Etienne Jules Marey

Page 1

Un scientifique au coeur de l’innovation

Etienne Jules

1

marey


Contributeurs Association des Amis de Marey et des Musées de Beaune : Véronique Rollet, Yvette Morandi pour son essentiel travail de coordination, Marion Leuba, conservatrice des Musées de Beaune pour son texte page 12. Membre Senior IUF, INSERM/U1093 : Thierry Pozzo. CCSTI en Bourgogne : Serge Waszak.

Maquettage CCSTI en Bourgogne : Sophie Magniez.

Remerciements Collège de France : Claire Guttinger, Christophe Labaune. Cinémathèque française : Laurent Mannoni. Ville de Beaune : Laure Ménétrier. Xavier Noël Bouton. Association des Amis de Marey et des Musées de Beaune : Guigone Rolland. Universcience : Alain Roux. Fédération française de tennis : Claire Venambre.

graphisme www.klauswalbrou.fr


Sommaire

3

1

2

3

P. 4 Le Bourguignon

P. 6 Le mouvement et sa trace

P. 8 Le mouvement et sa trace Dès 1882 la chronophotographie

4

5

P. 10 Le mouvement et sa trace

P. 12 La santé et l’hygiène publique

7

8

P. 16 Des laboratoires au service de sa recherche

P. 18 Marey toujours dans le mouvement

6 P. 14 Des laboratoires au service de sa recherche

9 P. 19 Marey : l’invention de la trace graphique et le démontage du vivant


1

Le Bourguignon

Etienne Jules Marey a consacré toute sa vie à la Médecine et, par elle, s’est passionné pour la Physiologie. Doté d’une extraordinaire habileté et d’une ingéniosité remarquable, il a conçu ou amélioré un grand nombre d’appareils pour parvenir à saisir ce que l’œil ne pouvait voir. Ce fut la Méthode graphique qu’il compléta par une utilisation tout à fait novatrice de la photographie : la chronophotographie. Et au fil de ses travaux, de pionnier de la photographie il devint l’inventeur des procédés essentiels du cinéma.

4

Les nombreuses et diverses facettes de ses recherches en font un touche à tout singulier et exceptionnel. Ses découvertes qui forcent l’admiration le conduisirent à d’importantes responsabilités et distinctions : Professeur au Collège de France (1869), membre de la Société de Biologie, Président de la Société de Navigation aérienne (1884) Président de la Société française de photographie (1894) Président de l’Académie des Sciences (1895) Président de l’Académie de Médecine (1900), Président du comité d’installation de la classe XII (Photographie) à l’Exposition universelle de 1900 etc… Chevalier de la Légion d’honneur en 1866, il est porté au grade de commandeur en 1895. Ses recherches ont étonné et fasciné ses contemporains des cercles scientifiques ainsi que les photographes et les artistes.

Étienne Jules Marey en 1869 portrait par Antoine René Trinquart © Collection particulière

Loué de son vivant pour les multiples avancées qu’il avait initiées et obtenues dans maints domaines Marey, même s’il demeure l’objet de considération de la part du monde scientifique et une référence pour de nombreux artistes, est de nos jours, le plus souvent, méconnu du grand public. La principale raison réside dans le fait qu’il soit resté étranger à l’ultime développement du cinéma. Faire évoluer la technique en un spectacle ludique et divertissant bientôt porté au rang de septième art ne l’intéressa pas. Il laissa cela aux frères Lumière car il ne cherchait dans l’image animée que des réponses à ses préoccupations scientifiques.


Enfance Beaunoise Le 5 mars 1830, Marey naît dans une famille enracinée à Beaune depuis plusieurs générations. Il est le fils unique de Claude Marey et de Thérèse Joséphine Bernard. La famille Marey appartenait au milieu de la vigne et du vin, le père du savant, collaborateur de la maison Bouchard poursuit donc la tradition ainsi qu’une de ses tantes, Anne, qui épousera le tonnelier François Grozelier. Les Bernard, également originaires de Bourgogne exerçaient quant à eux dans l’enseignement pour le grand-père maternel, professeur au collège de Beaune et sa tante Henriette fondatrice de l’institution du Lieu-Dieu (ancêtre de l’actuelle école Jeanne d’Arc) tandis que son oncle Charles Bernard fut un négociant renommé. Prénommé Etienne sur son acte de naissance, Marey reçut le prénom de Jules lors de son baptême le 2 mai 1830 à la collégiale Notre-Dame, il devint alors « Jules Etienne ». Il semble qu’il fut appelé simplement

La collégiale de Beaune © Ville de Beaune

« Jules » dans son enfance mais Etienne-Jules apparaît sur la page de titre de sa thèse tandis que la plupart de ses livres sont marqués E.J.Marey . En fait il fut «Marey » mention qu’il utilisa pour signer le plus souvent ses lettres manuscrites.

Prix de discours latin 1848. © Collection particulière

Le bourguignon Paris et la Faculté de médecine

Marey à Labergement-les-Seurre © Collection particulière

Marey est toujours resté très attaché à sa ville natale : il n’a cessé d’y revenir quand l’occasion s’en trouvait et d’en suivre avec attention les transformations ainsi que le relate son jeune compatriote et ami Maurice Emmanuel. Ce dernier rapporte que dans les années 1870, Marey, ému par la démolition récente de la porte Bretonnière était venu sur place pour défendre le maintien de la porte Saint-Martin. Marey s’est aussi intéressé à Labergement-les-Seurre où il séjourna dans la propriété maternelle qui deviendra sienne. En 1895 il offrit un vitrail pour l’église. La ville de Beaune a célébré la mémoire de Marey en lui dédiant une rue et une place lors de l’inauguration en 1913 d’un monument élevé à sa mémoire. La sculpture de pierre due au ciseau d’Henri Bouchard évoque les principales œuvres du savant. Elle le représente assis, un chronomètre à la main à côté d’une paroi sur laquelle évolue le cheval des chronophotographies. A son sommet s’étire un vol de goélands et au sol quelques livres et un cylindre enregistreur rappellent son utilisation systématique de méthodes d’enregistrement et évoquent ses nombreuses publications.

5

La Folie à Chagny (71) © Collection particulière

Place et monument Marey© Archives municipales, Beaune

En 1955 un Musée Marey a vu le jour à l’Hôtel de Ville Beaune sous l’impulsion du conservateur de l’époque René André. L’institution prit de l’importance, soutenue par de nombreuses personnalités et l’Association des Amis de Marey. Elle fut organisatrice de belles expositions jusque dans les années 1990. Mais en 2004 la Direction des Musées de France a décidé sa fermeture en raison des conditions inadaptées de conservation des œuvres. Ce Musée devrait rouvrir prochainement dans le cadre d’un projet novateur porté par l’actuelle municipalité.

A la fin de 1849, Marey part pour Paris, accompagné par ses parents qui viendront souvent le voir par la suite. En son for intérieur, il était attiré par des études d’ingénieur mais pour répondre au souhait de son père qui le rêvait médecin à l’Hôtel Dieu de Beaune, il entre à la faculté de Médecine en pensant s’orienter vers la médecine générale. Il embrasse sitôt la discipline avec énergie et passion et se montre un étudiant assidu, curieux et avide d’acquérir des connaissances. Il réussit le concours de l’externat puis est reçu premier au concours de l’internat en 1854 et entre à l’hôpital Cochin. Il échoue au concours du Bureau central et s’engage alors vers la discipline qui l’attire la physiologie expérimentale. Le 4 mars 1859, il soutient sa thèse Recherches sur la circulation du sang à l’état physiologique et dans les maladies, couronnement d’années difficiles et studieuses qui déjà l’ont rendu célèbre. De grands médecins et physiologistes saluent son travail comme le hollandais F.C. Donders, A. MilneEdwards, P. Brouardel, etc..


2

Le mouvement et sa trace

Appareil enregistreur de Marey. © Universcience

Le mouvement est l’acte le plus important en ce que toutes les fonctions empruntent son concours pour s’accomplir. (E.J.Marey Du mouvement dans les fonctions de la vie.)

Première recherche :

la circulation sanguine

Un sphygmographe, Gravure de La Machine Animale © Collection particulière

Est-ce le professeur Joseph-Simon Beau dont il est l’élève à Cochin qui lui a suggéré ce sujet d’étude, on ne sait. La circulation du sang est à l’époque un sujet encore mal maîtrisé et Marey a bien compris que l’étude du pouls artériel est un des éléments sûrs dans de nombreuses maladies. Et il est convaincu de l’importance d’appliquer la physiologie au domaine médical.

6

A la suite d’expériences précises et d’observations, il parvient à démontrer l’importance de l’élasticité des artères et il réussit à créer à l’aide de machines le schéma sanguin. Déjà, il appuie systématiquement ses conclusions par des graphiques obtenus à l’aide d’appareils qui retranscrivent sur papier les mouvements observés, ici les pulsations du sang. Il observe également les insuffisances de certains appareils existants tel le sphygmographe de Karl von Vierordt.

Sphygmographe à galet, vers 1858, fabricant Charles Verdin, dépôt du Collège de France © Musée Marey, Beaune, photo Musées de Beaune

Ces premiers travaux d’observation du mouvement, celui du flux sanguin, déterminent les procédés que Marey mettra en œuvre pour aborder ses différents sujets d’étude. Ils confortent aussi sa conviction de la nécessité pour les médecins de bien connaître la circulation du sang afin de comprendre les mouvements du cœur et dépasser ainsi l’empirisme subjectif et souvent trompeur. Marey ponctuera ses recherches sur la circulation par un dernier ouvrage sur le sujet qui paraîtra en 1881 La circulation du sang à l’état physiologique et dans les maladies.


Des appareils pour enregistrer le mouvement :

la méthode graphique Déjà pendant les années qui précèdent la soutenance de sa thèse, Marey a conçu plusieurs appareils d’analyse qui fondent ce qu’il définira comme la Méthode graphique (dénomination donnée par Marey en 1866 in Compte-rendus et mémoires de la Société de Biologie). Méthode selon laquelle au moyen des appareils enregistreurs il est possible d’inscrire sur du papier au moyen d’un stylet, les traces des mouvements (et de leurs variations) sur une échelle de temps. Le sphygmographe voit le jour. Il avait été créé par l’allemand Karl von Vierordt mais Marey l’améliore de manière si ingénieuse qu’on oubliera qu’il n’en est pas l’inventeur. De nombreux appareils suivront : Le pneumographe pour relever les mouvements respiratoires; le myographe pour étudier les muscles, inventé par Hermann von Helmholtz que Marey améliore et perfectionne ; l’odographe pour l’étude de la marche ; le polygraphe pour étudier la respiration, enregistrer les battements du cœur ou du pouls. Il comporte une capsule, dite « tambour de Marey », petite plaque d’ivoire que l’on appuie sur la partie du corps à examiner. La pression d’air contenu à l’intérieur varie et s’en va par un tube en caoutchouc jusqu’au stylet inscripteur; le cardiographe…

Appareil enregistreur tournant avec le manège auquel est attelé l’oiseau. © Cinémathèque française. Paris.

Edmond Eugène Valton, Cheval au trot avec cavalier portant un appareil enregistreur de l’appui des pieds sur le sol, 1872, aquarelle et encre sur papier, dépôt du Collège de France © Musée Marey, Beaune, photo J.C. Couval

E.Valton. Graphe des Mouvements horizontaux et verticaux de l’humérus de l’oiseau et oiseau attelé au manège. © Cinémathèque française Paris.

E.Valton. Coureur muni de chaussures exploratrices et portant l’appareil inscripteur du rythme de son allure. Gravure de La Machine Animale. © Collection particulière

A propos de cardiographie, les travaux qu’entreprit Marey avec le vétérinaire lyonnais Auguste Chauveau ( 1827-1917) -qui devint un de ses fidèles amis- marqueront le début de la cardiographie expérimentale moderne. Ils démontrèrent que les battements du cœur sont la conséquence de la systole des ventricules, affirmation qui déclencha un vif conflit avec Joseph Simon Beau (celui-ci même qui avait pris Marey dans son service à Cochin). La véracité du postulat formulé par Marey et Chauveau s’imposa (1865).

7

En 1868, sans pour autant cesser les recherches concernant les mouvements des différents organes, Marey élargit son champ d’investigations à la locomotion humaine et animale ; il veut la mesurer et la représenter dans le temps et l’espace. Il s’intéresse en tout premier au vol de l’insecte puis au vol de l’oiseau. Il établit en particulier que la position de leurs ailes n’est pas déterminée uniquement par leur activité musculaire, elle est conditionnée par la résistance de l’air. D’autres applications de la méthode graphique furent initiées par les élèves de Marey et menées sous sa conduite ; par exemple, Charles-Léopold Rosapelly s’attachera à « l’inscription des mouvements phonétiques ». Cette recherche sera suivie de la chronophotographie de la parole en 1891.

Maurice Boudet de Pâris s’occupera d’acoustique, Victor Tatin fera voler un oiseau mécanique etc… Marey publie ses résultats dans la Machine animale (1873). L’ouvrage fait grand bruit, particulièrement l’étude sur le galop du cheval qui affirme que l’animal à l’allure du galop, reste un court instant suspendu en l’air -aucun de ses membres ne touchant le sol- pour retomber sur une seule jambe. Un riche américain, Leland Stanford décide de confier au photographe anglais Eadweard Muybridge (1830-1904) le défi de réaliser des instantanés afin de vérifier la théorie du savant français. Muybridge obtiendra en 1878 une série de clichés réalisés au moyen de 12 appareils photographiques disposés le long de la piste et déclenchés par le passage du cheval. Ces images créeront une surprise internationale mais Marey qui partage l’admiration de ses contemporains demeure perplexe car il déplore l’utilisation de différents appareils étalés sur une grande longueur qui ne prennent point les images sous le même aspect (Marey 1889).


3

Le mouvement et sa trace

Saut à la perche © Collège de France, Paris

Dès 1882 la chronophOtographie Le fusil photographique

Fusil photographique et son cylindre magasin, 1882, dépôt du Collège de France © Musée Marey, Beaune, photo J.C. Couval

Otto Lund épaulant le fusil de Marey. © Collège de France, Paris.

Plaques du fusil photographique. © Collège de France, Paris.

8

Lors de sa visite chez Marey à Paris en 1881, Muybridge présente une série plus importante de 24 photographies de chevaux qu’il anime ensuite grâce à un zootrope. Le succès est total mais la même expérience effectuée avec des pigeons -qu’il n’est pas possible de solliciter comme les chevaux pour déclencher les objectifs-, révèle les limites de la méthode. C’est sans doute ce qui décide Marey à poursuivre l’investigation et utiliser la photographie d’autant qu’il est convaincu qu’elle pourra compléter utilement sa méthode graphique. Marey se rappelle alors le revolver (inoffensif) mis au point par Jules Janssen (1824-1907). C’est une invention intéressante qui a permis à l’astronome de photographier le passage de Vénus devant le soleil en 1874 cependant, il manque de rapidité pour ce que Marey veut en faire. Ingénieux comme de coutume, Marey qui est à Naples met au point son fusil photographique en 1882. Heureux de son succès, il écrira à sa mère …J’ai un fusil photographique qui n’a rien de meurtrier et qui prend l’image d’un oiseau qui vole ou d’un animal qui court en un temps moindre d’1/500ème de seconde….Et, voici la description qu’il donna de ce premier fusil -le prototype évoluerapour l’Académie des Sciences : le canon de ce fusil est un tube qui contient un objectif photographique.

En arrière et solidement montée sur la crosse est une large culasse cylindrique dans laquelle est contenu un rouage d’horlogerie. Quand on presse la détente du fusil, le rouage se met en marche et imprime aux différentes pièces de l’instrument le mouvement nécessaire. Un axe central qui fait douze tours par seconde, commande toutes les pièces de l’appareil. C’est d’abord un disque opaque et percé d’une étroite fenêtre. Ce disque forme obturateur et ne laisse pénétrer la lumière émanant de l’objectif que douze fois par seconde et chaque fois pendant 1/720ème de seconde [Derrière l’obturateur se trouve une plaque sensible de forme circulaire ou octogonale]. Et 12 images s’inscrivent sur le pourtour de la plaque . Avec ce fusil, Marey est en partie parvenu à ses fins puisqu’il obtient une représentation figurative exacte des différents animaux qu’il a visés, pigeons, chauvesouris, chevaux etc…, et toutes les vues ont été effectuées depuis un emplacement unique. Pourtant, il n’est pas pleinement satisfait car les clichés obtenus sont trop petits, difficilement lisibles, et il voudrait obtenir un plus grand nombre d’images.


Caméra chronophotographique à plaque fixe Locomotion du cheval © Collège de France, Paris.

Saut en longueur précédé d’une course. © Collège de France, Paris.

Le fusil est donc bientôt abandonné et Marey imagine une caméra chronophotographique à plaque fixe. Il s’agit d’un appareil qui permet d’obtenir la répétition de plusieurs prises de vue sur une même plaque rectangulaire. Il comporte une simple chambre photographique équipée d’un disque opaque fenêtré et rotatif laissant passer la lumière sur une plaque sensible au 1/500ème de seconde. Le chronophotographe, outre les images

qu’il produit sert à mesurer le temps mis par le sujet à parcourir l’espace, et la durée qui sépare chaque image de la plaque. Les images obtenues sont incroyablement nettes et précises. La chronophotographie est l’aboutissement de toutes les recherches de Marey. C’est une vraie révolution dans le domaine de l’imagerie scientifique.

Vol d’un pigeon, Bagnoli 1882. © Collège de France, Paris.

Saut depuis une chaise © Collège de France, Paris. Chronophotographie de la course de l’homme en costume noir. © Cinémathèque Française, Paris.

Le champ d’expériences que propose la toute récente Station physiologique du Parc des Princes offrira à notre savant les moyens nécessaires et utiles aux développements de la chronophotographie. En 1883, afin de remédier à la superposition des figures reproduites sur les plaques, Marey revêt ses sujets d’un costume noir ou blanc. Puis lui vint l’idée de doter le costume noir de bandes brillantes le long des membres et de points sur les articulations et de réaliser les chronophotographies devant un fond noir. On les dénomme chronophotographies géométriques. Ces prise de vues permettent une fois transposées en épures, de mesurer avec précisions les distances et le temps. Epure. Détermination de la trajectoire du centre de gravité dans un saut en longueur de pied ferme. © Collège de France, Paris.

9


4

Le mouvement et sa trace Chronophotographie à bande de papier sensible et mobile

Le vol du pigeon sur une bande de papier sensible de Georges Balagny. Planche du Vol des oiseaux. © Musée Marey Beaune

Chute du chat 1894 © Cinémathèque Française, Paris

Marey veut palier aux imperfections que présente son chronophotographe. En effet les déplacements trop lents donnent des images entremêlées, impossibles à analyser. Le 29 octobre 1888, il présente à l’Académie des Sciences son appareil muni d’une bande de papier sensible sur laquelle une série d’images a été obtenue, à raison de vingt images par seconde. Il s’agit d’une bande en papier de gélatino-bromure d’argent dont un électro-aimant interrompt le défilement le temps d’enregistrer l’image : c’est la technique cinématographique à laquelle cependant manquent les perforations latérales (qui seront imaginées par Thomas Edison en 1889 et commercialisées par Kodak).

10

Dans le Vol des oiseaux, ouvrage essentiel sur le sujet éponyme ainsi que sur la résistance de l’air, Marey reproduit une de ces séries d’images enregistrées sur bande de papier. Ce sont vingt-six mouvements d’un pigeon en vol, captés à une fréquence de cinquante images/seconde. Donc 1/4000ème de seconde pour chaque cliché avec un déroulement du papier à 900 millimètres/seconde ! En 1889 Marey remplace la bande de papier au profit d’une pellicule celluloïd transparente et plus souple et l’année suivante il met au point un appareil photochronographique, la première caméra ! Entre 1889/1895 ce sont plusieurs centaines de films qui seront tournés à Paris ou à Naples. Pourtant Marey se détourne ostensiblement de l’aventure cinématographique, posture qu’il maintiendra. Ne me prenez pas dans l’engrenage du cinématographe écrira-t-il à Louis Gastine en 1902.

A cette époque Marey profite de ses séjours napolitains pour s’intéresser à la faune marine et aux insectes. Pour affiner son observation et capter les mouvements infiniment petits, il installe un microscope sur son chronophotographe ou ralentit la vitesse des prises de vue révélant des mouvements invisibles à l’œil nu. Marey utilisera toujours parallèlement ses trois méthodes : la méthode graphique, la chronophotographie sur plaque de verre et la chronophotographie sur film. En 1894 Marey publie Le Mouvement, ouvrage très richement illustré et documenté, essentiel car synthèse de toutes les recherches sur la locomotion humaine et animale, recueil-testament en quelque sorte.


Autres expériences

© Cinémathèque Française, Paris

© Musée Marey Beaune Photo J.C. Couval

chronophotographiques

Géométrie expérimentale. Figures engendrées par le mouvement d’un point ou d’une droite.

Zootrope

et sculptures Vibration d’une verge élastique (tenue par Marey) © Collège de France, Paris

Marey appliqua la chronophotographie à des sujets très divers et rouvrit également d’anciens sujets étudiés par la méthode graphique comme l’étude des sons qui avait été initiée avec Rosapelly. Son Développement de la méthode graphique par la photographie, révèle son intérêt pour de nouvelles expériences sur des objets en mouvement. En fait déjà en 1882-1883 à Naples, il étudiait la chute des corps et leurs mouvements, lançant une boule brillante ou agitant une longue perche.

En 1892-93, il explore ce qu’il appelle une matérialisation en trois dimensions des conceptions géométriques. Il veut montrer la formation des figures géométriques par les mouvements des lignes ou des points et chronophotographie à cet effet les formes engendrées par un fil éclairé se déplaçant devant un fond noir.

Le Zootrope de Marey (aujourd’hui disparu) © Collège de France, Paris

En 1886-1887, Marey poursuivant l’étude du vol de l’oiseau, cherche à en affiner la représentation. Il réalise en un premier temps des prises de vue plongeantes avec un appareil installé à 14 mètres du sol (il fera la même expérience pour un homme en marche). Puis il décide d’utiliser un zootrope. A cette fin il sculpte une série d’oiseaux en plâtre plusieurs séries seront réalisées en bronze. Il achèvera cet œuvre sculpté par son étonnante Décomposition du vol du goéland, conservée au Musée Marey de Beaune, exécutée à Naples, fondue et achevée par un sculpteur local dont malheureusement on ignore le nom.

Études aérodynamiques : mouvements de l’air à la rencontre de corps de formes diverses © Cinémathèque Française, Paris

A la même époque, Marey à Naples se consacre au mouvement des liquides. Il conçoit dans son laboratoire un petit canal vitré dans lequel, il analyse les ondulations de l’eau et les réactions provoquées par le passage d’un corps. Ses chronophotographies montrant des perles argentées évoluant dans les eaux agitées sont parmi les plus belles. A la fin de sa vie, Marey se tourne vers de nouveaux sujets et y implique ses élèves comme Gaston Contremoulins par exemple qu’il incite à mener des investigations dans le domaine de la radiographie. L’apothéose de ses recherches sera l’étude aérodynamique réalisée par l’observation photographique des courants de fumée et de leur déformation à la rencontre de corps de diverses formes (1899-1902). Marey conçoit plusieurs modèles de machine, l’un comporte vingt courants de fumée, la plus aboutie cinquante-huit. Les filets produits par un fourneau dans lequel brûle de l’amadou s’écoulent verticalement, fins et parallèles derrière un verre transparent, un appareil photographique et un flash exécutent les prises de vue. Les clichés obtenus, d’une beauté fascinante serviront les débuts de l’aviation en montrant le comportement de l’air à la rencontre de divers corps. Marey se laissera saisir par le côté artistique de ces images de fumées, il arrêtera 11 pourtant là ses investigations. Déjà fatigué et malade, il meurt à Paris le 15 mai 1904.

Décomposition du vol d’un goéland, 1887, sculpture en bronze, © Musée Marey, Beaune, photo J.C. Couval


5

La santé et l’hygiène publique Face aux épidémies de choléra, Marey hygiéniste En juin 1884 éclate à Toulon une terrible épidémie de choléra transmise par un bateau en provenance de Saïgon, alors sous protectorat français. Elle se propage très vite dans les Bouches-du-Rhône et les villes de Marseille et d’Arles sont touchées. Sur le plan national, une commission de médecins dans laquelle figurent Marey et Louis Pasteur est constituée. Elle cherche à comprendre les causes et le développement foudroyant de cette maladie en France. Leur verdict, basé sur des études de cas, est sans appel : la bactérie est propagée par les eaux souillées et contaminées. Un compte-rendu collectif sur ce sujet devenu de santé publique, donné à l’Académie de Médecine lors de la séance du 14 octobre 1884, apporte des éléments de compréhension. Marey en est le rapporteur. On peut y lire dans le chapitre Influence des eaux souillées par le choléra : Mais l’ordre des successions des

12

apparitions du choléra, suivant le cours des rivières, s’observe trop fréquemment pour qu’on puisse l’attribuer au hasard. Le même jour, Marey présente un mémoire personnel qui arrive aux mêmes conclusions. Il a étudié un cas particulier, celui de la commune de Meursault en Côte d’or, frappée par une épidémie en 1849. En observant les localisations des maisons où se sont produits les décès, il montre le rôle de l’eau dans la propagation du choléra. Cette communication sera publiée dans Le Journal de Beaune en novembre, à la suite d’une demande de Louis Morand, un érudit beaunois. Marey va par la suite préconiser aux édiles locaux de Beaune l’enfouissement de la Bouzaise, une petite rivière qui passe en centre ville, en particulier sous l’une des salles de l’Hôtel-Dieu. La Ville de Beaune décide alors de procéder à un recouvrement de la rivière, devenue souterraine, pour ressortir ensuite à l’extérieur du boulevard circulaire.

Mais Marey ne s’arrête pas là. Il envoie, après avoir soumis son idée à Louis Pasteur qui lui répond favorablement dans une lettre conservée dans le fonds du Musée Marey de Beaune et datée du 31 août 1884, un courrier à tous les maires et médecins de France, leur enjoignant de prendre des mesures d’hygiène publique pour la distribution de l’eau et l’évacuation des vidanges. Il est vrai qu’il se préoccupe depuis longtemps de ce phénomène. Dès 1865, il a publié une étude qui souhaite apporter une théorie physiologique à ce fléau, lequel serait lié à un dérèglement des nerfs. En 1885, le sujet est encore hélas d’une brûlante actualité. C’est le moment choisi par Marey pour publier à nouveau aux éditions G. Masson son texte de 1865, assorti de son mémoire de 1884 et du rapport de la commission déjà citée.


“Je ne sais pas pourquoi il me semble qu’en augmentant un peu les soins de propreté, buvant de l’eau pure, mangeant des aliments bien cuits, on doit être absolument à l’abri du choléra” <-- Lettre de Louis Pasteur adressée à Marey du 31 août 1884 © Musée Marey, Beaune, photo Musées de Beaune Vue de la Bouzaise, 2015, © photo Musées de Beaune

Une vision anticipatrice Marey préconise enfin la création de commissions d’hygiène et celle d’un bureau international centralisant les documents venus de différents pays. En cela, il anticipe l’activité de l’OMS ou Organisation Mondiale de la Santé, créée en 1948. Marey est un chercheur moderne, persuadé à juste titre de l’efficacité de structures internationales dans le domaine de l’épidémiologie et de la prévention médicale.

Les Eaux Contaminées et le choléra mémoire présenté à l’Académie de Médecine : séance du 14 octobre 1884 par M. Le Dr Marey. Source BNF Gallica.

13


6

Des laboratoires au service de sa recherche Les Laboratoires parisiens

Horace Vernet. L’Atelier du peintre, lithographie © Collection Particulière.

Au début des années 1860, Marey quitte l’appartement qu’il occupait rue Cassette et s’installe au n°16, rue Cuvier, à proximité du Jardin des Plantes et de la Faculté des Sciences. Il y devient physiologiste en chambre, effectuant de multiples expériences dans ce logement-laboratoire. Très vite cet endroit où il vit, travaille et reçoit de nombreuses visites, s’avère trop exigu. L’ancien Jeu de paume de l’Etoile converti en théâtre pour la Comédie Française, situé au n°14 de la rue de l’Ancienne Comédie, est mis à sa disposition en 1864. C’est un vaste espace qui, quelques décennies plus tôt, servait d’atelier au peintre Horace Vernet. Il convenait parfaitement au savant qui en fit le premier laboratoire créé par l’initiative privée pour la physiologie expérimentale (Marey, 1894).

Félix Nadar, le célèbre photographe en témoigne en 1894 :

“ Laboratoire, oui et aussi ménagerie ; l’endroit était mémorable. […] Dans un bel ordre irréprochable, parmi les appareils et instruments scientifiques de toutes sortes, classiques ou imaginés d’hier - à science neuve, outils nouveaux - des cages, des aquariums, et des êtres pour peupler cela : pigeons, buses, poissons, sauriens, ophidiens, batraciens….” 14


Auguste Chauveau a aussi évoqué ce laboratoire. Dans ces locaux plus spacieux mais bien encombrés comme en témoignent les descriptions, Marey a plus d’aisance pour travailler, recevoir ses collègues et dispenser des cours à ses élèves. Plus tard dans l’hôtel particulier que Marey occupera boulevard Delessert avec ses amis Wilborts (dits Vilbort), il installera un atelier-laboratoire au dernier étage, dédié semble-t-il à la fabrication de pièces pour ses appareils. Paul Richer. Hommage à Marey 1902. Médaille. © Collection Particulière

Maison de Marey à Paris © Collection Particulière

Les laboratoires du Parc des Princes Chargé de cours au Collège de France dès 1867, Marey y est nommé professeur en 1869. Il succède à Pierre Flourens et devient titulaire de la Chaire d’Histoire naturelle des corps organisés ; il dispose d’un laboratoire dans les lieux. Il est en même temps nommé directeur du laboratoire de chirurgie expérimentale de l’Ecole des Hautes Etudes. Au Collège, il est secondé par son élève FrançoisFranck auquel il confiera le soin d’assurer les cours en son absence.

Il conserve encore quelque temps son laboratoire de la rue de l’Ancienne Comédie où il organise des cours et des visites pour ses élèves puis il le quitte. Au Collège, à l’étroit dans son laboratoire, il investit une grande salle et la cour voisine : Je me souviens encore du grand manège [il mesurait 6 mètres de diamètre !] installé au centre de la salle et qu’entraînait un moteur à vapeur […] ; à ce manège s’attelait suivant le cas un sujet dont on étudiait la marche sur une piste circulaire ou un oiseau volant autour de l’axe du même manège , écrivit François-Franck.

Dès 1880, à l’époque où le Ministère de la Guerre lui donne des crédits pour étudier les effets des charges et vêtements des soldats, Marey songe à un grand laboratoire qui serait une « Station Physiologique ». Il voudrait ne plus avoir à quitter son enceinte pour effectuer ses expériences. Il décrivit ainsi ses difficultés : Les environs des jardins du Luxembourg m’offrirent certaines avenues pavées de diverses manières. J’y faisais traîner à différentes vitesses, des voitures que je suivais en portant les appareils inscripteurs, et suivi d’une importune escorte de curieux (Marey, 1894).

La Station physiologique En 1881 la Ville de Paris concède au Collège de France pour Marey, un terrain Porte d’Auteuil au Parc des Princes avec pour but défini, la création d’une station physiologique. Dès l’année suivante une piste circulaire est créée (grâce au soutien de Jules Ferry) puis un bâtiment s’élève. Marey y transfère tous ses appareils y compris ceux de l’ancien laboratoire de l’Ecole des Hautes Etudes. Le terrain alentour reçoit d’autres équipements, un édicule au centre de la piste pour abriter les appareils enregistreurs, un wagonnet sur rails abritant une chambre noire, un écran noir etc. Parmi les missions de ce nouveau laboratoire, celle chère à G. Demenÿ de mettre au point de nouvelles méthodes d’éducation physique.

15

Vue de la Station physiologique ©Collège de France, Paris

Georges Demenÿ, dessin montrant la disposition des appareils employés dans la recherche de mécanique expérimentale sur la locomotion humaine, décembre 1884, encre et plume sur papier, dépôt du Collège de France, © Musée Marey, Beaune, photo J.C. Couval.


7

Des laboratoires au service de sa recherche

Marey a sa table de travail © Cinémathèque Française, Paris.

L’Institut Marey

Marey (à gauche) au congrès de Cambridge 1898 © Collection particulière

L’Institut Marey. © Collection particulière

La démolition de l’Institut Marey en 1979 © Fédération Française de Tennis

En 1897, lors d’un congrès scientifique à SaintEtienne, Marey dénonce l’anarchie des mesures qui règne dans le monde physiologique et médical. En effet le nombre d’expérimentateurs augmente et chacun applique son propre système de mesure. Il considère que tous les appareils inscripteurs doivent donner des indications concordantes et suggère la constitution d’une commission souveraine chargée d’obtenir l’uniformisation des mesures de référence des appareils et propose la création d’un laboratoire

destiné à abriter la nouvelle entité. La décision sera entérinée lors du Congrès international de physiologie de Cambridge en 1898. Restait à trouver un lieu. Marey sollicite et obtient la construction d’un nouveau local sur le site du Parc des Princes. Ce sera l’Institut Marey, laboratoire indépendant inauguré en 1900. Il comporte un rez-de-chaussée où Marey met en scène tout son matériel, appareils, objets, documents qui constituent l’histoire de toutes ses recherches en un Musée rétrospectif.

Le reste de la maison abrite ateliers, bibliothèque, salle de dessin et logements pour les chercheurs. Après la mort du savant ses élèves Lucien Bull (18761972) et Pierre Noguès (1878-1961) continueront d’y travailler en poursuivant les travaux initiés par Marey. D’autres chercheurs leur succéderont jusqu’à la fermeture brutale du site en 1977.

16


Le laboratoire de Marey transformé en maison d’habitation, vers 1970. © Collection Particulière.

Le laboratoire de Naples Nous savons peu de ce laboratoire cher à Marey et lieu témoin de très nombreux travaux –chute des corps, poissons torpille…. Il était situé dans une dépendance de sa propriété, dans une tour surplombant la mer. Il comprenait un atelier de fabrication, un local photographique et même un petit aquarium aménagé dans la paroi avec la complicité de son ami Anton Dohrn, le directeur de la Station zoologique voisine. La propriété de Marey à Naples (en bas à droite, la tour du laboratoire de Marey) © Collection Particulière.

Paul Auban. Monument de Roland Garros (renfermant l’urne funéraire du savant). © Fédération Française de Tennis

Fortune critique La mort de Marey, le 15 mai 1904 à Paris, fut suivie d’une série de querelles quelque peu indignes. Il avait parfaitement organisé sa succession familiale mais il n’avait pas eu le temps de résoudre les statuts compliqués de ses deux laboratoires du Parc des Princes. La Station physiologique appartenait au Collège de France tandis que l’Institut Marey restait aux mains

17

de personnes privées bien que subventionné par des dotations publiques. Le savant n’avait pu réaliser son souhait de rattacher la Station physiologique à l’Institut Marey. Et c’est l’inverse qui arriva, l’Institut Marey fusionné avec la station physiologique devint « la Station/ Institut Marey du Collège de France ». L’aventure successorale qui vit s’opposer tous les proches de Marey, personnes et institutions fut complexe, confuse et longue. Elle a considérablement nui à la bonne conservation des collections d’appareils, de livres, de documents et d’archives laissées par Marey. Les incompréhensions et intérêts mêlés ont généré de multiples péripéties qui ont conduit à un regrettable éparpillement du précieux héritage du savant. Le musée constitué par Marey dans son Institut a évidemment disparu et de nos jours les nombreux et importants témoins de la recherche mareysienne sont répartis dans diverses institutions publiques, Collège de France -une partie du fonds a été déposée au Musée Marey de Beaune- Institut de France (Académie des Sciences), Cinémathèque française, Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) Cité des Sciences et de l’Industrie, Bibliothèque nationale…


Exemples de slow motion. Source Gentside découverte

8

Marey toujours dans le mouvement

Etienne Jules Marey est décédé le 15 mai 1904. Il a été célébré par l’ensemble de la communauté scientifique, nationale et internationale. En France, il reçut tous les honneurs. Nommé Professeur au Collège de France en 1869, il fut membre de l’Académie de Médecine dès 1872 puis de l’Académie des Sciences six ans plus tard, où il succédait à Claude Bernard. En 1900 il fut élu à la présidence de l’Académie de Médecine. Aujourd’hui, la beauté de ses photographies, destinées à appuyer ses recherches médicales et physiologiques, suscite un véritable engouement esthétique autour de son œuvre. Ces qualités artistiques ainsi que l’évidente contribution livrée à l’invention du cinéma ont malgré tout l’inconvénient de reléguer à l’arrière-plan ce qui fut le but premier de Marey : comprendre les fonctions de la vie, voir l’invisible.

“..., et cet invraisemblable Marey qui nous fait voir l’invisible et va bientôt, à son heure, nous faire voler comme l’oiseau.” écrivit Nadar. Invraisemblable et multiple, nous venons de voir combien se justifient ces qualificatifs destinés à caractériser le grand homme de science que fut Etienne Jules Marey.

18

Marey a laissé une œuvre considérable qui connaît une postérité vivace, adaptée et enrichie par les méthodes et découvertes contemporaines. Tout d’abord Marey a systématisé de manière pérenne le recours à l’enregistrement visuel des recherches au moyen de graphes ou d’images dont sont issus tous les appareils enregistreurs d’aujourd’hui, électrocardiogrammes et autres. La technique de la chronophotographie est restée aujourd’hui la même que celle mise au point par Marey : les méthodes de capture du mouvement sont identiques, les seules innovations étant les passages de l’argentique au numérique et l’évolution des images 2D vers la 3D. Par sa manière de penser le mouvement, Marey a posé les principes fondateurs du cinéma tout en restant bien éloigné de l’idée de projections ludiques et commerciales, au grand dam de certains de ses élèves, réalisées avec le succès que l’on sait par les frères Lumière. N’oublions pas que dès 1892 Marey réalisait des films de 100 images / seconde ! Mais, précision importante, il ne parvint jamais à obtenir une projection parfaite pour diverses raisons dont l’absence de perforation des bandes.

“Comme tous les êtres de génie, Etienne-Jules Marey est multiple. Il est un savant. Mais aussi un artiste. Il analyse, il dissèque, il découvre avec une minutie, un soin extrême et soudain avec l’impulsivité des poètes, il crée... Si l’instrument de recherche scientifique lui manque, il l’invente, il devient ingénieur. ” Henri Langlois dans Hommage à Jules Etienne Marey, Cinémathèque, Française Palais de Chaillot, Paris, 1963.

Dans le domaine de l’image animée, Marey fut l’initiateur avec ses chronophotographies géométriques de la notion de motion capture : technique de tournage en images numériques dans laquelle les acteurs munis de capteurs, exécutent leurs mouvements et déplacements devant un fond neutre. D’autres techniques cinématographiques ont été initiées par Marey comme le ralenti (slow-motion) ou l’accéléré (time-lapse photography).


Exemples de slow motion. Source Gentside découverte

9

Marey : l’invention de la trace graphique et le démontage du vivant

L’histoire des techniques développées par Etienne Jules Marey est désormais bien connue, tout comme l’impact de ses travaux dans la communauté scientifique du début du XXème siècle. Il n’est donc plus nécessaire de refaire ce passé dont la prolixité continue d’étonner les chercheurs intéressés à comprendre la nature vivante, autrement dit celle qui se déplace et interagit avec son environnement. En revanche, on connaît moins bien comment les travaux de Marey ont durablement contaminé la techno-société occidentale, sa culture et ses représentations que nous renvoient la science et les productions artistiques modernes. Ces quelques lignes sont une contribution à l’initiation d’une réflexion sur ce thème qu’il conviendrait désormais d’approfondir. Revenons brièvement sur l’apport technique de la chronophotographie. L’aboutissement des inventions de Marey se mesure à l’absence d’innovation majeure dans les techniques actuelles de capture du mouvement ; elles sont les mêmes exceptés les passages de l’argentique au numérique et d’images 2D vers la 3D (cinéma, TV, imprimantes..). Le numérique est sans doute la rupture la plus importante. En effet ce progrès a accéléré la chaîne d’intervention allant de l’enregistrement au traitement des données; il a permis d’automatiser et de systématiser les prises de vue et ainsi de constituer de nombreuses bases de données. Certaines productions hollywoodiennes sont dorénavant faites uniquement d’images

19

chronophotographiques filtrées, numérisées, puis recomposées enfin en studio selon les techniques infographiques. La chronophotographie c’est donc du mouvement arrêté, figé, stabilisé dans l’espace et sur l’échelle de temps: Marey comme Proust, est à la recherche du temps perdu. Bergson et Einstein feront du temps la dimension du 20ème siècle. Néanmoins, bien loin du temps vécu de Proust, la chronophotographie n’a semble-t-il pas aidé à sortir du carcan du temps de la physique, c’està-dire le temps mesuré, la métrique, le temps des objets, des horloges, le temps extérieur au sujet, absolu, normatif, alors que le temps plus qu’un concept et sa mesure par une horloge atomique, se construit par nos actes. En effet, en arrêtant

le temps du mouvement biologique, la nature vivante est devenue « inerte » et s’est fait objet quantifiable. La numérisation du mouvement au sens technique et littéral (le passage du qualitatif au quantitatif chiffré) a favorisé le rapprochement amorcé par Etienne Jules Marey, des sciences du vivant avec les sciences dures : les mathématiques pour traduire les courbes enregistrées en système d’équations ; la physique avec la biomécanique et la robotique pour la transformation de modèles abstraits en objets concrets reproduisant la référence biologique; les statistiques pour l’analyse des correspondances entre les traces graphiques laissées par chacune des parties corporelles et l’étude des coordinations inter-segmentaires. La chronophotographie en tentant de figurer autrement la nature n’échappe donc pas au processus qui réduit la complexité du vivant et le dé-subjective.En effet, les épures de Marey sont des entités objectives et universelles dont l’intériorité est réduite à des paramètres physiques intelligibles (ex. la trajectoire d’un point dans l’espace par la cinématique).


L’invention de la méthode graphique et l’imagerie scientifique ont donc contribué à occulter les singularités des existants pour n’en garder que les régularités: ainsi les acteurs photographiés par Marey sont dépouillés de tous particularismes pouvant bruiter la description de phénomènes naturels. Les chronophotographies d’actions humaines et animales, tels des écorchés dynamiques en mouvement, sont décomposées en sous actions génériques. Il s’agit d’une part de mettre en évidence les qualités physiques

qui transforme les séquences photographiques en épures, véritables étalons de la dynamique du monde animé. La décomposition des actions en mouvement (la marche par ex) par les physiologistes du début du 20eme, puis en une série de réflexes s’enchaînant poursuit l’effort de naturalisation des fonctions vitales initiées avec la désintégration d’actions globales par la chronophotographie. Les séquences d’images décomposent l’harmonie du pattern locomoteur en phases et segments corporels

Exemples de time laps. Source Gentside découverte

du monde vivant en rendant visible les phases trop rapides pour être perçues. D’autre part, en rendant indéchiffrable le caractère émotionnel des images, l’acteur pareillement au portrait de dos d’un personnage anonyme, devient un modèle universel et la figuration de ses mouvements, une collection de stéréotypes de la motricité humaine. Les actions (avec un but associé à une intention) se transforment en mouvements, c’est-à-dire des traces graphiques dont on ne retient que les grandeurs cinématiques, elles-mêmes découpées en primitives qui tendent à occulter l’agentivité qui anime la machine biologique. Les personnages sont ambigus, leur intention est incompréhensible, l’intériorité inconsistante et balayée de toute singularité pouvant affaiblir le pouvoir de généralisation du spécimen. Muybridge, moins préoccupé de science, n’atteint pas ce niveau de désubjectivation. La série décomposant la « fessée » est un exemple de sa résistance à dé-subjectiver ses clichés dont les propriétés dynamiques importent autant que l’expression du visage de la mère qui administre le châtiment corporel à l’enfant. L’attention n’est pas uniquement portée sur les qualités surfaciques de la nature vivante mais aussi sur le contenu émotionnel des images. L’appauvrissement de la figuration Mareysienne, qui ne garde parfois qu’une partie de corps pour résumer la locomotion, est amplifié avec l’utilisation de la méthode graphique

20

indépendants. L’intériorité est décrite par la physiologie réflexologique en une succession de réactions obtenues selon des protocoles de laboratoire. La réponse de chacune des parties de corps étudiées, donne une impression de stéréotypie, de monotonie même si le stimulus change. Maurice Merleau-Ponty l’a bien souligné, les réflexes “travaillent pour leur compte”, et neutralisent des excitants dangereux dans une région spécifique, tout en exprimant l’impuissance du sujet à maitriser une situation. Le phénomène n’est pas centré sur l’ensemble de l’organisme et ne répond pas à un problème posé par le milieu. A l’image de la démarche saccadée des robots, le mouvement des effecteurs est déclenché localement, et chaque partie fonctionne isolément. Les réactions étudiées en laboratoire découpent les fonctions en pièces détachées que le physiologiste ne peut reconstituer en un ensemble vivant et cohérent. L’ontologie naturaliste positiviste est ainsi faite de vérités mesurables, de traces objectives graphiques en fonction du temps révolu qu’il faut néanmoins doter d’une dimension sémiotique pour remonter en quelque sorte à l’antériorité des faits. Autrement dit, la science fabrique des convictions en ayant recours au langage qui place la nature à distance, et crée de la sorte une cosmologie distinguant objet et sujet, nature et culture. Selon ce type d’approche, deux mécanismes s’enchainent : le premier, pareillement aux épures de Marey réduisent

la complexité du vivant. Ainsi de celui-ci sont extraits des lois universelles qui sont représentées symboliquement par le langage mathématique. Par exemple la gravité est réduite à g = m.a ou plus récemment « la conscience » à un ensemble de neurones. Cette réduction de dimensionnalité déplace la nature vers la culture et la connaissance. Le second consiste à décompresser et étendre les concepts à tous les objets de connaissance. Par exemple la métrique du temps explique le temps mécanique, social et biologique. Ce mécanisme conduit la science occidentale à introduire une discontinuité entre l’observateur et la nature qu’il observe, celui-ci étant le promoteur d’une culture dissociée de l’objet (la nature) et à voir le monde selon deux points de vue (extérieur ou intérieur). Réalisme, empirisme et scientisme prétendent que leur discours ne dépend d’aucun point de vue et qu’il est totalement objectif. Par exemple, la science vue de l’extérieur observe la nature d’une perspective externe qui se nie elle-même ou tend à s’oublier, et où l’interprète n’y occupe aucune place. La vérité scientifique se trouve alors dans l’objet, détachée de tout jugement subjectif (de l’intérieur) et le réel est décrit depuis l’extérieur. Ici la vérité est unipolaire et universelle, distincte de la vérité humaine discontinue et singulière. L’authentique est extérieur, absolu, inatteignable depuis l’intérieur, et la conscience est un spectateur sans consistance propre. Pourtant, la trace graphique malgré une première intention objective, reconduit ensuite vers la subjectivité ; en effet la trace graphique est celle du temps révolu, « Or toutes les traces sont au présent. Nulle ne dit l’absence, encore moins l’antériorité. Il faut alors doter la trace d’une dimension sémiotique… » (Paul Ricoeur, in Ce qui nous fait penser. La nature et la règle, p. 170). Le passage réflexif par le langage est une façon de se créer une existence séparée des vérités naturelles. Le langage n’est toutefois pas affranchi de sédimentations sociales et historiques qui en imposant un cadre de présuppositions confine à un système de catégorisation pré-conditionnant l’argumentation et in fine ankylose les vérités. En bref, la science positiviste fabrique des convictions en ayant recours au langage qui place la nature à distance, et crée de la sorte une cosmologie distinguant objet et sujet, nature et culture. Le discours scientifique relève ainsi très souvent du style performatif où le signe linguistique est transformé en ce qu’il réalise, ou le dire induit le faire. Certains paradoxes de la physique sont des exemples d’établissement de continuités abusives entre l’infiniment petit et le monde organique. Le vieillissement accéléré du jumeau sédentaire du paradoxe de Langevin est à ce titre un paradoxe de l’extrapolation du langage courant hors de ses cadres de pertinence reconnus, ici de la physique relativiste vers la physiologie de la senescence.


Dans ce cas le verbe déguise une vérité établie à l’échelle des particules élémentaires qu’il reste pourtant à vérifier au sein d’un organisme vivant. Les «neurones produisent la conscience» qui sonnent comme «l’Etat c’est moi» ou encore penser avec son cerveau, comme on prend avec les mains, sont d’autres formes d’assimilations fréquentes de la réalité à l’objectivité scientifique et de raccourcis abusifs entre structure et fonction. A l’inverse, la décomposition du mouvement biologique nous habitue à décrire les organismes de l’intérieur, en ne considérant que leurs composants élémentaires et intrinsèques. En se concentrant sur la structure et les composants les plus intimes de l’organisme on finit néanmoins par oublier les interactions entre les composantes, et donc ce qui fait la fonction. Une partie des sciences cognitives et de l’intelligence artificielle, illustre ce point de vue inverse, ou l’intelligence humaine est décrite selon un ensemble de règles internes. Une fois combinées celles-ci sont supposées identifier l’intention d’autrui, décoder l’écriture ou encore reconnaître les visages en les comparant à ceux d’une galerie de portraits immuables, eux-mêmes issus d’une collection stockée dans un endroit précis du cortex visuel. La richesse calculatoire illimitée et grisante qu’offre le cadre théorique des sciences computationnelles s’accorde en outre avec l’introduction d’une multitude de préreprésentations de lois physiques contraignant arbitrairement le corps ou les objets. Dans ce contexte, le temps ou l’espace prennent l’unique

Comme la peinture naturaliste flamande du XVIIème siècle l’avait fait des paysages et des natures mortes pour s’émanciper du symbolisme et de la tradition interprétative (cf. La Vue de Delft de Vermeer), la chronophotographie se veut une étendue objective, une cartographie sur laquelle le monde naturel est inscrit. Pour passer du paysage à la carte il faut néanmoins adopter un point de vue servant de référence absolue et universelle selon un ensemble de conventions (ceux de la topographie, de la géométrie, et dans notre cas la cinématique) devant aboutir à une interprétation sans conjecture. Ce n’est pas une œuvre d’art (même si les artistes s’en inspireront un peu plus tard, par exemple Marcel Duchamp et son Nu descendant l’escalier) mais une œuvre de la nature. Les clichés chronophotographiques seront ensuite recomposés en atlas naturalistes. Leur diffusion poursuivra l’amorçage de la mécanisation du geste humain en éduquant le regard des artistes et des scientifiques aux règles du règne animal. Ils constitueront de puissants instruments de calibration du regard qui agiront en filtres de représentations idéales, canoniques du geste biologique facilitant l’internalisation de standards comportementaux. L’atlas chronophotographique fournit ainsi les recommandations indispensables à la transformation d’étalons capturés par l’image en règles abstraites et plus tard en automates mobiles. Paradoxalement, la propagation des atlas du corps en mouvement qui se veulent dépourvus de tous préjugés et libérés d’interprétations humaines subjectives, impose un point de vue qui induit en

Exemples de slow motion. Source Gentside découverte

fonction d’étalons calculatoires : la conscience repose sur un cerveau logiciel qui manipule des symboles et communique avec l’extérieur où calculs, vérifications et ajustements des jugements sont tributaires de pré-représentations jamais éprouvées du fait de l’inexpérience d’une machine intelligente mais immobile. Issue de la tradition cybernétique, cette conception de l’intelligence repose sur l’idée que la cognition se construit grâce à une succession de stimulations puis de calculs et enfin 21 de réponses induites.

contrepartie des jugements d’experts à l’objectivité aménagée. En effet, ce régime de fidélité à la nature n’évitera pas la sélection d’images et de propriétés pertinentes que l’observateur souhaite tout particulièrement étudier. Les instantanés d’organismes en mouvement apprennent au spectateur, à l’ingénieur et aux artistes à regarder et ensuite à projeter ce qui a été appris sur ce qui sera vu.

Depuis ce « point de vue », les robots sont fascinants car ils sont l’expression de la confirmation des schémas visuels, de la collection de représentations forgées grâce à la maitrise du temps visuel, dont Marey est l’instigateur. Les stéréotypes véhiculés par les médias et l’industrie du cinéma illustrent les représentations qu’a la techno-société de la vie réelle et artificielle. Ainsi les prototypes d’humanoïdes et de robots, comme les œuvres d’art, extériorisent un modèle, un étalon d’existant avec un fort renoncement au détail. Les avatars et autres figurations hollywoodiennes nous renvoient les représentations que la société technologique se fait des êtres artificielles et de ce que la vie artificielle pourrait être dans le futur. De même qu’un peintre occidental dessine un homme de race noire en dessinant un blanc qu’il colore en noir, les infographistes nourrissent leur conception de la vie artificielle des styles hollywoodiens. En retour, la robotique et l’intelligence artificielle (IA) sont massivement contaminées par la culture hollywoodienne et projettent implicitement des scénarios filmographiques dans leur vision du futur scientifique. Les robots constituent des réalités subjectives recouvertes d’une épaisse armature esthétique façonnée par la société du divertissement. Les ingénieurs regardent l’être humain en lui tournant le dos et en regardant les avatars des films de science-fiction. La robotique subit un processus d’artialisation, comme le son d’un paysage de campagne amplifié et filtré en studio pour en faire une musique de spa ou de super marché bio. En conclusion, pour avoir été le premier à montrer l’idéal du mouvement biologique filtré de toutes singularités, à rendre visible les régularités des existants, Marey a joué un rôle décisif dans notre perception du monde vivant. Il a en outre contribué à l’élaboration et la diffusion de modèles génériques faits de pièces détachées grâce à la méthode graphique et la dissolution des actions en séquences de mouvements. Aujourd’hui la robotique est une illustration parmi d’autres de la généralisation des méthodes Mareysiennes. Pensant s’émanciper de Claude Bernard et du détail pour aller vers le global et la fonction, Marey avec la chronophotographie n’a pas échappé à la décomposition du vivant en éléments singuliers auxquels il est ensuite difficile de rendre la cohérence fonctionnelle initiale. A l’instar des marionnettes et plus tard des automates de Vaucanson aux entrailles pleines de rouages, la robotique humanoïde hypostasie la vie à partir de décompositions multiples de la nature (mécanique, électronique, nanotechnologique, informatique…, et in fine cognitive). Ainsi, les robots modernes, nés de la mécanisation du geste vivant et fruit d’une accumulation d’avancées dans des domaines ne communiquant pas entre eux, imitent plus le monde des objets que le monde des vivants.


Bibliographie (non exhaustive) Livres de Marey

Etienne Jules Marey, le Bourguignon

Des laboratoires au service de sa recherche

Marey E.J. Physiologie médicale de la circulation du sang basée sur l’étude graphique des mouvements du cœur et du pouls artériel, avec application aux maladies de l’appareil circulatoire. Paris, Adrien Delahaye, 1863.

Emmanuel M. Avant-propos de Bertrand R. La Montagne de Beaune…, Beaune, 1925. Cité in Association des Amis de Marey et des Musées de Beaune, Cahier n° 3, 2012, pp.44-49. Rolland G. « Un carnet de voyage d’Etienne-Jules Marey » in Sur les pas de Marey…Paris, l’Harmattan/SEMIA, 2004.

Chauveau A. Discours prononcé lors de l’inauguration du monument élevé à la mémoire d’Etienne Jules Marey au Parc des Princes. Paris, 1914, p.8

Marey E.J. Essai de théorie physiologique du choléra. Paris, Victor Masson et fils 1865 (extrait de la Gazette hebdomadaire de médecine et de chirurgie), n°47 et 48.

Dollinger S. Etienne Jules Marey, un homme, une place, un monument.Expo. Archives municipales, Beaune, 2013.

Marey E.J. La circulation du sang à l’état physiologique et dans les maladies, Paris, Rignoux, 1859 (Thèse)

Marey E.J. Du mouvement dans les fonctions de la vie. Leçons faites au Collège de France… Paris, Germer Baillière, 1868. Marey E.J. La machine animale, Paris, Ed. Germer Baillière, 1873. Marey E.J.La méthode graphique, Paris, Ed. Masson, 1878. Marey E.J. La circulation du sang à l’état physiologique et dans les maladies. Paris, G.Masson, 1881. Marey E.J. La Machine animale. Locomotion terrestre et aérienne. Paris, Germer Baillière et Cie, 1882. Marey E.J. Les eaux contaminées et le choléra. Mémoire présenté à l’Académie de Médecine le 14 octobre 1884, Paris, G.Masson, 1884.

Chevallier Georges «la famille d’Etienne Jules Marey» in Bulletin de l’association des Amis de Marey... n°12, 2012

Etienne Jules Marey, le mouvement et sa trace Marey E.J. Du mouvement dans les fonctions de la vie, Paris, Germer Baillière, 1868, p.6. Mannoni L. L’enregistrement du mouvement au XIXème siècle. Les méthodes graphiques et chronophotographiques. Thèse de doctorat, Paris III, 2003. Marey E.J. in Compte-rendus et mémoires de la Société de Biologie, 4ème série, t.3, 1866. P. 22-24.

Marey E.J. « Physiologie. La Station physiologique de Paris. » in La Revue scientifique (revue rose)n°26, 29 décembre 1894. Nadar (Tournachon F. dit) « Le nouveau président de la Société française de Photographie » in Paris-Photographe, 1894, pp.3-11. François-Franck C.E. Marey E.J. « La Station physiologique de Paris » in Revue scientifique (revue rose) n° 26, 29 décembre 1894, p. 805. François-Franck C.E. Marey (1830-1904) Eloge prononcé à l’Académie de Médecine…Paris, Masson et Cie, 1912. Malthête J. « La Station physiologique et l’Institut Marey : un demi-siècle de mésentente » in Sur les pas de Marey. Science(s) et Cinéma. Paris, L’Harmattan/SEMIA, 2004. Dibattista L. « L’Institut Marey : naissance et destin d’un rêve scientifique » in Vesalius, XI, 1 4-10, 2005.

Marey E.J. Développement de la méthode graphique par l’emploi de la photographie, Paris, G.Masson, 1885.

Marey E.J.in Compte-rendus des séances de l’Académie des Sciences, séance du 13 mars 1882, pp.683-685.

McKenzie J.S. « Les origines de l’Institut Marey du Collège de France et son rôle dans l’essor de la neurophysiologie française. » in La Lettre du Collège de France, n°19, février 2007.

Marey E.J. Le vol des oiseaux, Paris, Ed. Masson, 1890.

Rosapelly Ch.L. « Inscription des mouvements phonétiques » in Travaux du laboratoire de M.Marey, année 1876, Paris, Masson, 1876, pp. 109-131.

« Marey à Naples » in Cahier de l’Association des Amis de Marey et des Musées de Beaune (sous la direction de J.Uerberschlag), n°4, 2013.

Marey E.J.et Demenÿ G. Etudes de physiologie artistique…. Première série, n°1, Paris, 1893. Marey E.J. Le Mouvement, Paris, Ed. Masson, 1894.

Ouvrages généraux sur Marey Frizot Michel.Catalogue de l’exposition E.J. Marey 1830/1904, la photographie du mouvement, Centre national d’art et de culture Georges Pompidou, 1977. Dagognet François. Etienne-Jules Marey. La passion de la trace. Paris, Hazan, 1987. Leuba M. et Dupeux C. (Dir.) La passion du mouvement au XIXe siècle : hommage à Etienne-Jules Marey. Expo. Beaune, 1991 (catalogue) Braun Marta. Picturing Time, The Work of Etienne-Jules Marey, Chicago-London. The University of Chicago Press, 1992. Leuba M.(Dir.) Marey pionnier de la synthèse du mouvement. Expo. Beaune 1995.catalogue RMN, 1995. Leuba M. Rouvier D. (Dir.) Aérodynes. Les débuts de l’aviation. Expo. Beaune, 1999. (catalogue) Mannoni L. Etienne-Jules Marey, la mémoire de l’œil, Ed. Paris, Cinémathèque française, Milan, Mazzotta 1999. Frizot M. Etienne-Jules Marey chronophotographe. Paris, Nathan/Delpire, 2001. EJ Marey. Actes du colloque du centenaire, Sous la direction de D. de Font-Réaulx, T.Lefèbvre, L.Mannoni. Paris, Ed. Arcadia, 2006. Dibattista L. Il movimento immobile. La fisiologia di E.J. Marey et C.E. François-Franck (1868-1921) Firenze, Olschki, 2010.

Marey E.J. « La photographie et ses applications à l’analyse des phénomènes physiologiques » in Archives de physiologie normale et pathologique, n°29, 1889, p.511. Marey E.J. « Emploi de la photographie instantanée pour l’analyse des mouvements chez les animaux » in Compte-rendus de l’Académie des Sciences, 1882, vol.94, pp.1013-1020. Marey E.J. Développement de la méthode graphiques par la photographie, Paris, Masson, 1885.

Cinémathèque française, Hommage à J.E. Marey, Paris, 1963. Préface d’Henri Langlois. Nadar (Tournachon Félix, dit) Quand j’étais photographe, Paris, Flammarion

Marey E.J. « Décomposition des phases d’un mouvement au moyen d’images photographiques successives, recueillies sur une bande de papier sensible qui se déroule » in Compterendus des séances de l’Académie des sciences, séance du 29 octobre 1888, t. 107, n°18, pp. 677-678.

Marey : l’invention de la trace graphique et le démontage du vivant

Marey E.J. « Photographie expérimentale » in Paris-Photographe, 1893.

Pozzo T. « E.J. Marey : l’invention de la trace graphique et le démontage du vivant » in Bulletin de l’Association des Amis de Marey et des Musées de Beaune, n°1, janvier 2015 (version numérique cf. www.marey.info)

Gastine L. « Le monde photographique. E.J.Marey » in La Photographie française, n°13, avril 1902, p. 102. Didi-Hubermann G. et Mannoni L. Mouvements de l’Air. Etienne-Jules Marey, photographe des fluides. Paris, Gallimard/RMN, 2004.

filmographie (non exhaustive)

La santé et l’hygiène publique

Blagny J., A. Bramard-Blagny, A., Ueberschlag J. La Science au Réveil des Arts, 2015.

MAREY Etienne-Jules. Essai de théorie physiologique du choléra. 1865, pp.3 à 22 ; Les eaux contaminées et le choléra. 14 octobre 1884, pp.5 à 32 ; Résultats de l’enquête sur l’épidémie de choléra en France en 1884. Lu à l’Académie de médecine, au nom d’une Commission composée de MM. Bergeron, Besnier, Brouardel, Legouest, Pasteur, Proust, Rochard et Marey, rapporteur, pp.1 à 103. Musée Marey, Beaune CHEVAILLIER Georges. Marey, ingénieur de la vie. In Bulletin trimestriel du CBEH, octobre 2004, n°89 ; Les épidémies de choléra à Marseille. Site : patrimoinemedical.univmed.fr/articles/article_pdf

22

Marey toujours dans le mouvement :

Cédric Klapisch, Ce qui me meut, 1989. Casadesus Greco et Gander Sylvie-Jeanne. Sept mouvements de vie, 2009.


23


24

Des connaissances partagĂŠes


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.