Allais, la légende d'emile

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Emile ALLAIS Beppe_Mise en page 1 05/04/13 16.38 Pagina 68

Premiers skis de course

«J’étais sous contrat chez Rossignol. J’allais à Voiron choisir mes planches. Des planches brutes que je faisais passer à la raboteuse pour garder le fil. C’était de l’hickory d’Amérique. Le problème, c’était de trouver deux planches qui se ressemblaient. Il fallait choisir suivant les veines. Pas facile, il y avait toujours une planche qui était un peu plus rigide. Les menuisiers avaient du métier ; ils savaient trouver le même bois, la même 68

souplesse pour faire des paires. Ensuite, je dirigeais la manœuvre, je disais au menuisier : - rabote un peu là, un peu plus souple, plus mince, le talon là, etc. J’aimais bien, pour la descente, des skis qui avaient de belles veines plates. Parce que ça faisait des skis plus souples et qu’il me semblait que ça glissait plus, grâce aux petites « allées » qui donnaient un peu d’air, même avec la laque. Au contraire pour le slalom, je prenais des veines droites, pour que ce soit plus rigide. Le menuisier faisait la nervure, je contrôlais la souplesse, après on mettait des carres. À ce sujet, dès que j’ai eu des skis à peu près convenables, c’était des skis avec des carres. Quand j’étais militaire, en 32, il y avait déjà des carres. Au début elles n’étaient pas sur toute la longueur, juste devant le pied, mais pas en spatule car c’était compliqué de les mettre en forme et d’empêcher qu’elles accrochent. À ce moment-là, on réparait les skis. Ainsi quand une spatule était cassée on en recollait une autre.

Un jour, un moniteur avait cassé la partie juste en arrière du pied, là où était fixée la longue lanière. On est allés voir le menuisier pour qu’il essaie de la recoller. Il dit : - Oh ! mais ce n’est rien, je vais rajouter une autre plaque, bien collée, et ça ne bougera pas . Il a donc mis cette plaque, et qu’est-ce qui s’est passé ? Son ski ainsi réparé ne se déformait plus, ne s’aplatissait plus, il restait cintré. Alors le moniteur a dit : - Mais c’est formidable, Émile, il faudrait faire la même chose à l’autre, il reste toujours cintré celui-là ! Il faut savoir qu’à ce moment-là on mettait toujours des blocs de bois entre les skis pour qu’ils ne s’aplatissent pas, qu’ils restent cintrés et conservent ainsi leurs qualités. On est retournés voir le menuisier : - Dis donc, du fait que tu as mis cette plaque de bois là… - Mais bien sûr. Vous savez quand on fait un dos de chaise, on prend deux plaques du même bois, on les refend, on les cintre, on les


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