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Jamaica, Jamaica – Catalogue de l’exposition à la Philharmonie de Paris, La Découverte, 2017 Né de l’exposition JAMAICA JAMAICA ! à la Philharmonie de Paris (2017), cet ouvrage permet de comprendre comment une si petite île (sa superficie excède à peine celle de la Corse),) est devenue en quelques décennies une figure exceptionnelle de l’histoire de la musique. On y apprend, sous la plume de l’économiste Thomas Vendryes, que les Jamaïcain·es sont d’extraordinaires consommateur·ices de musique – un élément essentiel d’identité culturelle et sociale. Les illustrations font ainsi la part belle à la culture du sound system, qui peut transformer n’importe quel lieu en piste de danse. On y découvre également les origines du dancehall, cet « enfant terrible » du reggae né dans les quartiers défavorisés du pays. Mention spéciale aux textes de la chercheuse Carolyn Cooper, qui est la première, et toujours l’une des seules, à présenter une analyse féministe des dancehall queens, ces danseuses qui ont conquis le dancefloor jamaïcain en réclamant leur droit au désir sexuel, avant de partir à l’assaut du monde entier.

2.

The Haçienda : How Not to Run a Club, par Peter Hook, Simon & Schuster, 2010

Écrit par Peter Hook, bassiste des groupes Joy Division et New Order, The Haçienda : How Not to Run a Club narre l’histoire de la légendaire boîte de nuit du même nom à Manchester. Hook y décrit l’ascension du club ouvert en 1982 par New Order et son label Factory Records, rapidement devenu le point de collision entre la culture rock et la house naissante. On y découvre aussi la mauvaise gestion de la boîte, ses finances déficitaires et ses problèmes de drogue qui ont finalement conduit à sa fermeture en 1997. Les expériences personnelles de Hook en tant que copropriétaire du club fournissent un aperçu unique du monde de la vie nocturne de l’époque. Plus de vingt ans après sa fermeture, le club se trouve toujours sur toutes les lèvres des Mancuniens, devenu icône culturelle, puis victime de ses propres excès. Si vous avez vu et adoré le film 24 Hour Party People et que vous voulez vous plonger un peu plus dans cette histoire, foncez sur ce récit brut et fascinant.

3. La nuit du 5-7,

par Jean-Pierre Montal, Seguier Éditions, 2020

C’est l’un des plus terribles faits divers qu’ait connus le monde des discothèques en France. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1970, en Isère, 146 jeunes gens meurent brûlés vifs dans l’incendie du 5-7, un dancing où ils assistaient à un concert de rock. Tous, ou presque, avaient moins de vingt-cinq ans. Huit jours plus tard, Charles de Gaulle décède à l’âge de 79 ans dans sa propriété de ColombeyLes-Deux-Églises. C’est en écho à la tragédie du 5-7 que l’hebdomadaire satirique Hara-Kiri titrera sa une « Bal tragique à Colombey : 1 mort », ce qui lui vaudra une interdiction de publication et donnera naissance à Charlie Hebdo. Mais derrière la portée politique de cet événement, le livre de Jean-Pierre Montal raconte surtout l’adolescence et le désenchantement dans la France d’après Mai 68. Un livre bouleversant qui raconte une jeunesse prise au piège, dans une époque qui la dépasse. Rétrospectivement, difficile de ne pas penser aux attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan.

4.

Ten cities, par J. Hossfeld, Spector Books (2020)

On le sait, chaque ville a son identité, son ADN. Et bien souvent, c’est dans les clubs qu’il est le plus facile de ressentir l’énergie qui agite l’espace urbain et qui lui donne sa saveur et sa singularité. Ce livre énorme de 560 pages publié par la très belle maison d’édition Spector Books revient donc sur l’histoire de 10 villes par l’intermédiaire de 10 clubs qui les ont fait vibrer, entre 1960 et 2020. Voyageant entre Nairobi, Lisbonne, Berlin, Kyiv, Lagos, Luanda, Le Caire, Naples, Johannesburg et Bristol, cette sélection a l’intelligence de ne pas tomber dans une vision occidentalo-centrée de la fête, comme c’est encore trop souvent le cas. Sorti en pleine période de Covid-19 et de confinements, ce livre mêlant photographies et essais rappelle à quel point les clubs sont des laboratoires nocturnes absolument essentiels qui ouvrent la porte vers des modes de vie différents et sur cette altérité qui fait la sève du monde de la nuit.

5.

The Trap, de Vincent Desailly, Hatje Cantz, 2019 Depuis le début des années 2010, Atlanta est devenu non seulement la capitale mondiale du hip-hop mais aussi l’épicentre du mouvement trap qui influence la pop aux quatre coins du monde. Pourtant, la ville n’a pas été fondamentalement transformée pour autant. Dans les quartiers sud et est d’où sont originaires la plupart des rappeurs locaux, la vie suit son cours loin des clichés gangster souvent associés à la trap. C’est à cette réalité que le photographe français Vincent Desailly a décidé d’aller se confronter afin de raconter avec une délicatesse rare le quotidien de ceux qui gravitent autour de cette musique. On y découvre les rues d’Atlanta mais aussi ses clubs de strip-tease qui jouent un rôle de laboratoire pour toute la scène trap. Les DJ y passent en exclusivité les nouveaux morceaux locaux. Si le public et les danseuses réagissent, le futur hit est mis en ligne dans la foulée. Bref, une autre forme de discothèque, avec des barres de métal.

« Carcassonne (11000) : à vendre, un fonds de commerce de bar de nuit – discothèque, situé au cœur d’une ville étudiante du sud de la France. […] Lieu emblématique du monde de la nuit sur son secteur, sa réputation n’est plus à faire. » Annonce postée le 7 mars 2023 sur le site placedescommerces.com