser la tendance, en réalisant chaque mois le journal avec soin, et en le présentant aux personnes qui ne nous connaissent pas, encore trop nombreuses. La meilleure façon de nous soutenir ? Parler de nous ! 1) Si la question vous passionne, nous pouvons vous faire parvenir nos documents comptables !

Envoyez vos contributions à redaction@lagedefaire-lejournal.fr ou participer directement sur le site www.lagedefaire-lejournal.fr

N

ous sommes de plus en plus nombreux à chercher d’autres manières de produire, de consommer, de cultiver, de nous former, de nous soigner… On sait qu’il existe des Amap, des groupements d’achats, des coopératives, des ateliers de formation en éco-construction, des cafés culturels, des éco-hameaux, des fermes en permaculture ouvertes au public… Mais où sont-elles ? En existe-t-il là où nous sommes, que nous y vivions ou que nous soyons de passage ? Dans le cadre de son projet « Voyage en Hétérotopie », l’association Via Brachy recense, pour les faire connaître, ces « autres lieux », multiples et variés, mais qui partagent des points communs :

.

Ils reposent sur des valeurs humanistes de solidarité, de justice et de fraternité.

.

Ils ne sont pas « contre », mais « pour » quelque chose, prônent l’ouverture plutôt que la fermeture ou le dogme.

. Ils sont fondés sur le partage et veillent à éviter l’appro-

courrier-courrier-courrier-courrier-courrier-courrierInitiative citoyenne européenne sur l’eau

J’ai apprécié votre dossier sur l’eau qui décrit plusieurs tentatives locales encourageantes et surtout réussies. Mais ne serait-il pas bon d’inciter vos lecteurs à déclarer leur soutien à l’Initiative citoyenne européenne ? Il s’agit d’une pétition qui doit recueillir un million de signatures pour inciter la Commission à légiférer sur l’eau de façon qu’approvisionnement et assainissement ne soient pas soumis aux « règles du marché intérieur » néolibérales.

En fait, le million de signatures est réuni grâce à l’Allemagne, la Belgique, la Slovénie, la Slovaquie. Mais il y a des quotas. 55 000 signatures françaises sont exigées et en mars il n’y en avait que 10 000. On peut signer par internet ou par la Poste, sur un formulaire, en étant très lisible. Le n° demandé peut être celui de la carte d’identité, du passeport, du permis de conduire. On a jusqu’au 1er novembre. Madeleine Liotier, Aix-en-Provence

priation personnelle des idées et des réalisations. Ce sont des expériences collectives qui reconnaissent la place de chacun et accueillent toute personne dans sa complexité et sa diversité. La parole y est libre et l’écoute bienveillante.

. Ils accordent une place décisive à la créativité et à l’inventivité. L’hétérotopie est un apprentissage.

. Ils créent les conditions de l'autonomie et rompent les situations de dépendance subie sans nier la complémentarité des personnes et des territoires.

. Ils œuvrent pour aujourd’hui et permettent de se projeter

> Pour signer en ligne : right2water.eu/fr Pour demander le formulaire : Initiative citoyenne européenne pour le droit à l’eau, CGT Coordination des luttes, 263 rue de Paris, 93516 Montreuil Cedex

dans un futur viable. Leurs fondateurs ont conscience de l’urgence du changement. Devant l’ampleur de la tâche consistant à recenser tous ces lieux, Via Brachy lance un appel à contributions. Vous connaissez des lieux qui correspondent à ces critères ? Participez à la cartographie des Hétérotopies en envoyant votre contribution à heterotopies@viabrachy.com

Monnaies locales… et nationales ?

Suite à votre dossier spécial sur les monnaies alternatives, je voulais vous faire part de mes réflexions à propos des monnaies locales. Ce sujet m'intéresse depuis longtemps et je suis membre actif d'un Sel depuis plusieurs années. Je suis heureux de constater que les monnaies locales se développent et que de nombreuses initiatives voient le jour ou sont en passe de le faire. Le phénomène est en expansion puisque d'un secteur concernant une agglomération et son environnement immédiat il s'étend ou s'étendra à un département (l'Ille-et-Vilaine) voire une région. Qui s'est rendu dans les îles anglo-normandes, aura pu constater que chacune d'elles a sa propre monnaie qui a la parité avec la livre officielle, mais n'est valable que dans les commerces locaux. On a ainsi la livre de Jersey, celle de Guernesey, celle de Sark. À l'heure où la crise mondiale fait des victimes chez la plupart de nos voisins, et où nombreuses sont les voix qui accusent la politique européenne et menacent de quitter la zone euro, je me plais à imaginer que l'on pourrait faire cohabiter l'euro et des monnaies nationales (en parité avec lui), lesquelles pourraient favoriser les échanges nationaux en accordant des avantages aux entreprises nationales. L'euro, lui, étant réservé au commerce au sein de l'Union et avec l'extérieur. Bien-sûr, il serait nécessaire d'adapter les directives de Bruxelles sur la libre concurrence qui nous pénalisent tant. Mais rien n'est impossible quand on a la volonté de trouver des solutions. Il est temps, peut-être que les citoyens fassent entendre leur voix face aux banques et aux multinationales, qui sont les seules bénéficiaires de la monnaie unique. J'aimerais connaître l'avis de spécialistes de l'économie et, essentiellement, des économies parallèles sur ce sujet. C. Georgiades Notre réponse : des auteurs tels que Bernard Lietaer et Patrick Viveret montrent dans leurs ouvrages l'intérêt que pourraient avoir des monnaies distinctes selon leurs usages. Bernard Lietaer parle d'ailleurs de "biodiversité des monnaies" (lire "Au coeur de la monnaie", chez Yves Michel)

Pourquoi le Crédit Mutuel n’a pas répondu ?

Ce courrier a été envoyé par Jean-Paul Vieron à son agence et au siège du Crédit Mutuel, qui ne lui ont, à ce jour, pas donné de réponse. « Sociétaire depuis… 1966 (!) au Crédit Mutuel, je me permets d’intervenir. Un article paru dans la revue écologiste L’âge de faire n°59 de décembre 2011, est intitulé « Le nez dans les affaires des banques ». Les associations Attac et Les amis de la Terre ont fait un rapport détaillé intitulé « Les banques sous pression citoyenne : l’heure de rendre des comptes ». Or, le Crédit Mutuel n’a pas répondu au questionnaire [envoyé par les associations], tout cela alors qu’on passe à la radio de la promotion du Crédit Mutuel, dont le slogan : « Au Crédit Mutuel, les sociétaires sont clients, et ça change tout ! » J’aimerais savoir pourquoi le Crédit Mutuel n’a pas répondu à ce questionnaire...

A bicyclette…

Le dossier de notre numéro de juillet sera consacré au voyage à vélo. Faites-nous part de vos témoignages, récits, expériences, pistes de reportages, bons plans et autres conseils !

Diffusez les monnaies locales - 10 exemplaires pour 5 euros (0.50 ctms /l'un) - 25 exemplaires pour 10 euros (0.40 ctms /l'un ) - 50 exemplaires pour 15 euros (0.30 ctms /l'un) 100 exemplaires (ou plus : ) pour 25 euros (ou plus : ) (0.25 ctms /l'un)

agir

Forum

L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Le cahier central de 8 pages (les 4 prochaines pages de votre journal) est conçu pour faire découvrir les monnaies locales au plus grand nombre. Réalisé en partenariat avec les associations concernées, il a bénéficié d’un « tiré à part », qui se présente sous la forme d’un livret de 8 pages agrafées, sur du papier de meilleure qualité, et dans un format un peu plus grand (24.33) que du A4. Ce cahier spécial est en vente ! Si vous souhaitez le diffuser, parmi vos proches ou plus largement, nous vous proposons différentes formules d’achat, de 5 à 100 exemplaires. (Les frais de port sont inclus, et expliquent la forte dégressivité des prix.) Vous pouvez nous faire part de votre commande par courrier, sur papier libre accompagné de votre règlement (en précisant votre adresse) - Sur internet : lagedefaire-lejournal.f - Par téléphone : 04 92 61 24 97

Recyclage artistique : appel à expérience

Je souhaiterais créer mon activité de recyclage artistique dans le domaine du textile en Auvergne. Malheureusement je ne sais où m' adresser pour avoir des renseignements sur l'exercice d'une telle activité. Connaissez-vous des personnes qui exercent ce métier ? Ou savez-vous auprès de quelle structure on peut avoir des conseils ? En cas de réponse positive vous pouvez me joindre à : sylviebarjaud@voila.fr Merci beaucoup ! 21


agenda

L’âge de faire n° 76 t juin 2013

JUIN ‡ JUILLET 2013 9 juin

15 et 16 juin

31 mai, 1er et 2 juin ¸ 04$1"8 ¸

29 et 30 juin ¸ 23 '.-.1o +$2 ! (-2 ¸

Bien-ĂŞtre Essentiel

Salon ĂŠco-bio et fermier http://asso-mieux-vivre.monsite.orange.fr

1er juin ¸ 5(++$)4(% ¸

29 et 30 juin ¸ ,41$3 ¸

Faites de l’Art RÊcup’ quatraire@hotmail.fr

La belle bio

5 juillet ¸ +8.- ¸

1er et 2 juin ¸ 1$#.- ¸

Salon Bien-ĂŞtre

Bibliothèque de l’environnement en fĂŞte 3w.maison-environnement.fr

1er et 2 juin ¸ +4,!(- ¸

5 au 13 juillet ¸ %.(7 ¸

2 juin ¸ 47$11$ ¸

6 juillet ¸ 23 )$411$2

Éco Festival 3w.ecofestival-lumbin.fr

Le Jour de la Terre 3w.yonne.lautre.net

2 juin

6 et 7 juillet

Festival de cinĂŠma RĂŠsistances 3w.festival-resistances.fr

¸ 04o3(&-8 ¸

Un bio dimanche en famille Maison familiale

9 juin

ÚÚ ¸ +($25(++$ 241 #.45$ ¸

FĂŞte de la bio 3w.bio-normandie.org

JournĂŠe bio et terroir

6 et 7 juillet

22 juin ¸ 23 #$-(2 ¸

¸ -(!$++$

Festival Harmonie 3w.ecocentre45.org

Grande fĂŞte chez Andines 3w.andines.com

19 au 23 juin ¸ 5 + -#1o ¸

Festival Art-ĂŞtre-nature lechaudrondabondance/l-art-d-etre-nature/programmation

22 et 23 juin ¸ "+ 1$-2 " ¸

NaturaVaunage 3w.abeille-biodiversite.com

Annonces

22 et 23 juin

. +C QCNRCK@PC „ F „ !MPBC?SVþ

ÚÚ ¸ ,.-3%1." ¸ Ar’Lire

¸ %.-"(-$ +$ ' 43 ¸

MarchÊ d’ici 3w.lapetitecasserole.com

5 au 7 juin ¸ -&$12 ¸

Rencontres du RIESS 3w.riuess.org

7 juin !$+&(04$ ¸ ' - ¸

1000e marchĂŠ fermier- 8 juin, la fĂŞte

7 et 8 juin

6 et 7 juillet

¸ +(,.&$2 ¸

Coccinelles et Compagnie http://coccinellesetcie.blogspot.fr/

Le groupe Avec envisage l’acquisition d’un hameau, plusieurs bâtiments et terrain constructible, avec rivière prĂŠs et forĂŞt‌ pour la mise en place d’un ĂŠco-lieu rĂŠsidentiel et d’activitĂŠs. Nous avons ĂŠtĂŠ sĂŠduits. Prochaine rĂŠunion de prĂŠsentation les 13 et 14 juillet. Le groupe est ouvert Ă des personnes qui voudraient nous rejoindre pour complĂŠter l’Êquipe.

bioazur 3w.nicexpo.org

15 juin ¸ ,.-3+4$+¸

"MLQSJRCX LMRPC QGRC NMSP NJSQ BC BÂ?R?GJQ QSP JC NPMHCR UUU CAMTGJJ?EC NPMHCR DP AMLR?AR CAMTGJJ?EC NPMHCR DP 3CJ

Festival Un autre monde www.mjc-3cm.org

15 et 16 juin ÚÚ ¸ !14 (++$2 ¸

. +³�AMJC ?QQMAG?RGTC 1CAP��CQ 1�QC?S

Écofestival de chardenoux 3w.terre-du-ciel.org

B³CLD?LR AP�?RGDQ CR �AMJMEGOSCKCLR QMJGB?GPCQ „ &P?K@MGQ 5?SAJSQC

23 juin ¸ " /#$- " +$ ' 43 ¸ Foire bio 3w.uxellodunum.fr

28 juin ¸ #14" 3

ConfĂŠrence du Pr. Belpomme : L’Êlevage intensif 3w.artac.info.fr

ÚÚ ¸ ,o 4#1$ ¸

Foire bio TĂŠl : 04 76 95 20 68

6 et 7 juillet

28 et 29 juin ¸ !+ -04$%.13 ¸ Festi Citoyen lamarotte@ymail.com

8 et 9 juin ¸ !o9($12 ¸

Salon du commerce ĂŠquitable 3w.3sifakas.com

8 et 9 juin ¸ " 422 #$ ¸

MarchÊ bio/week-end des z’Ênergies 3w.zenergies-nature-sante.fr/

8 et 9 juin ¸ ' &4$- 4 ¸

Salon bio ass.graine@free.fr

+CARCSPQ TMSQ ŽRCQ GLTGR�Q „ RCLGP JC QR?LB BS HMSPL?J QSP JCQ K?LGDCQR?RGMLQ K?POS�CQ ÚÚÚ

22

"MLR?AR MJ BC@ DPCC DP . HSGJJCR $AMTGJJ?EC !MSP EMELC STCPELC

14 au 16 juin ¸ -("$ ¸

cherche d’urgence un nouveau lieu après avoir appris brusquement qu’elle devait quitter le site sur lequel elle est installĂŠe depuis 2008. Elle s’appuie sur les pĂŠdagogies Montessori et Freinet, est inscrite auprès de l’Education nationale, et accueille 47 enfants.

"MLR?ARĂľ CAPCCQ FMRK?GJ DP

'?TPCĂľ BC N?GV „ K B?LQ JC )SP? Mon refuge bioclimatique, sans ĂŠlectricitĂŠ, vous accueille Ă partir de juin pour des sĂŠjours courts (1 semaine maxi) Ă prix modique. Accès possible pour randonnĂŠes et/ou soins relaxants.

"MLR?ARĂľ .BGJC PÂ?NMLBCSP ?NPÂŒQ QMLLCPGCQ

Jour de rÊcup’ 3w.jourderecup.com

¸ &(-#.4 ¸

ConfĂŠrence de Gilles-Eric SĂŠralini "Expertise et OGM". Salle des associations, Maison cantonale de Bordeaux Bastide, rue de Nuit, organisĂŠe par l'association Vigilance OGM 33.

+CQ A?FGCPQ BC JÂł?EPMÂ?AMJMEGC TMJSKCQ

29 juin Prairial 3w.aytre.fr

ne sont plus disponibles en version papier, mais sont consultables gratuitement sur le site internet : A?PG?QQMAG?RGML MPE

15 et 16 juin ¸ /4&$3 241 1&$-2 ¸

"MSNJC ?LQ AFCPAFC „ N?PR?ECP SLC EP?LBC DCPKC MS RPMSTCP SLC DCP KCRRC ?TCA FCAR?PCQ

ÚÚ ¸ 831o ¸

La bio est dans le prĂŠ 3w.bioconsomacteurs.org

Nous avons 2 chevaux de trait (dressÊs à la monte) capables d’être reconvertis aux travaux des champs.

"MLR?ARĂľ QAFGKAFMUGRQAF

+CQ ?LLMLACQ BC J³?ECLB? QMLR EP?RSGRCQ B?LQ J? KCQSPC BC J³CQN?AC BGQNMLG@JC $JJCQ NCSTCLR D?GPC J³M@HCR B³SL �AF?LEC L�EMAG� AMLRPC SL QR?LB BC J³†EC BC D?GPC Vous trouverez un agenda plus complet et actualisÊ sur le site du journal et Êgalement un PDF de cette page à tÊlÊcharger : J?ECBCD?GPC JCHMSPL?J DP

ÚÚ ¸ 23 /($11$ #$2 -(#2 ¸ Planète en fĂŞte 3w.planete-en-fete.fr

6 et 7 juillet "'h3$ 4 3'($118

Village bien-ĂŞtre 3w.association-ambre.info

¸ + 1."'$ 241 &1 -$ ¸

Fête pour la Terre et l’Humanisme 3w.lesamanins.com

EPGASJRCSP PCAFCPAFC NCPQMLLC QÂ?PGCSQC CR KMRGTÂ?C KÂŽKC Q?LQ CVNÂ? PGCLAC pour l’aider au moment des foins Ă traire 25 vaches laitières (Ă la machine) le soir uniquement vers 18h les jours oĂš il faut rentrer les bottes de foin, de la mi-juin Ă la mi-juillet, en ĂŠchange de l’hĂŠbergement complet (nuit et repas) au sein d’une famille avec 2 enfants. Conviendrait Ă personne aimant les randonnĂŠes et tourisme vert et attirĂŠe par les animaux.

"MLR?ARĂľ %P?L‹MGQ ?S TCPQ F MS ?NPÂŒQ F JC QMGP


L’âge de faire n° 76 t juin 2013

Le coin des diffuseurs

Je an -Lo uis , à Fo rca lqu ier Il est connu comme le loup blanc dans le pays de Forcalquier (04), où il s’est installé après avoir pris sa retraite en 2002 : pas un marché, pas une foire ou une manifestation militante, sans que Jean-Louis Michel ne présente son petit kiosque ambulant. L’âge de faire, mais aussi Silence, La Décroissance et parfois Politis… « Je veux aider à la diffusion de la presse écolo et des idées que je partage », explique-t-il. « Et c’est un avantage d’avoir plusieurs journaux : quand un lecteur ne veut plus acheter l’un des titres, je lui parle des deux autres. » Depuis qu’il souffre d’une sciatique, cet ancien enseignant en lycée technique s’est fabriqué une sorte de stand équipé d’un siège, qu’il plie en un tournemain et porte sur un diable. « Quand les gens me disent que j’ai du courage, je réponds que non, car moi, je ne risque rien. Ceux qui ont eu du courage, ce sont Lucie et Raymond Aubrac et tous ceux du Conseil national de la résistance, grâce à qui j’ai pu faire des études gratuites, bénéficier d’une retraite et de la sécurité sociale. J’ai une dette envers eux, et je perpétue la résistance un tout petit peu grâce à la presse alternative. »

L

’âge de faire témoigne d'expériences en matière de réappropriation de l’économie, de création de lien social, d’écologie et d’engagement citoyen. Son credo : offrir à ses lecteurs des outils qui leur permettront de mettre en œuvre leurs idées. Son indépendance financière repose sur un mode de diffusion original : des particuliers, magasins, associations… achètent chaque mois des exemplaires, qu’ils revendent parmi leurs connaissances, déposent dans un commerce ou un lieu public. Il est aussi vendu sur les foires et salons par des sympathisants. C’est grâce à eux tous que L’âge de faire se fait connaître. Fondé en 2005 par une association, le journal a été repris en septembre 2011 par une Scop (Société coopérative de production) dont les six salariés détiennent la majorité des voix et du capital.

Numéro 75 -Mai 2013

Nous contacter : Tél : 04 92 61 24 97 / Fax : 04 92 61 16 11 Courriel : journal@lagedefaire-lejournal.fr Site : lagedefaire-lejournal.fr L’âge de faire-lejournal La Treille - 04290 Salignac

Numéro 74-Avril 2013

Je diffuse le journal Prix pour 5ex : 4€ 5, 10, 15... 100 exemplaires, je choisis la quantité souhaitée et peux la modifier à tout moment. Les envois sont reconduits tacitement, je peux les arrêter sur simple demande. Le règlement s'effectue : - pour 5, 10, 15 exemplaires : tous les 3 mois - à partir de 20 exemplaires : tous les mois

Je règle au fur et à mesure :

5 ex./mois ........... 12 €/trimestre 10 ex. ................... 24 €/trimestre 15 ex. ................... 36 €/trimestre 20 ex. ................... 16€/mois Plus : ajouter 4€ par tranche de 5ex. soit ........ex. : .......................€/mois

Journal L’âge de faire Éditeur : Scop L’âge de Faire Mensuel - n° 76 - Juin 2013 Tirage sur papier recyclé 49 g

Numéro 73 - Mars 2013

Fondateur : Alain Duez Directrice de publication : Lisa Giachino Dépôt légal : à parution Commission paritaire : 0914 G 87672 ISSN : 1777-1323 Imprimeur : Rotocentre 348, rue Marcel Paul - 45770 Saran Photo de couverture : © RED ! Maquette : © L’âge de faire

Je règle un an d'avance : Je peux également régler d'avance pour un an. Dans ce cas, et sauf prélèvement automatique, l'envoi n'est pas reconduit à la fin de l'année.

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Rédaction : Tél. 04 92 61 61 09 ¸ Lisa Giachino ¸ Fabien Ginisty ¸ Nicole Gellot redaction@lagedefaire-lejournal.fr

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Mise en page, graphisme, site internet : ¸ Lydia Robin webmaster@lagedefaire-lejournal.fr

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Numéro 72 -Février 2013

Logo : RED ! Photo couverture : Paul Grécaud.

16 €

Ont collaboré à ce numéro : Frédérique Motel, Flore Viénot, Fabienne Thiry, Faïssoili Abdou, Juliette Lakits, Marie-Emmanuelle Grignon, Mireille Bruyère, Ophélie Zaegel, Patrick Viveret, Simon Charlier, Stéphane Tetart, Thibault Simonet. Abonnements et comptabilité : ¸ Marjorie Alluis > compta@lagedefaire-lejournal.fr Tél. 04 92 61 16 11 Service commercial : ¸ Bernadette Neu foires-salons@lagedefaire-lejournal.fr Tél. 04 92 61 24 97 ¸ Fabien Plastre diffusion@lagedefaire-lejournal.fr Tél. 09 75 57 68 14

Chères lectrices et lecteurs, nous avons besoin de vos méninges pour nous donner des idées (visuelles, ou textuelles), afin d'améliorer nos stands lorsque nous présentons le journal sur des foires et des salons. Idées de petites phrases qui feraient tourner les têtes ? Idées d’illustrations pour la banderole de fond de stand avec la même idée d'interpeller ? Alors à vos stylos, claviers, pinceaux ou souris...

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