La société du savoir et son économie

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Et si les consommateurs de demain ne ressemblaient pas à ceux d’aujourd’hui ?

Michel Cartier Octobre 1999 www.mmedium.com (dossiers)


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Introduction Actuellement, l’histoire de notre société épouse la forme d’un S. La première partie de cette courbe, 1990-1995, voit l’émergence d’une rupture ; la partie 1995-2000 est une période où la société change tellement qu’on en perd nos points de repère. La dernière partie, 2000-2005, voit de nouvelles tendances transformer la société industrielle en une société du savoir. Beaucoup de chercheurs analysent présentement cette courbe pour esquisser une vision cohérente des forces de changement à l’oeuvre (voir la bibliographie). Ce texte n’est pas un exercice de futurologie mais la synthèse des travaux de ces chercheurs, surtout des outils qui nous permettrons d’accéder à 2005 (schéma 4). Deux approches Prévoir le futur, même à court plus durant une période marquée par pour nous guider. Pourtant c’est socioéconomiques et politiques sont l’avenir est de l’inventer.

terme, est une entreprise périlleuse, encore le désordre où il n’existe aucun précédent une activité essentielle, car les enjeux énormes ; la meilleure façon de prédire

Entre les gens qui déifient les nouvelles technologies et ceux qui prétendent qu’elles sont la cause de beaucoup de maux, il doit bien y avoir un milieu. Partout les mêmes questions sont posées : Comment se doter de points de repère pour naviguer au XXIe siècle ? Comment expliquer le modèle de mondialisation qui semble s’imposer ? «What tools will the executive need in order to effectively manage ?»1 Deux approches ont été privilégiées. A- Il n’y pas si longtemps, un chercheur pouvait présenter sa grille de lecture à partir de l’observation d’une tendance. La présente démarche a consisté à réfléchir en réseau, c’est-à-dire avec un groupe de veilleurs, à interroger plusieurs groupes préoccupés par les mêmes questions et à comparer une dizaine de tendances à la fois technologiques, économiques et sociétales. B- Une attention particulière a été portée aux activités américaines, car c’est sur la Côte Ouest de ce pays que démarrent les principales tendances qui gagnent ensuite le monde.


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Table des matières • La rupture

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• L’an 2000 - Le pôle technologique - Le pôle économique - Le pôle sociétal - Les paradigmes technologiques - Les paradigmes économiques - Les paradigmes sociétaux

8 10 12 19 24 25 26

• L’an 2005, conclusions provisoires - Les outils permettant d’accéder à 2005

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• Et le Québec ?

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• Les appendices : - Les cycles des mutations - L’industrie du contenu - La chaîne de production-diffusion - Le commerce électronique - Un Internet intégré desservant quatre marchés - Les groupes d’intérêts - Les générations - Le plurimédia - L’accès au XXIe siècle

34 35 37 38 41 42 43 45 46 47

• La bibliographie

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• Les notes

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Une lecture à plusieurs niveaux : A- Le résumé de ce texte apparaît aux pages 27 et 29. B- Les idées principales sont en gros caractères. C- Certaines listes, moins importantes, sont en plus petits caractères. D- Les détails et les exemples sont dans les notes placées à la fin du document. E- Les sources sont dans la bibliographie. F- Les schémas résument les textes de façon visuelle.


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Les questions les plus fréquemment entendues :

• Y a-t-il de l’argent à faire ? ... dans quel marché ? ... quand ? • Qui va gagner la guerre « câble - satellite - micro-ondes » ? ... ou celle des « telco - câblo » ? ... ou celle TV-PC-NC2 ? • Est-ce qu’Internet est aussi important que certains le prétendent ? ... et le Web ? • Quel est l’avenir du multimédia ? ... du commerce électronique ? • Est-ce que les clientèles seront les mêmes dans cinq ans ? • Le Québec est-il en retard ?

Réponses : pages 27 et 29


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Une société est en perpétuelle évolution. Les tensions servent à maintenir son équilibre toujours à refaire, elles lui permettent de s’adapter aux nouveaux environnements. Par définition, une société en temps normal est donc instable et contient beaucoup d’incertitudes. En temps de rupture, la diversité a un prix énorme à payer, elle offre peut-être aux gens plus de choix et de nouveaux espaces, mais beaucoup moins de stabilité. Notre société nord-américaine a évolué par bonds grâce à différents facteurs clés comme le fer, le charbon et l’acier qui, à leur tour, ont créé ces catalyseurs de croissance que furent les machines à vapeur, les trains, l’automobile, etc. À partir de 1960, les catalyseurs de croissance cessent d’être d’ordre matériel et deviennent des technologies d’information. L’arrivée des circuits électroniques enclenche une période de transition, et celle d’Internet, une rupture. Nous sommes maintenant au coeur d’une transformation fondamentale dont nous ne saisissons que partiellement la portée et les répercussions. En 2005, la société ne sera probablement pas celle qu’on s’imagine aujourd’hui.


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La société du savoir est une société tertiaire qui fonctionne à partir de trois pôles : technologique, économique et sociétal. Tous les pôles doivent être également présents, aucun des pôles ne peut prédominer3. •Son principal matériau est l’information3. •Sa principale industrie est celle du contenu (en particulier, les services). • Ses deux principales activités économiques sont le commerce électronique (le «e-business» ou le monde quotidien des achats) et le divertissement (l’«entertainment» ou le monde du rêve). Les mutations produisent des effets qui sont le reflet des grandes batailles du XXIe siècle pour le contrôle de l’accès à l’information, de la nouvelle économie et de l’imaginaire des gens. Chaque pôle fonctionne à partir d’un cycle différent, d’où la difficulté pour les décideurs de prévoir des modèles de planification stratégique (voir le schéma 5). Le pôle technologique offre des activités qui reposent sur le plus grand dénominateur commun (ultimement, un réseau mondial de réseaux), tandis que le pôle sociétal repose sur le plus petit dénominateur commun (utopiquement, l’être humain, en tant que citoyen et consommateur). Le pôle économique est la zone où les deux autres pôles se rencontrent.


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Les ruptures de société sont des passages d’un ancien contexte à un nouveau (voir ci-haut), elles ne sont pas communes4. Elles surviennent lorsque les mutations sont tellement importantes qu’elles modifient l’espace et de temps, donc l’imaginaire des gens5. On peut en mesurer l’ampleur aux mutations observées par les chercheurs. Ceux-ci appellent ces mutations des paradigmes : une nouvelle façon d’interpréter une situation qui surgit et qui exige un nouveau cadre de pensée capable de l’expliquer. La transition vers cette rupture s’amorce vers 1960 (schéma 1), et la rupture elle-même se situe à partir de 1990, avec un moment fort autour de 1995. Après 2005, notre pays devient une autre société ; en fait, nous passons entre deux états stables, d’une société industrielle vers une société du savoir. Voici quelques événements qui déclen-chent ce réordonnancement du monde (schéma 13) : 1990 La chute du mur de Berlin signale l’émergence du rêve d’un Nouvel ordre économique (une sorte de Pax Americana ?). 1992

L’élection de MM. Clinton et Gore lance le Information Highway aux États-Unis, qui à son tour déclenche un important mouvement d’alliances industrielles dans ce pays.

1995

Les pays du G7 acceptent le modèle du Information Highway ; à cette même période, Internet devient un raz-de-marée qui s’impose au monde et le Web apparaît avec son navigateur Netscape qui répond au problème de la surcharge informationnelle6.

1996

Deux lois changent le paysage américain : The U.S. Telecommunications Competition and Deregulation Act, The U.S. Telecommunications Act.

1997 Les déréglementations dans le domaine des télécommunications, puis dans celui du contenu, modifient le paysage socioéconomique des pays industralisés, lançant la tendance aux alliances (p. 13) et à travers celles-ci, mouvement de la mondialisation. 1999 La moitié des foyers américains sont connectés sur Internet (p. 25), et le commerce électronique démarre, lançant la nouvelle économie. 2001 Projet américain : Internet, marché planétaire hors taxes.

le

La meilleur façon de prédire l'avenir est de l'inventer.


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L’an 20007 L’an 2000 ressemble de plus en plus à une lutte entre deux forces : celle de l’argent qui pousse les entreprises à la recherche frénétique de plus grands profits8, et celle des citoyens qui voudraient bien mettre les freins devant autant de changements si brusques. D’un côté, il y a de plus en plus de profits entre bien peu de mains et, de l’autre, une cohésion sociale qui s’érode devant les inégalités économiques9. D’un côté, il y a accélération de la mondialisation et, de l’autre, effritement de l’État-nation et de la famille. Nombre de gens se sentent aliénés et stressés par cette succession de changements apparemment hors de contrôle10. Et, pour couronner le tout, les décideurs et les promoteurs n’ont aucune vision intégrée de la situation ; ils sont en déficit de réflexion. Nous vivons une sensation d’essoufflement. Notre société, tous secteurs confondus, accuse aujourd’hui la fatigue ; comme les pièces d’un moteur usé, ses structures résistent mal à la grande vitesse à laquelle on les fait tourner.

La technologie a sa propre dynamique d'accélération: la loi de Moore.

Internet est la dot-com revolution11. À la fois support et conséquence de la société qui l’utilise, il devient le haut-parleur de ces mutations qu’il accélère12 en les intensifiant, pour le meilleur ou pour le pire. Il n’est pas une finalité en soi mais un levier stratégique de transformation des organisations. Les nouvelles technologies galopent peut-être allègrement, mais elles ne sont pas accompagnées d’un projet de transformation sociale où elles devraient s’insérer. Elles demeurent un wild west. D’où l’importance de bien compren-dre les paradigmes qui façonnent notre société (voir les pages 24, 25 et 26). Un monde devant deux choix La bataille actuelle pour le contrôle d’Internet révèle que celui-ci est l’objet de deux projets de société13.

Moins de citoyen plus de consomma teurs.

A- Les «forces du marché» veulent créer une mondialisation cybernétique capable d’établir un global marketplace où triompheront l’entreprise, l’intérêt privé et les méga-majors. Le commerce serait la grande affaire de l’humanité, et les NTIC, l’outil capable de développer cette société universelle de consommation électronique. Cette société serait peuplée par cette nouvelle race que sont les «nouveaux consommateurs» baignant dans la culture McWorld (un monde uniformisé de logos, de stars, de marques de commerce et de jingles, c’est-à-dire sans «exception culturelle»).


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Depuis 1995, les États-Unis proposent aux pays industrialisés un modèle global de modernité et compétitivité qui les avantage : La base de la puissance américaine est, pour une très grande part, sa domination du marché mondial des communications. Cela crée une culture de masse qui a une force d’imitation politique14. B- Les «forces démocratiques» veulent en faire un espace de réflexion, une place publique où se construit une intelligence collective. Les NTIC seraient l’un des principaux outils de communication à la fois collective (politique) et individuelle (bien-être). La communauté internationale serait composée de sociétés, de groupes d’intérêts et de citoyens qui dévelop-peraient une citoyenneté cybernétique à partir du droit à la différence et de la diversité des sources de connaissances (un monde où l’information serait contextualisée). Notons que plusieurs nouveaux facteurs pourraient accélérer les mutations après 2001, en route vers 2005 : • les décisions de la nouvelle administration américaine15 concernant le projet de faire d’Internet un marché planétaire hors taxes ; • la masse critique de plus en plus importante de jeunes diplômés exigeant leurs connexions Internet au bureau et à la maison ; • les classes supérieures américaines presque toutes connectées sur Internet, surtout les early doers (page suivante) ; • le démarrage du commerce électronique qui attire de plus en plus de promoteurs arrivant avec leurs nouveaux investissements ; • la mise en place de la ZLEA (un ALENA de l’Alaska à l’Argentine) ; • l’arrivée de nouvelles inventions (page suivante) ; • des solutions aux défis du Last mile là où Internet se connecte à la maison, solutions rendant floue la frontière entre le bureau et la maison ; • l’essor de la technologie mobile (les assistants numériques et les téléphones multimédias, par exemple) compléments nomades des PC et des réseaux. Les mutations commencent à être identifiées : • le passage d’une société industrielle, dirigée par les baby-boomers, à une société du savoir façonnée par les générations X et Y (p. 21) ; • d’une société centrée sur le texte imprimé vers une société influencée surtout par l’image-écran ; • d’un mode de communication passif à un mode interactif ; • d’un espace local et d’un temps réel à un espace plus virtuel et un temps plus intemporel ; • du grand public anonyme des mass media standardisés aux milliers de microgroupes à la recherche d’une valeur ajoutée et personnalisée, (p. 20), etc.

Une société est un territoire, un vouloir, un savoir et une histoire.


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Le pôle technologique Si nous résumons ce pôle : c’est un nouveau monde utilisant principalement Internet. Signalons certains aspects : A- Les NTIC sont plus anciennes qu’on ne le pense généralement : on a célébré le cinquantième anniversaire du début de l’informatique en 199716. B- C’est un secteur qui évolue par bonds, appelés «générations» : - Cartes perforées, Fortran, Cobol - Main frame, 360, OS, PL1 - Mini, Unix, C - Micro, MS-DOS, Windows - Internet, navigateur, e-mail, chat, etc. Les lgies se C- Même après des milliers d’inventions matérielles et logicielles, développent plus d’autres sont à venir17 : par exemple, de nouveaux outils de vite que notre capacité a les visualisation, de navigation, de géopositionnement18, de utiliser. traitement du sens19, d’objets intelligents20, de Net Passeport21, des puces photoniques, des protocoles de priorisation des informations, etc. DLa convergence «informatique-télécommunicationsinteractivité» modifie les NTIC qui en retour modifient la façon dont nous vivons : We shape our tools and they shape our minds, values and society22. La passivité actuelle de certains pays vis-à-vis l’implantation des T.I. sur leur territoire se traduira par un coût social à payer142 et un retard économique23. E- Il faut noter qu’un groupe de personnes a joué un rôle très important dans l’essor des NTIC : les early doers24. Représentant à peu près 9 % de la population américaine, mais dépensant 40 % du budget, ce sont eux qui, depuis dix ans, s’approprient en premier les technologies (câble, fax, cellulaire, Web, etc.). C’est un noyau dur, très actif dans leur milieu et enthousiaste, qu’on appelle parfois les netizens, les digital citizens, etc. Internet L’histoire nous rappelle que plusieurs technologies ont été des multiplicateurs de mutations, l’imprimerie et l’automobile par exemple (schéma 1). Internet est l’un des deux catalyseurs de croissance de notre société actuelle, l’autre étant les circuits électroniques25. The full importance of an epoch-making idea is often not perceived in the generation in wich it is made26 ; le dynamisme d’Internet vient de Plutôt un son caractère «ouvert», c’est-à-dire influencé par la façon dont il espace est utilisé par les usagers. En 1995, Internet fait glisser notre qu'un fil. société des machines à calculer vers les machines à communiquer, et autour de 2005, vers les machines à informer27 (p. 23). Le centre de gravité des NTIC déplace les intérêts des promoteurs du hardware au software, puis vers l’infoware ou contenu.


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À la fois norme, réseau, collection d’outils, etc., Internet est important parce qu’il véhicule des informations3 qui, dans une société du savoir, sont une ressource stratégique essentielle pour l’ensemble de la société. Comme le pétrole fut l’or noir du XXe siècle, l’information sera l’or du XXIe siècle. Internet est également important parce que l’«économie Internet» joue déjà un rôle prépondérant aux États-Unis28 (et bientôt au Canada) : en 1998, elle emploie 1,2 million de personnes (la majorité de ces emplois n’existaient pas en 1994-1995) et vaut plus de 300 milliards de dollars. Ramenée au rang du PIB, cette économie se situe au 18e rang mondial29. Depuis 1992-1994, les milliers d’inventions techniques et d’alliances ont modifié notre société ; en 2005, celle-ci ressemble à un gigantesque gâteau à étages, chacun étant occupé par divers réseaux (schéma 3). Dans la guerre des prix «câble-téléphonie-satellite» des années 1996-2000, il n’y a pas eu de gagnants; en fait, les réseaux sont devenus tellement nombreux qu’ils sont des commodities. Afin de retrouver leurs investis-sements, les promoteurs commencent déjà à distribuer gratuitement des accès et des appareils afin de s’assurer que tous les consommateurs potentiels sont connectés30 sur leurs réseaux (voir l’expérience FreePC31 en cours aux États-Unis). Parce qu’il n’y a, en 2005, qu’une seule technologie de communication commune aux médias, le numérique, les frontières entre les médias sont tombées. Internet est devenu LE réseau qui absorbe le téléphone, la télévision, les satellites32 et les appareils ménagers33, offrant à la fois le divertissement et le commerce électronique, tandis que les médias traditionnels encaissent depuis quelques années des baisses d’auditoire de 25 % à 30 %34. C’est un réseau intégré techniquement grâce au respect d’un ensemble de protocoles (TCP-IP, etc.) mais qui éclate en morceaux en ce qui a trait à son usage, chacun devenant un marché répondant à une logique et à une économie différentes (schéma 9) : - l’Internet du commerce électronique ; - l’Internet académique ; - l’Internet social ; - l’Internet des militaires.

Gigabits signifient gigadollars.


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Le pôle économique Like living organisms, economies always evolve in response to challenges and opportunities35 ; la nouvelle économie se développe à partir d’un nouveau type d’alliance et grâce à l’industrie du contenu. En 2000, cette économie est propulsée par trois facteurs de croissance : la mondialisation, les NTIC et l’innovation entre-preneuriale (p. 16). L’économie prospère, mais à cause du contexte, elle est très volatile36. Signalons certains aspects : A- Personne ne sait avec certitude ce qu’est la nouvelle économie, parce qu’on ne dispose pas des outils nécessaires pour mesurer la productivité des services et les performances économiques dans le nouveau contexte. Néanmoins les spécialistes parlent de plusieurs facteurs de démarrage37: •the growth of the high tech industries ; •the spread of the Internet ; • the expansion of the e-business, etc. B- En 1996-1999, la mondialisation38 est un courant de pensée animé par les méga-majors que certains appellent «les nouveaux maîtres du monde»39. La mondialisation est un processus d’intégration économique s’appuyant sur les NTIC. Ce courant repose sur deux La affirmations : absolument tout (matière brute, objet, activité cultunouvelle relle, service ou idée) devient une marchandise, et la mondialisation équation: de l’économie marchande serait la voie du salut universel. Elle sous-entend : • la création de marchés mondiaux ; • une mobilité accrue des capitaux ; • des connaissances et des ressources humaines ; NTIC =Mondialisation • permettant la coordination d’opérations simultanées dans Déréglementation de nombreux pays. Elle devient peut-être une course vers le haut au point de vue économique, mais aussi une course vers le bas au point de vue sociétal40. En effet, l’actuelle phase de mondialisation, une phase plutôt «sauvage», affaiblit le tissu social et rétrécit l’efficacité des gouvernements41. En 2005, cette mondialisation proposée par ces majors est remise en cause par les citoyens-consommateurs qui n’acceptent plus un modèle qui ne repose que sur la rentabilité et exigent une nouvelle phase bâtie sur la pluralité des sources et la diversité des canaux d’information. C- En 2000, la grande bataille économique autour du contenu modifie complètement le tissu économique des pays industrialisés. C’est une bataille pour la fidélisation des clientèles42, c’est-à-dire la capacité des entreprises à conserver leurs clientèles traditionnelles et à en conquérir de nouvelles (en particulier chez les jeunes) dans les nouveaux territoires, par le branding43 and bundling44. D- Durant 2000-2005, la vie quotidienne ne change pas tellement parce que les résistances sociales (causées par les cycles lents du pôle sociétal,


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schéma 5) freinent les mutations au niveau de monsieur Tout-le-monde. En revanche, le monde des affaires connaît une véritable révolution : Amazon, Yahoo, eBay, sont déjà des exemples de la nouvelle façon de faire des affaires. The storm that’s arriving is when the thousands and thousands of institutions that exist today seize the power of this global computing and communications infrastructures and use it to transform themselves45. E- Internet change la façon de faire des affaires, non seulement parce qu’il permet de réaliser des activités plus rapidement et à moindres coûts (une transaction coûte 52 cents par téléphone, 27 cents par ATM et un cent par Internet)46, mais surtout parce qu’il change la culture de l’entreprise from e-commerce to e-business47. La nouvelle logique de l’entreprise est l’intégration des sphères d’activités, des structures et des marchés (ou bundling). Plus qu’un nouveau moyen de vendre des produits et des services, c’est un moyen de gérer efficacement une entreprise qui aboutit à des économies importantes48. En 2005, le tissu économique se régénère : un tiers des entreprises traditionnelles, incapables de s’adapter, ont disparu49 devant les réseaux de e-boutiques ou se sont jointes aux groupes virtuels, afin de conserver leur «présence» dans leur milieu.

Les inforoutes sont d'abord des places de marchés électroniques.

F- Le plurimédia devient la principale méthode de production parce que plus économique que le multimédia. Il consiste à médiatiser les informations (en fait, à les marquer correctement50) pour une diffusion multiplateforme, c’est-à-dire à la fois par des presses à imprimer, un CD-ROM et Internet (schéma 12). Ce qui permet de répondre aux deux principaux défis créés par les NTIC : comment transformer l’information en connaissance structurée et comment intégrer le processus pour le rendre plus rentable. Les alliances En 1992, l’annonce du Information Highway déclenche une importante vague de fusions et d’acquisitions51, d’abord pour la conquête de certaines technologies ou standards, puis pour le contrôle de territoires-marchés52. Vers 1998-1999, une douzaine de méga-majors américains53 et autant d’européens54 se disputent le secteur des technologies de l’information, devenant les «forces du marché», c’est-à-dire des plaques tournantes (hub) en situation de domination. Un très petit nombre de ces grandes entreprises ont maintenant le monopople de l’offre ; par leurs décisions unilatérales, ces multinationales modifient à leur avantage tout le panorama audiovisuel, par exemple, en privilégiant les oeuvres de fiction par rapport aux documentaires, et en utilisant l’arme du dumping. La nouvelle économie ressemble maintenant à un champ de bataille où s’affrontent, non plus les riches et les pauvres (le Nord et le Sud), mais les riches américains et les riches européens. Ces majors déclenchent en 1995 la bataille pour le

Un nouveau pouvoir anonyme et apatride.


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contrôle des réseaux, et en 2000 pour le contrôle des contenus (l’AMI55 et l’exclusion culturelle, par exemple). Puis, d’autres secteurs économiques connaissent les mêmes courses aux consortiums : les banques, les lignes aériennes, l’automobile, le pétrole, le cuivre, l’aluminium, etc.56 La plupart des méga-majors créés à cette époque ont été incapables d’amalgamer les cultures des différentes entreprises réunies57. Aussi, à partir de l’an 2000, la tendance verticale des alliances commence à s’inverser en faveur d’une tendance plus latérale : l’association de plusieurs entreprises capables de mener à bien un ou des projets, ou groupes virtuels. L’utilisation d’outils collaboratifs en réseaux58 couplée avec la rapidité d’action de ces entreprises et le outsourcing, dotent les alliances latérales d’une synergie qui devient le moteur de la nouvelle économie. En 2005, à peu près la moitié des travailleurs sont dans le domaine des TI ; les changements60 modifient le tissu industriel à un point tel que le principal défi est la formation61. Une formation non pas à l’informatique ou aux télécommunications mais aux mutations en cours : aux nouveaux publics, aux nouvelles habitudes de consommation, aux nouvelles écritures médiatiques, au travail en groupe et en réseau, etc. L’enjeu sera surtout d’apprendre à apprendre. 59

Deux effets d’entraînement : la co-opétition et les technopoles C’est ainsi qu’Internet a donné naissance au mouvement de coopétition où des entreprises peuvent rivaliser avec d’autres dans une même ville et collaborer à l’échelle d’un continent62. La synergie créée par la rencontre d’Internet et des méga-majors ajoute un nouveau catalyseur de croissance à la société du savoir : les technopoles (techcities)63 . En 2000, il existe 80 technopoles à travers le monde, et en 2005, certains réseaux thématiques regroupant les principales technopoles prennent le leadership de la nouvelle économie dans leur secteur mondial d’activité64, affaiblissant d’autant plus le rôle de planificateur des États-nations qui ne se sont pas préparés à ce développement.


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L’industrie du contenu Grâce à la numérisation et à Internet, l’industrie du contenu65 fait converger les chaînes de production-diffusion au fur et à mesure de l’arrivée des majors et de leurs nouveaux capitaux (schéma 6), modifiant les trois facteurs de la consommation : le prix, la qualité et l’accès. En 2005, cette industrie est la première au monde, elle est le fondement de l’économie du savoir qui prend forme. Contrairement à l’industrie manufacturière qui est centrée sur la productivité, celle-ci est orientée vers l’innovation : 40 % des produits et des services sont nouveaux ou restent à être créés. À cette époque, le contenu représente plus de 60 % de toutes les activités des TI. Il apparaît principalement sous deux formes : le monde du spectacle et celui du commerce électronique qui se subdivise en deux : le business-to-business et le business-to-customers. A- Le entertainment C’est l’industrie du divertissement qui, à cause de son omniprésence, englobe en grande partie la politique, l’éducation, etc.66. C’est une industrie du rêve, de l’évasion et de l’anti-stress, où se réfugient les citoyensconsommateurs ébranlés par tant de mutations qui modifient leur environnement. Les contenus semblent de type «publics» parce que les téléspectateurs ont le sentiment de les regarder ensemble. C’est un monde où se côtoient les symboles offerts à l’imaginaire des gens67 : Julie Payette, Slobodan Milosevic, Super Mario, Dart Vader de Star War, etc. C’est une industrie où les produits hors ligne (livres, journaux, affiches, etc.) rapportent souvent plus que l’événement lui-même, aussi sont-ils promptement intégrés aux stratégies commerciales68. Cette industrie repose principalement sur la convergence TV-PC-NC69 ; elle est ralentie par deux goulots d’étranglement : le temps et le budget que lui consacre le consommateur. B- Le commerce électronique Business-to-businesss (p. 38). En 2000, de nombreux d’analystes pensent que le futur bond économique est le commerce électronique grand public70 ; il n’en est rien. En 2005, la nouvelle économie s’appuie surtout sur le commerce électronique businessto-business (B2B) ou e-business. En fait, entre 2000 et 2005, le commerce électronique se scinde en deux : le backstore qui s’occupe des relations fournisseurs-fournisseurs et le frontstore préoccupé par les relations détaillants-consommateurs. Les entreprises de télécommunications parlent de marché d’affaires par rapport au marché résidentiel. Ce sont là deux modèles d’affaires, deux groupes d’acteurs et deux technologies différentes. Ce e-business exige exige une innovation entrepre-neuriale :

Le consommate ur n'achete pas une technique mais de contenus. La grande révolution à venir : les nouvelles applications inattendues. Elle remplace la culture par le divertisseme nt et la pensée par. l'émotion. C'est un dragon omnivore qui carbure aux émotions. Un combat pour la conquête des salons.


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• une optimisation de la gestion stratégique des connaissances et du savoir (knowledge management) ; • une prévision intégrée de l’offre et de la demande ; • une meilleure intégration des produits (bundling) ; • une gestion quasi zéro de l’inventaire ; • une importance accrue des services après-vente71 ; • une analyse du profil du consommateur et de ses groupes d’intérêts72; • une attention particulière à la gestion et à la formation du personnel73. Tant et si bien qu’en 2005 le e-business devient un nouvel écosystème (schéma 7) caractérisé par : • une structure moins coûteuse et plus rapide permettant de prendre des décisions quasiment en temps réel, une structure qui compresse les niveaux hiérarchiques (le vertical) pour se donner une plus grande fluidité (le transversal) ; • des transactions via Internet ; • des portails thématiques rassemblant la valeur ajoutée dédiée à un créneau ciblé ; • des prix négociés selon la demande du moment74; • un mass-customisation : une production de masse sur mesure75 ; • des alliances sous forme de groupes virtuels, la réduction des intermédiaires et l’utilisation du outsourcing ; • la possibilité d’envahir de nouveaux territoires, donc d’élargir les clientèles ; • un télémarketing à l’écoute de la personnalisation qui s’exprime par les microgroupes et qui débouche sur une fidélisation de ces clientèles pour un même service ou un même contenu, mais dans des territoires-marchés différents ; • l’emploi simultané de taux fixes, au forfait ou au volume76. B- Le commerce Business-to-customers (B2C) (p. 38) (marché de consommation individualisée de masse, notamment des services gouvernementaux) En 2005, le rêve du marché grand public ne s’est pas encore complètement matérialisé parce que les promoteurs n’ont pas compris la nature différente du nouveau public, en particulier des microgroupes, et ne leur ont pas offert des interfaces adaptées à leur langue et à leur culture77. Aux États-Unis, ce marché a commencé à prendre forme autour de 1998 à partir de deux clientèles : les early doers78 et les groupes d’intérêts (electronic communities). Les points forts de ce marché à venir sont : • une identification du marchand ; • une information détaillée sur le produit, son ou ses prix, le type et le temps de livraison ; • une sélection beaucoup plus large des produits ;


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• plusieurs possibilités de rabais ; • un accès illimité (ouverture 24 heures par jours) ; • l’entraide de la part des membres du groupe79. D’autres effets d’entraînement : les droits d’auteur, la publicité, les portails et les marques de commerce La question de la propriété numérique des images et du son est au centre de la présente course économique ; par exemple, les démarches agressives de Corbis-Microsoft qui détient déjà les droits sur plus de 25 millions d’images ou l’épisode récent du MP3. En 2005, le copyright est devenu une source majeure de richesse. Beaucoup de petites et de moyennes entreprises, incapables de fournir les investissements nécessaires, sont éliminées par les méga-majors. Le contrôle des images et du son qu’exercent les majors devient alors une forme détournée de kidnapping de la culture. La question de la publicité est un autre élément clé de cette grande course économique. En 2000, le poids de «l’économie Internet» oblige les gens de marketing à commencer à redistribuer différemment l’assiette publicitaire. En 2005, le commerce électronique et le entertainment (notamment l’émergence des nouveaux services, des micro- groupes et des nouvelles générations de consommateurs) ont complètement modifié la distribution de l’assiette publicitaire. Dans un environnement caractérisé à la fois par la très grande rapidité des échanges et un trop-plein d’informations disparates et souvent non validées, de nouveaux phénomènes d’agrégation (aggregators) surgissent : les portails et les marques de commerce. Dans un univers fait de kilomètres d’inforouts mais sans aucune carte, le consommateur circule dans le flou à la recherche de points de repère qu’il connaît : ce sont les marques ou les portails (Yahoo et Altavista par exemple) qui deviennent la porte d’entrée quand vient le temps de trouver un produit ou une information. Internet devient une technologie et des marchés qui compétitionnent pour capter et garder l’attention des gens (une attention economy)80.


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Les étapes économiques 1995-2000 Pris un par un, certains événements sont peu significatifs, mais mis en perspective ils décrivent les forces de changements qui modifient notre ancienne société industrielle en une société du savoir. Depuis 1995, une grande bataille économique se joue ; on commence à en connaître les étapes historiques et même à en deviner l’aboutissement à moyen terme, 1995 Le Information Highway Le réseau permet d’envahir des territoires autrefois inaccessibles et à y créér des groupes d’intérêts autour de certains produits (la vente de logiciels par exemple). Le Web La surcharge informationnelle créée par le réseau de réseaux devient un goulot d’étranglement ralentissant le flot des décisions. Le Web dompte ce flot et l’organise. Les navigateurs Le grand village découvre son système d’adresses qui en civilise l’accès. 1996 Les portails91 Les entreprises de portail, comme AOL et Yahoo, dirigent leurs visiteurs vers les détaillants avec qui ils forment des alliances, moyennant ristournes. Le bundling45 La réorganisation des chaînes de production-diffusion permet de baisser et de standardiser les prix (schéma 7). 1997 La déréglementation La déréglementation des télécommunications permet d’envahir des territoires autrefois inaccessibles et à créer des groupes d’intérêts autour de certains produits (les livres par exemple). À partir de ce moment, les réseaux se développent tellement vite qu’ils deviennent des commodities et Internet the world’s grandest public utility. Le branding44 La marque de commerce devient un point de repère pour le consommateur circulant dans un monde virtuel de plus en plus flou parce que sans frontière. 1998 La valeur ajoutée La technique de valeur ajoutée81 permet de fidéliser les anciennes et les nouvelles clientèles. La vente de produits réels en ligne La vente électronique directe au client de produits réels à partir de centre de distribution, devient possible, exemple d’Amazon82. La multiplication des clientèles donne du poids à «l’économie Internet» et fait démarrer le commerce électronique. 1999 Les prix à la demande Les prix s’adaptent désormais à la demande, selon le moment, grâce à la technique de l’encan (auction economy), exemple de Priceline83. C’est désormais la loi de la demande qui commence à remplacer celle de l’offre (p. 19). La gratuité d’accès Devant l’essor économique qui prend forme, des promoteurs donnent gratuitement aux consommateurs l’accès ou des appareils permettant l’accès, pour fidéliser leurs clientèles43 et en développer de nouvelles. Après 2001 Internet, marché planétaire hors taxe ?


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Le pôle sociétal La mondialisation n’est pas seulement un phénomène économique et les NTIC un facteur technologique, elles ont un impact sur nos références culturelles. L’actuelle mondialisation combat la centralité de la culture dans la vie des personnes et des sociétés en mettant en danger le pluralisme, les productions locales, le soutien public à la création et à la diffusion (par exemple, l’exception culturelle) et les droits des auteurs-créateurs. Elle le fait parce que ses maîtres, les majors qui contrôlent les réseaux de diffusion, considèrent que tout acte culturel est avant tout un acte économique parce que soumis aux lois de la rentabilité. Elle le fait aussi parce que certains de ses maîtres, les majors américains, considèrent leur culture comme étant la meilleure et qu’à ce titre ils doivent nous en faire «cadeau». Une société est un bouillon de culture qui se développe dans l’imaginaire des gens, un imaginaire qui se bâtit à partir des images, des textes et des sons que lui offre son environnement ; or cet environnement est actuellement soumis à l’offensive «Internet, marché planétaire hors taxes». Comment développer une société du savoir si la seule culture diffusée est celle d’Hollywood et de la télévision ? L’objectif de toutes ces activités est un être humain informivore, ce qui suppose une intense pratique culturelle. Si nous résumons ce pôle, une nouvelle société émerge, modifiée par plusieurs phénomènes : • le refus de la mondialisation proposée ; • la perte de vitesse de l’État-nation (page suivante) ; • l’émergence des groupes d’intérêts ; • un renversement de génération (p. 21) ; • le courant de personnalisation. A- La personnalisation est un courant de pensée qui s’anime dans chaque individu-citoyen-consommateur. Son émergence est due à la convergence d’appareils et de réseaux de plus en plus puissants permettant l’interactivité. La personnalisation est responsable de la fragmentation des grands auditoires en une multitude de microgroupes exigeant pour leurs membres des contenus mieux ciblés. Depuis 1990, on assiste à une segmentation des publics qui deviennent hyperciblés, à laquelle correspond une segmentation des contenus. Maintenant, la valeur d’un tronçon du réseau réside moins dans les informations qu’il véhicule que dans la communauté qu’il dessert. Cette segmentation des publics et des contenus annonce le passage du technology push vers un demand pull, c’est-à-dire le passage du centre décisionnel qui était entre les mains du promoteur vers celles du consommateur. En d’autres mots, un passage de la loi de l’offre à la loi de la demande (du sale driven au

Ce sont les nouveaux contenus qui feront la société du savoir, par les réseaux.

Habiter un territoire reste tibutaire de la recherche d'un espace intérieur.

Le marché cesse de se massifier pour se ramifier.

Village global ou ghetto global ?


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market driven), du push et du pull. Ce sont les techniques de géoréférencement qui, couplées avec l’interactivité, permettent d’inverser la loi de l’offre pour celle de la demande. La fusion des espaces économiques signifie l'affaiblissement des frontières polotiques.

B- En 2005, l’État-nation n’est pas disparu mais en plus d’avoir perdu beaucoup de pouvoir, il doit apprendre à composer84 avec les institutions internationales85 et les technopoles qui réglementent la mondialisation. C- Le pouvoir écrasant du modèle médiatique hollywoodien combiné au poids économique des États-Unis homogénéise les sociétés sans contenu. D- En 2005, le fossé entre les inforiches et les infopauvres (have and have not) continue de s’élargir86. Internet a été peutêtre un grand facteur de changement, mais pas les changements que les gens anticipaient87. E- Le raz de marée Internet signifie surtout un raz de marée des informations88, à un point tel qu’on parle de surcharge informationnelle (ou information overload). L’arrivée de quantités de plus en plus importantes de fournisseurs de services89, de réseaux et de nouveaux navigateurs a multiplié la quantité d’informations au point que la qualité en souffre : • seulement 25 % à 35 % de toutes les informations sont accessibles, notamment à cause du Web invisible90 ; • une plus grande quantité encore n’est pas validée91.

Les groupes d’intérêts (microgroupes, electronic communities) Un nouvel espace public s’ajoute à la société : les groupes d’intérêts92 (schéma 10). Ces groupes rassemblent, géographiquement et virtuellement, des gens autour de similarités de valeurs ou de goûts à partir de portails Entre thématiques93. Aux millions de téléspectateurs passifs du entertainment l'individuel et l'universel. s’ajoutent des milliers de groupes de citoyens-consommateurs qui forment la base de l’économie transactionnelle, c’est-à-dire des deux formes de commerce électronique94. À partir de 1960, notre société nord-américaine connaît une importante expansion de ses médias de masse ; en 1990, il était naturel qu’on accepte Internet comme un nouveau média électronique de masse garantissant une masse de profits. Or, il n’en est rien, parce qu’Internet est Un citoyen solidaire ou une technologie à caractère décentralisateur, il donne la parole aux groupes solitaire ? d’intérêts, ceux-ci devenant un réseau d’opinions renforcant la différence. Par exemple, au lieu d’une masse de 200 000 personnes anonymes, les NTIC permettent de desservir 20 microgroupes spécialisés de 10 000


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participants interactifs95. Le groupe d’intérêts se situe entre la communication interpersonnelle et les mass media (au centre ci-dessous).

L’individu Une communication de personne à personne

Le groupe d’intérêts Une communication entre des gens appartenant à un même groupe d’intérêts

La société Une communication grand public diffusée à tous les gens vivant dans cette société

PRIVATIQUE : Self média Pointcasting

COMMUNAUTIQUE : Intermédia Narrowcasting

MASS MÉDIATIQUE : Mass media Broadcasting

Les générations (schéma 11) Autant la génération des boomers modifie la société d’après- guerre (celle de 1939-1945) selon leurs valeurs, autant les générations X et Y modifient cette société-ci après 2005. Leur grand nombre et leurs façons de communiquer et de consommer pèsent de tout leur poids sur le développement de la culture, de la démocratie et de l’économie. La génération X Parce qu’ils les méconnaissent, les boomers jugent les jeunes de la génération X paresseux, indifférents et ne sachant pas s’exprimer convenablement, ce qui n’est pas juste. La génération X est une génération charnière qui subit le passage de la société industrielle vers celle du savoir mais sans le poids démographique des boomers, donc sans pouvoir (schéma 11). À ce titre, elle vit les problèmes causés par la génération précédente : les dettes individuelles et nationales (l’obligation du déficit zéro par exemple), la détérioration de la famille et de l’environnement urbain, le downsizing des entreprises, la précarité des emplois, le big chill96, etc. Ils ont une grande capacité d’adaptation à un environnement qui change à un rythme ahurissant. Les valeurs des boomers, comme le mariage, le travail et le système politique actuel, sont remises en cause ; en revanche, cette génération redécouvre certaines valeurs fondamentales, comme la qualité de vie et l’amitié. Lancée dans la vie sans balises culturelles ou morales, cette génération éprouve de la difficulté à se forger une identité. Elle a développé une culture à partir surtout du flot incessant d’images télévisuelles, qui traitent l’information sous forme d’infotainment, considérant le réel comme un spectacle à ressentir et cherchant plus à étonner qu’à communiquer.


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La génération Y (Baby bust, echo boomers, Nintendo generation, MTV generation, tweens, génération du millénaire) Vers 1995, il se produit un changement démographique majeur : des millions d’enfants97 des baby-boomers entrent dans l’adolescence. En 2000, ces baby-bust ont encore plus d’argent et d’autonomie. En 2005, avec les baby-boomers, ils sont devenus l’un des deux groupes les plus importants numériquement (schéma 11).

La génération du bip, du clip, du rap et du zap.

Contrairement aux jeunes adultes de la génération X, ceux-ci n’ont pas vécu le passage vers la nouvelle société, ils sont nés avec celle-ci. Les enfants et les adolescents de cette génération se ressemblent d’un pays à l’autre98, leur culture est homogène : ils aiment les sensations fortes, les nouvelles expériences et les voyages d’aventure. Ils veulent profiter de tout immédiatement. Leur mode de connaissance est marqué par la globalité et l’instantanéité et aussi par le manque de méthode de travail ; leur sensibilité et leur imagination sont ouvertes à la création mais beaucoup moins à l’analyse. Ils vivent dans un environnement beaucoup plus multiculturel et plurilingue, acceptant le fait qu’il peut exister plusieurs façons de vivre. Ils sont sensibles à leur environnement et à leur planète, se passionnant pour les bélugas ou les forêts amazoniennes par exemple, mais ils sont peu sensibles au milieu immédiat dans lequel ils vivent. C’est une classe de consommateurs passionnés et très attirés par les marques de commerce99, d’où l’importance du branding. This is not about teenage marketing, it’s about the coming of age of a generation100. Des secteurs économiques leur sont déjà consacrés : émissions de télévision, musique, mode, jeux, sports (la planche à neige par exemple), etc. Déjà, en 1998, plus du tiers du chiffre d’affaires de l’industrie du contenu est réalisé auprès d’eux. Cette génération baigne quotidiennement dans une sous-culture de produits américains bas de gamme, séries à la télévision, disques et films offrant l’image du fast-food, des colas, du rock, de la drogue, du sexe et de la violence. Ils sont différents de leurs aînés parce qu’ils baignent depuis leur enfance dans un environnement fait de micro-ordinateurs, de jeux électroniques et de CD-ROM101. Internet est un environnement «naturel»102 ; c’est d’ailleurs parce qu’Internet est l’endroit où ils s’informent et magasinent (aux États-Unis), qu’ils sont de plus en plus diversifiés et imprévisibles. Television drives homogeneity, Internet, diversity103. À partir de 2005, cette génération modifiera les tendances des marchés: They are going to overtake the country104. Ils bouleverseront les structures sociales et les rapports de forces. Ces jeunes veulent bâtir une autre société où les points de repère sont multiples et éclatés, une société bâtie autour d’une culture de consommation.

Une mentalité de télécommande.


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Un effet d’entraînement : l’émergence d’une nouvelle écriture médiatique L‘un des facteurs de la rupture, du moins en Amérique du Nord, est l’émergence d’une culture visuelle de masse, c’est-à-dire une civilisation de l’image qui modifie complêtement les filtres culturels qui jusqu’à récemment s’appuyait sur l’écrit. L’arrivée de groupes d’intérêts aux jargons spécialisés, des nouvelles générations X et Y (familières avec les systèmes interactifs), et de la surcharge informationnelle qui fait perdre un temps précieux et coûteux aux consommateurs, ont comme effet d’entraînement le développement d’une nouvelle écriture médiatique, tout comme l’arrivée de cette nouvelle technologie qu’était l’imprimerie il y a 450 ans105. Ce développement prend plusieurs formes : • une écriture plus dense et plus nerveuse ; • une mise en écran des éléments d’information qui tient compte des différents types de lecture qu’un lecteur peut employer106 ; • une utilisation de synthèses visuelles, sous forme de schématisation graphique107 et d’icones.


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Les paradigmes technologiques (Le principal moteur des mutations technologiques : le numĂŠrique)


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Les paradigmes économiques (Les principaux moteurs des mutations économiques : la synergie créée par les alliances et l’interactivité)


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L’an 2005, conclusions provisoires L’incertitude Canada-Québec, liée au référendum, aura disparu d’une façon ou d’une autre108. Pôle technologique • Internet est devenu LE réseau, intégrant le téléphone, la télévision, les satellites et l’électroménager. • Internet dessert quatre marchés distincts : le commerce électronique et l’infospectacle, l’académique (universités et R&D), le social et les militaires. La valeur d’un tronçon réside dans la collectivité qu’il dessert. Pôle économique •En multipliant la synergie par les alliances, Internet contribue à l’émergence de la nouvelle économie. • Les deux grands marchés sont le «entertainment» et le «e-business». Le commerce électronique grand public n’a pas encore véritablement pris son essor. • Une guerre économique se déroule pour la fidélisation des clientèles. Les armes sont le «branding», le «bundling» et l’adaptation des prix aux circonstances (temps, territoires et clientèles). •Internet oblige les entreprises à modifier leur façon de faire des affaires, donc leur culture ; il fait disparaître un tiers des entreprises incapables de s’adapter au nouvel environnement. •Parce que les entreprises veulent un contact direct avec leurs clients, elles font disparaître beaucoup d’intermédiaires traditionnels mais en créent de nouveaux, favorisant le «outsourcing». •40% des produits et des services sont nouveaux ce qui favorise les entreprises qui développent des initiatives. Pôle sociétal • Le centre de décisions passe des mains des promoteurs à celles des consommateurs. Ce sont les techniques d’interactivité et de géoréférencement qui inversent la loi de l’offre pour celle de la demande. •Le courant de personnalisation fragmente le public en une myriade de microgroupes à la recherche de valeur ajoutée, multipliant les créneaux et les niches. • La génération X et surtout la génération Y modifient non seulement les habitudes de consommation, mais plus fondamentalement la culture, la démocratie et l’économie. • Les quatre principaux défis sont la formation, la sécurité-confidentialité, le télémarketing et le plurimédia. • Dans le secteur des nouveaux médias, le Québec est décalé de plus de deux ans par rapport aux États-Unis et de plus de six mois par rapport au Canada, et l’écart s’agrandit (p. 33 et 35).


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On comprend mieux à quoi ressemblera la société en 2005 si on utilise l’exemple d’un gâteau à étages. Nous avons quitté une société stable, la société industrielle reposant sur le traitement manufacturier, pour entrer dans une turbulente période de rupture qui efface tous nos points de repère, pour bientôt aboutir à un autre état stable, une société du savoir qui industrialise le traitement de la connaissance. Nous passons d’un état bâti sur l’énergie et les matières premières à un autre centré sur les NTIC et l’information (schéma 1). Comme dans un gâteau à étages, tous ces éléments n’ont de sens que s’ils sont intégrés comme un tout dans la nouvelle société (voir ci-haut) : • La pâte Les entreprises qui produisent les contenus et les services et développent les applications et les passerelles. Elles s’intègrent dans une nouvelle chaîne de production-diffusion pour réduire et harmoniser les prix (schéma 7). • La garniture (entre les étages du gâteau) Les entreprises de transmission (satellites, telco, câblo, micro-ondes, mobiles) qui intègrent TOUS les niveaux de communication (mondial, continental et local) en un réseau de réseaux dont le principal intégrateur est Internet. • Le glaçage L’industrie du contenu, principalement le «entertainment» et le «e-business». • Les gourmets Deux grandes clientèles : les baby-boomers et les générations X et Y. Plusieurs Américains résument de façon lapidaire cette nouvelle société : «The name of the game is money ; technologies and money are becoming one. It’s a global business.» Sans souscrire entièrement à cette vision américaine, nous devons constater que dans cette société du savoir, les trois «A» (apprendre, aimer, acheter) se feront différemment, et que la culture, la démocratie et l’économie porteront l’empreinte des nouveaux outils et surtout de leurs jeunes utilisateurs.


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La courbe en S (avec ses étapes 1990-1995-2000-2005) et le modèle de la société tertiaire (pôles technologique, économique et sociétal) offrent une vision d’ensemble des principaux dynamismes qui commencent à façonner la société du savoir. Ce sont des outils que les décideurs doivent apprendre à maîtriser pour accéder à 2005.


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Et le Québec ? Il faut analyser la situation québécoise dans le contexte mondial de la société du savoir, en particulier dans le contexte de l’ALENA, où se vendent 80 % de ses produits109. Les points forts Montréal possède trois points forts110 dans le domaine de NTIC : • une industrie de l’image très vivante (télévision, nouveau cinéma, édition, multimédia, divertissement, etc.)111 ; • une industrie de la langue112 qui a émergé il y a une décennie à cause de la position géographique charnière de la ville ; • une industrie prospère des télécommunications, à la fois des manufacturiers, des développeurs de réseaux et des promoteurs. Montréal possède aussi certains atouts importants : • le Québec, en particulier Montréal, offre l’environnement économique le plus concurrentiel des principaux pays industrialisés113 ; • une main d’oeuvre ingénieuse, bilingue et meilleure marché qu’ailleurs114; • suffisamment de capitaux de risque115 ; • une tradition de carrefour culturel (nombreux liens avec la France et les États-Unis, plusieurs festivals internationaux, plurilinguisme, etc.). Les points faibles Notre situation technologique • Plusieurs chiffres indiquent que le Canada n’est pas parmi les premiers pays dans le secteur Internet, pourtant un révélateur d’avenir116 : Internet hosts 5e rang Per 1000 pop. 10e rang 117 • Plusieurs études américaines , qui analysent les 80 technopoles les plus prometteuses à travers le monde, ne mentionnent JAMAIS une ville canadienne comme endroit où il se passe quelque chose118. • Une étude de l’état de la situation des NTIC dans les pays industrialisés montre que le Canada est actuellement en retard d’un an et demi sur ce qui se développe aux États-Unis (schéma p. 34)119. • Si le commerce électronique est une tendance lourde, deux statistiques deviennent alors importantes : l’informatisation des PME (parce que celles-ci forment 85 % de notre tissu industriel120) et le nombre de maisons connectées sur Internet121 : - Entreprises branchées en 1998 : É.-U. 82 %, Ontario 43 %, Colombie-B. 33 %, Québec 27 % - Internet dans les foyers en 1998 122: É.-U. 40 %, C.-B. 18 %, Ontario et Alb. 15 %, Québec 8 % • Les contenus en français ne représentent que 4 % de la circulation des informations et des services sur le Net123. La langue française est la quatrième langue par ordre d’importance124. • Parmi les membres du G7, le Canada se classe dernier pour ce qui est des demandes de brevets125.


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Notre situation économique • Parmi les pays du G7, le Canada est celui où la domination étrangère (surtout américaine) est la plus lourde126. • À peine 80 entreprises québécoises déclarent faire du commerce électronique en 1999127. • Les deux grands défis de nos entreprises ne sont pas leur créativité mais leur financement et leurs exportations. • Un manque criant de personnel freine l’essor des entreprises de l’information128. • Un taux de chomage de 9,5 %. Notre situation sociétale • Les Québécois sont socialement divisés (exemple du dernier référendum). Situation qui draine des énergies et des budgets considérables. • L’identité québécoise est remise en question : Qu’est-ce qu’un Québécois ? • Les jeunes de la génération Y (p. 22) s’abreuvent à des lambeaux de sous-produits culturels américains. Les créateurs, les artistes et les universitaires, qui ont joué un rôle important durant la Révolution tranquille, ne les rejoignent guère maintenant. • Le système scolaire a investi 300 millions de dollars dans l’achat d’appareils et presque rien dans la formation des professeurs et le développement de contenus pédagogiques québécois. • Un citoyen québécois sur cinq est plus ou moins analphabète129. Les faiblesses du leadership • Le secteur privé a été bousculé par l’arrivée de nouvelles règles qu’il n’avait pas vues venir130 (parce qu’il n’existe aucun réseau collectif de veille) et n’a pas mis sur pied la coalition nécessaire pour y remédier comme dans les autres technopoles américaines aux prises avec les mêmes défis131. Les gens du privé ont un rêve commun (envahir le marché américain) mais aucune stratégie commune. Ils sont fragmentés entre plusieurs associations et groupes divers. Il n’y aucun lieu de rencontre pour planifier la réorganisation de la chaine productiondiffusion (schéma 7) comme aux États-Unis (technopole ou coalition). • Le secteur public ; la mention de «gouvernement» fait hérisser beaucoup de gens du secteur privé132. Pourtant, tout le monde a accepté le concept d’un «modèle québécois» où le gouvernement joue un rôle décisionnel important (exemple des derniers sommets socioéconomiques et du prochain). Or, le gouvernement québécois n’a pas été particulièrement éclairé vis-à-vis de la nouvelle économie reposant sur les NTIC133, surtout lorsqu’on compare ses hésitations aux nombreux plans de société des autres pays134, et particulièrement à Ottawa où le


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gouvernement fédéral propose une stratégie d’ensemble moderne et compétitive : «Un Canada branché»135. Le Québec offre pourtant le meilleur cadre fiscal108, mais il n’a aucune vision d’ensemble (les 26 ministères, les CDTI, l’inforoute gouvernementale, les services publics en ligne, l’exportation, la formation, la confidentialité et les droits des citoyens, l’exclusion culturelle, etc.) ni de créneau précis : par exemple, à peu près tout ce qui touche de près ou de loin l’informatique ou les télécommunications peut entrer dans le programme de support au multimédia. Rappelons que le gouvernement québécois demeure l’architecte de l’inforoute gouvernementale, l’un des plus important client dans le domaine des TI et le premier fournisseur d’informations au Québec. • Les grandes associations représentatives, comme Montréal international, Montréal Technovision et le consortium CESAM n’ont pu doter Montréal d’un plan d’ensemble ou au moins de stratégies intégrées adaptées au nouveau contexte. Il faut dire qu’elles se débattent dans une situation difficile causée par l’absence de leadership de la métropole elle-même (voir les dossiers Bourque et Harel). Conclusions Au lieu de nous comparer à ceux qui habitent d’autres continents et qui sont en retard, les Allemands, les Japonais et surtout les Français136, nos leaders devraient réaliser que le Québec, dans l’ALENA, est fragile parce que fragmenté137. Nous avons besoin d’une nouvelle Révolution tranquille, mais on nous propose une imitation du passé : un Québec frileux et replié sur lui-même. Dans ce contexte de réorganisation mondiale, nous ne pouvons continuer à utiliser la pensée magique, il nous faut des choix stratégiques mobilisateurs capables d’appuyer nos capacités d’innover. Le premier problème ne vient pas des décisions que prend le gouvernement, mais du fait qu’il les prend en retard. Il ne tient pas compte du timing des mutations de l’ALENA. Le deuxième problème est crée par l’absence de vision d’ensemble138. Le troisième problème n’est pas que le Québec ne soit pas le premier, compte tenu de sa petite taille, c’est normal. Ce qui est dangereux, c’est un retard qui perdure jusqu’à 2005. En 1999, notre retard est déjà de deux ans par rapport à nos voisins du Sud (p. 34), et ce retard augmentera d’ici 2005 si rien n’est fait. Notre passivité vis-àvis de l’implantation des NTIC dans un projet de transformation de la société québécoise se traduira par un coût social139 et un retard économique énorme. À l’heure actuelle, nous hypothéquons l’avenir de nos enfants.


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Ce qu’il faut faire Privé (les entreprises) • Créer un comité de coalition rassemblant toutes les volontés pour se doter d’outils que chaque entreprise ne peut développer seule : - une analyse (de type benchmark) permanente mesurant la progression de nos activités par rapport à l’an dernier et par rapport aux autres technopoles ; - un réseau de veille stratégique renseignant les acteurs d’ici sur ce que font leurs concurrents et sur l’apparition des fenêtres d’occasions qui surgissent au gré des inventions ou des alliances ; - une présence permanente dans les principales villes et événements de l’ALENA renseignant les clients potentiels et préparant des opérations de co-opétition140. Public (Gouvernement du Québec) • Créer à un haut niveau (au Comité des priorités du Conseil des ministres) un groupe de veille stratégique capable de fournir des scénarios aux décideurs. • Faire du gouvernement un client modèle dans le domaine des NTIC ; accélérer les travaux de l’inforoute gouvernementale, travaux qui piétinent non pas à cause de problèmes techniques mais à cause des résistances humaines. • Créer un plan de société intégré, pour la transformation de la société québécoise par la nouvelle économie et les NTIC, regroupant les principaux acteurs autour d’un premier objectif (mais non exclusif): la technopole que doit devenir Montréal. Population • Créer des programmes d’éducation (écoles, universités, éducation permanente et formation professionnelle) pour harmoniser le passage des citoyens à la nouvelle société.

De Québec inc. à Québec.com.


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Appendices 5- Les cycles des mutations 6- L’industrie du contenu 7- La réorganisation de la chaîne de production-diffusion 8- Le commerce électronique business-to-business 9- Un Internet physiquement intégré desservant des marchés distincts 10- Les groupes d’intérêts 11- Les générations 12- Le plurimédia 13- L’accès au XXIe siècle


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SCHÉMA 5 : les cycles des mutations Les décideurs et les promoteurs éprouvent beaucoup de difficultés quand vient le temps de développer le calendrier de leurs plans parce qu’ils connaissent peu les cycles des mutations de leur environnement, par exemple ceux de la mondialisation, de la nouvelle économie, d’Internet, etc. Leurs stratégies doivent tenir compte de deux types de cycles : les cycles de chacun des trois pôles et ceux des pays. Les cycles des trois pôles Comme l’être humain, qui vit selon des biorythmes, une société possède aussi trois cycles qui varient avec le temps :

Le passage de la société industrielle vers la société du savoir se fait à partir de ces trois cycles qui font converger les énergies, les acteurs et les économies, créant de nouvelles masses critiques d’où émerge la nouvelle société. Ainsi, les grandes poussées technologiques et économiques, la mondialisation par exemple, sont-elles ralenties par la lenteur d’adaptation des gens (le pôle sociétal), au point que beaucoup de chercheurs parlent même de «résistance sociale» aux changements.

Le démarrage d’une application, ou la création d’une technique ou d’un appareil, débute aux États-Unis à un moment donné. Puis chaque autre pays industrialisés l’adopte mais avec le décalage indiqué ci-haut141. L’étude de l’ensemble des chiffres rapportés à la page 30 nous permet de conclure que le Québec est décalé minimalement de six mois par rapport au Canada.


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Les courbes en S C’est une méthode de visualisation de l’information à partir d’une courbe en S se déroulant parallèlement à une flèche du temps. Cette courbe permet d’analyser l’évolution d’un dossier à partir de quatre étapes : Exemple de pénétration domestique142 aux États-Unis : Câblo 1960 Jeux élec, 1972 Magnétoscope 80 ans PC 1980 Tél. cellulaire 1984 Web 1994

Autre étude sur la pénétration domestique145 aux États-Unis :

(39 ans) 63 % (27 ans) 67 % 1977 (22 ans)

Téléphone (1876) 120 ans Automobile (1886) 105 ans 98 % Électricité (1873)

(19 ans) 50 % (15 ans) 45 % (5 ans) 50 %

Radio Télévision Vidéo

(1905) (1926) (1952)

73 ans 70 ans 40 ans

Deux conclusions semblent se dégager : •Le temps que prennent les cycles s’amenuise de plus en plus (voir ci-haut). Cette compression est probablement responsable de la rupture que nous vivons actuellement. • Le Web n’en est qu’à ses début, son impact ne fait que commen-cer à se faire sentir, le plus important reste à venir. Si, en 1999, aux États-Unis, la moitié des maisons sont connectées, que presque toutes les classes supérieures sont en réseaux, qu’Internet commence à absorber la télévision et le téléphone, et qu’à travers le monde il y a plus de 160 millions d’internautes, dont plus du tiers n’ont pas l’anglais comme langue maternelle, qu’en sera-t-il en 2005 ?


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SCHÉMA 6 : l’industrie du contenu (new media)

C’est un secteur postindustriel, né de la rencontre du savoir, des arts, de la culture, des technologies interactives et des nouveaux capitaux. Cette industrie offre des contenus à valeur ajoutée et des services interactifs à des publics cibles. Outre la convergence des technologies et l’émergence des méga-majors, l’une des caractéristiques de cette industrie est la convergence des produits en ligne et hors ligne, la vente des uns stimulant celle des autres. Voir les détails au tableau qui suit.


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Les détails de l’industrie du contenu La stratégie des majors n’est plus de développer UN produit mais d’associer différents types d’entreprises (de production, de diffusion, et même le outsourcing) pour offrir une gamme complémentaire de produits et de services sur les plus grands territoires-marchés possible. La synergie obtenue permet de réduire les prix et de capturer une masse critique importante de consommateurs grâce à une masse critique de contenus généraux et spécialisés choisis dans l’éventail suivant.

Produits et services hors ligne (aussi appelés produits dérivés) IMPRIMERIE •Générale : dépliants, pièces publicitaires, papeterie, calendriers, cartes d’affaires, etc. •Publicitaire : catalogues, circulaires, listes, etc. •Reprographie : duplicata et publicité rapides •Formulaires commerciaux : factures, formulaires d’impôt, etc. •Étiquettes •Cartes de voeux et de souhaits •Documents de sécurité : billets de loto, chèques de voyage, papier-monnaie, etc. •Emballage : boîtes cartonnées, boîtes de luxe, etc. •Magazines : périodiques thématiques, magazines scientifiques, etc. •Journaux •Livres : livres de luxe, de poche, éducatifs, romans, scientifiques, etc.

AUDIOVISUEL •Photographies et diapositives •Acétates, gravures •Vidéo •Films : entertainment, 7e art, Imax, 3-D, etc.

MULTIMÉDIA •Cassettes : jeux, musique et chansons, textes, etc. •CD : Musique et chansons, jeux, encyclopédies, etc. •Disquettes : logiciels, progiciels, ludiciels, lexiques •Vidéocassettes : films, événements culturels et sportifs, spectacles, etc.

PRODUITS DÉRIVÉS Affiches, t-shirts, tasses, poupées, etc.

ÉVÉNEMENTS Spectacles sportifs, concerts, festivals (jazz, humour, etc.)

ENVIRONNEMENTS Centres eat-drink-play ou salles de jeu et d’expériences de toutes sortes (salles de cinéma, café avec écran vidéo, discothèque hip, etc.), parcs d’attractions, parcs thématiques, etc.


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INDUSTRIE DE LA LANGUE •Aide à la rédaction et dictionnaires •Gestionnaires de documents et thésaurus •Interfaces d’interrogation et navigateur •Aide à la traduction •Reconnaissance et synthèse de la parole

Produits et services en ligne COMMUNICATION (social Web) •E-mail et chat •BBS et Lists, News groups, FAQ •Réseaux de groupes d’intérêts (community networks) •Sites Web promotionnels : sociaux, institutionnels et communautaires •Résaaux scientifiques : R&D, académiques, spécialisés

COMMERCE ÉLECTRONIQUE BUSINESS-TO-BUSINESS B2B (E-BUSINESS) •Intranet et extranet •Gérance just-in-time et Demand forecasting •Zero inventory •Gestion du personnel (formation, coaching, plan de carrière, etc.) •Télémarketing : analyse du profil du consommateur et de ses préférences

COMMERCE ÉLECTRONIQUE BUSINESS-TO-CONSUMER (B2C) •Services de téléachats et de téléréservations (porte-monnaie électronique) •Services de télébanking et de télébourse •Services d’informations générales (News), de bornes interactives •Services d’informations spécialisées : portails thématiques •Services gouvernementaux •Discussion d’évaluation des produits, logiciels de comparaison des prix •Auction-oriented sites • Jeux pour des consoles ou des PC (de rôle, d’adresse, de damiers, de simulation, de société, de guerre, de célébrités, en réseau-MUDD, etc.) •Gambling et pornographie •Services de domotique •Base de données par abonnements

SERVICES PUBLICS (gouvernements) Santé, éducation, sécurité, relations avec les citoyens, environnement, culture, etc.

MÉDIAS ÉLECTRONIQUES •Services d’archives •Bases de données et de connaissances •Services éducatifs et de formation •Journaux en ligne et E-zine •Logiciels : navigateur, interface, agents, etc. •Réseaux de librairies-cinémas et centres de loisirs (en ligne)

MASS MEDIA (Entertainment traditionnel) •Émissions de télévision (sitcom, talkshow, soap, reality show, etc.) •Émissions de radio •Services de base en câblodistribution •Canaux spécialisés (câblodistribution)

ACTIVITÉS FINANCIERES •Cartes à puce et monnaie électronique, etc. •Services de sécurité •Réglementation et déréglementation, etc.


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Fournisseurs de contenus

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Transporteurs

Intermédiaires (passerelles)

Consommateurs

• Éditeurs • Téléphonie • Imprimeurs • Coax • Producteurs : • Micro-ondes - multimédia et jeux • Satellites - films • Mobiles - vidéo et télévision • Internet : • Développeurs : - intranet - sites Web - extranet - bases de données • Électronique - effets spéciaux grand public • Prestataires de services • Packagers, aggregators, etc.

• Créateurs : • Grand - logiciels public - agents • Groupes - navigateurs d’intérèts, • Revendeurs, on line retailor micro• Distributeurs et sous-traitants marchés • Libraires • Individus • Télémarketing • Publicistes • Spécialistes : - aspects légaux - aspects sécurité, etc.

•Coûts de la production •Médiatisation respectant la culture des publics •Synthèse et schématisation

•Navigation conviviale dans les contenus •Logique d’utilisation •Interfaceutilisateur selon les clientèles

•Coûts de la diffusion •Architecture interopérable •Sécurité

•Pertinence des contenus •Gain de temps •Influence du microgroupe •Publicité

Les pressions qu’exercent les méga-majors et l’utilisation commune du numérique et d’Internet exigent une réorganisation de la chaîne de productiondiffusion. Cette nouvelle chaîne rassemble quatre ensembles d’acteurs et surtout le cumul de leurs compétences. C’est une boucle, car le consommateur satisfait redemande des contenus aux fournisseurs. Chaque étape impose ses défis (voir cihaut) ; si une étape est faible, toute la chaîne s’en trouve affaiblie. Les deux objectifs de cette réorganisation sont de réduire les prix et surtout de les harmoniser dans des marchés qui se mondialisent rapidement. Cette réorganisation permet aussi d’intégrer des acteurs qui sont arrivés par vagues :


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•années 70 : les manufacturiers et les télécommunications ; •années 80 : les micro-ordinateurs et Télidon ; •années 95 : les spécialistes d’Internet et du Web ; • année 99 : les nouveaux intermédiaires. Parce que les entreprises veulent établir un lien direct avec le consommateur, cette tendance fait disparaître les intermédiaires traditionnels et en fait apparaître de nouveaux. Ce qui développera le «outsourcing». SCHÉMA 8 : le commerce électronique business-to-business (e-business) Fournisseurs de contenus

Transporteurs

Intermédiaires (passerelles)

Les défis actuels (1999)

• Intégration des produits en ligne et hors ligne

• Gérance des documents d’affaires transfrontières • Droits d’auteur

• Sécurité

Les défis à venir (2005)

•Non-hierarchical organization, flexibility and networking •Outsourcing R&D •Zero inventory

•Just-in-time management •Highly focused streamlined competitors •End-to-end alliance

•All-in-one (UN réseau)

Consommateurs • Micromarchés

•Personalization •Discussion in line with clients

Beaucoup d’acteurs récemment arrivés pensent que le commerce électronique consiste tout simplement à mettre sur pied un comptoir ou une vitrine électronique143, c’est-à-dire un lieu de transactions plus ou moins impulsives. Cette mise sur pied n’est qu’un premier pas dans le développement d’une chaîne d’activités fort complexes et quotidiennes. En 1999, le chiffre d’affaires du business-to-business fut de 43 milliards tandis que celui du business-to-customers fut de 8 milliards ; en 2003, il pourrait être de 1400 milliards144. Mais faire de l’argent dans ce domaine n’est pas simple. À court terme, les défis sont assez bien identifiés (voir ci-dessus) mais ils le sont peu à moyen terme145.


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Internet demeure un protocole et une technologie au coeur du réseau des réseaux. Même s’il est techniquement intégré, économiquement il dessert quatre types de clientèles. Chacune comprends des acteurs différents qui obéissent à leurs propres règles et à leur propre financement : 4 marchés = 4 cultures, 4 ensembles de règles et 4 économies. 1- Les militaires Un marché financé par des octrois attribués pour la sécurité de l’État, la R&D, les institutions militaires et les gouvernements, ainsi que certains impératifs économiques et géopolitiques. Un réseau reposant techniquement sur une imagerie sophistiquée, le géoréférencement, le laser et les satellites. 2- L’académique - R&D (universités : Internet II) Un marché subventionné surtout par les universités, le ministère de l’Éducation et des contrats de R&D. 3- Le social (Social Web ?) Un marché soutenu par l’apport des groupes d’intérêts de tous genres, y compris les marginaux comme les hackers, les pirates et les terroristes. Ce marché possède une économie basée sur un troc de contenus et de services entre les participants. 4- Le commerce électronique (e-business) Un marché financé en grande partie par la vente de produits en ligne et hors ligne, par les droits d’auteur, la publicité, etc. Un réseau reposant techniquement sur la sécurité-confidentialité et la convergence TV-PCNC67 L’infospectacle (le monde des rêves : entertainment)


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Un marché financé en grande partie par la publicité. Un résau reposant sur le téléviseur, une plus grande largeur de bande (le «Last Mile» est réglé) ou le magnétoscope.

La nouvelle société fonctionne grâce à une communication par paliers146 (un gâteau à étage) ; ceux-ci permettent la ventilation des contenus et des services dans un sens et, en retour, la canalisation de la participation de l’individu à cette société par ces mêmes paliers (voir ci-haut). Le privatique, le communautique et le mass médiatique (ou grand public) sont autant d’espaces publics possédant leurs caractéristiques propres auxquelles correspondent autant d’architectures de systèmes (schéma suivant), de médiatisation des contenus, donc le développement d’économies particulières. Ce schéma montre ce qui est nouveau en 2000 : l’émergence de groupes d’intérêts placés en interface entre l’individu et la société ; une interface qui devient un espace de négociation entre ces deux forces. C’est un espace public où se développent les consensus nécessaires à la participation des citoyens à la vie de la société.


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L’éventail médiatique

Si on répartit en abscisse147la masse critique des utilisateurs-consommateurs (d’une personne à plus d’un million) et en ordonnée148 le délai de la diffusion des contenus et des services autant en ligne que hors ligne (d’une heure à trois mois), on aboutit à leur répartition dans les différents espaces publics. Cette répartition illustre bien l’éventail médiatique et la fragmentation des auditoires qui sont responsables de la communication multipalier. Elle fait aussi ressortir la concentration des nouveaux médias interactifs dans le secteur communautique (au centre), c’est-à-dire dans le secteur où se trouvent les groupes d’intérêts. Ce schéma n’est valable que pour les années 1997-1999. UTILISATEURS : d’une personne à plus d’un million d’usagers. DÉLAIS : le temps qui s’écoule entre l’idée, sa mise en production et sa diffusion sous forme de contenu ou de services.


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11- Les générations

Les valeurs évoluent par vagues, chacune étant le passage d’un système de valeurs vers un nouveau système (voir ci-haut). Étant forgée par son espacetemps, chaque génération de consommateurs oblige les marchés à s’ajuster aux changements de ses comportements. Est-ce que les consommateurs de demain ressembleront à ceux d’aujourd’hui ? Il semble que non à cause des passages qu’impose la rupture : •de la génération des boomers aux générations X et Y ; • de la culture passive des mass media vers une culture d’images-écran interactives et en réseau ; •d’une seule grande catégorie de public à une multitude de microgroupes ; •d’un grand marché mass médiatique à une multitude de créneaux et de niches.


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12- Le plurimédia À chaque étape, la quantité des informations et des consommateurs augmente. Les coûts de production et de distribution deviennent plus rentables parce que plus flexibles en fonction de marchés de plus en plus personnalisés.

Le monomédia (à partir de 1945 et surtout de 1960) C’est l’étape des mass media qui sont, en fait, des techniques audiovisuelles étanches : les journaux, la radio et la télévision existent parallèlement. C’est une diffusion des mêmes contenus aux mêmes publics anonymes et passifs mais par différents médias.

Le multimédia (à partir de 1994) C’est l’étape de la convergence de l’informatique, des télécommunications, de l‘interactivité et de l’hypertexte. Le document produit est accompagné d’une série d’instructions précisant les conditions de la navigation sur un média.

Le plurimédia (à partir de 1996) C’est l’étape où le dossier est marqué afin de préciser sa mise en page selon les plateformes choisies par le promoteur ou le consommateur : presses à imprimer, CD-ROM ou Web.


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13- L’accès au XXIe siècle Possédons-nous de meilleurs outils d’aide à la prise de décision ?

De tout temps, des questions concernant le futur ont été posées ; depuis le début de notre transition (schéma 1) on s’efforce de perfectionner les outils d’aide à la prise de décision 1960 Premières tentatives d’analyses d’ensemble149. 1970 Analyses surtout de certains aspects quantitatifs150. 1980 Analyses de certains aspects qualitatifs151. 1990 Analyses de l’émergence et de l’impact des NTIC sur la société152. 1997 L’ampleur des changements observée et les coûts faramineux des solutions proposées obligent les entreprises et les États à se doter d’une meilleure approche : • la rupture est un fait acquis maintenant, et les mutations-paradigmes sont mieux identifiées (p. 9) ; • le modèle tripolaire intégrant le technologique, l’économique et le sociétal est mieux connu et offre une grille d’analyse multidisciplinaire; •les chercheurs sont plus nombreux, travaillent en réseau, ont un accès à plus d’informations et possèdent de nouveaux outils de synthèse et de visualisation ; • il se développe une meilleure compréhension du calendrier des événements (donc des mutations, voir ci-haut) et des masses critiques en cause (donc de l’importance de ces mutations). Ainsi, la rupture exige des méthodes plus sophistiquées pour passer au XXIe siècle. Les décideurs sont à la recherche d’une vision plus cohérente d’un monde complexe, parce que les facteurs responsables de ses mutations sont de plus en plus abstraits. Ils désirent développer des scénarios d’anticipation décrivant des futurs souhaitables à partir d’objectifs communs à réaliser.


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La bibliographie Des magazines explorant la rupture (Des numéros thématiques qui ont façonné la réflexion des décideurs actuels de l’industrie et du gouvernement américain) (par ordre chronologique) The Information Revolution, How digital technology is changing the way we work and live, BusinessWeek, juillet 1994. Managing in a Wired World, Fortune, volume 130, no 1, 11 juillet 1994. Key Technologies for the 21st Century, Scientific American, numéro spécial, 150e anniversaire, septembre 1995. 21st Century Capitalism, How nations and industries will compete in the emerging global economy, BusinessWeek, numéro spécial 1994, 24 janvier 1995. The Computer in the 21st Century,


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Scientific American, numéro spécial, 1995. Le nouveau modèle américain, Le Monde diplomatique, Manière de voir, Hors-série, août 1996. Internet, L’extase et l’effroi, Le Monde diplomatique, Manière de voir, Hors-série, octobre 1996. Beyond 2000, America in the 21st Century Newsweek, numéro spécial, 27 janvier 1997. Welcome to the Wired World, What the networked society means to you, your business, your country - and the globe, Time, numéro spécial, 3 février 1997. Who will shape 1997 ? Time Global Business Report, 24 février 1997. Des livres analysant la rupture (Présentés selon le modèle technologique-économique-sociétal) Aspects sociétaux Megatrends 2000, Ten New Directions for the 1990’s. John Naisbitt et Patricia Aburderne Avon Books, The Hearst Corporation, New York, 1990. Inforoutes : mythes et réalités, Marie-France Garand, éditrice, Institut international de géopolitique, Revue géopolitique, Paris, 1994. Préparer le XXIe siècle, Paul Kennedy, Éditions Odile Jacob, Paris, 1994. Autoroutes de l’information, Pour aller où et à quel prix ? Claire Leroy, éditrice, Le Monde informatique, no 567, Paris, 8 juillet, 1994. Rapport final sur la cohésion sociale Le comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie, Sénat, Ottawa, juin 1999.


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Aspects économiques Paradigm Shift, The New Promise of Information Technology, Don Tapscott et Art Caston, McGraw-Hill, Inc., New York, 1993. Les nouveaux maîtres du monde, Renaud de la Baume et Jean-Jérôme Bertolus, Belford, Paris, 1995. When Corporations rule the World, David C. Korten, Kumarian Press, New York, 1995. Aspects technologiques L’homme numérique, Nicholas Negroponte, Robert Laffont, Paris, 1995. The Information Revolution, Stephen Sheppard, éditeur, BusinessWeek, numéro thématique spécial, juillet, New York, 1994. Le médium et les muses, La culture, les télécommunications et l’autoroute de l’information, Charles Sirois et Claude E. Forget, Institut de recherche en politiques publiques, Montréal, 1995. Aspects politiques (stratégiques) La révolution technétronique, Zbignew Brzezinski, Éditions Calman-Lévy, Paris, 1971. Le défi de l’autoroute de l’information, Don Johnston, Rapport final du Comité consultatif sur l’autoroute de l’information, Industrie Canada, Ottawa, 1995. Les autoroutes de l’information, Gérard Théry, La documentation française, Paris. 1994. L’autoroute de l’information. Les moyens de favoriser, au Canada, l’expansion de l’économie, de l’emploi et de la productivité dans un nouveau marché mondial, Burke Campbell,


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Industrie Canada, Ottawa, mai 1994. Vers 2005 The Governance of Cyberspace, Politics, Technology and Global Restructuring, Brian D. Loader, éditeur, Routledge, Londres, 1997. Intellectual Capital, The New Wealth of Organizations, Thomas A. Stewart, Doubleday / Currency, New York, 1997. Refaire le monde, Gouverner dans un monde en transformation rapide, Steven A. Rosell, Les Presses de l’université d’Ottawa, Économie politique, Ottawa, 1995. La Co-opétition, Une révolution dans la manière de jouer concurrence et coopération, Barry Nalebuff et Adam Brandenburger, Éditions Village Mondial, Paris, 1996. Les enjeux culturels d’Internet, Marie-Claude Vettraino-Soulard, Hachette Éducation (Communication), Hachette Livre, Paris, 1998. Entre le boom et l’écho 2000, Comment mettre à profit la réalité démographique à l’aube du prochain millénaire, David K. Foot, Éditions du Boréal, Collection Info Presse, Montréal, 1999.

When companies connect, How the Internet will change business, Équipe de rédaction du magazine et du site Web The Economist, The Economist, 26 juin 1999. Taking on the world, Special report : Canada 2005, Equipe de rédaction du magazine Time, Time, New York, 28 juin 1999. The next 50 years, Our Hopes, Our Visions, Our Plans, Diane Crawford, éditrice,


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Communications of the ACM, New York, volume 40, no 2, février 1997. Megamedia How giant corporations dominate mass media, distort competition, and endanger democracy, Dean Alger, Roeman & Littlefield Publishers, Lanham, 1998. The 21st Century communications company, Managing the dynamics of change, The Economist Intelligence Unit et Deloitte & Touche, The Economist, New York et Londres, 1999. Projections 2004, Texecutives vs. techthusiast, Bates USA Interactive Media & Research Department, Bates USA, New York, 1995. Projections : 2002, Future effects on new consumer and commercial communications technologies, BSB Media Research & Technology Department, Backer Spielvoger Bates, Inc., New York, 1995. EMC Technology Forecast : 1998, Price Waterhouse World Technology Centre, Prive Waterhouse Technology Centre, Menlo Park, 1997. Le travail à la vitesse de la pensée, Bill Gates, Édition Robert Laffont, Paris, 1999.

The Fourth Turning, An American Prophecy, What the Cycles of History Tell Us About Americas’s Next Rendez-vous with Destiny, William Strauss et Neil Howe, Broadway Books, New-York, 1997. Vision 2010 : Forging tomorrow’s public-private partnership, The Economist Intelligence Unit et Andersen Consulting, The Economist, New York, 1999.


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Notes Voir The 21st Century Economy dans la bibliographie. Network computer ou Low cost Internet box (genre WebTV). 3 Comme c’est le cas présentement pour le pôle technologique : depuis presque dix ans, l’exagération médiatique à propos de la puissance des systèmes et des réseaux s’est faite au détriment d’une réflexion sur les besoins ou les valeurs des citoyensconsommateurs du pôle sociétal, par exemple. 4 Notre histoire a déjà connu plusieurs de ces ruptures : en Grèce (l’apparition des Cités et des Philosophes), en Arabie (l’Hégire), en Europe (la Renaissance), etc. 5 Avant d’être une construction géopolitique, une société est d’abord une construction de l’esprit. La langue et la culture sont des grilles d’analyses filtrant les liens entre la pensée d’un groupe d’êtres humains et son environnement, c’està-dire son espace et son temps. Il y a un passage d’un monde à un autre quand l’espace et le temps se modifient au point de changer la culture ; ainsi, les nouveaux outils dont se dote la société pour se faciliter ce passage (exemple Internet) modifient à leur tour le mode de pensée de ses membres. Ce ne sont pas les nouveaux outils qui sont responsables des changements sociaux, comme on le pense généralement, mais les changements sociaux et démographiques qui poussent une société à un moment donné à créer de nouveaux outils lui permettant de répondre aux défis qu'imposent des changements importants. 6 Le Gutenberg du XXe siècle est Tim Berners-Lee, inventeur du Web ; il rêvait de créer un espace commun et universel, accessible à tous et favorisant le travail en collaboration et la création. 7 L’an 2000 est une date mythique (comme d’ailleurs 2005). Elle n’a rien à voir avec les peurs du millénaire caractérisées par des films comme Armageddon, Fin du monde, Nostradamus 2000, Apocalypse 2024, par exemple. 1 2


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Par exemple, voir le gonflement boursier actuel des produits Internet à la Bourse, qui ressemble à la «période du Klondyke». 9 Emplois précaires, exclusion des jeunes, appauvrissement de certains groupes, etc. Voir le rapport du Comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie, signalé dans Le Devoir, 28 juin, 1999 ; ainsi que le Rapport des fonctionnaires fédéraux sur Canada 2005. 10 Voir le Rapport final sur la cohésion sociale du Sénat canadien, p. 18. 11 When technology changes enough, it doesn’t just change how we do things, but what we do, Wm. A. Wutf, dans The next 50 years, dans la bibliographie. 12 Voir la loi de Moore : la puissance des microprocesseurs double tous les dix-huit à vingt-quatre mois ; Its the rate of the pace of innovation. 13 Les deux thèses s’affrontent depuis plus de ving ans : il y a la thèse américaine de la libre circulation de l’information (libre signifiant «libre entreprise») et celle de plusieurs pays ainsi que de l’Unesco qui réclament une circulation libre et équilibrée des informations (un accroissement de la pluralité des sources et des canaux d’informations). Consulter le Rapport McBride de l’Unesco Voix multiples, un seul monde, 1986, et Les limites de la concurrence du Groupe de Lisbonne, 1994. 14 Z. Brzezinski dans la «Révolution technétronique»», voir dans la bibliographie. À l’avenir, il n’y aura place que pour une culture... et celle-ci sera américaine, Georges Lucas. Celui-ci ne veut pas nous froisser par cette phrase ; il faut comprendre que les États-Unis se sont édifiés sur la conviction d’être une société où toutes les cultures se fondent en un mode de vie qui doit convenir à toute l’humanité. Dans cette perspective les Américains ne croient pas imposer leur way of life, ils la partagent tout simplement pour le plus grand bonheur de tous, et le Information Highway est l’un de ces outils de partage. Il faut donc réaliser que les politiques d’exclusions et de quotas culturels, dûrement acquis par le Canada et la France aux dépens des États-Unis, vont probablement disparaître lors des futures négociations de l’après-Alena et de l’OMC (AMI) d’ici un an. Comment alors allons-nous protéger notre culture et notre industrie culturelle ? 15 Élection présidentielle américaine dans 18 mois. 16 Et le quarantième anniversaire de la première technopole : la Silicon Valley. 17 Plusieurs auteurs pensent que la génération suivante (après 2005) sera celle des environnements «intelligents» : la maison, le bureau, la classe et l’automobile, mieux intégrés grâce à une plus grande convergence des NTIC. 18 Les techniques de géopositionnement utilisent un système d’information géographique (SIG), c’est-à-dire géomatique, dans lequel des données sont combinées avec des cartes topographiques, des relevés géodésiques et, possiblement, le système de positionnement par satellite (GPS). Ce marché connaît une expansion de 15 % par années, et pourrait bientôt exploser, car ces techniques sont à la base du commerce électronique et du télémarketing. 19 Par exemple, Oracle vient de développer un logiciel capable de réduire à quelques pages un document de cent pages, sans perdre trop de sens. Autre


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exemple, le logiciel québécois «newsmailer» et son moteur «e’stein» qui synthétise les textes trouvés par text-mining. 20 Smart stuff ou smartifact, certains sont simples, par exemple des cyclomètres mesurant par eux-mêmes la distance, d’autres plus complexes comme de très petits avions de reconnaissance automatisés utilisé comme espion. 21 L’identification de l’utilisateur, sa Network Identity en quelque sorte. 22 Lewis Mumford, Marshall McLuhan, etc. People will find computing is woven into their lifes at least to the degree electricity is in ours, Nathan Myhrvold, Microsoft chief technology officer. 23 Les spécialistes parlent de pays en deuxième vitesse, D’autres parlent de digital darwinism ou de digital divide pour expliquer l’apparition de ce nouveau tiers monde de l’information. 24 Selon une étude de Merrill Lynch (Wired, décembre 1999, p. 68), ils sont éduqués (possédant une première année universitaire), fortunés (revenu d’environ $60 000), assez jeunes (autour de 40 ans), technophiles, actifs dans leur communauté, tolérants, confiants dans le futur, aimant le changement, etc. L’étude présente la division sociale suivante aux États-Unis : • les super connectés 2% • les connectés 7% • les semi connectés 62 % • les non connectés 29 % D’autres auteurs emploient des expressions similaires : innovators, early adaptors, early majority, late majority et laggers. 25 Ils demeurent encore des catalyseurs importants car les prochains circuits vont encore faire baisser considérablement les coûts de production et de diffusion. 26 Alfred Marshall dans Principles of Economics, rapporté dans When companies connect, voir dans la bibliographie. Par exemple, Bill Gates annonça bien tardivement, en 1995, que Microsoft investirait dorénavant dans Internet. 27 Plusieurs auteurs pensent que la génération suivante (après 2005) sera celle du développement des machines à connaître. 28 Depuis 1995, un tiers de la croissance américaine est liée aux NTIC. 29 Le poids d’Internet, Le Devoir, 11 juin 1999, p. A7. 30 Aujourd’hui, en 1999, les coûts de fabrication de ces appareils sont déjà dérisoires. L’impératif de cette distribution est d’offrir des portails pour diriger le consommateur vers les produits offerts par le consortium. 31 Les promoteurs de «FreePC» donnent un appareil au consommateur, mais en échange, se réservent une partie de l’écran pour leurs messages publicitaires. 32 Voir les GEO, MEO (projets Intelsat, Eutelsat et Inmarsat) et surtout les LEO (Low Earth Orbit) comme les projets Iridium, Globalstar, ICO et Skybridge (Iridium et ICO ont fait faillite récemment). 33 En 2002, aux 400 millions d’ordinateurs personnels pourraient s’ajouter 5 milliards d’appareils grand public aussi simples que des téléphones ou des grillepain, 150 milliards de véhicules, et 5 milliards d’appareils ménagers, Khalil Barsoum, dir. Secteur des communications, IBM, Un jour, Internet passera par votre frigo, La Presse, 16 septembre, p. E3.


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Déjà, plus de 2000 stations de radio et 50 chaînes de télévision émettent en direct dans Internet, Milia 99, Rapport CESAM, 1999. Autre exemple, en 1978, les trois grandes chaînes de télévision américaine (ABC, CBS, NBC) rejoignaient 90 % du public ; en 1998, seulement 46 %. Rapport North River Ventures, juillet 1999. 35 Voir The 21st Century Economy dans la bibliographie. 36 Voir les dévaluations récentes du yen japonais (-21 %), du peso mexicain (moins 15%), de la roupie indonésienne (-80 %), du baht taïlandais (- 26 %), etc. 37 How real is the new economy, The Economist, 24 juillet 1999, p. 17-18. 38 À l’origine l’idée de la mondialisation fut : No economy is an island into itself. If nations are to prosper together, they’re going to have to pull together, Owen Ullman ; voir The 21st Century Economy dans la bibliographie. Nous allons vivre probablement plusieurs étapes de mondialisation, celle-ci est une étape «sauvage», c’est-à-dire une étape qui «dérape» ; puis, après 2005, il y aura probablement une étape mieux contrôlée, c’est-à-dire une étape qui donnera à la mondialisation un «visage humain». 39 Les nouveaux maîtres du monde, Renaud de la Baume et Jean-Jérôme Bertolus, Belford, Paris, 1995. 40 Le système commercial a permis une élévation des niveaux de vie sans précédent dans quelques pays industrialisés... mais nécessite un meilleur partage des bénéfices au profit des pays moins avancés, Mike Moore, nouveau président de l’OMC, Le Devoir, 2 septembre 1999, p. B.4. 41 Lire le Rapport final sur la cohésion sociale du Sénat canadien, voir dans la bibliographie. 42 Une stratégie de rétention à partir d’indicateurs de performance, de l’analyse des besoins, de l’analyse des plaintes des clients, de leur résistance aux changements, de l’agenda des priorités des clientèles, etc. 43 L’arrivée des nouveaux fournisseurs et la multiplication des nouveaux services de plus en plus ciblés compliquent les choix du consommateur, à moins que celuici s’oriente vers les noms ou les marques de commerce les plus connus. C’est un outil économique important : il protège la marque, en fait son marketing sur de nouveaux territoires et fidélise les clientèles pour peu d’investissements. 83% des directeurs américains d’entreprises, interrogés par le Yankee Group, pensent que Building brand awareness est l’élément principal du e-business. Après 2005, l’objectif du monde des affaires est : To remake the brand universe. 44 Intégration des chaînes de production et de diffusion, un regroupement de services pour un prix forfaitaire ; sorte de guichet unique (schéma 7). 45 Lou Gerstner, chief executive IBM. Lire aussi l’analyse faite par Bill Gates dans Le travail à la vitesse de la pensée, Éditions Robert Laffont, Paris 1999. 46 Autre exemple : un interurbain coûtait 3 $ avant la déréglementation de 1996, il coûte maintenant 3 cents, et après 2005, probablement 0,3 cent. 47 Le passage du e-commerce au e-business est celui d’une plus grande intégration des méthodes de travail. En 1998, il y avait plus de 300 000 sites de e-commerce à travers le monde, mais beaucoup moins de groupes e-business. Les nouveaux textes parlent de e-business ecosystem, de para-entreprise, etc.


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Andrew Bartels, v.p., étude du Groupe d’information Giga, San José, 6 août 1999. 49 Exemple récent de disparition, Eaton qui était incapable de gérer ses activités en temps réel. Selon l’analyse TheWal-Marting of the Web toutes les entreprises qui émergent sur le Web à l’heure actuelle s’autocanibaliseront parce que l’augmentation en nombre de toutes ces entreprises n’est pas accompagnée par une augmentation signifiante des consommateurs. Seules quelques-unes devraient survivre dans ce scénario à la Wal-Mart. Lire les études de Mary Meeker, de Morgan Stanley à ce sujet. 50 D’où le M (pour Mark-up) dans SGML, HTML, XML, etc. 51 Consortiums, fusions, partenariats, consolidations, take over, OPA, etc. créant des conglomérats d’une taille suffisante pour permettre la répartition des coûts de R&D, des transferts technologiques, l’acquisition de nouveaux savoir-faire ou de capitaux, une répartition des risques, des gains de productivité et d’économies d’échelle, et exigeant de fréquentes opérations de recentrage. Elles étendent leurs activités sur plusieurs continents en misant sur des ressources locales et sur un message de marketing international. Ces alliances peuvent devenir des cartels imposant leurs prix monopolistiques. 52 Le mouvement a commencé sur la Côte Ouest, en Californie, vers 1992, avec l’arrivée du Information Highway, pour gagner en deux ans tous les États-Unis, poussé principalement par le raz-de-marée Internet-Web de 1994-1995. 53 Time Warner-Turner, Disney-ABC-Capital Cities, General Electric-NBC, TCIAT&T, Viacom-CBS-Westinghouse, Microsoft, Gannett, Cox, etc. (sur le territoire de l’ALENA) 54 Berlusconi, Bertelsmann, Canal+, Matra-Hachette-Filipacchi, Hersant (sur le territoire de l’Union européennne) 55 L’Accord multilatéral sur les investissements. Prochaine rencontre à Seattle. 56 En 1999, ces affaires frisent le chiffre de 3000 milliards de dollars sur la planète. 57 Les problèmes humains étant beaucoup plus complexes à résoudre que les défis économiques. 58 Groupware, aide à la prise de décision, gérance en temps réel, veille intégrée, knowledge management, etc. 59 The Emerging Digital Economy II, Commerce Dept. Washington, 1999. 60 Modification des chaînes de production, intégration des produits réels et virtuels, arrivée de nouveaux intermédiaires, développement d’outils collaboratifs en réseaux, etc. 61 Tout se passe comme si les NTIC mettaient à la disposition des entreprises un «capital de productivité» qui leur permet de multiplier leurs activités, donc leur rentabilité, mais à la condition de transformer leurs méthodes de travail. Parmi les nouvelles compétences des knowledge workers : la capacité de négocier en temps réel, de répondre immédiatement à la demande des consommateurs, la création de valeur ajoutée, l’adaptation aux groupes virtuels, l’interactive marketing et le demand forecasting ; en somme, de nouvelles capacités d’adaptation au nouvel environnement. Voir la notion des nouveaux intermédiaires ou infomediaries (schéma 7).


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Dans une époque de complexité et de mondialisation, le jeu des affaires se déplace d’un pur affrontement vers un rapprochement d’intérêt entre «complémenteurs». Les auteurs Malebuff et Brandenburger sont les pionniers de l’application de la théorie des jeux au domaine de l’entreprise. Voir dans la bibliographie. Un exemple connu de co-opétition est l’alliance d’IBM, Apple et Netscape autour de Java ; un deuxième exemple est la Document Alliance formée par AT&T, Xerox et 50 imprimeurs américains autour des défis de la téléimpression. 63 Une technopole se développe par une coalition locale d’acteurs (entreprises privées, universités et gouvernement) qui gère collectivement ses quatre masses critiques : suffisamment de talent dans un domaine donné, de capitaux de risque, de réseaux et d’informations. Le leadership vient du privé, les universités fournissent la formation et la R&D de base, et le gouvernement, un cadre fiscal compétitif. Le développement d’une technopole se fait à partir d’un point focal géographique, d’un secteur d’excellence en haute technologie et d’une vision intégrant le socioéconomique à l’utilisation des technologies. 64 Il suffirait que New York, San Francisco, Redmond, Los Angeles, Silicon Valley, Paris, Berlin, Londres, Liverpool, Tokyo et Singapour forment un réseau pour prendre le contrôle du marché mondial des NTIC. 65 Celle-ci rassemble les services, les applications, les programmes de télévision, l’édition des journaux et des livres, les banques de connaissances, etc. (schéma 6). 66 Infotainment, edutainment, etc. Le entertainment est une machine à fictions, donc à manipulation des spectateurs. La télévision devient une véritable école parallèle ; un jeune du niveau primaire passe plus de temps en tête à tête avec l’écran du téléviseur qu’avec un professeur. 67 Il faudrait analyser l’impact qu’ont eu certains films sur la politique, par exemple sur le mouvement nationaliste écossais (exemple de Braveheart) ou la cause du Delai-Lama. 68 Par exemple, le film «Parc Jurassique» a coûté 60 millions de dollars pour sa création et 65 millions pour sa publicité ; il a rapporté 1,2 milliard, en grande partie grâce aux produits dérivés. 69 La convergence entre le téléviseur, l’ordinateur domestique et le Network Computer ou Low cost Internet box (WebTV par exemple). 70 C’est un rêve qui a surgi avec l’arrivée du Minitel en France, d’Alex et d’UBI au Québec, etc. 71 Dialogue par courriel avec les clients, affichage des détails de livraison ou de la description des produits pour comparaisons, e-mail, etc. 72 Techniques de data mining, de push server, de cookies, d’analyses de préférences (clickstream) ou de la lecture des bannières, etc. 73 Une nouvelle façon d’aborder les ressources humaines en confiant à l’employé le soin de s’adapter à son nouvel environnement : réaménagement des compétences, recyclage, apprentissage, coaching, d’où les énormes besoins en formation dans les cinq années qui viennent. 74 Exemple de «priceline.com» où le consommateur achète son billet d’avion sous la forme d’un encan renversé (une vente aux enchères) : lorsque le prix est


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suffisant, une ligne aérienne le contacte pour lui offrir un billet. C’est une nouvelle méthode de mise en marché. 75 Une production sur mesure même si elle est produite en grande quantité ; donc des différences de coûts notables en utilisant une machinerie flexible. Exemple : la commande d’un vélo personnalisé (couleur, hauteur, grandeur, etc.) mais avec des moyens de production quasi traditionnels. 76 Pay per service, per view, per bits. 77 Les spécialistes de la communication parlent d’approche low-tech destinée au grand public. L’approche minimaliste aux États-Unis cherche à développer des interfaces-utilisateurs pour des non-spécialistes de l’informatique ; le meilleur exemple est l’approche Look and Feel de la compagnie Apple. 78 Voir la note 25. 79 Conseils, formation, groupes de décision, e-mail, etc. 80 Encyclopedia of the new economy, Wired, mars 1998. 81 La valeur ajoutée se crée par un repackaging des données par catégories, informations supplémentaires, analyses des meilleurs prix à ce moment là, l’identification de d’autres produits dans la même catégorie, des recommandations des consommateurs (sorte d’évaluation publique par des groupes de discussion). C’est : Helping customers make a purchasing decision, Jeff Bezo, Amazon.com. 82 Achats des internautes l’an dernier : 58 % des livres, 44 % des logiciels, 26 % des vêtements et 20 % des jouets. Cette année, la compagnie Dell (ordinateur personnel) a vendu pour 30 millions de dollars par jour sur Internet (25 % de l’ensemble de ses revenus évalués à 12 milliards). On constate maintenant que les internautes n’ont pas toujours besoin de voir et de toucher avant d’acheter. 83 Cette année Priceline (associé à Delta) a vendu 40 000 billets d’avion par semaine. Maintenant, on vends des chambres d’hôtel et des automobiles (une auction economy). 84 Ouvrir ses frontières, déréglementer certaines activités économiques, créer un environnement fiscal compétitif et développer un plan de société, etc. 85 OMC, BM, FMI, OCDE, G7, Trilatérale, Forum de Davos, Tribunal de la Haye, ONU, World Trade Organisation, Global Business Dialogue on Electronic Commerce, G20, et d’autres qui se créent actuellement. Voir aussi les grandes organisations qui adoptent une structure mondiale, comme Amnesty International, Greenpeace, Médecins sans frontières, etc. 86 The futur has arrived, but it’s not distributed equally, Bill Gates. Par exemple, les trois personnes les plus riches du monde ont une fortune supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres. The richest 2.7 million Americans now have as musch income as the poorest 100 million, Newsweek, 20 septembre 1999, p. 55. 87 Nous avons déjà vécu une situation analogue au Québec avec l’arrivée de la télévision vers 1960-1963. Les sociologues prédisaient que celle-ci changerait la société québécoise et analysaient déjà les mutations de tel ou tel secteur. Dans la plupart des cas, ils se sont trompés, les changements se produisirent ailleurs et pour d’autres raisons. Exemple, on pensait que la télévision détruirait nos institutions culturelles, qu’elle ferait disparaître les orchestres, les troupes de danse


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ou les libraires. Il n’en fut rien, de nouveaux éléments comme les disques, les salaires versés par Radio-Canada, la publicité et les droits d’auteurs, ont complètement modifier la situation mais d’une autre façon non prévue. 88 En 1999, dix mille entrées s’ajouteraient à chaque heure sur le Web. 89 En 1999, on trouve plus de 700 millions de pages Web, 17 millions d’adresses URL, plus de 70 000 newsgroups (sur Usenet), 200 000 listes de diffusion et 100000 BBS. 90 Le Web invisible est cette partie du Net qui n’est accessible que par abonnement (services commerciaux). D’autres connaissances sont enfouies dans des archives, et beaucoup d’autres ne sont même pas correctement indexées (liens hypertextes) ou ne sont pas accessibles par les moteurs de recherche actuels. 91 Peu d’informations placées dans les bases de données publiques ont été validées et elles doivent être vérifiées. En outre, on trouve sur le Web beaucoup de travaux réalisés par des chercheurs isolés, qui ne sont pas validés par des groupes multidisciplinaires. 92 Appelés groupes d’appartenance, peer group, face to face group, closed user groups, community and collectivity, virtual community, collectivités locales, etc. selon les auteurs. Les groupes d’intérêts sont un niveau de solidarité sociale ; ils encadrent les citoyens, développent des consensus et des maillages, en plus de faire émerger de nouvelles valeurs. Ils s’ajoutent ou se supperposent aux communautés naturelles que sont la famille, la paroisse et l’équipe de travail. 93 Vertical portals, knowledge portals, category portals, etc. Un portail est un espace électronique commun donnant accès à des services communs pour certaines clientèles données. C’est le point de départ et de retour du client, son port d’entrée pour le commerce électronique ou d’autres activités. Un portail spécialisé offre une sélection d’informations spécifiquement destinées à des micromarchés à la recherche de valeur ajoutée. 94 Le micromarché exige le passage d’une pratique individuelle vers une pratique collective, et d’une pratique locale vers une pratique en réseau. Ces passages exigent une certaine formation (ou alphabétisation), du support en ligne, des services de dépannage téléphonique, des FAQ et des logiciels de géoréférencement. 95 Nous avons déjà eu des discussions à ce sujet lors des lancements de Télidon, d’Alex, du Minitel français et d’UBI : Est-ce que l’approche doit être centralisatrice ou décentralisatrice ? Est-ce une approche mass médiatique ou une approche communautique ? (schéma 9). Une vaste clientèle homogène ou une clientèle hétérogène, c’est-à-dire fragmentée ? C’est une situation analogue à la discussion actuelle concernant les journaux vs les magazines spécialisés, la télévision généraliste vs les canaux spécialisés. 96 2005 marquera le début de ce que certains économistes appellent the big chill. La courbe démographique du schéma 11 nous indique que les boomers commenceront à retirer leurs REER et leurs économies, à vendre leur propriété, donc à encaisser pour profiter de leur retraite. Après des années de croissance économique due à leur grande consommation, nous allons assister à un ralentissement des marchés et peut être de l’économie en général.


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6,5 millions de jeunes Canadiens fils de 10 millions de baby-boomers ; 72 millions de jeunes Américains fils de 77 millions de baby-boomers. 98 A cause de la mondialisation des NTIC, il existe moins de différence entre un jeune Allemand, un jeune Américain ou un jeune Français, qu’à l’époque de leurs parents. The class of 2005, Time, 28 juin 1999, p. 54-55. Étudiants Vive la Vie!, L’Express, 16 septembre 1999, p. 39-42. 99 Dernièrement, plusieurs entreprises ont connu des revers économiques importants parce qu’elles n’ont pas su analyser correctement cette génération ; par exemple, Pepsi, Nike, Levi Strauss, etc. 100 Generation Y, Business Week, 15 février 1999, p. 82. 101 En 1999, aux États-Unis, 50 % des jeunes ont déjà accès à un micro-ordinateur, à des consoles de jeux, à un téléviseur dans leur chambre, etc., c’est la Nintendo generation. 102 Les raisons pour lesquelles la génération Y utilise Internet : (Industry Standard, 11 juin 1999) : 1- E-mail 67 % 2- Just surfing 63 % 3- Play games 58 % 4- Homework, School 50 % 5- Get to the Web 50 % 6- Easier than the library 50 % 7- Chat rooms 48 % 8- Learn new things 45 % 9- Instant message 43 % 10- Online encyclopedia 37 % 103 Generation Y, Business Week, 15 février 1999, p. 83. 104 Generation Y, Business Week, 15 février 1999, p. 84. 105 Le code typographique alors créé apportait des éléments nouveaux : la pagination, la ponctuation, les paragraphes, le titrage hiérarchisé, etc. 106 Une lecture de survol à la recherche des principales informations offertes par le document ; une lecture comparative, plus analytique des grandes lignes jugeant les informations par rapport aux intérêts du lecteur ; une lecture inductive qui est un retour aux détails. Schématisation de l’information, UQAM 1994, du même auteur. 107 Diagrammes, cartes de connaisances, tableaux de bord de la gestion, capsules schématiques, schémas prévisionnels, graphes d’aide à la prise de décision, etc. 108 La ferveur nationaliste d’une partie des Québécois, comme celle des Basques ou des Catalans, ne disparaîtra jamais. C’est le type d’appartenance qui se modifiera dans les cinq ou six prochaines années. Historiquement, les gens se sont d’abord identifiés avec leur Cité (Antiquité), puis avec leur Province (Moyen-Age), ensuite ils furent fidèle à la Nation (Ère industrielle) et maintenant s’ajoute une nouvelle couche, la mondialisation. Dans cette perspective de multiallégeance, le concept actuel d’indépendance acquerrera une autre dimension après 2005, d’autant que les générations X et surtout Y vont lui donner un nouveau sens. Voir les réflexions de Kenichi Omahe dans The End of the Nation State et celles de Jacques Attali sur les multiallégeances.


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Ensuite, les perspectives d’alliances géopolitiques vont changer d’ici 2005 à cause des insatisfactions causées par les dérapages de la présente mondialisation : le bloc «Québec-Maritimes-États de la Nouvelle Angleterre» deviendra probablement plus important à nos yeux qu’il ne l’est présentement 109 World in Figures, The Economist, John Wiley & Sons, New York 1999, p. 114-115. 110 Montréal possède plusieurs domaines d’excellence : l’aéronautique et l’aérospatial, le pharmaceutique-biotechnologique, le transport et les NTIC. 111 Une longue tradition de créativité, une main-d’oeuvre bilingue et familière avec les environnements interactifs, les incubateurs que furent Radio-Canada, l’ONF, le Vidéographe, etc. Selon le rapport Impacts économiques des activités du secteur de la culture (des communications et des médias) de la grande région montréalaise, par Albert Juneau, l’impact des dépenses et des investissements, en 1992-1993, fut de 5,6 milliards de dollars (90 000 emplois) auxquels il fait ajouter ce que les spectateurs ont investi. Le Devoir, 2 octobre 1999, p. F2. 112 Des entreprises offrant des services ou des produits qui comportent un traitement automatique de la langue parlée et écrite. Cette industrie se préoccupe de la normalisation du codage et du balisage de l’information, elle est la clé de voûte des inforoutes, en particulier du commerce électronique. Voir la liste de produits à la page 39. 113 L’étude KPMG, Les choix concurrentiels, (Le Devoir, 24 septembre 1999, p. A5), décrit ses principaux éléments : • une fiscalité concurrentielle pour les entreprises qui s’implantent ; • le programme des crédits d’impôt et de R&D ; • les bas coûts du transport, de l’électricité et des télécommunications ; • des coûts d’exploitation qui sont compétitifs, etc. En revanche, si on a les crédits de R&D les plus généreux au monde, nous avons aussi la fiscalité générale (incluant le taux d’imposition des particuliers) la plus lourde en Amérique du Nord, Pierre Fortin, Le Devoir, 2 octobre 1999, p. C3. 114 Indice du coût de la main d’oeuvre : (Le grand Montréal, Montréal International, 1999 ) Directeur général : Ingénieur : Analyste sys.: Tech. Labo.: Montréal indice 100 100 100 100 Toronto 102 104 107 109 New York 156 145 123 121 Boston 167 137 108 108 Los Angeles 164 146 124 118 115 En 1998, on a distribué 500 millions de dollars en capitaux de risque et 1,5 milliard de dollars en capitaux de production-diffusion dans le Grand Montréal. Voir le dossier Multimédia sur le site Web : www.mmedium.com. 116 World in Figures, The Economist, John Wiley & Sons, New York 1999, p. 85. 117 • Wired, septembre 1998. • BusinessWeek, 9 novembre 1998. • Best cities for Business, Fortune, 23 novembre 1998.


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• The best cities for business can’t boom without techs, Fortune, 23 février 1999, p. 142. • Le site Web «Siliconia». 118 Nos succès commerciaux dépendent en grande partie de l’«image» que l’on projette sur le plan international. Or, sur la scène internationale, le Québec dégage actuellement une image négative (l’hypothèse du référendim, la loi 101, etc.. Claude Picher, La Presse, 2 octobre 1999, p. F3. 119 The Economist, When companies connect, dans la bibliographie. 120 Ne nous racontons pas d’histoire, l’économie du Québec dépend très largement des PME. Or, si les PME tardent à monter dans le train technologique, elles risquent de prendre un retard commercial par rapport à leurs concurrents. C’est une question économique oui, mais c’est aussi une question sociale, Jacques Malo, président, Bulletin du CEFRIO, septembre-octobre 1999, p. 1. 121 Peu de PME utilisent Internet, 30 %, alors qu’elles sont encore moins nombreuses a avoir un site, 11 %. CEFRIO : www.infometre.cefrio.qc.ca. 122 L’inforoute en français, Conseil de la langue française, Québec, 24 avril 1998, p. 167 et 157. Même si 11 % des maisons québécoises sont connectées en 1999, le retard demeure le même, 50 % des maisons américaines étant maintenant branchées. Selon Statistique Canada, 47 % des ménages étaient branchés en Alberta, 42 % en Colombie britannique et 26 % au Québec (branchés à partir du bureau, de la maison ou de l’école). En 1998, il y avait 4,3 millions de ménages canadiens qui utilisaient les communications par ordinateur, un passage de 3,4 à 4,3, soit de 25%. Les ménages branchés, Le Devoir, 16 juillet 1999, p. A4. 123 Source : Conseil de la langue française. 124 L’anglais 59,3 % le japonais 9,1 % l’allemand 6,5 % l’espagnol et le français 4,3 % En 1998, la progression des langues a été la suivante (Conseil de la langue Fr.) : l’espagnol + 22 % l’allemand + 14 % le japonais + 12 % le français + 10 % Il faut aussi noter le classement économique du français dans le monde en 1998 (L’inforoute en français, Conseil de la langue francaise, p. 170) Anglais indice 100 Japonais 30 Allemand 26 Russe 19 Espagnol 17 Français 16 Toutes les études concernant les langues et Internet sont unanimes : l’anglais, qui occupe aujourd’hui a peu près 80 % de l’espace, deminuera à 40 % après


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2005, ce qui indique une internationalisation des utilisateurs de cet ensemble de réseaux. 125 Étude d’Industrie Canada sur le coefficient d’inventivité : Allemagne 10,9 Japon 10,3 États-Unis 7,9 Royauume Uni 6,4 France 5,1 Italie 3,0 Canada 1,7 Dans l’ensemble, les spécialistes s’accordent pour dire que l’économie canadienne fonctionne en deça de ses capacités. 126 La capitalisation boursière : la Bourse américains 53 %, l’Europe 29 %, l’Asie/Pacifique 18 %, le Canada 1,8 %. Le poids du Canada, La Presse, 3 mai 1999, p. B4. 127 Autres statistiques : selon une étude d’Andersen Consulting, 70 % des 250 plus grandes entreprises canadiennes ne concevaient pas le commerce électronique comme une haute priorité. E-Shop Until You Drop ?, Time, 28 juin 1999, p. 61. 128 45 % des firmes québécoises voient ralentir leur croissance à cause de l’impossibilité où elles se trouvent de recruter tout le personnel nécessaire, Rapport CPLQ. Cela est lié à une forme d’«exode des cerveaux». Exemple des États-Unis qui accordent 65 000 permis de travail par an à des étrangers, mais qui, en 1998-1999, en a émis plus de 100 000 à cause des pressions de son secteur des NTIC. Trois offres pour chaque diplome, La Presse, 22 septembre, p. D4. 129 Il y a les analphabètes véritables (l’illettrisme : environ 6 % de la population) et ceux qui ne possède pas une alphabétisation fonctionnelle (jusqu’à 20 %) qui ne peuvent lire et comprendre les documents utiles à la vie en société tels les formulaires ou les avis, ou sont incapables d’utiliser les guichets de transactions ou qui ne peuvent rédiger des messages simples. Ce phénomène est lié à la sousscolarisations, par exemple, le fait que 27% des jeunes quitte l’école secondaire sans diplôme. Le Ministère de l’Éducation évalue le nombre d’analphabètes à 1,3 million, le plus haux taux au Canada, avec Terre-Neuve. Consulter les rapports publiés dans le cadre de la Semaine de l’alphabétisation, publiés depuis cinq ans. 130 Le raz de marée Internet, la montée du multimédia et du plurimédia, l’émergence du commerce électronique, l’impact des alliances organisées par les Américains (l’achat de Behaviour, de DMR et de Softimage, par exemple), d’où l’importante réorganisation du tissu industriel québécois, depuis 1995. Signalons que de nombreuses entreprises ont vu le jour ici avec l’arrivée des CD et du Web en 1994-1995. C’est un fait heureux, mais cela indique aussi le peu d’expérience de ces entreprises et le peu de profondeur et de mémoire collective d’une partie de notre tissu industriel. 131 Le Silicon Valley Joint Venture Network, le New York New Media Association, le MDG à San Francisco, etc.


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Les États-Unis peuvent se payer le luxe de laisser les «forces du marché» s’entredéchirer, mais un petit pays comme le Québec devrait harmoniser toutes ses forces dans des créneaux bien choisis s’il veut percer. 133 L’on se souviendra des discours grandiloquents des années 90 sur le «virage technologique» qui n’est resté qu’un virage sur papier On se souviendra des nombreuses «conditions gagnantes» perdues dans le domaine des NTIC : les ordinateurs à l’école, le Centre APO-Québec, l’épisode des ordinateurs Matra, le Réseau de veille sur les TI, le projet de Technopole multimédia multilingue, les grappes industrielles, le cafouillage du premier fond de l’autouroute, etc. Il est curieux de constater que ni le Parti québécois, ni le Parti libéral du Québec n’ont réfléchi sur la question du rapport NTIC-Économie-Culture. 134 Le plan «Cool Britannia» du gouvernement anglais, celui du «Parc scientifique» de Singapour, celui de «La France sur Internet» du grouvernement français, d’«Internet marché planétaire hors taxes» du gouvernement américain, le «Kiseta» en Suède, celui de «Tsukoba» du gouvernement japonais, de la «City-Bis» du gouvernement irlandais, etc. Signalons que plusieurs pays plus petits prennent aussi leur essor : le Brésil, le Maroc, la Finlande, la Suède et Israël ; et avec une approche différente, Taiwan et la Corée du sud. 135 Le gouvernement fédéral alloue 1,9 milliard $ de fonds additionnels, répartis sur quatre exercices budgétaires, pour le développement d’une économie du savoir, et ce, à partir de trois volets : la création du savoir, la diffusion et le partage du savoir et l’application et la commercialisation du savoir. Le programme «Un Canada branché», piloté par Industrie Canada, est composé de plusieurs «piliers» : les collectivités ingénieuses, le commerce électronique, le gouvernement sur le net, les contenus canadiens en ligne, etc. 136 Selon le schéma de la page 35, la France aurait un retard de plus de 4,5 ans par rapport aux États-Unis. 137 La région de Montréal doit secouer son carcan administratif et rendre ses décisions pour son avenir dans la nouvelle économie. Elle a besoin d’une période de renouveau fébrile, de se réinventer, dégagée des lourdeurs du passé, Pierre Laferrière, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, La Presse, mercredi 15 septembre, 1999, p. D2. 138 Mêmes conclusions que la conférence annuelle de l’administration publique québécoise, Les mandarins se vident le coeur, La Presse, 25 septembre 1999, p. A1. 139

Les coûts sociaux : • L’incapacité des citoyens d’accéder aux informations essentielles à la vie en société se traduit par une plus grande aliénation, particulièrement dans certaines couches mal nanties de la population. • L’incapacité du gouvernement de bien renseigner les citoyens se traduit par une absence de consensus, donc par une plus grande difficulté de gouverner. • Trop d’informations provenant des États-Unis se traduit par une acculturation en particulier par une dilution de la langue et de la culture. Cela se traduit aussi par une disparition des valeurs communes qui cimentent les citoyens,


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en plus d’une perte de la dimension historique et d’un affaiblissement de l’imaginaire (particulièrement chez la génération Y). • Une éducation non adaptée aux mutations de notre environnement signifie des emplois mal rémunérés ou pas d’emplois du tout. • L’absence de symboles ou d’images québécoises dans le flot médiatique quotidien se traduit par une «absence» qui nous donne une image de perdant (looser). 140 Par exemple, développer de nouveaux mécanismes d’alliances, c’est-à-dire de partnership entre des entreprises québécoises et d’autres américaines pour favoriser les transferts de capitaux en échange des transferts d’expertises, etc. 141 Voir When companies connect dans la bibliographie. Une étude d’Andersen Consulting sur le commerce électronique, arrive aux mêmes conclusions : le Canada est en retard de deux ans sur les États-Unis dans ce domaine. E-Shop Until You Drop ?, Time, 28 juin 1999, p. 61. 142 Mercer Management Consulting, Inc. 143 Les réseaux d’affaires ... électroniques, par René Barsalo, magazine de la Chambre de commerce de Montréal, janvier 1999. 144 Selon Forrester Research : www.forrester.com/press 145 • Competitive Intelligence : A Futurist’s perpective, par Steven M. Shaker et Mark P. Gembicki, Competitive Intelligence Magazine, volume 2, no 1, janviermars 1999, p. 24 à 27. • Mall of America 2010, par Chip Bagers. Wired, mars 1999, p. 120. 146 Cette théorie remplace l’ancienne hypothèse du Two Step Flow of Communication par un Multi Step Flow of Communication, ou «communication multipalier». 147 Sens horizontal ou Y. 148 Sens vertical ou X. 149 Par exemple, les Think tanks américains. 150 Par exemple : Halte à la croissance du Club de Rome ou An 2000 d’Herman Khan. 151 Par exemple : Megatrend de John Naisbitt et Futur Shock d’Alvin Toffler. 152 Par exemple : Paradigme Shift de Don Tapscott.


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