Photo de mode

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BIO EXPRESS

Composition réussie Beaucoup de gens ont aimé cette image, qui se démarque pour plusieurs raisons : le maquillage, le regard du modèle à droite, la langue rouge et les cils. Maîtriser la lumière ne suffit pas à réussir une photo, c’est aussi une composition équilibrée.

1 John Lagoueyte Passionné d’informatique,John Lagoueyte réalise le site Internet d’un ami photographe. Premier déclic pour cet autodidacte, qui se lance rapidement dans la photo de mode et de beauté, après s’être inscrit au Photo Ciné Club de l’Espace de Biscarrosse. Étudiant, il réalise ses premières images avec l’aide de quelques amies qui acceptent de se prêter au jeu. Quatre ans plus tard, John Lagoueyte est un amateur éclairé qui travaille avec plus de 250 modèles. www.oeilduphotographe.com

Faire oublier la technique au profit de son sujet, tout en restant créatif et imaginatif, autant de qualités nécessaires au photographe de mode, précurseur des tendances qui déferleront dans les magazines. De la mise en scène au choix de la lumière, l’œil du photographe se doit d’être partout… pour sublimer son modèle. KARINE WARBESSON

2 Bruno Sabastia Autodidacte, Bruno Sabastia évolue dans le monde de la photographie depuis l’âge de 21 ans. Originaire de Nice, il monte à Paris en 1995 à 33 ans. Il réalise très vite ses premières campagnes de publicité pour les plus grandes marques : L’Oréal, Adidas, Baccarat, Guerlain, etc. Parallèlement, il participe depuis 2004 au Festival international de la photographie de mode à Cannes. www.sabastia.com

3 Dominique

Amphonesinh

D’origine chinoise, Dominique Amphonesinh a 10 ans lorsqu’il arrive en France en 1978. Étudiant, il décroche un job de photographe et fait ses premières armes à Montpellier, où il couvre principalement des concerts. La passion est là, mais il ne compte pas pour autant en faire son métier. Après quinze ans passés dans l’informatique, puis à la tête d’une agence de communication, il ouvre en 2004 son propre studio et collabore avec de nombreuses agences de publicité. www.amphonesinh.com

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Pose longue

« C’est une photo pour l’édito d’un magazine, réalisée au Bario Latino à Paris. Pour conserver l’ambiance de la lumière derrière le comptoir, j’ai placé l’appareil sur un pied avec pose longue d’une à deux secondes. J’avais enclenché le flash au second volet, ce qui permet d’obtenir un bel ensemble », commente Dominique Amphonesinh.

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Priorité vitesse

« Un mannequin saute pendant que l’autre doit rester figé. La vitesse est à 1/800 s. En photo de mode, je travaille uniquement avec mon Hasselblad et un dos de 39 millions de pixel. L’intérêt d’un moyen format comme le H3D est sa grande vitesse de synchronisation pour ce type de photo au flash », précise Dominique Amphonesinh.

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Séance express

« Djibril Cissé a été photographié pour la campagne Adidas. Après intervention du maquilleur et du coiffeur, j’ai eu un quart d’heure pour réaliser la séance, et deux visuels ont été utilisés. Cette image a été réalisée avec un boîtier Contax, un objectif 120 mm Macro et un film 120 Ekta 100s », relate Bruno Sabastia.

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Cadrage décalé

« Cette photo a été réalisée en studio avec une seule source de lumière. Le cadrage très particulier donne toute son originalité à ce cliché pris avec une ouverture à f/11 et une vitesse à 1/100 s avec un Nikon D2X », explique John Lagoueyte.

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© BRUNO SABASTIA

Préparer la séance photo Maquillage, coiffure mais aussi stylisme, la photo de mode est un travail d’équipe qui nécessite une préparation minutieuse et ne laisse que peu de place à l’improvisation.

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publicitaire. Pour John Lagoueyte, qui travaille avec une seule assistante, les contraintes s’avèrent différentes puisqu’il s’agit avant tout de se faire plaisir en tant que photographe amateur, mais aussi de réaliser une photo conforme aux souhaits du modèle. Néanmoins, il ne néglige pas pour autant de préparer minutieusement chacun de ses shootings en effectuant au préalable de nombreux repérages. « J’avoue que je suis relativement tatillon sur la préparation d’une séance, qu’elle soit en studio ou en extérieur. Le feeling entre le photographe et le ou les modèle(s) est également essentiel », explique-t-il. Grâce à Internet, il est relativement facile d’établir un contact, de parler de ce que l’on compte faire ou des envies de chacun afin d’éviter toute mauvaise surprise le jour de la séance photo. Il lui arrive par exemple de passer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, à discuter avec son modèle pour mieux cerner sa personnalité et ses attentes afin de s’assurer que chacun puisse donner le meilleur de lui-même. Si les

photographes professionnels n’ont pas forcément ce luxe, il n’y a pour autant que peu de place à l’improvisation. Celle-ci ne doit pas représenter plus d’un tiers de la séance photo, « 100 % d’impro, ce n’est pas pro ; c’est une perte de temps », affirme Dominique Amphonesinh.

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Moyen format ou reflex ■ Définissez préalablement les objectifs

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vant de se mettre derrière un objectif, il est tout d’abord indispensable de définir les intentions. « Une photo de mode réussie ne se limite pas à poser un joli vêtement sur un mannequin avec de beaux bijoux et une magnifique lumière, ça doit raconter une histoire, il faut qu’il y ait un concept derrière cela, d’où l’importance du travail préparatoire », précise Dominique Amphonesinh. Un photographe de mode professionnel n’est jamais seul, il est indispensable d’être entouré par d’excellents spécialistes et de s’accorder avec son équipe sur les orientations données au maquillage, au stylisme et à la coiffure… sans oublier de bien dormir et de ne pas se stresser. « Un photographe qui est stressé, c’est un photographe qui n’est pas sûr de lui », ajoute-t-il. « En publicité, le rôle du professionnel consiste aussi à appliquer le brief artistique défini préalablement », note Bruno Sabastia. Toute la stratégie marketing et commerciale qui va s’ensuivre est directement liée à la réussite de la photo qui va illustrer la campagne

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de la séance photo avec le client et le(s) mannequin(s).

■ Entourez-vous d’une équipe fiable, que vous soyez amateur ou professionnel. Il est indispensable de déléguer une partie du travail préparatoire pour mieux se concentrer sur l’image à réaliser. ■ Effectuez au préalable un repérage des lieux en cas de shooting en extérieur afin de préparer décor et mise en scène.

Pour un professionnel, la qualité du matériel est essentielle lorsqu’il s’agit de réaliser des productions avec des budgets importants. Un appareil fiable permet de se concentrer sur la production de l’image, son aspect artistique, et non de se soucier des éventuels problèmes techniques, confirment Dominique Amphonesinh et Bruno Sabastia, qui ont opté pour des moyens formats avec un dos en 39 millions de pixels. Mais pour débuter ou se faire plaisir en amateur, un bon reflex comme le Nikon D2X fait aussi l’affaire, précise John Lagoueyte. © JOHN LAGOUEYTE


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Choisir son modèle

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Clair-obscur

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« J’ai réalisé des nus féminins, mais je ne trouvais pas mon travail assez original. Je ne suis pas spécialement attiré par la photo de mode masculine, mais lorsque j’ai débuté mes clairs-obscurs sur des hommes, j’ai trouvé qu’il y avait plus de choses à raconter. L’effet a été obtenu avec une boîte à lumière rectangulaire sur laquelle était placée un nid-d’abeille audessus du mannequin », raconte Dominique Amphonesinh.

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La magie de la retouche

Rayon de lumière

« La séance s’est déroulée en extérieur en utilisant uniquement une lumière naturelle. Il s’agissait d’une lumière douce au mois de novembre. Sur cette photo, on mesure combien il est important que le modèle se place dans le rayon de lumière », précise John Lagoueyte. Prise de vue réalisée avec un Nikon D2X, une vitesse à 1/125 s et une ouverture à f/2,8.

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Sensualité

Campagne L’Oréal monde réalisé avec un Contax 645. Les modèles ne se connaissaient pas, et pourtant le résultat s’avère très sensuel et très professionnel !

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Soyez en forme ! Si un mannequin fatigué et aux yeux cernés risque de gâcher la séance photo, il en est de même pour le photographe qui doit tout autant faire preuve d’autodiscipline. Tenir compte du cadrage, de la lumière tout en respectant un brief précis nécessite une concentration de tous les instants. « Principal conseil à donner aux photographes et aux modèles avant toute séance photo : dormez ! », s’exclame John Lagoueyte.

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Visualisez un book permet de mieux cerner l’expérience du mannequin afin de s’assurer qu’il saura s’adapter aux contraintes imposées par la séance photo.

■ Observez attentivement votre modèle afin de déceler le détail qui fera la différence lors de la séance photo. ■

Privilégiez une grande ouverture pour une faible profondeur de champ afin de mettre en valeur certains détails.

Parlez avec votre modèle lors de la séance photo afin d’induire de nouvelles poses ou de nouvelles attitudes.

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Campagne publicitaire monde réalisée pour la montre Paco Rabanne. Deux jours de shooting pour sept visuels retenus. La photo a été réalisée avec un Contax 645, un 120 mm Macro et un dos Imacon de 22 mégapixels. Le passage au noir et blanc s’est déroulé sur ordinateur avant incrustation du produit sur Photoshop photographié en nature morte.

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entière sans oublier les séances de coiffure et maquillage qui peuvent prendre plusieurs heures. « S’il est très facile de remplir un formulaire sur Internet pour vouloir poser, il est beaucoup moins évident de faire le grand pas le jour J !» Un point de vue confirmé par Bruno Sabastia qui souligne l’importance de la relation entre le modèle et le photographe. Afin de travailler avec les plus grandes marques pour la presse et la publicité, le casting constitue le sésame indispensable à tout mannequin. Il s’agit de s’assurer que le modèle sélectionné corresponde aux souhaits esthétiques définis par le client, mais qu’il saura aussi s’adapter aux exigences du photographe et à sa méthode de travail. Chaque photographe se doit de déceler le meilleur de son modèle en quelques secondes et peut s’avérer plus ou moins directif lors des séances photo. « Si le modèle est professionnel, je le laisse faire, je recale juste de temps en temps l’angle du visage, une attitude. Je ne donne pas de conseils, mais j’essaie d’amener le modèle à me donner une sensibilité dans l’image, de lui faire sentir qu’il ne doit pas seulement poser, mais raconter quelque chose », précise Bruno Sabastia.

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ous les professionnels ont généralement débuté en photographiant leurs amies afin d’apprendre le métier et présenter leurs premières photos. « Je ne travaille qu’avec des filles qui viennent d’agences de mannequin, car elles sont plus professionnelles et ont une assurance que possède rarement une débutante, mais j’ai commencé en photographiant mes copines », relate Dominique Amphonesinh. John Lagoueyte n’a pas de critères particuliers pour choisir ses modèles et conserve une totale liberté de par son statut d’amateur, dont l’objectif est avant tout de réaliser une séance aussi enrichissante pour l’un que pour l’autre. La plupart de ses modèles le contactent via son site Internet par curiosité ou pour étoffer leur book dans le cadre de futurs castings. Son principal critère n’est pas un physique, mais davantage une sensibilité afin de créer une alchimie, une complicité qui pourra se refléter dans ses photos. Principale qualité nécessaire, aussi bien pour le photographe que le modèle, la patience ! « À mes débuts, je cumulais les lapins », raconte John Lagoueyte. De plus, il n’est pas toujours évident pour un modèle de poser parfois une journée

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Si le talent du photographe reste essentiel, le choix du modèle l’est tout autant en photo de mode. Patience, écoute et complicité, autant de critères indispensables à posséder de part et d’autre pour des photos réussies.


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Jouer avec la lumière Essentielle à tout photographe, la maîtrise de la lumière est le maître mot en photographie de mode. Artificielle ou naturelle, apprendre à la dompter est un art qui s’apprend… et se ressent. eu importe le sujet, « à partir du moment où la lumière est là, on peut faire ce que l’on veut », affirme John Lagoueyte. Bruno Sabastia, notamment réputé pour l’aspect précis et intimiste de ses photos reconnaît : « J’ai derrière moi de longues années d’apprentissage de la lumière… seul dans mon studio, expérimentant quasiment jour et nuit. Toute mon énergie a été concentrée dans l’image.» La maîtrise de la lumière permet de sublimer la prise de vue… ou inversement. Avant d’effectuer une séance photo avec un modèle débutant en extérieur, John Lagoueyte propose systématiquement de réaliser une séance en studio afin d’initier son modèle à l’importance de la lumière en photographie. Si celle-ci permet de mettre en évidence de jolies formes ou un détail du visage comme un regard ou une bouche par exemple, elle peut à l’inverse montrer des choses que l’on ne voudrait pas. Cette démonstration aide le modèle à mieux saisir la perception du photographe lors de la prise de vue. « Ainsi elles comprennent davantage les raisons qui peuvent m’amener, lors d’une séance, à leur demander d’avancer, de reculer, de se pencher… au moment de la pose », précise-t-il. Pour les photos en extérieur, John Lagoueyte privilégie l’éclairage naturel dans 95 % des cas. Basé en Aquitaine, il réalise fréquemment ses images en forêt, au bord de l’océan ou d’un lac. Des décors magnifiques propices à de belles lumières et surtout, quand on ne possède pas de lumière artificielle comme un flash portable de studio, il faut bien faire avec les moyens du bord ! Il est également conseillé de jouer avec la compensation d’exposition de son boîtier numérique afin de tester différents effets. Souvent, il faut marcher longtemps pour arriver sur un lieu, si l’on est chargé, ce n’est pas toujours évident. En studio, les conditions sont évidemment plus confortables. John Lagoueyte utilise un à cinq flashs de studio Lightcubepro de 600 à 800 W avec un ou plusieurs réflecteurs. Dominique Amphonesinh utilise toujours une ouverture de f/11 ou f/16 et la même vitesse de synchronisation flash 1/250 s en studio. Pour ses photos en clair-obscur, c’est avant tout l’utilisation de filtres devant les flashs qui fait la différence. Principal écueil en studio, une lumière « plate ». Mais « grâce aux strips de Profoto, on peut mettre en valeur un grain de peau ou le détail d’une matière », décrit Dominique Amphonesinh.

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Série Gaultier

Cette série spéciale Jean-Paul Gaultier a été effectuée pour le magazine C&G. L’image a été utilisée pour le Festival de la photo de mode, à Cannes, en exposition sur la croisette.

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Fin de journée

Cette image a été réalisée pour le catalogue et la campagne Hechter Maillot en Tunisie, avec une lumière de fin de journée. Elle est prise avec un Canon EOS 5D et un objectif 200 mm f/1,8 L.

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■ Privilégiez une pleine ouverture à f/2,8 pour profiter d’un maximum de lumière et atténuer le décor grâce la faible profondeur de champ. ■ Ajustez la luminosité directement depuis votre boîtier numérique et n’hésitez pas à tester plusieurs réglages pour progresser au fur et à mesure des séances. ■ Utilisez le noir et blanc si votre photo est surexposée car elle sera plus difficile à retoucher en couleur.

Lumière naturelle

Cette photo a été prise au mois de mars au bord du lac de Biscarrosse avec une lumière naturelle. L’ouverture était à f/2,8 avec une vitesse à 1/4 000 s et une compensation d’exposition à -2/3 IL.

De la couleur au noir et blanc En numérique, le passage en noir et blanc se déroule systématiquement lors de l’étape de postproduction sur ordinateur. Pour réussir ses photos en noir et blanc, « il faut avant tout être un bon technicien afin de connaître précisément les correspondances des couleurs en gamme de gris pour gérer les contrastes de l’image », conseille Bruno Sabastia.

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Lumière hivernale Matière et lumière « Le principal intérêt de cette photo : la matière de la peau et l’éclairage réalisé sur la fourrure avec des strips de Profoto, qui ont également permis de donner une luminosité bien particulière au regard .» © DOMINIQUE AMPHONESINH

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« Cette photo a été prise en extérieur avec un Nikon D100, une ouverture à f/5,6 et une vitesse de 1/80 s en hiver et en fin de matinée. La lumière est naturelle et une compensation d’exposition de -1/3 IL a été appliquée.»


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S’adapter en toutes circonstances

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Corriger les imperfections

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Toutes les photos de mode et de beauté passent systématiquement en postproduction sur Photoshop, afin de nettoyer toutes les imperfections de la peau. Ainsi, explique Dominique Amphonesinh, le photographe passe aussi beaucoup de temps à retoucher ses images. « On peut rester plusieurs minutes à scruter un visage, une joue ou un nez. Lorsque que l’on regarde une personne dans la vie réelle, elle bouge, elle sourit, elle est vivante, mais dans une revue, elle est figée, et le moindre détail se remarque. »

Tour à tour metteur en scène, photographe et gestionnaire d’équipe, les professionnels se doivent d’être polyvalents afin d’être prêts à déclencher à n’importe quel moment. d’une photo, il ne fait pas tout. La vedette reste le modèle, surtout en photo de mode où il s’agit avant tout de mettre en avant un vêtement ou un bijou. Un fond noir ou blanc peut s’avérer alors amplement suffisant, mieux vaut passer davantage de temps sur le mannequin pour la magnifier et obtenir l’attitude souhaitée que de s’attarder sur un fond, à moins que ce décor ne fasse partie prenante du concept préalablement décidé. L’attitude, le regard du mannequin font alors toute la différence, mais là aussi, il s’agit de réussir un subtil mélange pour que l’alchimie soit totale avec le photographe, sans oublier la mise en valeur du vêtement en évitant par exemple de photographier un modèle avec un vêtement sombre sur un fond sombre. Chez les professionnels, les déplacements en extérieur nécessitent une parfaite organisation pour accéder à des endroits parfois inaccessibles au grand public. Ainsi, raconte Dominique Amphonesinh, « on a dû réaliser une séance sur un tarmac en Croatie, sur l’île de Brät plus exactement, avec un avion et une voiture ‘‘follow me’’. Si la photo en plan rapproché donne l’impression que le

photographe est seul face au mannequin, ce cliché a pourtant nécessité la mobilisation de huit personnes. Une maquilleuse, une coiffeuse, un styliste, deux assistants chargés de porter le matériel ainsi qu’un organisateur chargé de planifier l’intendance sur place (hébergement, repas), sans oublier l’obtention des autorisations administratives nécessaires. Face à des shootings de cette ampleur, le travail du photographe est aussi celui d’un manager capable de gérer toute une équipe dans le respect des uns et des autres.»

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N’oubliez pas de prévoir les autorisations administratives nécessaires en cas de shooting en extérieur.

Fond noir

« Les points forts de cette photo résident dans la transparence, l’attitude et le regard, sans oublier le vêtement bien sûr. Le fond sombre contribue d’autant plus à mettre en valeur la robe blanche. Le petit coup de vent qui fait lever la robe est réalisé grâce à un ventilateur, mais un simple morceau de carton aurait tout aussi bien pu faire l’affaire. »

■ Privilégiez un fond uni noir ou blanc à un décor approximatif. En photo de mode, le mannequin reste la vedette. Ajustez directement la compensation d’exposition sur votre appareil numérique afin de vous adapter aux différentes conditions météorologiques.

Décor à la mode

« Pour un édito de magazine, je fais parfois des rappels de couleur. Ici, le blanc du costume se distingue du fond en graffiti, et le jaune du sweet s’accorde avec le jaune présent sur le mur. En mode, le décor doit être en harmonie avec les vêtements que l’on met en avant, c’est surtout une question de feeling, il n’y a pas de règle imposée », commente Dominique Amphonesinh.

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Follow me

L’image a été prise sur un tarmac à l’île de Brät en Croatie et a mobilisé huit personnes (organisation, hébergement, maquilleur etc). Cette photo est très équilibrée avec le respect de la règle des tiers. Un léger coup de flash en plein jour a suffi pour raconter une belle histoire...

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ors de prise de vue en extérieur, il n’est pas toujours évident d’être au bon endroit au bon moment, à moins d’un repérage minutieux plusieurs jours auparavant pour dénicher les meilleurs emplacements. Le talent du photographe consiste à s’adapter aux imprévus, notamment météorologiques. Par temps de pluie, il est conseillé d’augmenter la sensibilité (jusqu’à 800 ISO environ) mais prenez garde au bruit selon le modèle de votre appareil. « On positive, et cela devient une habitude et non une contrainte. Fallait y penser avant le jour de la séance photo en faisant un bon repérage, sinon on fait avec ! », s’exclame Dominique Amphonesinh. C’est aussi l’occasion de tester de nouvelles manières d’opérer, « on est bien obligé de faire en fonction du rayon de soleil qui passe à travers les houppiers des arbres, ou encore de jouer avec les reflets de l’eau sur le lac », explique John Lagoueyte. Cependant, un bon trépied ainsi qu’un flash de studio sur batterie avec réflecteur permettent généralement de réaliser des photos par toutes les conditions météorologiques. Si le décor contribue à la réussite

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Détail en dentelle

« C’est grâce à cette image que j’ai été sélectionné en 2007 pour représenter la marque Hasselblad. Un recadrage et des retouches ont été effectués, mais cela ne suffit pas à réussir une photo. Gérer le mannequin pour avoir la bonne attitude au bon moment, le maquillage, le talent du coiffeur, la touche du styliste avec la dentelle et une bonne connaissance de la lumière en studio ont fait la différence », remarque Dominique Amphonesinh.


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Sortir du lot

Bouger-figer Édito pour un magazine homme à l’hôtel Le Murano. Une série qui faisait partie du thème « bougerfiger », où l’un des modèles devait être dynamique tandis que l’autre restait statique.

Nombreux sont les photographes amateurs qui rêvent de passer professionnels, mais plus rares sont les élus. Diffuser son book et se présenter auprès des agences pour se faire un nom est aussi l’apanage du photographe de mode. ntrer dans l’univers de la photo de mode s’apparente souvent au parcours du combattant, tous les photographes le reconnaissent. « À mes débuts, je parcourais la capitale avec mon book en croyant que j’allais facilement décrocher la lune », déclare Dominique Amphonesinh. Si les critiques sont souvent très dures, c’est aussi une bonne manière de progresser et de mieux comprendre les attentes des clients. Afin d’avoir une chance d’être repéré, il est conseillé de présenter au moins deux books de 50 photos. Un book prend généralement de 12 à 18 mois de travail et « impose donc souvent de mettre la main au portefeuille pour réaliser des petites productions qui auront par la suite la chance d’être publiées et de constituer une première vitrine », précise le photographe. Mais la meilleure expérience reste la pratique auprès de photographes expérimentés. Il ne faut pas hésiter à faire des demandes de stage et d’apprentissage auprès des professionnels dont on apprécie particulièrement le travail. Une chance donnée à Bruno Sabastia, qui a débuté avec les plus

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grands, comme Jean Larivière, photographe renommé pour son univers très personnel et ses collaborations avec les plus grandes marques de luxe. Travailler auprès d’un professionnel constitue un exercice enrichissant et indispensable à tout photographe désireux de se faire une place dans le milieu, à condition de conserver sa propre personnalité. « Copier est utile pour apprendre, mais une fois passée la théorie, créez votre propre univers pour vous démarquer, explique Dominique Amphonesinh. Il faut également être un bon commercial, savoir gérer une équipe avec respect, et tisser un réseau de connaissances important, car être bon photographe ne suffit pas si on ne possède pas les relations nécessaires.» Noir et blanc ou couleur, cadrage et lumière, autant d’éléments techniques à maîtriser, mais aussi à détourner pour réaliser des photos originales et créatives. Une photo réussie, c’est surtout celle qui déclenchera une émotion et ne laissera pas indifférent. Tout photographe de mode se doit également… de rester à la mode. Il est indispensable de se tenir informer des

tendances du moment. « J’achète plusieurs dizaines de revues par mois et je ne regarde que les photos. C’est une sorte de veille concurrentielle, cela permet de savoir ce qui se fait ou ce qui a déjà été fait afin de donner de nouvelles pistes d’inspiration ou rebondir vers d’autres idées », remarque Dominique Amphonesinh.

Soyez inventif, cadrage, lumière ou composition, il faut oser en photographie de mode !

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Soignez votre book, véritable carte de visite du photographe pour démarcher les agences.

Créez votre propre réseau de connaissances en consultant régulièrement les sites Web dédiés aux professionnels.

Suivez les tendances tous médias confondus, car un photographe de mode… est très vite passé de mode.

FOURRE-TOUT DES PROS

John Lagoueyte John Lagoueyte s’est lancé dans la photographie à l’arrivée du numérique. Il n’utilise que du matériel Nikon, un 4500, puis un D100. Aujourd’hui, il possède également un Nikon D2X avec des objectifs Nikkor, Sigma et Tamron. En intérieur comme en extérieur, il privilégie le Sigma 70-200 mm f/2,8, dont il apprécie le piqué et qui permet également de jouer sur l’hyperfocale afin d’obtenir des flous très intéressants. En vue rapprochée, il fait appel au Tamron SP AF 28-75 mm f/2,8 XR.

Dominique Amphonesinh Dominique Amphonesinh dispose de deux moyens format H3D avec des dos en 22 et 39 mégapixels. Principale raison de son choix : la pérennité et l’évolutivité. Il a notamment retenu la marque Hasselblad, car celle-ci rembourse la différence lors du passage à la gamme supérieure. S’il est vrai que le numérique professionnel coûte très cher, il reste vital, « car sinon les clients vont voir ailleurs », confie-t-il. En lumière, il s’équipe en Profoto, car les accessoires sont rapidement démontables et la température des couleurs totalement constante, quelle que soit la puissance du générateur.

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Capturer l’instant Quelques secondes suffisent pour immortaliser l’instant qui transformera votre photo en un cliché unique. La maîtrise du couple vitesse/ouverture est alors primordiale. Vitesse lente pour gérer un flou de bouger ou filé, diaphragme ouvert pour réduire la profondeur de champ. C’est la technique qui doit s’adapter aux contraintes imposées dans la réalisation de l’image et non l’inverse, la sensibilité du photographe et son originalité font ensuite la différence.

Web www.passion-photos.net Un site où l’échange prédomine avec un forum constitué de passionnés pour exposer ses photos et les soumettre à la critique.

www.wisibility.fr Un blog de formation en vidéo sur Photoshop pour retoucher ses images comme les pros.

Bruno Sabastia Bruno Sabastia utilise un Contax 645 avec des objectif Zeiss, surtout le 120 mm Macro pour son piqué en beauté ainsi qu’un dos numérique Imacon 39 mégapixels. Il possède aussi un reflex Canon EOS 1 DS Mark II et sa gamme d’optiques (14 mm, zoom 20-35 mm série L, 50 mm, 85 mm, 90 mm Macro, 200 mm f/1,8). Lors de ses shootings avec son moyen format, il enregistre directement ses images sur ordinateur et réalise une sauvegarde de secours sur des disques de 100 Go. En 24 x 36, il opte pour des cartes de 1 à 2 Go. Il dispose pour le posttraitement de quatre Mac, plus intuitifs et adaptés au travail photographique selon lui.

www.virusphoto.com L’une des plus grandes communautés de photographes avec un forum très actif.


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Palette de couleurs Cette image est tirée d’une série mode intitulée « Colorama » de huit pages pour le magazine Style Papers. Le choix des accessoires en harmonie avec la couleur des vêtements s’avère également essentiel.but.

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Shooting express Cette photo publiée dans le magazine suisse Profil Femme pour la marque de haute joaillerie Cartier a été réalisée lors d’un shooting monté en trois jours. Les bijoux étaient des pièces uniques, envoyées et vendues le lendemain dans le Golfe.


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