fruits de la croissance et du développement bien au-delà des pays occidentaux, dans des économies nationales autrefois en difficulté. Sans vouloir nier la nécessité d'alimenter les caisses des pouvoirs publics pour financer les politiques sociales ou la montée en puissance des pays émergents, probablement annonciateurs d'un « retournement du monde » (Boillot, Dembinski, 2013), il faut tout de même reconnaître que les moyens et les mécanismes mis en place pour lutter contre le « mal développement », n'ont pas eu, jusqu'à ce jour, les effets escomptés, et que les pays les plus pauvres n'ont pas encore connu le démarrage espéré (Stiglitz, 2002 ; Michaïlof, 2010). En ce qui concerne la question des moyens tout d'abord, l'aide accordée au développement2 suscite toujours autant de débats entre ceux qui considèrent son montant trop insuffisant et ceux qui voient dans les milliards de dollars attribués une action avant tout contre-productive (Easterly, 2006 ; Moyo, 2009 ; Sachs, 2005). La nature et les modes d'approche des politiques engagées ont été, et restent, malgré quelques évolutions par ailleurs encore discutables, impuissants à satisfaire les objectifs poursuivis dans un grand nombre de programmes engagés. Sans revenir sur l'ensemble des causes et mécanismes qui justifient la difficile éradication de la pauvreté, question sur laquelle les économistes les plus réputés en viennent à produire des résultats contradictoires3, un débat sur quelques politiques et modes opératoires proposés par la coopération internationale s'impose, afin de suggérer des pistes de réflexion indispensables, en vue de donner plus d'ampleur, d'efficacité et de cohérence aux actions engagées dans la lutte contre la pauvreté dans le monde. Ainsi, pour faire référence aux politiques d'aide mises en œuvre au cours des cinquante dernières années, force est de constater que l'approche territoriale du développement et la manière de l'intégrer dans les stratégies et les actions de lutte contre la pauvreté a été singulièrement négligée (Matteudi, 2012). Cet oubli, délibéré ou non, explique parfois les principales limites de l'efficacité des politiques d'aide au développement des pays les plus pauvres. L'hypothèse forte présentée ici se propose de mettre en évidence un lien de causalité entre l'inefficacité relative de la L'autre voie | numéro 11 | 122