"PASSERELLES" EXHIBITION CATALOG

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Passerelles est une exposition imaginée par Madame Halima Gouyette

Villa des Oliviers, El Biar, du 13 au 22 octobre 2022.

Commissariat :

Mourad Krinah

Marianne Catzaras

Textes : Halima Gouyette Mourad Krinah Marianne Catzaras Fatma Oussedik

Photographies :

Sofiane Bakouri et les artistes

En partenariat avec : L’Institut français d’Algérie

Les Services culturels de l’Ambassade de France en Algérie

Rachida Azdaou Bardi Marwa Fakir Mohamed Ghassan Fethi Hadj Kacem Feryel Lakhdar Yacoub Salhi (Vato) Mauro Santini Mehdi Tafadjira وادزأ ةديشر يدراب ريكف ىورم ناسغ دمحم مساق جاح يحتف رضخل لايرف )وتاف( يحلاص بوقعي ينيتناس وروام ةريجافت يدهم

INTRODUCTION

HALIMA GOUYETTE

Combien de fois les Algériens longent-ils ces murs d’enceinte blancs qui entourent la résidence « des Oliviers » ?

Ils en sont la mémoire, ils sont aussi les grands témoins de l’histoire.

Tout jardin invite à une promenade philosophique. Certains plus que d’autres.

Le jardin des Oliviers, proche de la rumeur de la ville avec ses immenses eu calyptus qui veillent sur la résidence de France, s’est inévitablement métamorphosé en accueillant ces œuvres qui s’imposent à lui avec délicatesse.

L’homme apprivoise habituellement les plantes pour se nourrir ou s’enivrer de leurs parfums.

Une dizaine d’artistes algériens et méditerranéens y ont pour quelques jours déposé leurs rêves, leurs espoirs, leurs angoisses, leur talent.

Ils sont là pour nous rappeler les remous qui secouent l’humanité. C’est un livre intime qui s’ouvre à nous, à nous d’apprendre à le lire.

La création artistique est un élément fondamental de la liberté d’expression. Les artistes et plasticiens sont des vecteurs essentiels de développement culturel et social.

Ils doivent être soutenus et accompagnés.

L’ambassade de France agit au quotidien dans le cadre de la coopération culturelle bilatérale, et soutient la création à travers l’action de l’Institut français d’Algérie.

Cette exposition de sculptures intitulée Passerelles, vise à donner à de jeunes artistes des moyens d’expression en ouvrant au public le temps de deux weekends la Résidence et ses jardins.

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RUBICON…

Moins une thématique imposée qu’un certain fil conducteur, « Passerelles », l’intitulé de l’exposition, est un marqueur pour questionner le passage de relais entre le créateur et le public, l’inscription de l’œuvre dans son environnement de monstration ; mais surtout, la relation de l’artiste avec sa démarche et des concepts qu’il développe en pratiquant cette forme d’art.

En effet, de tous les arts visuels, la sculpture est la plus attachée à l’espace qu’elle occupe et doit répondre aux problématiques liées à la lumière et au vo lume ; et dans ce magnifique écrin qu’est la Villa des Oliviers, les œuvres dialoguent avec les majestueux eucalyptus, les oliviers et les bosquets, et créent une fascinante dichotomie entre les formes naturelles végétales et celles réfléchies, conceptualisées et modelées par le geste créateur de l’Homme. Et On s’imagine les contemplant en écoutant le murmure assourdi de la ville toute proche.

La présente exposition, intitulée « Passerelles » présente les œuvres d’une dizaine d’artistes plasticiens algériens et méditerranéens. Issus de différents parcours et destinées, ils nous proposent leur approche de cette discipline quasi marginalisée qu’est la sculpture.

Rachida Azdaou nous invite à pousser sa porte monumentale, symbole du passage du temps. Elle s’interroge sur sa place dans le monde entre confort routier et appel du changement. Intitulée « Là », elle questionne l’instantanéité ; un « ici et maintenant » angoissant où franchir le seuil revient à franchir le Rubicon avec les éventuelles conséquences fâcheuses que cela implique.

Délaissant pour une fois ses crayons et ses pinceaux, une posture qui n’éton nera point les plus proches de ses connaissances, Bardi transpose malicieuse

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ment ses figures grotesques habituelles en totems polychromes dont le fragile équilibre accentue le ridicule de leur condition. Ces têtes au regard éteint rap pellent curieusement des masques mortuaires et créent un contraste tragi-comique cher au guignol et à la comedia dell’arte que l’artiste nous a habitués à aborder dans ses peintures.

Quant à Marwa Fakir, jeune diplômée des Beaux-arts, après avoir fréquenté les plateaux de tournage où elle a acquis une certaine expérience dans ls diffé rents aspects des métiers du cinéma, ne résista pas à l’appel de ses premières amours et repris la pratique de la peinture et du modelage. Son installation « Structure » montre trois pelvis humains, synonymes de trois états : organique, structurel, rigide. Par sa pratique du yoga et de la méditation transcendantale, elle fait du pelvis le centre de gravité de l’humain et le point qui le relie à la terre nourricière et protectrice.

« Naissance » de Fethi Hadj Kacem est une série de trois navettes de tissage. L’artiste voit dans le va-et-vient incessant la métaphore même de la vie, et le symbole de l’éternel recommencement. Dans son travail, il assimile son geste à celui, obstiné, du métier à tisser et reprend les mouvements ancestraux des tisseuses anonymes, où les doigts et la matière ne cessent de dialoguer.

Artiste pluridisciplinaire, Yacoub Salhi, plus connu sous le pseudonyme de Vato, traite de la culture urbaine algéroise quelle que soit la discipline qu’il aborde. Artiste urbain, céramiste, peintre et sculpteur, il porte un intérêt certain pour el houma, le quartier, la rue, ses codes et ses langages. Partant d’un vers du rappeur Oucci : « Les hommes debout le long de l’année, dans leurs places enraciné, des fois ils s’allument et des fois ils s’éteignent comme le poteau du quartier », il développe une série d’hommes-lampadaires, les fameux hittistes ou potos, omniprésents et immobiles dans la rue tels les poteaux électriques, se partageant un mégot en jouant aux dominos.

Enfin, Mehdi Tafadjira, artiste autodidacte vivant à Ghardaïa, a su transcender ses connaissances en menuiserie métallique accumulées lors de sa formation pour élaborer des œuvres d’art en exploitant des matériaux de récupération et redonner vie à ces rebus de la société, en les sortant des déchets où ils étaient confinés. Ses sculptures, telles des kaléidoscopes, mêlent des objets

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divers : plaques de tôle, boulons, chaînes métalliques où transparaissent leurs existences passées. Il exploite cette ambiguïté pour mélanger tradition et modernité, telle cette femme targuie brandissement malicieisement une guitare électrique.

À ces artistes, s’ajoutent trois autres issus ou vivant dans des pays méditerra néens, invités par Marianne Catzaras à dialoguer avec leurs homologues algériens : Feryel Lakhdar, affirme fièrement la condition féminine, en détournant le thème quasi exclusivement masculin de la statue équestre, figure de l’Homme, du Chef par excellence, et en brandissant malicieusement une figure féminine sur un fougueux cheval cabré ; Mohamed Ghassan aborde la figure animale comme source de tranquilité et de réconfort, loin des aliénations sociales et politiques du monde des humains ; quant à Mauro Santini, il montre dans son installation vidéo « Ferma del tiempo » un regard nostalgique sur les photos de son enfance où se mélange les larmes et les sourires .

Autant de propositions picturales et esthétiques, formelles ou conceptuelles avec lesquelles les artistes de cette exposition tendent la main vers le public, comme une passerelle les invitant, l’espace d’un instant fugace à partager leurs imaginaires.

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AU BAS DE LA PASSERELLE…

Au bas de la passerelle Jacques Derrida, natif d’Algérie au seuil d’un éternel voyage pense fort à l’hospitalité, à ce sentiment qui fait que la rencontre avec l’autre lui ôte sa part d’étrangeté. Et que pour un instant sur ce fil cosmique l’étranger n’est plus étranger.

Sur cette structure mobile l’aller-retour prend tout son sens. On voyage, on part, on revient, on visite, on découvre on apprend, on modèle, on tisse, on croit fort à la paix on parle de réconciliation.

Dans un jardin, sur une rive ou sur un balcon.

Passerelles visibles de bois ou de métal, socles qui abritent la douloureuse chorégraphie des hommes, que ce soit à Alger ou à Bagdad, à Tunis ou à Delphes.

L’argile se fait chair. Le marbre, constellation cosmique.

Passerelles invisibles dans la pensée de l’homme quand il crée. Passerelles visibles dans les formes matérielles et immatérielles qui investissent les espaces où les hommes ne seront plus refoulés. C’est le travail de l’artiste, sa mission, son travail acharné et continu. Transformer l’hostilité en terrain familier, en terre d’accueil.

Fabriquer une histoire collective à partir de l’histoire intime. Dessiner des îles et en faire un pays. Traverser les frontières effacer les lignes de démarcation.

Écrire l’histoire avec du bois ou de la résine avec un trait ou une photographie.

Et l’homme est debout dans la tempête, libre et digne, jamais soumis.

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Le sculpteur est le grand architecte qui régit le monde sous toutes ses latitudes.

Et que du discobole de Myron au baiser de Brancusi les hommes n’ont pas cessé d’œuvrer.

On lance le disque, on le transmet, on écrit l’histoire avec le bronze ou le marbre Avec le papier ou la couleur.

Et c’est ce que Halima Gouyette a compris inviter les artistes en ces lieux pour raconter l’histoire pérenne des hommes. pacifier les lieux les plus chargés de voix et de cris.

Que les populations ne soient plus deplacées.

Une hospitalité universelle ici et maintenant

L’histoire des mains qui transforment l’argile en port d’accueil.

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UNE PASSERELLE EST UN PONT

FATMA OUSSEDIK

Une passerelle est un pont étroit. Si elle relie deux destinations, elle n’offre le passage qu’aux piétons. À celles et ceux, donc, qui se mettent en marche. Ils et elles ont un horizon. Une passerelle est bien une invitation à la rencontre mais elle est aussi fragile et peut être étroite car elle ne résiste que si les énergies y sont équitablement réparties. Elle ne devient passerelle que parce que les hommes et les femmes l’empruntent dans un désir de rencontre.

Cette exposition est née de la vocation d’une femme d’incarner une passerelle. Son horizon est peuplé d’œuvres d’art qu’elle observe entre monde arabe et Occident. Son monde arabe, celui qui a nourri son imaginaire depuis toujours c’est l’Algérie, puis vint la France et encore la Tunisie… Et d’autres encore. Elle s’est, je crois, reconnue méditerranéenne. Les artistes qui se sont reconnus dans sa démarche l’ont fait parce que, précisément, pour elles et eux, la caractéristique première d’une œuvre d’art est de faire lien. Ils sont donc dans l’ou bli des lieux, lorsqu’ils ne sont que des espaces, et ils nous ouvrent à la force du lien, en restituant le sens, car ils et elles sont soucieux d’établir, ensemble, une plateforme de dialogue.

Certes aller à la rencontre de l’Autre, à travers ce chemin fragile peut à la fois être riche et périlleux. C’est pourquoi cette exposition se propose comme une passerelle sous le signe du lien. Déambuler dans ce jardin nous interpelle à partir de l’union du lieu, des artistes et des œuvres. Une passerelle est aus si une plage de temps entre deux rives et ouvre à l’interrogation. Elle s’offre comme une célébration qui entraîne à travers la peine et l’exaltation du réel.

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Cet espace est une pause où se célèbrerait la joie de retrouvailles. C’est ce que nous offre encore l’art : des retrouvailles avec nous-mêmes, des retrou vailles avec le monde qui nous entoure.

Aujourd’hui, ce jardin est un pont à la fois accueillant et nourri d’une histoire lourde. Comment y trouver l’allégresse et faire de cette rencontre une fête ? C’est précisément ce à quoi cette séquence nous invite. Comment y trouver les échos d’une culture partagée, au-delà des blessures de la rencontre ? Ici, en core cette passerelle, avec ce jardin des arts se donne comme horizon de nous consoler. Combien seront-ils, serons-nous à vouloir emprunter le chemin que nous ont tracés les artistes et que nous proposent-ils comme parcours ?

Les œuvres présentées ici sont autant de récits qui sont des fragments de notre mémoire et de nos désirs.

C’est à cette entrée faite de découvertes que nous invite la porte de Rachida Azdaou. Sa porte, nous dit-elle, s’ouvre sur une aventure silencieuse. Celle de la longue marche d’une humanité à la rencontre, en quête d’elle-même. Cette porte est rouillée car elle ouvre sur des histoires, des blessures, des men songes qui créent des vérités. Elle rouillera, elle changera mais demeurera comme une invitation à s’ouvrir à Soi, aux autres.

Mais une passerelle peut être fragile, elle peut se briser et engloutir ceux et celle qui l’empruntent.

Corps meurtris, évanescents en quête d’ailleurs, corps immobiles, voici ce qui à mon avis, fait sens et lien dans cette exposition.

Ce corps qui est au cœur de la recherche engagée par Marwa Fakir. Dans un même élan ce corps, réalité première, fait écho à celui des hommes immobiles, figés qu’évoque Vato en citant le rappeur algérien Oucci : « Les hommes debout le long de l’année, comme les poteaux du quartier, des fois ils s’allument et des fois ils s’éteignent. » Ils seraient des poteaux mais cette exposition vous propose de poser sur eux un regard qui leur restituerait leur dignité d’humain. Au-delà du poteau, un homme nous accueille et il est la passerelle ultime. Il est précisément le piéton, celui qui depuis des siècles affronte les abîmes car il

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souhaite aller à la rencontre des autres. Son corps, son ultime ressource, est ce « centre énergétique de base, le Chakra Racine, qui est le chakra de la sta bilité de la sécurité, et des besoins primaires, nous dit Marwa fakir. Et, ajoutet-elle, il faut commencer par cette base afin d’accéder aux autres Chakras et purifier le corps et l’esprit, pour enfin, créer cet état d’harmonie et de paix. » Ainsi, le pari de cette exposition est le même que celui de l’auteur, Ivo Andritch, d’il est « un pont sur la Drina » qui a érigé le pont de Vichegrad en héros principal de son ouvrage. « Il a fait de cette majestueuse arche de pierre à laquelle Mehmed Pacha Sokolovitch consacra sa fortune un personnage vivant… l’existence brève et précaire des hommes et des femmes qui le traversent chaque jour, forment un contraste saisissant avec la monumentalité puissante et tranquille de cet édifice inébranlable. La fureur des éléments d’abord, puis les bombardements durant les deux guerres mondiales, ont, à plusieurs reprises, endommagé le pont de Vichegrad, mais restauré, reconstruit, il a conservé cette forme originelle qu’avait voulue Mehmed Pacha, avec cette terrasse, appelée la kapia1, où les bavards de la cité tenaient conversation, où se rencontraient les amoureux, où les mendiants et les marchands de petits pains chauds s’accroupissaient, criant leurs savoureuses marchandises ou gémissant leur misère. » (Marcel Brion). Ce récit se déroule sur quatre siècles, mais seul le pont demeure.

Il s’agit dans cet ouvrage de Serbes et de Bosniaques, de chrétiens et de musulmans, mais, au fond, qu’importe ! L’art est partout un pont sur la Drina, puisqu’il met en lien.

« Sur la kapia, buvant du café et fumant, beaucoup de ces modestes citadins, qui ne possédaient guère que cette maison et une petite boutique dans le bazar, ressentaient dans ces heures-là toute la richesse du monde et l’infinie grandeur des dons de la Providence. Tout cela, un simple édifice pouvait l’offrir aux hommes, des siècles durant, lorsqu’il était beau et puissant, lorsqu’il avait été conçu au bon moment et érigé au bon endroit, et que sa construction avait été couronnée de succès. »

1. Dans l’architecture ottomane, espace d’apparat sur un point de passage, porte, pont.

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RACHIDA AZDAOU

وادزأ ةديشر

« Là » est un jeu d’un JE qui n’a jamais trop osé.

Là est une ouverture car je suis gourmande de temps et silencieusement tranquille.

Je veux toucher ce point, qui est par-delà l’infini, le début, la fin et les feuilles qui tombent devant nos yeux.

Cette porte est faite de rouille, de manipulations, de différentes couches de peinture, à la fois une sculpture ou une peinture peut être même une installation, c’est avant tout un travail de temps sur la matière et une histoire qui n’intéressera personne.

C’est juste une porte qui s’ouvre. Elle s’ouvre vers une aventure silencieuse

Passons à autre chose, prenons le temps d’être autrement, jouons comme nous étions petit, rêvons d’un monde possible. Cessons d’être des adultes fatigués ! Je voudrais que l’eau polisse ma peau comme elle le fait avec les galets, et qu’elle efface la rugosité et les fissures de ce temps passe éloignée de Moi.

« Là », technique mixte (oxydation, peinture, vernis sur métal) sur acier corten, 300x100x0,3 cm, Cavallino lecce, Italie, 2022.

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BARDI

يدراب

Écume / ةوغر

« Cet ensemble nommé Écume, est né d’une nécessité peut-être inconsciente de la traversée du monde de la création, désireux de créer autrement. Comme le moment du rituel de “Passage”. Pour faire la jonction, entre, le passage du petit garçon Kabyle de l’antre de la mère au monde du père. Ici la métaphore du passage est calquée sur celle du changement de médium. De la métamorphose ovidienne, à celle de l’écume dans la philosophie nietzschéenne, l’artiste Peintre pur, avec Écume, passe à l’artiste plasticien. Qui conçoit et crée mais fait réaliser. Une démarche résolument contemporaine, qui nous renvoie à la pratique Picassienne. » (Meriem Derridj)

« Écume / ةوغر », installation, engobe sur biscuit et métal, dimension variable, 2020. (Collaboration Terre-terre céramique.)

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MARWA FAKIR

Structure

« Structure » est une installation de trois sculptures, qui représentent une forme stylisée d’un pelvis humain.

Le Pelvis fait référence à l’emplacement du centre énergétique du Chakra Racine, l’énergie rouge qui représente la base. Mais aussi le point de contact avec la terre en position de meditation.

Les trois sculptures sont des représentations de cette image dans ses trois états : l’organique (nourriture), le structurel (sécurité), et le rigide (habitats).

Le potentiel énergétique et créatif émanant de ces sculptures en terre cuite à travers ces fissures façonnées par le feu, est représenté par un émail rouge sang.

Les sculptures sont disposées sur des socles métalliques en forme triangulaire, avec les trois pieds enfoncés dans la terre.

Les trois socles sont liés par un fil qui peut être visible pour certains, et invisible pour d’autres...

« Structure », installation de trois sculptures en terre cuite, Ø 29 cm x H 21 cm - Ø 23 cm x H 21 cm - Ø 25 cm x H 22 cm, 2022.

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ريكف ىورم
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MOHAMED GHASSAN Anxiety

Chaque fois qu’une personne se sent étrangère et aliénée par sa société humaine, en raison de circonstances politiques et économiques, elle se tourne vers l’animal ou vers la société animale, pour trouver le confort et la tranquillité dans cette société, même si elle est temporaire.

« Anxiety », Fibre de verre, bois, acrylique, 25 x25 x 50 cm, 2022.

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ناسغ دمحم

FETHI HADJ KACEM

Naissance

« Je m’inspire de tout ce qui m’entoure et de tout ce qui peut faire mon quotidien. Mes créations sont nourries par mon environnement qui regroupe tout un patrimoine matériel et immatériel, et qui ont une forte portée vers l’esthétique. Tout ce que j’arrive à absorber, m’aide à nourrir mon esprit et ma vision et à libérer mes sens pour déverser le tout dans mes créations. Pour moi, la vie est un tissage. Mon œuvre a pour ambition de réinventer une gestuelle qui date de la nuit des temps. Ce va-et-vient, plutôt, ce dialogue entre les doigts et la matière, n’a cessé d’exister… Il existera car obstiné et coriace, jusqu’à la fin, telle qu’elle est écrite…

Ma vision se veut multidisciplinaire, regroupant plusieurs approches d’un sujet alliant contemporanéité et expression ancestrale.

La navette : c’est la vie avec ses allers et ses retours incessants, symbolisés par le mouvement horizontal. » (F.H.K.)

« Naissance 1 », bois patiné sur support métallique, 39 x 12 x 24 Cm, 2022.

« Naissance 2 », bois patiné sur support métallique, 48 x 2,5 x 12 Cm, 2022.

« Naissance 3 », bois patiné sur support métallique, 50 x 2,5 x 12 Cm, 2022.

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مساق جاح يحتف
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FERYEL LAKHDAR

رضخل لايرف

Amazone Pop

Une cavalière improbable s’accroche à un cheval cabré, c’est une façon pour moi de parler de la difficulté de s’élever au rang du mythe, de rendre hommage à toutes les héroïnes bancales qui repoussent tant bien que mal les limites imposées ici et là à la condition féminine, c’est enfin à travers le thème de la statue équestre, l’occasion d’interroger par la parodie l’un des genres les plus classiques de la représentation solennelle et me permettre d’en sourire.

« Amazone Pop », sculpture avec socle en résine, 2022.

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YACOUB SALHI (VATO)

ةراجحلا ةقيدح / Jardin de pierre

Dans mon travail, qu’il soit en recherche ou en pratique artistique, je traite la culture urbaine algéroise avec sa richesse dialectique et esthétique ainsi des phénomènes sociaux qui l’alimentent, Illustrer des situations du quotidien qu’elles soient émouvantes ou drôles, reprendre des proverbes et des expres sions ou bien même des phrases de rappeurs que je côtoie afin de donner une image chargée en poésie, en utilisant notre dialecte algérien.

Toute production artistique est un témoin de l’Histoire, d’un fragment de poterie qui nous renseigne sur les modes de vie anciennes ou une toile de Picasso qui représente les bombardements de Guernica.

En partant d’une phrase d’un rappeur algérien Oucci : « les hommes debout le long de l’année, dans leurs places enraciné, des fois ils s’allument et des fois ils s’éteignent comme le poteau du quartier. »

L’objet qui émerge de l’histoire que je vous raconte est un lampadaire, un élément d’un décor, mais aussi un témoin de notre vie dans un espace que nous partageons qui est « el houma » qui veut dite : le quartier. À travers une personnification de cet objet qui est le lampadaire, le poto…

de pierre »

installation : céramique, béton et fer forgé, Éléments de l’œuvre : 4 sculptures en céramique de 2m20 de hauteur, Une Table et 4 chaises en céramique, béton, fer forgé et tissu, dimensions de l’installation : 3 m de diamètre, 2022.

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« ةراجحلا ةقيدح / Jardin
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)وتاف( يحلاص بوقعي

MAURO SANTINI

وروام

Ferma del tiempo

« Un car scolaire s’arrête dans la rue. Giacomo m’adresse un regard que je connais bien : celui des photos de mon enfance. La pluie masque les larmes et le sourire, brouille les visages. Le temps : passé, présent et futur, se mêlent au même instant, dilaté, allongé comme un élastique qui nous rapproche et nous éloigne. » M.S.

« Fermo del tempo

» vidéo de la série « Videodiari », 7’ 30’’, 2003. ينيتناس

MEHDI TAFADJIRA

Le Parcours de la vie

Le Parcours de vie : Une sculpture sous forme de totem avec des formes géometrique qui symbolisent la vie. Confiance, sécurité, stabilité pour le rectangle. Rigueur, discipline et respect pour le carré. Perfection, alliance et securité pour le cercle. L’échange, transmission pour le losange. Enfin, le triangle sym bolise l’harmonie, la sagesse et l’equilibre.

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ةريجافت يدهم
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« Le Parcours de la vie », sculptures en métal recyclé, dimensions variables, 2022.

BIOGRAPHIES

Rachida Azdaou

Rachida Azdaou est née en 1973 à Tizi-Ouzou, vit et travaille à Alger. Depuis 1997 à 2022, elle participe régulière ment à plusieurs expositions collectives à l’étranger et en Algérie.

Lauréate de plusieurs prix, nationaux et européens, Travaille depuis 1999 dans l’enseignement de l’art visuel.

Alger et ses origines sont son moteur de recherche. Comprendre, trouver des indices, interroger les absents, est un jeu incessant, un exercice du quotidien qui donne sens à sa vie.

Bardi

De son vrai nom Mehdi Djelil, est né en 1985 à Makouda, Algérie. Il est diplômé de l’École supérieure des Beaux-arts d’Alger en 2011. Vit et travaille à Alger. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions en Algérie et à l’étranger, avec, parmi les plus récentes : AKAA-Art & Design Fair en 2021 à Paris, France. En 2020 il participe à l’exposition Art in Isolation au Washington Studio School, Washington, USA, ainsi que l’exposition personnelle Stasis à la galerie rhizome, Alger, Algérie. En 2019 l’artiste participe à En attendant Omar Gatlato à la Walach Art Gallery de New York, USA, et The IV Mediterranean Art Meeting of Alicante, Alicante, Espagne. Toujours en 2019, Bardi expose à All Art Now Lab à Stockholm, Suède. En 2018, il prend part à l’exposition Rasm - 1er Salon du dessin d’Alger au Musée

National Public d’Art Moderne et Contem porain d’Alger MAMA, Alger, Algérie. En 2018, Il expose avec Seen Art Gallery Hors Cases, et lors du Printemps de l’Art au Palais de la Culture Moufdi Zakaria, Alger, Algérie. 2017, Purely drawing, Seen Art Gallery. Lors de l’année 2016, Toujours avec Seen Art Gallery l’artiste présente son exposition personnelle Bardi Unlimited et participe à la Picturie Générale III au Marché Volta, Alger. En 2015 l’artiste présente sa première exposition personnelle Bardi Dess(e)in à La Baignoire Experience, Alger. En 2014, il participe à la Biennale d’art Africain contemporain de Dakar, Off DAK’ART, Sénégal.

Marwa Fakir

Née le 07 Décembre 1991 à Alger. Elle est diplômée de l’École supérieure des Beaux-arts d’Alger, en Arts plastiques, spé cialité Miniature.

Ayant travaillée durant plusieurs années dans le domaine du ginéma et de l’audio visuel en tant que Directrice artistique parallèlement à ses études à l’École des Beaux-arts, elle a pu explorer le monde des Arts appliqués et le Design (production design, costume design, set design…). Mais en 2020, l’amour de la peinture et des arts plastiques en général la rattrape et le besoin de peindre s’impose à elle de ma nière exclusive et quasi obsessionnelle… Elle traite dans son art essentiellement des sujets relatifs à la condition humaine, à l’exploration de la psyché humaine et de son langage symbolique.

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Mohamed Ghassan

Plasticien irakien né à Baghdad en 1972, résidant en Tunisie. Diplômé de la Faculté des Beaux-arts (Université de Baghdad, Département d’Arts plastiques, spécialité Sculpture). Obtient une maîtrise de l’Institut supérieur des Beauxarts de Tunis et actuellement doctorant chercheur à l’Institut supérieur des Beauxarts de Tunis et à Institut des Beaux-arts de Sousse. Professeur à l’Institut supérieur des Arts et Métiers de Siliana.

Sa première exposition personnelle intitulée « Masquerade Party » à la galerie Kalysté a Tunis 2012. Sa deuxième intitulée « between two memories » à la galerie Le Violon Bleu a Tunis. Expositions collectives : « Summer show », galerie Le Violon bleu ; « Covid Art », galerie Le Violon bleu ; « Intuition », Central galerie ; « L’Inquiétante étrangeté », galerie Yoser Ben Ammar ; « Generation » galerie Yoser Ben Ammar ; « Materieles », Villa Tanit Gallery ; « D:one Art Fair First Session » ; « JACC First Session ».

Fethi Hadj Kacem

Né à Tlemcen en 1982, Hadj Kacem est yitulaire d’un Certificat d’Études Artistiques Générales (2013) et du D.N.E.B.A (2014) à l’École régionale des Beaux-arts d’Oran. Lauréat du Grand Prix du Président de la république (2017). Expositions individuelles : Maison de la Culture de Tlemcen (2006) ; Festival International Patrimoine et Créativi té, Tlemcen (2008) ; Centre Culturel Français d’Oran (2011) ; Musée d’Art et d’Histoire de

Tlemcen et CCF de Tlemcen (2013). Il compte plusieurs expositions collectives à son actif, dont : « Dessinez vos desseins », 1er Salon du dessin contemporain, MAMA, 2018 ; « L’Ère sauvage », La Baignoire, Alger, 2015 ; Festival « Argila », Aubagne, Marseille Provence capitale de la culture, 2013 ; Salons internationaux des arts plastiques, Beyrouth, Liban, 2013, etc.

Feryel Lakhdar

Depuis 1986, année de sa première exposi tion au Musée de Sidi Bou Saïd en Tunisie, Feryel Lakhdar peint, sculpte, dessine, coud, des femmes dans un univers solipsiste où elles se trouvent piégées par une société tiraillée entre tradition et modernité. En porcelaine, en sculptures textiles, en volumes de résine ou sur de grandes toiles, elle affirme la présence féminine comme une évidence énigmatique. La place de la femme, toujours à définir comme identité singulière, à retrouver comme une liberté primordiale semble être la quête constante de son parcours artistique.

À travers le portrait, la célébration difficile d’un corps lourd à porter, les scènes dans lesquelles les personnages démultiplient et superposent leurs solitudes, se dessine une société où les discours se croisent et peinent à établir un dialogue. Elle vit et expose principalement en Tunisie depuis 1995. Ses œuvres figurent dans des collections privées en Tunisie et à l’étranger.

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Yacoub Salhi (Vato)

Diplômé de l’École supérieure des Beauxarts d’Alger, céramiste de formation. Membre fondateur du collectif LIKIP, Utilisant toutes sortes de médiums : arts plastiques, graffiti, photographie ou vidéo afin de communiquer son état d’esprit, ses idées, ses émotions et son style de vie. Mais aussi faire promouvoir l’art de rue et la culture urbaine et le par tager avec la nouvelle génération.Qu’il s’agit du fond ou de la forme, il essaye de retranscrire et d’illustrer ce qui peut sembler banal mais qui englobe toutes les facettes de la société, des expressions et dictons que’il reformule pour les adapter à des situations bien précises jusqu’aux phrases de rappeurs algérois qui font le même travail en magnant le verbe. Ces derniers lui permettant de construire des images qui contiennent réa lité et imaginaire, vécu et poésie, tristesse et joie…

Mauro Santini

Depuis 2000, Mauro Santini (Fano, Italie, 1965) réalise des films dans lesquels il explore et renouvelle le genre du « carnet de voyage » : la question du paysage est ici intimement liée à celle du temps, de la mémoire restituée par un récit à la première personne.

Les films de Mauro Santini ont été montrés dans plusieurs festivals internationaux et

des expositions : Venise, Rome, Locarno, Obe rhausen, Jeonju, Annecy, DocLisboa, Cinémas Différents de Paris, Rencontres Paris-Berlin, Mostro Nuovo Cinema de Pesaro, etc.

En 2002, « Da Lontano » (de la serie du « Videodiari ») remporte la compétition italienne au Festival de Turin et en 2020 « Giorno di scuola » remporte la compétition internationale long-métrage au Festival Laceno d’oro.

En 2008 il à participé avec des films à la rétrospective « La Cité des Yeux, une saision italienne, (le cinéma italien d’avant-garde de 1968 à 2008) » conçue par Nicole Brenez et Federico Rossin à La Cinémathèque française.

Artiste sculpteur autodidacte, né à Alger en 1978.

Il fait ses premier pas à l’école primaire à Hydra jusqu’à l’âge de 10 ans puis il déménage avec sa famille à Ghardaïa (Béni Isguen) où il continue ses études au lycée technique, filière fabrication mécanique puis au Centre de formation professionnel, section Menuiserie métallique.

Il perfectionne son travail dans la soudure à l’atelier de son père, maître-artisan. Sa passion et de réaliser des œuvres d’art avec des pièces métalliques et de la ferraille recyclées.

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REMERCIEMENTS

Mes remerciements vont à l’artiste Mourad Krinah qui a bien voulu accepter d’être le commissaire de l’exposition On lui doit le choix d’une grande partie des artistes algériens.

À mon amie Fatma oussedik, éminente sociologue qui m’a révélé une Algérie que je ne soupçonnais guère. Cette aventure s’est jouée à deux, parfois je l’ai arrachée à son mari Abderrahmane Hadj Nacer, qu’il veuille bien me pardonner.

À Marianne Catzaras, poète et photographe qui nous vient de Grèce et Tunisie, pays de son enfance, amie chère avec laquelle nous partageons l’amour de l’art, et qui a bien voulu une fois encore me soutenir.

Aux sponsors qui ont rendu possible cette exposition, et sans lesquels j’étais une « koffa bla yeddine », je leur dis merci

M. Mohammed Mounir Othmani M. Hassan Khelifati - Alliance Assurance Mme Dalila Nedjem - Éditions Delimen M. Lyes Boudiaf M. Nassim Daly-Bey - ECB M. Philippe Maccioca - Air France M. Chérif Medjaoui - groupe HAVAS M. Mahmoud Arezki - groupe Even’s Com M. Frédérique Belaïche

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Halima Gouyette
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