Ragnarök

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— Bien sûr. Et vous l’aviez déjà compris, si je ne me trompe : puisque dans l’ensemble les humains n’oublient pas plus les valeurs créées par leurs ancêtres qu’auparavant. Vous n’avez pas nécéssairement besoin de savoir ce qu’incarne chaque Ase : c’est une mauvaise idée que Firalín vous a mise en tête. Les Ases réagissent tous de la même façon. Et vous êtes les meilleurs observateurs de leurs comportements dont je dispose, car mes alfes ne comprennent pas plus que moi. » Evidemment, il fallut là que je me remette à leur expliquer les rapports entre la Terre et le monde mythologique, encore une fois. « Les Ases ne supportent plus d’être les esclaves de leur Destin, rappela Thomas, c’est cela le problème. Est-ce que cela peut vouloir dire qu’ils ne supportent plus que leurs comportements soient dictés par nos valeurs ? — Impossible : ils ne savent rien de tout cela. Seul Ódinn a un doute, et il est très loin de la vérité. — Alors est-ce que nos valeurs sont devenues plus contraignantes ? interrogea Xavier. Pourtant je pense qu’il y a moins de tabous et qu’on est plus libre de ne pas respecter quelque chose si on en a envie. — Exactement. J’y avais pensé, et ce n’est pas cela. — Mais j’y pense… commença Xavier. Et si le Destin n’était qu’un prétexte, qu’une excuse ? — Que veux-tu dire ? » m’empressai-je de lui demander. S’il comprenait quelque chose d’après le comportement des Ases, alors je n’aurais pas attendu leur venue pour rien. « Eh bien, il me semble qu’au début les Ases ne vous parlaient pas du Destin, tu ne crois pas Thomas ? — Peut-être… — D’abord la première personne que vous avez rencontrée, c’est Útgardaloki. Et il était atteint de la même léthargie que les Ases, bizarrement. — Oui, intervins-je, quelques géants sont touchés. C’est normal, puisque le savoir qu’ils incarnent comprend une part de valeurs ; mais tous ne sont pas atteints, sans doute même pas la majorité. — Oui mais, continua Xavier, du moment qu’Útgardaloki était soumis à cette perte de volonté, il aurait pu autant que les Ases protester contre le Destin, mais non. Et puis Thórr après : il restait au bord du fleuve parce qu’il avait la flemme d’aller chez les géants. Il ne disait pas du tout qu’il ne voulait absolument pas y aller, il disait qu’il n’en sentait pas l’envie et que de toute façon ça ne servirait à rien. Il y a quand même une grosse différence, non ? Résister au

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