ELLE Québec - Mai 2025

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BEAUTÉ LES INTERVENTIONS

SOCIÉTÉ ACHETER

MOINS: UNE MODE ÉPHÉMÈRE?

SOPHIE NÉLISSE EN

CONTRÔLE

GOOD GIRL ET VERY GOOD GIRL ELIXIR LE NOUVEAU

PARFUM FÉMININ

LE NOUVEAU PARFUM

en couverture

74 SOPHIE NÉLISSE

Dans la mire.

style

26 STYLE PRINTANIER

Le retour de la blouse.

29 EN TREVUE

Rencontre avec An VerhulstSantos, PDG de L’Oréal Canada.

30 MODE DURABLE

Des pièces choisies consciencieusement.

32 PORTRAIT

Tout savoir sur le créateur

Willy Chavarria.

35 MODE CANADIENNE

Pleins feux sur Noémiah.

culture

36 RENCONTRE

Jeremyah Mogni: l’homme derrière l’artiste.

38 VI E CULTURELLE

Livres, théâtre, musique…

42 SOCIÉTÉ

On décrypte la tendance de la déconsommation.

45 L A FOIS OÙ…

Isabelle Racicot en a eu marre de se faire poser la même question.

46 C ’EST MON HISTOIRE

«Le soir où mon enfant m’a révélé son secret.»

49 L ES CHOIX (PAS TOUJOURS

JUDICIEUX) DE SOPHIE

Sophie Fouron, fière de son nom de famille.

ÉDITRICE SOPHIE BANFORD

DIRECTRICE DES CONTENUS MULTIPLATEFORMES CYNTHIA QUELLET

RÉDACTRICE EN CHEF JOANNA FOX

RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE ELISABETH MASSICOLLI

DIRECTRICE ARTISTIQUE SAMANTHA PUTH

CHEFFE DE CONTENU BEAUTÉ KATHERINE LALANCETTE

CHEFFE DE CONTENU CULTURE ET REPORTAGES LAURIE DUPONT

COORDONNATRICE À LA RÉDACTION SARAH AKLI

GRAPHISTES MARIE-ÈVE DUBOIS, ANNE-SOPHIE PERREAULT (INTÉRIM) ET LAURENCE FONTAINE

CHEFFE DES CONTENUS NUMÉRIQUES ALEX GONTHIER

COLLABORATEURS

ALICE AUGUSTIN, RANDI BERGMAN, ALEXIS BOULIANNE, AMÉLIE CUSSON, FLORENCE-AGATHE DUBÉ-MOREAU, LYNNE FAUBERT, SOPHIE FOURON, MAROUCHKA FRANJULIEN, LESA HANNAH, ROBB JAMIESON, CLAUDIA LAROCHELLE, EMILY MACCULLOCH, MIMO MAGRI, ERICA NGAO, AMIL NIAZI, CAROLYNE PARENT, JOANIE PIETRACUPA, NADIA PIZZIMENTI, SOPHIE POULIOT, ISABELLE RACICOT, RENÉE REARDIN, ANNIE ROUSSEAU, SYLVIE SAULNIER, OLIVIA STREN, NICOLAS TITTLEY, SOPHIE VAILLANCOURT-LÉONARD

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PRÉSIDENT GROUPE KO LOUIS MORISSETTE PRÉSIDENTE SOPHIE BANFORD

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ELLE INTERNATIONAL PDG CONSTANCE BENQUÉ

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ELLE Québec est publié 8 fois l’an par KO Média inc., 651, rue Notre-Dame Ouest, Montréal (Québec) H3C 1H9. Téléphone: 514 933-2462, site web: ellequebec.com.

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beauté

50 PHÉNOMÈNE

L’ère des interventions esthétiques indétectables.

54 MAQUILLAGE

Rien de tel que les fards floutants pour rehausser notre minois.

57 ICÔNE

Cet illuminateur légendaire est le secret bonne mine des top-modèles.

58 TENDANCE

Les routines de nuit hypercomplexes qui ont la cote sur les médias sociaux.

62 SANTÉ

Quoi faire lorsqu’on perd nos cheveux?

66 BIEN-ÊTRE

Des retraites postnatales tentent de pallier les lacunes des soins en postpartum.

68 RENCONTRE

L’actrice canadienne Shay Mitchell partage avec nous sa routine beauté.

71 SHOPPING

On accueille les beaux jours avec un joli glow

comme chaque mois

19 ÉDITO

La beauté en subtilité.

20 CHOIX DE LA RÉDAC

Les musts de notre rédactrice en chef, Joanna Fox.

21 ELLE RADAR

Tout ce qu’il faut découvrir cette saison.

95 ELLE PANORAMA

ELLE FOODIE

ELLE DESIGN

E LLE ASTRO 113 GUIDE SHOPPING

E LLE FINALE

86 ÉGÉRIE

Des nouvelles d’Angèle, pour Chanel.

lifestyle

91 VOYAGE GOURMAND

La gastronomie guatémaltèque.

Sophie Nélisse porte un ensemble Miu Miu et des bagues Chopard. Photographie et direction de création Alex Gilbert

Stylisme Olivia Leblanc Maquillage Carole Méthot

Coiffure Mélanie Guille Décor Studio TB / Naomi Tremblay

Productrice éditoriale Sarah Akli Digitech Pascal Fréchette

Premier assistant Thibaut Ketterer Deuxième assistant Mylène Castilloux Assistante au stylisme Sarah M’Bengue

63 % Au Canada,

d

de nos postes de direction sont occupés par des femmes.

BALAYER POUR

VOIR NOS ENGAGEMENTS

Nous soutenons les femmes dans leur carrière.

Nous nous engageons à créer un monde plus inclusif et à renforcer l’autonomie des femmes.

L’art de ne pas trop en faire

JE L’AI DÉJÀ MENTIONNÉ DANS CES PAGES: j’adore les paradoxes. Les contradictions qui, une fois bien examinées, révèlent en fait toute la complexité que nous portons en nous. Et s’il y a un domaine où les paradoxes abondent, c’est bien celui de la beauté.

Prenons la chirurgie esthétique, par exemple. Au cours des dernières années, elle s’est affichée sans retenue. Lèvres gonflées, pommettes surélevées, front lisse comme du marbre. Comme s’il fallait qu’on amplifie au possible notre intervention, signe de statut ou de pouvoir. Aujourd’hui, on est complètement ailleurs.

Le luxe, désormais, c’est la beauté «naturelle» c’està-dire les interventions esthétiques (voire les produits et les soins de beauté) qui «ne paraissent pas». On veut optimiser notre capital beauté, sans que personne ne puisse mettre le doigt sur ce qu’on a changé. «Wow, que tu as l’air bien, et reposée!» La magie de l’indétectable bat son plein (voir notre reportage, p. 50), comme si on avait envie de nous sublimer le plus subtilement possible. Parce qu’au fond, c’est ça, le rêve: que notre miroir nous renvoie une image qui nous ressemble… mais en version fraîche, détendue, pétillante. Ni plus ni moins.

J’ai rencontré récemment un dermatologue renommé le D r Manish Khanna, de la clinique PEAU et il m’a confié ceci: «Je suis ambivalent, car d’un côté, je suis

très fier quand les clientes reviennent en me disant que personne n’a rien remarqué, mais qu’elles reçoivent plus de compliments qu’avant. Et de l’autre côté, comment voulez-vous que mon travail soit reconnu si personne ne s’en aperçoit?» J’ai souri. Atteindre ce degré de naturel dans les interventions esthétiques, ne nous méprenons pas, demande un savoir-faire quasi artistique. Le bon dosage, la bonne technique, le bon moment. Et ça requiert, surtout, une grande écoute, car chaque femme est différente on ne fait plus dans la beauté standardisée, mais plutôt dans la beauté personnalisée, intime, mesurée.

Ce désir de subtilité s’inscrit aussi dans un mouvement plus large d’authenticité assumée. On assume nos rides… mais on a envie d’en effacer quelques-unes. On aime vieillir… mais on n’aime pas forcément toutes les traces que l’âge laisse sur notre corps. On revendique le droit de vieillir à notre manière… avec toute notre complexité! Sans pression, sans tabou.

La beauté n’est pas qu’une question de traits. Elle est dans l’allure, la lumière dans les yeux, l’assurance tranquille. Et parfois, pour raviver cette lumière en nous, il nous faut juste un petit coup de pouce. Un «boost» imperceptible, mais puissant. Pas pour plaire aux autres, mais pour nous reconnaître et, avouons-le, nous admirer dans le miroir. Vive les femmes qui osent avec ou sans bistouri se donner les moyens de rayonner!

Sophie Banford, éditrice | @sophiebanford

LA LIVRERIE, LIBRAIRIE, CAFÉ, COOP, À MONTRÉAL

LIBRAIRIES

Vive les livres! Vive les librairies indépendantes! J’adore visiter mes librairies locales, à Montréal, comme L’Euguélionne, Le Port de tête, ou encore la Livrerie, sur la rue Ontario, où je peux me poser avec un bon café pour bouquiner. Le Québec fourmille de jolies boutiques dédiées à la littérature, tenues par des gens passionnés de culture, qu’on doit encourager!

CASQUETTE PLOTLESS FICTION, DE TYPE BOOKS (45 $, TYPEBOOKS.CA)

CABAS, DE STIIL (45 $, DESTIIL.COM)

TASSE BOOKBLUB, DE RIFLE PAPER CO. (30 $, BOUCLEETPAPIER.COM)

J’ LE PAPIER

La rédactrice en chef, JOANNA FOX , souhaite prendre un moment pour célébrer les publications québécoises et canadiennes, les libraires indépendants, les auteurs et autrices, et toutes les personnes et les entreprises qui défendent les œuvres imprimées dont la presse papier! au Canada. Continuons à soutenir notre industrie locale: l’union fait la force.

MAGAZINES

Le Clin d’œil, le Châtelaine, le VÉRO et le Dinette sont quelques exemples de magazines québécois qui font connaître les dernières nouvelles du monde de la mode, de la beauté, de la culture et du style de vie sous un angle typiquement de chez nous. En vous procurant ces publications, et la nôtre!, vous contribuez à l’essor de toute une industrie.

LIVRES

Notre province — et notre pays! — regorgent de brillants auteurs et de brillantes autrices, qui créent de la magie, de la poésie avec les mots. J’aime me plonger dans des histoires savamment tissées par des plumes d’ici, des récits classiques jusqu’aux premiers romans de nouveaux talents.

Mai

Tout ce qui, en ce moment, nous captive.

CONCOURS ELLE CAPTURE: À VOS APPAREILS!

Appel aux photographes! ELLE Québec a le plaisir d’annoncer son concours de photographie, ELLE CAPTURE, en collaboration avec la compagnie canadienne d’impression de photos Black’s. Le concours est ouvert aux amateur.ices comme aux professionnel les. Dès à présent et jusqu’au 31 mai prochain, nous acceptons les photos, qui peuvent être soumises dans 10 catégories différentes. À la clé: de nombreux prix intéressants remis par un jury composé de professionnel·les de l’industrie, ainsi que la publication du travail des gagnant es dans nos numéros imprimés en 2025 et 2026! Pour plus d’informations, rendez-vous sur

Mommy cool

Dans l’argot d’Internet, mother (employé sans article) est un terme affectueux, issu de la scène LGBTQ+ noire et latino, qui fait référence à une femme considérée comme emblématique ou inspirante. C’est exactement le genre de femme pour laquelle Million Gold for Her Pure Jasmine, de RABANNE , a été conçu. Ce parfum, qui sera lancé en série limitée pour la fête des Mères, rend hommage aux femmes qui ont confiance en elles, sans compromis, partout dans le monde. Le nouveau jus amplifie l’essence florale audacieuse de l’original, Million Gold for Her , mis sur le marché l’an dernier, et y mêle un jasmin doux, sensuel ainsi qu’un ylang-ylang captivant. L’élixir qui en résulte est à la fois audacieux et intensément féminin, ce qui en fait le cadeau parfait pour gâter les reines de votre vie.

EAU DE PARFUM MILLION GOLD FOR HER PURE JASMINE, DE RABANNE (170 $ LES 50 ML, PHARMAPRIX.CA) KATHERINE LALANCETTE

Message d’absence

Tout le monde a besoin d’un break. C’est le message véhiculé par KNIX dans sa nouvelle campagne publicitaire, Out of Office. Pour présenter sa collection estivale de maillots de bain tendance, taillés dans un nouveau tissu sculptant ultraflatteur, cette marque canadienne a fait appel à quatre têtes entrepreneuriales. On reconnaît la créatrice métisse Natalie Dusome, derrière la griffe de sacs et d’accessoires Poppy & Peonies, située en Ontario, de même que les fondatrices beauté Babba Rivera (Ceremonia), Deepica Mutyala (Live Tinted) et Katie Sturino (MegaBabe). «Cette campagne représente bien plus que de simples maillots de bain: c’est une célébration des femmes qui affichent une force indéniable», dit Joanna Griffiths, fondatrice et présidente de Knix. La collection inclut un maillot une-pièce asymétrique, des culottes de bikini échancrées et quelques modèles dotés de la technologie antifuite intégrée chère à la marque, et déclinés en plusieurs couleurs, notamment une nuance espresso au haut potentiel de séduction. Ça donne envie de prendre une pause bien méritée (au bord d’une piscine, de préférence)!

KNIX.CA MAROUCHKA FRANJULIEN

POUDRIER ENSOLEILLÉ

On s’imagine être en vacances dans un endroit à faire rêver, vêtue d’un fabuleux ensemble… disons un caftan coloré, sur la Côte d’Azur. Le soleil, bas sur l’horizon, baigne la scène d’une lumière chaude et mielleuse. C’est l’inspiration de la dernière collection de maquillage de CHANEL BEAUTÉ , avec des rouges à lèvres lumineux dans les tons de rose fauve et de rouge brique, et une palette pour les yeux rappelant les teintes roses et orangées d’un ciel qui s’éteint doucement. La star de la gamme est la poudre Les Beiges Healthy Golden Glow, un duo de teint qui capte ces instants de magie dorés, juste avant le crépuscule. La formule légère, offerte en deux harmonies de couleurs (rose satiné et or rose, ou orange feutré et bronze cuivré), est rehaussée de particules nacrées, qui donnent à la peau un aspect doucement ensoleillé et éclatant. Les vacances dans un poudrier!

POUDRE LES BEIGES HEALTHY GOLDEN GLOW (SOLEIL COUCHANT, DE

EXPRESSIONS CRÉATIVES

Dans sa campagne Créateurs & Co., la marque québécoise RW&CO. a donné carte blanche à six têtes créatives canadiennes pour bâtir une garde-robe d’essentiels chics et pratiques (pensez trench, chemise en denim ou jean à jambes ballon). Ces experts, qui proviennent des domaines de la mode, du design, de la gastronomie ou de la finance, ont pioché dans la collection printanière de RW&CO. pour en ressortir leurs pièces de prédilection, celles qui étaient adaptées à leur quotidien actif. Parmi ces gardiens du bon goût, on trouve les sœurs Romy et Myriam Belzile-Maguire (au volant de la griffe Maguire), Julia Johnson (fondatrice de la boutique Le Centerpiece, qui propose des meubles et des objets vintage triés sur le volet), le chef Francis Blais (propriétaire du traiteur montréalais Menu Extra), le créateur de contenu financier Nathan Kennedy (alias @natenewmoney) et le styliste Matthew Chow, qui habite à Toronto. On fait confiance à ces personnalités les yeux fermés pour magasiner un vestiaire parfaitement léché et dans l’air du temps.

RW-CO.COM M. F.

COS x 2

Pour faire le plein de tenues printanières élégantes, intemporelles et contemporaines, on se dirige vers la toute nouvelle boutique COS , dans le grand et luxueux complexe Royalmount, à Montréal. C’est la deuxième boutique de cette marque londonienne bien-aimée au Québec (l’autre est au centreville de Montréal). Ce nouvel espace offre exclusivement des vêtements pour femmes, toujours caractérisés par un design moderne et des silhouettes uniques! COS.COM J. F.

Été durable

En 2023, la Montréalaise Katie Green et la Torontoise Kristen King, deux anciennes collègues devenues amies, lançaient la griffe québécoise &OR COLLECTIVE

Leur objectif: faire d’une pierre deux coups. D’une part, offrir des vêtements doux et confortables, au sortir d’une pandémie qui nous avait vues en mou plus souvent qu’autrement; d’autre part, miser sur une qualité durable et intemporelle, qui aurait le moins de répercussions possible sur l’environnement. Deux ans plus tard, &OR Collective, maintenant accessible en ligne et chez Holt Renfrew, poursuit sa mission avec sa nouvelle collection printemps-été 2025, composée de quatre pièces (une jupe, un débardeur, un haut et un bas de maillot) et déclinée en quatre couleurs: bleu pervenche, chocolat noir et chocolat blanc. Chacune de ces pièces est conçue en grande partie à partir de viscose issue de source responsable et mise sur la méthode de confection signature de la marque, soit une technologie de tricotage zéro déchet ou presque (moins de 1 %). Le résultat donne une garderobe minimaliste et modulaire au charme solaire.

Ça fait pop!

Cet été, on se tourne vers VEUVE CLICQUOT — et ses 250 ans d’excellence en vinification — pour célébrer avec style… et fraîcheur! Avec RICH ET RICH ROSÉ , des champagnes de cette maison emblématique conçus pour être dégustés sur glace, on profite de la belle saison d’une luxueuse façon. Facile à boire sur une terrasse panoramique ou une plage animée, la cuvée RICH présente des notes de fruits exotiques (ananas, mangue et mirabelle) et des notes rafraîchissantes de citronnelle et de menthe poivrée; la cuvée RICH Rosé est un délicat mélange de fraises, de framboises et de groseilles, auxquelles s’ajoutent les arômes frais associées à RICH. Chaque gorgée de ces champagnes doux (qui seront en vente à la SAQ juste à temps pour la saison chaude) est comme un petit rayon de soleil qui illumine notre été. Santé! VEUVECLICQUOT.COM J. F.

NOUS, LE NORD

Il est désormais plus facile que jamais d’acheter des cosmétiques canadiens grâce à NORTH FINDER , un nouveau moteur de recherche pour les marques de beauté d’ici, qui a été lancé par Omy Laboratoires, une ligne québécoise de soins pour la peau. Cette plateforme innovante met en lumière des héros locaux tels que Cheekbone Beauty, Three Ships, NUDA, Sansfaçon et Wonderblush. On peut trier les produits par catégorie, par besoin ou par caractéristique (végétalien, sans parfum, hypoallergénique) et trouver ce qui nous convient le mieux en quelques secondes. «North Finder vise à inciter les consommatrices à choisir des produits locaux et à célébrer l’expertise, la diversité et la richesse de l’industrie de la beauté au Canada», a déclaré Andrea Gomez, cofondatrice et directrice générale d’Omy Laboratoires, dans un communiqué de presse. «C’est notre façon de dire: choisir la beauté canadienne, c’est se sentir bien, à l’intérieur comme à l’extérieur.»

NORTHFINDER.CA K. L.

ON S’ACTIVE AVEC SPORTS EXPERTS

Quand style et mouvement ne font qu’un!

Pour célébrer le lancement de nouvelles collections de vêtements athlétiques, notamment celles d’Under Armour et de la marque Evoke chez Sports Experts, ELLE Québec et ce détaillant québécois allié des passionnés de sport depuis 1967 ont convié 20 invités à passer une journée exclusive sous le signe du bien-être. Au programme: séance de sport, rafraîchissements, découverte des tendances et un moment wellness des plus bienfaisants.

UN CADRE D’EXCEPTION

C’est dans l’élégante Doxa House, nichée au cœur du VieuxPort de Montréal, que l’événement a eu lieu. À leur arrivée, les créatrices et les créateurs de contenu, habillés de vêtements Under Armour aux teintes pastel, ont été accueillis dans cet

espace grandiose avant de s’installer sur leurs tapis pour participer à une séance de sport immersive et inspirante.

BOUGER SOUS UNE FRESQUE MAJESTUEUSE

Le cours de Fitness Fusion, animé par le dynamique et passionné Miguel Perreault, a insufflé une énergie contagieuse. Au son d’une musique entraînante et sous la splendide fresque ornant le plafond du lieu, les invités ont enchaîné les mouvements avec intensité et fluidité. Cette parenthèse sportive s’est déroulée dans un cadre à la fois apaisant et exaltant, devant un feu de foyer.

UN MOMENT DE BIEN-ÊTRE ABSOLU

Après l’effort, place à la récupération! Direction l’espace bien-être du sous-sol, où un hammam, un sauna et une salle de sport équipée de poids, d’haltères et d’accessoires de massage signés Evoke attendaient les convives. C’est dans une ambiance chaleureuse, animée par les conversations et les éclats de rire, que ceux-ci ont pu siroter un smoothie rafraîchissant signé Shaka Club et savourer pleinement cette période de détente.

Un événement où l’alliance entre mode et bien-être a pris tout son sens et prouvé une fois de plus que le sport est bien plus qu’une simple activité, c’est un véritable art de vivre.

CATHERINE PAQUIN ET STEVENS DORCELUS

BLOUSE D’ÉTÉ

Cette saison, les chemisiers amples et fluides nous font rêver.

Texte RENÉE REARDIN Adaptation ELISABETH MASSICOLLI

RÉCEMMENT, J’AI ACHETÉ DEUX PIÈCES que je n’avais pas achetées depuis des années: des blouses fluides, amples, féminines et à froufrous. Ce sont des trouvailles vintage Chloé que j’ai dénichées sur The RealReal, après être tombée sous le charme des blouses vaporeuses du premier défilé de Chemena Kamali, directrice de création de cette marque. La critique a chaudement salué ses collections automne-hiver 2024-2025 et printemps-été 2025, qui ont redonné à la tendance boho-chic ses lettres de noblesse. «La blouse peut être portée de façon plus formelle, ou encore de façon ludique et romantique, a dit Chemena Kamali au New York Times. Cette pièce reflète les choses qui font de nous ce que nous sommes en tant que femmes.» Elle chérit tellement ce vêtement autrefois perçu comme démodé que, depuis 25 ans, elle traque les blouses de créateurs: celles en dentelle, les victoriennes, à épaules larges, colorées, et elle achète toutes celles qui l’inspirent. Sa collection compte aujourd’hui… plus de 1500 articles! Lors de la création de sa dernière collection pour Chloé, elle a déclaré avoir traité les blouses «non pas comme une seule partie d’un look, mais comme l’élément principal».

KHAITE
CHLOÉ
ALAÏA
FINI LE T-SHIRT EN COTON ASSOCIÉ À DES VÊTEMENTS DÉCONTRACTÉS OU ÉLÉGANTS — ON L’A VU ET REVU. LA BLOUSE VAPOREUSE S’AVÈRE UNE VERSION PLUS CHIC ET PLUS INTÉRESSANTE.

Pour le printemps-été 2025, elle a présenté des blouses dans toute leur gloire romantique conçues dans de la dentelle et de la soie transparente, avec des volants et les a assorties à de discrets pantalons évasés. Ses chemisiers sont éthérés tout en étant faciles à porter. «Une blouse est tellement plus facile à porter qu’une robe, dit-elle. Et elle est tout aussi élégante!»

D’autres créateurs ont également mis en valeur la blouse cette saison. On l’a vue accentuée par des manches Dolman froncées chez Alaïa, drapée chez Carven, fleurie chez Chanel, ample chez Dries Van Noten, volumineuse chez Khaite, ornée d’un nœud de chatte chez Prada et coupée au nombril chez Saint Laurent. Une panoplie de silhouettes stylisées et inattendues, agencées de manière surprenante, qui ont réussi à remettre cette pièce au goût du jour.

La styliste montréalaise Amanda Lee Shirreffs établit un parallèle entre le retour de la blouse et le climat politique actuel. «Pour moi, c’est le reflet du début des années 1970 et de la reprise du pouvoir par les femmes», dit-elle. À l’époque, les blouses amples étaient populaires. Non contraignantes, elles symbolisaient le rejet des rôles traditionnels des hommes et des femmes, et l’adoption de formes d’expression personnelles. Mais cette pièce était prisée des féministes bien avant que les hippies l’adoptent! D’abord portée comme sous-vêtement masculin au 19e siècle, elle s’est féminisée au 20e siècle et est devenue un élément essentiel de la garde-robe des suffragettes, des employées de bureau et même des membres de la famille royale. Une blouse sans chichis sur une jupe unie est vite devenue une tenue de choix, qui permettait de s’habiller de façon plus confortable et plus pratique que d’un corsage serré et d’une jupe à tournure.

Les chemisiers fluides ont perdu de leur popularité au cours des années 1920, lorsque les robes à taille tombante sont devenues à la mode. Ils ont fait un retour dans les années 1940, quand des actrices comme Lauren Bacall les ont mis à l’honneur dans des tenues mariant une blouse soyeuse, décolletée et cintrée à un pantalon taille haute ajustée. Dans les années 1960 et 1970, les blouses en soie surdimensionnées sont devenues la norme grâce à des icônes de la mode comme Lauren Hutton, qui les associait à des jupes au genou (amples ou étroites), tout comme les blouses paysannes fluides et les

blouses à manches bouffantes de Joni Mitchell, qui les portait avec des minijupes et des pantalons évasés. Au tournant des années 1980, ce vêtement est devenu une pièce de choix pour les femmes d’affaires. Puis, vers 1990, les chemisiers ont adopté des silhouettes minimalistes et la nouvelle tendance des manches trois-quarts; et les années 2000 ont vu naître des chemisiers fluides d’inspiration bohémienne, notamment ceux particulièrement prisés de Rachel Zoe. Depuis, les blouses ont été un peu reléguées au second plan, considérées comme trop guindées pour les tendances athlétiques décontractées des années 2010 et trop compliquées pour les formes minimalistes préférées du début des années 2020.

Mais aujourd’hui, cette pièce renaît de ses cendres! Fini le t-shirt en coton associé à des vêtements décontractés ou élégants on l’a vu et revu. La blouse vaporeuse s’avère une version plus chic et plus intéressante. «Elle ajoute de la variété à un look, déclare Amanda Les Shirreffs. Elle peut se transformer en fonction du vêtement avec lequel on l’agence. De plus, grâce à sa forme volumineuse, elle peut être aussi confortable qu’un t-shirt et encore plus pendant les mois chauds et humides de l’été, lorsqu’on veut que rien ne vienne effleurer notre peau collante.»

Amanda Lee Shirreffs utilise les chemisiers fluides de deux façons: durant la journée, elle porte les vieilles blouses en soie de sa mère, qui datent des années 1970, avec un jean surdimensionné et des talons, une tenue qui donne un look bohème classique, inspiré de Chloé et de Saint Laurent. «C’est facile et confortable à porter», dit-elle. Le soir, elle sort l’un de ses blazers vintage des années 1980 et l’enfile sur une blouse pour donner une touche de féminité à ce look autrement assez masculin. Le look quotidien de Chemena Kamali, quant à lui, se compose d’une blouse Chloé ou vintage associée à un jean taille haute, des baskets et un assortiment de colliers. Avec ses cheveux à la Cher, son look est un mélange entre le chic français et le lâcher-prise californien ce qui fait très Chloé. Évidemment, il n’y a pas qu’une seule façon de porter les blouses, et les designers ont certainement prouvé que ce vêtement n’entre pas uniquement dans la catégorie boho. Au contraire, les blouses fleurissent sous toutes leurs formes cette saison: fantaisiste, artistique, féminine, studieuse, sexy! Comme l’a dit Chemena Kamali, elles s’adaptent aisément à l’identité de la personne qui les porte. Qui souhaitez-vous devenir cet été?

Femmes en tête

AN VERHULST-SANTOS est la première femme à occuper le poste de PDG de L’Oréal Canada. Elle revient sur son parcours avant-gardiste et souligne l’importance de la présence des femmes aux tables de décision.

LA CARRIÈRE D’AN VERHULST-SANTOS A DÉBUTÉ IL Y A 34 ANS en Belgique, son pays natal. Diplômée de l’université, elle rejoint alors la Division Produits professionnels de L’Oréal. Après un passage à Paris pour superviser les produits professionnels en Europe, elle gravit les échelons et occupe des postes clés au Brésil, puis aux États-Unis. Ces expériences, qu’elle qualifie de «cruciales», lui ont appris à s’adapter. En 2021, elle devient la première femme nommée PDG de L’Oréal Canada, une responsabilité qu’elle considère comme un véritable privilège. À ses yeux, la mission de L’Oréal va bien au-delà de la vente de produits de beauté. Par sa campagne Sense of Purpose, l’entreprise s’engage activement dans le bien-être des individus et de la planète. Nous avons échangé avec cette dirigeante sur son parcours et son rôle en tant qu’actrice du changement.

Quels ont été les plus grands défis de votre carrière? J’ai quitté ma zone de confort à de nombreuses reprises. Le changement est une formidable occasion d’apprendre, d’évoluer et d’élargir ses perspectives, mais aussi de partager sa vision. Il m’est arrivé de douter de mes capacités. Pourtant, ces moments m’ont poussée à m’investir encore plus dans mon travail. Apprendre à surmonter le doute et à accepter la vulnérabilité a été essentiel. En fin de compte, ces défis ont forgé la dirigeante que je suis aujourd’hui en m’enseignant l’importance de la persévérance, de l’empathie et des réseaux de soutien solides.

Selon vous, quelles qualités les femmes apportent-elles au leadership? Les femmes enrichissent le leadership par la diversité de leurs perspectives et de leurs compétences. Qu’il s’agisse d’une approche plus collaborative, de solides aptitudes en communication ou d’une grande capacité d’écoute, elles excellent souvent dans la création d’équipes soudées et inclusives. Ces qualités ne leur sont pas exclusives, mais elles restent sousreprésentées aux postes de direction.

Pensez-vous que les femmes font face à plus d’obstacles lorsqu’elles aspirent à des postes de haut niveau? Une statistique souvent citée illustre bien l’inégalité entre les hommes et les femmes dans le processus de candidature. Les femmes postulent

généralement à un emploi lorsqu’elles remplissent 100 % des critères, tandis que les hommes le font dès qu’ils en remplissent 60 %. J’espère que ça va changer. Mon meilleur conseil est simple: ne vous imposez pas de limites. Osez! Misez sur vos forces, croyez en vous et faites entendre votre voix. Saisissez les occasions sans vous laisser freiner par les barrières que la société ou vous-même pouvez ériger. En encourageant les femmes à sortir de leur zone de confort et à exploiter pleinement leur potentiel, nous contribuerons à bâtir un monde du travail plus diversifié.

Comment envisagez-vous l’avenir des femmes chez L’Oréal?

Chez L’Oréal Canada, nous sommes engagés pour l’égalité et nous voulons offrir un environnement où chaque femme peut s’épanouir et atteindre son plein potentiel. Aujourd’hui, 63 % de nos employés et de nos cadres sont des femmes. Mais notre engagement va au-delà des chiffres. Des initiatives comme notre partenariat avec l’Effet A [A pour Ambition] ou notre programme Share & Care, qui inclut un soutien en santé mentale et des modalités de travail flexibles, contribuent au bien-être et à l’avancement professionnel des femmes. Nous encourageons également le dialogue par nos 10 groupes de ressources dirigés par des employés, notamment Leadership au Féminin et Générations, qui offrent des espaces d’échange et des ressources, comme le programme Menopause in the Workplace. Notre engagement dépasse aussi les frontières de l’entreprise. Avec le programme L’Oréal-UNESCO Pour les femmes et la science, nous soutenons les chercheuses en sciences de l’environnement et en technologie (STIM) pour donner aux prochaines générations les moyens d’agir. Nos marques s’impliquent également dans des initiatives en faveur des femmes. Par exemple, Aimer sans abuser, d’YSL Beauté, lutte contre les violences conjugales, tandis que Stand Up contre le harcèlement de rue, de L’Oréal Paris, sensibilise et forme les gens à la lutte contre le harcèlement de rue. Nous ne nous contentons pas de bâtir une entreprise où les femmes peuvent réussir; nous œuvrons activement à façonner un avenir où elles pourront diriger et inspirer.

AVEC SOIN

On fait des achats plus durables en recherchant des pièces tendance dans les magasins vintage et les boutiques de seconde main, en privilégiant les marques locales qui utilisent des tissus recyclés ou des retailles, et en optant pour des entreprises qui ont à cœur l’environnement et la communauté.

SPORTY SPICE

Des éléments techniques s’allient à un style rétro pour donner un look athlétique au goût du jour.

NÉOROMANTIQUE

Les looks éthérés des adeptes du boho continuent d’évoluer, avec l’ajout d’une touche de cuir par-ci, d’une maille coquine par-là.

WILLY CHAVARRIA

L’AMÉRIQUE de Willy Chavarria

WILLY CHAVARRIA EST UN FILS D’IMMIGRÉ, queer de surcroît, et fier de l’être. Au pays de Donald Trump, il symbolise tout ce que le président et son entourage abhorrent. Né dans une famille d’ouvriers agricoles, d’un père mexicano-américain et d’une mère irlando-américaine, il représente pourtant le mieux l’Amérique, ou ce qu’elle devrait être du moins, belle dans sa diversité aux couleurs de l’arc-en-ciel. Une image à mille lieues de celle que projette actuellement la Maison-Blanche, rouge de colère, qui brime les différences avec la hargne de ceux qui écrasent sans chercher à comprendre.

À travers l’identité de sa marque, le créateur semble vouloir personnifier ce «We the People» («Nous, le peuple»), ces trois premiers mots de la Constitution des États-Unis, lourds d’importance, qui sont souvent bafoués au profit des plus forts. D’ailleurs, Willy Chavarria avait posé le texte fondateur sur chacun des sièges de son défilé printemps-été 2025. Celui-ci a eu lieu en septembre dernier, à quelques semaines d’une élection présidentielle décisive. Peut-être le geste était-il une façon de rappeler aux invités que la démocratie est un concept fragile, qui tient sur quelques feuilles et qu’il incombe à tout un chacun de préserver?

Chez le designer, la politique — ou la résistance, plutôt — n’est jamais très loin. Il a grandi en connaissant, et en respectant, la valeur des syndicats qui vont au front et des immigrés qui incarnent l’essence même de l’esprit américain. Durant son enfance sous le soleil californien, dans la petite ville agricole de Huron, dans le comté de Fresno, il a pu constater toute la force et l’importance de ceux qui «travaillent dans les champs, mettent de la nourriture sur nos tables, construisent nos villes,

Depuis le lancement de sa marque éponyme en 2015, le designer mexicano-américain

WILLY CHAVARRIA s’impose par ses collections engagées et une mode humaniste, profondément inclusive, qui rend hommage à ses racines.

créent nos musiques et intègrent des histoires dans le tissu de ce pays», comme le rappelaient les notes de son défilé printemps-été 2025.

Cette communauté d’immigrés l’a d’ailleurs toujours inspiré. Enfant, Willy Chavarria aimait dessiner, mettre de la vie sur papier. Les pantalons Dickies que les hommes portaient pour travailler dans les champs le fascinaient, tout comme les voilettes noires qui sublimaient les femmes le dimanche à l’église. L’envie de s’impliquer dans le monde de la mode lui est cependant venue assez tard, au début de la vingtaine, lorsqu’il étudiait en design graphique à San Francisco, tout en bossant à mi-temps au service d’expédition de la marque canadienne Joe Boxer. Le soir, il restait dans les bureaux pour dessiner, en espérant attirer l’attention de l’équipe créative. Sa persévérance a porté ses fruits. Il a gravi les échelons sous la tutelle du fondateur, Nick Graham, avant de s’envoler chez Ralph Lauren, puis chez American Eagle Outfitters.

En 2010, son mari et lui ont ouvert à New York une boutique qui proposait des pièces vintage, du mobilier et une première collection maison de vêtements et d’accessoires. Cinq ans plus tard, Willy Chavarria a décidé de faire le saut en lançant sa marque éponyme. Un pari gagnant, car il a raflé le prix du designer américain de prêt-à-porter masculin de l’année, que lui a décerné le Conseil des créateurs de mode américains (CFDA), en 2023 et en 2024. Le succès du créateur est l’incarnation même de l’American Dream, ce rêve américain qui fait marcher Hollywood, et son avenir semble ouvert à toutes les possibilités. Se voit-il un jour aux commandes d’une grande maison de couture, lui qui a été vice-président principal du design

chez Calvin Klein de 2021 à 2024? «Il y a sept maisons où je me vois, mais je préfère ne pas les nommer. Toutefois, je prévois soutenir la croissance de ma marque de manière exponentielle, peu importe où je pourrais travailler.» On n’en saura pas plus, mais on est sûres d’une chose: Willy Chavarria marquera les esprits, quel que soit l’endroit où il pourrait un jour se trouver. Mais revenons au défilé printemps-été 2025, baptisé «América», qui a eu lieu dans une ancienne banque, au cœur du quartier de la finance mondiale, à New York. Un immense drapeau américain toisait les invités. La collection empruntait ses codes au workwear, au bleu de travail qui habille la classe ouvrière. Les blousons en toile rappelaient ceux de Carhartt et de Dickies, avec une tangente mode, évidemment. Dans ces tenues qui faisaient la part belle aux chemises utilitaires, aux cols pointus typiques du style pachuco, aux pantalons à pinces et aux cravates rentrées dans la ceinture, il y avait une familiarité rafraîchissante, une certaine noblesse aussi. Le monde du luxe a tendance à être élitiste, mais Willy Chavarria préfère célébrer ses origines modestes et ceux qui font, de près ou de loin, partie de son histoire. «Le snobisme, l’élitisme, c’est une approche rabâchée de la mode; ça n’a aucune valeur réelle. On vit à une époque où on veut que ce qu’on possède […] soit connecté à quelque chose qui a du cœur.»

Du cœur, Willy Chavarria en a à revendre. L’inclusion dont il fait preuve colore toutes les facettes de son univers. Sur les passerelles, les mannequins — des muses, comme Paloma Elsesser, des amis de longue date, des activistes ou encore des jeunes «castés» dans la rue — expriment une diversité de genre, une diversité sexuelle, culturelle et ethnique. C’est d’une évidence naturelle pour le designer, mais c’est loin d’être banal.

Certes, on trouve ses vêtements aux comptoirs pour hommes de SSENSE et de Dover Street Market, mais Willy Chavarria crée ses collections sans avoir un genre particulier en tête. C’est la coupe qui prime et la façon dont le vêtement tombe. Son défilé automne-hiver 2025, son premier à la semaine de la mode de Paris, en janvier dernier, mettait en valeur autant des robes du soir et des jupes crayons que des complets en velours inspirés du zoot suit, un clin d’œil à l’uniforme que les Pachucos et les musiciens de jazz ont adopté dans l’Amérique des années 1930-1940 comme symbole des tensions raciales de cette époque, et qui subsistent aujourd’hui. «On vit à une époque où l’art, la musique, la mode et les médias ont une occasion en or de faire valoir les récits qui plaident contre la haine et l’oppression, dit Willy Chavarria. Je pense que toute industrie, y compris celle de la mode, est politique, qu’elle le veuille ou non. […] C’est à nous de définir les idéaux qu’on véhicule.»

À la fin de son défilé automne-hiver 2025, qui a eu lieu quelques jours après l’investiture de Donald Trump, le créateur a salué la foule en portant un t-shirt sur lequel on pouvait lire un message fort: «How we love is who we are» («La façon dont nous aimons est ce que nous sommes»). On pouvait entendre le discours de l’évêque Mariann Edgar Budde (qui a défié Trump lors d'une messe en marge de la cérémonie présidentielle, invitant le président à faire preuve de compassion envers les communautés immigrantes et LGBTQ+) résonner dans la salle. Alors que les divisions grondent, que le sort de millions d’immigrés reste incertain, que la vérité et la bienveillance reculent devant un discours populiste et haineux, il est crucial que des voix s’élèvent. Celle de Willy Chavarria se fait entendre haut et fort. Le designer résiste à sa façon, en mettant tout son cœur à l’ouvrage. WILLYCHAVARRIA.COM

WILLY CHAVARRIA, PRINTEMPS-ÉTÉ 2025
WILLY CHAVARRIA, PRINTEMPS-ÉTÉ 2025
WILLY CHAVARRIA, AUTOMNE-HIVER 2025

NOÉMIAH

La créatrice québécoise

NOÉMIE VAILLANCOURT tisse de superbes parallèles entre la mode et la poésie.

CHAQUE MATIN, NOÉMIE VAILLANCOURT SE RÉVEILLE À 5 H et écrit dans un journal jusqu’à ce que le soleil se lève. Ensuite, elle descend dans son atelier et commence à coudre, en s’arrêtant pour accueillir quelques futures mariées au moment des essayages. «J’aime appeler mon studio ma “maison de couture dans les arbres”», dit-elle à propos de sa demeure idyllique, située au milieu de la forêt laurentienne. Sa relation avec la nature teinte sa création, le processus intime avec ses clientes, qui se préparent avec la designer à un grand moment de bonheur. Noémie et son conjoint ont décidé de s’installer de façon permanente dans leur chalet pendant la pandémie et ont fait appel au cabinet d’architectes Mainstudio pour la construction d’une rallonge de leur studio. «Même si ça a peu de sens sur papier, il est tout à fait possible d’avoir une entreprise en plein cœur de la forêt», dit-elle à propos de ce déménagement, qui a eu des répercussions considérables sur son travail. Elle reconnaît également que la designer montréalaise Valérie Dumaine, décédée d’un cancer au début de l’année, a été un mentor important dans son parcours, sur son chemin jusqu’à cet atelier de rêve. «Elle a été ma fée marraine, dit la créatrice. Elle m’a guidée, aidée à plusieurs moments clés.»

La créatrice, qui a étudié la littérature française avant de lancer le label Noémiah en 2008, continue d’imprégner ses créations de cette influence, et décrit sa marque comme étant à «l’intersection entre la poésie et la mode». Au cœur de la collection, qui va des élégants manteaux en crêpe de laine aux robes fluides aux couleurs bonbons se trouve sa fameuse ligne nuptiale, Cher Amour, un hommage aux lettres d’amour de ses arrière-grands-parents. Au départ, Noémie hésitait à se lancer sur le marché du mariage, en raison de la longévité limitée d’une robe de mariée. «Ça n’a pas de sens que cette magnifique pièce que je passe tant de temps à coudre ne soit portée qu’une seule fois!»

mais elles peuvent aussi être reportées! Les mariées peuvent acheter à très faible coût une trousse de teinture naturelle faite à partir de fleurs locales afin de transformer leur pièce spéciale, à la maison, pour d’autres occasions.

EN DOUCEUR

Mais lorsqu’elle s’est elle-même fiancée, la création d’une collection de robes de mariée lui est apparue comme une évidence. La magie de ses robes sur mesure met en valeur la beauté raffinée de l’organza de soie, qu’elle drape habilement pour jouer avec des couches douces et transparentes et des silhouettes aériennes. Ses robes sont non seulement intemporelles…

«Il est difficile de dire pourquoi on aime les choses que l’on aime. J’écris de la poésie, donc je pense qu’il est naturel pour moi d’être attirée par l’organza, plus que par n’importe quelle autre matière. Il capte magnifiquement la lumière. D’un point de vue technique, on dit qu’il est difficile à coudre, mais moi, j’adore le travailler. C’est aussi une fibre naturelle, donc je ne me sens pas coupable de l’utiliser. C’est le tissu le plus romantique que l’on puisse trouver.»

UN NOUVEAU CHAPITRE

«L’industrie du mariage possède son propre langage, ses traditions, qui ont une longue histoire. Je pense qu’aujourd’hui, nous en sommes à la réinventer. Je veille à ce que mes robes puissent être portées jusqu’à la taille 4X. Le but est d’accompagner la mariée dans tout le processus, du choix de la robe à son suprarecyclage.»

LA BONNE PERSONNE

«Le processus de confection sur mesure, dans la forêt, est très spécial et intime. Je me sens près de mes clientes. J’aime avoir une conversation avec elles, car chaque rencontre est unique. Mes pièces possèdent un style qui leur est propre, celui de Noémiah, mais les futures mariées ont chacune leur personnalité, qui change la manière dont les vêtements sont portés. Lorsqu’elles enfilent enfin leur robe, c’est le coup de foudre!»

L’ÉCLOSION D’UNE STAR

Le visage de JEREMYAH MOGNI vous est familier? Rien de plus normal, car cet autodidacte aux multiples talents crève le petit écran, et on peut le voir dans plusieurs téléséries depuis quelques années déjà. Tour d’horizon de la vie d’un jeune homme qui compte ne jamais baisser les bras.

PHOTO: VERONIQUE TSHIYOYO

rendezvous

«QUAND

JE ME PRÉSENTE EN TANT QUE JEREMYAH, C’EST

L’ARTISTE QUE JE METS DE L’AVANT. TU VEUX INSULTER JEREMYAH? ÇA ME PASSE ALORS PAR-DESSUS LA TÊTE. MAIS

JÉRÉMY, NON; PARCE QUE C’EST PRÉCIEUX POUR MOI.»

JEREMYAH MOGNI

AÎNÉ D’UNE FAMILLE MONOPARENTALE DE CINQ ENFANTS ayant grandi très modestement dans le département 93, près de Paris, le petit Jérémy (son prénom de naissance, qu’il transforme en Jeremyah pour dissocier l’homme de l’artiste) ne se destinait pas du tout à une carrière artistique. Sa mère pour qui il a un respect et une admiration sans bornes a émigré d’Afrique dans le but d’offrir un avenir meilleur à sa progéniture. Voulant lui rendre la pareille, l’adolescent se met en tête de devenir un sportif professionnel émérite afin de sortir sa famille des conditions précaires dans lesquelles elle vit. Jusqu’au jour où sa mère lui offre un cadeau qui changera à jamais le cours son existence.

Elle entre dans la chambre de Jérémy et lui dit: «Tiens, c’est pour toi.» Elle lui avait acheté l’album 8701, d’Usher, et le DVD du film Blade, mettant en vedette Wesley Snipes. «J’ai d’abord inséré le disque d’Usher dans mon Walkman et c’est à ce moment précis que mon côté artistique a éclos», se souvient Jeremyah, visiblement ému. Puis, il ressent un deuxième coup de cœur instantané lorsqu’il visionne Blade. «Je vois Wesley Snipes, ce magnifique Black, qui offre toute une performance d’acteur, et j’en deviens presque obsédé. Je l’aimais tellement que j’inscrivais Jérémy Mogni Snipes sur mes copies de contrôle à l’école. Sans m’en rendre compte à l’époque, mon besoin d’être représenté dans les arts a commencé là.»

Parallèlement à son désir grandissant d’être un artiste, Jérémy joue au football américain en France. Il y excelle au point où il reçoit une invitation pour venir tenter sa chance au Québec. Plus précisément à Thetford Mines. Il quitte alors son pays («et [s]a maman, comme un grand garçon») alors qu’il n’a que 18 ans. Il dit que cette expérience a été l’une des plus significatives et transformatrices de sa vie. C’est une vilaine blessure au genou qui viendra cependant mettre fin à la carrière pourtant très prometteuse de cet athlète.

Puis, il se met à apprendre avidement et à vouloir maîtriser tout ce qui l’intéresse, de façon autodidacte. «Si je voyais Jackie Chan exécuter un backflip, je voulais apprendre à le faire. J’allais sur YouTube, et hop, je savais comment réussir un backflip. Même chose pour la danse: j’ai appris à danser en regardant Les Twins, Chris Brown et Usher sur YouTube. Quand je me fixe un but, je vais tout donner pour y arriver.»

Oui, oui, vous avez bien lu: c’est en pratiquant devant son miroir pendant des heures incalculables que ce Québécois d’adoption acquiert de l’expérience, auditionne pour Danse! (Illico+) et décroche le rôle principal de cette série! En le voyant se mouvoir à l’écran, on a de la difficulté à imaginer qu’il n’a été coaché que quelques mois avant le tournage. «Dans ma tête, la phrase: “C’est impossible” n’existe pas. Si tu travailles vraiment fort, tout est possible.»

Et c’est assurément parce qu’il ne se met aucune barrière qu’on a aussi pu admirer son talent d’acteur dans le film Chiennes de faïence, sorti le 10 avril dernier, et dans les séries Après le déluge (Crave), Dumas (ICI Télé) et Les armes (TVA). Dire qu’un avenir étincelant attend Jeremyah relève de l’euphémisme. Et il ne volera rien à personne, étant donné qu’il aura lui-même tracé la voie à suivre.

MUSIQUE

Les yeux du cœur

À l’image de Taylor Swift, une artiste qu’elle admire depuis longtemps, STÉPHANIE BOULAY n’est jamais aussi motivée à créer que lorsqu’elle vit une rupture amoureuse. On pourrait même dire que, chez elle, séparation rime avec inspiration. «Mes relations semblent toujours avoir une durée de deux à quatre ans, ce qui ressemble pas mal au cycle de vie d’un album», admet l’autrice-compositrice-interprète en parlant de la genèse de son plus récent album solo, Est-ce que quelqu’un me voit? L’opus est donc né de la mort d’une relation, mais il aborde aussi d’autres deuils, notamment celui de ne pas être mère (J’aurai pas d’enfant), et il parle également de naissances, comme celle d’un nouvel amour. «J’ai un chum qui m’aime, que j’aime et que même ma mère aime! Je ne suis pas encore à la fin du cycle; alors, je croise les doigts!», lance-t-elle en riant. La rupture amoureuse qu’elle a vécue coïncidait avec une réflexion amorcée avec sa sœur Mélanie, qui s’est conclue par le désir de prendre une pause un peu plus longue dans la carrière des Sœurs Boulay. «Au cours des 12 dernières années, j’ai beaucoup parlé au “nous” au sein du groupe. En regardant un documentaire sur John Lennon, je l’ai entendu dire que s’il écrivait autant à la première personne, c’est parce que c’était le sujet qu’il connaissait le mieux. Ça m’a motivée à m’exprimer à propos de moi, sans faire le moindre compromis.» Dans cette exploration intimiste, Stéphanie a emprunté plusieurs références à la culture populaire. En plus de son approche à la Taylor Swift et de l’inspiration qu’elle a puisée en John Lennon, elle avoue avoir disséminé des références à des chansons de Lana Del Rey et d’Olivia Rodrigo, sans oublier un clin d’œil assez évident à Ginette Reno dans la première chanson, Si l’essentiel c’est d’être aimé . Mais en marge des déchirements amoureux, Est-ce que quelqu’un me voit? est aussi une réflexion sur le désir de longue date d’exister dans le regard des autres, comme en témoignent les extraits des vidéos familiales qui émaillent la pièce-titre de l’album et sur lesquels on voit une très jeune Stéphanie. «En fouillant dans les archives familiales, j’ai réalisé à quel point je voulais performer devant la caméra de mon père, mais aussi à quel point mes parents ont tenté de calmer cet élan. J’ai donc appris à être gênée de demander de l’attention, tout en la désirant profondément, et c’est ce paradoxe que j’ai voulu exprimer. Quand j’entends des artistes dire qu’ils n’ont pas besoin des projecteurs, ça me fait bien rire. Les gens qui ne veulent pas d’attention vont travailler chez Costco ou dans un bureau; ils ne vont pas se mettre devant une caméra.»

PRISE DE CONSCIENCE

Suzanne est alcoolique et perd la garde de ses enfants à la suite d’un accident d’auto. Pour retrouver sa famille, elle doit suivre une thérapie dans un centre fermé de désintoxication. C’est dans cet endroit qu’elle fait la rencontre d’Alice et de Diane. Deux femmes brisées, avec qui elle devra non seulement affronter cette épreuve difficile, mais aussi tisser des liens solides pour relever un défi: participer ensemble au Rallye des dunes, dans le désert marocain. Un voyage qui ne se comptera pas en kilomètres parcourus, mais en dépassement de soi et en reconstruction personnelle. L’alcoolisme au féminin, sujet encore tabou et rarement abordé au cinéma, nous conduit ici à un drame justement dosé, ponctué de moments tantôt drôles, tantôt lumineux. DES JOURS MEILLEURS réunit, sous la direction d’Elsa Bennett et d’Hippolyte Dard, trois comédiennes françaises d’exception: Valérie Bonneton, Michèle Laroque et Sabrina Ouazani, pour un magnifique moment de solidarité et d’entraide.

CINÉMA

LIVRE

Le bonheur est (aussi) à Laval

Il était attendu, le grand retour de Rafaële Germain à la prose. Cette reine dans l’art de l’écriture singulière et aboutie est douée d’une répartie du tonnerre qui transparaît jusque dans ses dialogues bien tournés, sans doute parmi les plus forts de la littérature québécoise actuelle depuis le lancement de son premier roman en 2004, Soutien-gorge rose et veston noir , qui s’est vendu à près de 100 000 exemplaires. Les sourires, voire les fous rires, que la romancière suscite (pas étonnant qu’elle soit en demande pour écrire en humour pour la télévision) par son regard aiguisé, un brin cynique, frontal et sans gants blancs, sont présents cette fois encore chez l’héroïne, nommée Laurence, qui se trouve à la croisée des chemins et qui, contre toute attente, s’installe au bord de la rivière des Mille Îles, à Laval. Le genre d’aventure qu’elle n’aurait pas cru possible il y a quelques mois à peine… Après la rupture importante qu’elle vient de vivre avec le père de sa grande fille, elle joue le tout pour le tout en prenant une décision peu banale pour une fille habituée au Plateau-Mont-Royal. En tant que nouvelle Lavalloise, elle espère trouver l’ermite en elle, mais c’est tout un voisinage qui l’entourera. Pour le meilleur, plus que pour le pire, mais jamais sans montagnes russes.

ARTS VISUELS

LIBÉRER LE MOUVEMENT

Peu de femmes s’illustrent en art mécanique et cinétique de format monumental, mais Joëlle Morosoli fait figure de pionnière en la matière au Québec. Ses imposantes sculptures de bois et de métal ont été exposées partout dans le monde et elle compte plus d’une trentaine de réalisations d’art public intégrées à des bâtiments ou à des parcs. L’exposition OUVRIR UNE BRÈCHE, présentée à la Salle Alfred-Pellan, à Laval, entend célébrer son apport novateur, qui s’étend sur quatre décennies, en juxtaposant des œuvres inédites et certaines de ses pièces emblématiques. Pendant toute sa carrière, elle a abordé le mouvement comme si c’était un matériau, qu’elle morcelait, démultipliait, distendait. Dans ses installations immersives, elle cherche ainsi à déstabiliser notre appréhension du temps et de l’espace pour nous faire osciller entre un sentiment d’enveloppement et de libération.

DU 4 MAI AU 19 JUILLET, À LA SALLE ALFRED-PELLAN, À LA MAISON DES ARTS DE

THÉÂTRE

De la ferme à la scène

Il y a des œuvres qui font fleurir l’âme des privilégiés qui en sont témoins. C’est le cas de MICHELIN, le spectacle solo de Michel-Maxime Legault, qu’on a pu voir en septembre dernier. Ce spectacle entre si bien dans cette catégorie d’œuvres qu’il sera de nouveau présenté ce printemps, pour que plus de gens puissent faire connaissance avec la famille de Michel-Maxime, formée d’agriculteurs dont l’artiste brosse un portrait truculent et plein de tendresse, même s’il a eu des inclinations qui sont souvent opposées aux leurs et qui l’ont mené à la musique classique et au théâtre. «Ce n’est pas un règlement de comptes, c’est un acte d’amour. Si j’avais écrit cette pièce à 20 ans, elle aurait peut-être été plus acide; mais même si on est différents, on se respecte.» Le quadragénaire avait d’abord un doute sur l’intérêt que le public aurait pour son histoire personnelle de transfuge de classe, mais il s’est rapidement aperçu que le thème de la famille est universel, en particulier lorsque les choix que l’on fait divergent de ceux de nos parents. Michel-Maxime, qui a bien failli s’appeler Michelin (d’où le titre de la pièce) en l’honneur de sa mère, Micheline, proposera en outre, au 24 e festival du Jamais Lu, une suite à son spectacle, qui portera justement le prénom de sa maman. «Ma mère a travaillé dur toute sa vie. Je la revois avec son petit foulard attaché sur ses cheveux auburn... Je veux rendre hommage à toutes les femmes fortes, comme elle, qui ne sont pas assez célébrées.» Deux occasions plutôt qu’une d’être charmées jusqu’aux tréfonds du cœur.

DANSE

CONTRE VENTS ET MOULINS

Icône un brin clownesque d’une certaine forme de résistance, le personnage mythique de Don Quichotte ne fait pas que trucider des moulins à vent; il refuse de faire des compromis sur ses valeurs et ses idéaux. C’est d’ailleurs grâce à lui que la jeune Kitri, dans le ballet adapté du célèbre roman de Cervantès, pourra épouser celui qu’elle aime, plutôt que d’être livrée contre son gré au riche Camacho. La chorégraphe Marina Villanueva s’est inspirée du ballet Don Quixote, créé par le légendaire Marius Petipa, et de celui d’Alicia Alonso, prima ballerina assoluta, et fondatrice du Ballet national de Cuba, pour nous offrir sa propre version, que l’on pressent colorée, enflammée et festive, de cette fable d’insurrection chevaleresque et solidaire. Voilà qui ne saurait tomber plus à point. DON QUIXOTE, DU 29

BALADO

Sous analyse

Ceux et celles qui, comme moi, sont adeptes de balados qui préconisent l’analyse et la mise en contexte de phénomènes de société seront intéressés par le balado (ou «la» podcast, pour reprendre l’expression des coanimateurs) CAFÉ SNAKE, piloté par l’essayiste et poète Daphné B. (lauréate du Prix des libraires du Québec 2021 pour son essai Maquillée) et Mounir Kaddouri, créateur de la chaîne YouTube Maire de Laval. Chaque semaine, le duo nous offre un tour d’horizon documenté de l’actualité liée à la politique, aux médias ou à la culture pop, avec la rigueur, l’accessibilité et l’expérience terrain qui ont fait sa marque. « Café snake? C’est un balado qui est parti de notre relation!, me dit Daphné B. Mounir et moi nous intéressons aux médias de façon critique, mais aussi à la culture web. Maintenant, on forme un couple, mais à nos débuts, on prenait des cafés pour parler de tout ce qui nous intéressait.» Mounir ajoute en riant: «On “snakait”, comme on dit en anglais, en mode potinage et commentariat!» Daphné précise: «On utilise le mot “critique”, mais on est plus dans la réflexion, dans le besoin d’essayer de comprendre le monde à travers les médias, de réfléchir aux stratégies de communication, aux supports numériques qui sont utilisés, etc. On n’arrête pas de parler de la crise des médias, mais en fait, on vit dans une ère médiatique marquée par énormément de transformations, et c’est un sujet qui nous passionne.» Mounir cite en exemple la couverture qu’ils ont faite de la rencontre ahurissante qui a eu lieu entre les présidents Trump et Zelensky récemment. Au lieu d’analyser le tout sous la loupe géopolitique, ils se sont attardés au format médiatique de cette rencontre, aux répercussions qu’elle a eues sur le web, aux memes qui en ont découlé et qui ont largement contribué à faire parler de l’incident. «On n’est pas étrangers au monde des médias traditionnels. Au contraire, on s’est même rencontrés grâce à Radio-Canada», dit Daphné. Nous sentons d’ailleurs tout le respect qu’ils ont pour les médias qu’ils fréquentent et qu’ils comprennent de l’intérieur. Café snake leur permet cependant de choisir les modalités de leurs prises de parole, de profiter du temps dont ils disposent pour partager leurs analyses, et d’établir lentement mais sûrement un cheminement intellectuel, au fil des épisodes, que le public peut suivre en toute complicité. Le tout est ponctué d’anecdotes, de partage d’algorithmes et d’une facture sonore bien à eux. Les écouter permet de compléter notre grille d’analyse pour mieux comprendre le monde d’aujourd’hui.

CAFÉ SNAKE EST OFFERT SUR LES PLATEFORMES D’ÉCOUTE EN CONTINU. UN ÉPISODE SUR DEUX EST RÉSERVÉ EXCLUSIVEMENT AUX ABONNÉS PATREON.

EUGÉNIE LÉPINE-BLONDEAU, CHRONIQUEUSE BALADOS

LIVRE

DES MOTS SUCRÉS

BIBITTE À SUCRE, le nouveau roman d’Élyse A. Héroux (l’autrice de Quatre clémentines éparpillées), donne une fois de plus dans ce que les Français appellent le genre feel good, qui a pris son essor aux États-Unis il y a plusieurs années déjà et qui prône le mieux-être et le réconfort par les histoires... Il faut dire que cette romancière estrienne excelle dans l’art de donner de belles sensations à son lectorat en mettant en scène des héroïnes qui nous ressemblent. Cette fois, c’est Julie Romain, 45 ans, qui fait de la pâtisserie depuis trois ans au Café à Gaston, dans le quartier Villeray, à Montréal. Déjà, la seule évocation de ce qu’elle concocte donne beaucoup de bien-être… et met l’eau à la bouche des plus gourmands, du moins. Mais c’est de courte durée, car Julie décide de tout plaquer pour se réaliser ailleurs, avant peut-être qu’il ne soit trop tard. Elle n’est pas malheureuse, mais elle est encore assez jeune pour tenter autre chose, pour s’accrocher à des rêves toujours présents, qui ne demandent qu’à vivre. Julie fait donc le saut, et on ne peut s’empêcher d’y voir une résonance avec certaines décisions qu’on s’obstine à cacher sous le tapis. Jusqu’au jour où l’évidence nous saute aux yeux.

ACHETER MOINS: une mode éphémère?

Le mot-clic #underconsumptioncore (#sousconsommation), les retours sur des années sans achats et les tutoriels de suprarecyclage font rage sur les médias sociaux. Cette tendance à acheter moins voire à n’acheter rien est-elle motivée uniquement par le pouvoir d’achat actuel réduit de la population? Existe-t-il une volonté réelle de mieux consommer, pour le bien des travailleurs et de la planète?

Décryptage d’une tendance… antitendance.

SUR INSTAGRAM ET TIKTOK, LES PUBLICATIONS QUI PRÉCONISENT la déconsommation sont nombreuses. À l’ère des hauls de mode rapide (des vidéos où des influenceurs déballent devant la caméra les dizaines d’articles qu’ils ont commandés à bas prix chez des géants comme Shein ou Temu), il peut être rafraîchissant, et même apaisant, de visionner ces clips qui invitent à diminuer le consumérisme. La sous-consommation se déploie de bien des façons et attire son lot de vues: tantôt, c’est le récit de l’expérience d’une année sans achats; tantôt, c’est une vidéo d’objets abîmés, longtemps aimés et utilisés; d’autres fois, c’est un tutoriel pour allonger la durée de vie de nos objets préférés. Mais, attention! Derrière certains des contenus qui prônent une consommation plus responsable et réfléchie se trouve souvent un joueur aux très longs tentacules: le capitalisme.

«La vraie sous-consommation ne se limite pas à acheter mieux, mais à acheter moins voire à n’acheter rien», dit Marie-Michèle Larivée, experte en tendances et en consommation responsable, chargée de cours à l’ESG UQAM et autrice du livre Rien de neuf — Guide pour une consommation écologique, économique et engagée. Les médias sociaux reposent sur la stimulation du désir d’achat, ce qui entre en contradiction directe avec le principe d’une consommation consciencieuse. Le rêve écolo qu’on nous vend en ligne à grands coups d’images léchées propose souvent un style de vie coûteux et peu accessible. La sous-consommation, pourtant, est accessible à tout le monde et elle n’a rien à voir avec un certain esthétisme. Bien au contraire.»

«MAIS, C’EST VINTAGE!»

Marie-Michèle dénonce, entre autres, la surconsommation d’objets de seconde main. «C’est devenu une excuse. On se dédouane en achetant plein de choses dont on n’a pas besoin, en se disant que ça ne compte pas, puisqu’on n’achète rien de neuf et qu’on a l’impression de faire de bonnes affaires», dit-elle. En effet, depuis peu, les hauls d’articles de seconde main ont fait leur apparition dans les médias sociaux, avec le même modus operandi que leurs pendants de la fast fashion: des influenceurs déballent devant leurs abonnés des dizaines et des dizaines de morceaux chinés dans les friperies. «Aujourd’hui, sous-consommer est encore perçu comme une contrainte ou un manque de moyens. Il y a aussi l’aspect du statut social qui est en jeu: j’achète, donc je suis. J’observe une grande résistance des gens lorsque je leur dis que l’important n’est pas d’acheter vintage, local ou bio, mais de ne pas consommer.»

«10 % DE RABAIS AVEC LE CODE PROMO #RIENACHETER!»

Maude Carmel (@bravo_maude sur Instagram) est une comédienne, chroniqueuse et créatrice de contenu qui fait dans la «désinfluence» elle a d’ailleurs participé à la tendance virale #underconsumptioncore en montrant à ses abonnés les objets usés de son quotidien qu’elle aime, qu’elle ne remplace pas et qu’elle continue d’utiliser malgré leur esthétique peu plaisante. Dans le cadre de son travail, l’autrice du livre Journal d’une écolo en banlieue — Ma quête pour rester écoresponsable partage avec ses presque 20 000 abonnés de nombreux trucs écolos (de simplicité volontaire ou d’antigaspillage), en plus de démocratiser certains

concepts liés notamment à l’environnement, à la politique et à l’écologie. «Je pousse les gens à se poser des questions sur leurs besoins réels. C’est compliqué, parce que la majorité de mes revenus provient de partenariats avec des marques, mais je les choisis très soigneusement. Mon but n’est pas de créer un besoin artificiel, mais de promouvoir une consommation plus responsable.» Et, selon ses observations, ça fonctionne!

«Chaque semaine, je reçois plusieurs messages d’abonnés, ce qui me confirme l’influence de mon travail; des gens me disent avoir commencé à faire du compost ou s’être désabonnés d’Amazon, par exemple. Les médias sociaux permettent de beaux échanges, et le contenu lié à la sous-consommation fonctionne bien, surtout parce que c’est une option apaisante face à la pression constante de consommer. Montrer une vie plus simple, où l’on achète moins de choses, ça normalise certaines pratiques, comme le fait de garder les objets dont on a hérité, d’acheter des vêtements ou des jouets de seconde main pour les enfants, ou de réparer des articles au lieu de les jeter.»

D’après Maude, les publications qui fonctionnent le mieux sont celles qui permettent à ses abonnés d’économiser de l’argent, comme les recettes antigaspi. Ce qui a bien du sens pour Alexandra Graveline, membre de Bleu forêt, coop de communication responsable, et stratège en communication au sein du même organisme. «La tendance à la sous-consommation actuelle est grandement liée à la dégradation du pouvoir d’achat et à la hausse du coût de la vie. De nombreuses personnes sont poussées à consommer moins pour des raisons économiques, sans que ce soit nécessairement par choix. Ça contraste avec une vision

plus volontaire de la déconsommation, qui pourrait être ainsi perçue comme une tendance. En ce moment, les consommateurs prennent conscience des répercussions environnementales et sociales de leurs achats, mais ce n’est pas suffisant pour provoquer un changement de comportement radical, parce que la pression publicitaire et les tentations favorisant une consommation rapide sont omniprésentes.» Aurions-nous donc tous tendance à surconsommer… si on en avait les moyens?

UNE GOUTTE D’AUTOSABOTAGE

Selon Alexandra, l’humain est «une drôle de bibitte, pleine de contradictions». Ainsi, on peut être extrêmement au courant (et alarmés!) des coûts sociaux et environnementaux associés à notre consommation… et continuer de faire des choix qui ne correspondent pas du tout à nos valeurs. En cause? L’absence de barrières à l’achat, les stratégies marketing et les très bas prix proposés par les entreprises de fast fashion (ou de fast n’importe quoi), entre autres. Mais aussi… notre propre propension à la dissonance cognitive.

«Le paradoxe, c’est que, même en étant bien informés et conscientisés, les consommateurs continuent à privilégier la gratification immédiate, en trouvant des justifications pour continuer à faire des achats. Par exemple, on se dit que ce n’est pas grave de commander en ligne, car on le fait rarement, que tout le monde le fait… ou qu’on n’a pas les moyens de faire autrement. En rationalisant les choses ainsi, on se donne l’impression de ne pas être “mauvais” dans notre consommation, même si, au fond, on sait que ce n’est pas idéal d’un point

de vue environnemental ou social. Ça rend le changement de comportement encore plus complexe, car cette logique crée une sorte de boucle où l’on se dédouane toujours de nos achats, même si on a conscience de leur impact.» Est-ce donc complètement irréaliste de penser qu’on peut, de manière durable, changer collectivement notre façon de consommer?

SE LANCER LA BALLE

De l’avis d’Alexandra, il est important de ne pas faire porter le poids du changement uniquement sur les consommateurs. «Le véritable changement viendra d’une responsabilité partagée, où les consommateurs, les entreprises et les gouvernements devront tous jouer leur rôle.» Elle aborde le concept du «triangle de l’inaction», selon lequel les avancées en faveur de l’environnement seraient freinées par les consommateurs, les entreprises et les gouvernements qui ne cessent de se pointer du doigt, en soutenant que ce sont les deux autres groupes qui ont la responsabilité d’amorcer les changements. Les entreprises reprochent aux consommateurs de ne pas être prêts à payer leurs articles plus cher. Les consommateurs blâment les entreprises qui n’offrent pas de choix responsables ou blâment les gouvernements qui n’imposent pas de réglementations assez strictes. Puis, les gouvernements condamnent les entreprises et leur rigidité face aux normes à appliquer… et ainsi de suite.

Pendant ce temps, rien ne bouge.

«En fin de compte, changer nos habitudes de consommation, c’est possible, mais ça nécessite une approche globale, qui comprend une éducation continue, un engagement personnel et une prise de responsabilité de la part des entreprises et des gouvernements», dit Alexandra.

RENVERSER LA VAPEUR

Ce qui fonctionne en matière d’engagement personnel pour les consommateurs, c’est une approche positive et humaine,

selon Alexandra. Il faut éviter la culpabilisation. «Ça ne marche pas! Ça mène à plus de dissonance cognitive.» Elle propose plutôt de rendre attirant et même désirable! le mode de vie peu consumériste. «Par exemple, on peut promouvoir des modes de transport actif, comme le vélo, en vantant les bienfaits pour l’environnement, et en soulignant les effets positifs de cette activité sur la santé et le plaisir personnel. L’idée est de rendre la solution attrayante et gratifiante sur le plan émotionnel, en montrant que ce qui est bon pour la planète sera également enrichissant pour nous.» Pour changer une habitude de consommation, il faut donc que l’option soit satisfaisante, facile à adopter et engageante. «La consommation responsable ne doit pas être perçue comme un sacrifice, mais comme un choix qui peut apporter des bienfaits tangibles: on dépense moins, donc on peut travailler moins, avoir plus de temps, vivre moins de stress, faire des économies», dit-elle. En associant le changement à des émotions positives comme la joie, le plaisir , on a plus de chance d’adopter de nouvelles habitudes et de les conserver.

Marie-Michèle abonde dans ce sens et ajoute qu’il devrait également exister un frein à l’achat une sorte de «friction», comme celle qu’on peut parfois rencontrer quand on s’apprête à faire un achat en ligne. «C’est essentiel, dit-elle. Tout a été conçu pour que l’achat soit instantané, impulsif, sans effort. Mais il faut inverser cette tendance et poser des barrières positives à la consommation. Par exemple, rendre l’emprunt ou la location d’un article plus facile que son achat, créer le réflexe de partager des choses avant même de penser à en acheter d’autres, faire en sorte que la réparation d’un objet soit plus accessible que son remplacement…» Chose plus facile à dire qu’à faire, mais on doit bien commencer quelque part. On s’y met? «Il le faut! La planète ne peut pas attendre indéfiniment», conclut Alexandra.

Des personnalités féminines inspirantes se racontent sans tabou pour nous. Voici la fois où l’animatrice ISABELLE RACICOT s’est tannée de répondre à la même question.

LA FOIS OÙ Isabelle Racicot en a

eu assez.

«PIS, AS-TU UN CHUM?» est la question qui m’a été le plus souvent posée depuis ma séparation il y a presque un an. Pour la première fois en 30 ans, je suis célibataire et j’ai l’impression que le célibat dérange, crée de l’inconfort, voire de l’incompréhension.

«Pis, as-tu un chum?» est une question qui peut sembler triviale, mais elle me remue un peu chaque fois. Je pense que la première fois qu’on me l’a posée, je commençais à peine à annoncer aux gens autour de moi que je me séparais. Automatiquement, on me demandait si c’était parce que j’étais tombée amoureuse de quelqu’un d’autre. Je ne juge aucunement ceux qui quittent une personne pour aller vers une autre, mais ce n’était pas mon modus operandi.

Après 30 ans de vie avec un conjoint que j’ai beaucoup aimé — avec qui j’ai tout bâti, avec qui je suis passée de jeune adulte à femme, puis à mère —, j’avais besoin de temps pour moi. Ma batterie amoureuse était vidée. La vie de couple demande du travail, de l’énergie et un investissement qu’il faut accepter de déployer. Me retrouver seule un moment était primordial. J’ai donc embrassé ma new era avec beaucoup de joie et de sérénité.

«Pis, as-tu un chum?» Certains nous posent la question par curiosité, pour faire du small talk, d’autres la posent par procuration, parce que leur vie de couple est ennuyante et qu’ils fantasment sur l’idée de «dater», et d’autres enfin me donnent l’impression qu’ils veulent connaître ma «valeur» sur le marché du célibat...

Quelques mois après ma séparation, la question s’est un peu transformée en: «Pis, t’as un chum? C’est impossible que tu n’aies personne!» OK, ça peut sous-entendre que les gens nous estiment tellement qu’ils sont incapables de concevoir

qu’on puisse être seules un moment, mais ça peut aussi avoir un effet pervers sur la confiance en soi. Je pense souvent aux femmes qui n’ont pas une grande estime d’elles-mêmes. Ça doit être terriblement difficile de se faire demander la même chose à répétition si la réponse est toujours «non».

Je suis chanceuse, car je n’ai jamais eu autant confiance en moi que maintenant et je n’ai jamais été aussi décomplexée et bien dans ma peau. En plus, j’ai un entourage qui me complimente sans cesse et qui contribue assurément à la façon dont je me perçois. Malgré ça, quand on me demande: « Pis, as-tu un chum?», j’ai encore besoin de me rappeler que je ne suis pas le problème.

Nous vivons dans une société qui valorise tellement la performance que le temps de célibat semble aussi être un enjeu. Vite, il faut trouver quelqu’un! J’ai probablement, moi aussi, posé cette question il y a quelques années à des amies célibataires sans me rendre compte de l’effet que ça pouvait avoir sur elles. Je ne dis pas qu’il faut à tout prix éviter de poser cette question, mais je pense qu’elle ne doit pas s’accompagner d’un ton impatient, et encore moins d’un commentaire du genre: «En tout cas, moi, je n’ai pas été célibataire longtemps!»

Quant à moi, je n’ai pas mis une croix sur l’amour. Bien au contraire. J’ai hâte de ravoir des papillons dans le ventre, de bâtir quelque chose de solide avec quelqu’un, d’être vulnérable devant cette personne et de sentir qu’on est là l’un pour l’autre. J’aime conjuguer à deux! Je crois aussi que la vie est bien faite, que l’amour arrive quand on est prêt et ouvert. Alors, ça prendra le temps que ça prendra! En attendant, j’apprécie mon statut actuel.

«Pis, comment va ta vie de célibataire?» Elle va bien, merci!

LE SOIR OÙ MON ENFANT M’A RÉVÉLÉ SON SECRET

Quand Sophie a couché son enfant ce soir-là, elle ne s’attendait pas à ce qu’il allait lui demander.

TU ME L’AS DIT TOUT DOUCEMENT, PRESQUE EN CHUCHOTANT.

Nous n’étions que tous les deux dans ta chambre, pourtant.

Tu as attendu qu’on ait fini l’histoire du soir et les chansons.

Que la lumière soit éteinte.

Et juste avant que je ne quitte ton lit, tu m’as dit:

«… Maman?

— Oui?

… j’aimerais avoir un costume de princesse.»

Dans ta petite voix, dans ton murmure, j’ai compris tout de suite l’immensité de ta demande. Et même s’il faisait sombre, je savais que tu n’arrivais pas à me regarder dans les yeux. J’ai à peine pris une nanoseconde pour répondre, juste le temps d’ajuster ma voix à la tienne pour rester dans le ton que tu avais choisi: celui de la confidence, du secret, de la révélation de quelque chose qu’on garde pour soi depuis longtemps.

«Bien évidemment, mon beau! On va t’en trouver un super!»

Et dans le noir et le silence de ta chambre de petit garçon de cinq ans et demi, j’ai entendu ton sourire.

On s’est donné un bisou, je t’ai souhaité de faire de beaux rêves, et je suis sortie.

Dix minutes plus tard, tu m’as rappelée à ton chevet.

«… Maman?

— Oui?

— … avec la robe, j’aimerais ça avoir la couronne et les chaussures.

- Mon coco, y aura tous les accessoires que tu veux!»

T’sais ce qui m’a le plus troublée ce soir-là, mon beau? Ce n’est certainement pas ta demande. Au contraire. Je te comprends de vouloir essayer un costume de princesse; la grande robe qui vole au vent quand on tourne, les couleurs, la douceur du tissu, les décorations qui brillent, faudrait être fou pour s’en passer!

Non.

Ce qui m’a rempli le cœur d’amour et d’une envie folle de te serrer dans mes bras à l’infini, c’est ta gêne. Ton malaise. Comme si tu n’avais pas le droit d’exprimer ce souhait-là. Comme si tu avouais une bêtise. Alors que tout ce que tu veux, c’est essayer.

On a eu cette discussion-là déjà plusieurs fois, pourtant!

Parce que si tu peux parler de Pokémon pendant DES HEURES, que tu dors avec des oreillers de superhéros et que Mario, Luigi et Bowser sont souvent tes compagnons imaginaires de jeux, tu aimes aussi que je te mette du vernis de toutes les couleurs sur les doigts, tu adores le rose et tu te déguises en licorne pour l’Halloween depuis deux ans. Et papa et moi, on

trouve ça formidable! Parce que tu t’intéresses à tout, parce que tu t’enthousiasmes fois mille de tout ce qui est beau, toujours. Après tout, le premier mot que tu as dit était: «Wow!», non?

Mais bon, la vie n’est pas la même pour tout le monde, hein?

Tu le sais déjà tellement.

Alors, évidemment, à l’école, tu as fini par avoir droit aux: «Hein, c’est des trucs de filles, ça!». Et étonnamment, presque juste de la part des filles. Alors, on s’est parlé; on a «débriefé» ça ensemble parce que tu ne voyais pas trop où était le problème, mais tu sentais, déjà, poindre un jugement. Je me suis emballée; je t’ai dit que ça n’avait aucun rapport qu’un cheval qui a plein de couleurs et qui vole soit réservé aux filles, que c’est comme si on décidait que le chocolat, ce n’était que pour les garçons. Quelle injustice ce serait d’en priver les filles juste… parce que. Alors, tu as compris, et je sais que, depuis, quand une copine de classe te passe un commentaire, tu lèves les yeux au ciel, tu ris, ou tu lui dis: «Ben non, y a pas de choses juste pour les filles ou juste pour les garçons.»

Je suis fière de toi. Fière que tu intègres ça. Que tu te donnes le droit d’aimer ce que tu veux. Et que tu l’accordes aussi aux autres.

Mais le costume de princesse ne fait pas partie de la même catégorie pour toi. Tu ne veux pas qu’on le dise. Tu veux que ce soit notre secret. Ça te gêne. Tu as peur qu’on rie de toi.

Et je comprends.

Je comprends que tu comprends que ce n’est pas commun.

J’ai envie de te dire qu’à ce compte-là, moi, je porte des vêtements de «gars» tous les jours. Mes jeans. Mes t-shirts trop grands. Pis tu sais quoi? Je porte même très souvent d’anciens bas de papa.

Je ne sais pas comment tout ça finira par grandir dans ton cœur et ta tête, mon beau. Mais je sais toute la place que ça prend dans ta toute petite (mais déjà si grande) vie.

Mon amour, je te promets que nous t’apprendrons à crier ce que tu es, plutôt qu’à le chuchoter, et ce, peu importe ce que tu décideras d’être.

Sois tous les superhéros et toutes les superhéroïnes en même temps, mon grand. Sois tout ce que tu veux. Parce que c’est là que tu es le plus beau. Et un diadème, ça a encore plus de punch avec un bouclier de Capitaine America dans une main, pis une épée laser dans l’autre.

Vous vivez une histoire particulière et aimeriez en faire part à nos lectrices? Une journaliste recueillera votre témoignage. Écrivez à Laurie Dupont, à ldupont@ko-media.ca.

ROMANCE TENDANCE

À paraître le 4 juin

De la romance épicée à son meilleur.

Vous serez incapable de les déposer.

Les plus récentes romances comtemporaines de l’autrice à succès Marie Paquet. Une rafale d’émotions garantie.

Dernier tome de la série bestseller

Chaque mois, SOPHIE FOURON se prononce sur un sujet qui la touche personnellement ou sur un enjeu sociétal qui occupe son esprit.

SOPHIE FOURON est une animatrice et une communicatrice aguerrie.

LES CHOIX (PAS TOUJOURS JUDICIEUX) DE SOPHIE

FOURON

(avec un seul «r» et pas de «s» à la fin)

«EH BOY, À VOTRE PLACE, ça fait longtemps que j’aurais changé mon nom de famille!» S’appeler Fouron, au Québec, vient avec ce genre de commentaires non sollicités et quelques réactions allant du rire gêné au regard incrédule. «T’as dû te faire niaiser dans la cour d’école?» est probablement la question qui m’a été le plus souvent posée, et à laquelle je réponds invariablement, un brin agacée: «Non, pourquoi?»

Je ne suis pas la première enfant d’immigrants qui entretient un rapport ambigu avec le nom de famille de son père. On s’habitue au lot de questions, à la nécessité de l’épeler à tout coup et à l’envie récurrente de s’appeler Nathalie Tremblay pour mieux se fondre dans la masse. Combien de personnes immigrantes ont occidentalisé leur nom ou leur prénom dans l’espoir de mieux s’intégrer à leur société d’accueil? Charles Aznavourian aurait-il eu la même carrière que Charles Aznavour? Pourquoi la plupart des Asiatiques s’imposent-ils encore un prénom nord-américain? Et, plus fondamentalement, pourquoi, quand on est né au Québec et qu’on y vit, notre vie sera-t-elle toujours plus… compliquée si on s’appelle Mamadou Hassan? Il serait malhonnête de ne pas reconnaître que de véritables barrières conscientes et inconscientes existent quand on porte un nom qui vient d’ailleurs, notamment sur le plan de l’accessibilité au logement et à l’emploi. Des études ont montré qu’au Québec, à CV égaux, les candidats ayant des noms à consonance étrangère risquaient davantage d’être écartés d’un emploi que les Québécois dits de souche. Si, par exemple, Abdoulaye Traore, las des épisodes discriminatoires qu’il subit,

décide de changer de nom et de se faire appeler Simon Traore, peut-on vraiment l’en blâmer?

Sauf qu’effacer son nom, son identité et sa lignée n’est pas une mince affaire. Je n’ai, pour ma part, jamais envisagé de changer un jour mon nom de famille et de me dissocier de mon clan métissé serré. Je suis la fille de Jean-Claude, la nièce de Paul, la sœur de Pascale et de Catherine. Nous sommes tous et toutes de fiers (et rares) Fouron au Québec, unis par ce fil invisible et indestructible qui a produit une étoffe réconfortante pétrie d’amour. Et ça, ça vaut toutes les railleries du monde. Si tu m’enlèves mon patronyme, tu coupes de mon arbre généalogique majestueux des racines qui se déploient sur trois continents.

La solution n’est pas de changer de nom. Ne devrions-nous pas plutôt tenter de donner une chance égale à tout le monde et travailler à faire disparaître nos préjugés? Les programmes d’EDI (équité, diversité et inclusion), bien qu’ils ne soient pas parfaits, visent justement à aplanir les injustices. N’est-ce pas le genre de société dans laquelle nous aspirons à vivre?

Cela dit, bien que, dans une salle d’attente, je ne raffole toujours pas de me faire appeler par mon nom de famille coquin en premier (oui, Fouron, Sophie), je constate que les gens ne s’en formalisent plus autant qu’avant. Je ne fréquente certes plus les cours d’école, mais force est d’admettre que notre Belle Province s’est grandement diversifiée. Les Québécoises et les Québécois s’appellent maintenant Tremblay, Gagnon, Roy, Nguyen, Patel, Alaoui, Rodriguez et… Fouron. Une courtepointe plurielle, bigarrée, imparfaite, enveloppante et splendide à laquelle j’adhère avec grande fierté.

Comme PAR MAGIE

Bienvenue dans l’ère des interventions esthétiques (presque) invisibles! Fini, les visages trop tirés et les pommettes gonflées: aujourd’hui, avec l’aiguille ou le bistouri, l’objectif est d’obtenir des résultats subtils, insoupçonnés. Rafraîchir notre visage sans que personne ne puisse discerner ce qui nous donne cet éclat incroyable? C’est maintenant à notre portée.

C’ÉTAIT LE RETOUR DE TOUS LES RETOURS. Lindsay Lohan, l’actrice qui était passée de petite rouquine adorable dans L'attrape parents à idole déchue dès sa jeune vingtaine, est réapparue sous les feux de la rampe l’automne dernier pour promouvoir son film, Notre tout petit secret. Avec un regard pétillant et une peau lisse et rayonnante, elle semblait, à 38 ans, à des années-lumière des images peu flatteuses de ses périodes plus sombres. Quel était donc son petit secret?

Cet air frais et reposé était-il le reflet d’un changement de vie radical: un déménagement à Dubaï, l’abandon de ses excès d’autrefois, une vie de couple épanouie, l’arrivée de son premier enfant? C’est bien possible. Mais il s’explique peut-être peut-être! par une série d’interventions esthétiques savamment exécutées, comme l’a bien vite soupçonné la presse à potins.

«Je crois qu’elle a subi une blépharoplastie supérieure et inférieure, et très probablement un lifting des sourcils», estime la Dre Amanda Fanous, chirurgienne esthétique à Montréal. «La vraie question, c’est: “A-t-elle eu un lifting du visage?” Mon intuition me dit que oui. Son nouveau look pourrait aussi être causé par une perte de poids, une meilleure alimentation, des soins de la peau, des lasers... mais je parie sur un lifting.»

Le fait qu’une chirurgienne expérimentée comme la Dre Fanous ne puisse pas mettre le doigt sur les interventions esthétiques qu’a subies cette populaire trentenaire en dit long, et illustre parfaitement la tendance actuelle des interventions «indétectables». Au lieu de rechercher des changements ostentatoires, les clientes aspirent de plus en plus à des améliorations furtives, qui sont pratiquement impossibles à déceler.

Le Dr Steven Hanna constate ce changement dans son propre cabinet: «Le nom de Lindsay Lohan revient souvent dans les consultations ces jours-ci», confie ce chirurgien esthétique de

Toronto. Mais plutôt que de vouloir copier les traits de l’actrice, ses patientes sont en quête d’un effet bonne mine.

«Autrefois, les gens cherchaient à atteindre une esthétique très précise, dit-il. La société voyait certaines célébrités comme des modèles de perfection, et tout le monde voulait leur ressembler.» Aujourd’hui, les patientes désirent plutôt rehausser leur beauté individuelle. «Elles demandent des transformations qui s’harmonisent avec leur visage.»

Cette tendance s’explique scientifiquement. «Des études récentes montrent que notre subconscient rejette les transformations physiques trop évidentes, dit la Dre Fanous. Quand une chirurgie esthétique est très apparente, le cerveau l’interprète comme une tentative de tromperie.» Mais grâce aux avancées technologiques, les chirurgiens esthétiques parviennent aujourd’hui à déjouer ces mécanismes inconscients et à rajeunir un visage de façon imperceptible. «Nos techniques sont si avancées qu’on obtient des résultats plus naturels que jamais auparavant», souligne-t-elle.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, obtenir un rendu naturel nécessite souvent plus d’interventions, et non moins! Prenons l’exemple des injections d’acide hyaluronique. Megan Kozak, fondatrice de la clinique torontoise POUTx, affirme que l’erreur la plus fréquente est de ne traiter qu’une seule zone. «Ça ne fait que jurer avec le reste des traits.» Selon elle, même un infime décalage peut déséquilibrer tout le visage.

C’est pourquoi de plus en plus d’experts adoptent l’approche du facial balancing (ou «harmonie faciale»): de petites doses injectées en plusieurs points pour corriger la perte de volume liée à l’âge — que ce soit sur les joues, les lèvres, le contour des yeux ou même les tempes. L’objectif est de préserver les proportions naturelles du visage sans qu’aucune zone ne semble artificiellement accentuée. Bien que cette technique nécessite plus d’injections, le résultat final est souvent plus doux et plus

LINDSAY LOHAN
«Nos techniques sont si avancées qu’on obtient des résultats plus naturels que jamais auparavant.»
DRE

gracieux que celui d’une simple injection localisée. «Sur Instagram, on voit des avant-après de lèvres pulpeuses, par exemple, mais dans un visage vieillissant, ça détonne, note la Dre Fanous. Pour que notre travail soit indétectable, tout doit rester équilibré.»

Quand des patientes consultent Lindsay Jones pour un souci précis, comme des cernes creusés, et qu’elle leur propose aussi d’injecter un agent de comblement dans leurs joues, elles sont souvent réticentes. «Je leur répète qu’il faut regarder la forêt entière, pas seulement l’arbre», dit la fondatrice et directrice médicale de la Lift Clinic, à Toronto. Même après un traitement, lorsqu’elle leur tend un miroir, la plupart le rapprochent immédiatement de leur visage. «Je dois sans cesse leur rappeler de prendre du recul et d’observer leur minois dans son ensemble, car c’est ainsi que les autres le perçoivent.»

Les résultats obtenus avec des injections sont impressionnants, mais elles ne peuvent cependant pas tout résoudre. «Au cours des 10 dernières années, on a repoussé les limites de ce qu’on pouvait faire avec les produits injectables, ce qui fait que les gens ont souvent l’air bouffis ou figés», constate le Dr Hanna, qui propose toutefois des agents de comblement et du Botox dans son propre cabinet, puisqu’il croit qu’ils peuvent être utiles dans certaines circonstances. «Lorsqu’on combine plusieurs techniques de manière appropriée, on obtient une correction beaucoup plus naturelle.» C’est pourquoi il est de plus en plus fréquemment conseillé aux patientes d’adopter une approche plus holistique et multimodale. Comme l’explique Lindsay Jones, «notre visage est constitué de nombreuses couches de tissus qui vieillissent simultanément. Il n’existe donc pas de traitement miracle qui fasse tout en même temps».

Les agents de comblement (de 550 à 800 $ la seringue) aident à restaurer le volume, et les neuromodulateurs comme le Botox (de 200 à 600 $ le traitement) atténuent les rides, mais ils ne peuvent pas s’attaquer à la laxité de la peau, par exemple. Pour ça, il faut stimuler la production de collagène grâce à des techniques comme le microaiguillage à radiofréquence (de 500 à 1500 $ la séance; la plupart des gens ont besoin de 4 séances, suivies de rendez-vous d’entretien tous les 6 à 12 mois) ou, ce qui est de plus en plus à la mode, les biostimulateurs injectables comme le Sculptra (environ 900 $ le flacon; la majorité des patientes ont besoin de 2 à 4 flacons).

«Je décris le Sculptra comme un soutien-gorge pour le visage, dit Lindsay Jones. Il combat la gravité et garde tout à la bonne place.» Elle aime l’utiliser sur le milieu et le bas du visage pour traiter des insatisfactions, telles que les rides

FANOUS

de la marionnette et les joues creuses. Contrairement aux agents de comblement traditionnels, qui donnent un volume immédiat, les biostimulateurs repulpent progressivement la peau. Il est impossible de prédire exactement la quantité de collagène qui sera produite; il faut être patiente! Mais les résultats sont très naturels, puisqu’on tire parti de notre propre collagène, et ils peuvent durer plus de 2 ans (les agents de comblement durent de 6 à 18 mois, bien que des études récentes aient montré que certains types peuvent rester en place plus longtemps).

Pour un traitement encore plus durable, certaines choisissent la greffe de graisse, qui consiste à prélever de la graisse dans une zone comme l’abdomen ou l’intérieur des cuisses et à l’injecter dans le visage, par exemple aux tempes, sur le front, dans les paupières inférieures, les sillons nasogéniens et les rides de la marionnette. Le Dr Hanna et la Dre Fanous recommandent souvent cette intervention plutôt que les agents de comblement, selon la situation particulière d’une patiente. Il s’agit d’une courte chirurgie, réalisée sous anesthésie générale, qui coûte environ 8000 $.

La graisse injectée ne survit pas toujours en totalité, ce qui signifie que des retouches sont souvent nécessaires, mais une fois qu’elles sont apportées, les effets sont généralement permanents. «La greffe de graisse sur le visage peut être très efficace chez une jeune patiente qui souhaite une correction d’apparence naturelle qui durera très longtemps», dit le Dr Hanna.

Pour ce qui est des paupières tombantes ou des poches sous les yeux, la meilleure solution est généralement de procéder à une blépharoplastie supérieure et inférieure (ou les deux), qui consiste à retirer l’excès de peau ou de graisse (ou les deux) des paupières. C’est cette intervention qu’aurait eue Lindsay Lohan, selon la Dre Fanous, ainsi qu’un remodelage des sourcils pour ouvrir davantage son regard. Un lifting du front et une blépharoplastie inférieure donnent des résultats permanents, tandis qu’une blépharoplastie supérieure peut nécessiter un rafraîchissement au bout de 10 ou 20 ans. La réalisation des trois interventions en une fois peut coûter jusqu’à 20 000 $.

Enfin, le fameux lifting, qui a longtemps été associé à un faciès étiré et figé, s’est vraiment raffiné. Les interventions dans ce domaine sont devenues ultrasophistiquées, notamment grâce à l’approche en plan profond, où, au lieu de simplement redraper la peau, les chirurgiens repositionnent également les muscles et les tissus sous-jacents. «Ça peut sembler plus invasif, mais le résultat final est beaucoup plus naturel», affirme la Dre Fanous. Un lifting permet aux patientes de paraître de 15

à 20 ans plus jeunes et il est souvent associé à des greffes de graisse, ainsi qu’à des traitements de la peau à l’aide de divers appareils pour en améliorer la tonicité et l’élasticité. Cette intervention — qui peut coûter de 20 000 $ à 30 000 $ — est généralement réalisée sur des patientes de 45 ans et plus. Le fait de combiner des interventions ou de subir des traitements plus invasifs augmente évidemment les dépenses (ainsi que le temps de guérison), mais se traduit souvent par des résultats plus homogènes et plus durables, ce qui constitue, en fin de compte, un meilleur investissement. Pour y voir plus clair, on doit trouver le bon professionnel, qui agira comme un «coach de vieillissement» et sera en mesure de nous aider à prendre des décisions éclairées selon nos préoccupations, notre budget et nos préférences. «Lors de la consultation, portez attention au visage de cet expert, conseille Megan Kozak. Si vous n’aimez pas son apparence, pourquoi lui confieriez-vous la vôtre?»

Une fois qu’on a sélectionné la personne qui nous convient, on établit un plan de match avec elle. «Les gens recherchent trop souvent des solutions rapides qui n’améliorent pas vraiment leur apparence, déclare-t-elle. Ils choisissent une série de retouches bon marché, sans liens les unes avec les autres, qui, avec le temps, finissent par avoir l’air exagérées.»

Megan Kozak et beaucoup de ses pairs dans ce domaine sont ravis de voir un nombre croissant de clientes envisager

des améliorations de manière plus réfléchie et s’efforcer d’obtenir des résultats «indétectables». Toutefois, plusieurs experts expriment également un inconfort par rapport au manque de transparence que sous-entend ce terme. Lorsque les gens cachent le fait qu’ils ont eu recours à la médecine esthétique, cela a pour effet de promouvoir des normes de beauté irréalistes. C’est le cas de moult célébrités qui, au lieu de simplement assumer qu’elles sont passées sous le bistouri, attribuent leur éclat de jeunesse aux litres d’eau qu’elles boivent au quotidien ou à l’huile d’olive dont elles enduisent leur visage. Ça ne fait que contribuer à donner une piètre image de soi au commun des mortels.

«Et il ne s’agit pas seulement de stars, mais aussi de femmes qui ne veulent pas admettre qu’elles ont subi des interventions esthétiques, dit Megan Kozak. Nous avons de nombreuses clientes à l’apparence impeccable qui publient sur Instagram que leur secret est de boire des jus verts et de dormir huit heures par nuit. Cependant, nous, nous savons la vérité.»

Lorsqu’elle a conçu la clinique POUTx sur King East, Megan Kozak a décidé de faire quelque chose de tout à fait inédit dans le domaine: construire un espace sans cloisons, où les traitements se déroulent à la vue de tous. «Ça devrait être l’avenir de l’esthétique, dit-elle. Je nous souhaite des conversations ouvertes et honnêtes, sans préjugés, et pleines de force et de fierté.»

Ont-elles profité de la science des interventions indétectables ou non? Quelle que soit la réponse, ces stars prouvent que l’âge n’est qu’un chiffre.

COMME UN BON VIN
Demi Moore, 62
H 8
Salma Haye 58

Flou artistique

Le maquillage flou est à la mode. Fini les lignes nettes, place au lavis de couleur aux contours imprécis.

DANS LA SCÈNE FINALE DE CASABLANCA, un classique du cinéma sorti en 1942, Ilsa (Ingrid Bergman) fixe Rick (Humphrey Bogart), les yeux larmoyants. Le couple se dit adieu, tandis que la brume se pose sur l’aéroport et que les hélices d’un avion tournent à plein régime. L’actrice est filmée en gros plan, le regard brillant, le visage baigné d’une lueur douce. Selon la légende, les cinéastes de l’époque recouvraient leurs caméras d’un filtre (gaze, bas de nylon… ou même Vaseline) pour projeter une lumière floue et veloutée, de façon à accentuer le romantisme du scénario. Il est difficile d’imaginer que cette scène iconique aurait eu le même poids émotionnel si elle avait été filmée en haute définition, avec une netteté telle qu’on aurait pu distinguer le moindre pore.

De nos jours, une multitude de produits de maquillage, conçus pour produire un effet voilé similaire, se trouvent sous les feux des projecteurs. Pour Wende Zomnir, fondatrice de la marque de beauté Caliray et cofondatrice d’Urban Decay, «le flou est dans l’air du temps». Parmi ces nouveautés: le fard à joues Blurry, de Caliray, le fond de teint Easy Blur, de Huda Beauty, et la base sérum Blur Drops, de Glow Recipe.

La marque Makeup by Mario, du maquilleur de stars Mario Dedivanovic, a récemment lancé le sérum SoftSculpt Bronzing & Shaping et la poudre fixatrice floutante SurrealSkin. Ces produits ont été conçus pour recréer la fameuse lueur qui sublime les films de l’âge d’or hollywoodien. «À cette époque, les actrices portaient un maquillage lourd et pâteux», dit Rasa Gardiner, directrice principale de l’éducation mondiale de la marque. «Comme les produits ne bénéficiaient pas encore des innovations actuelles, les réalisateurs étaient obligés de recourir à des ruses pour les flouter. La nouvelle collection de Mario peut être considérée comme l’équivalent moderne de ces astuces.»

Mario Dedivanovic, l’artiste maquilleur de longue date de Kim Kardashian, s’est fait connaître grâce à sa technique du contouring (lèvres méticuleusement dessinées, structure osseuse sculptée et mâchoire affinée), qui permet d’obtenir un résultat ultrasoigné, créé pour résister à l’éclat impitoyable des flashs (Kim Kardashian n’est guère connue pour son naturel ou pour sa tolérance aux imperfections). «Ces looks, définis et rehaussés, étaient conçus pour la caméra, les défilés, les tapis rouges et les lumières vives», rappelle Rasa Gardiner. Les récents lancements de Makeup by Mario sont, par contraste, faits pour la vie de tous les jours. «Ces produits sont formulés pour donner un effet plus doux et plus naturel, destiné à sublimer la beauté de la personne qu’on a en face de soi», ajoute-t-elle. La poudre fixatrice SurrealSkin est composée de particules sphériques qui diffusent la lumière et procurent un fini flou, et d’acides aminés lissants qui en facilitent l’application. Résultat? Le produit se fond à la peau, donne un look qui n’est pas surfait et un aspect vaporeux qui affine les pores. «On ne voit pas où commencent ni ou se terminent le fard à joues et l’ombre à paupières, dit Rasa Gardiner. Mario dit toujours: “Le maquillage doit avoir l’air vécu.” Ces produits donnent cet effet dès le départ.»

Tout comme la mode, les tendances en matière de beauté et de maquillage reflètent les mœurs et les désirs du moment. On vit aujourd’hui à une époque extrême et polarisante, marquée par une nette division des opinions et des discours politiques. On peut voir dans cette vague de produits qui estompent les traits un besoin collectif d’harmonie et de nuances. La génération Z, par exemple, choisit de troquer ses téléphones intelligents contre des appareils photo argentiques pour réaliser des images moins précises, empreintes de nostalgie; la tendance du maquillage flou semble être l’équivalent beauté à cette renaissance de la pellicule photo. Une façon d’adoucir notre monde tranchant et hypernumérisé.

«Avec tout ce qui semble peser lourdement en ce moment, il se peut que les gens veuillent se tourner vers leur côté plus doux», dit la maquilleuse de stars Katie Jane Hughes, qui compte Dua Lipa et Hailey Bieber parmi ses clientes. Sa marque, KJH.brand, est entièrement consacrée aux lavis (en peinture, le terme indique des pigments délayés à l’eau).

L’emballage de ses produits — couleurs menthe ou pivoine pâle — s’inspire d’ailleurs des teintes tendres et gourmandes des glaces à l’eau.

Les nouveaux bâtons pour les lèvres et les joues Soft Smudge, de KJH.brand, créent un voile coloré diaphane. «Il y a eu tellement de lancements de fards à joues récemment, et chacun d’eux était humide et lumineux, me dit Katie Jane Hughes au téléphone. Les miens sont poudrés, ils ont un effet très flou et une tenue longue durée: ils ne migrent pas sur le visage pendant la journée. On s’éloigne des produits supermouillés.»

J’ai testé le bâton de KJH.brand dans la teinte Soft Tomato (tomate douce), soit un rouge exubérant qui parvient à être à la fois mat et transparent, léger et riche en pigments. Une fois estompé sur mes joues, il me procure un éclat frais, comme celui d’un enfant qui a joué dehors. Sur les lèvres, il laisse un tracé flou, à la manière de la bouche mordue qu’affectionnent les Françaises. Légèrement imparfait, il crée un look nonchalant et pulpeux, qui évoque le plaisir et la liberté (une lèvre soigneusement dessinée est trop disciplinée pour transmettre ce message). Il donne l’impression qu’on s’est régalée de cerises bien juteuses ou qu’on a passé la soirée à siroter du rouge léger. Contrairement aux traits plus forts, qui peuvent parfois sembler sévères, les fards estompés mettent tous les minois en valeur. «Les gens réalisent que le maquillage flou est vraiment très flatteur», souligne Katie Jane Hughes. Ça me rappelle une période de mon adolescence où j’avais désespérément besoin de lunettes pour ma vue, mais je refusais d’en porter (ce n’était pas l’accessoire le plus chic, alors). Myope comme je l’étais, je me promenais dans les couloirs de mon école sans reconnaître personne, mais tout le monde m’apparaissait fabuleux. Leur teint d’adolescents profitait de ma myopie, car toutes les imperfections étaient dissimulées par ma quasi-cécité, un peu comme si j’avais un filtre naturel devant les yeux. Du moins, c’est ainsi que je me rappelle les choses. Les souvenirs ont tendance à être brumeux et sont rarement en haute définition. Aujourd’hui, la nostalgie d’une époque plus douce, qui se traduit par un maquillage voilé, est dans l’air du temps. Notre amour du passé n’est, semble-t-il, pas près de s’estomper.

LÂCHER SON FLOU

Cinq façons d’obtenir un éclat tout doux en un tour de main.

Ce bâton crème à effet poudre, conçu par la maquilleuse de stars Katie Jane Hughes, donne une couleur mate transparente sans effet sec.

BÂTON POUR LES LÈVRES ET LES JOUES SOFT SMUDGE (SOFT PINK), DE KJH.BRAND (30 $, KJHBRAND.COM)

Cette poudre fixatrice agit comme un filtre: elle rehausse subtilement notre minois, tout en estompant le teint et en en contrôlant la brillance.

POUDRE FIXATRICE FLOUTANTE DOUCE SANS TALC SURREALSKIN, DE MAKEUP BY MARIO (52 $, SEPHORA.CA)

À la fois sérum et base de teint, ce fluide affine les pores, au fil du temps, grâce à un savant mélange de BHA et d’enzymes de fraises, tout en donnant un fini velouté immédiat.

GOUTTES POUR RESSERRER ET ESTOMPER LES PORES AUX BHA STRAWBERRY, DE GLOW RECIPE (44 $, SEPHORA.CA)

La Parisienne Violette Serrat a mis en bouteille la très convoitée bouche mordue, en concoctant cet hybride, entre un baume et un rouge à lèvres, qui offre juste la bonne dose de pigments.

BAUME BISOU (AMOUR FOU), DE VIOLETTE_FR (45 $, VIOLETTEFR.COM)

Enrichi en niacinamide et en silice lissant, ce fond de teint léger donne à la peau un aspect flouté totalement naturel.

DE HUDA

(50 $, SEPHORA.CA)

De mille feux

LA MAQUILLEUSE CANADIENNE ROSE-MARIE

SWIFT travaillait sur des séances photo lorsqu’elle a commencé à penser à ce qui allait devenir sa marque, RMS Beauty. Cette pionnière dans le domaine de la beauté «verte» s’autoproclamait «écolo» bien avant que ce soit en vogue. En 2009, elle lançait sa gamme de fards, composée de luxueux petits pots remplis d’ingrédients bénéfiques pour la peau. Mais l’idée du produit qui allait véritablement la faire connaître lui est venue lorsqu’elle participait à une séance photo de maillots de bain en plein air pour Victoria’s Secret, avec la seule et unique Gisele Bündchen.

Pour préparer le corps de cette manne quin, Rose-Marie Swift a enduit ses membres d’huile de jojoba. «Ça donne à la peau un aspect magnifique», dit-elle. Mais elle a eu du mal à trouver un produit qui donnerait un éclat similaire sur le visage de la top-modèle, sans être trop gras. À ce moment-là, au milieu des années 2000, le maquillage minéral mat et poudré était à son apogée. «Personne ne voulait un teint glowy, se souvient Rose-Marie. Moi, je voulais que la peau ait l’air luisante.» Les seuls produits «illuminateurs» sur le marché étaient surchargés de paillettes. «Je souhaitais quelque chose de plus discret, de plus naturel.»

L’illuminateur Luminizer, de RMS Beauty, séduit les beautistas depuis près de 15 ans grâce à ses ingrédients naturels et à sa capacité inégalée à faire rayonner la peau. Retour sur l’histoire de cet aimant à compliments!

Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, la maquilleuse a pris les choses en main et a créé l’illuminateur Luminizer. Cette crème transparente, composée de seulement sept ingrédients, dont de l’huile de coco centrifugée à froid et de l’huile de ricin, donne un éclat subtil à la peau, sans la faire scintiller. C’est en grande partie grâce au mica spécial qu’elle contient. «C’est le mica le plus cher que l’on puisse acheter, déclare l’experte. Ce minéral est tellement raffiné qu’on n’y voit aucune particule brillante.» Mettre au point la bonne formule a pris une éternité, car il fallait trouver un équilibre entre les huiles et les autres ingrédients, de façon à nourrir la peau sans y laisser de film gras.

Lorsque Rose-Marie est enfin arrivée à la formulation gagnante, elle a commencé à appliquer le produit sur des top-modèles, comme Gisele Bündchen et Miranda Kerr, qui sont rapidement tombées sous le charme. Elles se sont alors mises à citer le nom du produit en entrevue, ce qui a contribué à susciter un engouement pour celui-ci. «J’en donnais aux filles avec qui je travaillais au cours de séances photo. Elles l’adoraient», dit Rose-Marie. Lorsqu’elle l’a tapoté sur le visage des mannequins du catalogue de J.Crew, les abonnées de cette publication ont eu la même réaction. «Les agents du service à la clientèle ont été inondés d’appels de personnes demandant: “Quel est le produit qu’elles ont sur les joues?”» Presque aussitôt, le détaillant a commencé à vendre le Luminizer dans ses magasins, et les flacons se sont envolés à la vitesse de la lumière.

Il faut dire que RMS Beauty et son Luminizer arrivaient à point. Le mouvement du bien-être prenait de l’ampleur, et des joueurs tels que Goop et SoulCycle attiraient de fervents adeptes. Les gens voulaient se sentir et paraître en bonne santé. Un illuminateur à base de plantes qui donne une mine post-yoga chaud, sans effort, était tout indiqué. «Tout le monde s’arrachait les jus verts et les cures wellness, dit Rose-Marie. Mon produit s’inscrivait parfaitement dans cette tendance.»

Des imitations de cet illuminateur crémeux ont évidemment vu le jour, mais la fondatrice insiste sur le fait que son produit, dont la formule n’a pas changé depuis sa création, est toujours le meilleur. Le format petit pot permet de l’appliquer au doigt sans chichi, et la formule naturelle s’intègre parfaitement à la peau au lieu de la recouvrir. C’est un produit qui fait de la véritable magie pour le teint, en conférant un éclat sublime sous n’importe quel type de lumière, du soleil cru à la chandelle tamisée. «Vous ne pouvez pas vous tromper, dit Rose-Marie Swift. J’aime que la peau ait l’air saine et vivante plutôt que mate. Pour moi, il n’y a rien de plus beau.»

Quartnuitde

Sur les médias sociaux, les rituels beauté nocturnes ultra-élaborés (gaines pour le menton, ruban adhésif buccal, bigoudis de toutes les formes) nous promettent un réveil en toute beauté. Est-ce que l’effort en vaut vraiment la chandelle? Des experts nous éclairent.

Texte EMILY MA c CULLOCH Adaptation ELISABETH MASSICOLLI

IL FAUT DORMIR POUR ÊTRE BELLES, DIT-ON! L’expression beauty sleep remonte aux années 1820, époque à laquelle on prétendait que se coucher avant minuit améliorait notre apparence générale. Au cours des quelque 200 années qui ont suivi, cette expression a fait vendre toutes sortes de produits, grâce auxquels nous pouvions tirer profit des heures passées dans les bras de Morphée pour nous refaire une beauté.

Dans la télésérie américaine The Marvelous Mrs. Maisel, Rachel Brosnahan joue le rôle d’une femme au foyer des années 1950. Dans l’une des scènes marquantes, on est témoins de sa laborieuse routine beauté. Tous les soirs, après que son mari s’est endormi à ses côtés, elle sort discrètement du lit pour s’enduire le visage de cold-cream et mettre des bigoudis. Puis, avant les premiers rayons du soleil (et le réveil de son époux), elle retire tout son attirail, se maquille, se glisse à nouveau sous les couvertures et fait semblant de se réveiller fraîche comme une rose.

Ce rituel peut paraître intense, mais il n’est pas sans rappeler la tendance actuelle du morning shed (ou dépouillement matinal), qui a récemment pris TikTok d’assaut. «Lorsque j’ai vu ces vidéos pour la première fois, je croyais qu’il s’agissait d’une parodie! Qu’on se moquait des gens qui avaient une routine du soir élaborée», dit la Dre Katie Beleznay, dermatologue au centre Humphrey & Beleznay Cosmetic Dermatology, à Vancouver.

10 à 30 minutes. «Une utilisation prolongée peut entraîner des problèmes, comme une peau surhydratée, des pores obstrués ou des éruptions cutanées.»

La tendance du slugging, qui consiste à appliquer une pommade épaisse (ou encore un masque en silicone) par-dessus nos soins de nuit pour les «sceller» est aussi ultra-populaire. Mais attention! «Superposer des produits occlusifs ou un masque sur du rétinol ou de l’acide glycolique peut augmenter l’intensité de ces actifs et provoquer de l’irritation», affirme la Dre Beleznay. La Dre Goyal ajoute qu’«on risque de dessécher la peau, de la sensibiliser ou même de remarquer de la desquamation lorsqu’on retire le patch».

Sur TikTok, plusieurs créateurs de contenu jurent également que le ruban adhésif buccal, qui oblige la personne qui le porte à respirer par le nez, réduit leurs ronflements et leur donne une haleine plus fraîche. Certains athlètes ont même adopté cette habitude afin d’améliorer leurs performances, car des recherches ont montré que la respiration nasale permettait de mieux oxygéner le sang. Et certains sont d’avis que cette technique peut avoir un effet cosmétique, notamment en amincissant le visage et en définissant davantage la ligne de la mâchoire.

LA DEVISE DES INFLUENCEUSES?
«POUR SE RÉVEILLER EN

L’expression morning shed fait référence au moment où on retire tous les produits et les outils avec lesquels on a dormi la nuit précédente et qui sont censés nous aider à paraître plus belles ou plus jeunes. Des millions d’influenceuses et d’internautes qui se présentent couvertes de masques, de patchs, de bigoudis et de bonnets emploient cette expression comme mot-clic dans des vidéos où on les voit procéder à une mue matinale, qui révèle un épiderme rebondi et des mèches parfaitement coiffées. Leur devise? «Pour se réveiller en étant jolies, il faut aller au lit en étant moches!»

ÉTANT JOLIES, IL FAUT ALLER
AU LIT EN ÉTANT MOCHES!»

Les produits qui sont supposés nous aider à atteindre ce beauty sleep ne manquent pas. Mais sont-ils vraiment efficaces? Les bandes et les patchs antirides pour le visage et le cou, par exemple, sont des articles que les beautistas s’arrachent. «Ils sont conçus pour inhiber les mouvements qui contribuent à l’apparition des rides», dit la Dre Beleznay. L’idée derrière ça, c’est que si on empêche certains muscles de se contracter pendant notre sommeil, on ne développera pas les rides que ces mouvements provoquent.

La Dre Neha Goyal, codirectrice médicale de la MD Beauty Clinic, qui a des bureaux à Toronto et à Mississauga, affirme que cette technique peut être bénéfique, «parce que plus on arrive à empêcher ces mouvements, plus on est en mesure de lutter contre les signes du vieillissement». Selon cette experte, il faut cependant utiliser régulièrement — et correctement — un produit de bonne qualité, qui n’irrite pas la peau. Un emploi incorrect pourrait même aggraver les rides. La Dre Goyal précise cependant que «les résultats sont temporaires. C’est un peu comme si on repassait un vêtement! Il se froissera à nouveau si on le porte». Elle voit les avantages potentiels des patchs et des bandes pour la nuit, mais elle conseille toutefois de se tenir loin des masques en feuille, qui sont conçus pour être laissés en place de

La coiffeuse et maquilleuse Ashley Readings affirme avoir testé et approuvé cette méthode. Elle utilisait déjà régulièrement des bandelettes nasales pour atténuer les effets de ses allergies saisonnières lorsqu’elle a découvert le ruban adhésif buccal sur les médias sociaux. Il lui a fallu un peu de temps pour s’y habituer («Au début, on doit se rappeler qu’on peut encore respirer par le nez pour ne pas paniquer!»), mais elle est maintenant accro. «Ça a changé l’aspect de mon visage: ma mâchoire est plus définie et mes pommettes sont plus ciselées.» La D re Goyal émet toutefois quelques réserves à propos de cet usage. «Ça pourrait être dangereux pour quelqu’un dont le débit d’air nasal est limité; pensez à une personne enrhumée qui est congestionnée, par exemple. De plus, l’adhésif de la bande peut être irritant pour la peau.»

En ce qui concerne les avantages esthétiques, il n’existe actuellement aucune étude à ce sujet. Toutefois, la Dre Goyal mentionne que les gaines de menton, également populaires auprès des adeptes du morning shed, sont parfois utilisées après une intervention cosmétique, comme une liposuccion du menton, pour optimiser les résultats et diminuer l’enflure. «Je ne suis pas opposée à l’utilisation à long terme d’une gaine bien ajustée pour le contour de la mâchoire. Bien qu’elle n’aide pas la structure du visage proprement dite, elle peut contribuer à réduire le gonflement et empêcher la peau d’être tirée vers le bas.»

En matière de soins des cheveux, les techniques utilisées pendant la nuit sont beaucoup moins controversées et elles existent souvent depuis des lunes. Par exemple, les bonnets en soie sont utilisés par les femmes noires depuis des siècles, et les bigoudis sont populaires depuis les années 1950. C’est leur forme qui a changé; les internautes se servent de toutes sortes d’outils pour faire friser leurs mèches pendant qu’elles dorment: des baguettes en mousse, des foulards, et même la ceinture de leur peignoir! Laetitia Jallais les a tous essayés. «J’ai été totalement influencée par TikTok.» Après avoir

BEAUTÉ

passé des décennies à glisser un fer brûlant sur ses cheveux chaque matin, cette vice-présidente d’une agence de relations publiques et mère de deux enfants était à la recherche d’un moyen rapide, facile et moins agressif de se coiffer. Depuis deux ans, elle s’est convertie à la méthode «sans chaleur» des bigoudis, portés la nuit. «Au réveil, mes cheveux sont beaux et doux, et mes boucles tiennent bien — et mon look nocturne fait bien rire mon mari!» Pour bien dormir malgré cet attirail, elle conseille de choisir des bigoudis de petit diamètre — ils sont peu encombrants — ou même de remplacer les bigoudis par des chaussettes! «Ça fonctionne super bien et ça ne gêne pas du tout le sommeil!»

La coiffeuse Justine Marjan, qui compte parmi ses clients Kendall Jenner et Ashley Graham, est également une fan des bigoudis sans chaleur, car ils constituent «un moyen tout simple de coiffer nos cheveux, tout en préservant leur santé». Elle déconseille toutefois de les utiliser sur des cheveux trempés. «Les cheveux sont plus fragiles lorsqu’ils sont mouillés et donc plus susceptibles de se casser, dit-elle. Dormir avec des cheveux mouillés peut aussi entraîner des problèmes de moisissure ou de champignons sur le cuir chevelu.» On évite!

Si on souhaite réparer nos tifs durant la nuit, l’experte recommande un traitement fortifiant, qu’on applique avant le dodo. Mais, à son avis, ce qu’on peut faire de mieux pour nos cheveux est de se procurer une taie d’oreiller en soie, qui réduit les frottements et, donc, les cassures et les frisottis. «C’est un truc presque sans effort qui apporte son lot de bienfaits», dit-elle. Ici, «sans effort» est l’expression clé, parce que de nombreuses techniques liées au morning shed donnent l’impression qu’il faut travailler d’arrache-pied avant d’aller au lit. «Ce qui m’irrite le plus, dit Ashley Readings, c’est qu’il s’agit d’une contrainte supplémentaire pour les femmes: il faut avoir l’air belles au réveil, mais aussi naturelles, comme si on n’avait pas investi tout ce temps et cet argent.»

Il est important de prendre soin de sa peau la nuit, comme le conseille la Dre Beleznay, mais il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des gaines ou à un régime de soins en 12 étapes. Selon la dermatologue, le commun des mortels, avant d’aller au lit, a plutôt intérêt à utiliser du rétinol et une bonne crème hydratante, tout simplement. (Si le rétinol n’est pas notre tasse de thé, on peut

choisir d’autres ingrédients éprouvés, comme de l’acide glycolique, des peptides ou des antioxydants.) La Dre Goyal conseille aussi d’essayer de dormir sur le dos afin d’éviter d’écraser notre visage contre notre oreiller, ce qui peut contribuer à la formation de rides. Mais si on dort mieux sur le ventre ou le côté, ce n’est pas la fin du monde, à son avis, car «l’important, c’est d’abord et avant tout d’avoir une nuit de sommeil réparateur». En effet, dormir profondément et suffisamment est lié à de nombreux bienfaits: une meilleure santé cardiovasculaire, un système immunitaire plus fort, une meilleure humeur, une plus grande concentration, etc. C’est aussi majoritairement durant la nuit que notre peau se répare et se renouvelle: «Les cellules endommagées sont remplacées durant notre sommeil, ce qui réduit les signes visibles du vieillissement, comme les ridules, dit la Dre Beleznay. Durant la nuit, le corps produit également plus de collagène, un élément essentiel pour maintenir la fermeté et l’élasticité de la peau.» En d’autres termes, pour arriver à un beauty sleep, il suffit avant tout de... bien dormir. Faites de beaux rêves!

SOIRÉE PYJAMA

Ces soins font tout le travail pendant que vous vous reposez.

Les bigoudis en satin vous permettent de vous réveiller avec de superbes boucles sans avoir endommagé vos cheveux ni perturbé votre sommeil.

ENSEMBLE À BOUCLES SANS CHALEUR, DE KITSCH (36 $, MYKITSCH.COM)

Ce traitement pénètre en profondeur dans les cheveux pour les reconstruire de l’intérieur.

SOIN RÉPARATEUR INSTANTANÉ THE COMEBACK KID, DE FENTY HAIR BY RIHANNA (49 $, SEPHORA.CA)

La veille d’un shampooing, on applique ce sérum à la racine de nos cheveux, puis on le laisse agir toute la nuit. Résultat? Un cuir chevelu apaisé et hydraté, et des tifs éclatants de santé.

SÉRUM CUIR CHEVELU ÉQUILIBRE, D’YVES ROCHER (24 $, YVESROCHER.CA)

Fabriquée à 100 % en soie de mûrier, cette taie d’oreiller est douce pour la peau et les cheveux — et elle ajoute une touche luxueuse à votre linge de lit.

TAIE D’OREILLER EN SOIE, DE SILK & SNOW (70 $, SILKANDSNOW.COM)

Des études ont montré que ce soin visage donne l’impression qu’on a eu deux nuits de sommeil en une!

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Accessible et bienveillant, cet ouvrage répond à plus de 50 questions pour aider les parents à améliorer durablement le sommeil de leur enfant. aussi disponible à ko-editions.ca

Chute libre

Même si ce sujet est encore souvent tabou chez les femmes, la perte de cheveux est une réalité normale et de plus en plus fréquente. Elle n’en fait pas moins mal, tant pour l’estime de soi que pour la qualité de vie. Ses causes et ses effets négatifs sont multiples, mais heureusement, des solutions et des traitements existent. Pleins feux sur l’alopécie au féminin.

Texte JOANIE PIETRACUPA

C’EST DRÔLE, MON MARI connaît et accepte tout de moi mes rêves, mes peurs, mes phobies, mes qualités, mes défauts et il m’a accompagnée durant mes pires moments. Mais jamais, au grand jamais, je n’oserais le laisser me voir sans les rallonges capillaires qui camouflent mon alopécie», m’avoue de but en blanc Emily H.*, 37 ans. Il y a une dizaine d’années, avant que mes propres tifs commencent à chuter (vers l’âge de 29 ans), cette confession m’aurait probablement fait sourciller. Mais il suffit de vivre avec cette difficulté pour comprendre combien la perte de cheveux peut entraîner un sentiment de gêne, de peur ou de colère, de même qu’un stress émotionnel, voire un véritable traumatisme. «J’ai tout essayé pour lutter contre la chute de mes cheveux: j’ai testé l’ensemble des produits offerts sur le marché et je me suis payé des traitements coûteux en clinique, révèle Emily. Je n’en pouvais plus de n’avoir plus confiance en moi sur le plan physique et relationnel! Finalement, j’ai trouvé la combinaison gagnante pour moi: médication orale + minoxidil topique + rallonges capillaires. Ce n’est pas miraculeux, mais c’est ce qui me convient le mieux.»

L’IMPACT PSYCHOLOGIQUE

Emily H. et moi sommes loin d’être les seules à souffrir d’alopécie. D’après une étude menée en 2024 par Medihair, une plateforme en ligne dédiée aux traitements contre l’alopécie, 33 % des femmes seront aux prises avec une perte de cheveux au cours de leur vie. Et de ce pourcentage, 40 % souffriront de difficultés conjugales en raison de la chute de leurs cheveux, comme Emily, et 63 % rencontreront des problèmes liés à cet état dans leur carrière.

C’est le cas d’Imani K.*, 53 ans, qui a récemment failli perdre son emploi de représentante commerciale pour une compagnie pharmaceutique à cause de son alopécie. «Mes cheveux, c’était une grande partie de mon identité de femme noire et de mon estime personnelle. Quand ils ont commencé à tomber, j’ai eu l’impression de perdre une part importante de moi-même, dit-elle. Je me sentais si complexée et tellement moins féminine que je n’osais plus me regarder dans le miroir, et encore moins rencontrer en personne mes clients actuels ou potentiels. Ma performance au travail s’est gravement détériorée. J’ai dû rencontrer mon patron et les RH ce qui m’a rendue vulnérable avant de trouver de l’aide extérieure.»

COMPRENDRE CE QU’EST LA CHUTE DES CHEVEUX

La chute des cheveux peut être provoquée la plupart du temps par des facteurs qu’on ne maîtrise pas, comme les variations hormonales (grossesse, ménopause, etc.), les chocs émotionnels (deuil, divorce, licenciement, etc.), le stress, les carences nutritionnelles, la médication, les maladies auto-immunes, des infections, la chimiothérapie, les changements de saisons ou encore l’hérédité. De plus, la chute de cheveux revêt plusieurs types.

Il faut savoir qu’on parle d’alopécie lorsqu’on perd en continu, de façon diffuse ou localisée, plus de 100 cheveux par jour. Avant toute chose, il est recommandé de consulter un professionnel de la santé (idéalement un trichologue, qui détient une formation pour traiter les affections des cheveux et du cuir chevelu) afin de déterminer l’origine du problème si problème il y a. «Certaines pertes de cheveux sont irréversibles, d’autres peuvent être soignées», indique la Dre Noémie Vézina, directrice médicale du médispa montréalais Sabbya. «Mais plus vite on se penche sur notre alopécie, meilleures sont les chances de la traiter.»

D’après la Dre Vézina, parmi les nombreuses sortes d’alopécies féminines figurent l’alopécie cicatricielle centrale centrifuge, qui provoque une chute capillaire, ainsi que la formation de tissus cicatriciels sur le cuir chevelu; l’effluvium télogène, qui entraîne une chute temporaire causée par un élément déclencheur, comme un déséquilibre hormonal ou un événement traumatique; la pelade (alopecia areata), une maladie auto-immune où l’organisme attaque ses propres tissus; l’alopécie de traction, souvent causée par la tension excessive exercée sur le cuir chevelu par des tresses ou une queue-de-cheval trop serrées; et la plus courante, l’alopécie androgénétique, qui augmente avec l’hérédité et l’âge, et qui touche jusqu’à 57 % des femmes de plus de 80 ans.

DES TRAITEMENTS ADAPTÉS

Après la lecture de l’étude menée par Medihair, je me suis demandé pourquoi les femmes semblent plus nombreuses à perdre leurs cheveux et à les perdre plus tôt qu’auparavant. «Les jeunes femmes sont de plus en plus touchées par l’amincissement de leur chevelure à cause du stress, des déséquilibres hormonaux, d’une mauvaise alimentation et de facteurs environnementaux» m’a dit Kilian Wisskirchen, PDG et fondateur de Medihair. Le mode de vie moderne, y compris la forte pression au travail, les carences nutritionnelles et les coiffures très tirées, y contribuent aussi de manière importante.»

La question qui tue: y a-t-il réellement moyen de ralentir la chute de cheveux ou même de l’arrêter complètement, ou encore d’aider à faire repousser les tifs qui sont tombés? «Oui, mais ça dépend du type d’alopécie dont vous souffrez et de la rapidité avec laquelle on intervient», dit la Dre Shereene Idriss, dermatologue à New York et fondatrice de la ligne de soins cutanés Dr. Idriss. «Et si vos follicules pileux sont encore actifs, certains traitements peuvent vraiment aider à la repousse. Par exemple, le minoxidil (l’ingrédient actif contenu dans des médicaments oraux ou topiques, tels que Rogaine) est l’un des rares traitements cliniquement prouvés qui peut ralentir la chute des cheveux et stimuler leur croissance. La thérapie par plasma riche en plaquettes, qui est offerte en clinique, donne également d’excellents résultats pour la repousse des cheveux: dans ce traitement, ce sont vos propres facteurs de croissance qui sont injectés dans votre cuir chevelu. Et certains suppléments (Viviscal, par exemple) peuvent soutenir la santé

BEAUTÉ

des cheveux de l’intérieur. Cependant, il faut se rappeler que si les follicules sont complètement cicatrisés, comme dans les cas avancés, mais relativement rares, d’alopécie cicatricielle, la repousse peut ne pas être possible. À ce stade, une greffe de cheveux peut être une option à explorer.» La bonne nouvelle, c’est que la technologie se perfectionne à la vitesse grand V et que les solutions ne cessent de se multiplier. En voici d’autres à envisager, des plus simples (être plus douce avec sa tignasse) aux plus pointues (faire appel à un robot de greffe oui, oui!).

LES BONNES SOLUTIONS

LES GESTES À POSER

Pour prévenir la chute de cheveux, la D re Shereene Idriss conseille:

• de soigner son cuir chevelu en le massant à l’aide d’une brosse adaptée, en l’exfoliant avec un gommage spécialisé et en l’hydratant avec une huile nourrissante. Répéter ces opérations au moins deux fois par semaine;

• de se laver la tête deux ou trois fois par semaine, pour garder le cuir chevelu propre tout en en préservant les huiles naturelles;

• d’éviter les coiffures plaquées, le brossage agressif et les outils chauffants;

• de privilégier une alimentation riche en protéines, en fer, en vitamine D et en biotine (vitamine B8);

• de réduire son stress autant que possible.

LES PRODUITS

À ESSAYER

De l’avis de Kilian Wisskirchen, même s’il faut se méfier des cures miracles annoncées dans les médias sociaux, certains soins capillaires peuvent faire paraître les chevelures amincies plus volumineuses. Voici quelques-uns des soins les plus populaires. À utiliser en cultivant la constance et la patience.

L’ALOPÉCIE FÉMININE EN CHIFFRES

• Plus de la moitié de la population féminine peut souffrir d’une perte de cheveux après la ménopause.

• Plus de 50 % des femmes constatent un amincissement de leur masse capillaire après 50 ans, et cet amincissement varie en fonction de divers facteurs.

• B ien qu’on ne sache pas exactement de quelle façon le stress peut empêcher la croissance des follicules pileux, les femmes qui mènent une vie stressante sont 11 fois plus susceptibles de souffrir d’alopécie que celles qui mènent une vie paisible.

Source: Medihair 2024

1. SÉRUM POUR CUIR CHEVELU À BASE DE COLLAGÈNE YOUTH JUICE POUR CHEVEUX CLAIRSEMÉS, DE COLOR WOW (62 $, SEPHORA.CA) 2. SÉRUM DE DENSITÉ SCALP CARE POUR CHEVEUX CLAIRSEMÉS ET GRISONNANTS, DE LIVING PROOF (87 $, SEPHORA.CA) 3. SÉRUM ANTI-CHUTE, DE DUPUIS (60 $, DUPUISHERITAGE.COM) 4. SHAMPOOING HAIR FALL DEFENSE ULTIMATE POWER, DE NIOXIN PRO CLINICAL (27 $, NIOXINCANADA.COM) 5. SÉRUM DENSIFIANT SERIOXYL, DE L’ORÉAL PROFESSIONNEL (70 $, SEPHORA.CA)

LES TRAITEMENTS À CONSIDÉRER

Tout comme pour la médication, il est fortement recommandé de consulter un professionnel de la santé avant de choisir un traitement dans un institut ou une clinique. En effet, certaines interventions conviennent mieux à des patientes qu’à d’autres. Voici néanmoins quelques traitements qui ont fait leurs preuves, surtout s’ils sont associés les uns aux autres ou avec des médicaments, ou encore avec des produits offerts en vente libre, comme Rogaine.

• La thérapie au laser à faible intensité (LLLT): elle augmente la circulation sanguine vers le follicule pileux afin de stimuler la croissance active des tifs.

• La thérapie par plasma riche en plaquettes (PRP): elle stimule notre cuir chevelu en lui injectant de notre propre sang.

• La transplantation capillaire: des follicules pileux sont extraits, puis transplantés dans les zones à traiter. La Dre Noémie Vézina, qui se spécialise dans ce type d’intervention, nous met toutefois en garde: contrairement aux hommes, les femmes ne sont pas toutes de bonnes candidates pour ce traitement.

• Le robot de greffe de cheveux: selon le Dr Michael Brandt, de la clinique de chirurgie plastique FORM Face + Body, à Toronto, le robot ARTAS iXi est un appareil de transplantation capillaire avancé, doté d’intelligence artificielle, qui permet d’obtenir des résultats ultraprécis et naturels.

*Signequel’alopécieféminineestencoretabou,lesfemmesinterviewéesquien souffrentontpréférégarderl’anonymat.

La charge MATERNELLE

Les retraites postnatales promettent d’offrir tous les soins nécessaires après un accouchement. Malheureusement, rares sont les mères qui peuvent se le permettre financièrement.

EN 2017, AU MOMENT OÙ J’ATTENDAIS MON PREMIER ENFANT, j’ai consacré beaucoup de temps à préparer son arrivée. J’ai acheté des couches et de jolis vêtements, j’ai aménagé la chambre de bébé parfaite dans notre appartement, je me suis renseignée sur les différents types de berceaux, j’ai magasiné la meilleure poussette et le siège d’auto le plus sécuritaire, et j’ai mené des recherches approfondies sur les machines à bruit blanc et les rideaux occultants. Mais dans tous ces préparatifs, je n’ai jamais pris le temps de penser à ce qui allait m’arriver après la naissance de cet enfant.

PHOTO: STOCKSY

Ce que je connaissais de l’accouchement se résumait, à peu de choses près, à ce qu’on peut voir à la télé. «Qu’y a-t-il à savoir?», me disais-je. Le bébé naît, puis on rentre chez soi.

Aujourd’hui encore, je grimace en pensant à ma naïveté et à ce qui s’est réellement passé dans ma tête et dans mon corps après la naissance.

Ma mère avait pourtant tenté de me prévenir sur l’ampleur des soins dont j’aurais besoin en postpartum. Dans notre culture sud-asiatique, la tradition veut que les nouvelles mamans se reposent pendant 40 jours, période durant laquelle on mange et on boit des aliments nourrissants, tout en recevant des soins prodigués par nos propres mères. Mais, comme il arrive souvent, on entend nos mères parler sans toujours les écouter. Et puis, de toute façon, je n’avais pas envie de rester cloîtrée avec mon bébé pendant 40 jours. Je voulais sortir et me promener, comme toutes les autres mamans que je voyais sur Instagram.

Mon travail a été long: il a duré près de 24 heures. Comme il s’agissait d’un accouchement vaginal sans complication, nous sommes rentrés à la maison quelques jours plus tard, mon mari, notre nouveau-né et moi. Encore sur un nuage d’amour et d’ocytocine, on a emmitouflé notre fils dès notre arrivée et on est sortis marcher.

Que puis-je dire? J’ai appris ma leçon de la façon la plus douloureuse qui soit: en déchirant mes points de suture. Durant les trois semaines qui ont suivi, je n’ai rien pu faire d’autre que de m’asseoir sur des sacs de glace pour tenter d’oublier la douleur. Pendant ces premières semaines, à mesure que d’autres changements physiques se faisaient sentir   associés au manque de sommeil   , ma santé mentale en a pris un coup, et je me suis sentie complètement détachée de moi-même et de ce nouveau bébé.

C’était loin de l’expérience postpartum que j’avais imaginée… Andrea Paul, une doula spécialisée en accouchement et en postpartum pour l’organisme torontois Discover Birth, a l’habitude de voir ce genre de déconnexion chez les nouvelles mamans. «On a tendance à penser que les personnes qui accouchent doivent être capables de tout faire parfaitement dès le début.»

Ce qu’on nous raconte sur la naissance se concentre toujours en grande partie sur le travail lui-même, plutôt que sur l’après. Trop de femmes sont donc prises au dépourvu par le choc de la vie postnatale. C’est pourquoi Andrea recommande la règle des 5-5-5, qui encourage les mères à passer «cinq jours au lit avec bébé, cinq jours sur le lit à s’occuper de bébé, et cinq jours près du lit avec bébé».

Aujourd’hui, heureusement, un mouvement tente de changer la donne en se basant sur des méthodes provenant de Corée et d’Asie du Sud, où prendre soin d’une nouvelle mère est considéré comme tout aussi crucial que de s’occuper d’un nouveau-né. Des retraites postnatales de luxe, à mi-chemin entre un spa et un centre de naissance, commencent à voir le jour en Amérique du Nord. C’est le cas de Boram, à New York, et de Sanhu House, à Los Angeles. On y propose des traitements pour le bien-être de maman et de bébé, l’accès à des consultantes en lactation et à des infirmières pédiatriques, des repas frais et des gardiennes disponibles 24 heures sur 24. Alma Care, la première retraite de ce type au Canada, fonctionne depuis l’hôtel Kimpton Saint George, à Toronto, et compte bien s’installer à Montréal, à Vancouver, à Calgary et à Ottawa dans un avenir proche. Elle s’inspire des centres

en postpartum, ou joriwon, qu’on trouve en Corée du Sud. Là-bas, les mères y sont dorlotées aux côtés de leur nourrisson, profitent d’aliments curatifs, de bouillons et de thés, et peuvent recevoir des soins pour le visage et des massages. Et surtout, le personnel formé est en mesure de s’occuper du bébé la nuit, pour que les mères puissent se reposer.

En février dernier, j’ai eu la chance de séjourner à Alma Care, après la naissance de mon troisième enfant. Je savais maintenant combien de temps était nécessaire pour véritablement guérir après un accouchement, et j’étais impatiente de découvrir quels bienfaits ce type de retraite pouvait m’apporter.

Beaucoup de femmes qui séjournent ici choisissent le forfait de confinement complet, comme me l’a appris la cofondatrice de l’entreprise, Melissa Gallagher. Ce forfait de 30 nuits inclut les repas, des soins 24 heures sur 24, des séances d’acupuncture et des rituels de bandage du ventre.

Pour ma part, je suis restée à Alma Care deux nuits, environ deux mois après la naissance de mon deuxième fils. Même si je ne sortais pas tout juste de l’hôpital, ça faisait quand même un bien fou de pouvoir rester au lit 48 heures, me reposer et me rétablir. Chaque chambre est équipée d’un berceau et de tout le nécessaire pour prendre soin du bébé, notamment de couches et de lingettes, en plus de produits pour la peau de la marque canadienne Three Ships pour maman.

Le soir, une équipe de soins spécialisés a pris mon bébé un moment au début de sa routine du coucher pour que je puisse dormir quelques heures sans interruption (même si j’ai passé la majeure partie de ce temps, je dois bien l’avouer, à regarder la télé et à consulter mon cellulaire!).

La chose la plus précieuse que j’ai retenue de mon séjour à Alma Care est d’avoir eu la chance de ne penser à rien d’autre qu’à récupérer et à créer des liens avec mon nourrisson. Je suis repartie de cette retraite convaincue que chaque personne qui accouche devrait pouvoir profiter de ce type de soins.

Au Canada, malheureusement, les soins en postpartum se limitent au strict minimum, soit un rendez-vous rapide avec notre sage-femme ou notre gynécologue six semaines après l’accouchement. Andrea Paul reconnaît qu’il y a d’énormes lacunes dans la manière dont les praticiens abordent la période postnatale. «Notre système n’est pas conçu de façon préventive, mais plutôt de façon curative. Depuis 100 ans, on attend des femmes qu’elles gèrent ça par elles-mêmes, et qu’elles le fassent avec le sourire.»

Alma Care souhaite changer les choses, mais étant donné qu’un séjour hebdomadaire dans ce centre coûte 10 500 $ et qu’un forfait complet de 30 jours s’élève à 39 000 $ (les massages et les autres services sont offerts en supplément), la retraite reste hors de portée de la vaste majorité des Canadiennes. Comme le souligne Andrea Paul, les personnes qui se permettent ce type de séjour ont souvent les ressources nécessaires pour les aider après la naissance, tandis que celles qui ont véritablement besoin d’une aide supplémentaire ne l’obtiennent pas. «Celles qui ne peuvent pas accéder à ce type de retraite sont souvent celles qui sont les plus vulnérables et qui ont désespérément besoin de soutien.»

Avec un peu de chance, l’existence d’endroits comme Alma Care encouragera davantage de personnes à reconnaître l’importance de prodiguer aux nouvelles mères la même qualité de soins qu’on donne aux nouveau-nés et à voir le «quatrième trimestre» pour ce qu’il est: un processus qui requiert du temps, du répit et une bonne dose de tendresse.

Une touche de magie

SHAY MITCHELL nous parle de ses essentiels de beauté, de sa fierté d’être Canadienne et du pouvoir de la manifestation.

Texte KATHERINE LALANCETTE Adaptation ANNIE ROUSSEAU

AU DÉBUT DE LA VINGTAINE, entre deux périodes de service dans les bars de Toronto, Shay Mitchell accroche un tableau de visualisation dans sa cuisine. Elle y fixe des images de la vie dont elle rêve: des palmiers, le trophée Teen Choice Awards (en forme de planche de surf), une pub de Maybelline avec Adriana Lima...

Peu après, elle soumet une audition vidéo pour une certaine série pour ados intitulée Pretty Little Liars. La suite, comme on dit, appartient à l’histoire. Shay décroche le rôle d’Emily et part jouer à L.A. La série connaît un succès monstre et rafle de nombreuses récompenses aux Teen Choice Awards. Depuis, l’actrice originaire de Mississauga enchaîne les projets pour la télé et le cinéma. Elle vient, en outre, d’être nommée ambassadrice mondiale de Maybelline.

«Je crois vraiment à la manifestation, me confie-t-elle en visioconférence. Le secret, c’est de croire dur comme fer que ça VA arriver et ne pas juste se dire: “Ah! je l’ai mis sur mon tableau; on verra bien ce qui arrive.”» Shay renchérit en racontant qu’avant la naissance de ses enfants, elle avait créé un tableau où figuraient deux fillettes… à la ressemblance frappante avec ses filles, Atlas, cinq ans, et Rome, deux ans. «Quand je le montre aux gens, ils n’en croient pas leurs yeux, dit-elle en riant. J’aime dire que je suis une bonne sorcière!» Entre sa famille, ses entreprises (la marque de bagages Béis et la téquila Onda) et son nouveau rôle d’égérie, l’ensorcelante Shay excelle effectivement dans l’art de voir ses rêves devenir réalité.

Tu es née à Mississauga et tu as grandi à Vancouver. Qu’est-ce que tu aimes le plus du Canada?

Les gens, sans hésitation. Nous, les Canadiens, on a quelque chose de spécial. On est chaleureux, accueillants. Si on avait un slogan, ce serait: «Allez, tire-toi une bûche!» Chaque fois que j’atterris au pays, que ce soit à Vancouver pour voir mes parents, ou encore à Toronto, je me sens vraiment chez moi. Voir un Tim Hortons, ça me réconforte! (Rires)

Ado, tu décolorais tes cheveux et tu portais des verres de contact pâles. Comment en es-tu venue à t’aimer telle que tu es?

Toutes mes amies avaient les cheveux blonds et les yeux bleus; alors, je pense que c’était par quête d’un sentiment d’appartenance. Mais en vieillissant, on apprend à s’aimer au naturel et à être reconnaissante de ce qui nous rend unique [NDLR: Shay Mitchell est philippine par sa mère.] Je ne regrette pas cette phase, parce que c’est normal d’expérimenter à cet âge-là. Mais il faut s’efforcer de rester soi-même dans tout ça. Tant que ça nous rend heureuse et qu’on ne le fait pas pour les autres, alors, soit!

Je sais que tu es une fervente adepte de produits de beauté. Pourrais-tu nous parler de ta routine, à commencer par les soins pour la peau.

J’essaie toutes sortes de choses, mais je tiens mordicus à ma routine du matin. D’abord, je me nettoie le visage, puis j’applique de la vitamine C, une crème protectrice et un écran solaire — toujours! J’en mets sur mes mains, sur ma poitrine... C’est une habitude qui me

BEAUTÉ

vient de ma mère. Et le soir, peu importe les circonstances, je me démaquille avant de me coucher. C’est non négociable.

L’esthéticienne Shani Darden est une de mes bonnes amies; alors, j’utilise plusieurs de ses produits, et je les adore. IS Clinical est une autre excellente marque de soins pour la peau.

As-tu des outils de beauté de prédilection?

J’adore le bâton sculptant que Shani emploie quand elle me fait un soin facial. Il fait des merveilles pour défatiguer et lisser le visage. Avant une mise en beauté, je m’en sers pour me donner un petit massage. J’aime aussi beaucoup son masque de luminothérapie rouge.

Quels sont tes produits indispensables pour le maquillage?

Je commence toujours par mes sourcils. Et je ne jure que par Kelley Baker. C’est la reine des sourcils. J’adore ses produits. Ensuite, si je suis en tournage, je mets parfois un peu plus de fond de teint; sinon, je m’en tiens au cache-cernes Instant Age Rewind, de Maybelline, qui est muni d’une éponge, ce qui est superpratique. Pour mes lèvres, j’adore les traceurs Lifter Liner. J’ai un faible pour la couleur Let’s Bounce, par-dessus laquelle j’applique un gloss clair Lifter (couleur Ice). Ensuite, bien sûr, je termine par le mascara. [Elle me montre un tube de mascara Lash Sensational Sky High, de Maybelline] Celui-là, c’est le meilleur, un point c’est tout!

Comment chouchoutes-tu ta chevelure?

Quand je ne suis pas sur un plateau, je les attache. La nuit, je dors avec un bonnet en soie. J’applique de l’huile sur mes pointes et je les tresse avant de m’endormir pour éviter les cassures. J’aime les produits naturels, comme l’huile de coco. Ma mère a grandi aux Philippines, et là-bas, on l’utilise pour pratiquement tout, que ce soit sur le corps en sortant de la douche, dans les cheveux, sur les mains, ou sur les pieds avant d’enfiler des chaussettes. L’huile de coco est vraiment incroyable.

Et qu’en est-il des soins pour le corps?

J’ai toujours été fan de drainage lymphatique. J’ai une petite brosse sèche dont je me sers à cette fin avant de me doucher. Mon amie Flavia [Lanini] est MA référence en la matière. Flavia est brésilienne. Je l’ai rencontrée à son arrivée aux États-Unis, à l’époque de PLL. J’adore recevoir un drainage lymphatique avant un tapis rouge ou une séance photo, ou simplement pour activer mon système lymphatique. On peut aussi le faire soimême avec une brosse sèche et d’autres outils conçus à cette fin, ou même avec ses mains. L’idéal, c’est de terminer par un petit tour dans un sauna infrarouge.

Comment aimes-tu commencer la journée?

Avec deux enfants en bas âge, c’est plutôt imprévisible. Cris, larmes ou câlins… On ne sait jamais ce qui sera au programme le matin! Mais en ce moment, ma mère est en visite chez moi; alors, j’en profite. Quand les filles se réveillent, je les envoie la rejoindre en bas. J’ai donc un peu plus de temps pour me reposer ces jours-ci. Les seules choses dont je ne déroge habituellement pas, c’est de faire mon smoothie protéiné et de prendre mes vitamines. Mais chaque jour est différent et je ne m’en plains pas, car j’aime ça comme ça.

As-tu un rituel le soir?

Quand je rentre après une journée de tournage et que je n’ai rien d’autre à filmer, je me démaquille, je laisse ma peau respirer, je prends une douche et j’enfile ce que j’appelle mes «vêtements de maison». Ensuite, je m’installe devant un panneau de thérapie par la lumière rouge. C’est chaud, et ça me met dans une espèce d’état méditatif, mais c’est aussi très bon pour la santé. Ensuite, si j’ai du travail, je le fais après avoir couché mes filles. Comme ça, je ne suis pas sur mon téléphone quand je suis avec elles.

Cinq petites choses qui te rendent heureuse?

Un dessin de mes filles, un nouveau livre, une nouvelle liste de lecture, un billet d’avion et… un coup de mascara!

À propos de billets d’avion, où aimerais-tu voyager cette année?

J’aimerais retourner à Tokyo, peut-être avec mes filles cette fois-ci. J’adore le Japon et je m’y sens toujours très inspirée.

Un remède express aux journées difficiles?

Me faire livrer de la bouffe et regarder une série sous la couette.

Qu’aimerais-tu inculquer à tes filles à propos de la beauté?

Qu’elles sont parfaites telles qu’elles sont. Je veux qu’elles soient bien dans leur peau et qu’elles fassent les choses pour ellesmêmes, pas pour briller dans le regard des autres. Quand elles me montrent un dessin qu’elles ont fait, je ne leur dis pas juste: «Oh, wow! J’adore ça!» Je leur dis plutôt: «Cool! Est-ce que toi, tu l’aimes?» Parce qu’au final, c’est leur opinion qui compte. C’est tout particulièrement important pour les jeunes filles. Ce n’est pas facile de vieillir en tant que femmes. Il y a de quoi douter de nous quand on doit affronter les standards de beauté et la pression qui vient avec. Alors, plus on leur donne confiance en elles dès leur jeune âge, plus ça les aidera plus tard — j’espère.

Ce blush crème à effet poudre s’estompe à la perfection pour nous procurer un teint sublime et naturel. FARD À JOUES SOFT PINCH MATTE BOUNCY (GRATEFUL), DE RARE BEAUTY BY SELENA GOMEZ (37 $, SEPHORA.CA)

Avant d’enfiler nos sandales préférées, on bichonne nos pieds à l’aide de ces masques exfoliants adoucissants. MASQUES EXFOLIANTS POUR LES PIEDS À L’ALOE VERA ET À LA LAVANDE, DE GRACE & STELLA (22 $, GRACEANDSTELLA.COM)

Il suffit de respirer ses notes ensoleillées de clémentine, de magnolia et de vanille pour effacer tout souvenir de neige et de gadoue.

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Grâce à ce gommage corporel, on élimine les rugosités et les squames causées par la saison froide. À nous, les camisoles à bretelles spaghetti et les minijupes!

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ÉVEIL printanier

C’est fait: on a réussi à survivre à un autre hiver québécois! Les beaux jours sont maintenant au rendez-vous, et il est temps de rayonner à notre tour.

Texte et shopping

Adaptation MAROUCHKA FRANJULIEN

En quelques gouttes, ce sérum léger répare les dommages et «booste» la brillance de nos tifs comme jamais. On a l’impression d’avoir fait faire un gloss capillaire dans un salon! SÉRUM CAPILLAIRE FORTIFIANT FERMENTÉ BIOBREW, DE THE ROOTIST (65 $, SEPHORA.CA)

produit neutralisent les tons bleus et violets des cernes, ravivant du même coup le regard.

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On sirote un café, le temps que ces patchs fassent leur travail et nous donnent un regard infiniment frais et lumineux.

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MAI EN CE MOIS DE RENOUVEAU, ON OSE LES PIÈCES QUI NOUS FONT SENTIR BELLES ET FORTES.

de

Maîtresse d’ellemême

et

La comédienne québécoise SOPHIE NÉLISSE est prête pour la prochaine étape de sa carrière.
Texte JOANNA FOX
Adaptation
ELISABETH MASSICOLLI
Photographie
directeur
création ROYAL GILBERT
Stylisme OLIVIA LEBLANC
COMBINAISON (NINA RICCI), COLLANTS (SIMONS), COLLIER (CHOPARD), CHAUSSURES (BOTTEGA

LES GENS NE PEUVENT DÉTACHER LEUR REGARD DE SOPHIE NÉLISSE. Qu’elle soit à l’écran ou dans le restaurant animé de Montréal où nous nous retrouvons pour notre entretien, son magnétisme est indéniable. En cette froide journée de janvier, elle est habillée de façon décontractée: elle porte un jean et un pull à col roulé ample, une coiffure simple et un maquillage à peine visible, mais il y a quelque chose en elle qui attire l’attention de tout le monde  et qui nous vaut plusieurs coups d’œil curieux. C’est un témoignage de sa qualité de star innée  ce fameux it factor  qui lui a permis d’obtenir des rôles importants, notamment celui qu’elle tient dans la série à succès Yellowjackets, sur Showtime, qui a reçu des critiques dithyrambiques et dont la troisième saison a été récemment diffusée sur Crave. La carrière de cette actrice québécoise de 25 ans n’a pas explosé du jour au lendemain. Sophie, qui est née à Windsor, en Ontario, et a déménagé à Montréal à l’âge de quatre ans, travaille depuis l’âge de sept ans. Elle était alors aspirante gymnaste olympique, et c’est pour financer ses frais d’entraînement et de déplacement qu’elle a décidé de devenir actrice. Après avoir fait quelques publicités, elle a décroché son premier rôle: c’était dans le film québécois Monsieur Lazhar, nommé aux Oscar en 2012; et la même année, elle a remporté un prix Génie (aujourd’hui, prix Écrans canadiens) et un prix Jutra pour sa performance. Elle n’avait que 11 ans.

Jusqu’à ce moment-là, Sophie, qui a grandi dans un foyer francophone, mais qui parle très bien l’anglais (sa mère est originaire de Terre-Neuve et son père est belge), n’avait auditionné que pour des productions québécoises, mais Monsieur Lazhar a tout changé. «Ce film a touché un public tellement large que des agences américaines m’ont vue et ont voulu me représenter», dit-elle. À partir de là, les choses ont pris de l’ampleur. En 2013, elle tient la vedette dans le film dramatique américano-allemand The Book Thief, aux côtés de Geoffrey Rush et d’Emily Watson, ce qui lui ouvre bien des portes. À ce propos, elle témoigne de la reconnaissance à son professeur de dialecte (il l’a aidée à maîtriser son accent allemand), qui lui a permis de perfectionner son accent anglais nord-américain.

Étant donné le jeune âge de Sophie à cette époque, je ne peux m’empêcher de me demander si elle était consciente de ce qui se passait autour d’elle, si elle percevait alors l’immense succès des productions auxquelles elle participait et des personnalités qu’elle côtoyait. «J’étais tout à fait consciente de ce qui se passait avec Monsieur Lazhar, parce que le film s’est rendu jusqu’aux Oscars. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’il change radicalement ma vie ou à ce qu’il me donne autant d’opportunités. Même chose avec The Book Thief : je me suis rendu compte du succès de ce film, mais j’en ai saisi l’importance bien plus tard.»

Au départ, Sophie n’avait pas l’ambition de devenir actrice, mais plus elle jouait, plus elle y prenait plaisir; de plus, elle était très douée. «Je ne me mettais pas de pression, je m’amusais. Je n’étais pas aussi déçue [qu’aujourd’hui] lorsqu’on me refusait un rôle, parce que je me disais que je faisais ça pour le fun! Ça m’a permis de garder les pieds sur terre, parce que je ne cherchais pas à devenir célèbre. Ça n’a jamais été ça, le but.»

Cette attitude lui a permis de grandir en conservant un certain degré de normalité et d’équilibre. Sa famille n’a jamais mis son travail au centre de sa vie non plus. «Si j’avais dit à ma mère que je voulais arrêter de jouer, elle m’aurait toujours répondu: “Parfait, fais autre chose.”» Un jour, Sophie a cependant choisi de quitter la gymnastique et de poursuivre avec sérieux sa carrière d’actrice. Depuis, elle a tenu plus de 30 rôles dans des productions tournées au Québec, dans le reste du Canada et à l’étranger.

L’un de ses rôles les plus connus à ce jour est celui de Shauna (à l’adolescence), dans la série Yellowjackets, un thriller psychologique américain ultrapopulaire, dont la première a eu lieu en novembre 2021. «C’est arrivé si vite  c’est le rôle que j’ai obtenu le plus rapidement. Quand je l’ai décroché, on était à deux semaines du début du tournage. Mon agence était très enthousiaste. Mon équipe ne tarissait pas d’éloges sur la série  il y a eu un buzz autour de Yellowjackets dès le début.» Et à juste titre, car la série a non seulement été acclamée par la critique (elle a récolté 140 nominations pour les deux premières saisons!), mais elle a aussi suscité un engouement parmi les admirateurs (groupes de discussion sans fin, notamment sur Reddit, et moult spéculations dans les médias sur les personnages et l’intrigue).

ROBE ET CHAUSSURES (LOEWE), BRACELET (CHOPARD)
(MICHAEL KORS), BOUCLES
(JEAN-PAUL
CHEZ SSENSE),
(CHOPARD)

Pour ceux qui n’auraient pas encore vu Yellowjackets, la série est centrée sur les ados d’une équipe de soccer féminin qui survivent à un accident d’avion survenu en 1996, mais qui se retrouvent isolées dans la nature canadienne pendant 19 mois. La série est également centrée sur des survivantes du drame, qu’on retrouve 25 ans plus tard, et les répercussions que ces mois de misère dans les bois ont eues sur leur vie. Outre la distribution, qui comprend notamment Melanie Lynskey (qui joue la version adulte du personnage de Sophie Nélisse), Christina Ricci et Juliette Lewis, la série a attiré l’attention parce qu’elle aborde des thèmes comme le cannibalisme, les rituels psychédéliques païens et le surnaturel: la recette parfaite d’un récit exaltant. Mais ce qui a vraiment convaincu les amateurs de la série, c’est la force et la conviction des personnages, en particulier celui de Sophie Nélisse. L’intrigue la fait passer du rang de meilleure amie réservée et tranquille à celui d’adolescente enceinte et en colère, couverte de boue et de sang, hurlant sa rage dans une forêt sombre. Sa furie face à son destin et à celui de ses compagnes exacerbe son instinct de survie et donne lieu à de nombreux moments très intenses.

Bien que les jeunes actrices qui incarnent les personnages adolescents ne partagent pas de scènes avec celles qui interprètent ces mêmes personnages à l’âge adulte, Sophie s’est vraiment attachée à Melanie Lynskey (qui joue Shauna à l’époque actuelle), née en Nouvelle-Zélande, dont la fulgurante carrière a également commencé à l’adolescence, où elle a joué aux côtés de Kate Winslet dans le film primé de Peter Jackson Heavenly Creatures, en 1994. «C’est comme une deuxième maman pour moi, dit Sophie. Je lui demande des conseils sur le métier d’actrice, sur la façon de se frayer un chemin dans l’industrie et sur la manière de ne pas me faire prendre par toute la bullshit. La machine hollywoodienne est bien différente de l’industrie québécoise. Le fait que Melanie ne vienne pas non plus de Los Angeles lui donne un point de vue d’outsider ; elle est donc d’excellent conseil.» À son avis, l’actrice néo-zélandaise est gentille, bienveillante; c’est le genre de personne super agréable à côtoyer, qui se souvient des noms de chacun sur un plateau. «Ça m’inspire. Quel que soit mon degré de succès ou de célébrité, je veux être une personne avec laquelle on a envie de travailler.»

Melanie Lynskey admire aussi sa costar, qui lui rappelle sa propre jeunesse. «On fait toutes les deux confiance à notre instinct, dans nos performances comme dans nos relations avec les gens, m’écrit-elle dans un courriel. Sophie sait très bien juger le caractère des gens, ce qui est très utile dans ce métier. On peut être gentille tout en se protégeant, et c’est une qualité que je suis contente d’avoir. J’ai toujours su éviter ceux qui n’avaient pas de bonnes intentions, et Sophie aussi. Elle n’est pas du tout naïve; elle est très forte, et c’est quelque chose dont on a besoin pour réussir dans cette industrie difficile.»

Au cours des dernières années, Sophie Nélisse s’est également rapprochée de ses coéquipières de Yellowjackets. Lorsque le premier épisode de la série a été diffusé, le groupe d’actrices a créé une chaîne de textos appelée Naughty ‘90s; elles y publiaient des photos de panneaux d’affichage et de publicités sur la série, ainsi que des théories élaborées par des fans, en se pinçant, complètement stupéfaites d’être toutes ensemble embarquées dans cette folle aventure. «On se connaît si bien maintenant, tant sur le plan personnel que sur celui de l’interprétation, dit Sophie. Nos dynamiques sont établies. Et j’adore quand on entre dans une scène et que la magie opère, parce que chacune intervient et y met du sien.»

ROBE ET BOUCLES D’OREILLES (BOTTEGA VENETA)
VESTON, CHEMISE ET SHORT (JW ANDERSON, CHEZ SIMONS), CRAVATE (TOM FORD, CHEZ SSENSE), CHAUSSETTES (SIMONS), BAGUES (CHOPARD)
HAUT (JIL SANDER, CHEZ SSENSE), JUPE ET PANTALON (RE—PULL), COLLIER (MM6, CHEZ SSENSE), BAGUE (CHOPARD), CHAUSSURES (LOUBOUTIN)

RENCONTRE

S’il y a une chose à savoir à propos de cette série, c’est qu’elle est extrêmement imprévisible, ce qui signifie qu’un personnage peut être présent durant un épisode… et qu’il peut disparaître au suivant. Pour Sophie et les actrices dont les personnages adultes font partie de l’intrigue actuelle, il est réconfortant de savoir qu’elles ne peuvent pas être «tuées». «C’est toujours un peu gênant lorsqu’on lit un épisode et qu’on apprend qu’un personnage meurt; on sait qu’on ne tournera bientôt plus avec l’actrice ou l’acteur en question, dit-elle. On organise toujours des petites fêtes d’adieu pour célébrer les filles qui vont “mourir”.»

Sophie est assez discrète sur les détails de la troisième saison [NDLR: certains des épisodes n’avaient pas encore été diffusés au moment d’écrire ces lignes], mais elle révèle que beaucoup de revirements y seront expliqués. «Quand j’ai commencé à lire les textes de la troisième saison et que j’ai vu à quel point Shauna était devenue méchante et amère, et comment elle s’en prenait à ses compagnes, je me suis dit: “Oh, ça va être vraiment l’fun!” Elle emprunte une direction complètement différente des saisons précédentes, à mesure qu’on obtient des réponses aux questions qui sont en suspens depuis le début.»

Yellowjackets a peut-être attiré l’attention sur Sophie Nélisse à l’échelle internationale, mais la jeune actrice ne renie cependant pas ses origines. Elle joue dans Deux femmes en or, de la réalisatrice québécoise Chloé Robichaud (Sarah préfère la course, Les jours heureux). Ce film, qui a remporté cette année le prix spécial du jury du Festival du film de Sundance, dans la catégorie World Cinema Dramatic Competition, sortira en salle le 30 mai. Elle revient également à la télévision dans la nouvelle série L’indétectable, qui est diffusée sur ICI TOU.TV EXTRA. Elle prend tout cela à bras-le-corps et s’efforce de garder les pieds sur terre et de rester concentrée. «Je pense qu’il faut avoir de très bons objectifs. Quand on est dans la mire des gens, qu’on est la saveur du mois, il est très facile de laisser ça nous monter à la tête. Mais je connais mes priorités.»

Après avoir été devant la caméra pendant autant d’années, Sophie Nélisse souhaite maintenant faire ses débuts derrière la scène, pour diversifier son expérience dans l’industrie et être davantage maîtresse de ses projets. Ainsi, elle essaie de produire un film basé sur un livre dont elle a acheté les droits, et elle tente de financer ce projet. Elle écrit également son propre scénario. «J’aime toucher à tout. Je veux comprendre comment on écrit un scénario; alors, je vais tenter d’en écrire un moi-même. Ça n’aboutira peut-être à rien… J’aime créer, mais je ne me sens pas obligée d’être bonne et je peux faire l’exercice juste pour le plaisir. C’est une expérience d’apprentissage. C’est la même chose pour la production: peut-être que je ne produirai jamais un film qui attirera des millions de personnes, mais je trouve ça important d’essayer et de voir le travail de fond de toute une production.»

La jeune actrice aimerait également varier son répertoire. «Je suis dans une période de ma vie où je veux explorer de nouveaux horizons, que ce soit une comédie, un long métrage romantique ou, encore, un film d’action, dans lequel je pourrais utiliser mon expérience d’athlète.» En tête de liste de ces souhaits figure celui de travailler avec le réalisateur québécois Denis Villeneuve, nommé aux Oscars. «Ce serait mon rêve!»

Sophie Nélisse est déterminée, pragmatique, douce et attentionnée, mais ce qui m’impressionne le plus après avoir passé du temps avec elle, c’est son regard sur son incroyable parcours. Elle est consciente du voyage hors du commun qu’elle est en train de faire et de l’importance de prendre un peu de recul. «Si j’avais déjà accompli tout ce que je désirais accomplir, qu’est-ce qu’il me resterait pour me motiver? Je veux profiter du moment présent, du moment où je me trouve. La jeune fille de 10 ans que j’étais serait déjà très fière de moi. Et oui, c’est normal d’en vouloir plus et d’essayer de me rendre plus loin, mais je pense qu’il est aussi crucial que je reconnaisse le travail que j’ai accompli et que je ne me compare pas aux autres.» Dans un secteur extrêmement compétitif, Sophie Nélisse s’efforce de rester concentrée. «Ça prendra le temps qu’il faudra, dit-elle à propos de sa carrière. Ce qui compte vraiment, ce sont les expériences que je vis en cours de route. Elles me feront d’autant plus apprécier le résultat final.»

HAUT ET PANTALON (SPORTMAX), BRACELET (CHOPARD), BAGUE (JEAN PAUL GAULTIER, CHEZ SSENSE), CHAUSSURES (JW ANDERSON, CHEZ SIMONS) POUR LES DÉTAILS, VOIR LE GUIDE SHOPPING. COIFFURE: MÉLANIE GUILLE, MAQUILLAGE: CAROLE MÉTHOT (U BEAUTY), ASSISTANTE AU STYLISME: SARAH M’BENGUE, DIGITECH: PASCAL FRÉCHETTE, ASSISTANTS À LA PHOTOGRAPHIE: THIBAUT KETTERER ET MYLÈNE CASTILLOUX, SCÉNOGRAPHIE: NAOMIE TREMBLAY (STUDIO TB), PRODUCTRICE ÉDITORIALE: SARAH AKLI UN MERCI SPÉCIAL À L’ÉQUIPE DU 9E, À MONTRÉAL, POUR NOUS AVOIR PERMIS DE RÉALISER LES PHOTOS DANS SON RESTAURANT ET SON ESPACE ÉVÉNEMENTIEL.

AN GÈLE

Après 10 ans de tourbillon, la chanteuse belge s’est offert une pause. Elle revient en pétillante égérie du parfum Chance Eau splendide, de Chanel, et nous confie ses coups de cœur et ses coups de tête du moment.

Texte ALICE AUGUSTIN Adaptation ELISABETH MASSICOLLI

Photographie JULIEN VALLON Réalisation HORTENSE MANGA

ANGÈLE SE FAIT RARE DEPUIS LA FIN DE SA TOURNÉE MARATHON pour l’album Nonante-cinq, qui s’est terminée en mai 2023. Un répit qui semble plutôt lui réussir! Pour la chanteuse de 29 ans, la dernière année a été le moment de prendre du recul, de retrouver un peu de calme après une ascension tourbillonnante, parfois éprouvante. Elle est partie un temps savourer un anonymat salutaire à New York; on la sait aussi au travail sur un nouvel album. C’est donc ressourcée et apaisée qu’on l’a rencontrée pour parler de sa nouvelle collaboration pour la dernière campagne du parfum Chance Eau splendide, de Chanel, dont le film a été réalisé par Jean-Pierre Jeunet et mis en musique par ses soins. On en a profité pour lui demander de nous parler de ses obsessions du moment.

LE SPORT ET LA NOURRITURE SAINE

Je m’y suis mise comme jamais! Ça prend beaucoup de place dans ma vie. Je fais du renforcement musculaire et du cardio tous les jours chez moi, à Bruxelles, et je m’intéresse davantage à cuisiner, avec des ingrédients sains. Au début, c’était surtout pour préparer le grand saut de la prochaine tournée. Avec le recul, je ne comprends pas comment j’ai pu tenir le coup lors de la précédente: je n’avais aucune hygiène de vie. Aujourd’hui, je dors mieux, je mange deux fois plus, je m’écoute, je suis beaucoup plus tendre avec mon corps et avec moi-même.

LES TENUES DU FILM CHANCE

Dans le film réalisé par Jean-Pierre Jeunet, il y a un clin d’œil aux tenues Chanel que j’ai portées pendant ma tournée Nonante-cinq. À l’époque, j’avais demandé à voir les archives de Karl Lagerfeld datant de 1995, mon année de naissance. J’étais tombée sur ces looks minijupe noire et tops de couleur qu’on avait vus sur Claudia Schiffer dans des super séries mode. Ça m’a tout de suite parlé. Au moment

de l’essayage de la jupe, non seulement elle était parfaitement à ma taille, mais, en plus, l’étiquette indiquait une date, 3 décembre 1995, celle de ma naissance. C’était un signe! On a travaillé à partir de ces archives pour réaliser les costumes de ma tournée; c’était une vraie collaboration avec le studio. Et comme un prolongement de cette jolie histoire, les danseuses, qui apparaissent dans la pub Chance, portent des répliques de ces tenues de scène.

LES BALADOS

Ma passion pour les podcasts est venue en cuisinant ce que je fais plus souvent maintenant que je m’intéresse plus à mon alimentation. J’ai deux coups de coeur. D’abord, FloodCast : des invités qui animent une discussion entre potes. C’est très authentique; on ne se sent jamais seule quand on l’écoute. J’ai du mal à faire les choses en silence et, comme je suis souvent seule, les podcasts me réconfortent. Mon autre pépite, c’est Transfert. J’y trouve une empathie qui me touche: ce sont des gens qui viennent raconter avec du recul leur trauma ou un événement important de leur vie; on sent qu’il y a eu un vrai cheminement thérapeutique. Ça montre que c’est possible de s’en sortir. Écouter l’adulte qui vient consoler son enfant intérieur, c’est hyper fort.

LES SPECTACLES DE SHAY

Shay est une autre artiste belge dont je suis fan. Je l’ai vue récemment sur scène à Forest National, à Bruxelles, et je me suis pris une énorme claque. La mise en scène, sa performance, la danse, les arrangements... Ça me fait toujours quelque chose quand je vois que l’artiste s’est donné les moyens pour faire un vrai show. Elle incarne quelque chose de très fort dans un milieu où les femmes se font assez rares. On voit trop peu de femmes dans le hip-hop, mais c’est en train de changer. J’admire sa musique et ce qu’elle représente et je ne dis pas ça parce qu’elle est belge!

L’ÉTAT DU MONDE

Je peux évidemment être en boucle sur des sujets angoissants, comme la montée du fascisme et de l’intolérance. Comment se préserver? Comment agir? Je réfléchis à mon rôle dans tout ça. J’ai toujours pris la parole pour dire mes engagements de façon très sincère. Aujourd’hui, je suis moins sur le devant de la scène, mais je continuerai à faire passer des messages à travers ma musique. Ce qui est magnifique avec des chansons comme Ta reine et Balance ton quoi, c’est qu’elles continuent à faire sens, surtout dans cette époque où nos droits reculent.

PHOTO: LEEOR WILD

La gastronomie GUATÉMALTÈQUE, à la conquête du

monde

Après avoir été longtemps boudée, la cuisine du Guatemala fait depuis peu une entrée remarquée sur la scène gastronomique internationale. Mais à quoi fait-on référence quand on parle de cuisine guatémaltèque? Pour y voir plus clair, trois chefs primés de ce pays d’Amérique centrale nous ouvrent les portes d’un monde de saveurs encore méconnu.

LE TAXI S’EXTIRPE DU TRAFIC de Ciudad de Guatemala pour gravir les collines envahies d’une jungle luxuriante qui surplombent la vaste capitale. Le chauffeur regarde avec étonnement son GPS. «Es aquí?» («C’est ici?»), me demande-t-il avec un sourire inquiet, avant de me laisser aux abords d’un bâtiment brutaliste aux allures de bunker.

«Aquí», c’est le restaurant Diacá, où Debora Fadul, cheffe prisée et moteur d’une nouvelle vague culinaire dans son pays, concocte sa petite révolution. Au moment de ma visite, son nouveau quartier général n’est ouvert que depuis neuf jours. Assis au comptoir, je contemple la cuisine, dont les comptoirs sont faits d’une argile rouge rappelant la poterie traditionnelle guatémaltèque. L’apéritif, un Negroni fait avec du vermouth maison et un gin infusé au palo santo, met la table pour une expérience gastronomique mémorable.

Pendant que je sirote mon cocktail, on dépose sur ma table un bottin téléphonique, où sont répertoriés non seulement le nom et le numéro de téléphone des gens qui ont produit les ingrédients utilisés en cuisine, mais aussi ces ingrédients mêmes. «C’est une manière d’établir un lien entre la population et les producteurs, mais c’est aussi une référence pour les autres chefs du Guatemala, dit Debora Fadul. Si on fait quelque chose de bien, mais qu’on le garde pour soi, à quoi ça sert?»

Des plats délicats et bien pensés me sont ensuite servis: un craquelin de maïs farci d’un beurre de maïs noir et surmonté de morceaux de coing mariné; un plat de courge, la chilacayote, ou courge de Siam, souvent apprêtée en dessert au Guatemala, qui est ici cuite dans une bouillie de cendres, une méthode traditionnelle appelée nixtamalisation, qui la rend tendre et translucide; un chicharrón (la peau frite du porc),

servi comme un cannolo, farci de canard et d’ail noir; un plat de noix de coco et de litchi, préparé en salé, envoûtant par ses parfums d’épices chaudes qui rappellent que le pays est bordé par la mer des Caraïbes au nord-est...

«Ici, on respecte le territoire coûte que coûte. On ne cuisine pas un plat guatémaltèque si on doit utiliser des ingrédients qui ne viennent pas d’ici», dit Debora Fadul.

À l’instar des chefs scandinaves qui ont fondé la nouvelle cuisine nordique au début des années 2000, la cheffe du Diacá souhaite que le Guatemala s’émancipe des façons de faire et des ingrédients d’ailleurs pour qu’il puisse enfin mettre en valeur les saveurs locales et les techniques de cuisine traditionnelles. L’une de ces techniques porte sur l’utilisation du comal, une surface de cuisson en terre cuite qui ne nécessite pas d’huile ni de gras. «Je pense qu’on connaît mal nos atouts et qu’on doit remettre de l’avant notre savoir-faire», dit-elle.

Elle reconnaît que le prix de son menu (qui dépasse les 100 $ canadiens) n’est pas accessible à tous ses compatriotes, mais elle n’a pas l’intention de changer de cap: son entreprise encourage la transmission des connaissances, vitales pour les fermiers et les cueilleurs de produits sauvages, qui sont pour la plupart d’origine autochtone. «Il est de plus en plus difficile de trouver des cueilleurs de champignons. Le grand-père a montré quoi récolter à son fils, mais ce fils, il ne l’a pas appris à ses enfants. Si on arrête de cueillir ces champignons et de les manger, on va perdre ce savoir.»

AU CŒUR DU

MARCHÉ

«Hé, Pablo, comment ça va?» Au marché La Terminal, un des plus grands marchés publics d’Amérique centrale, le chef Pablo Diaz est accueilli comme une star, ou à tout le moins comme un vieil ami. Il se penche au-dessus d’une montagne

de crevettes fraîches pour échanger une poignée de main, de l’argent, et il repart avec un sac bien rempli par l’homme qui l’a apostrophé. «Il me garde les meilleurs arrivages sous le comptoir», me souffle-t-il, avec un sourire en coin.

Arpenter ce labyrinthe d’étals se fait à toute allure avec Pablo, qui vient s’approvisionner ici chaque jour pour son restaurant, le Mercado 24. Il y a ses contacts privilégiés, mais, pour lui, c’est le produit qui décide: pas de copinage, juste les ingrédients les plus frais possibles.

La cuisine de Pablo est une cuisine de marché: locale, spontanée et accessible. Saisonnière? «C’est intéressant, parce que les saisons, ici, c’est la saison des pluies ou la saison sèche. Mais il y a des centaines de zones climatiques au Guatemala; on trouve donc une immense diversité en tout temps», précise Pablo. Au Mercado 24, on trouve un menu dynamique où les produits frais sont à l’honneur: crudos, salades, tostadas (tortillas frites à plat et garnies) et même des bao buns aux saveurs du Guatemala. «En général, ma cuisine est très globale, dit le chef. Mais je n’utilise que des ingrédients d’ici, que je trouve au marché.»

L’AMUSE-GUEULE

Le marché est le cœur battant des villages et des villes du Guatemala, et les produits qui y abondent (viandes, poissons, fruits, légumes et herbes) sont les plus frais et les moins chers. Ce que Pablo Diaz ajoute à ces saveurs simples et locales, c’est sa touche gastronomique — quelques fermentations, des cuissons délicates... et une vision très moderne de la cuisine.

LA MYTHOLOGIE DES SAVEURS

On entre au Flor de Lis comme on descend dans une grotte inexplorée. La petite salle à manger est plongée dans la pénombre, et de l’encens embaume l’air. Ici, tout est calculé pour nous faire entrer dans le monde des légendes mayas. Le menu moderniste du chef Diego Telles, inspiré du livre ancien Popol Vuh, qui raconte la création du monde selon la cosmogonie du peuple k’iche’, faisant partie de la civilisation maya, est une expérience de haute voltige.

Fort de son passage aux réputés restaurants Noma, à Copenhague, et surtout au Mugaritz, dans le Pays basque, ce chef propose une expérience culinaire déroutante. «On dit souvent que le récit est la sixième saveur», dit Diego Telles, pour résumer l’influence du célèbre restaurant espagnol sur sa cuisine.

Pour lui, interpréter les mythes du Popol Vuh est une manière de célébrer la culture ancienne du Guatemala, tout en la modernisant. «On vend souvent le Guatemala aux étrangers en mettant l’accent sur les sites archéologiques, sur les ruines. Je suis d’accord qu’il faut les voir, mais le Guatemala est beaucoup plus que ça», lance-t-il.

Manger au Flor de Lis est déstabilisant. Sa carte propose, par exemple, un plat inspiré par la déesse du maïs, Ixmucane, qui comprend de l’amarante grillée, de la chair de grenouille et de la poudre de fourmis géantes, les messagères entre le monde des vivants et celui des morts; un tamal de fava farci à la langue de bœuf et servi dans la réplique d’un bol ancien; un plat complètement noir, fait de maïs noirci, de courge et de haricots, qui donne l’impression de plonger sa fourchette dans l’obscurité...

L’endroit est parfait pour conclure un séjour au Guatemala, parce qu’on aura parfois rencontré ces saveurs ailleurs au pays, mais sous un jour complètement différent. «Les traditions qu’on présente ici sont encore vivantes dans les régions rurales du Guatemala; on ne fait que les présenter à un public différent, surtout des touristes», fait remarquer Diego Telles.

L’INGRÉDIENT

Si le Guatemala, qui s’est relevé il y a à peine 30 ans d’une guerre civile sanglante, peine encore à définir son identité culinaire, c’est entre autres à cause d’une profonde division entre les villes et les campagnes, selon les chefs interrogés pour cet article. Au cœur de leur démarche: raviver l’amour, autant des Guatémaltèques que des étrangers, pour ce que cette terre de volcans, de forêts et de plaines fertiles peut donner d’ingrédients riches et uniques.

En prenant place à la table de ces trois restaurants, on pourrait jurer que l’avenir brillant du Guatemala se voit dans les yeux de ces jeunes chefs, qui s’activent en cuisine pour redonner leur juste place aux saveurs de leur pays.

LA CUISINE DE PRÉPARATION DU DIACÁ, TOUTE NEUVE, ACCUEILLE UNE PARTIE DE LA BRIGADE.

DE FERME EN FJORD

Pour certains, la Scandinavie, ce sont les granges abandonnées, aux portes entrouvertes, les polars noirs. Pour d’autres, dont l’UNESCO, c’est la seterkultur , soit les pratiques liées à l’agriculture d’été en Suède et en Norvège. L’organisation l’a d’ailleurs inscrite sur sa liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Au pays des fjords, le voyagiste Up Norway nous invite à vivre ces traditions uniques. À Skåbu, par exemple, on peut loger dans une authentique ferme familiale située au cœur des pâturages d’altitude, le temps de belles randonnées. Du côté du célèbre Geirangerfjord comme des îles Lofoten et du lac Mjøsa, des dégustations de fromages (dont le brunost, au goût de caramel), des repas mémorables de la ferme à la fourchette et l’observation d’animaux (comme les bœufs musqués) dans des environnements majestueux peuvent jalonner une échappée conçue sur mesure. Celle-ci pourrait même bifurquer vers une grange abandonnée pour les fans de Jo Nesbø et cie! UPNORWAY.COM

Texte CAROLYNE PARENT

CAMPING SAUVAGE

En Afrique australe, la Zambie inspire franchement l’émerveillement. Imaginez: 73 groupes ethniques, les chutes Victoria (ou la «fumée qui gronde», en lozi), 20 parcs nationaux, les Big Five, certes, mais aussi la plus grande population d’hippopotames au monde, des renards volants, des gnous, une nature inviolée! Et en guise de camp de base, des hébergements qu’un Dr Livingstone (un explorateur écossais que le pays honore encore à ce jour) ne renierait pas. Parmi ces hébergements, mentionnons le Tongabezi Lodge. Il est situé en bordure du fleuve Zambèze, sur lequel on organise des safaris en canot. À proximité: les fameuses chutes et le village de Mukuni, l’un des plus vieux du pays, où les anciens partagent leur sagesse. Le Ndole Bay Lodge, lui, égrène ses chalets sur l’un des rivages du lac Tanganyika, le plus long de la planète. Activités nautiques et pédestres permettent ici des rencontres de toutes sortes avec le merveilleux… ZAMBIA.TRAVEL

DE SOURCE SÛRE

En cette ère de post-vérité, où dénichet-on des informations justes et objectives en matière de tourisme? Auprès d’une marque née il y a presque 100 ans et qui a fait ses preuves: Michelin! Le fameux Guide Vert, destiné à ceux pour qui «le voyage, c’est l’opportunité de voir, mais aussi de savoir», s’appelle désormais Guide Michelin Voyage & Cultures afin de mieux refléter son positionnement. Mais comme toujours, on peut compter sur son classement étoilé emblématique (qui repose sur neuf critères précis) et sur ses bonnes adresses pour aiguiller nos choix de visite. Alors, c’est un rendez-vous en juin prochain, nouveau guide Paris à la main, au Musée des Arts décoratifs pour l’expo Paul Poiret, couturier, décorateur et parfumeur? MICHELIN, 15 $

NDOLE BAY LODGE

HÉRITAJ GOURMAND

Les amateurs de brunch ou de cuisine fusion sont doublement servis depuis l’ouverture du restaurant HÉRITAJ , dans le Vieux-Montréal. Aux fourneaux, le chef Arnaud Glay (anciennement du Passé Composé) et l’équipe derrière l’India Rosa proposent une étonnante cuisine indo-française aux accents d’ici. Dans l’assiette et dans le verre, ça se traduit entre autres par des pétoncles à la sauce korma, une crème brûlée à la cardamome et des cocktails à base d’huile de safran ou de miel masala. Quant aux nostalgiques des œufs pochés au foie gras du Passé Composé, bonne nouvelle: ils sont de retour sur la carte du midi brunch, sept jours sur sept. HERITAJ.CA

FRANCHEMENT HOT

L’ex-mannequin Michael Lord, qui a fait carrière en Europe pendant 20 ans avant de revenir au Québec, se passionnait pour les sauces piquantes, mais rêvait d’une version ayant toute la complexité d’un bon vin ou d’un whisky. C’est chose faite avec LORD’S HOT SAUCE et sa gamme de sauces 100 % bios et durables, à base de piments fermentés jusqu’à trois ans dans des fûts de chêne blanc canadien. Ce printemps, la marque s’associe même avec Georges St-Pierre, la légende des arts martiaux mixtes, pour lancer les sauces Rush et K.O. en série très limitée. Prévoyez un combat sans merci pour obtenir une bouteille... LORDSHOTSAUCE.CO

PLAISIR À L’ÉTAT BRUT

Manger végane et localement sans se casser la tête est de plus en plus facile avec des nouveautés comme les PROTÉINES VÉGÉTALES TEXTURÉES LES BRUTES . La petite entreprise familiale de Saint-Jeansur-Richelieu, fondée par le duo composé de Marie-Pier et Junior Gélineau (qui sont frère et sœur), et de leurs conjoints, tire son nom du soya brut qui entre dans la fabrication de leur produits. Ces protéines pratiques, offertes en trois saveurs, préassaisonnées ou nature, remplacent vite fait le bœuf haché ou le poulet dans nos recettes préférées. Des lanières et des bacon bits seront lancés cet été pour agrémenter aussi nos salades.

Un nom à retenir. LESBRUTES.CA

PHOTOS:
QUELQUES PLATS DU HÉRITAJ
PROTÉINES VÉGÉTALES
TEXTURÉES LES BRUTES
LES SAUCES LORD’S HOT SAUCE

ALCOOL ET ALCHIMIE

Ce printemps, on part en direction de Vancouver, où le BOTANIST BAR — l’un des meilleurs établissements au Canada et le récipiendaire du prix Michelin des cocktails d’exception — annonce son nouveau menu expérientiel, The Water of Life (eau de vie), explorant la relation entre la nature, l’eau et l’alchimie. Le résultat? Quatre cocktails, dont Ring of Fire, Pale Blue Dot et Earth’s Energy aux allures futuristes, tout droit sortis de l’imaginaire d’un chimiste possiblement déjanté et conçus à partir des spiritueux de distilleries régionales. Coup de cœur pour le Raincouver, surmonté d’un nuage comestible de fleur de cerisier flottant au-dessus du verre. Hallucinant.

BOTANISTRESTAURANT.COM

SOLEIL EN BOUTEILLE

Pour célébrer le retour du soleil et des terrasses, on passe en mode bulles avec le SPRITZ APERITIVO, de Stefano Faita, un petit bijou local basé sur une recette italienne combinant du vin blanc catarratto bio de Sicile, de l’eau gazéifiée et une infusion de zeste d’orange amère, de gentiane et d’absinthe. Le plus chic? Quand les copines se pointent à l’improviste ou qu’on veut s’épargner les détours, un arrêt à l’épicerie suffit. Avec quelques glaçons et une petite déco pour ajouter du wow, bien sûr!

STEFANOFAITA.COM

COCKTAIL D’ÉMOTIONS

Du 18 au 22 mai, Montréal reçoit la deuxième édition du MONTRÉAL

COCKTAIL FEST, qui explore les frontières de la mixologie. C’est une occasion unique de siroter les créations de grandes pointures venues d’un peu partout dans le monde (dont le Overstory, à New York, le Truth & Dare, à Vienne, et le Baltra Bar, à Mexico), postées dans divers établissements de la métropole pour nous recevoir et nous épater. Des classes de maître sont aussi au programme pour les apprentis mixologues qui rêvent d’apprivoiser cet univers créatif. Plusieurs activités étant gratuites, ça risque de fest-oyer.

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LONGTEMPS TENUES À UN BRAS DE DISTANCE des décisions économiques qui, pourtant, ont toujours affecté leur quotidien, les femmes prennent aujourd’hui tranquillement la place qui leur revient dans le monde des finances: celle d’actrices possédant l’agentivité, la curiosité et les connaissances requises. Malgré tout, l’accès à l’indépendance financière reste difficile en raison de plusieurs facteurs: les écarts salariaux entre les sexes et les ethnicités, les interruptions de carrière liées à la maternité, le monde extrêmement masculin et opaque des finances et de l’investissement… Il est temps que les choses changent, parce qu’une bonne santé financière n’est pas un luxe, c’est une nécessité.

Le concept de wealthness (contraction de wealth [richesse] et wellness [bien-être]) s’impose. Gérer son argent ne se résume plus à épargner. Pour investir, faire preuve d’audace, se protéger et s’épanouir, il faut construire sur une base financière stable. C’est pourquoi ELLE Québec s’associe avec la Banque Nationale — déjà bien engagée dans de nombreuses initiatives touchant les finances au féminin — pour créer, au cours des deux prochaines années, six numéros spéciaux qui mettront en valeur le concept de wealthness, et offriront une panoplie d’informations utiles pour

La prospérité au féminin

stimuler la santé financière de nos lectrices et outiller ces dernières à ce sujet. Parce qu’il est vrai que de nombreuses femmes peinent encore à s’approprier ce domaine. Pourquoi? Parce que l’argent reste chargé de tabous, qu’il est encore synonyme de contrainte et de pression, et que l’éducation financière est souvent inégalement partagée entre les femmes et les hommes. Oser parler d’argent, c’est se réapproprier son pouvoir. On présente d’ailleurs les différentes facettes de la psychologie financière à la page 104.

Bien s’informer est aussi crucial dans la gestion des finances au sein du couple, lieu de nombreuses inégalités et frictions. Construire un projet commun sans renoncer à sa sécurité, savoir distinguer argent partagé et indépendance financière, envisager l’éventualité d’une séparation pour éviter les mauvaises surprises et les déséquilibres: on vous propose un b.a.-ba utile sur ces sujets à la page 102. Parce que la romance n’exclut pas la lucidité. Bien au contraire!

L’argent doit être un outil de liberté. Pour arriver à bien s’en servir, il faut prendre en main sa wealthness, et on espère grandement pouvoir vous y aider au cours des prochains mois! Bonne lecture.

Mai

Ce

qui a capté notre attention dans le monde des finances.

Les Québécoises et les finances

L’argent, ce grand tabou! On ne prend ni détours ni gants blancs pour en jaser dans ce balado de cinq épisodes, animé par Marie-France Bazzo et Marie Grégoire, et présenté par Les Productions Bazzo Bazzo et le Conseil du statut de la femme. Dans la série LES FEMMES ET L’ARGENT , on aborde des thèmes comme le pouvoir lié à l’argent, l’argent à différentes étapes de la vie, l’ambition, le rapport générationnel à l’argent et l’argent dans l’intimité. Chaque épisode présente des rencontres lucides, éclairées et décomplexées avec des Québécoises de divers horizons qui, avec audace et courage, donnent leur point de vue sur des sujets complexes. Constat: le tabou et les préjugés entourant l’argent existent encore bel et bien tout comme les freins systémiques à l’émancipation financière des femmes. «En faisant ce balado-là, on a mesuré le malaise des gens par rapport à l’argent. La recherchiste a essuyé beaucoup de refus. Des gens lui disaient: “Non, je ne veux pas en parler. C’est personnel”», écrit Marie-France Bazzo dans la Gazette des femmes. Un balado qui, depuis sa sortie en 2022, suscite bien des discussions. Et si on y ajoutait notre voix?

LE FRIC DES PARENTS UNIQUES

La rédactrice spécialisée en finances personnelles Maude Gauthier a osé s’attaquer à un sujet dont on parle peu: les finances des familles monoparentales. Dans son livre PARENTS SOLOS, HÉROS DU CASH FLOW COMMENT ÉLEVER UNE FAMILLE PROSPÈRE SANS PARTENAIRE, paru en 2024, cette maman solo explore quatre thèmes financiers majeurs touchant ce type de famille: l’achat d’une maison, la gestion du crédit et du budget, l’investissement et les avantages fiscaux offerts par le gouvernement. En plus de partager sa sagesse en puisant dans son expérience personnelle et d’offrir moult stratégies et outils pratiques pour les parents solos, elle récolte de solides témoignages, et de judicieux conseils d’experts, pour montrer — avec bienveillance — qu’il est possible de prospérer financièrement et de ne pas «vivre d’un chèque de paie à l’autre», qu’on choisisse d’être cheffe de famille monoparentale ou qu’on le devienne, du jour au lendemain. Suffit, pour commencer, d’avoir un bon plan et un accompagnement adéquat. Cet ouvrage est une première étape pour affiner nos connaissances financières et nous ouvrir de nouvelles perspectives! QUÉBEC AMÉRIQUE, 23 $

FINANCES AVEC UN E

Avec son compte Instagram éducatif @elleinvestit — très rose bonbon et plutôt comique! — , Karman Kong, avocate spécialisée en litige fiscal, s’est donné pour mission d’accompagner les femmes dans leur parcours vers l’indépendance financière et de les aider à maîtriser leurs finances. Elle y donne notamment des conseils pratiques, fournit des statistiques éclairantes et vulgarise plusieurs concepts. Passionnée depuis longtemps par les finances personnelles et motivée à réduire l’écart entre les hommes et les femmes en matière d’investissement, cette experte a aussi publié en 2023

ELLE INVESTIT

— BÂTIR SA RICHESSE GRÂCE À LA BOURSE , un livre qui est rapidement devenu l’un des meilleurs vendeurs au Québec. Et pour cause! Cet ouvrage compréhensible outille les femmes pour qu’elles puissent prendre des décisions éclairées et faire fructifier leur patrimoine. Avec humour et un bon sens de la pédagogie, Karman y aborde des sujets tels que l’établissement d’un budget, les intérêts composés, la retraite anticipée, le fonctionnement de la bourse et des fonds négociés en bourse (FNB), entre autres. Pour se lancer dans l’investissement, on met ce livre sur notre pile à lire subito presto! LES ÉDITIONS DU JOURNAL, 28 $, ELLEINVESTIT.COM

Faire compter nos sous

En 2019, l’entrepreneuse, blogueuse, autrice et conférencière québécoise Béatrice Bernard-Poulin a lancé L’ANNÉE QUI COMPTE , un programme visant à aider les gens à acquérir la maîtrise de leurs finances et à développer de saines habitudes de consommation. Elle propose des techniques accessibles, axées sur l’organisation et la priorisation. Pas besoin d’être un expert-comptable pour en profiter. Cette experte en finances personnelles et en organisation financière a pensé à tout: son programme de neuf semaines, entièrement virtuel, propose des modules thématiques, des concepts vulgarisés, des trucs astucieux, des exercices et des outils bien pensés — notamment un agenda budgétaire annuel. À la clé: une meilleure relation avec nos finances, plus de connaissances sur ce sujet et plus d’argent pour ce qui compte réellement pour nous. «Prendre le contrôle de ses finances n’a ni à être plate ni à être difficile», dit Béatrice, qui a également publié trois livres sur l’épargne et la gestion financière, dont Vivez mieux pour moins, en 2018, et Ça coûte encore plus cher, être un adulte!, en 2023.

Intérêts AMOUREUX

Vous êtes en couple? Voici tout ce qu’il faut savoir avant d’unir vos finances.

ÉLICITATIONS, VOUS AVEZ DÉCIDÉ DE FRANCHIR

une nouvelle étape de votre relation. Mais avant d’emménager ensemble ou de vous dire oui, il faut d’abord réfléchir à la façon dont vous allez allier vos finances. Ce n’est certes pas aussi romantique que de magasiner ensemble des meubles ou de planifier un mariage à l’étranger, mais c’est une décision qui peut avoir une influence profonde sur votre couple et votre bien-être financier, à court et à long terme. Les finances peuvent devenir une source majeure de stress et de conflits au sein d’un couple. Mais communiquer ouvertement avec votre partenaire et être sur la même longueur d’onde, c’est l’une des clés pour vivre heureux à deux. Il est important d’avoir des conversations saines avec votre douce moitié et d’apprendre à connaître son langage de l’argent (et langage de l’amour) avant d’unir vos finances et vos vies.

METTRE CARTES SUR TABLE

Combien gagne votre partenaire? A-t-il ou a-t-elle des dettes? Quelles sont ses priorités en matière de dépenses et quels sont ses objectifs financiers à long terme? Que vous soyez ensemble depuis quelques mois ou depuis quelques années, il est possible que vous n’ayez pas toutes les réponses à ces questions si vous n’avez pas encore uni vos finances ou partagé des dépenses communes. Pourtant, une fois que vous aurez vécu ensemble pendant un an, vous devrez déclarer vos impôts conjointement, que vous soyez mariés ou non. Commencez par réfléchir à vos finances personnelles, c’est-à-dire à vos objectifs, à votre situation actuelle et à votre budget, comme le conseille Catherine Patenaude, planificatrice financière à la Banque Nationale. Ensuite, demandez à votre partenaire de faire le même exercice. «Une fois que ce sera fait, vous pourrez regarder ensemble ce que vous voulez mettre en commun; faites aussi cet exercice en vous demandant ce que vous voulez conserver séparément», dit-elle.

LE PARTAGE DES DÉPENSES, VERSION 2025

Une fois sous le même toit, vous devrez vous mettre d’accord sur le budget de votre ménage et la façon de partager les dépenses communes, comme le loyer et d’autres charges récurrentes. Vous pourriez diviser les dépenses ménagères de façon égale ou les répartir au prorata des revenus de chacun, de sorte que la personne qui gagne le plus contribue davantage. «On remarque que les couples choisissent souvent un partage à 50-50, ce qui, à long terme, peut avoir un impact très négatif sur la personne qui a un salaire plus bas, dit Catherine Patenaude. Dans ce cas, celle-ci ne sera pas en mesure d’épargner autant.»

UNIR (OU PAS) SES FINANCES

Vous devez aussi vous demander s’il faut fusionner tous vos comptes bancaires, ouvrir un compte conjoint pour les factures communes ou garder chaque compte séparément.

Un compte conjoint peut être une bonne solution pour partager les dépenses communes, comme le souligne Catherine Patenaude. Mais ça dépend aussi des habitudes de chaque partenaire et dans quelle mesure il ou elle se sent à l’aise d’ouvrir ce genre de compte. Une étude publiée en 2023 dans le Journal of Consumer Research a révélé qu’un compte conjoint – qui renforce l’interdépendance financière – pouvait aider les jeunes mariés à établir des relations plus solides et à les entretenir. Les chercheurs ont constaté que les partenaires qui fusionnaient leurs finances étaient portés à considérer leurs dépenses de manière commune, à se sentir plus à l’aise dans la gestion de l’argent et à favoriser l’harmonisation de leurs objectifs financiers. En fin de compte, c’est à vous et à votre partenaire de décider de ce qui fonctionne le mieux dans votre situation. L’argent est un sujet profondément personnel, et des croyances ou des peurs ancrées depuis longtemps peuvent rendre la conversation plus difficile au moment où on veut être financièrement sur la même longueur d’onde que son partenaire.

QUAND L’AMOUR PASSE PAR LES FORMULAIRES

Avant d’emménager ensemble ou juste après ce moment (ou avant votre mariage, ou juste après), il serait important de régler des documents clés, à commencer par un contrat de vie commune ou un contrat de mariage, qui permet de définir des sujets comme le partage des tâches et des responsabilités, l’organisation de la garde des enfants en cas de séparation ou de décès, et la manière dont les biens communs seront divisés le cas échéant. «Si vous êtes mariés et que vous vous aimez, tout va bien, dit Catherine Patenaude. Mais si vous n’êtes pas mariés et que vous vous séparez sans avoir fait de contrat de vie commune, ça peut avoir un énorme impact sur votre retraite et vous causer un stress financier.» D’autres étapes à envisager comprennent la rédaction ou la révision de votre testament, de même que la mise à jour de vos assurances pour qu’elles reflètent votre nouveau statut de cohabitation.

Le fait de préparer le terrain dès maintenant peut sembler exigeant, mais ça peut aider à garantir le succès à long terme de votre relation. Une étude publiée dans le Journal of Social and Personal Relationships a montré que, lorsque les couples se chicanent à propos d’argent, c’est généralement à cause de valeurs financières qui sont incompatibles entre eux ou pour savoir qui devrait payer les dépenses communes. Parler d’argent n’est peut-être pas très romantique, mais c’est une facette bien réelle d’une histoire d’amour. Alors, pourquoi ne pas la normaliser? Après tout, rien ne tue plus rapidement la passion que les conflits financiers… LA BANQUE NATIONALE EST LÀ POUR SOUTENIR LES FEMMES DANS L’ATTEINTE DE LEUR INDÉPENDANCE FINANCIÈRE, ET CE, À CHAQUE ÉTAPE DE LEUR VIE — QU’ELLES SOIENT CÉLIBATAIRES, EN COUPLE OU EN PÉRIODE DE SÉPARATION. POUR OBTENIR PLUS DE CONSEILS FINANCIERS POUR LES COUPLES, VISITEZ LA PAGE BNC.CA/FEMMES.

LA PSYCHOLOGIE DE L’ ARGENT

Pourquoi nos finances sont-elles (aussi) une affaire d’émotions?

On fait le point.

L’ARGENT FAIT INDÉNIABLEMENT partie de notre quotidien. Chaque jour, on gagne des sous, on en dépense, on épargne, on investit ou on s’endette. Mais au-delà des chiffres qu’on accumule dans notre compte bancaire ou qu’on en soustrait, l’argent est aussi un enjeu profondément psychologique, qui influence nos choix, nos relations et même notre santé mentale. De fait, quand il est question de nos finances personnelles, les émotions ont souvent tendance à faire surface. Qu’elles soient positives (comme la fierté ou la sérénité de se savoir en sécurité financière) ou négatives (par exemple, la honte, la peur, le stress, la culpabilité ou la convoitise), ces émotions peuvent à leur tour avoir une incidence sur notre situation financière.

Pourtant, et malgré l’impact majeur que l’argent a sur notre vie, il est encore difficile, dans notre société, de parler ouvertement de finances, de dettes ou de revenus. Pourquoi le sujet est-il encore tabou, alors qu’il s’insinue dans toutes les facettes de notre vie, ou presque? Qu’il teinte notre histoire personnelle et notre environnement social? Il vaut la peine d’explorer les différentes émotions complexes qui façonnent notre rapport à l’argent.

RICHE EN ÉMOTIONS

Au premier abord, l’argent est une valeur froide, concrète, guidée par la logique; une série de chiffres qui fluctuent au gré de nos dépenses, de nos revenus et de nos investissements. Mais cette vision réductrice ne prend pas en compte sa valeur subjective, celle qu’on lui attribue souvent de façon inconsciente selon nos perceptions, notre culture, nos rêves ou notre vécu. De fait, notre rapport à l’argent se construit dès notre plus jeune âge: il est d’abord influencé par notre milieu de vie, notre réalité familiale et nos expériences personnelles. Ce rapport est sensiblement différent si, durant notre enfance, les finances ont été une source de stress ou, au contraire, de sécurité. Nos premières

expériences avec l’argent qui divergent selon qu’on a grandi dans l’insécurité financière, dans un milieu modeste ou au sein d’une famille aisée laissent une marque profonde et durable, qui continuent d’avoir un impact des décennies plus tard. Le besoin d’épargner peut être une nécessité et une source de stress si on a grandi dans la précarité financière, par exemple. À l’inverse, le besoin de dépenser sans compter peut signifier qu’une personne cherche à combler un manque d’amour, d’autonomie ou de sécurité qu’elle aurait ressenti durant son enfance.

Par ailleurs, il peut être difficile de se sentir à l’aise dans notre situation financière quand celle-ci ne correspond pas aux attentes de la société, qui valorise avant tout la réussite professionnelle, l’autonomie financière et l’acquisition voire l’accumulation de biens matériels. L’argent peut ainsi devenir une source de gêne, de honte ou d’anxiété et engendrer la crainte d’être jugée, lorsqu’on considère que nos revenus, nos dépenses ou nos dettes nous empêchent d’acquérir certains symboles de réussite sociale, que ce soit l’achat d’une propriété ou d’une voiture, d’une garde-robe griffée, de meubles design ou de billets d’avion pour des vacances au soleil. Les réseaux sociaux, qui ne montrent qu’une facette parfaitement léchée de la réalité, peuvent accentuer ces disparités. Et devant les images qui défilent quotidiennement sous nos yeux, il est facile de comparer notre situation financière à celle de gens qu’on voit à l’écran. Diverses émotions négatives comme la honte de ne pas être à la hauteur, la culpabilité de ne pas en faire assez, la jalousie qui attise la convoitise ou encore un sentiment d’infériorité, lorsqu’on donne plus de valeur à quelqu’un qui a de l’argent peuvent alors surgir et avoir un impact sur notre rapport à l’argent comme sur notre réalité financière. On peut vouloir dépenser au-dessus de nos moyens pour acquérir le dernier sac à la mode, par exemple.

AMOUR ET ARGENT

Quand on aime, on ne compte pas, dit le dicton. Pourtant, quand il est question d’argent, l’amour n’est pas à l’abri des émotions. Bien au contraire! Chaque partenaire subit l’influence de ses valeurs, de ses croyances, de son histoire personnelle, de son éducation, de son milieu social et de ses habitudes. Au sein du couple, les priorités financières en matière d’épargne, de dépenses, d’investissements et de projets communs peuvent ainsi diverger entre les partenaires, voire être radicalement opposées. Si ceux-ci ne gèrent pas l’argent de la même façon, ou s’ils ne lui accordent pas la même importance, l’argent peut vite devenir une source de malaise, de tension, voire de conflit, qui mettra à mal la relation. Quand l’un ou l’une des partenaires gagne plus que l’autre, les choses peuvent aussi se compliquer, surtout lorsqu’il y a des dépenses communes en jeu. La personne qui gagne moins peut se sentir gênée, honteuse, dépendante ou vulnérable, et l’autre, se sentir frustrée si elle participe davantage aux dépenses du couple. Toutes ces tensions qui peuvent apparaître expliquent pourquoi bon nombre de ménages hésitent encore et toujours à parler d’argent.

TRANSPARENCE FINANCIÈRE

Faire l’autruche en évitant le sujet des finances n’est pas une solution viable et peut d’ailleurs avoir un impact direct sur notre sécurité financière. Comprendre les émotions qui guident notre rapport à l’argent peut, au contraire, nous aider à prendre des décisions plus rationnelles, qui seront bénéfiques pour notre santé financière. En couple, la transparence est encore la meilleure solution: avoir une discussion ouverte, honnête et sans jugement permet de mieux comprendre les comportements et les attentes de l’autre, afin de pouvoir définir des objectifs financiers communs et prendre des décisions qui répondront aux besoins de chacun.

L’argent peut être une source de joie comme d’anxiété, et il a une influence non négligeable sur notre bien-être. Oser en parler sans filtre ni tabou, c’est encore la meilleure façon d’en apprendre davantage sur le sujet et de pouvoir mieux gérer nos finances personnelles. En cela, l’aide d’une tierce personne (planificateur financier, conseiller financier, notaire, spécialiste des ressources humaines ou thérapeute en matière financière) peut s’avérer utile. L’essentiel est d’amorcer la discussion pour se libérer de nos émotions!

UNE BONNE SANTÉ FINANCIÈRE 101

Les clés d’une santé financière solide en cinq questions, avec ALYSSA DAVIES, ALIAS MIXED UP MONEY, experte canadienne en finances personnelles.

À QUOI RESSEMBLE UNE SANTÉ FINANCIÈRE SOLIDE? ET COMMENT Y ARRIVER? Ça ne se résume pas à un solde bancaire. Il s’agit plutôt de se sentir en sécurité, sereine et maîtresse de ses choix financiers. Ça implique donc d’avoir un coussin financier pour pouvoir faire face aux imprévus de la vie. Les étapes clés? Sachez d’abord où va votre argent. Ensuite, constituez-vous un fonds d’urgence afin de ne pas dépendre uniquement du crédit pour survivre. Automatisez votre épargne et vos investissements pour ne pas en être réduite à compter sur votre seule volonté. Établissez des seuils en ce qui a trait à votre argent: en renonçant, par exemple, aux dépenses générées par la culpabilité; ou, si vous êtes travailleuse autonome, en fixant des tarifs qui reflètent votre vraie valeur. Enfin, mettez la honte de côté: l’argent est un outil, pas une boussole morale.

QUELLES SONT LES ERREURS FINANCIÈRES LES PLUS COURANTES? ET COMMENT LES ÉVITER? La plus grande erreur est de croire que la littératie financière résoudra tout. Vous aurez beau maîtriser les chiffres sur le bout des doigts, vous continuerez à vous saboter si vous ne travaillez pas sur votre ressenti par rapport à l’argent (honte, culpabilité, évitement…). Parmi les autres erreurs courantes: ne pas économiser pour les situations d’urgence, penser qu’investir, c’est «pour plus tard» (votre avenir mérite que les intérêts composés travaillent en votre faveur), ou s’imaginer qu’il faut présenter un «budget parfait» avant de se lancer. Une autre erreur est de ne pas facturer assez pour votre travail (les femmes, je vous regarde; augmentez vos tarifs).

COMMENT PRIORISER SES OBJECTIFS FINANCIERS? Tout dépend de votre situation actuelle et de ce qui génère le plus de stress en vous. Il n’existe pas de formule universelle. Chacune a une situation financière unique et une relation émotionnelle particulière à l’argent. Cela dit, commencez par trouver un équilibre au lieu d’aller dans les extrêmes. Ce qui importe c’est la constance. L’argent est un jeu à long terme, et vous avez le droit d’avancer à votre propre rythme.

POURQUOI ET COMMENT AMÉLIORER SA COTE DE CRÉDIT?

La cote de crédit est l’équivalent de votre réputation financière. Elle indique aux prêteurs s’ils peuvent vous faire confiance en

matière d’argent. Un bon score [pointage] signifie que vous pouvez bénéficier d’un taux d’intérêt plus bas, d’une approbation plus facile pour un prêt hypothécaire, et moins d’argent perdu en dettes. Comment y parvenir? Payez vos factures à temps, même les petites, car chaque retard envoie un signal d’alerte aux agences d’évaluation du crédit. Utilisez le paiement par carte de crédit, mais veillez à maintenir un solde inférieur à 30 % de votre limite. Ne fermez pas vos anciens comptes de crédit: plus votre historique est ancien, meilleure sera votre cote. Limitez aussi les demandes de crédit faites sur unecourte période, car ça peut aussi avoir un impact sur votre cote.

QUELS CONSEILS DONNERIEZ-VOUS AUX FEMMES POUR FAIRE FACE À L’ANXIÉTÉ OU À L’INSÉCURITÉ FINANCIÈRE? La confiance financière n’est pas quelque chose d’inné; ça se construit. Commencez par de petites victoires: vérifiez régulièrement votre compte bancaire (sans vous laisser submerger), faites travailler votre argent (chaque dollar compte et devrait avoir un but) et réécrivez la relation que vous entretenez avec l’argent. Non, vous n’êtes pas «mauvaise avec l’argent», vous êtes en train d’apprendre. Entourez-vous de personnes qui peuvent discuter de questions financières sans honte, car la honte liée à l’argent prospère dans le silence. Et surtout, rappelez-vous que votre valeur personnelle ne se mesure pas à votre valeur nette.

ALYSSA DAVIES

La Nouvelle Maison du Grand Style

UNIQUEMENT. LE PROMOTEUR NE FAIT AUCUNE DÉCLARATION ET N’OFFRE AUCUNE GARANTIE, À L’EXCEPTION DE CE QUI PEUT ÊTRE INDIQUÉ DANS LE PLAN D’OFFRE. LE PROMOTEUR SE RÉSERVE LE DROIT DE REMPLACER LES MATÉRIAUX, LES APPAREILS, L’ÉQUIPEMENT, LES INSTALLATIONS ET AUTRES DÉTAILS DE CONSTRUCTION ET DE CONCEPTION SPÉCIFIÉS DANS LE PRÉSENT DOCUMENT PAR DES MATÉRIAUX, DES APPAREILS, DE L’ÉQUIPEMENT ET/OU DES INSTALLATIONS SIMILAIRES DE QUALITÉ SENSIBLEMENT ÉGALE

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« Peu importe d’où l’on vient et même où l’on se situe sur l’échelle sociale, on peut modifier sa trajectoire et se frayer un chemin. Le pouvoir de changer les choses, c’est nous qui l’avons. »

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RAVY POR occupe le poste d’associée en intelligence artificielle et données dans l’une des plus grandes firmes mondiales de consultation. Elle est également fondatrice de l’organisme à but non lucratif Héros de chez nous, qui a pour mission de démocratiser la littératie en IA auprès des jeunes.

GÉMEAUX

22 MAI - 20 JUIN

Votre nouvelle année solaire s’amorce, prolongeant l’épanouissement personnel entamé depuis l’été 2024. Cette période vous invite à harmoniser votre bien-être physique et mental. Un changement de ton s’opère dans vos cercles sociaux vers la fin de mai. Quels réseaux ou quelles amitiés limitent votre potentiel? Plus d’engagements communautaires pourraient vous inspirer une nouvelle voie professionnelle.

CANCER

21 JUIN - 22 JUILLET

Comment contribuer au monde par vos talents? Si l’envie d’un changement professionnel semble présente depuis quelques mois, c’est à vous de jouer. Vous exposer à de nouvelles communautés pourrait soudainement vous rappeler certains rêves oubliés. Utilisez ces (re)découvertes pour vous propulser vers une vocation à votre hauteur.

LION

23 JUILLET - 22 AOÛT

Ce mois-ci vous incite à utiliser les ressources à votre portée. Votre maison physique et vos aspirations pourraient multiplier vos trajectoires, faisant miroiter divers partenariats et de nouveaux choix de vie. Peut-être que des terres plus fertiles à votre éclosion vous appellent? De l’intellect à la spiritualité, la fin du mois illumine ce qui sert à votre croissance personnelle.

VIERGE

23 AOÛT - 22 SEPTEMBRE

Depuis novembre, vos routines et vos espaces de travail se transforment doucement. Ce mois-ci, les vis à resserrer pour rééquilibrer la charge physique et mentale sont apparentes. Comme une reprise de contrôle, les thèmes de l’héritage, des ressources et de l’intimité semblent aussi se redresser. Une quête de sens profond colore les semaines à venir.

BALANCE

23 SEPTEMBRE - 22 OCTOBRE

Qu’est-ce que votre cœur réclame depuis quelques mois? Vos relations semblent avoir traversé un long périple, cherchant désormais un port pour s’amarrer. Dans ce processus, une foi nouvelle pourrait germer en vous. Une énergie d’engagement et d’alliance se sent vers la fin du mois. Dites: «Oui, je le veux!»

TAUREAU

22 AVRIL - 21 MAI

Tests de personnalité, projections et moodboards: cette saison en est une de découvertes de soi. En parallèle, plusieurs révélations sur vos connexions parsèment le mois, surtout celles qui soutiennent l’évolution de votre carrière. La guérison et l’envie de transcender la vie mondaine vous donnent d’une le goût d’une solitude régénératrice. Renouez avec vos pratiques spirituelles dans les années à venir.

SCORPION

23 OCTOBRE - 22 NOVEMBRE

Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus… vraie? Votre conscience personnelle soulève quelques dynamiques de pouvoir ce mois-ci. Questionnements et résolutions marquent vos premières semaines, ainsi qu’une envie de changer de peau. En renonçant à certaines étiquettes identitaires désuètes, votre corps et votre psyché attisent une renaissance.

SAGITTAIRE

23 NOVEMBRE - 22 DÉCEMBRE

Vos relations et vos romances vous font peut-être de l’œil, mais ce début de mois vous pousse à l’exil et à la solitude. Depuis l’hiver, votre créativité et votre plaisir sont avantgardistes. En filtrant les voies de votre expression, des passions et des projets prendront vie à long terme. Envie de donner naissance à plus de magie? Maternez l’inspiration!

CAPRICORNE

23 DÉCEMBRE - 20 JANVIER

Un recensement de tout ce qui optimise votre mode de vie — comme un grand nettoyage de vos outils, désirs et objectifs — semble dicter ce mois-ci. Revigorer vos bases est essentiel. Entre estime bien ancrée et repos mérité, la fin du mois s’oriente vers une réorganisation vigoureuse de votre jardin privé.

VERSEAU 21 JANVIER - 19 FÉVRIER

Un changement identitaire s’étend sur les 20 prochaines années, et ce début de mai en esquisse déjà le narratif. Votre vocation pourrait être au cœur de vos réflexions, notamment sur les moyens d’atteindre vos rêves professionnels. Vos passions tirentelles les ficelles vers de nouvelles ambitions? Un contrat ou une rencontre clé pourrait marquer cette période.

POISSONS

20 FÉVRIER - 20 MARS

De votre vie de quartier à vos tâches quotidiennes, votre écosystème est central cette saison. Qu’il soit intime ou accueillant pour tous, votre cocon social semble écrire un nouveau chapitre. Comment vous nourrit-il? De récentes décisions vous invitent à repenser vos actifs. Portée par des stratégies financières et votre confiance en vous, la fin du mois encadre vos valeurs avec justesse.

BÉLIER

21 MARS - 21 AVRIL

L’énergie et la rigueur s’ajoutent à votre arsenal créatif. Depuis quelques mois, idées, fantasmes et impulsions convergent vers une gestation fructueuse. Faites table rase de tout et bâtissez une nouvelle base d’expression. Quels schémas narratifs méritent une conclusion? Pendant que l’inspiration bouillonne, une ère de vision et de direction se profile déjà à l’horizon.

ELLE QUÉBEC EXTRA

Nouveautés extratendance pour tout connaître, tout voir, tout avoir...

DES SOINS CORPS HAUTE PERFORMANCE

Voici la collection CRÈME SÉRUM, de DOVE , qui comprend des soins corporels très puissants mis au point avec des dermatologues afin de cibler les problèmes de la peau, comme le teint inégal, les taches brunes et le manque d’élasticité. Enrichies en niacinamide, peptides de collagène et procéramides, ces formules légères et non grasses offrent une hydratation prolongée, allant de 48 à 72 heures. L’expertise des sérums pour le visage, maintenant au service de votre corps. (À PARTIR DE 18 $, DOVE.COM)

CE QUE LE ELLE BOIT CET ÉTÉ…

Juste à temps pour l’été, les deux champagnes RICH et RICH Rosé, de la Maison Veuve Clicquot, sont faciles à boire et parfaits pour toutes les occasions. Ils sont conçus pour être servis sur glace ou très frais; c’est la manière la plus simple de savourer le champagne sous le soleil. Ces cuvées sont offertes en Ontario et au Québec dès la fin du mois de mai. À surveiller… WWW.SAQ.COM

FORTS ET SUBLIMES

À l’occasion du 20e anniversaire de sa ligne de soins réparateurs, Vitry lance le soin réparateur Pro Diamant, une formule révolutionnaire qui utilise la poudre de diamant pour renforcer et sublimer vos ongles. Ce produit innovant a un effet durcissant immédiat grâce à la poudre de diamant, un ingrédient clé connu pour sa dureté et sa résistance, qui apporte aussi éclat et brillance naturelle. Associé au silicium, il hydrate et améliore l’élasticité des ongles, et les rend moins vulnérables aux cassures. Pour des ongles plus forts, plus résistants et éclatants, le soin réparateur Pro Diamant est le must-have de votre routine beauté. (33 $, DANS LES PHARMACIES)

ILLUMINER LE TEINT EN TOUTE SIMPLICITÉ

Offrez un teint radieux pour la fête des Mères grâce aux Gouttes bronzantes, de Nuda. Polyvalentes et faciles à utiliser, elles s’adaptent à toutes les carnations et leur donnent un éclat naturel instantané. Leur formule enrichie en squalane, gingembre, lavande et moringa, permet d’illuminer, d’hydrater et d’adoucir la peau. De plus, ces gouttes 100 % végétaliennes et fabriquées au Canada sont maintenant vendues dans les succursales Jean Coutu participantes! (45 $, JEANCOUTU.COM)

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TOM FORD ssense.com

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DE FANTAISIE

LORS D’UN DES PREMIERS DÉFILÉS DE JONATHAN ANDERSON pour Loewe (c’était en 2016), les invités avaient été accueillis au siège parisien historique de l’UNESCO, où ils étaient perchés sur des boîtes en Plexiglas transparent remplies de rasoirs jetables orange, d’ampoules électriques et d’éponges de cuisine, et ils avaient assisté à une procession de robes minimalistes et épurées qui étaient décorées, drôlement, de pendentifs de chats caricaturaux. Ça peut sembler assez banal, mais c’est un détail qui souligne la capacité du designer à exprimer une idiosyncrasie sauvage — qu’il a saupoudrée allègrement dans ses collections au cours de ses 11 ans en tant que directeur de création de Loewe. Les talons aiguilles se sont transformés en œufs cassés, les fleurs d’anthurium sont devenues des corsages et les pigeons ont été façonnés en sac à main — des moments ludiques qui ont ajouté de la légèreté à l’influence très sérieuse qu’Anderson a eue sur la haute couture.

L’ère Anderson chez Loewe, qui a commencé en 2014 et s’est achevée en mars 2025, a opéré un changement majeur dans l’identité de la maison. Cette marque patrimoniale autrefois poussiéreuse, dont plusieurs peinaient à prononcer le nom («lo-eh-vay», comme l’indiquent les tutoriels), est aujourd’hui le nom le plus en vogue du luxe moderne, et est associée à des moments surréalistes sur le tapis rouge, à des bougies parfumées qui sont devenues virales et à des expositions dans des musées de renom. Ce qu’a accompli cette maison de 179 ans dans la dernière décennie est devenu un modèle pour d’autres marques patrimoniales qui tentent de revenir sur le devant de la scène. Loewe a trouvé la recette parfaite, associant savoir-faire ancien, idéaux intemporels et transformation. Le sac Puzzle, d’Anderson, présenté pour la première fois en 2015, en est un bon exemple: un objet d’art très convoité qui nécessite 75 pièces de cuir et plus de 9 heures de découpe précise, de couture à la main et de peinture. Selon le créateur, «le secret de la vie est dans l’art», et alors qu’il fait ses adieux à Loewe, nous continuerons d’être émerveillées par son règne inspirant, fantaisiste, unique.

COLLECTION DE SACS DE VOYAGE

PRINTEMPS ÉTÉ 2025

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